Dieu est Dieu, merde à la fin

Mon père me l’a suffisamment dit : « les gauchos, tu leur donnes ça, ils veulent ça » (où ça est supérieur à ça, voyez ?). Bref, ils ont à peine repris le pape allemand qui parle allemand, ancien des jeunesses hitlériennes, vitupérateur de la capote, réintégrateur de négationnistes, et Grand Pourfendeur de la théologie de la libération, qu’ils veulent récupérer Dieu. A droite ? Il ne resterait rien. Plus rien. Démunis. Ou plutôt, si, à droite, il resterait les valeurs bourgeoises, l’ordre et la tradition, et puis le pognon. Un christianisme de conventions, trahi, désincarné.

Le dossier est opportuniste[1], certes : les déclarations du Pape et de l’épiscopat français l’appelaient et puis, hein, on ne peut pas dire que le visage que présente la droite audible aujourd’hui n’y prête pas un peu.

Mais bon, Dieu, de gauche, halte-là, mes bonshommes !

Bien sûr, on ne cesse de s’étonner et se prendre à témoin devant cette divine surprise. C’est Mélenchon qui affirme que les religieux sont à leur place pour poser un jugement moral sur la société. C’est Laurent Joffrin qui écrit « dès qu’on se tourne vers l’action sociale, on découvre qu’une association sur deux est portée par des catholiques ». C’est vrai ça, Laurent, vous avez remarqué, alors ? Laurent Grzybowski écrit : « S’en est suivie une série d’articles et d’éditos parfois louangeurs, toujours bienveillants. Ceux qui, il y a quelques mois encore, dénonçaient la prétendue « cathophobie » des médias en sont aujourd’hui pour leurs frais ». Pied à terre, mon gaillard ! Je veux bien que l’on efface toute idée de phobie. Misons sur l’ignorance et la désinvolture. Mais on va vite les dégriser, nos nouveaux copains. On va te leur causer bioéthique. On va te leur parler de l’embryon, de la dignité réelle du malade en fin de vie. On va leur rappeler le coup des cellules souches. Leur parler handicap, trisomie, accueil de l’enfant malade. Et on va leur parler famille.

Ca va vite lui passer, la bienveillance, à notre presse, faut pas se faire d’illusion. Il vaut mieux le regarder en face dès maintenant car les états de grâce sont bien brefs : quelques jours en 1996, en 1997, et 2008. Mais si peu. Chaque fois on espère, et les réflexes reviennent. Si vite. Non, ils ne sont pas subitement bienveillants envers l’Eglise parce qu’ils la rejoignent, mais parce qu’elle leur est soudainement utile. Parce qu’elle semble rejoindre leurs thèses, leurs combats du moment, contre Sarkozy surtout, pour l’accueil des étrangers, aussi. Tiens, d’ailleurs, il n’est pas peu significatif que, s’interrogeant sur le fait que Dieu soit de gauche, La Vie prenne à témoin toute la presse, nationale et régionale. Dieu, de gauche ? Non. Mais la presse…

Alors, soit, je veux bien que La Vie souffle un peu. Pour une publication classée à gauche, même si elle ne s’y réduit pas, le grain a été rude ces derniers temps et, parmi ses lecteurs, on devine bien des déchirements intérieurs. Pourquoi, en effet, ne pas tirer parti de cette parenthèse improbable pour rappeler que l’Eglise ne parle pas que de sexualité même si la presse ne s’y intéresse que lorsqu’elle aborde la fesse ? Placardons les Une, clignotons les néons : eh, braves gens, l’Eglise a aussi un message social ! Pour une nouvelle, c’est une nouvelle, hein ?! Et Benoît XVI est peut-être plus compliqué – disons plutôt complet – que vous ne le crûtes. Eh si, vas-y Emile, j’te l’donne en mille.

Tiens, à ce propos, Jean Mercier a une sacrée idée de t-shirt : « Benoît XVI, le nouveau Che Guevara ? ». Je le vois d’ici, tagué sur les murs de la Sorbonne. Et Jean Mercier écrit ceci : « si les médias se repaissent de tout ce qui peut nourrir son profil de « droite », Benoît XVI ne cesse pourtant, au fil de sa parole, de déployer tout ce qui touche aux droits de l’homme ». Ca vaut la peine de le dire, en effet. Cela étant, vous aurez noté la construction de la phrase : les droits de l’homme, c’est de gauche. Et tiens : « enquête sur une Église moins conservatrice qu’il y paraît, surtout quand il s’agit de défendre la dignité humaine », qu’il dit, le sous-titre. Y aurait-il une dignité humaine conservatrice, une dignité humaine progressiste ? N’est-ce pas surtout que la dignité humaine ne se divise pas?

J’entends bien, La Vie a mis du baume au cœur à ses lecteurs éprouvés. Mais, là, entre les lignes, incidemment, implicitement, comment ne pas discerner cette habitude de la gauche de se confondre avec le camp du Bien. La dignité humaine ? De gauche ! Les droits de l’homme ? De gauche ! Poussez encore un peu et la gauche sera le chemin, la vérité… La Vie ! Ah, tremblez devant ce sentiment coupable d’incarner la justice ! Car Il est venu appeler non pas les justes, mais les pêcheurs. Sur ce point la droite est forcément en avance sur le chemin du Royaume, puisqu’elle se sait pècheresse, et vit avec, au coeur, cette culpabilité ardente de ne point être bonne.

