238 autres pages, et la vérité

Ils disaient vrai. Il y a 238 autres pages. Une page sur les capuchons extensibles, 238 autres pages. Mais ne méprisons pas cette page : elle aura à coup sûr éveillé l’attention générale sur un livre qui la mérite. Elle a, surtout, mis l’accent sur un pape bien moins doctrinaire qu’on ne l’a dépeint et plus soucieux de pastorale. Un pape que l’humilité entraîne à mille lieux du panzerkardinal complaisamment dessiné. Voilà qui cadre mieux avec la douceur de son expression. Certes, l’humilité fait partie du cahier des charges de pape, mais elle ne le quitte pas, y compris pour reconnaître des erreurs d’appréciation. Son interlocuteur lui fait remarquer qu’il n’a « peut-être pas » la voix et la stature de Jean-Paul II ?

« Ce que je peux donner, je le donne, et ce que je ne peux pas donner, j’essaie aussi de ne pas le donner. J’ai été élu, c’est tout – les cardinaux en portent aussi la responsabilité – et je fais ce que je peux » (p. 152)

Sur les interrogations de Peter Seewald, Benoît XVI éclaircit ce qui a pu paraître nébuleux pour les uns, scandaleux pour les autres, dans les cinq années de son pontificat, et n’hésite pas à reconnaître les erreurs éventuelles, sans céder sur le fond. Il n’est pas déplaisant de voir confirmées certaines intuitions, pas déplaisant de se sentir en pleine communion sur nombre de sujets et de concevoir une affection durable pour le vieil homme.

Au sujet de son discours de Ratisbonne, il reconnaît s’être montré trop académique, et ne pas avoir suffisamment réalisé que l’interprétation de son propos serait politique. Qui, toutefois, affirmera que le monde musulman ne doit pas mener une réflexion sur son rapport à la raison et à la violence ? La réception de son discours n’a finalement pas été si dommageable, rappelle-t-il, citant l’invitation au dialogue de cent trente-huit érudits musulmans ou cet échange méconnu avec le roi d’Arabie Saoudite, désireux lui aussi de « prendre position avec les chrétiens contre le détournement terroriste de l’islam » (p. 134). La scène occidentale et sa palanquée d’ahuris en prend également, justement et aimablement, pour son grade lorsqu’il rappelle que ce qui était possible il y a quelques siècles, à l’époque de l’empereur Manuel, dans l’empire ottoman,[1] ne l’est plus.

« L’empereur Manuel était déjà à cette époque vassal de l’empire ottoman. Il ne pouvait donc absolument pas attaquer les musulmans. Mais il pouvait poser des questions vivantes dans le dialogue intellectuel. Seulement la communication politique, de nos jours, est ainsi faite qu’elle ne permet pas de comprendre ce type de contextes subtils » (p. 133)

Le pape évoque également les relations du catholicisme avec le judaïsme, revient sur la modification de la prière pour la conversion des juifs qui subsistait dans le « rite extraordinaire », qu’il considère comme « réellement blessante pour les juifs »- bien qu’on ait pu l’expliquer, comme le faisait le rabbin Jacob Neusner. Juifs qu’il prend soin de nommer nos « pères dans la foi » et non nos « frères aînés », comme cela se fait régulièrement, parce que, dans la tradition juive, « le frère aîné, Esaü, est aussi le frère réprouvé » (p. 114).

Williamson. C’est probablement le cas pour lequel le pape reconnaît le plus explicitement les erreurs du Vatican. Ainsi répond-il clairement que, s’il avait connu les propos de Williamson, il n’aurait pas procédé à la levée des excommunications. « Il aurait au moins fallu mettre le cas Williamson à part. Malheureusement, personne, chez nous, n’est allé voir sur Internet et s’apercevoir de qui il s’agissait ». En effet, c’est nouille. « Nous avons (…) commis l’erreur de ne pas étudier et préparer suffisamment cette affaire ».

Mais Dieu que je me gondole, en revanche, en lisant sa réponse à la question de Seewald, insistant sur le fait que l’on n’ait pas passé au crible l’existence des personnes concernées « surtout lorsqu’il s’agit d’une communauté qui a évolué de manière douteuse ». Sans se prononcer néanmoins sur cette dernière considération, Benoît XVI souligne :

« Williamson est un personnage à part dans la mesure où il n’a jamais été catholique au sens propre du terme. Il était anglican, et il est directement passé des anglicans chez Lefebvre » (p. 165)

