L’inapte

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Un conseiller décrira un jour, dans un ouvrage sans succès, ces moments dans les salons bourgeois de la République au cours desquels le Président Hollande et quelques-uns ont soupesé, hésité, tergiversé avant de s’arrêter sur la plus mauvaise possibilité. Après l’intervention, auront-ils contemplé l’immensité du champ de ruines, ou se seront-ils, plus sûrement, confortés et finalement convaincus d’avoir fait le choix qui s’imposait ? Il faudrait une plume politique et psychologue pour saisir ce moment de bascule du quinquennat où l’incapacité du Président est apparue en pleine lumière.

L’affaire Leonarda est devenue l’affaire Hollande. Car, avec Hollande, « le fond, c’est la forme qui remonte à la surface« , et François Hollande s’est illustré tel qu’en lui-même : président de sa majorité et non des Français, président incapable de trancher, et donc d’être président. Inapte à la fonction.

Une intervention qui n’aurait pas dû être

Cette séquence sidérante commence par un président qui a, en même temps que la scoumoune, le sens du contretemps : alors que la France est à Brignoles (à raison, ou déraison), le Président est en Afrique du Sud pour une visite au but méconnu et tandis que commence à gronder l’affaire Leonarda, sa compagne danse à Soweto. Alors enfin qu’on l’exhorte à parler – oubliant au passage le Premier Ministre, ce Ayrault translucide – c’est encore elle, elle qui n’est rien et n’a aucune légitimité politique, qui est déléguée pour s’exprimer.

Elle culmine avec cet incroyable direct depuis l’Elysée. Le Président de la République s’exprime sur le cas d’une personne seule, qui a certes été expulsée, interpellée à un moment peu opportun, mais qui n’a pas été victime de brutalités policières. Rien qui mette à ce point en cause les fameuses valeurs de la République. Là où un communiqué de la Présidence aurait suffi, au mieux une intervention à l’occasion d’un déplacement, il s’exprime, et il s’exprime dans une allocution vidéo, depuis le Palais de l’Elysee, inévitablement flanqué des drapeaux, et en direct.

C’est aussi que cette intervention n’est pas justifiée par le sort de Leonarda. Elle est un prétexte, une occasion, pas le vrai motif de préoccupation. Si François Hollande intervient, c’est par souci de sa majorité. Par souci de la gauche car ce qui est en cause, c’est la cohésion de la majorité, ce sont les valeurs de gauche, c’est ce camp qui se disloque quand certains en son sein accusent un ministre de ne pas être républicain, d’arrêter des enfants comme on raflait les enfants juifs. Le seul feu qu’il vole éteindre, c’est celui qui a couvé dans son camp, avant d’éclater dans ces deux petites manifestations lycéennes, dont on sait quels réseaux les provoquent et quels messages ils envoient en les mobilisant. Francois Hollande les a d’ailleurs cités dès les premières secondes de son intervention, Bernard Poignant l’a confirmé, et Stéphane Le Foll, l’un de ses plus proches, a rapidement invoqué la « mobilisation [bien relative] de la jeunesse« . C’est bien là le seul motif de l’intervention.

C’est d’ailleurs particulièrement parlant : si c’était la mobilisation de la jeunesse qui lui importait vraiment, que n’est-il intervenu quand des centaines de milliers de personnes, dont une part notable de jeunes, a manifesté par trois fois au premier semestre 2013 ? C’est que ces centaines de milliers de manifestants étaient hérétiques à la gauche, alors qu’ici les valeurs de gauche seraient en cause. Président de sa majorité, pas des Français.

La forme remontant à la surface, sur le fond, le Président a tout faux. Sur toute la ligne. Il manque tous les objectifs, sur le traitement du cas Leonarda comme sur le traitement de son camp.

De la synthèse à la confusion, le plus mauvais traitement pour Leonarda et pour la gauche

Pour un président de gauche, deux réponses cohérentes étaient possibles.

  • Considérer que la famille Dibrani avait reçu un traitement juste et équitable de la part des autorités françaises, depuis leur arrivée sur le territoire jusqu’à leur expulsion. Estimer aussi que le choix d’intervenir lors d’un voyage scolaire a été maladroit mais qu’il s’est effectué au regard de circonstances spécifiques – la nécessité de réunir une famille complète – sans intervention au sein d’un établissement à proprement parler, et avec le plus d’assurances possibles de sauvegarder la dignité des personnes expulsées. Conclure que la famille Dibrani ne peut pas rester en France;
  • Considérer que la République ne peut transiger sur le respect du temps scolaire, que la procédure a ainsi été entachée d’un vice (moral à défaut d’être juridique), proposer un retour de la famille Dibrani, au besoin le temps de procéder à un nouvel examen de la situation. Une variante aurait pu être de proposer le retour de la mère et des enfants puisque seule leur expulsion avait été entachée par cette circonstance.

Pas d’illusion : aucune de ces deux positions n’aurait contenté tout le monde. Seul un fondu de la synthèse peut souhaiter contenter tout le monde (à tout le moins tout le monde de gauche). Mais ces positions pouvaient se targuer d’une forme de cohérence logique et idéologique.

Au lieu de cela, François Hollande a élaboré cette troisième solution improbable, qui a suscité la stupeur générale : demander à « cette jeune fille, Leonarda« , une fille de quinze ans, de choisir entre sa famille et sa scolarité, seule, dans un pays étranger. Proposition hypocrite sous couvert d’un compassionnel usage du prénom, dont il sait parfaitement qu’elle sera refusée. Proposition hypocrite, et lâche, aussi.

Cette proposition est d’autant plus sidérante qu’il avait demandé et obtenu un rapport qui lui donnait tous les éléments pour justifier que force reste à la loi, tout en regrettant une légère erreur d’appréciation. Il pouvait souligner à quel point la France n’a pas à rougir de l’accueil réservé à la famille Dibrani, le logement dont elle a bénéficié, l’ensemble des voies de recours dont elle a pu faire usage. Il pouvait souligner l’investissement constant de personnalités locales. Mettre cela en balance avec l’attitude du père Dibrani, menaçant de faire exploser une bonbonne de gaz si on l’expulsait, de tuer sa famille (même s’il faut savoir faire le tri des menaces), laissant des épaves automobiles devant le foyer et toutes autres joyeusetés qu’il a jugé bon d’exposer. Il pouvait même et surtout souligner que, sur cinq familles Roms accueillies dans cette ville, quatre ne posaient pas de problèmes, et démontrer ainsi que l’intégration est possible.

Tel n’a pas été son choix.

Et, si ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, on jaugera sans difficulté de la clarté de l’esprit du Président, capable de qualifier ainsi l’intervention policière, à partir d’une déclaration écrite et donc soupesée :

« Une infraction par rapport à ce que l’on peut penser être la possibilité d’interpeller une enfant »

Une infraction, c’est donc pénal et ça fait peur. Mais une infraction à ce que l’on peut penser, ça n’est rien. Quant à « ce que l’on peut penser être » et même « ce que l’on [Qui ? Lui ? La gauche ? La gauche de la gauche ?] peut penser être la possibilité« … c’est ridicule. Et l’on perçoit ici l’impact d’années d’élaboration d’improbables synthèses sur le raisonnement logique.

Improbables synthèses qui conduisent à des positions surprenantes. Ainsi, dans une phrase bien peu relevée, François Hollande déclare (à 02:54) :

« Et la force de la loi, c’est aussi la condition pour qu’il y ait à la fois une politique d’immigration et une politique de sécurité »

En d’autres termes et en quelques mots, un Président de gauche vient d’opposer immigration et sécurité.

Car ce psychodrame trouve sa racine bien loin. Il doit tout à François Hollande. A ce qu’il est, a toujours été et sera toujours. A son parcours d’apparatchik, sa prédilection pour les arrangements de couloirs et d’appareils. Cet homme ne tranche pas, jamais. Et les efforts de l’Élysée et de Matignon pour le dépeindre comme « décidant tout le temps » ne font que souligner la nécessité dans laquelle il est d’en convaincre.

Il faut voir encore quelles personnalités il a lui-même placés aux plus hautes responsabilités, des clones, des apparatchiks aussi dépourvues de présence l’une que l’autre : Ayrault à Matignon, Désir à Solférino. L’Elysee, le gouvernement, le parti sont ainsi dévolus à trois hommes d’appareils aussi inconsistants les uns que les autres, par la volonté du président[1].

Il est inconsistant, et l’affaire Leonarda vient de là. Il n’a pas d’autorité sur son équipe, sur ministres. Peut-être n’a-t-il même pas leur respect. Une longue série de couacs, de contradictions, de caps affirmés, réaffirmés et encore répétés, de coups de poing sur la table qui ne font trembler que le Président, a abouti à la confrontation violente entre Cécile Duflot et Manuel Valls. Parce qu’il n’inspire ni crainte ni respect, il a pu avoir une ministre qui en accuse un autre d’être anti-républicain, et garder l’un et l’autre. La gauche de la gauche a dès lors décidé de peser par l’opinion, suscitant l’action de RESF et l’activation des réseaux lycéens et estudiantins. Plus soucieux des petits arrangements de sa majorité, il a composé cette solution improbable, croyant peser au trébuchet des mots comme « infraction » et « à ce que l’on peut penser être » pour contenter tout le monde.

Au lieu de cela, à peine l’intervention terminée, le cirque est reparti. Même Harlem Désir s’enhardit, puisque tout le monde se permet, et contredit le Président. Les syndicats que l’on dit estudiantins estiment ne pas avoir été entendus et un parti représenté au gouvernement juge la position du Président rien moins qu’ « inhumaine » . L’observateur le moins sévère constaterait qu’il n’y a plus de majorité.

Hollande, Président d’un pays divisé par faiblesse et  lâcheté

François Hollande se voulait un président normal. Mais, pour un président, il n’est pas normal. Il n’a pas d’autorité et pas de capacité de décision. Et cet épisode qui n’a rien réglé, mais l’a encore davantage affaibli, ne fait qu’annoncer de nouvelles avanies. Il ne sait pas trancher, alors qu’il est le plus haut décisionnaire. Il se soucie moins du pays que de la gauche. Lui qui reprochait sa violence à Nicolas Sarkozy fait la démonstration que l’on divise aussi sûrement un pays par lâcheté que par brusquerie. Il est inapte.

Puisque l’on vit, en début de mandat, une ambiance de fin de règne, que ce pouvoir est déliquescent, et parce qu’au point où nous en sommes, il aurait tort de se gêner, laissons à Resat Dibrani l’audace de conclure :

« Pauvre France ! C’est n’importe quoi ce pays maintenant… »

 

  1. et malheureusement, en ce qui le concerne, un peu du peuple, aussi []

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104 commentaires

  • Dibrani Père a le mérite de rester lucide. C’est effectivement n’importe quoi ce pays !
    Flamby, le capitaine de pédalo dans toute sa splendeur. Ce président est grotesque.

  • Sachant que le coût journalier d’un demandeur d’asile est d’environ 30 euros (hebergement, pécule, suivi social, sans compter la scolarité ni les frais médicaux) multiplié par le nombre de jours de la procédure, c’est a dire plusieurs années, multiplié par le nombre de membres de la famille, la France est généreuse. Et stupide, car rien ne justifie que les procédures juridiques devant aboutir ou non a la reconnaissance du statut de réfugié soient aussi longues, facilement trois ans, voire plus. Pendant ce temps, les familles s’installent, créent des liens, et on arrive a des situations comme celles de cette famille. Si les demandes d’asile étaient traitées en quelques mois, le système ne buterait pas sur des considérations passionnelles.

  • Merci Koz pour ce post. Sans même évoquer la « solution » (ou plutôt la non solution) mise en avant par François Hollande, je trouve en effet absolument hallucinant qu’il se soit prononcé en direct et en urgence à la TV à partir de l’Elysée qui plus est pour parler de cette affaire. Où est la hiérarchie des affaires du pays, maintenant ? Comment distinguer les vraies affaires d’Etat qui concernent l’ensemble du peuple français, des cas particuliers qui n’intéressent pas grand monde et sur lesquels on s’empresse de faire jouer la dimension émotionnelle, chérie des médias, quitte à outrepasser la loi (car rappelons-le, l’expulsion de la famille concernée était parfaitement légale, quoique l’arrêt de la jeune fille ait été maladroite) ? Les bras m’en tombent …
    En plus d’être mauvais et inapte, M. Hollande est sectaire, et c’est sans doute là le plus grand danger pour la France. Il est mauvais et mal entouré, ce qui fait beaucoup, et ce dont on voit les résultats. C’est le règne de la magouille. Et si c’est cela la politique, eh bien, ce n’est pas très encourageant pour les jeunes.

  • A peu près entièrement d’accord (sauf sur les points extérieurs au sujet, et que nous aurons bien le temps d’aborder).
    Je me permet de citer, moi, Léonarda Dibrani :
    « Je ne veux pas juger le président de la République, mais à mon avis il ne fait pas bien son travail. »
    Elle était décidément bien intégrée, car en phase avec la population française.
    Une autre réaction, même pas hostile, juste sidérée, d’un lecteur du Figaro : « Sait -on si François Hollande a des conseillers ? ». Ça a été ma première pensée.
    Une hypothèse de ma soeur, fidèle électrice de gauche, comme moi : une pulsion de suicide collectif du gouvernement. Absurde, en apparence, mais à la réflexion…

    A présent que tout ceci est dit, Koz, quelque chose tout de même à rappeler : confondre le gouvernement de la France et la direction d’une fanfare cycliste, c’est ce que nous avons vécu pendant 5 ans. Et c’est pour en finir avec cette humiliation que Hollande avait été élu. Ce qui est insupportable pour les gens de gauche, ou tout simplement pour les républicains dans ce pays aujourd’hui, c’est de voir que le hollandisme est la continuation du sarkozysme par d’autres moyens.

    A part ça, vous avez tout dit.

  • Sur le fond la proposition du Président ne m’a pas surpris.

    Je m’explique: La France héberge déjà des milliers de mineurs « clandestins » dans ses centres créés à l’origine uniquement pour des mineurs Français en difficultés sociale ou familiale. Les centres de l’ex DASS financés par les Conseils Généraux. Situation qui pose problème, mais c’est un autre sujet.

    Que le Président que la Constitution dote d’un droit de grâce pour les condamnés (je crois) accorde cette possibilité d’accueil particulier à la jeune fille médiatisée me semble tout à fait entendable. Je m’étonne d’un tel émoi.

  • Pour la deuxième solution que vous proposez, le président avait une possibilité juridique toute simple : son droit de grâce. Le fait que personne autour de lui (ni lui-même) n’ait songé à cette disposition montre à quel point le rôle de président n’est pas compris par celui qui est censé l’assumer. Bien sûr, il a promis de ne pas s’en servir (preuve s’il en faut qu’il ne comprend rien à ce qu’est le président dans la Ve République), mais une promesse non tenue de plus ou de moins n’aurait pas changé grand-chose et cela lui aurait évité de commenter une décision de justice et de critiquer l’action de la police

    Et en plus de cela, un certain nombre d’électeurs, par exemple les salariés des abattoirs bretons qui viennent de perdre leur emploi, sont certainement ravis de constater que leur sort intéresse moins le président que celui d’une famille qui a menti pour obtenir une aide exploitée au maximum pendant plusieurs années sans contrepartie. Comment s’étonner que les gens votent FN quand la gauche se déchire sur un cas d’expulsion ne posant aucun problème grave (aucun déni de droit, aucune violence, un dossier accablant pour les demandeurs) et que la droite ne s’intéresse qu’à sa guerre des chefs ? Et comment les défenseurs des immigrés ne se rendent-ils pas tous compte que défendre un dossier aussi peu défendable ne peut qu’avoir un effet très négatif dans l’opinion ?