Alors, non, hein, moi je joue pas ce jeu. Dieu, c’est Dieu. D’ailleurs, puiqu’il nous a fait à son image, nous ne devrions être ni de gauche ni de droite. Juste complets.

« La France… C’est tout à la fois… C’est tous les français… C’est pas la gauche, la France… C’est pas la droite, la France », avait déclaré Le Général. Dieu, c’est pareil. C’est tout à la fois. C’est tous les hommes.
Mesdames, Messieurs, debout, pour Le Général ! Ca fera bien chier la gauche, et c’est toujours ça de pris.

  1. au sens plein du terme : il saisit l’opportunité []

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64 commentaires

  • Gauche humaniste, droite fasciste, église rétrograde, c’est du Mc Do intellectuel servi par une presse qui abhorre la complexité et le gris. Ce qu’il y a de – presque – drôle, c’est que la gauche est plutôt anticléricale…

  • Ils sont quand même pas très originaux chez La Vie, ils l’ont déjà fait le coup du « Jésus est-il de gauche » ou « de droite ». Alors certes, la Une a dû amusante à préparer pour le graphiste du journal, et elle permettra peut-être d’attirer quelques lecteurs supplémentaires.

    Mais il faut reconnaître que la question qui y est posée est très banale, et j’ai un gros doute sur l’intérêt de la réponse… En général, les arguments de ce genre de débat sont « Jésus s’occupait des pauvres, c’était un révolutionnaire », ou « le christianisme fait partie des valeurs bourgeoises, la réussite économique est une bénédiction ». En fait, on ne parle évidemment pas de Dieu dans ce cas-là, mais des différentes théories sur le christianisme, que ce soit du pseudo-Marx ou du Weber. Bref, rien de bien nouveau…

  • Chacun cherche à tirer Dieu à lui, ou à l’en éloigner, c’est selon. Un croyant de gauche verra Dieu plus à gauche qu’un croyant de droite, qui le verra lui pencher vers l’autre hémicycle. Pour un anti-clérical de droite, Dieu sera de gauche ; pour un anti-clérical de gauche, Dieu est nécessairement de droite.
    Et il en est de même pour les valeurs dont vous parlez : la dignité humaine, les droits de l’homme.
    Chacun s’approprie le bon, accusant l’autre de tous les maux. Et tant mieux si au passage, comme vous le dites si bien, cela fait « chier » l’autre, l’adversaire, l’ennemi. Logique partisane.

    Je comprends votre énervement, et le coup de gueule qui en résulte. J’apprécie votre argumentaire. Je comprends moins la manière dont vous exprimez cet énervement, que ce soit dans votre phrase d’introduction ou dans celle de conclusion, issues de cette même logique partisane que vous décriiez.

  • Amine Venezia a écrit : :

    Je comprends moins la manière dont vous exprimez cet énervement, que ce soit dans votre phrase d’introduction ou dans celle de conclusion, issues de cette même logique partisane que vous décriiez.

    En fait, il faut y voir un second degré qu’aime à utiliser Koz dans ses argumentaires (une sorte d’amour « vache » en quelque sorte)

    @ Goéland

    Si, parmi les réponses intéressantes à cette question volontairement provoc’, il y a le fait de se rendre compte que l’on ne peut pas coller d’étiquette « conservateur » sur le front du pape…

  • @ Goéland:
    Bah, moi, je le prends presqu’à la limite de la facétie. La Vie sait que son lectorat est majoritairement de gauche, même si sous la direction de Jean-Pierre Denis, elle semble vouloir modifier son positionnement (non pour devenir « de droite » mais simplement ni l’un ni l’autre). J’ai suffisamment confiance dans les capacités de raisonnement d’un Denis, d’un Mercier, d’un Guillebaud (même s’il n’a pas écrit dans ce dossier) – sans vouloir dénier quoi que ce soit à Laurent Grzybowski, mais je le connais moins – pour penser qu’ils ne posent pas vraiment cette question au premier degré. D’où le ton de ma réponse.

    Amine Venezia a écrit : :

    Je comprends moins la manière dont vous exprimez cet énervement, que ce soit dans votre phrase d’introduction ou dans celle de conclusion, issues de cette même logique partisane que vous décriiez.

    Comme dit à Goéland, je penche pour une part de provoc et de facétie de la part de La Vie. Je me permets de faire de même, du coup.

    Louve a écrit : :

    En fait, il faut y voir un second degré qu’aime à utiliser Koz dans ses argumentaires (une sorte d’amour « vache » en quelque sorte)

    D’autant que j’ai eu la chance de rencontrer Jean-Pierre Denis (redac chef), que je lis ses éditos (que je partage souvent), et suis en train de lire son dernier bouquin, et que le bonhomme est bien loin d’un esprit sectaire.

  • J’aime bien ton billet, même si le ton fait que le « Dieu n’est ni de droite ni de gauche » manquerait presque de conviction. Je ne remets pas en cause ta conviction, mais je te dis ce que je ressens à la lecture du billet.

    Ca fait presque, en gardant tout de la dimension légère et provocatrice du propos, un « NON !!! c’est pas vrai d’abord, snif ! Dieu il est ni de droite ni de gauche, et d’abord Dieu si il veut il peut être de droite aussi, et ce jour-là ça vous fera bien ch***« .

