Réveils pour ceux qui ne se lèveront plus

reveilsIl y a les petits matins blêmes et ceux, pourtant heureux, où l’on blêmit toutefois. Ce matin en est un, au réveil. Et je m’accroche à cet espoir, qui s’échappe parfois, qu’en y prenant ma part d’autres réveils sont possibles encore. Il faut s’y tenir ferme à cet espoir restant. Ce matin, je découvre les tweets de Jacqueline Herremans. Jacqueline Herremans : avocate au barreau de Bruxelles, présidente de l’ADMD (Association – dite – pour le Droit de Mourir dans la Dignité) Belge, et membre de la Commission fédérale de contrôle et d’évaluation de l’euthanasie. Non contente de pousser toujours plus loin sa logique mortifère en Belgique, Jacqueline Herremans intervient également dans les affaires françaises, que ce soit dans le cas de Vincent Lambert (ici) ou pour témoigner au procès Bonnemaison ().

Réagissant à l’affaire qui vient d’éclater, dans laquelle son alter-ego flamand – président de RWS, l’ADMD en Flandre – est poursuivi pour avoir euthanasié une femme de 85 ans qui n’était ni malade ni en fin de vie, qui… « en avait marre », elle propose en somme de légaliser la pratique.

Au-delà d’un âge limite, qu’elle suggère de fixer à 80 ans, « celles et ceux qui arrivés au bout du chemin d’une vie accomplie souhaitent y mettre fin le plus sereinement possible » pourront se voir proposer des barbituriques. Plus qu’une euthanasie, ce serait un suicide assisté, le médecin restant à disposition en cas de problème (si le vieux ne meurt pas bien ?).

euthDifficile de cacher le dégoût profond que m’inspire une telle proposition, qui m’oppresse encore plusieurs heures après. Et avec lui, l’effroi et la crainte : en Belgique, où les partisans de l’euthanasie occupent presque sans partage le débat public, l’ADMD a somme toute obtenu tous les élargissements qu’elle a pu souhaiter, jusqu’à l’euthanasie des enfants. Demain, sans nul doute, la mort des vieux. Et puis cette certitude : si la Belgique est plus avancée sur le chemin de la dilution individualiste, l’assistance au suicide des vieux sera bientôt à l’agenda officiel de l’ADMD française. Il y est déjà, discrètement.

Quel plus évident aboutissement de la dissolution libertaire de nos communautés que celui-ci ?! Voilà donc notre dernière attention à nos vieux. Faute de nous en occuper, tout à nos destinées individuelles et à nos épanouissements personnels, nous leur donnerons les barbituriques. Une société peut se fixer pour objectif de garantir l’inclusion des personnes âgées dans la société, de leur redonner le goût de la vie s’ils venaient à le perdre, elle peut aussi mener ce « nouveau débat de société » : les aider à se suicider.

Pourquoi faut-il donc que les effets pervers de la loi soient toujours tant négligés lorsqu’il s’agit d’euthanasie ? Pour chaque projet, chaque débat législatif, il se trouve des contradicteurs pour les invoquer jusqu’à l’excès et l’immobilisme. Comment imaginer que lorsque la vie et la mort sont en jeu, nous fassions alors preuve d’un tel aveuglement ? Une Jacqueline Herremans, un Jean-Luc Romero, se réfèrent à une personne fictive. Elle est éclairée, libre, d’une liberté formelle et intérieure, elle est sereine, forte et déterminée. Étrangement d’ailleurs, avec tout cela, elle veut se suicider. La réalité sera au moins aussi souvent cette petite vieille isolée, qu’inquiète d’ailleurs la perspective d’une hospitalisation prochaine entre les mains d’un de ces Bonnemaison qu’ils soutiennent. Isolée, abandonnée, elle n’a plus le moral : on lui propose de se suicider. Ainsi retrouvera-t-elle peut-être un peu d’attention de leurs enfants, un peu de présence et, pourquoi pas, dans leurs regards, un peu de considération pour mamie qui refuse d’être un fardeau et prend sa fin en main.

Qui me prétendra que ce tableau est illusoire ?!

Et demain, cet entretien avec un psy qu’elle évoque, il sera abandonné. Parce qu’il en est ainsi ici, il se trouvera des militants pour proclamer que cet entretien est « infantilisant », qu’il impose un délai inutile alors que la personne est en demande. Et demain, le plafond qu’elle s’est incroyablement crue autorisée à fixer – 80 ans, c’est le bout du chemin – sera abaissé. En attendant que ces précautions soient rendues superflues par la satisfaction de cette revendication qu’ils n’assument pas encore : le suicide assisté pour tous à tout âge. Mais commençons par les vieux.

Il faut se lever pour ceux qui ne se réveilleront pas. Ces gens ont oublié que la loi est là pour protéger le faible, pas pour consacrer les plus forts dans leurs trajectoires individuelles, leurs destinées isolées et nos vies séparées. Tout est lié, vous dit-on. Et la logique à l’oeuvre ici est la même que celle qui dissout nos sociétés, les stérilise, les dévitalise, et les rend perméables à toutes les agressions. C’est celle de l’exaltation des droits individuels, d’un vivre ensemble qui n’est qu’un vivre à côté, un vivre isolés, libre de ne pas emmerder les autres, libre de finir seul, sans amour ni fraternité. Celle d’une société qui desserre les coudes, creuse ses failles, des béances, dans lesquelles s’insinuent les menaces, s’engouffrent ceux qui jouent collectif. Il faut se lever pour ceux qui ne se réveilleront pas. Il faut se lever pour nous. Nous. Défendre sans complexe, contre les droits individuels opposés à tous, le destin collectif, la fraternité, le bien commun. Ou un jour nous ne nous réveillerons plus. 

Et by the way, je donne rendez-vous aux Brussselois (et leurs voisins) pour deux confs le 16 novembre prochain. L’une à 13h30 à l’Institut d’Etudes Théologiques. L’autre à 20h, par là. (tant que j’y suis, les Tourangeaux, ce sera par ici)

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44 commentaires

  • On peut vivre seul dans un igloo, une station polaire, ou un capsule spatiale si sa vie a un SENS.
    On peut vivre sans bras, sans yeux, sourd et grabataire si l’on se sent AIMÉ et que son existence est UTILE.

    La seule réponse valable à une demande de mort est une réponse d’amour ; c’est dire « si tu penses que ta vie n’a pas de SENS, tu te trompes. Si tu pense que tu n’est pas AIMÉ tu préjuges de mon amour pour toi. » Accepter une mort volontaire d’un autre c’est toujours dire « Je préfères que tu sois mort que vif. » « Je n’ai pas le courage ou le temps de rester avec toi » ; c’est ne pas dire « il est important pour moi que tu vive ». Ta famille, tes amis ont besoin de toi.
    Et d’un point de vue utilitariste « ta vie, même (surtout) diminuée donne du travail à beaucoup à gens, non seulement les soignants et les accompagnants, restaurateurs, coiffeurs, blanchisseurs, mais aussi à tous les services citoyens, aux compagnies énergétiques, au fisc, etc. Ta présence a des répercussions quasi infinies.