  • Honnêtement, je n’ai jamais eu d’estime pour François Hollande, et j’ai toujours cru que, contrairement à d’autres personnalités du PS, il n’avait pas l’étoffe d’un président de la République. Cela dit, si je m’attendais à ce que cette présidence n’aille pas dans le bon sens, je ne m’attendais pas du tout à une telle catastrophe, et aussi rapide. Peut-on être déçu même en ayant rien attendu ?

    En face, la droite est au mieux inexistante, au pire également pitoyable. Résultat : les gens du FN n’ont même plus besoin d’ouvrir la bouche. Tout le monde fait campagne pour eux à leur place, sans le vouloir délibérément, et même pour une partie de la gauche, en croyant lutter contre. Et ce, alors que le pays va mal sur bien des plans. Qui pourra être surpris lorsque le FN sera en tête des élections européennes ? Ou plutôt, qui doute encore que ça arrivera ?

  • ou alors, ils le font exprès.

    « ils » n’étant pas Hollande ni son gouvernement, mais ceux qui l’ont mis à la place de Sarko
    parce que peut-être, lui ne leur obéissait pas assez lâchement justement.

    reste à savoir à qui ça pourrait profiter, uin chaos généralisé sans aucune personne capable de gérer la situation.

    je continue à me demander si tout cela n’est pas simplement orchesttré: https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=mDDBZuheQxs

  • Haglund a écrit ::

    Ce qui est insupportable pour les gens de gauche, ou tout simplement pour les républicains dans ce pays aujourd’hui, c’est de voir que le hollandisme est la continuation du sarkozysme par d’autres moyens.

    Ca c’était assez prévisible et c’est plus ou moins l’argument choc de l’extrême-droite : gauche ou droite c’est pareil, votez donc pour nous! En même temps ils n’ont pas tout à fait tort sur ce point…les différences deviennent assez « subtiles ».
    Je trouve que vous êtes un peu dûre sur le mandat de N.Sarkozy, il avait lui aussi la prétention d’être le président de tous les Français, sauf qu’il s’en donnait les moyens là où Hollande reste des plus sectaire, voir par exemple l’ouverture de son gouvernement à des personnalités de l’autre bord…combien l’auraient osé?

  • J’ai eu un aperçu (de proximité) de ce que pensaient, de cette « prestation », les Bretons englués dans ce qui devenait une catastrophe régionale. Les résultats des prochaines élections risquent d’être surprenants pour le « chef de parti », car il s’est exprimé en tant que tel ! Merci à vous et à Haglund dont je partage le commentaire.

  • Il n’y a pas de honte à être inapte à une fonction, Cependant dans ce cas là, si l’on souhaite conserver son poste, et cacher sa médiocrité, il faut savoir laisser la place aux communicants, et plutôt choisir des bons. Ici nous avons l’impression que nous assistons depuis de très long mois à un concentré de mauvaise pratiques et exemples à ne pas donner, certes cela servira surement à de nombreux cas d’écoles notamment à l’ENA, mais en attendant la population française souffre. Elle souffre de ne pas être représentée, de ne pas être écoutée (vous le soulignez très bien en évoquant les manifestations contre le mariage pour tous). Nous avons un président qui lorsqu’il ne se complait pas dans la vacuité, il clive les français. Heureusement la France ne se résume pas à son président.

    Ce qui m’amuse à défaut de me faire pleurer c’est de voir un petit, un émigré répondre par l’intermédiaire des médias au président presque du tac au tac.
    et je ne peux m’empêcher de penser au Magnificat

    « Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. »

    A un détail près que notre président est tombé tout seul.

  • Tout à fait d’accord avec votre analyse Koz.
    Cette affaire me rappelle la façon lamentable dont il avait « géré » la clause de conscience des maires lors du prétendu débat sur le mariage homosexuel. Hollande s’était très vite fait recadré par des dirigeants LGBT qui avaient exigé de venir à l’Elysée dès le lendemain. Les médias, tout acquis à la « cause » avaient laissé glisser l’incident qui déjà en disait long sur le bonhomme.

  • Là, d’accord avec tout!

    Enfin, chipotons tout de même: tu vois deux solutions pour un «président de gauche» (bel effort de ta part pour essayer de penser du point de vue de la gauche!), mais il me semble bien que cela vaut aussi pour un «président de droite»… Car, rassure-moi, tu ne penses pas (toi!) qu’un président de droite est forcément indifférent au droit (solution 1) ou à la morale (solution 2)?

    Bien entendu, la meilleure solution était de toutes façons celle que tu préconises implicitement, à savoir ne rien faire, ne rien dire — et surtout pas tomber dans cette espèce de caricature effroyablement ratée de la fameuse «omni-présidence» sarkozienne!

    Sinon, j’adhère de plus en plus à l’hypothèse de la frangine d’Haglund (ci-dessus): pulsion de suicide collectif. Tous les symptômes sont réunis. Ce gouvernement est convaincu de n’avoir rien à faire là où il est, et sait depuis le début qu’il n’a ni les moyens ni l’envie d’aller au bout du mandat.

    Au passage, cependant, mention spéciale à la presse, qui n’a cessé (à juste titre, quoiqu’avec une mauvaise foi absolu, vu qu’elle en vivait) de dénoncer la fébrilité de Sarkozy, et qui depuis l’élection d’Hollande ne cesse de lui reprocher de ne pas faire pareil. Quitte à provoquer le faux-pas qu’on vient de voir.

  • Rien à dire sur le fond, car tout est dit.

    Il ne reste qu’à partager le sentiment de stupéfaction devant cet épisode qui résume à lui tout seul les faiblesses du gouvernement de François Hollande: faiblesse politique, faiblesse personnelle, faiblesse de son entourage, et faiblesse du pays tout entier. La posture embarrassée du Président se révèle dans son regard comme dans son français approximatif, et reflète, hélas, l’embarras dans lequel se trouve le pays qui l’a élu.

    do a écrit ::

    je continue à me demander si tout cela n’est pas simplement orchesttré:

    Quand c’est aussi ahurissant que ça, on est tenté de penser au complot, mais c’est une erreur. L’ineptitude est une explication plus simple et donc plus plausible que le complot. D’ailleurs, si comploteurs il y avait, ils seraient vraiment très nuls (voir ici – en anglais, et dans un autre contexte, celui du « shutdown » du gouvernement américain).

    Haglund a écrit ::

    Seule bonne nouvelle dans ce naufrage : Valls, devenu un « problème », ne sera pas premier ministre. C’est déjà ça.

    N’en soyez pas si sûre. Le remplacement de Jean-Marc Ayrault sera probablement indispensable après les élections européennes, et la solution Valls reste une porte de sortie possible; au moins serait-ce une orientation nette.

  • D’accord avec l’ensemble du billet, même si comme Philarète, je ne crois pas la précision sur les choix possible d’un président « de gauche » nécessaire.
    Mais c’est xerbias qui en une courte formule résume le mieux ce que m’inspire cette consternante affaire : « Peut-on être déçu même en ayant rien attendu ? » Faire pire que ce qu’on attendait quand on n’attendait pas grand chose est une sorte de performance.
    Un chef de parti dont la seule ligne est celle dont il pense, en visant un équilibre de surface entre les composantes de son camp, qu’elle lui permettra de conserver sa place, n’a rien à faire à la tête d’un Etat. Or c’est cette « ligne » qui reste la seule qu’il donne l’impression de suivre, même depuis qu’il n’est plus officiellement premier secrétaire. C’est juste la place à préserver qui a changé, même pas les « composantes » prises en compte.

    je ne suis pas d’accord avec Bernard qui dit qu’il n’y a aucune honte à être inapte à une fonction. Il n’y en a pas si en s’en rendant compte on en assume les conséquences. Pas quand on porte, mal, une telle responsabilité.

    (Et au fait, à part permettre à Mme Trierweiler de faire la bringue avec des lobbyistes LGBT locaux, quelqu’un a-t-il compris ce que F.H. allait faire en Afrique du Sud ?)

  • Koz, je partage tout ce que tu as écrit! Cela fait plusieurs mois que je pense qu’Hollande ne finira pas son mandat. Je sais, d’aucun me diront que ce n’est pas possible, les institutions de la Vème République, etc… Mais comment imaginer que la France puisse attendre encore plus de 3 ans avec un PR qui n’a rien d’1 homme d’Etat (j’entends par là, aucun sens de ses responsablité, aucune autorité)? Tu as trouvé LE mot qui le caractérise le mieux: « inapte ». Et, outre la colère et l’exaspération que je ressens, cela fait peur…

  • @ loupducoyan : c’est vrai, il faudrait que les délais de traitement soient plus courts. Mais s’ils ne le sont pas, ce n’est pas uniquement par mauvaise volonté, c’est aussi dû aux faibles moyens de la Justice, qui ne disposent pas de magistrats ni de greffiers en nombre suffisant. C’est un peu le genre de débats sur lesquels je finirais quasi-libéral, parce que, de fait, on voit que notre Etat s’épuise à intervenir sur une multitude de sujets mais n’a pas les moyens de gérer convenablement des missions fondamentales.

    @ esperonstoujours : de fait, la hiérarchie des dossiers, c’est le degré de nuisance politique d’une affaire. En partie compréhensible, en partie désespérant.

    Haglund a écrit ::

    A présent que tout ceci est dit, Koz, quelque chose tout de même à rappeler : confondre le gouvernement de la France et la direction d’une fanfare cycliste, c’est ce que nous avons vécu pendant 5 ans. Et c’est pour en finir avec cette humiliation que Hollande avait été élu. Ce qui est insupportable pour les gens de gauche, ou tout simplement pour les républicains dans ce pays aujourd’hui, c’est de voir que le hollandisme est la continuation du sarkozysme par d’autres moyens.

    Je ne suis pas sûr de comprendre le problème, ni que Hollande et Sarko ait la même pratique du pouvoir loin de là.

    xerbias a écrit ::

    Honnêtement, je n’ai jamais eu d’estime pour François Hollande, et j’ai toujours cru que, contrairement à d’autres personnalités du PS, il n’avait pas l’étoffe d’un président de la République. Cela dit, si je m’attendais à ce que cette présidence n’aille pas dans le bon sens, je ne m’attendais pas du tout à une telle catastrophe, et aussi rapide. Peut-on être déçu même en ayant rien attendu ?

    Je n’étais pas son premier supporter, loin s’en faut. J’avais noté aussi son inexpérience à un poste de responsabilité, et noté les critiques émanant de son propre camp sur son obsession de la synthèse. Mais je ne pensais pas non plus que cela puisse dégénérer aussi vite.

    Bernard a écrit ::

    Il n’y a pas de honte à être inapte à une fonction

    En pleine lumière et quand on est à la tête d’un pays, c’est tout de même un peu gênant.

    Florence a écrit ::

    Tout à fait d’accord avec votre analyse Koz.
    Cette affaire me rappelle la façon lamentable dont il avait « géré » la clause de conscience des maires lors du prétendu débat sur le mariage homosexuel. Hollande s’était très vite fait recadré par des dirigeants LGBT qui avaient exigé de venir à l’Elysée dès le lendemain. Les médias, tout acquis à la « cause » avaient laissé glisser l’incident qui déjà en disait long sur le bonhomme.

    Oui. J’en avais discuté d’ailleurs avec un député de gauche, lui disant que j’étais sidéré qu’il n’ait pas au moins sauvé les apparences en prenant, s’il le voulait, la même décision, mais sans souligner autant à quel point ils déféraient à l’ultimatum de l’inter-LGBT. Il en était bien conscient. Voir mon billet de l’époque.

    Je me demande quelle est la part d’incompétence et la part de renvoi d’ascenseur dans cette affaire-là.

    Philarête a écrit ::

    Enfin, chipotons tout de même: tu vois deux solutions pour un «président de gauche» (bel effort de ta part pour essayer de penser du point de vue de la gauche!), mais il me semble bien que cela vaut aussi pour un «président de droite»… Car, rassure-moi, tu ne penses pas (toi!) qu’un président de droite est forcément indifférent au droit (solution 1) ou à la morale (solution 2)?

    Non, mais quitte à me demander ce que pouvait choisir Hollande, j’ai préféré imaginer ce que pouvait choisir un président de gauche qu’un président de droite.

    Avec un président de droite, je ne pense pas que l’option 2 aurait été sérieusement envisagée dans ce cas précis, avec les faits exposés dans le rapport.

    Philarête a écrit ::

    Bien entendu, la meilleure solution était de toutes façons celle que tu préconises implicitement, à savoir ne rien faire, ne rien dire

    Tout au plus transmettre un communiqué de presse. Mais même là, pourquoi le Président de la République devait-il s’impliquer. S’il y a été contraint, c’est qu’il paie tous ses errements passés, toutes les occasions ratées de faire preuve d’autorité. Vu l’échec de cette intervention, il en paiera les conséquences encore longtemps.

    Gwynfrid a écrit ::

    La posture embarrassée du Président se révèle dans son regard comme dans son français approximatif, et reflète, hélas, l’embarras dans lequel se trouve le pays qui l’a élu.

    Je n’ai pas voulu développer ça mais je suis tout à fait d’accord. Il suffit de voir la façon dont il regarde à côté de la caméra pendant pratiquement durant tout l’entretien ou encore lorsqu’il dit « s’agissant du cas de cette jeune fille [déglutition] Leonarda« , on a vraiment le sentiment d’un malaise physique.

    Son élocution m’a toujours paru incroyable, avec ces hésitations permanentes, ces phrases coupées en plein milieu, au hasard d’une respiration mais sans justification (on peut aussi choisir un silence pour bien marquer l’importance de ce que l’on vient de dire). On dit qu’il a calqué son élocution sur celle de Mitterrand. J’imagine que ce dernier, lui, savait quand s’interrompre.

    Gwynfrid a écrit ::

    N’en soyez pas si sûre. Le remplacement de Jean-Marc Ayrault sera probablement indispensable après les élections européennes, et la solution Valls reste une porte de sortie possible; au moins serait-ce une orientation nette.

    Les municipales, c’est encore dans longtemps et, d’ici là, les choses ne vont pas s’améliorer loin de là. Il a encore davantage perdu le respect de tous dans cet épisode. Ayrault et Hollande vont vivre un calvaire jusqu’aux municipales, qui ont de fortes chances de s’avérer absolument désastreuses pour la gauche. Aura-t-il à ce moment le cran de choisir enfin quelqu’un d’envergure, quitte à ce que cela lui fasse un peu d’ombre ? Dans ce cas, un profil comme Fabius – quoi que je pense de lui – pourrait s’imposer. Jouera-t-il une inflexion sécuritaire, après avoir pris une pilée face au FN, et choisira-t-il Valls ?

    Humpty-Dumpty a écrit ::

    (Et au fait, à part permettre à Mme Trierweiler de faire la bringue avec des lobbyistes LGBT locaux, quelqu’un a-t-il compris ce que F.H. allait faire en Afrique du Sud ?)

    Et non. C’est aussi ça le talent du Président et de son équipe : sur l’essentiel, une visite d’Etat, ils ont réussi à faire l’impasse totale. Personne ne sait ce qu’il était allé y faire et, pire que ça, au bout du compte, tout le monde s’en fout.

    @ Béatrice : je ne vois pas comment il ferait pour ne pas terminer son mandat. Je me demande en revanche dans quel état il va le finir, quand on voit l’état de déliquescence avancée dans lequel est le pouvoir après seulement 18 mois.