Pardonnez l’espièglerie, je le note : de l’avis du pape, on n’est pas catholique quand on est chez Lefebvre. C’est autant pour sa prétendue complaisance à l’égard des Lefebvristes, étant toutefois observé que certains d’entre eux ont été « catholiques au sens propre du terme » avant de cesser de l’être.[2]

Convoquons aussi la fesse puisque le monde est monde. A ce sujet encore, Benoît XVI souligne ce que les catholiques savent déjà mais que le monde peine à entendre. Il faut considérer « la sexualité comme un don positif. Elle permet [à l’homme] de prendre part lui-même à la création de Dieu ». En outre,

« Il est clair aujourd’hui que nous devons revenir à une attitude véritablement chrétienne, telle qu’elle existait dans le christianisme des origines et aux grands moments de la chrétienté : la joie et l’acceptation du corps, le oui à la sexualité considéré comme un don qui implique toujours discipline et responsabilité » (p. 140)

Bref, sur nombre de sujets, certains commentateurs qui se piquaient d’être avisés devraient chausser leurs bésicles pour rendre pleinement compte de la subtilité des positions du pape. Il faut l’espérer, même si « la communication politique, de nos jours, est ainsi faite qu’elle ne permet pas de comprendre ce type de contextes subtils ».

Lumière du Monde ne se résume fort heureusement pas à un retour sur les polémiques des dernières années, aussi bienvenu soit-il. Ecartons toutefois les dernières pages, dans lesquelles Seewald conclut de façon incongrue sur des hypothèses ésotériques de détermination de la date précise du retour du Christ à partir des textes. Il y a, aussi, la pédophilie[3], la burqa, l’écologie, les femmes prêtres, l’oecuménisme, la raison et la science[4], les réformes de la Curie, Jean-Paul II, la nature de l’Eglise non pas institution mais corps vivant, le motu proprio, la liturgie qui ne peut être une façon de se célébrer[5]

*

Il y a tout cela et il y a la vérité. Sans majuscule, au singulier. Comment concilier la tolérance, vertu moderne, et la conviction d’adhérer à la vérité ? Posons la question ainsi puisque c’est ainsi que la pose le monde mais bon : la tolérance est une idéologie molle et masquée[6] et à la conviction d’adhérer, je préfère l’espoir et le chemin. Enfin, on n’est pas là pour parler de moi. Alors, Benoît ?

Rassurons les grands philosophes : le pape n’ignore pas qu’« au nom de la vérité, on a pu justifier l’intolérance et la cruauté » (p. 75). Mais il souligne aussi comment, si l’homme n’est pas capable de vérité, alors il ne resterait qu’un « dernier critère à la rigueur, ce serait de de ranger à l’avis de la majorité [et] l’Histoire a suffisamment montré à quel pont les majorités peuvent être destructrices ».

Alors ? Alors, « nous devons avoir le courage de dire : oui, l’homme doit chercher la vérité; il est capable de vérité ». Et l’imposer ? En écho à cette phrase de Dignitatis humanae qui m’est chère (« la vérité ne s’impose que par la force de la vérité elle-même qui pénètre l’esprit avec autant de douceur que de puissance ») Benoît XVI rappelle que :

« La vérité ne parviendra pas à régner par la force mais par son pouvoir, c’est le contenu central de l’Evangile selon saint Jean. Jésus se présente devant Pilate comme la Vérité et comme témoin de la vérité. Il ne défend pas la vérité avec l’aide de légions mais la rend visible par sa Passion, et c’est aussi de cette façon qu’il la met en vigueur »

Tout est là, n’est-ce pas ?

credit photo : moi

*

*     *

  1. rappelons que Benoît XVI rapportait, dans son discours, un échange entre l’empereur Manuel et un persan cultivé []
  2. En ce qui concerne la levée de l’excommunication des trois autres évêques, Benoît XVI rappelle également le caractère strictement juridique de cette décision. []
  3. à ce propos un certain documentaire diffusée hier soir sur une certaine chaîne, relayé par certaines publications, entend laisser accroire que le cardinal Ratzinger n’aurait agi qu’à compter des scandales aux Etats-Unis et, donc, de 2001. Passons sur ce que nous inspire ce genre d’accusations, juste quelques faits apparemment omis : l’action du cardinal Ratzinger dès 1988 []
  4. je retiens cette phrase de Werner Heisenberg, prix noble de physique nucléaire, citée par Peter Seewald : « la première gorgée dans le calice des sciences de la nature rend athée – mais au fond de la coupe il y a Dieu qui attend []
  5. « il ne s’agit pas de se produire soi-même. Il s’agit de sortir de soi et d’aller au-delà de soi-même, de se donner à Lui et de se laisser toucher par Lui » []
  6. « Qu’au nom de la tolérance la tolérance soit abolie, c’est une menace réelle, et c’est à elle que nous faisons face » []

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36 commentaires

  • Eh dis-donc, t’es pas la moitié d’un chieur avec ton billet toi ! Moi mon « lumière du monde » il est coincé sous papier bariolé jusqu’au 25 décembre (ma femme est une sadique), et tu viens presque me raconter la fin du film.