  • Dans l’excellent livre de Jared Diamond à propos des sociétés traditionnelles, il parle du « sort » réservé aux vieux. Et comme dans tous les autres chapitres ce qu’il décrit tient du grand écart, et nos sociétés sont au milieu des possibilités. Mais plus le temps passe et plus nous tendons vers un extrême, une extrémité justifiée pour certains peuples de chasseurs/cueilleurs qui ne peuvent soutenir le vieux dans sa fin de vie… mais notre société ne devrait pas pouvoir accepter ce sort : nous ne sommes pas des cueilleurs pour lesquels les vieux diminués ne sont plus d’aucune utilité, nous ne sommes pas des chasseurs contraints de se déplacer pour suivre le gibier et que les grabataires ne peuvent pas suivre, nous ne sommes pas des païens qui pensons que l’esprit des anciens sera récupéré par le Grand Tout quand il aura expiré seul dans la forêt : nous sommes un peuple riche, la nourriture ne manque pas, et nous sommes chrétiens (si si, loin, dans le fond, un peu caché il y a l’âme chrétienne de l’Europe et de la France!)

    Toute cette volonté de mort autour des petits, des faibles, des diminués est inacceptable pour nous !

  • Merci pour ce billet !
    Ça ne change rien au fond du sujet, mais il me semble qu’en Belgique l’euthanasie des mineurs a été légalisée et pas l’euthanasie des personnes démentes (car il faut bien reconnaître que l’argument de la liberté éclairée du patient fonctionnait mal dans ce cas).

  • Je crois que j’ai déjà soulevé la question ici, mais je ne sais plus, bref…
    Les propose de l’ADM »D », la « date limite », tout cela est lamentable.

    Mais à côté de cela, je rencontre certaines personnes qui partagent votre vision de la fin de vie, le refus du rejet des vieux et globalement la déconsidération de la vieillesse, mais souhaitent, le moment venu, décider de leur mort et être aidées si elles n’en ont pas la capacité physique.

    Nul sentiment d’indignité ou de perte de sens ou d’inutilité, en ce point elles ne se sentent aucune affinité avec l’ADMD, aucune critique chez elles de ceux qui choisiraient d’attendre leur mort naturelle quelles que soient les circonstances, Simplement, une réflexion sur le sens de leur vie et ses limites, et un choix, souvent partagé avec l’entourage, dont elles constatent qu’en l’état actuel de la législation il ne sera pas accessible.

    Que dire à ces personnes? Elles sont d’accord avec moi sur tout (notamment sur le fait qu’en l’absence de consignes écrites, on n’abrège pas la vie de quelqu’un qui ne peut s’exprimer, et que la société n’a pas à décider de ce qu’est un état de vie digne ou autre limite d’âge), elles rappellent seulement qu’en tant qu’adultes libres, elles souhaitent décider de mourir comme elles ont fait d’autres choix importants dans leur vie… Cela peut sembler égoïste, très individualiste, exprimer un sentiment de toute-puissance humaine. Mais c’est parfois aussi l’expression d’une prise de recul, de lâcher prise, d’acceptation de nos limites… Même si je ne partage pas ce choix, il me semble tout de même mériter d’être écouté et pris en compte.

  • @ Lili:
    Lili, quelle est donc cette lassitude de vivre dont vous nous parlez ? Jusqu’au bout, y compris par l’acceptation d’une mort naturelle non choisie, n’avons nous pas quelque chose à donner à nos enfants, à notre famille, à nos amis et si nous n’en avons plus, à la société ?
    N’est-il pas possible de partager cela avec une personne en recherche de mort ?
    Lâcher prise, oui. Notre société occidentale crève de tout vouloir contrôler dans une gigantesque manipulation. Toute mort comporte une phase d’acceptation et de « lâcher prise ». Mais n’est-ce pas une ultime façon de ne pas lâcher prise que de vouloir contrôler sa mort ?? Et rentrer dans cette démarche, n’est-ce pas encore renforcer le côté totalitaire et manipulateur de nos sociétés ?
    Shimon

  • @ Laurent C.:
    J’ai modifié en conséquence. Ca ne change effectivement pas grand-chose au fond du sujet, et je suis persuadé que cela fait partie de leurs demandes (d’ailleurs la question a été soumise aux Belges par sondage, ce n’est pas un hasard), mais si c’est inexact…

    @ Lili : je l’écoute et le prends en compte. Mais, d’une part, d’un point de vue spirituel, je ne peux pas le tenir pour légitime. Et, surtout, puisque j’ai bien conscience que ces convictions personnelles ne peuvent avoir cours en eux-mêmes dans le débat public (à tout le moins s’ils doivent être traduits en textes législatifs), je pense que toute règle comporte un risque. L’interdiction du suicide assisté contraint probablement certains, souhaitant mourir, à continuer de vivre. Sa légalisation conduirait probablement certains, qui pourraient vivre encore, à mourir. Même si, bien sûr, on encourt le grief de substituer son appréciation à celle de la personne, on ne peut pas ignorer que la volonté exprimée ne correspond pas toujours à la volonté profonde. Il est tout de même assez banal de dire que la demande de suicide est une demande d’assistance (il en est de même pour les demandes d’euthanasie, qui disparaissent dans la quasi-totalité des cas lorsque la souffrance est correctement prise en charge – et la personne dans sa globalité).

    Dès lors, je pense que ces personnes dont vous parlez doivent pouvoir comprendre que leur abstention, leur renoncement à une telle demande (y compris législative) est peut-être leur dernier acte de solidarité, de fraternité, de protection des plus faibles.

    @ Nelson : en effet, il n’y a aucune nécessité, aucune justification culturelle sauf de mauvaises.

    @ Shimon Levi : oui, nous sommes dans une société qui veut tout maîtriser, maîtriser les risques, maîtriser la vie. Cette maîtrise est évidemment illusoire. Tout comme est très généralement illusoire la prétention à la liberté authentique.

  • Je lis depuis ce matin les commentaires qui font suite aux articles publiés dans différents journaux et magazines à propos de la tentative de suicide du docteur Bonnemaison.
    Et la tendance est plus qu’inquiétante. Certains vont même jusqu’à accuser la famille qui a porté plainte d’être responsable de cette tentative de suicide…

  • Concernant les personnes démentes la loi en Belgique ne permet pas l’euthanasie sauf si la personne a manifesté dans les formes requises sa volonté avant qu’elle ne perde sa capacité de discernement. Pour celui qui est un matérialiste convaincu c’est une volonté qu’on peut comprendre de sa part même si on ne partage pas son point de vue.
    Concernant les enfants en Belgique , aucune euthanasie n’a été pratiquée à ce jour.
    Le but de la loi est vraiment dans ce cas si on se trouvait dans le cas d’un enfant atteint d’un cancer généralisé qui est à sa récidive ultime et proche et où l’enfant ne pourrait pas être soulagé par les sédatifs moderne et subirait donc des souffrances permanentes. En ce cas l’euthanasie reste un mal mais ne pas soulager la personne (qui est de toute façon condamné à très brève échéance) est aussi un mal.

  • Bonjour Koz,

    ce qui m’intéresse dans ce débat, c’est moins le ‘totem politique’ de l’euthanasie que le sort des personnes âgées dans la société. Notre société a choisi de s’organiser, notamment pour le logement, autour du couple et de la famille « nucléaire » (monsieur/madame et les enfants mineurs), ce choix transcende d’ailleurs selon moi les distinctions gauche / droite ou chrétiens / anticléricaux habituelles. Ce choix n’est pas directement lié aux divorces / remariages / concubinages / mariages gays, puisque dans tous ces parcours complexes, on tente de reconstituer à chaque étape une famille nucléaire normale. Dans les autres grandes cultures que je connais, notamment le très confucéen est asiatique, on suit le même parcours vers l’organisation autour de cette famille nucléaire.

    Il y a plusieurs raisons à cela. D’abord, la complexité de nos économies rend probable que les enfants trouvent du travail loin du domicile des parents (d’après un sondage informel de mes connaissances, 60% des diplômés de l’enseignement supérieur de province changent de région, Paris est naturellement une exception, mais qui concerne seulement 20% de la population).