    A la lecture du billet on se dit qu’en effet Dieu n’est ni de droite ni de gauche, mais on a du mal à se dire de même pour l’auteur de l’article 😉 Y a comme un petit : profitez-en, demain ce sera notre tour et j’vous l’aurais bien dit ! Ceci étant dit pour la forme, sur le fond je n’ai pas pris ça un seul instant pour un coup de gueule, mais une plaisanterie provocante et légère, dans la mesure où je crois savoir en effet tout le bien que tu penses de Jean-Pierre Denis.

  • Dans mes bras mon canard, j’aime beaucoup ton billet.

    Comme je suis facécieux moi aussi, je ne puis m’empêcher de constater que la gauche a tourné sa veste sur l’Eglise aussi vite que le FN.

  • Tim a écrit : :

    Je crois que c’est le « Il siège à la droite du Père » qui a créé la confusion.

    Bah ouais, mais alors, Dieu le Père, lui, il est bien à gauche ?…

  • Et non, précisément, c’est bien le signe que Dieu ne peut être ni de gauche ni de droite. Car comment reconnaître la droite de la gauche ? Il faut se mettre à la place du Président de l’Assemblée Nationale. Or, personne ne peut faire face comme ça à Dieu. De sorte qu’il ne peut être – c’est une évidence – que le référent ultime. Nous voyons bien là confirmé le fait que ceux qui voient Dieu de gauche ne le font que parce qu’ils y sont. Pareil pour la droite.

    @ Pneumatis: dis donc, toi, t’as vu où que je m’étais allongé sur un divan ? 😉

  • Merci, c’est excellent.

    Le problème, n’est-ce pas finalement nos propres conceptions de la politique (Droite versus Gauche), largement dépassé dans un monde où les courants de pensée sont innombrables?

    La droite chrétienne ou les centristes sont parfois plus « à gauche » que les socialistes; les écologistes et les altermondialistes rejoignent les souverainistes et les nationalistes sur les OGM, l’Union Européenne et l’agriculture; la droite libérale ne fait qu’un avec l’extrême-gauche sur les positions sociétales, etc.$

    J’ai cessé de croire à la droite et à la gauche (la division la plus cohérente, quoiqu’encore largement imparfaite, me semblant être libéral/antilibéral).

    Bref, Dieu, ni de droite, ni de gauche, peut être parce que nos stupides et rapides distinctions sont trop étroites pour contenir l’Infini.

  • A la copie, je préférais l’original d’un romancier célèbre pour avoir claqué la porte d’une émission télévisée : « Dieu est Dieu, nom de Dieu !
    mais je suis d’accord sur l’essentiel du contenu .

    P.S. le lien sur le site de La Vie n’a pas fonctionné

  • Quand on voit le timbré adorateur de dieu qui veut bruler le coran pour emmerder d’autres timbrés à turbans, on ne se demande pas si dieu est de droite ou de gauche mais seulement si il mérite d’être vénéré par autant de cons. (qui me semblent majoritairement d’extrème droite).

  • d’ailleurs, la gauche a toujours considéré qu’elle avait le monopole du coeur, même Mitterrand qui n’était pas un enfant de choeur.Je ne remercierai jamais assez VGE d’avoir balancé cette formule

  • Dieu le Père, tout comme son copain le Saint d’Esprit sont difficiles à placer sur un échiquier politique. J’ai tendance à les situer bien au dessus.
    Le Fils Jésus, trop partageur, serait bien un peu gauchiste, non ?
    Ce qui semble paradoxal, c’est qu’historiquement jusqu’au XXème ses disciples « certifiés » et galonnés s’affichaient du côté du pouvoir, c’est à dire à droite.
    Aujourd’hui, je crois bien qu’il a rejoint ses deux compères.

  • Koz, tu as raison de refuser de récupérer la récupération de la religion par la gauche mais la récupération de la religion par la droite est une donnée ancienne, semble-t-il acceptée, et pourtant tout aussi choquante (je dirai même complètement absurde quand on voit les valeurs actuelles de la droite et qu’on s’amuse à les comparer à celles de l’Evangile). Bref, ça me ferait plaisir de voir aussi un peu plus de frères s’indigner de cette collusion; j’ai entendu souvent des discours dans l’Eglise pour expliquer qu’un bon catho votait à droite, jamais l’inverse. Fatiguant ce vote réflexe…J’ai personnellement rejetté la gauche au fur et à mesure de ma conversion, je ne vois pas pourquoi des frères de droite continue à préférer leur parti à l’Eglise, quelle que soit les incohérences que cela implique.

  • @ Texier: il est assez possible que j’aurais réagi de la même manière à un « Dieu est-il de droite ? ». Ce n’est pas pour rien que je titre « Dieu est Dieu ».

    Texier a écrit : :

    j’ai entendu souvent des discours dans l’Eglise pour expliquer qu’un bon catho votait à droite, jamais l’inverse.

    Nous ne fréquentons pas les mêmes bancs.

    A ce propos, Benjamin, de La Vie, disait que La Vie était dans son rôle avec une telle couverture, en secouant les habitudes etc. Ca m’a amusé et interpellé car je n’ai pas le sentiment qu’une telle question les bouleverse mais plutôt qu’on considère aisément qu’on peut difficilement être un vrai croyant et rester à droite. Ou à tout le moins que la foi devait « gauchiser » le positionnement.

    Toutes ces idées sont bien relatives mais il est amusant de voir comme on entend des choses contraires selon les lieux, les cercles, que l’on fréquente

  • C’est vrai qu’à force de fuir les progressistes, je n’entends pas de discours gauchiste ^^. Mais je sens que les choses bougent dans le bon sens : la divison progressistes de gauche / traditionnalistes de droite ne tient plus vraiment chez les jeunes générations, et il n’est pas rare de voir des personnes engagées dans l’action sociale vanter les mérites de Solesmes par exemple. Rafraîchissant.