    Bon, pardon pour cette apostrophe virulente, quoique sincèrement amicale et simple reflet de ma frustration. J’aurais pu aussi ne pas venir lire ton billet et attendre d’avoir lu le bouquin, mais j’ai déjà une frustration, je n’allais pas m’en ajouter une autre en me privant de ta prose.

    Et puis, tu en fais, j’en suis sur, une très bonne mise en bouche. Plus que mon curé (hein monsieur le curé !) qui me disais l’autre soir : « oui, il m’est passé entre les mains parce que je devais en fournir à la bibliothèque… très sympa, tu te poses une soir avec le bouquin, et ça se lit en 2 heures. Ca fait comme un bon film, quoi« . J’ai honte de le dire comme ça, mais ça diminue quand même un poil la valeur du cadeau de Noël !

  • C’est un livre d’entretiens. Ce n’est clairement pas comme si tu lis du Ratzinger dans le texte. Mais il remplit son office, qui n’est pas d’être un ouvrage de théologie. Manifestement, Benoît XVI a estimé qu’il était nécessaire de se découvrir un peu plus, et d’apporter les précisions nécessaires pour atténuer les polémiques et incompréhensions passées auprès de ceux, tout du moins, qui seront disposés à l’entendre.

  • @Koz : oui, oui, je sais, entrer dans l’intimité de Benoit XVI, c’est justement ce qui me met l’eau à la bouche (vilain curieux que je suis). Blague à part, je suis en train de décortiquer Verbum Domini, et c’est juste qu’un truc un peu plus personnel et plus intimiste, ben ça me branche bien !

  • Avec la puissance de conviction de la vérité divine, il devrait tout de même être aisé de convoquer un concile des cinq ou six principales religions du globe, et que tout le monde se mette d’accord sur le contour exact de cette vérité. Je jure solennellement de me convertir à la religion dès que ce point aura été tiré au clair : je ne demande qu’à croire, mais je ne sais quelle version choisir.

    Il peut paraître étonnant que ce livre traite aussi bien de théologie « de fond » et de principes qui se veulent guider l’humanité, que du calcul précis de la date du retour du Christ, et je dois avouer que la curiosité me saisit sur ce dernier point … peut-être est-ce la une tactique pour attirer un nouveau lectorat ? 😉

    Enfin, citer en exemple Werner Heisenberg, dignitaire proche d’Himmler, père du programme nazi de développement de la bombe atomique, est-il vraiment approprié pour l’image du « Panzer Cardinal » ?

  • Yogui a écrit : :

    Je jure solennellement de me convertir à la religion dès que ce point aura été tiré au clair : je ne demande qu’à croire, mais je ne sais quelle version choisir.

    C’est étonnant. J’avais cru comprendre que vous aviez une autre ambition personnelle. Peut-être préférez-vous en fin de compte que la vérité vous soit imposée ?

    Yogui a écrit : :

    Il peut paraître étonnant que ce livre traite aussi bien de théologie « de fond » et de principes qui se veulent guider l’humanité, que du calcul précis de la date du retour du Christ, et je dois avouer que la curiosité me saisit sur ce dernier point … peut-être est-ce la une tactique pour attirer un nouveau lectorat ?

    Si oui, il sera déçu parce que Benoît XVI n’accorde ostensiblement aucun crédit à ces théories.

    Yogui a écrit : :

    Enfin, citer en exemple Werner Heisenberg, dignitaire proche d’Himmler, père du programme nazi de développement de la bombe atomique, est-il vraiment approprié pour l’image du « Panzer Cardinal » ?

    Il semblerait que son rôle soit sujet à controverse. Je serais un peu étonné que Seewald l’ait cité, s’il n’y avait pas place à une relative interprétation. Une page comme celle-ci semble moins univoque que vous dans son évocation d’Heisenberg. Mais en effet, c’est franchement maladroit de la part de Peter Seewald, qui aurait probablement pu trouver une autre référence, disant à peu près la même chose.

  • N’étant ni croyant ni particulièrement concerné par les questions religieuses, je ne pense pas que j’irais jusqu’à lire cet ouvrage (d’ailleurs j’ignorais sa sortie). Merci donc pour ce retour de lecture d’une grande qualité qui éclaire encore une fois l’attitude et la pensée du personnage public d’importance qu’est le Pape.

