Au secours les mythes !

La campagne passe et les illusions s’effacent. Parmi elles, celle d’une campagne socialiste joyeuse. Souvenez-vous, il était même question de mettre des petits noeuds dans les cheveux des enfants. On a eu les virages à gauche des meetings des 6 et 11 février derniers et puis, nous avons cette insistance lourde sur le clivage gauche/droite, le retour aux fondamentaux, célébrés par Arlette. Les patrons, les riches, le conglomérat médiatico-financier…

S’il n’y avait que ça. C’est déjà – mais je me répète – la marque d’une gauche archaïque. Mais elle en ajoute un peu dans la création d’une atmosphère nauséabonde, violente, stigmatisante. Eh oui, « stigmatisante ». L’un de leurs grands mots.

Pourtant, croyez-moi, lorsque je lis que la droite actuelle – dont il semble que je fasse partie – est l’héritière de ceux qui ont jugé Blum à Riom, j’y vois une stigmatisation bien déplacée. J’y vois même, eh oui, un comportement anti-républicain, montant les français les uns contre les autres, pour de bas intérêts électoralistes. Tout ceci est monté en dépit de la vérité mais nombre de militants socialistes – ou sympathisants – seront authentiquement persuadés, parce qu’on leur aura martelé, d’un retour aux années noires si Sarkozy l’emporte[1].

La dernière réplique en ce sens, celle qui me fait réagir ? C’est Arnaud Montebourg, de retour du pilori, qui, après Lang, déclare que les socialistes seraient confrontés à un :

« mur médiatique qui ressemble un peu, dans l’Histoire, au mur de l’argent dans les années 20 »

Allez, les années 20, ce ne sont pas les années 30, ce n’est pas encore la montée des facismes, mais c’est l’entre-deux-guerres. Qu’ils prennent garde d’ailleurs : le dérapage n’est pas loin. Car la dénonciation du « mur de l’argent », dans ces années-là, cohabitait plutôt bien avec celle du banquier juif…

Bref, il y a là vraiment un parfum détestable, une stratégie déplorable. Et je ne suis pas prêt à recevoir des leçons de « républicanisme » dans de telles conditions.

  1. et je ne suis pas certain de ne pas en trouver déjà ci-dessous, en commentaires []

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16 commentaires

  • Puisque, désormais, tu postes plusieurs fois les mêmes infos, tu me permets, pour ne pas me faitguer, de poster deux fois mes réponses.

    « Je trouve tout de même profondément ridicule cette tentative de faire croire que les medias seraient aux ordres de la droite. Libération, Le Monde, Marianne, Le Nouvel Observateur, le Canard Enchaîné… auraient ainsi trompé leur monde depuis tant d’années. Quant aux chaînes, soyons sérieux : sauf pour les gens de la gauche de la gauche, le service public n’est jamais véritablement apparu comme un repaire de droitistes. Ne parlons pas de TF1, je ne regarde pratiquement pas ses journaux.

    Alors quoi ? Est-il si difficile de comprendre que, même lorsque l’on penche – ou que l’on est de gauche – il y a des insuffisances objectives dans la candidature de Ségolène Royal ? « 

    Nicolas Sarkozy a su traiter convenablement les journalistes. C’est mieux que de les accuser de trahison lorsqu’ils en viennent à relever vos lacunes.

    Au demeurant, le sujet n’est pas tellement le traitement médiatique que la manière clivante et stigmatisante dont il est abordé.

  • C’est curieux: quand Ségolène était la coqueluche des médias, quand il n’y en avait que pour elle, quand ils ont permis sa nomination, ses partisans n’y voyaient pas le mur de l’argent. Il s’est dressé en combien de jours? Vous me donnerez l’adresse du maçon, il a l’air d’être performant…

    Un tel cynisme, c’est vraiment considérer les électeurs comme des imbéciles…

  • Pareil…

    [De Koz : Non, ça suffit. Tu as raison, je ne réagis pas nécessairement à ton égard comme à celui des autres, et je ne devrais pas. L’effet malheureux de la campagne. En revanche, je n’accepte pas des autres qu’ils copient plusieurs fois le même commentaire, comme tu l’as fait à plusieurs reprises ces derniers temps. Tu l’as posté il y a seulement quelques minutes sous un autre billet. Ceux qui veulent le lire le liront là-bas. D’autant que, comme j’ai pris la peine de le rappeler plus haut, le sujet n’est pas là]

  • [quote comment= »4948″]Comme d’habitude, Montebourg exagère… Mais les faits sont là : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-823448,36-869028@51-853571,0.html%5B/quote%5D
    C’est très bien, Jeff, de la part du Monde, de faire ce genre d’article, qui révèle au grand public comment se passent les relations entre journalistes et hommes politiques. C’est très bien. A ceci près que c’est la première fois que je lis cela dans le Monde, alors les journalistes anglo-saxons le font depuis toujours.