  • Amine Venezia a écrit : :

    Pour un anti-clérical de gauche, Dieu est nécessairement de droite.

    Cela ne me paraît pas si simple. Disons, pour simplifier (à mon tour) que certains pourraient sans doute me qualifier d' »anti-clérical de gauche » et pourtant je ne dirais absolument pas que « Dieu est nécessairement de droite ». En simplifiant (encore), je dirais plutôt que Jésus est a priori plutôt de gauche (et on est sûr qu’il a existé, lui), que l’Eglise est plutôt de droite (avec toutefois une forte tendance « sociale » que l’on a du mal à retrouver dans la droite au pouvoir aujourd’hui), et que Dieu (qui n’est peut-être en fait qu’une idée) ne peut évidemment pas être rangé dans une de ces catégories.

    Quant à l’attitude de la gauche vis-à-vis de l’Eglise, ce n’est absolument pas un « retournement de veste » (comme le dit Lib) mais une convergence sur un point donné comme il y a des divergences évidentes sur d’autres points (comme le sous-entend Koz dans son billet). De manière générale, la gauche et l’Eglise peuvent naturellement se retrouver ensemble sur les questions sociales, la défense des plus démunis, des pauvres, des exclus, le refus d’inégalités trop criantes, de la recherche du profit à tout prix, etc., mais à l’inverse s’opposer sur d’autres questions, en particulier celles ayant trait à la sexualité (au sens large).

  • « Dieu le Père, tout comme son copain le Saint d’Esprit sont difficiles à placer sur un échiquier politique. » (@Hervé): de toutes façons, même s’ils étaient placés, la gauche et la droite sur un échiquier, c’est coton!

    Non, pour savoir si Dieu est de gauche, c’est simple, il suffit de regarder l’icône de la Trinité: Jésus est au centre, et Dieu à gauche (mais bon, il est à la droite de Jésus, aussi, ce qui est absolument anti-biblique: Dan Brown nous expliquera sûrement ça un jour). Et c’est pas pour rien que Jacques et Jean, qui le connaissaient bien, ont demandé d’être placés l’un à sa droite et l’autre à sa gauche: Jésus a refusé, mais il n’a pas démenti.

    sinon, d’un point de vue moins géopolitique, le problème, c’est pas tellement que Dieu soit de droite ou de gauche, mais c’est que la droite défend un travers terrible qui est l’attachement au fric (libéraux, d’où découle un besoin sécuritaire limite pathologique, si réaliste qu’il soit), pendant que la gauche défend un autre travers non moins terrible qui est l’attachement au sexe (libertaires ou libertins, d’où découle un attachement maladif à la contraception, et comme ça marche pas, à la possibilité d’avorter, d’où un besoin « vital » de déni de la dignité de l’embryon). Donc Dieu ne peut être que navré en regardant et les uns et les autres, qui idolâtrent également la jouissance de plaisirs utiles, mais très terrestres, au lieu de lever un peu le nez vers le Ciel ou vers leurs frères, qu’ils soient Roms ou enfants à naître, et qui ont vocation de vivre éternellement, eux!!
    Ensuite, pour départager le camp du bien du camp obscur, on va avoir du mal, parce que trouver l’ultime sens de sa vie dans le sexe ou dans l’argent, c’est pas bien mieux l’un que l’autre, et c’est souvent simplement une option liée à l’âge où on se pose la question… un peu, d’ailleurs, comme les opinions autour de la réforme des retraites…

    tout au plus peut-on se poser la question du pire: est-ce pire de traquer des Roms parce qu’on a peur de se faire cambrioler, ou de massacrer ses 5 premiers enfants avant leur naissance parce qu’on ne veut pas renoncer à son droit à prendre son pied quand on veut et avec n’importe quel chien coiffé?
    Je dirais que ça dépend jusqu’où on va: si on en arrive un jour à tuer les Roms pour s’en débarrasser (je dis les Roms, mais c’est valable pour n’importe quelle catégorie), les cathos se désolidariseront de la droite comme l’ont déjà fait leurs homologues allemands qui ont voté contre Hitler en 1932; tant que ce n’est pas le cas, les cathos un peu informés (en bioéthique) continueront à voter à droite pour ne pas s’associer à des lois morbides réclamées à corps et à cris par le PS, comme l’euthanasie par exemple.

    En gros, ça restera toujours « ce que tu fais au plus petit, c’est à moi que tu le fais ». Dieu, il ne vote ni à droite ni à gauche: il est à la fois aux côtés du Rom, et aux côtés de l’enfant qu’on avorte (ou de la femme qu’on brûle) …Or curieusement, aucun de ceux-ci n’a le droit de vote! à croire que Dieu n’a vraiment pas grand chose à voir avec la démocratie.

    Moi, des questions que je trouverais autrement plus importantes, c’est de se demander si Dieu est noir ou blanc. ou s’il lit La Croix ou Famille Chrétienne. ou s’il préfère ma soeur ou moi. là, au moins, on est dans le concret, on avance.

  • Les valeurs de la gauche ne sont pas comparables à celles de l’Evangile même si elles ont parfois la couleur elles n’en ont ni le gôut ni la substance, et pourtant on pourrait le croire parfois. Koz parle de la théologie de la libération lourdement condamné par JP II.