    Peut-être sera-t-il contraint à la dissolution, de façon à pouvoir se contenter d’inaugurer les chrysanthèmes et nous permettre de ne rien avoir à cirer de ce qu’il fait la conscience tranquille ? Mais je crains qu’il ait assez d’orgueil pour ne pas le faire. Il me semblerait plus vraisemblable qu’il choisisse un Premier Ministre avec un peu d’aptitude à la fonction, de façon à se planquer derrière, ce que personne ne lui reprochera vu les dégâts qu’il fait quand il s’expose. Mais l’osera-t-il ? Les médiocres ont généralement peur qu’on leur fasse de l’ombre. Il faut être très grand soi-même pour accepter de s’entourer de gens potentiellement meilleurs que soi.

  • On dirait que le fait d’être inapte à tenir, je ne dis pas même le pays, mais simplement sa majorité, semble contagieux : voir le cas d’Elise Lowy, porte-parole d’EELV qui bâche violemment le président et son premier ministre :
    «Ce communiqué a été écrit de manière unilatérale par Elise Lowy et n’a été validé par personne», a toutefois précisé à l’AFP le numéro 1 du parti Pascal Durand
    Mais à part ça, on laisse quand même être porte-parole quelqu’un dont on est prêt à désavouer les propos dans les 24H ?
    Ce n’est pas moi qui blâmerai la liberté de parole de quiconque, au contraire. Mais quand on est porte-parole d’un parti n’y a-t-il pas un minimum de responsabilité et de cohérence à tenir ?
    Apparemment pas.
    (PS : je suis tout prêt à relativiser ce commentaire si dans les jours qui viennent les verts agissent un peu plus fermement que par ce « ça n’engage qu’elle », bien sûr)

  • Haglund a écrit ::

    Ce qui est insupportable pour les gens de gauche, ou tout simplement pour les républicains dans ce pays aujourd’hui, c’est de voir que le hollandisme est la continuation du sarkozysme par d’autres moyens.

    Comme Koz, je ne suis pas convaincu que Hollande soit un clone de Sarkozy. Mais curieusement, comme libéral, je vous rejoins quelque part : il n’y a pas grand chose à attendre des politiques qui prétendent gérer l’État et, en France en 2013 (pas nécessairement partout et toujours), l’urgence, c’est moins d’État.

  • Je pense aussi que Hollande a commis une erreur de communication. Il n’avait pas à s’impliquer personnellement sur ce sujet et de plus, son intervention a été maladroite dans la forme. Je peux comprendre aussi que sa proposition « synthétique » pour la jeune fille apparaisse plutôt absurde au final. La réponse de la famille en direct à la télé a également produit un effet désastreux qui aurait dû être anticipé. La crainte (exagérée ?) d’un mouvement lycéen explique sans doute ce manque de sang froid et de discernement au sommet de l’Etat.

    Mais ceux qui croient voir dans cet épisode la preuve irréfutable de l’incapacité à décider de Hollande, de son manque d’autorité, voire de son inaptitude à la fonction, seraient sans doute plus convaincants s’ils ne nous répétaient pas ce refrain depuis au moins deux ans déjà. C’est simplement le story telling de la campagne UMP de 2012 qui continue. Une fable qui, selon moi, ne résiste pas à l’épreuve des faits, si l’on veut bien regarder au-delà de l’écume médiatique.
    Sur le fond, la politique de Hollande en matière de régulation de l’immigration, portée par Valls, est claire et connue depuis la campagne, et n’a pas varié avec cet épisode.

    Quant à la tension entre la gauche « morale » (minoritaire mais dont la voix porte) et la gauche « responsable » (majoritaire et qui gouverne), je peux comprendre qu’elle puisse agacer ceux qui aiment l’ordre et ont une conception sans concession de l’autorité du chef. Personnellement, sans doute du fait de ma tolérance supérieure au désordre et aux contre-pouvoirs, je la trouve plutôt saine. C’est un équilibre, qui place la gauche gestionnaire sous une certaine vigilance. Sur des sujets complexes et sensibles comme celui de l’immigration, cette « synthèse » entre réalisme et humanisme est en fait la seule porteuse d’avenir. Toutes les autres voies sont des impasses (en particulier celle du Front National, qui semble se diffuser assez largement à droite). Tous les humanistes doivent donc se réjouir de pouvoir compter sur ce pôle de stabilité au sommet de l’Etat, même après une intervention ratée du président.

  • Sincèrement, je ne vois pas comment M. Hollande pourrait terminer son mandat. Un président qui n’est même plus respecté par ses ministres…ni par les Français, comment pourrait-il conduire la Nation dans la tourmente, à un moment où, plus que jamais, elle doute d’elle-même ?

    C’est clair : nous nous acheminons vers le « changement de régime sans douceur pour ne pas sombrer », la mise en place d’une « sorte de monarchie moderne et éclairée, mais néanmoins musclée » prophétisés par Pie XII. Mais à quel prix ?

    Autrement : avant-hier, j’ai eu un « flash » saugrenu :

    • Clemenceau : 76 ans en 1917 ;
    • Chevènement : 75 ans en 2014.

    Le Tigre et le Lion… (nb: je ne suis pas un fan du « Lys noir » lol)

  • J’ai le sentiment que cette affaire n’est pas encore finie. La famille de Leonarda risque bien de revenir en France toute entière. Le Président de la république a donné le droit à Leonarda de revenir en France, mais pas à la famille. C’est inhumain (beaucoup plus que faire descendre une ado d’un car en sortie scolaire, ce n’est pas la fin du monde). Comme la République est supposée être humaine, le Président l’a dit aussi, ils reviendront sur ce point et on va accueillir de nouveau les Dibrani.

    Il ne s’agit même pas de créer un précédent. Il y a eu tout de même un concours de circonstances, la sortie scolaire de Leonarda avait lieu le même jour que les Dibrani devaient prendre l’avion. Elle n’avait aucune intention d’y aller, mais rien de plus simple que de s’inscrire la veille et ne pas coucher chez elle, pour semer la pagaille dans le déroulement de l’opération (ce ne serait pas aussi facile si c’était une journée scolaire normale). Celui qui a eu cette idée débile, mais qui s’est avérée brillante, doit se régaler en ce moment. L’affaire est monté jusqu’au plus haut sommet de l’Etat, c’est fabuleux.

  • Je ne suis pas sûr qu’une coïncidence d’âge en dise nécessairement long sur la compétence ou l’aptitude.

    @ Jeff : vous vendez régulièrement l’idée que cette interrogation permanente sur les capacités de François Hollande serait un storytelling de l’UMP. Je serais assez surpris que l’UMP soit en mesure d’imposer un quelconque storytelling alors qu’elle est dans un état de délabrement total, parfaitement inexistante et inaudible. Et ce ne sont pas franchement les medias, majoritairement de la sensibilité du pouvoir en place, qui iraient relayer un tel éventuel storytelling.

    Le fait d’être conscient de la médiocrité de François Hollande depuis la campagne présidentielle ne me semble pas fondamentalement une preuve que ce jugement serait erroné.

    Quant à l' »épreuve des faits » que vous invoquez, elle ne démontre pas grand-chose et vous ne vous donnez pas vraiment la peine de l’illustrer, d’ailleurs. Il reste une hypothèse : que François Hollande ait de l’autorité, qu’il tranche, qu’il décide… pour imposer fatalement les mauvais choix. Bref, qu’il fasse preuve d’un certain esprit de décision dans le discrédit personnel.

    Le laïus sur la tolérance au désordre serait plus convaincant si l’on n’avait pas sous les yeux le « merdier » (le mot est d’ailleurs de l’Elysée) dans lequel se trouve le pouvoir par son indécision et son incapacité à mener une équipe.

    On connaissait déjà l’adage « si quelque chose t’échappe, feins de l’organiser« , mais l’idée que le bordel soit délibéré et culturel est du niveau supérieur.

    @ Humpty-Dumpty : je ne suis pas certain que vous soyez contraint de relativiser ce jugement. Ce matin, Jean-Vincent Placé a incité les lycéens à retourner dans la rue, contre la majorité à laquelle il appartient. J’imagine que ce doit mon culte de la discipline, de l’autorité et de l’ordre, qui me fait trouver cela totalement ubuesque.

    @ Pepito : nous ne sommes peut-être pas au bout de nos surprises mais celle-ci m’étonnerait tout de même.

  • Vu d’Angleterre, c’est à la fois affligeant et incompréhensible. J’ai avoué avoir du mal à comprendre ce qui se passe en France en ce moment, et cette incompréhension est partagée par beaucoup d’expats autour de moi. Comment une telle histoire a pu prendre ces proportions et surtout qu’est ce qu’Hollande est venu faire la dedans? Le Times, qui ne perd jamais une occasion de se moquer de lui a encore fait une série d’articles sur l’irresponsabilité et la faiblesse du président français!

  • Je concluais que l’épisode de samedi, qui n’a rien tranché, laissant persister les luttes intestines, illustrant la faiblesse constante de François Hollande ne faisait qu’annoncer de nouvelles avanies… Bingo, dès le lendemain : Communiqué d’Europe Ecologie Les Verts.

    Le parti soutient les lycéens (à la suite de Placé) et désavoue le Président en demandant le retour de Leonarda Dibrani et de sa famille.

    Bref, un parti de gouvernement est dans l’opposition.

    Mais François Hollande ne bougera pas davantage, se laissant piétiner un peu plus chaque fois.

  • @ Koz

    « Je ne suis pas sûr qu’une coïncidence d’âge en dise nécessairement long sur la compétence ou l’aptitude ».

    Comme je l’ai écrit, mon « flash » était…saugrenu.

    En fait, je ne vois vraiment pas qui, au sein de la classe politique actuelle, pourrait être le « Père de la nation » dont nous aurions tant besoin.

    Et j’ai quelque doute sur les capacités de la « Mère de la Nation » qui a toutes les chances de succéder à M. Hollande…

  • Pomdepin a écrit ::

    Le Times, qui ne perd jamais une occasion de se moquer de lui a encore fait une série d’articles sur l’irresponsabilité et la faiblesse du président français!

    C’est #LeStoryTellingDelUMP

  • @koz oui, j’ai vu les propos de JV Placé, puis le communiqué d’EELV : non seulement on ne conteste pas la qualité de porte-parole de quelqu’un qui a unilatéralement critiqué le gouvernement auquel on appartient, mais on abonde dans son sens. La majorité est éparpillée façon puzzle, et ce n’est pas Désir qui cherchera à recadrer les choses puisqu’il critique aussi l’exécutif de la même façon. Alors qui ? Ayrault ? (Pardonnez-moi un instant, je pouffe et je reviens). Bartolone, Le Roux ? Pas F. Hollande bien sûr, il a bien dit qu’il ne serait pas chef de la majorité mais chef d’Etat (même si cette intervention comme le billet le montre parfaitement, prouve le contraire. Je voudrais bien pouffer encore mais j’ai trop mal).
    Il n’y a pas de pilote dans l’avion.

    PS @jeff : outre les réponses de koz sur la tolérance au désordre que j’approuve, j’ajouterai que quant à la tolérance (certes très bienvenue) aux contre-pouvoirs, elle me semblerait beaucoup plus saine si elle ne s’exerçait pas uniquement par rapport à ceux de ladite « gauche morale ». Quand, à l’inverse, on ignore superbement des avis du conseil d’Etat, de centaines de milliers de manifestants, qu’on empêche le CESE de s’exprimer malgré la demande d’un contre-pouvoir sollicité pour la première fois dans notre histoire – plus de 700000 pétitions – et qu’on manipule la composition du CCNE avant de lui demander son avis sur d’autres sujets.)
    Les contre-pouvoirs oui, mais uniquement ceux dont le pouvoir veut bien : non, ce n’est pas une démocratie saine et équilibrée.

  • @ Jeff:
    Bien sûr qu’il y a une dose de storytelling. Mais le storytelling ne marche que s’il y a un minimum de fond pour le faire tenir. Ici, le fond est généreusement fourni par le comportement du gouvernement, comme on peut le voir dans cet article déjà cité par Haglund ci-dessus.

    Laurent Joffrin fait une lecture plus large : c’est toute la majorité qui est à la rue sur ce sujet en n’assumant pas une politique d’immigration qui, sur le fond, n’est pas si nulle que ça. Il touche à mon avis assez juste, sauf qu’il évacue un peu vite la responsabilité du Président. Le PS n’assume pas, mais c’est François Hollande qui en donne l’exemple.

  • Un truc me gêne, dans cette histoire. Je n’ai pas souvenance que J. Chirac eût pour habitude de descendre dans l’arène pour des affaires de ce genre, ni d’être interpellé à tout propos sur ce qui ne va pas dans le pays, et qui est du ressort du gouvernement. Mes souvenirs de F. Mitterrand ne sont pas très précis, mais je n’ai pas l’impression qu’il en était autrement non plus. Or, là, nous continuons à voir François Hollande être partout, se laisser interpeller sur tout et tenter, avec quelle maladresse, de répondre sur tout, tandis que son Premier ministre demeure aussi transparent qu’une baie vitrée tendue en travers du vol d’une grive. Bref, qu’après cinq ans d’hyper-président, nous avons tous, lui et nous, gardé l’habitude que ce soit le président qui gouverne, à la place du… gouvernement. De regarder comme nécessaire son implication là où ce sont les ministres qui sont attendus, et notamment le premier, et d’attendre de ceux-ci d’être de simples exécutants dociles, anonymes et sans visage, d’une volonté de fer exprimée de l’Elysée en direction de tous les niveaux. Ce qui n’était pas le fonctionnement habituel de la Ve – dans certains domaines oui, dans tous, non. Et F. Hollande prétendait, précisément, rompre avec le régime hyperprésidentiel. Au lieu de quoi, il continue, totalement à contre-emploi. Et c’est peut-être ce contre-emploi complet, ahurissant, et non souhaité par les électeurs, qui est à l’origine d’une bonne part de ce chaos. On pourrait avoir un gouvernement géré par des « hommes d’appareil » paisibles, tout au plus un peu ternes. L’électorat qui a mis Hollande au pouvoir le désirait, manifestement – le « président normal ». Cette normalité, avec son corollaire, un gouvernement à sa place, véritablement mené par le Premier ministre, pourrait fonctionner. Mais, là, on cumule un président inapte au rôle de roi-soleil et le Premier ministre pâle comme la lune, dimensionné pour aller avec un président-roi-soleil. Pas étonnant que les ministres hauts en couleur ressortent et se montrent… comme Sarkozy en 2003, par exemple.

  • J’ai vu un cmmentaire sur le site du « Point » suggérant à M hollande de quitter le pouvoir pour garder son honneur…Effectivement la question de son départ est maintenant posée de plus en plus ouvertement…Et je crois sincèrement qu’il vaudrait en effet mieux qu’il s’en aille avant que l’autorité publique ne soit trop affectée, et le pays livré au populisme. L’éclatement probable de notre bulle financière dans des délais assez courts réclamera un homme d’autorité pour affronter la bourrasque. Stefan Sweig relève justement que l’assassinat du ministre Rathenau en 1922 a précipité la ruine de l’Allemagne…
    Je trouve donc que l’éditorialiste du point a raison: c’est aujourd’hui que M Hollande pourrait partir honorablement. Demain il sera trop tard….