    Vous noterez aussi un tout petit détail: l’article porte sur les relations entre Sarkozy et les journalistes chargés de le suivre (et en particulier l’auteur de l’article lui-même). J’attends le même type d’article sur Ségolène Royal. J’attends…

    Il ne vous aura pas échappé que cet article apporte plutôt de l’eau au moulin de la gauche, en expliquant comment Sarkozy tente de se concilier les journalistes.

    S’il démontre quelque chose en matière de biais des médias, c’est donc exactement le contraire de ce que vous lui faites dire. On pourrait parfaitement soutenir qu’un tel article, dont je n’ai pas souvenir qu’il ait de précédent, prouve que le Monde incline subrepticement vers la gauche.

    Je pense quant à moi qu’il faudrait arrêter de tout mettre sur le dos des médias. A lire certains commentateurs de blog, nous vivons dans une dictature communiste, et le Conducator Sarkozy appelle tous les matins les directeurs de rédaction pour leur dicter les titres du lendemain.

    Je rappelle à tout hasard ce délicieux sondage de Marianne qui avait montré, il y a quelques années, qu’une minuscule minorité de tous les journalistes français votaient à droite (quelque chose comme 10 à 20%, de mémoire). Y compris au Figaro, où le vote de droite était très minoritaire…

    Il me semble avoir lu que lors d’une précédente élection, un vote blanc au sein de la rédaction de Monde avait donné une résultat énorme, tout à fait disproportionné, en faveur de l’extrême-gauche.

    Lors des émeutes de banlieue de 2005, le patron d’une grande chaîne de télévision (je ne me souviens plus laquelle, c’est sur mon disque dur, mais j’ai la flemme de chercher) avait déclaré, lors d’un colloque professionnel à l’étranger, avoir volontairement censuré les incendies de voitures, pour, selon ses propres mots, ne pas faire monter le vote Le Pen.

    Pas pour éviter de susciter la contagion de la violence: pour ne pas faire monter Le Pen aux élections présidentielles à venir.

    Un patron de chaîne de télé, non élu par les Français, à la tête d’une chaîne qui affiche, officiellement, une parfaite neutralité politique, avoue négligeamment à l’étranger qu’il cache des faits à ses auditeurs pour défavoriser un candidat à l’élection présidentielle.

    Cette déclaration n’a jamais été révélée aux Français, à ma connaissance. Je l’ai apprise, pour ma part, par la presse anglaise. Qui a été scandalisée par ces déclarations. Le plus extraordinaire est que ce monsieur n’a pas vu où était le problème. Sinon, il n’aurait jamais avoué une chose pareille…

    Alors, les gauchos devraient se calmer un peu, avec les médias « aux mains des puissances d’argent ».

  • C’est entendu, la majorité des journalistes de base sont de gauche, comme les artisans-commerçants, les patrons de PME ou les professions libérales sont de droite.

    Mais l’immense majorité des actionnaires, des dirigeants et des cadres supérieurs des grands médias sont de droite. Certains sont même des proches de NS. Et qui dicte sa loi selon vous, le journaliste de base ou l’actionnaire, les dirigeants et les cadres supérieurs ?

  • « L’effet malheureux de la campagne »… qui va jusqu’à une petite censure. Bigre ! Je répondais simplement à l’argumentation que vous avez également reproduite sous ce billet (et non effacée, celle-ci) … J’étais donc nécessairement dans le sujet. Mais vous êtes le maître des lieux et vous avez dit : « ça suffit ! ».

  • [quote comment= »4962″]C’est entendu, la majorité des journalistes de base sont de gauche, comme les artisans-commerçants, les patrons de PME ou les professions libérales sont de droite.

    Mais l’immense majorité des actionnaires, des dirigeants et des cadres supérieurs des grands médias sont de droite. Certains sont même des proches de NS. Et qui dicte sa loi selon vous, le journaliste de base ou l’actionnaire, les dirigeants et les cadres supérieurs ?[/quote]

    Le dirigeant de chaîne de télévision dont je parlais était suffisamment « de gauche » pour biaiser délibérément sa couverture en vue de nuire à Le Pen. C’est un fait: c’est lui-même qui l’a dit!