    Ce qui me gène c’est que ces valeurs de gauches sont bien plus dangereuses que celles de droite. Car sous prétexte de cette égalité l’on a connu par le passé de lourds crimes tout aussi comparables à ceux de l’extrême droite.

    Avec ses grands sabots, les idées véhiculées par l’extrême-droite on les devines, on n’y adhère pas, elles ne sont pas compatibles avec l’Evangile en revanche celles de la gauche elle présentent des atours plus séduisants et l’esprit non entraîné se laisserai tenter c’est pour cela que cela me parait plus dangereux.

    Si je n’ai pas la charité, je ne suis rien.

  • koz écrit: « Chaque fois on espère, et les réflexes reviennent. Si vite. Non, ils ne sont pas subitement bienveillants envers l’Eglise parce qu’ils la rejoignent, mais parce qu’elle leur est soudainement utile. »

    Du début à la conclusion: bien vu l’artiste.

    Après votre billet prémonitoire sur le brûleur de coran, c’est évident, on devrait se rappeler de ce dernier billet dans pas longtemps…

  • @ Jeff

    C’est vrai. La gauche se contredit; elle n’a pas le courage politique d’appliquer les droits de l’homme dans leur intégralité.

  • Bonjour Koz,

    je vais essayer de prendre le problème sous un angle original: la gauche et la droite ne sont pas principalement des mouvements idéologiques, mais des groupements de classes sociales et de régions. Par exemple, l’Occitanie (Toulouse à Montpellier) est de gauche, ce qui correspond assez à des endroits où l’on s’est toujours battu contre l’église catholique (cathares, protestants). Par contre, la très protestante Alsace est elle de droite, sans doute par goût germanique pour l’ordre. La gauche comprend également la fonction publique, un groupe plutôt bourgeois (on est plus riche en moyenne dans le public que dans le privé), ce qui l’incite probablement à un certain conservatisme qui peut trouver des échos dans une église qui l’est aussi. Tout ceci a ses limites car l’état a aussi une grosse tradition d’anticléricalisme, c’est à dire de remettre l’Eglise à sa place. La gauche représente aussi les syndicats, dont certains sont d’ailleurs d’inspiration chrétienne, ces syndicats représentant principalement les entreprises publiques ou protégées. La gauche représente enfin les « élites intellectuelles », qui sont souvent des gens très riches (à l’image des Etats-Unis ou les milliardaires et les très riches avocats sont principalement démocrates), et aux valeurs les plus libérales, qui ne collent pas bien avec l’église.

    La droite, quand à elle, représente les marchands et les entrepreneurs, un groupe libéral sur le plan économique, et souvent aussi sur le plan des moeurs: le fameux « work hard, play hard »: c’est sans doute de ce groupe que Nicolas Sarkozy est le plus proche, et ses valeurs ne collent pas vraiment avec celles de l’église. La droite comprend aussi le groupe des conservateurs, souvent des élites sur le déclin qui ne peuvent plus se distinguer par leur réussite sociale, et essaient donc de le faire sur le plan des moeurs: une des composantes du mode de vie conservateur est l’adhésion à la tendance traditionaliste de l’église. Sur le plan géographique, ce sont aussi les régions protégées de l’ouest français (Vendée…). La droite représente aussi avec la fin du communisme un nombre important de personnes de la classe ouvrière (front national premier parti ouvrier il y a quelques années), qui subissent de plein fouet toutes les péripéties de notre société (on souffre plus de la mondialisation quand on travaille chez un sous-traitant automobile et on habite dans un grand ensemble que quand on est avocat ou fonctionnaire en Vendée). Je n’ai pas trop l’impression qu’il y ait un lien quelconque entre l’église et ces gens-là.

    Tout ceci me semble bien compliqué, et ceci d’autant que l’on parle ici des liens entre l’église et les tendances politiques française, ce qui n’est pas forcément la même chose que le lien entre droite / gauche et Dieu: il faudrait pour cela que l’église catholique représente correctement Dieu, ce qui est à mon avis discutable.

  • Pingback: Le billet du 11 septembre « 100 000 V

  • Tiens, pour une fois je ne te suis pas. Ça mériterait que j’aie un peu de temps pour rédiger ce commentaire, qui va hélas être sommaire.

    En fait ton billet m’agace, comme m’avaient agacé tous les articles sur la couverture de Marianne, écrits par des gens qui n’avaient pas lu l’article de JFK, ou qui même refusaient de le lire. Absurde… On sait bien qu’il faut qu’un titre soit accrocheur. Et l’article de JFK était très clair, montrant bien que selon lui Sarko n’était pas un pétainiste, mais simplement pas un homme de conviction, ou du moins un homme prêt à renier toute conviction s’il pouvait en tirer quelque bénéfice.

    Revenons à Dieu. J’ai lu l’édito de JP Denis et Laurent Grzybowski, j’ai parcouru certains des articles. Et j’ai trouvé cela très intéressant, et j’ai du mal à comprendre que tu puisses être en désaccord. Surtout que, dans l’acception du terme « gauche » qui est faite ici, Koz, je suis navré, mais tu es de gauche. C’est évident quand on te lis. Tu l’es profondément. Parce que tu es un vrai chrétien.

    Ah bien sûr, si tu choisis une autre acception que celle de Denis, c’est faux, tu n’es pas un anarcho-bolchevique, mais ce serait un peu malhonnête de procéder ainsi.