    Mais surtout, il semble que la volonté de madame de ne pas avoir la belle mère dans les pattes est un des besoins majeurs que l’on satisfait dès qu’on en a les moyens lors du cycle de développement économique (au même titre que les toilettes, le lave-linge, la vaccination…). Ce choix est sans appel malgré les nombreux aspects pratiques à la cohabitation à trois générations (baby sitter gratuit…), et le surmenage permanent des parents de jeunes enfants.

    A mon avis, cette réaction est en partie liée au manque total de savoir vivre de la majorité des personnes âgées que je connaisse (ce ne sont pas les jeunes ados qui coupent les files dans les boutiques, mais presque toujours des « grand-mère » ), sans doute un effet de la frustration liée à l’autorité parentale perdue à la majorité des enfants et encore plus au mariage, de la prétendue sagesse due à l’expérience, et de la frustration de vieillir.

    Bref, je ne vois pas vraiment de retour à la cohabitation entre les trois générations, qui serait la réponse naturelle au problème de solitude des personnes âgées, au moins tant que nous n’aurons pas inventé un nouveau savoir-vivre autour de cette cohabitation.

    Reste cependant à voir si les nouveaux moyens de communication permettront une intégration à distance et à dose contrôlée des grands-parents dans la vie familiale. J’ai déjà autour de moi, des signes encourageants.

  • Quelle est donc cette société où l’on veut nous inculquer que mourir vaut mieux que vivre ? De nos jours, il vaut mieux mourir que naître, il vaut mieux mourir qu’être malade, il vaut mieux mourir que vieillir.
    L’homme tourne le dos à des siècles de son évolution et décrète que le progrès ne serait plus de préserver et d’améliorer la vie mais de mourir ou de faire mourir.
    Comment a-t-on pu en arriver là ?
    J’aimerai dire à tous les bien-pensants de notre monde que toute vie est belle, de son commencement jusqu’à sa fin. Et que le progrès véritable est d’aimer son prochain, qu’il soit enfant à naître, malade, handicapé, vieux, afin de lui permettre de vivre pleinement.
    La société se trompe de débat : au lieu de s’interroger sur le « comment autoriser l’euthanasie et le suicide assisté », la vraie question à se poser est « pourquoi certains « vieux » souhaitent mourir ? ». Il est certain que la réponse risquant d’être difficile à entendre, il est tellement plus simple de les faire mourir.
    Culture de mort quand tu nous tiens.

  • @Koz : ce qui est intéressant pour l’euthanasie des « déments » en Belgique, c’est que la question a été abordée au parlement en même temps que l’euthanasie des mineurs, poussée par l’ADMD and co. Face à eux, un petit lobby catho et assimilé complètement minoritaire. Et au final, on trouve une majorité de « modérés » fiers de n’être ni des intégristes chrétiens ni des adeptes à tout crin de l’euthanasie qui tiennent une position « équilibrée » et votent consensuellement « juste » l’euthanasie des mineurs, par humanité.
    Et le but de l’ADMD c’est de viser assez loin pour que son agenda avance petit à petit…
    (Comparable à la stratégie : je soutiens le PACS, mais jamais l’adoption ; puis je soutiens le mariage pour tous et l’adoption mais jamais la PMA pour tous ; et puis la PMA pour tous mais pas la GPA… Et puis…)

  • @ Free:
    @ free
    Merci pour la question, et merci pour la très belle réponse. Dans quelle société sommes-nous ? Dans une société hyper-individualiste et matérialiste, et donc finalement hédoniste.
    Ne serait-ce pas le refus de Dieu qui transforme notre corps en une chose que l’on peut utiliser, et qui sape les fondements de la relation à l’autre ? Ne serait-ce pas le refus de Dieu qui serait à la base d’une quête prométhéenne d’une puissance, illusoire comme vous le dites Kooz ? Et Dieu ne serait-il pas rejeté parce que vécu comme asservissant et non comme Libérateur ?

    Mais il ne suffit pas de le constater et de le dire. Il faut agir. Nous devons d’abord reconstruire notre relation à Dieu. Nous devons ensuite vivre autrement, renoncer (au moins un peu à notre confort matérialiste et privilégier, toujours et partout, l’être en relation, et de préférence la relation gratuite. Sortir des circuits financiers et sortir du consumérisme, favoriser tous les bénévolats.

  • Chrétiens,
    pour ressusciter le Christ est mort. Il n’a certes pas demandé à mourir, mais a accepté de mourir dans la dignité, c’est à dire en acceptant les souffrances et les angoisses de la mort (toujours présentes) au-delà de ce que beaucoup auront à accepter.
    Pour pouvoir, en pleine conscience remettre son esprit au Père, Il a refusé le vin aigre mêlé de fiel qui aurait pu adoucir sa fin en diminuant sa conscience. Il n’a pas souffert pour souffrir, mais pour que sa rencontre avec le Père soit plus profonde et réelle.
    Car le problème pour chacun de nous est là : voulons nous mourir abrutis ou lucides ? Où est la dignité ? Où est la lâcheté ?

  • Au journal télévisé ce soir, promotion du film « La dernière leçon », dont le thème est… le droit de mourir dans la dignité, le droit de « mourir debout » comme le précise l’actrice Marthe Villalonga.
    Le rouleau compresseur est en marche; Que peut-on faire de concret contre ça ?

  • @ Cardabelle:
    @ Cardabelle
    Bien sûr nous former et nous informer de la réalité des processus. Bien sûr comprendre l’idéologie qui engendre de telles attitudes, pour pouvoir aider ceux qui en sont prisonnier à s’en libérer. Mais avant tout approfondir notre foi qui est la seule religion d’amour et prier.
    Mais tout cela n’aura de sens que si nous vivons à chaque instant cet amour et si nous le traduisons dans des actes concrets, par exemple en étant bénévole régulier dans des services de soins palliatifs, ou en participant à des organisations de soins palliatifs à domicile..
    Salomon

  • Nelson a écrit :

    nous ne sommes pas des païens qui pensons que l’esprit des
    anciens sera récupéré par le Grand Tout quand il aura expiré seul dans
    la forêt (…) nous sommes chrétiens

    Ne méprisons pas ces croyances primitives : il y a tout de même quelques
    similitudes. Pour un chrétien, le défunt rejoint le Père, est réuni avec
    ses proches précédemment disparus, et est promis à félicité et béatitude
    après la mort.

    Le refus de l’euthanasie par les chrétiens relève bien de l’obéissance à
    un interdit, et non de l’exercice de la charité.

  • Paradoxalement, nous sommes à une époque où la mort brutale est considérée comme plus injuste que jamais, et pas seulement pour des personnes jeunes. Il suffit de voir l’effervescence médiatique, les réactions politiques, autour de l’accident de Puisseguin (qui concernait essentiellement des personnes âgées). De l’autre côté, on voudrait banaliser la mort, en faire un choix de la vie comme un autre, un peu comme on choisit de prendre des billets pour partir en voyage.
    D’un côté, la mort devient quelque chose d’inacceptable, de l’autre on voudrait que ce soit parfaitement banal. Où est la logique ?

  • Sur la tentative de suicide de Bonnemaison, cela me semble surtout être le symptôme d’une personnalité fragile… Est-il vraiment prudent de laisser des décisions de vie et de mort aux pulsions « passionnelles » de tels individus ?

  • @ Aristote:

    Tout individu risquant d’être l’objet de pulsions « passionnelles », la prudence impose de ne laisser des décisions de vie et de mort à aucun individu.