  • Encore une fois, regardez un peu sous la mousse médiatique et au-delà de vos fantasmes partisans. Depuis mai 2012, de nombreuses décisions ont été prises sur de nombreux sujets (est-il nécessaire d’égrener toute la liste ?). Libre à vous de les trouver toutes mauvaises par principe, mais vous ne pouvez pas dire en même temps qu’il n’y a pas de décisions et que le président ne décide pas.

    Sur l’immigration, au-delà de l’affaire Léonarda dont personne ne parlera plus dans une semaine, quelle est l’alternative crédible à la politique actuellement menée par Hollande et Valls ? Celle du FN ? Celle du Front de Gauche ou des écologistes ? Celle de l’UMP qui lorgne vers le FN ? Celle des centristes de l’UMP et de l’UDI (c’est grosso modo la même que celle du PS) ?

    N’en déplaise à ceux qui pensent que François Hollande est forcément un incapable, qui a été élu sur un mensonge, sur une imposture ou sur un concours de circonstance, et qui n’a donc aucune légitimité à gouverner la France (comme tout homme politique de gauche d’ailleurs), il y aura d’autres temps dans le quinquennat, qui n’a pas encore achevé son premier tiers. Après les élections municipales et européennes, qui seront sans doute une claque pour le parti au pouvoir, compte tenu des mesures impopulaires mais nécessaires qu’il a dû prendre notamment en matière de fiscalité, il y aura vraisemblablement un nouveau premier ministre. Peut-être Valls…

    Et au final, le juge de paix, ce ne sera pas le énième édito que rédige PhilippeTesson chaque semaine depuis deux ans, toujours le même quelle que soit l’actualité, sur l’incompétence de Hollande, son indécision et son manque d’autorité, mais plutôt l’état de la courbe du chômage.

  • @ Koz:
    Selon toi, Hollande n’aura pas « l’orgueil » de dissoudre, et je disconviens à la marge. Pour ma part, je pense qu’il aurait tout intérêt à le faire s’il veut être réélu en 2017. Selon moi, sa seule chance d’être réélu, c’est de faire du Chirac : dissoudre, perdre les législatives, la fermer, laisser le camp adverse s’enferrer dans les difficultés, se faire réélire. En somme, un pari assez risqué… Hollande n’aura donc pas « le courage » de dissoudre.

  • FH est à l’écoute des voix de gauche, c’est sur ce « talent » qu’il a bâti sa cauteleuse carrière, en louvoyant jusqu’à devenir le candidat (par défaut).
    Il est clair qu’il préfère mécontenter 1M de personnes de droite que 100 personnes de gauche.

    Du coup, sauf effondrement de la confiance de nos créanciers (et hausse des taux d’emprunt), le changement de cap qui s’annonce sera nécessairement un cap à gauche, sur l’air de « halte à la lepénisation des esprits ».

    Le nouveau PM sera une Aubry ou un Bartolone. Lâché par tous les faiseurs de roi de gauche, heureux de n’avoir plus à le soutenir coûte que coûte, Hollande sera quasiment réduit à un rôle honorifique, plus très loin du président italien ou allemand.

    Fabius joue sagement sa carte en se mouillant le moins possible dans tous les dossiers qui puent, mais je ne suis pas sûr qu’il soit vraiment le « Juppé de gauche » qu’on décrit, susceptible de rallier tous les courants sur la seule foi de sa longévité d’homme d’Etat…

    Je crois de moins en moins à un tournant « réaliste » avec un Valls (voire Bayrou) premier ministre. Avec la composition actuelle de l’Assemblée Nationale (remplie de fougueux jeunes députés PS et EELV), cela ne tiendra pas bien longtemps.

    Quant à dissoudre l’AN pour s’offrir le confort navré d’une cohabitation mitterandienne avec un Juppé ou un Borloo, il ne faut pas rêver…

  • @ lrob:
    J’ai exactement la même lecture.
    Mon sentiment est que, comme précédemment à la tête du PS, son but premier est d’être là et non de faire avancer le bateau (pardon, le pédalo) dans une direction donnée. D’où ce souci de paraître tout concilier sans rien trancher qui pourrait brusquer ses alliés (ses adversaires, on peut les laisser se faire écraser, aucun problème).

    Dans cette perspective ses meilleurs chances sont cyniquement de dissoudre et rafler la mise à la présidentielle suivante – mais c’est trop tôt, il faut tenir encore au moins un an voire deux, pour que le nouveau gouvernement ait juste le temps de se faire mal mais pas de donner l’impression qu’il a peut-être des idées pour avancer vraiment (je ne dis pas que l’UMP aujourd’hui offre cette perspective, c’est juste une réflexion générale).

    Et puis, aussi, il a peut-être encore quelques renvois d’ascenseur à assurer dans la perspective de « préparation de cette réélection en 2017 » (toujours dans le domaine « sociétal », celui qui donne la fallacieuse impression de ne rien coûter à satisfaire). On passe la « loi famille » et quelques autres trucs en 2014 et puis on avisera…

  • lrob a écrit ::

    Selon moi, sa seule chance d’être réélu, c’est de faire du Chirac : dissoudre, perdre les législatives, la fermer, laisser le camp adverse s’enferrer dans les difficultés, se faire réélire. En somme, un pari assez risqué… Hollande n’aura donc pas « le courage » de dissoudre.

    J’irai plus loin : la meilleure chance de réélection pour Hollande (voire la seule au point où on en est), c’est de « faire du Chirac » jusqu’au bout, c’est-à-dire d’être confronté au second tour de l’élection présidentielle au candidat du FN. Il est d’ailleurs possible que ce soit déjà sa stratégie (si tant est qu’il ait une stratégie et veuille être réélu). Mais au rythme où ça va, cette stratégie pourrait se révéler inefficace face à l’exaspération quasi générale (soit que Hollande ne franchisse pas la barre du premier tour, soit que qu’il perde le second même face au FN).

  • Le plus décourageant, lorsqu’on regarde la succession des présidents de la V° de Gaulle jusqu’à Hollande, c’est cette impression de pente continuelle et régulière, donc inéluctable, vers toujours plus de médiocrité. En arriver à regretter un Mitterrand…

    C’est tout de même fascinant toutes ces affaires insignifiantes en soi, points de détail, mais qui provoquent des détonations aussi considérables et des situations complètement hors de contrôle : une affaire de passeports en Hongrie et un rideau de fer qui s’écroule ; un petit commerçant inconnu qui s’immole et tout une région du monde est sens dessus-dessous ; cette affaire Leonarda et voilà le régime de la V° passablement ébranlé ( bien plus en tous cas que les centaines de milliers de manifestants de ces derniers temps) ; la disproportion entre la cause et les conséquences sont parfaitement irrationnelles – et semble accréditer les théories du chaos ; mais ces petits faits divers ne sont que les révélateurs d’un état de délabrement et de pourriture avancé. Ils sont justes la pichenette de trop. Sans doute est-ce afin que l’histoire ne soit pas une science pure, mais d’abord une histoire, c-à-d qqch de romanesque. Bref si on peut deviner la fin, personne ne peut connaitre ni la date ni le lieu, ni le comment.

  • Cette situation est une offense à l’autorité de chef de l’Etat dont la parole publique est contestée jusque dans les rangs de sa majorité. 77% des Français sont mécontents de son action, un record jamais atteints sous la Ve République. Sans correction rapide du cap, sans réaffirmation accélérée de son autorité, y compris après l’affaire d’espionnage de la NSA en France, les choses ne peuvent aller qu’en se dégradant pour la majorité présidentielle.

    François Ernenwein, La Croix

    En même temps, La Croix en général et François Ernenwein en particulier, sont connus pour leur côté soupe-au-lait, pour s’adonner au Hollande-bashing permanent, et succomber au storytelling insidieux de l’UMP.

  • Soyons sérieux et si nous voulons faire de la politique fiction, éliminons d’abord les scénarios totalement improbables. 1. Hollande ne démissionnera pas. 2. Hollande ne dissoudra pas l’assemblée nationale. 3. Hollande se représentera en 2017. 4. Hollande aura très peu de chances d’être réélu car s’il l’était, il serait le premier de la Ve République à réaliser cette performance dans ce cas de figure (sans cohabitation préalable), et qui plus est dans un contexte de départ éminemment difficile. 5. Pourtant Hollande va viser cet objectif en essayant d’afficher en 2017 des résultats positifs incontestables sur le plan économique et social et tangibles pour les Français. C’est sa seule petite chance et à mon avis sa seule véritable préoccupation. C’est là qu’il place son orgueil. S’il échoue, Sarkozy ramassera la mise, ce qui reste sans doute, à l’heure où l’on parle, le scénario le plus probable.

  • En fait ce type est une taupe libertarienne. Sa mission est de vacciner les français contre toute forme d’étatisme. Chacune des interventions de sa fine équipe est un cocktail improbable d’absurdité, incompétence, tromperie, défiance, désorganisation, copinage, détestation, déprime.

    Sur tous les sujets, il arrive à foutre un merdier homérique. Éducation, politique étrangère, fiscalité, budget, social, logement, concurrence… Même sur le truc infoirable, le mariage gay, il a réussi à mobiliser une opposition totalement inimaginable.

    Ce type est le contre-exemple ultime. Quel que soit le sujet, si tu cherches à démontrer qu’il est dangereux, injuste et stupide de confier la décision à un pouvoir central, tu n’as qu’à désigner François Hollande et laisser le maître convaincre.

  • Pour la deuxième solution, le droit de grâce n’aurait pas pu fonctionner parce que celui – ci est exclusivement réservé pour un condamné. Et encore, pour l’application de ce droit, il faut qu’il y ait de gros doutes sur les preuves contre l’accusé.

    Sinon, en ce qui concerne votre deuxième paragraphe, je suis d’accord avec vous. Pourquoi faire tout un scandale sur un expulsion légale d’une famille Roms alors que des salariés sont en train de perdre leur emploi et que le chômage continue d’augmenter ? Je pense que le président de la République se sert de cette polémique pour cacher son incapacité en matière économique et social. « Quand vous balancez sur la scène, un sujet sociétal, vous aurez la paix pendant six mois » (proverbe chinois).@ Amélie:

  • Bonsoir,

    je suis convaincu que la séquence Léonarda a peu d’importance. Je pense depuis le début que le sujet des reconduites à la frontière de mineurs est secondaire.

    François Hollande s’est planté sur ce sujet, avec les défauts qu’on lui connait depuis toujours, et malgré lesquelles une majorité l’a élu.

    Faut-il pour autant y voir un grand tournant politique ? Je ne suis pas sûr. François Hollande poursuit sur le plan économique et diplomatique une politique centriste qui aurait pu être bien pire, et dont il n’est pas sûr qu’elle soit pire que celle du gouvernement précédent (à qui je reproche d’avoir laissé coulé le déficit et d’avoir pris quelques mesures très discutables, comme la TVA pour la restauration).

    L’histoire est déjà écrite, comme à toutes les élections depuis 1981 (sauf 2002, qui est un peu spécial): le parti au pouvoir perdra d’abord les élections locales, puis les élections nationales, sauf si l’opposition se suicide, ce qui n’est jamais à exclure. En attendant, le gouvernement fera un travail pas scandaleux, mais sans doute insuffisant pour permettre à la France de sortir la tête de l’eau.

    En fait, dans cette histoire déjà écrite, la seule question qui reste est de savoir si notre jeu politique va se transformer en une triangulaire géante avec un front-national qui dépasserait le seuil du premier tour et deviendrait un grand pole populiste.

  • Courtlaius a écrit ::

    En arriver à regretter un Mitterrand…

    Mitterand avait un vrai style, par contre, il a fait aussi de vraies grosses bêtises allant du programme commun à son ineptitude totale face aux défis de politiques étrangères du début des années 90.

  • je crois Antoine a écrit ::

    Pourquoi faire tout un scandale sur un expulsion légale d’une famille Roms alors que des salariés sont en train de perdre leur emploi et que le chômage continue d’augmenter ? Je pense que le président de la République se sert de cette polémique pour cacher son incapacité en matière économique et social. « Quand vous balancez sur la scène, un sujet sociétal, vous aurez la paix pendant six mois » (proverbe chinois).@ Amélie:

    je crois que c’est le serpent qui se mort la queue : tous les renoncements sur les sujets importants ou un marqueur « à gauche » (entendre plus juste) était attendu par la majorité des français (de droite et de gauche) font détester ce pouvoir et ce régime ou on élit le moins pire qui fait ce qu’il veut en se foutant de tout le monde. Et tout est bon pour gueuler (de toute façon tout le monde s’en cogne de la grogne des gens, tout continue comme si de rien n’était.), mais à force de gueuler pour rien, on laisse tomber. Et la désespérance s’installe.

    Une majorité de la population s’enfonce dans la misère, l’impossibilité de se soigner, l’impossibilité de trouver du travail (en se faisant accuser de profiteurs), l’impossibilité de manger sainement. Alors que des milliards sont distribués (sans aucune contre-partie).

    La rupture qui se passe, ce n’est pas celle entre le peuple et le président, c’est entre la population et la france. Les gens sont près à se battre, au front, mais pas avec un état major bien à l’arrière au chaud, qui ne craint rien et continu à vivre avec faste.

    La 5ème république a montré son incapacité à diriger un pays, en mettant en place suffisamment de contre-pouvoirs pour avoir un centre de gravité dans le polygone acceptable. C’est devenu un régime de classe, de caste qui permet à un 0.1% des plus riches de dépecer le pays lorsque la croissance ne leur permet plus de continuer à gagner toujours plus. Le plus drôle c’est de lire des commentaires de ceux qui cherchent juste à placer « leur » majorité en espérant grappiller un peu plus sur le dos de ceux qui sont plus bas. En trouvant une justification à un clampin politique qui a déjà eu la chance de montrer toute son efficacité. Big up pour fabius, l’empoisonneur pas coupable alors que les gens savaient et que ce « retard » vient du délai que l’on a accordé à pasteur contre abbot.

    Je pense que dans un siècle les prof d’histoires et d’économies auront un bon modèle de salopards à montrer aux élèves.

  • C’est entendu : il s’agit là d’une grosse erreur de com du président, pour toutes les raisons qui ont été évoquées ici et ailleurs, et qui sont très largement partagées, la première d’entre elles étant que Hollande n’avait pas à intervenir personnellement et officiellement sur ce sujet.

    Mais on peut voir aussi dans cette erreur un certain « courage », qui va à l’encontre du story telling sur Hollande l’indécis, le lâche… La lâcheté, l’indécision – et dans le cas présent aussi la sagesse – auraient commandé de laisser le ministre de l’Intérieur affronter lui-même cette affaire, voire de faire monter le premier ministre au créneau. C’est Hollande lui-même qui a décidé de se mettre en première ligne sur cet épisode, nous rappelant d’ailleurs en cela (malheureusement) son prédécesseur. Encore une fois, je pense que c’est la peur (panique ?) d’un mouvement lycéen qui a provoqué ce manque de discernement. Et aussi la volonté de faire baisser la pression sur Valls.
    Mais il serait à mon avis difficile de voir dans cette erreur de la lâcheté ou de l’indécision, il s’agit plutôt d’un courage mal placé et d’une mauvaise décision.

    Si l’on regarde le fond, au-delà de cette séquence Léonarda qui sera vite oubliée (comme les précédentes et comme les suivantes), l’essentiel a été réaffirmé. La France a aujourd’hui une politique claire et équilibrée en matière de régulation de l’immigration. La loi s’applique. L’école doit rester un sanctuaire vis-à-vis des interpellations.