    Quant à « dicter sa loi », c’est un schéma simpliste pour marxistes en robe de chambre.

    Quand 80% (ordre de grandeur) des membres d’une profession jalouse de son indépendance votent à gauche, quand cette profession bénéficie, dans le droit du travail, de protections extraordinaires contre le licenciement et contre l’atteinte à sa liberté de conscience, quand un journaliste menacé de sanction politique peut orchestrer lui-même sa défense en agitant les médias, il ne suffit pas à Sarkozy d’ « avoir des amis » parmi les patrons de presse pour décider du contenu des journaux.

    Même le directeur de rédaction le plus puissant ne décide pas seul, autoritairement, du contenu de son journal.

    La maniuplation politique du « Kärcher » et de la « racaille » a quand même été propagée par toute la presse comme un seul homme, et continue de l’être, à l’exception d’un seul journaliste — de gauche, mais honnête, Daniel Schneidermann.

    Et puis, il suffit de lire la presse française pour constater son tropisme crypto-marxiste, pro-syndical, pro-étatiste, son centre de gravité déporté vers l’extrême-gauche — qui ne fait, d’ailleurs, que refléter l’opinion française avec une certaine exagération.

    Mais cette opinion est sans doute en train de changer, justement, et les médias sont en retard sur ce changement. Le vote populaire est en train de revenir à droite.

    Cela rend la gauche (et l’extrême-gauche) hystérique, car on commence à voir ce qu’elle est vraiment: le parti des fonctionnaires et de la classe bavarde parisienne.

    D’où ses attaques ridicules sur Sarko-facho, la dictature qui menace, les médias bientôt baîllonnés, etc.

    Dans la presse étrangère, Sarkozy est qualifié de « centre-droit ».

  • Ne prenons qu’un exemple…il est vrai que France Inter, de Guy Carlier à Vals, en passant par Mermet, Pochon…est un infame repaire de pro-sarko !!! même Jean-Luc Mélanchon, dans son blog, reconnait – pour dire qu’il a peur que ce soit en train de changer.. avec des termes très sympas pour les journalistes ! – que les médias étaient tous acquis à la cause de la gauche… mais que de petites voix osent commencer à douter et voilà que s’annonce l’apocalypse ! Citoyenne plutôt le coeur au centre droit, cela fait des années que la mai-mise de la gauche sur les médias publics m’énerve, alors ces outrances !
    Je viens de décroher de TF1 et de Madame « je »…même sa voix est insupportable !

  • Un article de Marianne qui illustre mon propos précédent (journalistes de gauche vs patrons des médias de droite) : quand le compagnon de Claire Chazal évoque les pressions que subissent les journalistes de TF1 de la part de leur direction : http://www.marianne2007.info/Torreton-denonce-l-intimidation-violente-de-l-UMP-a-l-egard-des-journalistes-de-TF1_a777.html

    En espérant que cet exemple sera jugé dans le sujet du post (même s’il est en contradiction avec la majorité des autres commentaires)… nicekoz

  • Quelle représentativité que ce Torreton, gauchiste engagé ! Avec un peu de recherches je suis certain que l’on pourrait trouver une déclaration d’Arlette L., employée de banque, politiquement neutre, qui dénoncerait les inadmissibles atteintes à l’intégrité des journalistes. Soyez sérieux à gauche et arrêtez de brandir cet épouvantail largement usé.

    Que ne vous a-t-on entendu il y a quelques mois dénoncer le soutien éhonté de l’ensemble des médias à la candidature de Mme Royal, alors coqueluche des rédactions car phénomène de mode. Ce phénomène se dégonfle et voilà que les rédactions seraient devenues de sordides repères de barbouzes à la solde d’Adolf Sarko ? Si ce n’était si grave d’agiter ainsi un chiffon rouge teinté d’autoritarisme et d’antisémitisme rampant nous pourrions presque rire de telles manipulations tellement elles sont grotesques.

    Vous feriez mieux de vous concentrer sur la reconstruction de ce qui va rester de la Gauche après la débacle de Royal et reconquérir l’électorat qui fuit cette Gauche apathique, régressiste et dont la voix est portée par une icône enrouée. Au lieu de cela vous êtes alignés derrière des positions qui feraient passer Le Pen pour un gentil démocrate. En 1981 une partie de la Droite annonçait quasiment les chars russes dans Paris, on voit que les méthodes de la Gauche n’ont pas évolué depuis…

  • tout le monde se souvient que la diabolisation des mots racailles et karcher ont été le fait d’une presse totalement inféodée au mur de l’argent et de Sarko, c’est tellement évident d’ailleurs.