  • Je me demandais ce qui vous rendait si bougon sur les réseaux sociaux ces derniers jours… Je crois que j’ai compris. A chaque fois que je pense que nos huiles ne peuvent faire pire, il y en a toujours un pour être plus « créatif » que les autres. Même si là il s’agit de nos voisins et que rien n’est encore voté, c’est à notre porte et c’est extrêmement effrayant… Je suis ébahis…

    Ca vient aussi appuyer l’idée que j’ai pour nos anciens : moi et ma femme avons 28 ans. Et si nous pensons à l’avenir (€) de nos enfants (le premier est en route !), nous pensons aussi à celui de nos parents. Comme cela se faisait autrefois, il faudra trouver le moyen d’accueillir nos parents (nous, on l’imagine par une dépendance à côté de la maison) afin de leur assurer le confort et la sécurité qui leur est dû. Et quand je parle de sécurité, je parle aussi de celle d’éviter de tomber sur des toubibs à la piqure facile.

    Mais le problème, c’est que tout le monde n’aura pas les moyens de s’occuper de ses aïeux… Et encore une fois, cela divise un peu plus les gens, les classes. Il y aura les moins riches à qui l’euthanasie parlera, ou même qui séduira les anciens ne voulant pas être des « boulets » (alors qu’aucun ne devrait se considérer comme tel, peu importe ses pathologies liées à l’âge) pour leur famille. Puis il y aura les familles plus débrouillardes et plus aisées, qui parviendront à préserver leurs parents, parents qui pourront continuer à transmettre par la même occasion à leurs petits enfants. Ce qui participera aussi à grossir aussi l’écart dans l’éducation.

    Bref… :/

  • Merci pour ce billet. Je suis belge et vis en France depuis 10 ans…et j’ai mal à mon pays en découvrant cette information.
    La consensualité si chère aux Belges est le terreau d’un relativisme rampant, et il faut de l’Espérance pour ne pas le croire inéluctable…mais courage…les apôtres n’étaient que 12!
    @KOZ: foi de belge, vous gagneriez à écrire « Bruxellois » (encadré en fin de billet)…même si ça se prononce Brusselois (avec 3 « s » si vous voulez 😉 ). Encore merci. Et si vous avez le temps à Bruxelles, je vous recommande une bonne bière « chez Toone » à deux pas de la Grand-Place.

  • Cette dérive est terrible, peut-être particulièrement parce que toi et d’autres l’aviez annoncée. On a le sentiment du spectateur de film d’horreur qui voit, impuissant, les acteurs marcher, insouciants, vers la mort. Sauf que ce n’est pas un film.

    La tentative de suicide du Dr Bonnemaison, sans doute taraudé par sa conscience, est un signe de plus de ce qui nous attend : un monde crépusculaire où bourreaux et victimes indissociés marchent ensemble vers la mort.

    Là où je pense que tu fais erreur, et peut-être me pardonneras-tu cette fois-ci de développer ce sujet, c’est dans ton approche largement axée sur l’opposition individu/collectif.

    Non, l’opposition entre pro et anti-euthanasie n’épouse pas la frontière entre individualistes et collectivistes.

    D’abord, un grand nombre d’arguments des partisans de l’euthanasie sont d’essence collectiviste. A commencer par le tout premier, celui qui convainc le plus, celui qui en appelle à la pitié ou l’empathie, celui qui se propose d’épargner aux malades la souffrance. Mais il y en a aussi d’autres, notamment ceux fondés sur la notion de coût pour la collectivité. N’oublions pas que les régimes ayant le plus pratiqué l’euthanasie des déments étaient collectivistes. N’oublions pas que « Soleil vert » ne présente pas une utopie libertarienne mais une dystopie autoritaire.

    Oui, beaucoup de libéraux sont favorables à l’euthanasie et je le regrette. Mais je pense qu’ils se fourvoient car la philosophie libérale prévoit justement des limites à l a liberté individuelle. Si un homme pouvait demander à un autre de le tuer alors il pourrait demander à un autre de le réduire en esclavage (la mort est plus terrible et définitive que l’esclavage) et on rendrait l’esclavage compatible avec la liberté. Sacré paradoxe.

    C’est que la philosophie libérale, tout comme le christianisme dont elle s’inspire largement, pose comme principe fondamental la sacralité de la vie humaine. Les libéraux n’emploieront peut-être pas le mot « sacré » et insisteront sur les droits de l’individu mais c’est bien de ça qu’il s’agit. L’initiation d’aucune violence n’est légitime sur un être humain, et personne ne peut abandonner ses droits fondamentaux d’être humain. Si on veut parler en juriste, notre droit sur nous-mêmes comprend l’usus et le fructus, mais il y a de sévères restrictions sur l’abusus qui le rendrait sans objet. On ne peut pas empêcher légalement quelqu’un de se suicider, mais on interdit de l’y aider.

    A mon avis, insister sur l’aspect collectif ne fait qu’ajouter à la confusion sans être opérant. Dans ces circonstances de grande confusion intellectuelle, il vaut mieux revenir aux fondamentaux. On n’a pas le droit ni moral ni légal de tuer les gens. L’accord de celui qui doit mourir n’y change rien.

  • Lib a écrit :

    On n’a pas le droit ni moral ni légal de tuer les gens.

    Est-ce si simple ? La guerre est une pratique légale me semble-t-il. Et certains trouvent même certaines guerres morales.

    A ce sujet d’ailleurs, on ne compte plus dans les récits ou les films ces scènes dramatiques où un soldat mortellement blessé et souffrant le martyre, tripes à l’air sur le champ de bataille, implore ses camarades d’abréger ses souffrances. Ce qu’ils font, avec l’approbation générale et le sentiment du devoir accompli.

  • @ Aristote : c’est assez manifeste. C’est tout de même sidérant de voir qu’il y avait eu plusieurs signaux psychiatriques et qu’on l’a laissé au contact des malades avec des produits létaux. D’ailleurs, certains témoins au procès ont regretté de l’avoir laissé seul là où il était.

    Clecomte a écrit :

    (avec 3 « s » si vous voulez ).

    A mon avis, s’il y a trois « s », c’est un indissse.

    @ Lib : tu pêches par excès de bienveillance et de généralité envers le libéralisme. Parler du libéralisme ou des philosophes libéraux me paraît aussi ambitieux que de parler de l’islam ou du protestantisme. Duquel, desquels parle-t-on ? Il y en a de toutes sortes, et des chapelles bien diverses. Des chapelles avec lesquelles je serais en accord et d’autres en désaccord profond. Au demeurant, le libéralisme n’a pas l’apanage des droits individuels ou de l’individualisme, et le libéralisme n’est pas un sujet de ce billet. Personnellement, je me soucie assez peu de l’étiquette, davantage du propos. Si l’on parlait du fond, plutôt que de débattre une fois de plus, une fois encore, du sort d’une école de pensée, qui n’est pas franchement l’alpha et l’omega de ma réflexion ? Par moments, j’en viendrais presque à te proposer de faire l’exercice – un peu comme, dans les thérapies de couple, on dit de remplacer tous les « tu » par des « je » et ainsi commencer une phrase par « je » pour exprimer son ressenti plutôt que par un « tu » accusatoire – de supprimer de manière systématique les occurrences du mot « libéralisme ».