    Vos billets sont étonnants par leur capacité à s’adresser aux catholiques, souvent d’un point de vue très interne, tout en donnant une portée et un intérêt universel aux questions évoquées.

  • @ Koz : « Peut-être préférez-vous en fin de compte que la vérité vous soit imposée ? » Disons que je prendrai cet événement comme une preuve indubitable de l’existence de Dieu, je me convertirai donc en parfait accord avec mes convictions rationalistes 🙂

  • Bonjour, je m’excuse, je vais peut-être lancer un pavé dans la mare de votre billet qui semble pourtant si limpide à priori, mais j’ai une question à poser au sujet d’un de vos propos, merci par avance de votre attention.
    Voilà, vous dites ceci : « ‎ »Pardonnez l’espièglerie, je le note : de l’avis du pape, on n’est pas catholique quand on est chez Lefebvre. C’est autant pour sa prétendue complaisance à l’égard des Lefebvristes, étant toutefois observé que certains d’entre eux ont été « catholiques au sens propre du terme » avant de cesser de l’être.2 »

    Estimez-vous alors que les instituts dits « ecclsia dei » ne sont pas catholiques par conséquents ?

  • Y’a un piège ? 😉

    Je suis loin d’être un spécialiste de ces questions et mon propre avis compte peu. Je retranscris les propos du Pape et en tire les conséquences que je crois pouvoir tirer.

    J’ai assez peu de goût pour ces querelles de chapelle, étant plus occupé, en matière religieuse, à essayer de suivre le Christ qu’à goûter aux bisbilles. Il me semble toutefois évident que ces instituts sont « catholiques au sens propre du terme », selon l’expression du Pape. D’une part, parce que je connais 2-3 prêtres qui en font ou en ont fait partie, et que je n’ai aucune observation à faire sur leur catholicité.

    Au sujet de la levée de l’excommunication des évêques lefebvristes, Benoît XVI dit :

    Lorsque des évêques qui se trouvaient excommuniés parce qu’ils avaient commis un manquement à l’égard de la primauté finissent par la reconnaître, leur excommunication est levée, ce qui est juste. Comme je l’ai déjà dit, leur excommunication n’avait donc rien à voir avec Vatican II; elle avait été prononcée en raison d’une transgression au principe de la primauté. Ils venaient de proclamer dans une lettre leur approbation à ce principe; la conséquence juridique était donc parfaitement claire.

    A ma connaissance, les instituts « ecclesia dei » illustrent précisément la « tendance » qui a refusé de rompre avec Rome (soit dès l’origine, soit qui est revenue). Il n’y a aucune raison pour qu’ils ne soient pas considérés comme catholiques. Et ce d’autant plus, voire surtout, ils sont institués par décret pontifical (voir là, par exemple, ce qui laisse supposer un chouya qu’ils reconnaissent sans ambiguïté la primauté.

  • Je n’en suis qu’à un tiers du livre (je lis lentement), mais je partage votre avis. Je l’ai trouvé particulièrement clair sur le cas des évêques FSSPX : en un paragraphe, Benoît explique que 1) les excommunications étaient un acte juridique automatique (si un évêque consacre des évêques sans autorisation du Pape, le consécrateur et les consacrés sont automatiquement excommuniés. Sanction extrêmement grave visant à prévenir les schismes) ; 2) la levée des excommunications était également un acte juridique automatique (des catholiques excommuniés à cause de 1) voient leur excommunication automatiquement levée pourvu qu’ils reconnaissent la suprématie du Pape, même si ils continuent d’être en désaccord avec l’Eglise sur de nombreux points de la foi et n’expriment aucun repentir pour l’acte qui leur a valu l’excommunication, ce qui les prive évidemment de la possibilité de recevoir la moindre charge pastorale dans l’Eglise. Mesure extrêmement miséricordieuse visant à résoudre les schismes le plus vite possible) ; 3) même si cette mesure est automatique, le Pape aurait utilisé son pouvoir judiciaire absolu pour renvoyer à plus tard la levée de l’excommunication de WIlliamson si il avait été au courant de ses propos.

  • @ Pneumatis : +1

    Mais il nous faut, en toute charité chrétienne 🙂 , penser à ceux qui ne trouveront pas l’ouvrage sous le sapin de Noël et se réjouir qu’ils bénéficient dès à présent des talents d’exposition de Koz.

  • Kemmei a écrit : :

    Vos billets sont étonnants par leur capacité à s’adresser aux catholiques, souvent d’un point de vue très interne, tout en donnant une portée et un intérêt universel aux questions évoquées.