    Que veut dire La Vie à travers ce titre, forcément réducteur ? Que les valeurs chrétiennes sont plutôt des valeurs de gauche. Encore faut-il définir ce que signifie « gauche » ici. On peut être de droite d’un point de vue économique et de gauche socialement ; on trouve des capitalistes qui sont de grands philanthropes. Le texte de JP Denis est très clair, il parle de « réacs » qu’il oppose à ceux qui se préoccupent des exclus, il parle du monde de l’argent, de « travailliste ». Grzybowski parle de droits de l’homme, d’engagement social, de défense des plus faibles, de respect des étrangers. Oui, toutes ces notions sont de « gauche », et ce sont aussi des valeurs chrétiennes. Ce qu’ils nomment « gauche » est donc très clair, cela recouvre solidarité, charité, l’entraide chère au prince Kropotkine, et s’oppose par exemple au darwinisme social, à un individualisme forcené, au règne du matériel et au culte de l’argent. C’est de cela dont on parle ici et de rien d’autre.

    Je ne comprends pas non plus ton passage qui semble s’étonner de ce que ceux qui critiquent certaines positiions de l’Église soutiennent les récentes prises de positions sociales. On ne pourrait que tout accepter ou tout rejeter en bloc ? Ces gens, plutôt de gauche, mais qui ne prétendent pas être chrétiens, ont leur propre système de valeurs. Ces valeurs recouvrent les valeurs sociales de l’Église. Mais ils sont en désaccord avec certains aspects de l’éthique chrétienne, pour des raisons d’ailleurs souvent honorables et humanistes. Si l’on ajoute à cela le talent de la com du Vatican, je pense que le tableau est parfaitement cohérent. Le monde n’est pas bipolaire, c’est comme lorsqu’on attaque le centre parce qu’il soutient parfois une mesure prise par la droite et parfois une mesure prise par la gauche : il ne fait qu’être cohérent avec son propre système de valeurs, bien souvent libéral économiquement mais plutôt de gauche socialement…

    Quant à une fracture entre Sarkozy et l’Église, elle couvait depuis bien longtemps. Sarkozy a montré bien avant 2007 qu’il avait une conception maurassienne et utilitariste de la religion. C’était bien naïf dans ces conditions de se réjouir d’une main tendue qui n’était qu’opportuniste.

  • A l’origine la bipartition droite / gauche s’est constituée par rapport à la question du veto royal en 1789. Par conséquent, la définition est simple : la droite mettra davantage l’accent sur une nécessaire hiérarchie qui assure la cohésion de la société. Le roi ou le président élu, par exemple, fonctionne comme la clé de voûte sans laquelle l’édifice croulerait. La gauche, elle, mettra surtout l’accent sur l’égalité des citoyens. Non pas l’égalité sociale, mais l’égalité en matière de représentation politique. Après, ces deux pôles connaissent de nombreuses nuances.

    Il faut donc distinguer la gauche du courant socialiste, qui revendique une égalité des conditions sociales. Le régime représentatif n’est pas leur problème, il peut d’ailleurs se révéler illusoire, comme le pensait Proudhon. Le socialisme s’oppose donc au libéralisme. Quant au Christianisme, évidemment, il rejette socialisme et libéralisme.

    Le véritable problème aujourd’hui, de toute façon, c’est le libéralisme, qui se trouve aussi bien à droite qu’à gauche. Quant au socialisme… il est mort.

  • Pour essayer de comprendre le débat sur « Dieu est-il de gauche » – çà doit bien le faire rire – , j’aimerais qu’on me dise (apparemment tout le monde n’est pas d’accord ) :
    – qu’entendez-vous par l’Église : la hiérarchie ? Le Vatican ? ceux qui se disent cathos ? ceux qui « vontalamesse » etc., on peut en rajouter…
    – qu’entendez-vous par « valeurs » : soit on entend toujours le même refrain (droits de l’homme, dignité, etc.), soit on ne dit pas ce qu’il y a dessous (sous ce mot).
    – et surtout qu’est-ce que les « valeurs chrétiennes » ? là, je suis vraiment curieux des réponses …

  • Ce que j’écrivais plus haut, Emile Poulat le formule encore mieux:

    « Droite et gauche, ce sont des catégories historiques, liées à l’avènement du régime représentatif dans une société bourgeoise, puis pluralisées par les historiens – les droites, les gauches – quand ils ont voulu soumettre à cette grille la totalité du jeu politique. Une autre voie était possible : le refus critique de cette approche. Deux courants antagonistes s’y sont essayés : la tradition socialiste dont s’est dégagée l’analyse marxiste ; la tradition contre-révolutionnaire qu’ont illustrée les encycliques pontificales. Marx et les Papes, dirons-nous pour faire court, ou, symboliquement, Le Capital et le Syllabus, que toute une société entend bien renvoyer dos à dos : ni Marx ni Jésus, comme l’a proclamé Jean-François Revel, qui n’est pas un marginal. » (« Eglise contre bourgeoisie. Introduction au devenir du catholicisme actuel », Paris, Berg International, 2006, p. 177)

  • @ Rochel

    L’Eglise, ce n’est pas la hiérarchie, c’est le Corps du Christ, son Epouse ; c’est le peuple de Dieu. C’est aussi l’instrument de notre salut. Tout baptisé participe au corps ecclésial du Christ, et c’est donc une erreur de vouloir réduire celui-ci aux diacres, prêtres, évêques.