    En l’occurrence, ton interprétation sur les ressorts de l’euthanasie est très contestable : ce n’est pas pour le bien de collectivité et, a fortiori, certainement pas pour le « bien commun » que ses partisans vont invoquer la souffrance du malade ou le coût pour la collectivité. Bien au contraire, dans les deux cas, ils renvoient à notre ressenti individuel : le coût pour la collectivité, c’est avant tout un renvoi à mon propre porte-monnaie, quant à la souffrance des malades, c’est un renvoi à mon sort individuel pour le jour où je serai éventuellement dans leur situation.

    Quant à dire que « la philosophie libérale (…) pose comme principe fondamental la sacralité de la vie humaine », c’est totalement contradictoire avec ce que tu soulignes plus haut, à savoir que beaucoup de libéraux sont favorables à l’euthanasie. Libéraux ou libertaires, l’un et l’autre à la fois, ils sont en effet bien nombreux. Faut-il comprendre que la plupart des libéraux sont en opposition au libéralisme ? Que ce que l’on dénomme libéralisme n’est qu’un vague parapluie pour des doctrines diverses, variées, voire contradictoires, dont le seul point commun est une référence plus ou moins proche à la liberté ?

    Et encore une fois, on ne gagne rien à débattre d’étiquettes doctrinales, du collectivisme au libéralisme. Ce n’est pas cela qui m’intéresse.

    Sébastien Drouin a écrit :

    Je me demandais ce qui vous rendait si bougon sur les réseaux sociaux ces derniers jours…

    Je vous rassure, les réseaux sociaux produisent largement de quoi me rendre bougons à eux seuls.

    En ce qui concerne l’accueil des personnes âgées, de nos parents, j’ai vu plusieurs fois passer des programmes dans lesquels l’habitat est partagé et où, en particulier, les personnages âgées sont amenées à s’occuper des petits. Ca ne peut pas être une solution pour toutes – on a le droit d’être une personne âgée et de ne pas souhaiter s’occuper d’enfants – mais ce serait intéressant de travailler en ce sens, avec un regroupement des différentes populations qui puissent recréer une forme de village. C’est une piste, qui ne convient probablement pas à tous (rien ne convient jamais à tous, de toutes façons) mais ce serait intéressant d’aller en ce sens.

    Free a écrit :

    La société se trompe de débat : au lieu de s’interroger sur le « comment autoriser l’euthanasie et le suicide assisté », la vraie question à se poser est « pourquoi certains « vieux » souhaitent mourir ? ». Il est certain que la réponse risquant d’être difficile à entendre, il est tellement plus simple de les faire mourir. Culture de mort quand tu nous tiens.

    Oui. Une société digne de ce nom devrait à mon sens se poser cette question-là. Mais, à l’inverse elle se disculpe inconsciemment en se disant que l’euthanasie et le suicide assisté offriront une porte de sortie à ces personnes. Ainsi elle leur renvoie la responsabilité de la décision, de la fin de vie, ce qu’elle valorise au nom de la dignité et de la responsabilité individuelle, de la liberté personnelle, et d’une certaine manière elle les accuse. La belle mort, la mort respectable, c’est la mort que l’on décide. Marthe Villalonga, en promotion d’un film sur le suicide assisté, disait que c’était « mourir debout ». Ainsi les autres, qui se contentent de mourir normalement, voire n’ont pas très envie de mourir, sont ceux qui meurent couchés, sont en fin de compte les faibles, ceux qui ne savent pas se prendre en main, et qui reportent leur poids sur les autres.

  • Bonjour,

    Faut-il s’étonner? En Suisse, on accepte même de « suicider » des dépressifs ou des schizophrènes sans prendre en compte que dans les troubles de l’humeur le désir de mourir fait parti des symptômes… et que dans le cas de troubles graves de la personnalité, le discernement peut être réduit même en dehors des crises (comment peut on oser aider à se suicider médicalement des personnes qu’on ne laisse même pas gérer leurs biens eux-mêmes! Vous êtes trop fous pour disposer de vos sous, mais on vous laisse disposer de votre vie! Quelle honte!) ! Alors quand Koz nous dit que l’entretien psy obligatoire avant la dernière piqûre sera vite supprimé parce qu’infantilisant, je veux bien le croire… Il suffit de voir comment l’entretien psy avant un avortement a vite disparu des plannings familiaux, et comment aujourd’hui la rencontre pré avortement avec une assistante sociale (pour une information sur toutes les aides et possibilités face à une grossesse) a été supprimé lui aussi.

    Après tout, les personnes psychiquement perturbées coûtent plus qu’elles ne rapportent à la société, non? Comme nos petits vieux qui nous coûtent cher avec leurs retraites et les aides à la dépendance… N’oublions pas que la génération du babyboom va bientôt avoir besoin de place dans les maisons de retraite… Faut faire de la place, forcément! Ne faites donc pas croire qu’il n’y a que de « l’humanité » là dedans! C’est uniquement le résultat d’une conception utilitariste de la vie humaine. On préfère suicider les vieux plutôt que de les traiter correctement (faut voir leurs conditions de survie dans certaines maisons de retraites parfois! Dîner à 18H, au lit à 19h avec un Grododox 3000mg pour que la seule aide soignante présente ne soit pas débordée jusqu’au matin. Qui peut être heureux ainsi?).

    On ouvre la boîte de Pandore. Bientôt à ce rythme la sécu ne remboursera plus que l’euthanasie au-delà de 80 ans! D’ailleurs… aux USA… les assurances médicales réfléchissent avant de savoir si elles vont prendre ou pas en charge la prise en charge de certaines pathologie… en fonction de ce que vous payez… et de vos chances de survie… Et en Grande Bretagne on peut parfois devoir attendre deux ans avant de bénéficier d’une ablation d’une tumeur du côlon à l’hôpital public (autant dire que vous mourrez avant si vous ne pouvez pas aller en clinique). Même les dépressifs se voient parfois juste autorisés à consulter gratuitement à la bibliothèque municipale des livres de développement personnel pour les aider à aller mieux parce qu’on ne peux pas leur proposer de suivi psychothérapique. Certains projets laissés pour le moment dans les placards remettent en cause le remboursement des traitements de certains diabétiques qui n’auraient pas fait l’effort de rester mince pour ralentir le déclancement de la maladie… Pourquoi pas ne plus rembourser les traitement des cancers des fumeurs tant qu’on y est? Certains en ont parlé… L’idée n’a pas été reprise… Mais dans certains pays d’Europe on tend à culpabiliser de plus en plus le patient de certains de ses problèmes de santé, voire à refuser des soins non urgents à certaines catégorie de patients dont on estime que c’est un peu leur faute… Après tout… Mon brave monsieur… vous n’auriez pas besoin d’une prothèse de rotule si vous n’étiez pas obèse (oui, l’obèse est obèse par plaisir ou négligeance… jamais à cause des effets yoyo des régimes qu’on lui intime de suivre, jamais à cause de dispositions génétiques ou de questions de flore intestinales ou métaboliques)…

    Ne nous leurrons pas! L’euthanasie sous couvert d’humanisme ouvre la porte à l’institutionnalisation de l’arrêt des soins coûteux sans condition pour tous. Il n’y a en réalité pas besoin de médecin pour se suicider (plein de gens y arrivent sans aide – et ne pas y arriver seul pour une personne encore assez valide pour le faire ne signifie-t-il pas qu’on attend une autre réponse de l’autre qu’on interpelle? )! Mais faire du suicide un acte médical en lieux et place de la prise en charge paliative de la douleur ou du soin c’est faire entrer le loup dans la bergerie qui ne permettra plus aux gens de choisir de mourir de mort naturelle ou d’exiger du soin.