    La vraie question si l’on veut contester le pouvoir en place, c’est : quelle politique alternative propose-t-on ? Copé apporte la nouvelle réponse de l’UMP : la remise en cause du droit du sol. Le FN a aussi la sienne, qui séduit de plus en plus de Français ; pour qui y regarde bien, elle se distingue encore un peu de celle de l’UMP. A chacun de faire son choix.

  • @ herve02: l’impossibilité de se soigner est un simple mythe.
    Je suis à l’hopital, il y a même des consultations gratuites aux urgences pour les clandestins ne remplissant pas les conditions de l’AME
    Il est parfaitement possible de se soigner, et je demande des faits à ce sujet.

    Pour l’impossibilité de trouver du travail, je ne sais pas. Il y a un très haut taux de chomage, mais j’ai discuté avec un immigré canadien, sui disait qu’il y avait toujours du travail avec salaire facile à trouver, celui dont les autres ne veulent pas…
    Mais ca ne veut pas dire qu’il n’y aie pas un vrai problème à ce niveau.

    Les milliards distribués sans aucune contrepartie: à qui? A la finance? aux immigrés profiteurs? Réellement sans contrepartie?

    Sur le coté oligarcie politique présentant quelques candidats sélectionnés par cooptation aux électeurs, qui doivent choisir après, je suis d’accord.
    Et aussi sur l’incapacité des médias à présenter une version sans grosse erreur des faits: regarder chez eolas les billets de politique, sur koztoujours au moments de l’affaire de recfie, et je pense qu’on trouve très facilement un paquet d’autres exemples…

  • Uchimizu a écrit ::

    Faut-il pour autant y voir un grand tournant politique ? Je ne suis pas sûr. François Hollande poursuit sur le plan économique et diplomatique une politique centriste qui aurait pu être bien pire, et dont il n’est pas sûr qu’elle soit pire que celle du gouvernement précédent

    +1 sur ce point. Il y a beaucoup de bruit, François Hollande s’est ridiculisé, mais ça reste une affaire sans aucune importance sur le fond. La politique suivie reste la même. Il y a un symptôme de déliquescence de la majorité, mais au bout du compte tous ces gens, si divisés soient-ils, n’ont guère d’autre choix que de continuer dans la même direction, remaniement gouvernemental ou pas. Les vraies conséquences électorales se verront non pas en 2014 (2014 ce sera juste un sondage géant), mais bien en 2017. C’est loin: tout pronostic serait hasardeux.

    Ce qui est rigolo, par contre, c’est de voir la jubilation avec laquelle les commentateurs de la droite traditionelle imaginent une crise politique et empilent les jugements méprisants. Certes, sur ce coup-là, c’est bien mérité. Mais quand même, cela rappelle les plus beaux jours de l’antisarkozysme primaire et viscéral. 🙂

  • 1) Sur l’exécutif

    2) Sur la maltraitance

    3) Sur l’argent…

    ce passage du dernier billet d’Eolas :

    « L’exécutif a été ridicule dans cette affaire et je ne vois pas comment il aurait pu plus mal la gérer. Mais ce qui me choque le plus est de voir une jeune fille de 15 ans livrée en pâture médiatique, sans la moindre protection car sa famille n’a aucune expérience en la matière et ne réalise pas ce qui se passe. Ce que j’ai vu ces derniers jours est monstrueux, il n’y a pas d’autre mot : demander à une jeune fille de 15 ans de réagir en direct et à chaud, dans une langue qui n’est pas sa langue maternelle, à une proposition aberrante formulée par le président de la République en personne, qui interpelle une mineure pour lui faire une proposition alors que la loi française dit que seuls ses parents peuvent faire un tel choix, faire de ses moindres mots dits sous le coup de l’énervement une déclaration officielle, lui jeter à la figure un sondage disant que deux tiers des Français (soit 40 millions de personnes) ne veulent pas de son retour (en oubliant de dire que 99,8% des Français ne connaissaient rien à ce dossier ni au droit applicable), est-ce donc cela que nous sommes devenus ? Avons-nous perdu toute décence pour faire ainsi de la maltraitance sur mineur en direct ?

    Ah, un dernier mot, ou plutôt un dernier chiffre. Le coût moyen d’une reconduite la frontière a été estimé en 2008, par un rapport de sénateur UMP Pierre Bernard-Reymond, à 20 970 euros par personne. Cette affaire a mobilisé, lisez le rapport de l’IGA, tout un aréopage d’agents publics, de policiers et de gendarmes, et a dû coûter aux finances publiques plusieurs dizaines de milliers euros (je dirais au moins 50 000 euros). Le budget annuel consacré aux reconduites à la frontière est sensiblement identique à celui de l’aide juridictionnelle : un peu plus de 400 millions d’euros.

    Détruire la vie de jeunes filles est un luxe qu’on ne peut plus se permettre. »

    Et tout le billet :

    http://www.maitre-eolas.fr

    Je fais mienne cette phrase : est-ce donc cela que nous sommes devenus ?

  • ça me rappelle une conversation avec une amie, en mars dernier, sur la place Bellecour, avec nos drapeaux de la manif pour tous: en gros, chacune de nous disait à peu près: Hollande, je savais qu’il serait un mauvais président, donc on ne peut pas dire que je sois déçue… mais quand même, je ne pensais pas que ce serait à ce point!

    Et le plus grave, c’est que c’est de pire en pire! (!!!) il est où, le fond?

    Et ce qui m’inquiète aussi, c’est que dans l’affaire, celui qui est à l’origine de cette « affaire Léonarda », Valls, bénéficie d’une bonne cote d’opinion (et non, je n’aime toujours pas Valls, qu’il fasse lancer des gaz sur des poussettes ou qu’il parlent des Roms en général en des termes que vous avez déjà commentés dans un précédent billet. Et, malheureusement, il me fait de plus en plus penser à une autre personne bien placée dans les sondages d’opinion : Mme le Pen. Deux ambitieux prêts à tous, qui tueraient père et mère pour avoir le pouvoir.)

    Pendant que le Président en titre s’enfonce dans son incompétence et perd toute autorité, des personnalités de ce genre tirent leur épingle du jeu… et ça n’a rien de rassurant!

  • « Hollande, Président d’un pays divisé par faiblesse et lâcheté »

    Ce commentaire est bien sévère car nous sommes tous intérieurement divisés sur le sujet de l’immigration.

    Côté coeur on aimerait bien que notre pays accueille tous les candidats à l’immigration et côté raison, on sait bien que ce n’est pas possible.

    Côté coeur ont aimerait bien que notre pays assure un développement à ces pays troublés dont ces familles cherchent à s’évader et côté raison, on sait bien la France n’en a pas les moyens.

    Alors à quoi bon s’indigner ou s’énerver ?

  • Uchimizu a écrit ::

    Faut-il pour autant y voir un grand tournant politique ? Je ne suis pas sûr. François Hollande poursuit sur le plan économique et diplomatique une politique centriste qui aurait pu être bien pire, et dont il n’est pas sûr qu’elle soit pire que celle du gouvernement précédent (à qui je reproche d’avoir laissé coulé le déficit et d’avoir pris quelques mesures très discutables, comme la TVA pour la restauration).

    Centriste, je ne sais pas, car je ne sais pas bien où est le centre. 🙂

    Mais oui, l’UMPS, c’est vrai quelque part. Ni la droite ni la gauche « républicaines » n’ont jamais remis en cause le social-corporatisme à la française qui conduit le pays à une ruine accélérée. Et la promesse du FN, c’est encore plus d’interventionnisme débile de l’État. Électoralement, il a raison. Ni le PS ni l’UMP ne sont crédibles pour lui reprocher d’aller au bout de (l’absence de) la logique économique qui est la leur. Le réveil sera très dur.

  • @panouf

    l’impossibilité de se soigner un mythe… Et bien sachez que 13% de la population de paris grande couronne à refusé ou repoussé un soin en 2012. Sachez qu’il y a même une mission parlementaire avec un rapport assez conséquent sur ce « mythe ». Et je parles même pas des médecins qui refuse la cmu tellement c’est un épiphénomène de ce « mythe ».

    Ensuite, sachez que lorsque l’on sort d’une consultation d’urgence (si on ne se fait pas engueulé et viré car on nous explique que notre cas dépend de la médecine de ville) il peut y avoir une ordonnance dont les médicaments peuvent (sont toujours ?) avec une part de plus en plus importante à la charge du patient qui peut ne pas avoir les moyens de se les payer.

    Alors je crois plutôt que le mythe est qu’en france tout le monde peut se soigner. C’est un gros mythe pour expliquer que le français gnagnagna. Des français crèvent de ne pas pouvoir se soigner, ce n’est pas un mythe mais une réalité. Ouvrez un peu les yeux sur le monde, et pas juste dans les blogs et les journaux.

    @gwynfrid

    Ce que je trouve grave c’est qu’autant sarko avait amené énervement, pédalo amène la désespérance. Elle s’exprime de plein de manières différentes, mais elle n’en est pas moins là à s’enraciner profondément. Lorsqu’un pouvoir politique acte que l’individu n’est qu’un rouage d’importance minoritaire et qu’on peut le sacrifier à l’internationalisation, c’est toute la classe politique qui se dénie. Lorsque l’on voit comment sont gérés chacun (tous) des cas portés à notre attention on ne peut que se rendre compte que nous sommes considérés que comme des nuisances parfois utiles.

    Lorsque les gens auront perdu espoir d’une solution par la classe politique d’après vous que se passera-t-il ?

  • Pingback: Discours sur l’état de la désunion | Thomas More

  • Jeff a écrit ::

    Mais on peut voir aussi dans cette erreur un certain « courage », qui va à l’encontre du story telling sur Hollande l’indécis, le lâche… La lâcheté, l’indécision – et dans le cas présent aussi la sagesse – auraient commandé de laisser le ministre de l’Intérieur affronter lui-même cette affaire, voire de faire monter le premier ministre au créneau.

    Le courage de prendre des décisions idiotes.
    Tout peut se plaider.

  • Si cette affaire pouvait marquer un pas vers une situation où on cesserait de trouver autant d’importance à la fonction du GO de l’éxécutif, et a fortiori à son « style » et à sa personnalité, ça serait déjà bien.

    Les gens attendent trop des porteurs nominaux du pouvoir, qu’il soit politique ou économique. Résultat, on les survalorise, on les surpaie, et on les déteste beaucoup plus qu’ils ne le méritent.

  • herve_02 a écrit ::

    Ensuite, sachez que lorsque l’on sort d’une consultation d’urgence (si on ne se fait pas engueulé et viré car on nous explique que notre cas dépend de la médecine de ville)

    Mon deuxième enfant est interne à l’hôpital, a fait des gardes de nuit aux urgences. Il confirme : au moins 50 % des « urgences » ne devraient pas y être. Et oui, trop de « patients » se comportent en consommateurs capricieux et revendicatifs « j’y ai droit »…

    Mais ce n’est pas contradictoire avec ce que vous dites. Loe système français engendre un énorme gâchis et laisse passer entre les mailles de plus en plus trouées du filet de vrais cas d’urgence.

  • @ Koz:

    +1

    @ Logopathe:

    +1. Cela s’appelle une Sixième République.

    @ Aristote:

    Vous et moi avons les moyens d’avancer la somme que réclame un médecin traitant, donc de ne pas passer par la case urgence.

    herve_02 a écrit ::

    Lorsque les gens auront perdu espoir d’une solution par la classe politique d’après vous que se passera-t-il ?

    +1. Nous laissons la foudre s’accumuler. Gare au coup de tonnerre.

    A tous : l’idée est répandue que l’arbitrage doit se faire entre une politique d’immigration raisonnable, et une autre irresponsable — la raisonnable rendant inévitable des actes odieux.

    Je vous joins un entretien très important, à mon sens, de Patrick Weil, qui montre qu’il n’en est rien :
    http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/10/18/patrick-weil-les-imperatifs-de-securite-n-imposent-pas-d-expulser-une-eleve_3498205_823448.html

  • @ herve_02:
    @ herve_02:

    Le cas des patients de la petite couronne vient du fait qu’il y a tout simplement trop de médecins à paris, et que tous les nouveaux médecins veulent y aller. Résultats, il n’y a pas assez de patients, et on fonctionne au dépassement d’honoraires, qui sont interdit pour les patients CMU-C, ce qui est normal; sauf qu’en plus selon la loi: moins t’azs d’argent, moins tu te soigne et plus t’es malade, ces patients sont plus compliqués à gérer que les autres et prennent plus de temps.
    Ce sont les deux raisons qui font qu’à paris les patients CMU ont du mal à avoir un médecin.

    Pour les urgences, j’y aie été, et je peux vous dire que les conditions de travail sont tout sauf faciles; il y a, les mauvaises journées, plus de 200 patients à gérer pour 10 médecins; alors oui, la nana qui vient, officiellement parce qu’elle s’est coincé le doigt dans la porte du rer, en réalité pour louper une journée, elle se fait enguirlander. Et je trouve ça normal. Mais, par exemple, je n’ai jamais vu quelqu’un enguirlander un SDF puant (ils le sont hélas presque tous…), ou le soigner moins bien qu’un autre, ou engueler un patient qui a vraiment un problème; par contre, on se fait souvent crier dessus quand on est médecin aux urgences!
    En général, lorsque le cas dépend de la médecine de ville, le médecin le dit, histoire que ça remonte au médecin en question qui envoie son patient aux urgences parce que c’est son jour de congé, ou qu’il veut pas du patient pour x ou y raison, mais il est soigné!

    Pour le coup des médicaments, cette part est de 50centimes par boite de médicaments, de 50 euros maximum par an, avec le tiers payant pour les CMU, alors elles sont accessibles; dans d’autres pays, le reste à charge est de 1 euros par boite de médiaments.

    Le vrai problème est plutot le non encadrement des dépassements d’honoraires, qui là peut poser un problème à ceux qui n’ont pas de mutuelle.

    Et vu que je suis étudiant en médecine, que l’hopital, je le vois tous les jours, je trouve votre dernière phrase inutile et déplacée. J’ai tout de même été lire cette proposition de loi, que je trouve très bien: http://www.senat.fr/leg/ppl12-352.html

    Mais ce qui m’a énervé dans votre commentaire, c’est l’affirmation que j’avais cru y lire que les soins sont mal remboursés en france, je trouve qu’ils le sont bien, surtout comparativement à d’autres patys dévelloppés, même si rien n’est parfait…

  • enfin, un bémol sur la proposition de loi tout de même: elle ne fixe toujours pas un plafond au dépassement d’honoraires…

  • panouf a écrit ::

    l’impossibilité de se soigner est un simple mythe.

    Admettons, mais serez-vous aussi catégorique sur la capacité de nos administrations à suivre les récidivistes, à orienter correctement les élèves, à offrir aux demandeurs d’emploi une formation solvable sur le marché de l’emploi ?

  • herve_02 a écrit ::

    Lorsque les gens auront perdu espoir d’une solution par la classe politique d’après vous que se passera-t-il ?

    Peut-être qu’il décideront enfin de se prendre en main par eux-mêmes plutôt que d’attendre tout des pouvoirs publics et principalement de leur représentant suprême? Qu’ils se résoudront à arrêter de râler contre les impôts, tout en réclamant des subventions de toutes sortes; contre les immigrés, tout en se plaignant de faire la queue au supermarché et de ne pas trouver de nounou pour leurs gamins; contre la hausse du coût de la rentrée des classes, tout en demandant la fermeture des frontières aux produits chinois; contre la pollution, tout en insistant pour qu’on réduise la TIPP et qu’on contruise des autoroutes; contre le déremboursement de leur médicament préféré, tout en s’inquiétant du déficit de la Sécu; contre les prix de l’électricité, tout en appelant à l’arrêt du nucléaire; contre « l’assistanat », tout en pleurnichant sur le plafonnement du quotient familial; contre les excès de régulation, tout en exigeant au minimum une intervention du ministre au moindre plan social?