  • A mon avis, ce qui cause le désarroi du PS, c’est que la sphère publique qui était encore récemment fortement à gauche est en train de se recentrer. Auparavant, un journaliste était de gauche ou n’avait pas d’opinion, un artiste était de gauche ou ne s’intéressait pas à la politique, un fonctionnaire était de gauche ou se taisait, un intellectuel était de gauche ou cultivait une prudente neutralité.

    C’est en train de changer. Nombreux sont ceux qui ont fait leur coming-out. « Je suis de droite, je soutiens Sarko ou Bayrou, et je ne suis pas un salaud ». Le résultat ne s’est pas fait attendre : attaques personnelles, procès en ringardisation, ostracisme… Je me souviens avoir vu Faudel tomber dans une embuscade lors de l’émission de Ruquier parce qu’il avait eu le malheur de dire qu’il soutenait Sarkozy. C’était poignant. Roger Hanin était il y a peu un papy bougon au grand coeur ; depuis qu’il a annoncé son soutien à Sarkozy il est devenu un gros beauf macho.

    Mais ça ne fait rien, les gens s’enhardissent et les coming-out se multiplient. Les digues craquent de partout. Maintenant, ce sont des intellectuels, des chercheurs, des journalistes qui se libèrent.

    Depuis au moins 30 ans, la gauche s’est arrogée l’autorité morale. « Le monopole du cœur » et le « passage de l’ombre à la lumière » ça date de 81. La générosité, l’intelligence, le progrès, le bien c’est à gauche. Rappelez vous la pétition des Inrocks contre la guerre à l’intelligence prétendument menée par Raffarin. Aujourd’hui nous avons la dégoulinante pétition d’Ater-éco : « pourquoi nous consentons à l’impôt ». Il faut lire ces pétitions à tête reposée pour mesurer à quel point les rédacteurs et les signataires ont « le melon ». C’est renversant. Si quelqu’un de droite pondait un truc aussi prétentieux et boursouflé, on l’ignorerait avec un sourire gêné.

    La gauche française a donc bénéficié depuis des décennies d’un terreau extraordinairement favorable, ce qui l’a conduite à la complaisance. Cet âge d’or est en train de s’achever. Le premier avertissement, en avril 2002, a été ignoré. Plutôt que de se remettre en question et de construire (à l’instar des gauches européennes) un socle idéologique cohérent et moderne, le PS a choisi la facilité du coup de barre à gauche.

    Aujourd’hui, à 2 mois de l’élection, il est trop tard. Face à l’effilochage de son contrôle sur la sphère publique, le PS n’a d’autre choix que d’essayer de le reconstituer dans une surenchère de diabolisation. Son discours se radicalise donc de plus en plus à mesure que son score décroche.

  • Mitterrand a réussi le coup de maître de pousser Le Pen sur le devant de la scène et ainsi diaboliser toute idée de droite. Aujourd’hui on peut afficher ses idées de droite sans être taxé de nazillon

  • c’est plus facile de taper sur les journalistes et contre un adversaire invisible et omnipotent, riche et influent (ça sent bon mais c’est la gauche) que de se poser les vrais questions, que se remettre en cause.
    La couverture médiatique est négative. Pourquoi? Parce que les journalistes sont mauvais ou ont un parti pris? Ou parce que la candidate est mauvaise?
    enfin bon, j’suis un idiot de droite, je n’y comprends pas grand chose.

  • Certains éléphants comme Jack Lang ou François Hollande ne manquent pas d’humour!

    Etant de centre-droit et le 6 mai sarko-compatible, je suis bien content de notre nouveau président qui formera un gouvernement original aux sensibilités différentes.

    Ayant voté Bayrou au premier tour, ce dernier me déçoit un peu même avant que je vote pour lui quand il a commencé à parler du manque du pluralisme dans les médias, avec certains accents poujadistes et populistes qu’il fustigeait les « élites » en se prenant pour quelqu’un du peuple alors qu’il est tout de même député et cotoie sans doute lui aussi quelques grandes fortunes mais moins connus que celles de Sarko. Bref, si j’ai voté Bayrou, c’était parce-que j’avais certains gros désaccords avec Sarko comme sans doute le tiers des députés UDF qui ont voté pour lui au second tour.

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