    Tiens au fait… l’entourage du Dr Bonnemaison qui exprimait ses ressentiments contre le « système » d’après la presse suite à sa tentative de suicide a pourtant laissé les soignants faire leur travail pour lui sauver la vie, non? Pourtant il est pour l’euthanasie et il avait souhaité lui-même mourir, non? Comme quoi… quand on va bien la mort des autres nous dérange toujours moins que la nôtre ou celle de nos proches (quand leur survie ne nous gêne pas)… Et il y a des personnes en détresse psychique qui méritent d’être sauvées alors que d’autres… pas.

    Cet exemple nous montre bien les failles morale de ce système. Si je me souviens bien c’est chez Kant qu’on est invité à s’interroger sur la viabilité d’une idée en vérifiant que l’universalisation de cette idée sera bonne pour tous et n’entraînera pas d’effets pervers?

    Y aurait-il des détresses humaines qui vaudraient le coup d’être soignées en empêchant les gens de se suicider (ou en essayant de les sauver une fois la TS commise) et d’autres qui justifieraient qu’on aide les gens à mourir? Nous sommes là dans une impasse logique et morale évidente. CQFD

  • Koz a écrit :

    En ce qui concerne l’accueil des personnes âgées, de nos parents, j’ai vu plusieurs fois passer des programmes dans lesquels l’habitat est partagé et où, en particulier, les personnages âgées sont amenées à s’occuper des petits. Ca ne peut pas être une solution pour toutes – on a le droit d’être une personne âgée et de ne pas souhaiter s’occuper d’enfants – mais ce serait intéressant de travailler en ce sens, avec un regroupement des différentes populations qui puissent recréer une forme de village. C’est une piste, qui ne convient probablement pas à tous (rien ne convient jamais à tous, de toutes façons) mais ce serait intéressant d’aller en ce sens.

    Personnellement j’envisage le béguinage. Voir lien suivant: http://www.vivre-en-beguinage.fr/

  • Koz a écrit :

    ce n’est pas pour le bien de collectivité et, a fortiori, certainement pas pour le « bien commun » que ses partisans vont invoquer la souffrance du malade ou le coût pour la collectivité.

    Bien d’accord avec toi, mais ça ne retire rien au fait qu’ils sont convaincus du contraire.

    Koz a écrit :

    Bien au contraire, dans les deux cas, ils renvoient à notre ressenti individuel : le coût pour la collectivité, c’est avant tout un renvoi à mon propre porte-monnaie, quant à la souffrance des malades, c’est un renvoi à mon sort individuel pour le jour où je serai éventuellement dans leur situation.

    Et les partisans de l’euthanasie peuvent te retourner l’argument : Ignorer le coût pour la collectivité est bien le comportement égoïste de celui qui sait que les autres paieront, quant à la vie des malades, c’est un renvoi à mon sort individuel pour le jour où je serai éventuellement dans leur situation.

    Il y a quelques très bons arguments qui peuvent toucher les partisans de l’euthanasie. Celui de Marie de Hennezel, que j’ai découvert ici : la demande de mort est presque toujours un appel au secours. Tu n’en parles même pas dans ce billet. Un autre que tu ne fais qu’effleurer : rien de plus définitif que la mort et pourtant on légifère dessus avec la plus grande légèreté. Appliquons au process d’euthanasie le même niveau de sécurité qu’aux centrales nucléaires et on n’en verra pas souvent.

    L’axe collectif/individuel auquel tu consacres la moitié de ton billet tombe à coté. Ce n’est pas d’abord pour le bien de la collectivité que nous sommes opposés à l’euthanasie, mais bien par amour pour notre prochain qui souffre, la collectivité bénéficiant évidemment des bonnes actions de ses membres.

    Beaucoup de chrétiens combattent le péché surtout chez les autres, et beaucoup de libéraux veulent la liberté surtout pour eux. C’est désolant, mais ça ne doit pas conduire à approuver le péché ou rejeter la liberté.

  • Cardabelle a écrit :

    Que peut-on faire de concret contre ça ?

    Déconstruire la machinerie, comme le fait parfaitement le billet, et par ce moyen défaire le « kulturkampf » – ou la propagande si vous voulez – qui va accompagner ces initiatives (comme le film dont il est question). Ensuite chacun prendra ses responsabilités

    Numéro N a écrit :

    Le refus de l’euthanasie par les chrétiens relève bien de l’obéissance à un interdit, et non de l’exercice de la charité.

    Oui cela relève de l’obéissance à interdit, en l’occurrence hautement civilisateur. Tuer qq’un ne relève évidemment pas de la charité, à moins de pratiquer la novlang, le Lieu Commun cher à Léon Bloy, ou simplement de prendre les autres pour des idiots : « Je suis parricide mais par charité, entendons-nous bien – charité bien opportune qui m’a permis de charitablement hériter de qqs millions. »
    Lili a écrit :

    [Des personnes ] souhaitent, le moment venu, décider de leur mort et être aidées si elles n’en ont pas la capacité physique.

    Le problème est justement l’implication d’un tiers dans une décision et un acte qui ne devraient qu’être absolument unilatéral de la part du sujet. Pb entre mille, si le médecin est tenu de répondre à la demande de ce patient, quid de ceux-là qui refuseront d’y accéder pour des motifs relevant de leur conscience ? En prévoyant un motif d’objection de conscience ? La bonne blague.

  • Koz a écrit :

    Et encore une fois, on ne gagne rien à débattre d’étiquettes doctrinales, du collectivisme au libéralisme. Ce n’est pas cela qui m’intéresse.

    Oui, d’accord. Mais moi qui suis comme Lib de sensibilité libérale, je suis comme lui agacé que trop souvent, lorsque l’on constate un comportement égoïste ou narcissique, on lui colle l’étiquette « libéral ». L’égoïsme et le narcissisme ne sont hélas l’apanage d’aucune chapelle.

  • Lib a écrit :

    Il y a quelques très bons arguments qui peuvent toucher les partisans de l’euthanasie. Celui de Marie de Hennezel, que j’ai découvert ici : la demande de mort est presque toujours un appel au secours. Tu n’en parles même pas dans ce billet. (…) L’axe collectif/individuel auquel tu consacres la moitié de ton billet tombe à coté.

    Je n’en parle pas parce que chacun de mes billets n’a pas vocation à constituer une synthèse de mes dix ans de blog. Il y a le livre pour cela.

    Quant à la distinction, elle ne tombe pas à plat. Tu refuses seulement de l’envisager parce que tu fais une allergie immédiate à l’évocation du collectif.

    Aristote a écrit :

    Mais moi qui suis comme Lib de sensibilité libérale, je suis comme lui agacé que trop souvent, lorsque l’on constate un comportement égoïste ou narcissique, on lui colle l’étiquette « libéral ».

    Mais qui, ici, à part Lib, a évoqué le libéralisme ? Personne. Il n’y a que lui qui, voyant évoqué individualisme et égoïsme, a considéré qu’il était nécessaire de prendre la défense du libéralisme.

    Les libéraux doivent prendre garde à la dérive de tous ceux qui ont un système idéologique de référence et n’analysent plus le réel que par le seul prisme de celui-ci.

    Je vais d’ailleurs mettre « libéralisme » et « libéral » en liste de modération. Cela forcera à parler du fond et pas des étiquettes. 🙂

  • Koz a écrit :

    Quant à la distinction, elle ne tombe pas à plat. Tu refuses seulement de l’envisager parce que tu fais une allergie immédiate à l’évocation du collectif.

    Je ne crois pas. Je crois que la grande majorité des partisans de l’euthanasie se pensent comme collectifs. Peut-être est-ce là une conception viciée, corrompue du collectif, mais alors il faudrait peut-être faire le ménage et dire ce que selon toi est le collectif.