  • La France est-elle présidée ?

    Oublions un moment le contenu du dernier cafouillage élyséen, à savoir cette vraie-fausse « affaire Leonarda ». Piteux épisode. Bornons-nous à un constat plus global. Il trouble, j’en suis sûr, aussi bien les Français de droite que de gauche. Je veux parler de cette impression que la France, pour la deuxième fois en six ans, n’est pas vraiment « présidée », c’est-à-dire dirigée par un homme habitant pour de bon la fonction présidentielle. J’entends murmurer cela jusque dans les rangs du Parti socialiste.

    Avec François Hollande, au fond, le problème n’est plus seulement politique, il est devenu psychologique. Il tient à l’homme. À force d’indécision, d’audaces suivies de reculades, de gaffes sémantiques, de communication à contretemps et d’acrobaties politiciennes, l’ancien secrétaire du Parti socialiste donne l’impression de présider la France comme le conseil général de la Corrèze. Cela contribue à déboussoler les Français. Questions murmurées partout : où est passé le chauffeur de l’autobus France ? Parviendra-t-il à finir son mandat ?

    Jean-Claude Guillebaud, La Vie

    C’est #LeStoryTellingDelUMP

  • Il nous reste à nous Français de comprendre qu’il n’y a pas plus d’état providence que de président providence. Avec une gauche qui s’empresse, selon ses électeurs , de faire une politique de droite une fois élue et une droite qui, selon ses électeurs, s’empresse de faire une politique de gauche une fois élue , nous arrivons au paroxysme de l’inconscience et du rêve. Ajoutons la goutte des populismes de droite et de gauche brandissant des promesses économiques aussi délirantes qu’ électoraliste et on peut effectivement se demander si nos élites politiques méritent bien leur nom ! Heureusement il nous reste le centre qui n’a d’autre ambition que de bien nous faire rigoler.
    On ne peut rêver meilleure démonstration du fait que les Français ont bien peu la culture du résultat et bien trop la mémoire courte. : Mitterrand serait encore vivant qu’il aurait autant de supporters que Sarkozy !

  • @ Koz:

    Tout à fait pertinent, et en même temps cultivant l’illusion psychologique : la France aurait eu un, puis un deuxième zozo comme président, c’est la faute à pas de chance…
    Parce que, redisons le, quand même : entendre la critique de Hollande (encore une fois parfaitement fondée) par ceux qui pendant 5 ans se sont accommodés d’un Sarkozy, voire caressent le sourd espoir de son retour, ça laisse un peu rêveur…

    Non, ce n’est pas le prochain-qui-sera-le-bon. La crise est institutionnelle, et d’autant plus angoissante qu’à part la percevoir, personne ne peut rien. La fonction présidentielle ne se laisse plus habiter — et la situation ne se laisse pas analyser. Trop tôt, probablement. D’où le risque d’éruption.

  • @gwyn

    j’adore, sérieux.

    Ok, donc il suffit de dire arrêter de nous prendre pour des cons et les politiques et leurs copains vont arrêter ? C’est une blague ? Vous devriez lire le dernier livre de Annie Lacroix-Riz et regarder dans les yeux ce fabuleux monde de l’entreprise qu’est trop choupinou et « ki nou ve ke du bi1 » dans un monde enfin libéré de la pesanteur administrative d’un état bon à rien et mauvais à tout.

    Dès que vous lâchez la bride la mafia prend le dessus, peut importe si elle doit gazer la moitié d’un peuple, du moment que c’est bon pour le commerce, ca ne la gène pas.

    Je crois qu’il n’y a que la violence qui peut régler le problème : l’économie, par nature, vend pères mères enfants, le politique se fait nourrir grassement en les aidant à ne pas se faire trucider et le peuple ne demande pas grand chose. Parce que votre diatribe est un peu lolylol des gens qui veulent soit disant tout. Les gens ne demandent qu’un peu de justice sociale, les gens ne demandent que du travail pour vivre dignement. L’état laisse crever sa population et tout le monde s’en fout – vous avez même l’impudence d’accuser les gens. La DDASS retireraient les enfants de parents qui agiraient comme cela alors que vous êtes en train d’accuser les enfants de se laisser porter.

    Je crois que dans le processus du vivre ensemble, la population fait sa part du contrat : elle élit un groupe de personnes qui se présentent pour exercer un mandat qui les oblige (au moins moralement) à régler les problèmes. Il me semble que les élus ne font pas leur de part du contrat : ils ne gèrent rien et s’en foutent plein les fouilles. (je passe sous silence les criminels contre l’humanité qui décident de laisser injecter du sang contaminé, mais qui ne sont pas coupable et continuent comme si de rien n’était.)

    Lorsqu’il y a un procès, il n’y a jamais de vraie punition (sauf si tu es ahmed ou rom ou pauvre) je ne vois pas très bien comment sortir du cercle vicieux. Enfin si, j’ai bien une idée, comme vous semblez très libérale, je demande comme pour votre modèle, un 2ème amendement à la constitution, comme aux us. Et je puis vous assurez que les gréviste de la faim qui se laissent crever, à Poissy, dans l’indifférence générale, quelques un, avec le droit constitutionnel de porter une arme, réglerait une partie du problème.

    Il y a trop de déséquilibre entre le pouvoir et le peuple d’esclave pour que la liberté triomphe. Militons pour ce deuxième amendement et rééquilibrons, que ceux qui veulent écraser prennent un vrai risque (normalement le gain récompense le risque) et qu’ils l’acceptent.

    Comme je suis de bonne humeur, je vous fait grâce d’une diatribe identique à la votre qui pourrait tout aussi bien tourner votre position en ridicule. La pollution et la tipp just lol, renseignez vous un peu sur les facteurs de pollution en volume et venez avec les chiffres accuser la clio de l’ouvrier qui va bosser. C’est un exemple pitoyable.

    Expliquez aux personnes qui ont cotisé pendant 50 ans que faut se prendre en main et ne rien attendre… Vous avez le droit de dire cela seulement si vous n’avez pas pris un kopeck aux personnes, or je crois que ce n’est pas le cas, alors une fois que vous avez encaissé, il faut payer c’est inéluctable. C’est un devoir (sauf pour les truands, mais on revient au début), sacré épanadiplose narrative

  • @ herve_02:

    Avec votre amendement, les plus violents l’emporteront, je ne parierai pas sur ceux que vus voulez défendre.

    Sur le plan des principes, aucun système n’est la solution. Quel que soit le système, il dérive parce que les responsables, comme tout un chacun, ont leur part d’ombre (en langue de buis, on les appelle des pécheurs). S’agissant de nos gouvernants actuels, qui se disent socialistes, il est piquant de voir que pour expliquer leur comportement réel, l’hypothèse la plus crédible est qu’ils cherchent à maximiser leur propre utilité (à servir leurs intérêts en langage commun), c’est-à-dire qu’ils se conduisent comme la théorie libérale de l’École de Chicago le prédit ! Leurs adversaires politiques en font autant.

    Il n’y a pas de système miracle. Mais à chaque époque et fonction de la situation du pays, on peut essayer de porter un jugement sur la direction à prendre. Le mien est qu’en France, en 2013, l’État (plus généralement la sphère publique) est envahissant, obèse. Je ne rêve pas que le personnel politique devienne subitement désintéressé. Je voudrais qu’il ait moins de pouvoir.

  • herve_02 a écrit :

    L’état laisse crever sa population et tout le monde s’en fout – vous avez même l’impudence d’accuser les gens. La DDASS retireraient les enfants de parents qui agiraient comme cela alors que vous êtes en train d’accuser les enfants de se laisser porter.

    Vous considérez donc les gens comme des enfants, et l’Etat comme leur père, ou mère.

    Vous vous rendez compte du pouvoir que vous conférez à une entité abstraite?

    Le message de Gwinfryd a sans doute une dimension un peu rhétorique; mais j’arrive à faire le lien avec quelque chose de réel. Le vôtre n’explique rien, à part que tout est de la faute de l’Etat, et il ne propose rien d’autre qu’une escalade de la violence qui, comme le souligne Aristote, ne s’effectue jamais qu’au détriment des plus faibles.

    Et non, je ne vote pas aux élections pour que les élus résolvent les problèmes. Ce n’est pas le sens de mon mandat. Je vote pour élire des gens qui vont gérer, techniquement, les infrastructures communes, et prendre, à l’occasion, des décisions politiques – c’est-à-dire, trancher entre différents intérêts, parce qu’il faut bien trancher à un moment. Mais pour ce qui est des problèmes, l’élu, il ne va pas les résoudre tout seul avec ses petits bras. Il fait partie des acteurs qui peuvent contribuer à la solution. C’est tout.

    Il est vraiment urgent de dédiviniser toutes ces fonctions.

    Et puis aussi, arrêter d’instrumentaliser les plus pauvres pour justifier nos propres manquements.

  • Aristote a écrit :

    S’agissant de nos gouvernants actuels, qui se disent socialistes, il est piquant de voir que pour expliquer leur comportement réel, l’hypothèse la plus crédible est qu’ils cherchent à maximiser leur propre utilité (à servir leurs intérêts en langage commun), c’est-à-dire qu’ils se conduisent comme la théorie libérale de l’École de Chicago le prédit ! Leurs adversaires politiques en font autant.
    Il n’y a pas de système miracle. Mais à chaque époque et fonction de la situation du pays, on peut essayer de porter un jugement sur la direction à prendre. Le mien est qu’en France, en 2013, l’État (plus généralement la sphère publique) est envahissant, obèse. Je ne rêve pas que le personnel politique devienne subitement désintéressé. Je voudrais qu’il ait moins de pouvoir.

    Paradoxes…

    Vous souhaitez que l’Etat ait moins de pouvoir et parallèlement, on constate que vous êtes largement exaucés d’une certaine manière puisque les présidents de la République française ont, de fait, de moins en moins de marges de manoeuvres (mondialisation, Europe, dette…). Il est par exemple impossible pour un président de la République, fut-il « socialiste », de ne pas être « libéral », car cela reviendrait à s’extraire complètement de la marche du monde (programmes Le Pen ou Mélenchon).

    Vous souhaitez que l’Etat ait moins de pouvoir parce que les hommes politiques, suivant en cela, comme tout le monde, la sacro-sainte et infaillible théorie libérale de l’École de Chicago, défendraient avant tout leurs propres intérêts… Pour donner plus de pouvoir à la sphère privée qui, elle, affiche clairement que toutes ses décisions sont orientées vers la défense de ses propres intérêts.

    Personnellement, je pense (naïvement mais absolument) que les citoyens doivent continuer à exiger des politiques qu’ils défendent avant tout l’intérêt général et qu’ils soient de plus en plus soumis sur ce critère à la régulation démocratique. Même si ce sont des pécheurs, soumis à la théorie libérale (et néanmoins divine) de l’Ecole de Chicago, si leur intérêt (leur élection) dépend de l’énergie et de l’efficacité qu’ils mettront à défendre l’intérêt général, nous aurons bien un système vertueux, avec en prime l’incontournable label de l’Ecole de Chicago.

  • @Logopathe

    je n’instrumentalise pas les pauvres. je parle de ceux qui ont le moins de moyen d’agir, se défendre, ce qui devrait vous sensibiliser un minimum sur un blog chrétien. C’est la manière dont tu traiteras le pauvre que je te jugerais. C’est là que l’on peut voir ce qu’est exactement le système. Les gens qui bidouillent pour y arriver cela ne me pose pas de problème. J’attends d’un état (qui consomme de l’argent) de régler le cas de ceux qui n’arrivent pas à s’en sortir.

    Je veux bien arrêter de diviniser des institutions, mais dans ce cas remettez les au niveau du simple mortel. Je veux dire, pas de cour spéciale, par de traitements spéciaux. pas de tribunaux administratifs, woerth ou cahuzac à 6 heures du mat la bac enfonce la porte avec un bouclier et sort le mec du lit de sa femme a moitié à poil avec des menottes. Ca c’est du réel si vous êtes hamed et que vous dealez un peu de came, mais pas pour woerth ou cazuzu qui deal plutôt de l’influence en milliards. Vous arrivez à faire un lien maintenant ?

    Sur votre intervention, dans le fond, je suis profondément en désaccord. Nous ne voulons pas des politiques gestionnaires « en bon père de famille » (coup de pied de la mule) parce que c’est ce que fait l’administration et les fonctionnaire, gérer, mais des gens qui prennent des décisions pour minimiser les inconforts (à la manière de la droite des moindres carrés) de la population. si ils viennent juste pour savoir comment gérer les X policiers ou profs, qu’ils restent chez eux tels de petits comptables de province.

    Non ce n’est pas de la faute de l’état, il suffit de comprendre ce qu’on lit, c’est de la faute d’une ploutocracie consaguine de fin de race qu’il faut virer par la force parce qu’ils ne partiront pas tout seul.

    J’aime bien la notion de parents enfants que vous rejetez en bloc, parce que ce que d’aucun appelle paternalisme pour le discréditer représente assez bien la relation entre l’état et la population :

    • un autorité qui ne peut pas être remise en question (autorité)

    • l’état décide SEUL de ce qui doit être enseigné (éducation)

    • L’état décide seul des règles que l’on applique (punition)

    • L’état décide seul l’argent qui restera une fois les ponctions prises. (argent de poche)

    Ca ressemble à s’y méprendre (si on enlève filiation et amour) à l’autorité parentale.

    Nos propres manquements…. Le mauvais coté judéo chrétien, mes culpa, mea culpa, mea maxima culpa.

  • @ herve_02:
    Je ne peux que souscrire à votre désir de plus d’état —ou au moins, par les temps qui courent, à l’arrêt de la dégradation continue du service public. Oui, vous avez raison (même Jacques Delors le disait, et ce n’était pas un gauchiste) ce n’est que par l’état que les plus pauvres peuvent prétendre à quelque chose, et en particulier à échapper à la terrible « charité » (pourquoi a t-on ainsi prostitué ce mot …), intermittence sadique et humiliante…

    Mais pourquoi discréditer ce discours qui m’est cher en éructant ainsi, et en demandant qu’on donne un flingue à tout un chacun ? Appelez donc à une révolution — malgré les apparences, c’est une démarche assez différente.

  • Jeff a écrit :

    Personnellement, je pense (naïvement mais absolument) que les citoyens doivent continuer à exiger des politiques qu’ils défendent avant tout l’intérêt général et qu’ils soient de plus en plus soumis sur ce critère à la régulation démocratique.

    Parce que pour vous il est évident que les citoyens sont d’abord soucieux de l’intérêt général. Mais non, ni plus ni moins que les élus, et c’est bien pour cela que les élus prospèrent en calculant quels intérêts particuliers il faut flatter pour emporter la prochaine élection

    L’école de Chicago n’est pas infaillible, ce n’est pas le problème. Mais enfin on comprend mieux le comportement de Dufflot ou Placé si on s’avise de leurs intérêts de carrière politique que du bien commun qu’ils sont sensés servir.

    Je souhaite vivement que le citoyen de base comme l’élu se soucient du bien commun. Mais un certain réalisme me fait penser qu’on peut leur en demander un petit peu, mais pas trop. Et je préfère un système qui ne donne pas trop de pouvoir à qui que ce soit.