    Les « valeurs », c’est très vague ; si vague que l’on peut dire que tout le monde a des valeurs. Mais le mot souligne, je crois, que l’homme ne se réduit pas à ses besoins vitaux, qu’il réfère nécessairement ses actes à des transcendantaux moraux, que ceux-ci soient fautifs ou non. Ainsi, en parlant de valeurs on suppose l’unité du genre humain, notre condition adamique commune, malgré de profonds désaccords.

    Les droits de l’homme, c’est ambigu. Il s’agit de droits que l’Etat octroie arbitrairement aux citoyens. Mais ils ne sont pas forcément bons en eux-mêmes. En France, les droits de l’homme et du citoyen n’ont jamais empêché la persécution anti-chrétienne. Et cela d’autant moins que le clergé non jureur était considéré comme hors-la-loi. Puisque les chrétiens sont des criminels, raisonnait-on, ils doivent donc être punis. Et la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen n’a jamais aboli l’emprisonnement et la peine de mort.

    En latin, dignitas désigne le « fait de mériter, mérite » ; par extension les qualités qui font qu’on est digne de l’estime ou de la considération, ainsi que les charges d’intérêt public qui récompensent le mérite. Lorsque nous parlons de la dignité de la personne humaine, je crois que la meilleure définition est celle fournie par Alain Rey : « Plus généralement, il [le mot] correspond à la valeur intrinsèque d’une chose (1265) ou d’une personne (v. 1370). » Image de Dieu, l’homme a une dignité intrinsèque. Petite incidente : sous l’ancien régime on parlait aussi bien de la dignité que de la majesté du prince : cela s’équivalait. Majestas signifie d’après Alain Rey « grandeur, dignité » au sens littéral, « noblesse, dignité d’un style, d’un lieu, d’une personne ». Elle désignait alors la souveraineté du peuple romain puis de l’Empereur ; en moyen français la souveraineté de Dieu, puis des princes. L’homme possède donc, en tant qu’image divine, une valeur intrinsèque, qui le fait détenteur de la souveraineté de son Créateur.

  • J’ajouterai que d’après Kantorowicz, dans l’Angleterre de la fin du moyen-âge la dignité « se rapportait principalement à la singularité de l’office royal, à la souveraineté que le peuple avait placée dans le roi, et individuellement dans le roi seul. » Citons encore une fois Kantorowicz : « Le Roi « lui-même n’est pas la Dignité mais agit en tant que l’incarnation de la Dignité », dit Pierre Grégoire, légiste français du dernier quart du XVIe siècle »

  • @ hipparkhos:

    Vois parlez de droite ultra et de gauche modérée. Votre conclusion est donc juste: si koz n’avait que ces deux choix il serait effectivement de gauche.
    (je me permet de parler pour lui, mais si je fais erreur mon propos vaut pour moi)

  • Problème incident : où est-elle la droite chrétienne aujourd’hui ? Par qui est-elle représentée politiquement en France ? Boutin ? Bayrou ? Pas Sarkozy en tout cas (même s’il croit en « l’espérance »), vous en conviendrez, ni aucun de ses fidèles ou collaborateurs (donc pas Fillon non plus). La droite chrétienne, est-ce avant tout la droite sociale ? Et si elle existe quelque part, rien d’étonnant à ce qu’elle soit plutôt du côté de la gauche en ce moment (plutôt Bayrou ?) ? Ou bien la droite chrétienne, est-ce avant tout la droite qui pourfend le préservatif, l’avortement, l’homosexualité, etc. (plutôt Boutin ?) ? Et celle-ci me semble condamnée à rester « décalée » et ultraminoritaire. Est-ce une filiale du Vatican, une simple caisse de résonnance de l’Eglise (qui n’est qu’une institution humaine malgré son objet divin) ? Ou une adaptation libre de la philosophie de Jésus dans la société d’aujourd’hui ?

  • @ Jeff:

    Oui, Sarkozy croit en l’espérance, la moindre des trois vertus théologales. C’est assez maurassien comme je le disais, et le reste de ses écrits le confirme. Où sont la foi et la charité ?

    Je dirais où est la droite, tout simplement ? En effet, Bayrou se retrouve propulsé à gauche en ce moment, c’est assez significatif. Il ne joue plus tellement sur son côté démocrate chrétien cependant.

    La droite chrétienne un peu rigide à la Boutin a en effet un problème. Elle oublie que pour résister, il faut parfois ployer un peu. On peut faire le choix des Amish, refuser l’évolution du Monde, et vivre en autarcie. Sinon il faut bien composer avec son temps et avec les réalités du monde contemporain.

  • Jésus était-il de gauche ?

    Jésus a vécu l’occupation romaine. Il aurait pu entrer en résistance et il ne l’a pas fait alors, peut-on en conclure que le débat politique n’entrait pas dans ses préoccupations ?
    Que ferait-il aujourd’hui dans nos pays démocratiques où l’on peut afficher pacifiquement et sans craintes ses idées politiques ?

    Je pense qu’il renverrait chacun à ses responsabilités individuelles car son message pour demeurer intemporel dépasse le débat politique, autrement dit, son royaume n’est pas de ce monde. Je crois aussi que si l’on observe l’histoire les régimes politiques qui dans l’intention on voulu institutionnaliser le partage en s’inspirant peut-être des valeurs chrétiennes n’ont pas dans les faits fait mieux que les autres et souvent pire.