    Là où tu as raison c’est que l’évocation, non pas du collectif, mais de sa primauté sur l’individu m’inquiète. Particulièrement quand on parle de donner la mort à des gens. D’ailleurs toi aussi tu vois le risque, quand tu parles de la douce pression qu’on exerce(ra) sur l’ancêtre pour qu’il cesse d’être un fardeau.

    Ouais, ça m’inquiète et je réagis. Parce que je pense que tu fais en énorme contre-sens en croyant que c’est le collectivisme qui nous sauvera contre l’euthanasie. Non, ce ne sont pas des hordes libertariennes qui sont en train de faire légaliser l’euthanasie (et qui, curieusement, mettraient la liberté d’être tué avant celle d’être licencié ou de garder son pognon). Ce sont des collectivistes pur jus qui nous expliquent que notre vie (ou celle de nos malades et de nos vieux) ne vaut pas la peine d’être vécue et qui s’arrogent le droit d’en décider à notre place comme l’a fait le Dr Bonnemaison.

  • Courtlaius a écrit:
    Que peut-on faire de concret contre ça ?
    Déconstruire la machinerie, comme le fait parfaitement le billet, et par ce moyen défaire le « kulturkampf » – ou la propagande si vous voulez.

    Je suis bien d’accord concernant la propagande; à mon avis le problème réside dans le mode de pensée univoque qui tente de s’imposer dans notre société occidentale à savoir faire appel au sentimentalisme de l’individu pour le soi-disant bien de notre si chère « communauté ». Et ce, quelqu’en soit le prix. Exit donc du libéralisme.
    La vision que les chrétiens peuvent (et doivent selon moi) porter au monde est celle de l’amour du prochain, plutôt que du sentimentalisme exacerbé qui refuse la douleur et l’épreuve en général. Cet amour du prochain se décline, dans ce cas particulièrement, en l’acceptation des charges des personnes en fin de vie et leur accompagnement et bien sûr en l’évangélisation de tous ceux qui ignorent ou refusent de voir la beauté de la vie humaine. Les chrétiens ont un message différent de cette propagande à annoncer au monde, il s’agit de montrer que ça vaut le coup!
    On est déjà consterné par les morts brutales, comme c’était si bien dit, et inattendues pour en plus en souhaiter d’autres!

  • Madame D… a soixante dix huit ans. Elle vit avec son mari dans une très jolie maison de campagne proche de Toulouse. Ils l’ont construite ensemble. Ensemble ils ont élevé quatre enfants tout en travaillant dur tous les deux. Ils ont onze petits enfants. Des épreuves tout au long de leur cinquante de vie de couple ils en ont eu. Des pertes d’êtres chers, des enfants malades, des accidents de voiture, du travail, des amis morts soudainement, des soucis de boulot etc…etc… Ils y ont toujours fait face avec dignité et courage et avec la conviction que ce qui excuse Dieu c’est qu’il n’existe pas. Ils ont toujours vécu en s’appliquant le proverbe anglais « never explain, never complain ». Aussi tout l’entourage familial a été surpris lorsqu’il y a deux ans et demie Madame D… a commencé à se plaindre. Elle avait des douleurs sans raisons dans les bras, les épaules, elle avait des crises de larmes incontrôlées et incontrôlables. Les examens médicaux ont commencé. Effets secondaires de traitements médicaux? Finalement non. Dépression nerveuse? Non. Début de démence sénile? Non. Tumeur au cerveau? Non. Tout cela a pris du temps. Finalement au bout d’un an le diagnostic est tombé: maladie de Charcot. Et Madame D… a consulté internet pour tout savoir sur cette terrible maladie. Elle nous a dit alors « Pourquoi j’ai attrapé ça? Personnes a jamais eu ça dans ma famille? Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour avoir ça? » Aujourd’hui elle ne peut plus parler, elle a une machine pour l’aider à respirer la nuit, elle ne peut presque plus avaler, déglutir. Elle est intacte intellectuellement. Elle s’exprime par textos ou avec une ardoise Valéda. Elle va chez le kiné tous les deux jours. Elle va chez l’orthophoniste deux fois par semaine. Tous les quinze jours elle rencontre l’équipe médicale qui la suit. Sur son ardoise Valéda elle leur a écrit « Je ne veux pas mourir aidez-moi à vivre encore un peu ». Depuis cet été elle perd un kilo par mois. Ils lui proposent une petite intervention chirurgicale pour lui mettre une sonde gastrique afin qu’elle ne meure pas de faim et de soif. Le week-end dernier Madame D… a demandé à nous rencontrer. Nous lui avons emmené ses deux derniers petits enfants. Le plus jeune est très affectueux. Il a longuement joué avec sa grand-mère et il a fini par s’endormir sur elle. Elle était heureuse. Pour l’instant dans sa famille, dans l’équipe médicale qui la suit, personne ne la considère comme un déchet. Elle est entourée de l’affection des siens. Tous essayent d’étirer le temps qu’il reste à passer ensemble. Tous essayent de lui faciliter sa fin de vie en la repoussant à demain, après-demain. Elle ne demande pas à mourir dans la dignité. Elle demande à vivre encore un peu sa fin de vie avec celles et ceux qu’elle aime. Le week-end dernier son visage était beau, lumineux et une vie intense débordait de ses beaux yeux bleus rempli d’amour pour nous. L’après-midi n’a pas du tout été triste. Avec son ardoise Valéda elle n’a pas cessé de nous poser des questions et d’écouter nos réponses. Elle nous a demandé de revenir.

  • Je suis navré mais ce sont tes propres biais qui m’effarent. Ils t’amènent à trouver chez les autres des positions qu’ils ne soutiennent pas.

    Lib a écrit :

    Là où tu as raison c’est que l’évocation, non pas du collectif, mais de sa primauté sur l’individu m’inquiète

    Qui a parlé de primauté du collectif sur l’individu (tu me permettras, pour ma part, de préférer la notion de personne) ? En revanche, la primauté de l’individu, isolé, est bel et bien installée en France.

    Lib a écrit :

    Parce que je pense que tu fais en énorme contre-sens en croyant que c’est le collectivisme qui nous sauvera contre l’euthanasie.

    Et là, que vient donc faire ici le collectivisme ?!

    Je ne cesserai pas de faire référence à ce qui rassemble plutôt qu’à ce qui désunit, qui divise, et s’il doit se trouver – ce qui me surprend – qu c’est en contradiction avec le libéralisme, alors c’est le libéralisme qu’il faut jeter. L’Eglise a pour boussole le bien commun, qui ne signifie aucunement l’écrasement de la personne au service d’un bien imposé, mais il est bien clair que je défendrai toujours davantage cette notion.

    Que d’autres aient une conception viciée, perverse du collectif, n’est pas de nature à me faire renoncer à la solidarité, à la fraternité et à la communauté humaine. Il me semble d’ailleurs qu’il n’y a là strictement rien d’incompatible, contrairement à ce que tu sembles voir.

    @ jfsadys : mais comment ne pas penser que Madame D. veut continuer ainsi parce qu’elle est bien entourée ? Seulement voilà : combien de médecins voire parfois, tristement, de proches, continueront d’entourer une Madame D. quand l’idée se sera installée que l’on peut tout aussi bien « finir dans la dignité » ? Je ne veux pas désespérer de l’humanité, et je continue de penser qu’une bonne partie des soignants continueront de le vouloir (le pourront-ils, c’est une autre question) et qu’une vaste majorité de proches seront attentifs mais cette proportion connaîtra une chute.