    Vous me permettrez, par décence, de ne pas trop commenter le compliment, dont je vous remercie.

    Sur le fond, disons que je m’efforce, sur un blog non strictement catholique, de tenir un propos qui puisse (dans une certaine mesure) être audible par tous et avoir des implications pour tous.

    @ jean316: yeap. Il est tout de même affligeant de voir que le Vatican n’était pas informé, ou n’a pas eu la curiosité de s’informer. Seewald insiste justement sur ce point et je ne trouve pas que le Vatican en soit vraiment quitte pour autant, même s’il est vrai que la chronologie est pour le moins troublante (diffusion des propos la veille de la levée de l’excommunication, dont la date n’avait pas franchement été annoncée partout). Williamson n’a pas jailli comme ça de nulle part. Ce n’était pas la première fois qu’il tenait des propos limites. Que le pape n’ait pas été informé, je peux le croire. Ce serait trop en désaccord avec sa sensibilité vis-à-vis du judaïsme. Que le cardinal qui suit les intégristes ne l’aient pas été, en revanche, je suis perplexe. Sans imaginer pour autant qu’il adhère aux propos de Williamson, j’ai toujours plutôt tendance à penser qu’il a fait une belle erreur d’appréciation en pensant que la résorption du schisme était un impératif plus grand.

  • Pour compléter ou remplacer la phrase d’Heisenberg, que je trouve jolie, sans pouvoir dire beaucoup plus sur ce prix Nobel vu ma méconnaissance de ce point précis de l’Histoire, j’aime beaucoup cette citation, mais elle est attribuée à beaucoup trop de monde, Louis Pasteur, Francis Bacon, Flaubert… :
     » Un peu de science éloigne de Dieu. Beaucoup de science y ramène. »

    Sur Pasteur, j’aime beaucoup l’autre citation plus attestée semble-t-il (cf apologétique de poche de Zenetti) :
    « Quand on a bien étudié, on revient à la Foi du paysan breton. Si j’avais plus étudié encore, j’aurais la Foi de la paysanne bretonne « .

    Cela colle bien avec le personnage, même si c’est surtout sa femme qui était très pieuse. Son tombeau à l’Institut, en mosaïque néo-byzanciennes, avec la science aux côtés des vertus théologales, est assez amusant.

  • @Yogui, cette vérité universelle construite par les hommes n’existe pas. J’insiste : depuis l’expérience confuse de la Tour de Babel, c’est même une sorte d’article de FOI – pour les judéo-chrétiens – de croire que ça n’existe pas et que ça n’existera jamais. Il me semble qu’en sortant du strict cadre sricte du rationalisme (que tu revendiques), tu navigues, ici, un peu à l’aveuglette.

    Le sens commun sait très bien que les hommes qui tentent de se concerter n’accouchent au mieux que d’un « plus petit dénominateur commun ». Si ce n’est « xepérimental » c’est reproductible. Comment pourraient-ils alors n’arriver à une vérité universelle ? Nous – judéo-chrétiens – sommes bien tranquilles que plus la recherche de consensus sur la vérité ultime (ne pas confondre avec la « vérité scientifique ») sera large, moins on n’aura de « vérité » quelconque. L’idée est plutôt qu’il n’y a que quelques « pionniers » ou « élus » (les prophètes et les saints) qui accèdent à des lueurs de LA vérité non par leurs efforts personnels, mais par révélation.

  • @koz : sans faire de procès d’intention, il est clair que quelqu’un et/ou quelque chose a merdé quelque part. D’autant que la solution était simple : attendre que la FSSPX se débarrasse de ce type vu qu’apparemment même eux n’arrive plus à le saquer.

  • Bonjour Koz,

    ce post est intéressant (toujours un peu sentimental, mais ça fait partie de votre charme). Cependant, je suis assez perplexe sur le paragraphe au sujet de la vérité et de la majorité. « Si l’homme n’est pas capable de vérité… »: qu’est-ce à dire? de reconnaître la vérité? et laquelle (dans quel domaine)?

    Bonne journée,

  • @ Charles Marie

    Alors après ma petite enquête (wikiquote et evene.fr)… Francis Bacon a dit dans ses Essais:

    « A little philosophy inclineth man’s mind to atheism, but depth in philosophy bringeth men’s minds about to religion »

    La reformulation en français et avec le mot « science » est peut être due à Pasteur cela dit. Il faudrait se méfier, on lui prète visiblement d’autres citations fausses sur science et religion.