  • @ herve02: Mais votre autorité parentale repose sur une illusion: celle que l’Etat a tout pouvoir. Votre attente de solution ne sera jamais satisfaite: vous attendez le secours d’une abstraction; et des gens qui la représentent, et qui n’ont, en général et dans le meilleurs des cas, que le pouvoir d’arbitrer entre des mauvaises solutions.

    S’il y a une chose que je leur reproche, aux politiques, c’est pplutôt ça: d’entretenir l’illusion de leur puissance pour en conserver les signes et les avantages. Mais votre vision parents/enfants contribue à perpétuer cette illusion, dont dérivent les phénomènes de corruption qui vous indignent, à juste titre.

    Dans les pays nordiques, la distance entre les citoyens et les dirigeants est moindre. Il y a sûrement plein de raisons culturelles à ça. Mais le résultat, c’est aussi que les politiques ne sont pas perçus comme des parents surpuissants dont on attend toutes les solutions. On attend d’eux qu’ils gèrent, mais aussi, sur les sujets politiques, qu’ils organisent la concertation avec la population. En Suède, ils ont fait une réforme des retraites, après une concertation qui a duré 14 ans. C’est peut-être long, mais ce temps a permis à chacun de se faire une idée de la complexité du problème. La solution choisie n’est pas miraculeuse; mais le débat a permis à tous de comprendre que des solutions miraculeuses, ben y en a pas; et les gens n’ont pas le sentiment de se faire avoir.

    Après, qu’il faille s’occuper des plus faibles, et que Cahuzac c’est pas bien, tout le monde est d’accord là-dessus. Mais ce n’est pas en conférant toujours davantage d’autorité symbolique à des gens qui n’ont, en définitive, pas tellement de pouvoir concret, que vous allez résoudre le problème. Au contraire.

  • Jeff a écrit :

    Il est par exemple impossible pour un président de la République, fut-il « socialiste », de ne pas être « libéral »

    Dépenses publiques à 57 % du PIB, deux fois plus de fonctionnaires par mille habitants que les autres pays développés, un code de travail ubuesque, si c’est cela un pays « libéral »…

    Enlevons les cas pathologiques (Cuba, Corée du Nord, Venezuela) ou les pays du tiers monde. Quels sont selon vous les pays moins libéraux que la France et sur la base de quel critère ?

    J’inverserais bien votre proposition. En France, un Président, fut-il « libéral », ne peut être qu’étatiste. 🙂

  • herve_02 a écrit :

    un autorité qui ne peut pas être remise en question (autorité)

    l’état décide SEUL de ce qui doit être enseigné (éducation)

    L’état décide seul des règles que l’on applique (punition)

    L’état décide seul l’argent qui restera une fois les ponctions prises. (argent de poche)

    Ca ressemble à s’y méprendre (si on enlève filiation et amour) à l’autorité parentale.

    C’est amusant, quand il y a quelques mois j’ai expliqué que le but des étatistes était que l’Etat remplace les parents, je me suis fait traiter de parano ou de complotiste. Je vois que l’idée fait son chemin. Et qu’elle est même accueillie favorablement.

    @herve_02, ce qui devrait vous frapper, c’est que si on ôte la filiation et l’amour, l’autorité parentale devient très difficile à distinguer de la tyrannie.

    Logopathe a écrit :

    Mais votre autorité parentale repose sur une illusion: celle que l’Etat a tout pouvoir.

    Non, le pouvoir de l’Etat n’est pas une illusion. Il a le pouvoir de nous prendre de force plus de la moitié du fruit de notre travail. Et de nous jeter en prison et/ou nous saisir nos biens si nous résistons.

    Il y a bien une illusion, mais c’est celle de la bienveillance de l’Etat.

    Jeff a écrit :

    Personnellement, je pense (naïvement mais absolument) que les citoyens doivent continuer à exiger des politiques qu’ils défendent avant tout l’intérêt général et qu’ils soient de plus en plus soumis sur ce critère à la régulation démocratique.

    Ce n’est pas de la naïveté, c’est du déni. Les citoyens exigent des politiques qu’ils défendent leurs intérêts catégoriels en maquillant cela en intérêt général. Ce que Gwynfrid a bien illustré plus haut.

    Jeff a écrit :

    Vous souhaitez que l’Etat ait moins de pouvoir et parallèlement, on constate que vous êtes largement exaucés d’une certaine manière puisque les présidents de la République française ont, de fait, de moins en moins de marges de manoeuvres

    Les présidents de la république ont effectivement peu de pouvoir sur l’Etat (par exemple ils sont incapables de l’empêcher de grossir), mais ça ne veut pas dire que l’Etat a moins de pouvoir, malheureusement.

    L’Etat est devenu un monstre surpuissant sur lequel les politiques se satisfont d’avoir un pouvoir marginal.

  • Lib a écrit :

    Les citoyens exigent des politiques qu’ils défendent leurs intérêts catégoriels en maquillant cela en intérêt général. Ce que Gwynfrid a bien illustré plus haut.

    Mes exemples cherchaient plutôt à illustrer l’incohérence des exigences des Français, plutôt que l’opposition entre divers groupes d’intérêt. Ce sont les mêmes qui protestent contre l’impôt et contre les fermetures de classes dans leur village, les mêmes qui veulent être protégés à la fois contre la pollution de l’air et contre la variabilité des cours du pétrole, etc.

    Lib a écrit :

    Non, le pouvoir de l’Etat n’est pas une illusion. Il a le pouvoir de nous prendre de force plus de la moitié du fruit de notre travail. Et de nous jeter en prison et/ou nous saisir nos biens si nous résistons.

    Il a toujours ce pouvoir-là, mais sur la plupart des autres plans, l’État est devenu beaucoup moins puissant qu’il a pu l’être, mettons, il y a 40 ou 50 ans. Il y a 30 ans, les entreprises devaient demander l’autorisation de l’administration pour licencier. Aujourd’hui, le ministre Montebourg en est réduit à négocier avec un arrogant PDG américain, dans une telle position de faiblesse qu’il est obligé de digérer les insultes publiques de ce grossier personnage. Il y a 40 ans, l’État était capable de lancer un programme de cinquante centrales nucléaires sans demander les commentaires de la population. Aujourd’hui, il est obligé de louvoyer avec quelques centaines d’activistes afin de peut-être un jour construire un aéroport de second rang en pleine campagne. Il y a 30 ans, l’administration contrôlait les changes. Aujourd’hui, non seulement l’exil fiscal est possible, mais des célébrités s’en vantent dans les journaux. Il y a 50 ans, le ministre de l’information décidait que ce que l’on pouvait regarder à la télé. Aujourd’hui, les citoyens peuvent mettre en ligne ce qui leur plaît sur YouTube, et la presse subventionnée est en plein déclin. Juste quelques exemples, mais on peut en trouver des tas d’autres.

    Lib a écrit :

    Les présidents de la république ont effectivement peu de pouvoir sur l’Etat (par exemple ils sont incapables de l’empêcher de grossir), mais ça ne veut pas dire que l’Etat a moins de pouvoir, malheureusement.

    Cette distinction entre État et politiques est juste, mais elle ne signifie pas que l’État est puissant. Les effectifs des agents publics et le ratio dépenses publiques / PIB ne sont pas des inidcateurs de puissance. Ce sont des indicateurs de poids. Ce n’est pas la même chose. On peut même penser que plus l’État est gros, moins il est puissant. C’est de plus en plus évident dans le cas de l’Éducation Nationale, par exemple.

    Je suis donc d’accord avec Logopathe: la surpuissance étatique est une illusion (dans le cas de Haglund, on peut peut-être plutôt parler de nostalgie, mais c’est un peu la même chose).

  • Christine a écrit :

    Il reste pourtant une sincérité, à la gauche de la gauche, mais désabusée…

    Cela se discute. On peut aussi dire que la gauche de la gauche est, comme la droite de la droite, sciemment démagogue, parce que cela permet de faire une carrière confortable de parti minoritaire sans jamais à avoir à confronter ses idées au réel.

  • Mon Dieu, Le Monde est victime du #StoryTellingdelUMP.

    Son dernier édito est assassin, et le dernier paragraphe inquiétant :

    A la fin de l’été, lors du séminaire de rentrée du gouvernement, François Hollande imaginait trois scénarios pour la France. « Le déclin », amorcé depuis dix ans ; il se poursuit, faute de politiques suffisamment vigoureuses, courageuses et clairement expliquées. Un pays « cabotant au jour le jour, de crise en crise, en essayant d’éviter les écueils » ; nous y sommes. « Un projet d’avenir », assez ambitieux pour permettre aux Français de sortir d’une résignation rageuse qui donne le beau rôle au Front national. On l’attend toujours.

  • Et cet épisode de l’écotaxe est encore une illustration du néant dans lequel s’enfonce ce pouvoir.

    Jean-Marc Ayrault annonce qu’il suspend l’écotaxe pour éviter l’engrenage de la violence. Bon, la réalité, c’est bien que c’est parce que le pouvoir peut difficilement se payer une fronde en Bretagne, censée lui fournir des élus. Mais que comprend-on ? Que le pouvoir donne une prime à la violence (un beau message à ceux qui se sont mobilisés de façon non-violente), qu’il est versatile, qu’il a plié. Et, de toutes façons, parce que l’Etat est mal dirigé, mal gouverné, il n’avait plus que des mauvaises solutions. Tenir, et c’était l’affrontement, aussi parce qu’on sait le gouvernement versatile et sujet aux reculs. Lâcher, et il se montre versatile et sujet aux reculs.

    Nous allons dans le mur.

  • @ Koz

    C’est entendu, c’est plutôt une mauvaise séquence pour Hollande (c’est un euphémisme) et on assiste à l’habituel effet d’entraînement dans l’hystérie. Le story telling initial de l’UMP (« Hollande, cet indécis, ce lâche, cet incapable », épisode 2 de « Ségolène, cette cruche, cette incompétente, cette folle ») renaît avec une nouvelle vigueur les médias. Il faut bien écrire un papier qui retienne l’attention chaque semaine. Cette semaine, pas d’autre choix que de taper sur Hollande. L’opinion suit, le « Hollande-bashing » est super à la mode.
    Il est possible que cette séquence se prolonge cahin-caha jusqu’à la claque annoncée des élections municipales, puis européennes, avec un remaniement à la clé. Surtout si la courbe du chômage tarde à s’inverser.
    Mais une autre séquence s’ouvrira alors et si la conjoncture s’améliore et que les mesures prises portent leurs fruits, une bonne partie des commentateurs et de l’opinion n’aura aucun mal à retourner sa veste.

    @ Lib et Aristote

    Sur le pouvoir des politiques et le poids de l’Etat, je suis d’accord avec Gwynfrid. Ce que je voulais dire, c’est qu’un président « socialiste » aujourd’hui en Europe n’a d’autre choix que d’accepter la marche du monde et de l’Europe « libérale ». Le mot « socialiste » n’a plus tout à fait le même sens qu’au début du XXe siècle et même qu’en 1981. Et ce même si, je vous l’accorde, la France est avec les pays d’Europe du Nord l’un des pays développés qui a le plus fort taux de prélèvements publics. C’est aussi l’un des pays, quoi qu’on en dise, les mieux dotés en services publics. Services publics qui profitent à tout le monde y compris aux entreprises et aux investisseurs. C’est d’ailleurs à ça que sert l’impôt qu’ils payent. Ce qui n’empêche pas que la recherche de l’optimisation de ces services publics et de cet investissement commun s’affirme plus que jamais comme un objectif prioritaire (et là nous serons d’accord, sans avoir pour autant à diaboliser l’Etat et le public).

  • Je rends au moins hommage à votre constance et votre fidélité, Jeff. Continuer de penser et d’affirmer contre toute évidence que cette formation exsangue, divisée, impuissante et inaudible qu’est l’UMP aujourd’hui ait pu dicter la perception généralisée des medias français et internationaux, incapables d’analyses personnelles alors que de surcroît bon nombre sont marqués à gauche – jusqu’au Monde – eh bien, ça forcerait presque l’admiration. Presque.

  • Bonjour Koz,

    « … marqués à gauche – jusqu’au Monde -… »

    Le Monde marqué à gauche ? Je veux bien.
    Est-ce alors vraiment « la Gauche », ou tout au moins celle dont Jeff semble s’inspirer ?

  • @ Koz:

    A la fois, je crois que vous avez raison sur tout, Koz (particulièrement sur l’état de l’UMP, dont on a tendance à oublier, effectivement, qu’elle n’a jamais été aussi bas) et sur la bérézina qu’affronte le gouvernement actuel. Sauf que le mur…ça fait des années que nous y allons; et quand nous l’atteindrons , ce ne sera pas pour des raisons de bonne ou de mauvaise gouvernance, mais pour des raisons profondes qui dépassent les camps politiques, et nous tous.
    Mais comme c’est la seconde fois que vous y revenez (à la Manif Pour Tous, je veux dire), deux petits points, quand même. Pour la violence…celle ci ne se mesure pas forcément aux pneux brûlés et aux vitres cassées. Ce genre d’actes (toujours fâcheux) s’effacent et s’oublient vite. Alors qu’une amie qui vient d’épouser sa compagne récemment n’a pas convié sa fratrie à la cérémonie. Elle a dit simplement « Je ne sais pas si nous nous reverrons. il y a des mots qui ne s’oublient pas ». Certaines traces sont indélébiles; un exemple entre cent…pour cette femme, pour moi , pour bien des Français, la Manif pour Tous était un des mouvements les plus violents que nous ayons connus, sans qu’il y ait à déplorer un géranium arraché.
    Et pour la résistance du gouvernement à ce mouvement…l’explication est tout aussi simple : ce mouvement n’avait pas l’assentiment des Français. C’est un certain François Fillon (politique avisé, et probablement le prochain candidat de la droite) qui a expliqué, en demi-off, sa réticence : « ceux qui sont contre le mariage gay à l’UMP et les cathos voteront toujours pour nous. Alors que, dans l’électorat homosexuel et chez les jeunes, cela va faire des ravages. » Il y avait DES jeunes dans LMPT. LES jeunes sont à 75% pour la loi Taubira. Même à droite, on ne peut s’offrir le luxe de les bouder. Le mouvement contre l’écotaxe (bien compliquée à comprendre) avait, lui, une chambre d’écho potentielle énorme dans le pays.

    A part ça, je crois que c’est vous qui avez raison et pas Jeff. Il sera très difficile pour Hollande de remonter cette pente. Mais pour l’instant, la droite n’est pas en état de faire autre chose que perdre. D’où des craintes justifiées pour la montée du FN.

  • Ca, je ne l’accepte pas, et ne l’accepterai pas davantage aujourd’hui qu’hier ou demain. C’est du foutage de gueule rhétorique. Parce qu’il n’y a pas eu de violence physique, parce qu’il n’y a pas le moindre arrachage de géranium à déplorer, parce qu’au final, les affrontements de ces derniers jours mettent parfaitement en lumière le fait que la Manif Pour Tous a respecté les voies démocratiques) alors on nous a trouvé une autre violence, pour nous dénier le simple droit d’exprimer nos convictions légitimes. Le filon est tellement bon que chaque opposant le ressort à loisir. Mais, chère Haglund, si vous voulez aller par là, la violence, elle était dans le projet de François Hollande, elle était dans l’ignorance du bien des enfants, elle était dans le mépris opposé par le pouvoir. Cette prétendue violence, le pouvoir pouvait l’éviter, il ne l’a pas voulu parce que, petit bras et incapable comme il est, il lui fallait une victoire dans la rue. Celle-là, en effet, il pouvait se l’offrir, alors il a délibérément laissé la situation se crisper. Il a choisi un sujet de fracture, il a choisi de porter atteinte à des valeurs fondamentales, il a choisi de le faire avec brutalité, il a choisi aussi la répression policière, choisi d’arrêter des gens paisibles par bus entier, comme on l’a rarement vu dans un passé récent. Alors, si violence il y a, elle est là. Arrêtez donc avec vos fables de mouvement violent, ou trouvez un autre site où les exposer.