  • @ Koz: Je comprends et j’entends vos remarques et je partage le fond de votre billet. J’espère qu’il y aura ici et là des résistances et des résistants à cette idée de mourir dans la dignité car je crois que mourir dans la dignité c’est mourir accompagné et non pas piqué. En fait je me suis permis de faire ce commentaire à votre billet parce que j’ai regardé et écouté à la télé la promo du film de Sandrine Bonnaire sur la fin de vie de la mère de Lionel Jospin. Et j’ai trouvé que les mots déchet et déchéance revenaient trop souvent dans l’argumentaire de Sandrine Bonnaire.

  • Koz a écrit :

    Je vais d’ailleurs mettre « libéralisme » et « libéral » en liste de modération. Cela forcera à parler du fond et pas des étiquettes.

    Chic, on va pouvoir s’amuser à trouver des mots ou des périphrases qui éviteront la modération… 🙂

  • Aristote a écrit :

    Koz a écrit :

    Je vais d’ailleurs mettre « libéralisme » et « libéral » en liste de modération. Cela forcera à parler du fond et pas des étiquettes.
    Chic, on va pouvoir s’amuser à trouver des mots ou des périphrases qui éviteront la modération…

    … Ce qui serait, en soi, un excellent exercice intellectuel, nous apprenant à éviter les réponses réflexe.

    Par ailleurs je ne peux ajouter grand-chose à un billet aussi juste. Juste une observation sur la notion de compassion:

    Une Jacqueline Herremans, un Jean-Luc Romero, se réfèrent à une personne fictive. Elle est éclairée, libre, d’une liberté formelle et intérieure, elle est sereine, forte et déterminée.

    Cette fiction de liberté est en effet une constante très frappante: les partisans de l’euthanasie parlent pour et à la place des mourants, comme s’ils étaient en bonne santé, comme ils le sont eux-mêmes. Ici, on voit un exemple de la compassion quand elle dépasse ses limites naturelles. L’attitude de compassion consiste à partager la souffrance d’autrui, mais elle doit s’arrêter avant de devenir une prise de contrôle: c’est ce qui se passe quand on prétend déterminer ce qui est le mieux pour le mourant, à sa place.

    Au bout de ce chemin, on arrive au cas du Dr Bonnemaison. J’ai lu qu’il ressentait une forme extrême de compassion à l’égard de ses malades. Cela signifie qu’il souffrait énormément de leur situation. C’est peut-être spéculatif de ma part, mais je me demande si, par ses actes, il n’a pas confondu sa propre souffrance avec celle des malades – en les tuant, il aurait alors apporté remède à son propre problème autant qu’à celui d’autrui. C’est alors une compassion dévoyée, que rejoignent et amplifient ceux qui comme son avocat voient en Nicolas Bonnemaison une victime.

  • Koz a écrit :

    Qui a parlé de primauté du collectif sur l’individu

    « Défendre sans complexe, contre les droits individuels opposés à tous, le destin collectif, la fraternité, le bien commun. » C’est la conclusion de ton billet. D’un billet dont une bonne moitié est consacrée à nous expliquer tout le mal qu’il faut penser d’une supposée « exaltation des droits individuels ».

    Ce n’est pas l’individualisme ou l’exaltation des droits individuels qui ont poussé le Dr. Bonnemaison à tuer ces pauvres gens. Il ne cherchait pas l’argent ou la gloire ou une promotion professionnelle ou des succès féminins.

    Non, je crois bien que c’est une forme pervertie d’altruisme (Gwynfrid parle de compassion) qui l’a conduit à commettre l’irréparable. Vouloir tellement le bien de l’autre qu’on finit par décider à sa place. Parce qu’on sait mieux. La recette malheureusement classique de tant de drames.

    J’ai peine à croire que le Dr. Bonnemaison exaltait « les droits individuels » de ses patients, ni les respectait seulement. J’ai peine à croire que c’est pour « ne pas emmerder les autres » qu’il décidait à leur place de mettre fin à leur vie.

    Koz a écrit :

    Que d’autres aient une conception viciée, perverse du collectif, n’est pas de nature à me faire renoncer à la solidarité, à la fraternité et à la communauté humaine. Il me semble d’ailleurs qu’il n’y a là strictement rien d’incompatible, contrairement à ce que tu sembles voir.

    Pas du tout, c’est toi qui paraît juger incompatibles la solidarité et les droits individuels. C’est absurde, ils marchent main dans la main. Je te le dis, poliment. Je suis sûr que tu peux promouvoir la fraternité sans tacler la liberté. Ca sera plus fort.

  • Lib a écrit :

    Non, je crois bien que c’est une forme pervertie d’altruisme (Gwynfrid parle de compassion) qui l’a conduit à commettre l’irréparable. Vouloir tellement le bien de l’autre qu’on finit par décider à sa place. Parce qu’on sait mieux. La recette malheureusement classique de tant de drames.

    Certes, mais cet altruisme dévoyé est bel et bien individuel et non pas collectiviste. Le docteur a commis ces crimes seul, au nom de son jugement personnel et sans en parler à qui que ce soit. C’est ce qu’illustre le témoignage de l’expert-psychiatre: « Être hyper-compassionnel, c’est s’exonérer des autres. »

    La collectivité, au contraire, a arrêté et jugé le Dr Bonnemaison, jusqu’à faire appel d’une décision trop indulgente au nom de la loi, expression de la volonté collective, justement. C’est également la collectivité qui l’a privé de son droit d’exercer la médecine.

    Malheureusement, il semble bien qu’aujourd’hui, sur ce sujet au moins, le jugement individuel soit plus populaire que la loi.

  • On tourne en rond. Le souhait de Koz de promouvoir la solidarité, etc., est bien une décision personnelle. 🙂

    On ne vient pas de nulle part, on est inscrit dans une communauté dont nous avons reçu et à laquelle nous devons quelque chose et même beaucoup. Il est impossible d’être une personne humaine tout seul. Le contractualisme ne peut fonder une société. Mais la société comme collectivité n’a de sens, un peu comme une famille, que pour permettre à ses membres de grandir dans toutes leurs dimensions et de vivre en adultes autonomes et responsables. Il y a des parents et des familles abusives, y compris dans leur définition de la solidarité. Les dynamiques familiales peuvent être mortifères. Le parallèle vaut pour nos sociétés modernes.

  • Lib a écrit :

    je crois bien que c’est une forme pervertie d’altruisme qui l’a conduit à commettre l’irréparable.

    Sans doute ; ça rejoint l’Empire du Bien de Philippe Muray : « Le Bien est allé vite. Le Bien s’est démené. Il a bien travaillé. Au passage, dans sa ruée furieuse il a même réussi à escamoter le Mal. (…) Unique héritier du Mal, de par la suppression de celui-ci, il peut à la fois le déclarer hors-la-loi et en récupérer les miettes utiles. (…) Le Bien singe le Mal chaque fois qu’il le faut. Il entretient comme des feux de camp les foyers de conflits. » (Préface, l’enfance du Bien). C’est ainsi que dans ces affaires d’euthanasies (où il n’est évidemment question que d’amour du prochain), le Bien devient mal, et le Mal devient bien. « Tu ne tueras pas » devient « tu tueras ».

    Hannah Arendt nous met en garde : « Tout s’est passé comme si la morale, au moment même de son écroulement total au sein d’une vieille nation hautement civilisée, se révélait au sens original du mot comme un ensemble de ‘mores’, d’us et de coutumes, qu’on pouvait troquer contre un autre ensemble sans que cela cause plus de difficultés que de changer les manières de tables de tout un peuple. » (Responsabilité et jugement)

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