  • Je lis votre blog à nouveau plus régulièrement, en fait je l’ai connu lors de la dernière campagne présidentielle et je dois dire que j’apprécie de plus en plus votre prose et vos propos. Je crois que votre post va m’inciter à acheter ce livre. Pour des raisons personnelles je me suis éloignée de la religion catholique depuis quelques années, bien qu’ayant été active au sein de ma paroisse et d’associations catholiques du monde maritime (mon milieu), mais je dois dire que la tendance traditionaliste que je sentais monter, à tord ou à raison, dans mon environnement a contribué, entre autres, à cet éloignement. Malgré cette distanciation il me faut avouer que quelque chose me manque et que malgré mon grand âge je me pose de plus en plus de questions et que le doute me taraude en permanence. Je ne sais pas trop pourquoi je vous raconte cela, sans doute parce que je ne vous connais pas physiquement et j’ai toujours du mal à me déboutonner, dans mon cas internet est un outil formidable. Pardon d’avoir écrit ces quelles lignes sans grand intérêt et merci quand même si vous les lisez.

  • Yogui a écrit : :

    Avec la puissance de conviction de la vérité divine, il devrait tout de même être aisé de convoquer un concile des cinq ou six principales religions du globe, et que tout le monde se mette d’accord sur le contour exact de cette vérité. Je jure solennellement de me convertir à la religion dès que ce point aura été tiré au clair : je ne demande qu’à croire, mais je ne sais quelle version choisir.

    Pas d’accord: si vous voulez trouver la vérité, commencez par la chercher!! qu’en dites vous? ^^
    Et en plus on ne se convertit pas à « la » religion qui est tout sauf un dieu, mais à UNE religion bien précise, qui un moyen de se relier à lui…

    Aristote a écrit : :

    @ Yogui:

    Et moi, face à un Dieu rationnellement indubitable, je me révolterais. 🙂

    Tout à fait d’accord: mais c’est quoi ce dieu qui nous laisse même pas la liberté de ne pas croire en lui? ^^

    @ Roque:

    Euh… pas trop non…
    L’idée est plutôt que tout homme est appelé à chercher la Vérité, et que Dieu peut la révéler à tous, et surtout qu’il est moins important de détenir la vérité que de la chercher…

    jean316 a écrit : :

    D’autant que la solution était simple : attendre que la FSSPX se débarrasse de ce type vu qu’apparemment même eux n’arrive plus à le saquer.

    D’après une info sur Osservatore Vaticano ou le Salon Beige, c’est fait…

  • Un étudiant se trouvait assis dans un train aux côtés d’un homme qui semblait être un paysan bien portant. Cet homme priait le chapelet et égrenait les perles dans ses doigts.

    Monsieur – demanda l’étudiant au vieil homme – vous croyez encore en ces trucs arriérés ? Et il éclata de rire, avant d’ajouter : Je ne crois pas en de telles stupidités. Suivez mon conseil. Jetez ce chapelet par la fenêtre, et apprenez donc ce que la science a à dire à ce sujet.

    La science ? demanda humblement l’homme avec des larmes dans les yeux. Je ne comprends pas cette science… Peut-être pourrez-vous me l’expliquer

    L’étudiant vit que l’homme était profondément touché. Pour éviter de le blesser davantage, il répondit :
    – S’il vous plait, donnez-moi votre adresse et je vous enverrai quelques ouvrages pour vous aider dans ce domaine.

    Le vieil homme fouilla dans la poche intérieure de sa veste, et donna au garçon sa carte de visite.

    En découvrant la carte, l’étudiant, honteux, inclina la tête et n’osa plus dire un mot. Il venait de lire : « Louis Pasteur, Directeur de l’Institut de Recherche Scientifique, Paris ».

  • @ Arravanne: un commentaire rapide en passant, pour vous dire que vous n’avez évidemment pas à vous excuser, et que si le blog vous permet d’exprimer à des inconnus des choses que vous n’osez pas exprimer sinon, c’est plutôt formidable.

  • @panouf

    Il semblerait que la foi de Pasteur ait fait l’objet de débats, notamment sur son éventuelle récupération par les catholiques. Il y a un passage là-dessus sur la page wikipedia de Pasteur, si ça vous intéresse.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Pasteur

    Sinon, ça m’a l’air de ressembler beaucoup au cas d’Einstein. Des croyants, qui ont evidemment tout intérêt à voir le scientifique de référence partager leurs convictions, n’hésitent pas à broder autour de la vie du scientifique pour en faire un croyant convaincu. Des scientistes athées contre-attaquent pour tenter de se réapproprier le cadavre… Par exemple, le très détourné « Dieu ne joue pas aux dés », qui n’est en fait qu’une critique imagée de la physique quantique, et rien de plus. C’est la preuve que Pasteur est ou a été notre Einstein à nous!