  • Blaise, Hervé :

    Vous vous interrogez sur les valeurs chrétiennes, ou vous mentionnez que le message dépasse les préoccupations de ce monde. L’Eglise, elle, est bien de ce monde, et elle a explicité de manière très concrète sa doctrine sociale : http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/justpeace/documents/rc_pc_justpeace_doc_20060526_compendio-dott-soc_fr.html

    J’aurais pu citer ce document plutôt que les extraits de l’édito de JP Denis, pour expliciter ce que j’appelais des valeurs chrétiennes.

  • @ hipparkhos:

    J’ai écrit « son message dépasse le débat politique », j’aurais dû écrire « se situe à côté ». Cela n’a pas le même sens que « dépasse les préoccupations de ce monde ».

    L’Evangile nous invite à travers une démarche individuelle à nous préoccuper du monde mais ne se prononce pas sur le politique qui relève d’une démarche collective.

    Tel chrétien choisira de défendre la gauche, car il pense que ses valeurs se rapprochent de celle de la doctrine sociale de l’Eglise, tel autre choisira la droite car il pense que le « programme » de gauche conduit à terme à la faillite des politiques redistributives.

  • @Hervé

    « L’Evangile nous invite à travers une démarche individuelle à nous préoccuper du monde mais ne se prononce pas sur le politique qui relève d’une démarche collective. »

    Et pourtant si !

    Parmi d’autres Encycliques des Papes, il suffit de citer Divini Redemptoris et Mit Brenender Sorge de Pie XI, qui rejettent communisme et nazisme. De façon plus générale, les documents magistériels traitant de la vie en commun abondent… Pour réfuter l’idée que le message évangélique se situerait « à côté » du politique, citons Mc 22, 21 : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est Dieu. » Puisque la tradition biblique enseigne que tout pouvoir vient de Dieu, que le souverain n’est que son intendant, tirons-en les conclusions qui s’imposent… Nous devons « rendre » à César dans la mesure exacte où ce que nous lui devons ne contredit pas notre dette envers Dieu. Et puisque le politique fait partie de notre condition humaine, il n’est pas possible de séparer le domaine politique du domaine religieux. Par exemple, les lois en bioéthique sont inséparablement politiques et religieuses. La politique et l’économie pures, dépouillées de tout questionnement engageant notre fidélité à Dieu n’existe tout simplement pas. Dietrich Bonhoeffer, Hans et Sophie Scholl sont morts pour leur foi, en s’engageant politiquement.

    Ne confondons pas les « juridictions » politique et religieuse avec de supposés « domaines » politique et religieux.

  • @ Blaise:

    Puisqu’il n’est pas possible selon vous de séparer le domaine politique du domaine religieux, comment situez-vous politiquement la religion catholique ?

  • Articuler et hiérarchiser, au lieu d’opposer ou séparer.
    Le religieux donne ou tente de donner des réponses aux questions existentielles que se pose l’Homme, et va « au-delà » de la philosophie (sans s’y opposer) en cela qu’il a une dimension révélée (par Dieu), tandis que la philosophie est le travail de la raison humaine.
    Religion, puis philosophie, par les principes qui en découlent, ont donc des répercussions dans le domaine politique, qui est la science de l’organisation des sociétés humaines.

    Alors, situer la religion catholique sur un échiquier politique droite/gauche tel qu’il est en France actuellement n’a que peu de sens. C’est même absurde, voire une vile récupération. C’est ce que dit Koz dans cet article, si je ne m’abuse. Bref, Hervé, question peu pertinente, à laquelle Koz a répondu. Pardon d’avoir répondu à la place de Blaise, à qui je laisse maintenant volontiers la parole s’il le souhaite. 😉

    De plus, la « philosophie » (quel grand mot pour une si triste réalité !) politique en France aujourd’hui renie pour une grande part son héritage culturel chrétien : le « projet moderne » étant fondamentalement et depuis les origines anti-chrétien, faire de la politique en chrétien aujourd’hui et particulièrement en France est extrêmement difficile et casse-gueule ; et les rares groupuscules qui se disent chrétiens n’ont de cesse de s’affilier à un parti majoritaire pour des raisons mécaniques électorales, de visibilité, financières, que sais-je encore, et de fait perdent ainsi toute crédibilité. Malgré tous les bons sentiments qui sont les leurs, et que je reconnais volontiers.

    Pneumatis vous en parlera sûrement mieux que moi ; sinon, dans un autre registre, vous pouvez aller voir le blog de Plunkett, il a un avis très clair sur la question :
    http://plunkett.hautetfort.com/archive/2010/08/05/encore-un-apero-provoc-sur-facebook-a-orleans.html#comments (les derniers commentaires).

  • Quand vous dites « Dieu », vous parlez bien de ce type qui passe tous ses dimanches à la messe plutôt que d’aller voter, c’est ça ?

    Pas si sûr d’en vouloir à gauche, finalement…

  • Si c’est ça qui vous empêche d’aller à la messe, je vous rassure : elle ne dure qu’une heure. Lui, évidemment, les fait toutes, mais dans les paroisses les plus fréquentées, ça ne lui fait que trois heures d’astreinte en tout et pour tout. Ca lui laisserait le temps.

  • Pingback: Pensées d'outre-politique

  • Être de droite ou de gauche, c’est toujours être hémiplégique. P. Valéry
    Au fond, le Christ est le seul anarchiste qui ait réussi. A. Malraux.

  • Et… Vacuité des discours sur Dieu. Si définir c’est limiter, pourrait-on limiter Dieu ? Non, hein. Mais alors, si on ne peut le définir, il enferme et entre en tout et le contraire de tout, au point où le tout rejoint alors le rien ?
    Binary thinking fail.

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