  • « Impopulaire comme aucun président de la République ne l’a été sous le Ve République, François Hollande est sanctionné aujourd’hui pour trois insuffisances majeures. (…) La première est l’inexpérience du couple exécutif. (…) La deuxième est l’impréparation (…)
    La troisième est l’incohérence.

    La Croix

    LeStoryTelling[Initial]Del’UMP

  • Alors, pour qui voter en 2017 ? De mon point de vus l’UMP est le moins pire, mais pour l’UMP les valeurs de défense de la vie en lesquelles je crois sont juste un moyen de récolter des voix à peu de frais, et l’UMP n’aura jamais le courage de valoriser l’initiative individuelle, la valeur du travail,etc … bref les rudiments d’une économie qui fonctionne. et avec 90% d’administration en moins.

  • @ Haglund:

    Votre argumentaire reconnaît comme seul fondement de la légitimité morale la majorité des opinions. Êtes-vous vraiment sûre de vouloir appliquer ce critère à tous les domaines ?

    Sinon d’accore avec Koz : Hollande est dur avec les pacifiques et mou avec les violents.

  • Gwynfrid a écrit :

    Ce sont les mêmes qui protestent contre l’impôt et contre les fermetures de classes dans leur village,

    Oui, les gens sont pour les impôts pour les autres et pas pour eux, pour les services pour eux et pas pour les autres. Le pire, c’est que l’écrasante majorité sont les dindons de la farce. Chacun croit bien s’en sortir avec sa niche fiscale, sa faveur, son passe-droit mais ne voit pas que l’inextricable maquis des impôts et des subventions fait peser un poids écrasant sur la société et bénéficie surtout à ceux qui sont proches du pouvoir.

    Gwynfrid a écrit :

    Il y a 30 ans, les entreprises devaient demander l’autorisation de l’administration pour licencier.

    Et dix ans avant, avant la loi du 13 juillet 1973, le licenciement était totalement libre. Et il n’y avait pas de chômage, c’est sans doute un hasard.

    Gwynfrid a écrit :

    Aujourd’hui, le ministre Montebourg en est réduit à négocier avec un arrogant PDG américain, dans une telle position de faiblesse qu’il est obligé de digérer les insultes publiques de ce grossier personnage.

    Aujourd’hui, le ministre est un grossier personnage arrogant qui passe sa vie à s’occuper de cas particuliers pour se faire mousser, se retrouve dans une position intenable par son incompétence et utilise l’Etat plutôt que le servir.

    Gwynfrid a écrit :

    Il y a 40 ans, l’État était capable de lancer un programme de cinquante centrales nucléaires sans demander les commentaires de la population.

    Surtout, il pouvait se les payer.

    Gwynfrid a écrit :

    Aujourd’hui, il est obligé de louvoyer avec quelques centaines d’activistes afin de peut-être un jour construire un aéroport de second rang en pleine campagne.

    Mais il crache à la gueule de millions de manifestants pacifiques. Ce que tu illustres n’est pas la faiblesse de l’Etat, mais le manque de courage chronique de nos dirigeants qui donnent systématiquement primeur à la violence.

    Gwynfrid a écrit :

    Il y a 30 ans, l’administration contrôlait les changes.

    Non, elle dévaluait régulièrement pour masquer son incurie. Avant, De Gaulle ne dévaluait pas.

    Gwynfrid a écrit :

    Aujourd’hui, non seulement l’exil fiscal est possible, mais des célébrités s’en vantent dans les journaux.

    L’exil fiscal a toujours été possible. Mais il est vrai qu’il y a 40 ans, rares étaient les gens qui fuyaient la France.

    Gwynfrid a écrit :

    Il y a 50 ans, le ministre de l’information décidait que ce que l’on pouvait regarder à la télé.

    Qui était beaucoup moi développée qu’aujourd’hui. Les gens lisaient les journaux qui n’étaient pas subventionnés comme aujourd’hui et jouissaient alors d’une vraie indépendance.

    Gwynfrid a écrit :

    Aujourd’hui, les citoyens peuvent mettre en ligne ce qui leur plaît sur YouTube, et la presse subventionnée est en plein déclin.

    Évidemment qu’elle est en déclin, elle ne sert plus à rien depuis qu’elle est devenue l’organe officiel de l’étatisme de droite ou de gauche. Mais en parallèle, les restrictions à la liberté d’expression se sont développées : lois mémorielles, diverses loi restreignant les discours de « haine ». Certains sujets sont devenus des champs de mines juridiques.

    Gwynfrid a écrit :

    Juste quelques exemples, mais on peut en trouver des tas d’autres.

    Il y a 50 ans, l’enseignement était libre. Il y a 50 ans, l’Etat n’avait pas contraint 5 millions de citoyens à vivre de sa charité. Il y a 50 ans, les entrepreneurs ne vivaient pas dans la hantise du contrôle fiscal/social/inspection du travail/médecine du travail/DGCCRF/Douanes/whatever qui peut les tuer d’un coup d’arbitraire administratif. Il y a 50 ans, l’Etat ne faisait pas de lois rétroactives. Il y a 50 ans, l’Etat n’empêchait pas les gens de quitter le pays. Il y a 50 ans, l’Etat ne forçait pas les entreprises et leurs salariés à donner 30 milliards par an à une formation professionnelle gérée par des syndicats véreux. Il y a 50 ans, l’Etat ne surveillait pas les conversations de la population. Il y a 1 an, l’Etat ne surtaxait pas les mutuelles qui remboursent trop bien. Il y a 1 an, l’Etat n’empêchait pas les entreprises de choisir leur complémentaire santé. Il y a 1 an, l’Etat ne forçait pas les locataires honnêtes à payer le loyer des locataires malhonnêtes…

    Gwynfrid a écrit :

    Ce sont des indicateurs de poids. Ce n’est pas la même chose. On peut même penser que plus l’État est gros, moins il est puissant. C’est de plus en plus évident dans le cas de l’Éducation Nationale, par exemple.

    Tu continues à commettre l’erreur de croire que l’objectif de l’Etat est le bien-être des citoyens. L’objectif de l’Etat est la préservation et la croissance de l’Etat. Et il y arrive très bien. L’EN est un bon exemple effectivement. Nos enfants (enfin ceux des autres, moi je mets les miens en privé hors contrat et toi tu as déjà quitté notre paradis depuis longtemps) ne savent plus lire ou compter, mais font la morale à leurs parents sur le tri sélectif. La réforme Peillon est une illustration éclatante, les cours sont totalement désorganisés et les profs démoralisés, mais les gamins ont leur atelier sur les stéréotypes de genre.

    L’Etat ne se voit plus comme notre serviteur mais comme notre maître.

    Gwynfrid a écrit :

    la surpuissance étatique est une illusion

    C’est sa bienveillance qui est une illusion. L’Etat est très puissant et très craintif. Il est impitoyable avec les faibles et obséquieux avec les forts (ex le CEO de Titan). Va faire un tour un après-midi dans n’importe quel tribunal de commerce pour les audiences de redressement judiciaire. 80% des boîtes sont assignées par l’URSSAF. L’URSSAF préfère tuer les boîtes et mettre tous les salariés au chômage plutôt que leur faire crédit sur les charges.

    L’Etat est puissant. Et impitoyable.

    Jeff a écrit :

    Ce que je voulais dire, c’est qu’un président « socialiste » aujourd’hui en Europe n’a d’autre choix que d’accepter la marche du monde et de l’Europe « libérale ».

    S’il croit au socialisme, rien n’empêche un exécutif de mette en place le socialisme en France (à part les droits de l’homme et la constitution, mais j’ai bien compris que ce sont devenus d’encombrants détails). Rien n’empêche Hollande de tourner le dos aux engagements européens de la France. Personne ne nous fera la guerre pour ça.

    S’il ne le fait pas, c’est parce qu’il n’y croit pas. Comme disait Lady Thatcher, « le socialisme est très bien jusqu’à ce que vous tombiez à court d’argent des autres ». Hollande en est très conscient. L’Etat ne vit que par la cavalerie financière.

    A l’autre bout du spectre, vous avez les libéraux du Free State Project qui veulent créer un état libéral au New Hampshire. Ils ne cherchent pas d’excuse, ils le font.

  • @Haglund: pas d’accord pour assimiler, ou même comparer, violence symbolique et violence physique. La civilisation se doit de bannir la violence physique. La violence symbolique, c’est trop subjectif pour qu’on la mesure. La démocratie, c’est accepter de vivre dans un monde où des gens pensent des choses qui nous heurtent au plus profond de notre être.

  • @ Koz:
    Koz, vous allez faire le tour de tous les médias, comme ça? vous ne convaincrez pas Jeff: il n’y a pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Et pour les autres, vous enfoncez des portes ouvertes! mais vous avez raison, Jeff forcerait presque l’admiration. en tout cas, c’est un drôle de spécimen! (bon en attendant, ça m’amuse bien, votre dialogue, à tous les deux!!!)

    Et merci pour votre réponse à Haglund. Elle dit svt des choses intéressantes, mais là, son raisonnement est… plus que faux, ça fleure bon la mauvaise foi, et moi, j’aurais du mal à répondre calmement (je déteste par-dessus tout la mauvaise foi).

  • @ Haglund: J’ai moi-même fait part ici de mes fortes réserves vis-à-vis du mouvement LMPT, notamment en ce qu’il a donné aux homosexuels le sentiment qu’il les rejetait, et qu’il y a eu très peu de gestes pour dissiper ce sentiment (et aucun geste efficace en tout cas). Cependant, votre accusation est malhonnête: vous blâmez des centaines des milliers de personnes pour la douloureuse rupture de votre amie avec sa famille. La responsabilité de cette situation terrible incombe à la famille et à elle seule.

    Votre tentative de décrire l’opposition face au mariage de même sexe comme une forme de violence revient à utiliser la honte pour empêcher les opinions autres que la vôtre de s’exprimer. Ce n’est pas recevable en démocratie. Mes opinions peuvent choquer les sentiments de ceux qui ne sont pas d’accord; les vôtres aussi. Ces sentiments froissés ne sont jamais une excuse valable pour nous interdire de nous exprimer. Accuser les anti-mariage de violence est aussi ridicule et insignifiant que parler de « dictature socialiste » comme d’aucuns l’ont fait dans le camp d’en face.

    Aristote a écrit :

    Hollande est dur avec les pacifiques et mou avec les violents.

    Non. Il est dur avec ceux qui ne peuvent pas menacer sa réélection, et mou avec ceux qui le peuvent. Comme Sarkozy. Comme Chirac. Comme Mitterrand. Comme tous les politiciens de la planète, en fait.

  • C.C. a écrit :

    @ Koz: Koz, vous allez faire le tour de tous les médias, comme ça? vous ne convaincrez pas Jeff: il n’y a pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.

    Proverbe alternatif : « Quand le sage montre la Lune, l’imbécile regarde le doigt ».

    Le « tour des médias », c’est un peu la bergerie, le royaume du comportement moutonnier, l’exagération instantanée et générale du « sens du vent ». Pour émerger, chaque éditorialiste est condamné, chaque jour, chaque semaine, à surréagir à chaque événement, à chaque séquence, à chaque petite phrase… Et comme la popularité de Hollande est au plus bas, on n’a pas à réfléchir longtemps pour trouver sur qui taper.

    L’histoire de Léonarda, très mal gérée (et surtout sur-gérée) par Hollande, prend ainsi dans l’esprit des médias et de l’opinion des allures d’affaire d’Etat… Mais qui sera pourtant complètement oubliée la semaine suivante. Entretemps, on aura pu raviver sur ce nouveau « couac » le fameux story telling initial de l’UMP sur « Hollande, l’indécis, le lâche, l’incapable ».

    Bien sûr, comme le souligne Koz, l’UMP seule n’a pas le pouvoir d’organiser cette résurgence. Bien entendu, comme le rappelle Gwynfrid, pour que « ça prenne », il faut qu’il y ait un angle d’attaque, dans la manière d’analyser (à charge) la personnalité de Hollande et les événements censés confirmer cette vision de sa personnalité. Mais ces analyses peuvent rester entièrement dans les apparences, à la surface des choses, et ignorer complètement l’essentiel.

    Car sur le fond, sur le moyen – long terme, sur la politique menée aujourd’hui en matière d’immigration, sur les alternatives proposées par les oppositions, où sont les analyses ? Personnellement, je constate que la politique de Hollande en matière d’immigration reste la même, annoncée dès la campagne présidentielle, incarnée par Valls, et qu’elle n’a pas varié depuis. Elle est claire, cohérente, équilibrée et sans véritable alternative crédible. Et cette ligne n’a pas bougé d’un iota, même si elle ne convient pas au surmoi idéaliste de « la gauche de la gauche », y compris aux écologistes, alliés des socialistes au gouvernement.

    Alors où est la faiblesse ? Où est l’indécision ? Où est le manque d’autorité ? Où est l’incohérence ? Seulement dans une certaine manière de regarder certaines apparences, mais sûrement pas sur le fond. Et on pourrait faire cette démonstration sur beaucoup d’autres sujets… Donc, au final, qui sont « les aveugles qui ne veulent pas voir » ?

  • Gwynfrid a écrit :

    J’ai moi-même fait part ici de mes fortes réserves vis-à-vis du mouvement LMPT, notamment en ce qu’il a donné aux homosexuels le sentiment qu’il les rejetait, et qu’il y a eu très peu de gestes pour dissiper ce sentiment

    J’ai l’impression que la manif pour tous est devenu le point Godwin de ce blog. Je propose un challenge pour le prochain billet: partir du problème du déficit budgétaire et arriver à la manif pour tous. Je donne moins de 20 commentaires pour y arriver.

  • @ Lib:
    Je peux entendre, et même partiellement rejoindre (en faisant abstraction de l’emphase et de l’excès dans l’expression), une partie des nombreux jugements que tu émets dans ce commentaire. Cependant, ta crédibilité serait meilleure si tu évitais les erreurs factuelles, sur plusieurs points facilement vérifiables.

    Mais nous avons déjà eu plusieurs fois ce débat sur la nature de l’État, en aboutissant toujours au même résultat. Je ne crois pas qu’il y ait rien de neuf à ajouter.

  • Jeff a écrit :

    L’histoire de Léonarda, très mal gérée (et surtout sur-gérée) par Hollande, prend ainsi dans l’esprit des médias et de l’opinion des allures d’affaire d’Etat… Mais qui sera pourtant complètement oubliée la semaine suivante.

    Faux. Ça, à gauche, ça ne sera pas oublié. Les lycéens n’oublieront pas. Et moi non plus, aux municipales.

    Et j’ai toujours été un assez bon échantillon représentatif de l’électorat de gauche.

  • Gwynfrid a écrit :

    Non. Il est dur avec ceux qui ne peuvent pas menacer sa réélection, et mou avec ceux qui le peuvent. Comme Sarkozy. Comme Chirac. Comme Mitterrand. Comme tous les politiciens de la planète, en fait.

    Ca donne envie de leur donner plein de pouvoir à ces gens-là. Vraiment plein.

    Ah, au fait, je suis tombé sur cette chronique. Il y a 50 ans parlait-on de fiscalité comportementale?

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