    Comment ça, on est hors-sujet?

  • Benoit XVI a dit: La vérité ne parviendra pas à régner par la force mais par son pouvoir, c’est le contenu central de l’Evangile selon saint Jean.

    Koz,

    merci pour ce billet intéressant, qui m’a probablement donné envie de lire le livre. Il me semble bien normal que quelqu’un avec des responsabilités comme Benoit XVI commette des erreurs ou des maladresses, et c’est tout à son honneur qu’il les admette.

    Par contre, j’ai l’impression que la phrase ci-dessus sur la vérité n’est pas la doctrine la plus facile à appliquer de la doctrine chrétienne: nous avons déjà eu je crois des débats assez agités ici sur le sujet, et je pense que la tentation de contrôler, d’interdire et de mettre son nez dans les affaires des autres est bien grande.

  • Merci pour votre billet.
    Quand on a pas le temps de lire tout de suite tout ce que l’on souhaite, certains blog de référence sont forts utiles.
    Les commentaires en font partie puisqu’ici la diversité s’exprime avec autant de passion que de courtoisie.

  • @ Vivien

    Du temps de Francis Bacon, la distinction entre philosophie et science était beaucoup moins tranchée qu’elle ne l’est aujourd’hui. La traduction par « science » est donc acceptable.

    On ne gagne cependant rien à « forcer » sur la religion de Pasteur. Il était sûrement beaucoup plus ouvert que les scientistes laïcards de son temps, mais les crispations théologiques de l’Église d’alors rendaient la vie très difficile aux scientifiques chrétiens !

  • Et puis, de toute façon, d’autres exemples de chrétiens scientifiques de renom ne manquent pas. On peut par exemple penser à Georges Lemaitre, prêtre et père de la théorie du Big Bang. Cette dernière, longtemps moquée, n’a été admise que lorsque le bruit de fond de l’univers qu’elle prévoyait a été enregistré. Il est intéressant de noter que ses adversaire critiquaient justement le fait qu’elle était beaucoup trop proche des croyances de son auteur pour être valable.

  • Aristote a écrit : :

    On ne gagne cependant rien à « forcer » sur la religion de Pasteur. Il était sûrement beaucoup plus ouvert que les scientistes laïcards de son temps, mais les crispations théologiques de l’Église d’alors rendaient la vie très difficile aux scientifiques chrétiens !

    Je ne pense pas non plus que quelqu’un de très compétent dans un domaine a forcément la sagesse dans tous les autres. On atteint souvent l’excellence dans un domaine au détriment de ses autres capacités. Il y a de plus, parmi les génies, de nombreuses personnalités déséquilibrées avec un égo surdimensioné, et souvent des problèmes d’addiction diverses.

    Compter les scientifiques chrétiens ou pas a pour moi autant de sens que de compter la religion des médaillés d’or aux jeux olympiques.

  • @ Damien

    Lemaître a été exemplaire. Il n’a jamais confondu la Création au sens biblique, la foi en l’origine divine de l’existence de l’Univers, et le « big bang ». L’expression big bang n’est d’ailleurs pas de Lemaître, mais de Fred Hoyle, un grand scientifique anglais longtemps opposé à la théorie du big bang et qui utilisait le terme par dérision…

    Le big bang n’est pas l’équivalent d’une création, mais la brutale explosion de « quelque chose » qui existe.

  • @ Joyeux Acier

    Il ne suffit pas d’être un brillant scientifique pour être profond sur le plan philosophique. Pour un Niels Bohr, combien de Jean-Pierre Changeux, hélas ! Un peu comme la pertinence politique des artistes de variété…

    De là à associer systématiquement le génie à la maladie mentale, quand même pas.

    Compter les scientifiques chrétiens, c’est un peu puéril, peut-être. Sauf que face aux thèses scientistes qui opposent par principe science et religion, l’existence de scientifiques incontestables qui témoignent de leur foi a valeur de contre-exemple.

    Personne n’oppose sport et religion, votre comparaison n’a donc guère d’intérêt.

  • Aristote a écrit : :

    Compter les scientifiques chrétiens, c’est un peu puéril, peut-être. Sauf que face aux thèses scientistes qui opposent par principe science et religion, l’existence de scientifiques incontestables qui témoignent de leur foi a valeur de contre-exemple.

    Je suis toujours sidéré que le problème de lien entre philosophie / religion et science, clairement défini et expliqué par les grecs antiques (en particulier Aristote) soit encore largement ignoré 2300 ans après. Je pense que les scientistes naïfs font effectivement une erreur de raisonnement, s’ils croient que parce qu’ils connaissent les équations de Maxwell, ils peuvent prétendre nier l’existence de Dieu.

    Par contre, il me semble que les grandes religions monothéistes, en particulier les institutions catholiques, sont souvent aller mettre leur nez de l’autre côté de la barrière entre science et religion avec des effets dévastateurs. C’est certes de l’histoire un peu ancienne, et l’église a par contre beaucoup progressé en maturité sur le sujet ces cent dernières, même si tout n’est pas encore parfait.

    Enfin, pour terminer, si déduire de la science l’inexistence de Dieu est une faute de logique, je pense que l’opinion athée est parfaitement respectable, et cohérente, même si elle n’est pas très rassurante. Parmi mes amis qui font de la science de haut niveau, une majorité a probablement cette opinion (échantillon pas très représentatif). Ils ne basent pas cette opinion sur leur connaissance technique dans un domaine des sciences, mais sur une analyse assez fine des raisons pour lesquelles les hommes cherchent à inventer des religions, et pour lesquelles les institutions religieuses cherchent à se développer et à survivre, ainsi que sur un bilan sans concession, et souvent négatif selon eux, de l’impact des religions sur la société.

  • Aristote a écrit : :

    Lemaître a été exemplaire. Il n’a jamais confondu la Création au sens biblique, la foi en l’origine divine de l’existence de l’Univers, et le « big bang ».

    Il faut croire que, quelques années après, Pie XII ait été moins exemplaire dans son enthousiasme à parler de cette découverte théorique du Big Bang (trop longtemps rejetée par Einstein comme une abomination scientifique).

  • @ Pneumatis

    D’après ce que j’ai compris, Pie XII s’est effectivement laissé aller à l’enthousiasme dans les premières années de la théorie du big bang. Mais Lemaître aurait alors sollicité une entrevue avec Pie XII pour clarifier le rapport, ou plutôt l’absence de rapport entre big bang et Création au sens biblique, lesquels ne se situent pas sur un même plan.

    On croyait à la Création avant la théorie du big bang et Thomas d’Aquin avait même opiné que le dogme de la Création n’était pas incompatible avec la thèse aristotélicienne de l’éternité du monde : rien n’aurait empêché Dieu de créer un monde qui apparaisse comme « éternel » aux hommes, attendu que le temps qui s’écoulerait dans ce monde « éternel » serait lui-même de l’ordre du créé.

    Il est très périlleux de vouloir identifier de façon trop précise une théorie scientifique, par exemple le big bang, avec une vérité de foi, comme la Création. D’abord c’est faux, et ensuite on se retrouve bien embêté quand la science bouge et se met à considérer par exemple des « fluctuations du vide quantique ».

  • Roque a écrit : :

    @Yogui, cette vérité universelle construite par les hommes n’existe pas. J’insiste : depuis l’expérience confuse de la Tour de Babel, c’est même une sorte d’article de FOI – pour les judéo-chrétiens – de croire que ça n’existe pas et que ça n’existera jamais.

    Mais je ne demande pas que cette vérité soit « construite par les hommes » ! Je m’attends juste à ce que Dieu permette aux hommes, avec l’aide de l’Esprit Saint, de tous accéder à la vérité plutôt que de se battre entre eux avec des vérités différentes !

    Comme le souligne panouf, les croyants de toutes les religions sont en recherche de vérité, et particulièrement ouverts à une relation à Dieu. Si on réunit leurs représentants les plus éclairés, je ne vois pas pourquoi alors la vérité chrétienne ne s’imposerait pas à tous « avec autant de douceur que de puissance ».

  • A propos de la Foi de Pasteur…

    C’est dans la biographie que Maurice Vallery-Radot, son arrière petit neveu (?) a consacré à l’illustre homme (Pasteur savant et artiste) que l’on peut , à mon sens, le mieux cerner cette question dans un contexte historique peu tendre pour les scientifiques qui affirmaient leur foi.

    Je trouve toujours intéressant soit le point de vue sur la Foi qui émane d’un spécialiste dans un domaine quelconque…que ce soit un spécialiste des médias, de la génétique, de la géométrie différentielle ou de l’histoire de la civilisation du monde achéménide… soit l’exemple de la Foi vécue de cette même catégorie qui est souvent plus confrontée que nous au débat d’idées et à la médiatisation.

    Avec les vies de saints, ce sont mes contes de fées à moi, qui me redonnent le moral. 😉

    Et c’est sans doute pour cela que j’apprécie ce blog, Koz fait partie à sa mesure de la catégorie précitée 🙂

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