Divorce, Guy Môquet, les circonvolutions de l'opposition

Affirmer de but en blanc « je dégueule Sarkozy et ses initiatives » serait à l’évidence d’une sincérité hors norme mais assez faible en terme de pouvoir de conviction. Pourtant, l’incroyable imagination que certains déploient pour habiller leur refus primaire et viscéral de tout ce qui touche au personnage du manteau de l’analyse ne peut que forcer l’admiration. L’effort est louable et, certainement, parfois fatiguant.

Cela m’a frappé à la lecture d’un article de Rue89 portant sur le divorce de Nicolas et Cécilia Sarkozy. La thèse développée : le public est « sommé d’être indifférent » au divorce des Sarkozy. Rue89 a convoqué une sémiologue, tablant peut-être sur le fait que la seule annonce d’une activité absconse pour la plupart impressionnerait suffisamment pour convaincre du bien-fondé du propos. Et voilà donc : le propos est semble-t-il de revendiquer le droit de s’intéresser, le droit de parler, du divorce des Sarkozy parce le public serait « sommé d’être indifférent« . Libérez-vous ! Parlez-en ! C’est la politico-mediarchie qui vous interdit de le faire ! Ah…

J’ai été frappé de l’insistance mise par nombre de commentateurs ici et là (plutôt là qu’ici, au demeurant) pour clamer qu’ils se foutent dudit divorce, qu’il serait temps de passer à autre chose etc. Ce faisant, on n’entendait guère plus qu’eux en parler. L’un de mes commentateurs fidèles est même venu jusqu’à revendiquer ici le droit de s’en foutre, alors que nul ne le lui avait pourtant dénier, et que le sujet n’avait même pas été mentionné. Il y a quelque chose d’intéressant et d’ubuesque à voir quelqu’un revendiquer le droit de se foutre d’un sujet qu’il est le seul à aborder, au lieu de profiter du hâvre de paix et de quiétude qui lui est offert.

La même chose est pratiquement intervenue à propos de la lecture de la lettre de Guy Môquet. Il faut lire, à cet égard, le formidable billet de Versac. Il y a là, je pense, un véritable condensé des petits griefs portés contre cette lecture.

A commencer par le fait que cette lecture aurait été « ressassée jusqu’à la nausée« .

« Je ne sais pas pour vous, mais, de mon côté, la lettre de Guy Môquet, je n’en peux plus. Sa lecture par Nicolas Sarkozy, lors de son intronisation, m’avait déjà parue déplacée (notamment à cause du fait du prince, de la première décision monarchique de Nicolas Sarkozy, de décider seuls ce qu’on lirait en classe, mais aussi à cause du décalage entre l’auteur et le lieu de la diction). Depuis, ce n’est allé que de mal en pis, le summum étant évidemment cette lecture pathétique à l’équipe de France de Rugby.

Et voilà. Cinq mois à peine, et un texte obscur, dont on a récemment découvert qu’il existait déjà deux originaux, devient un produit médiatique abominablement ressassé, jusqu’à la nausée. Je ne veux plus entendre « ma petite maman », je ne veux plus entendre cette exhortation au courage. J’ai envie qu’on ne me berce pas de cette histoire, qu’on me fiche la paix, et qu’on laisse Guy Môquet dormir en paix. »

Circonspection. Sans disposer d’autres outils de veille que ma propre mémoire, il me semble que, exception faite du jour de la cérémonie au bois de Boulogne et de cette discutable lecture en début de Coupe du Monde, on n’a guère entendu que les centristes, socialistes, communistes, et leurs relais médiatiques, revenir en boucle sur cette lettre. Passons sur le fait que ce n’est pas Nicolas Sarkozy qui a lu cette lettre, c’est un détail ce n’est pas très important. Mais vous-mêmes, l’avez-vous entendu tant lire cette lettre, si ce n’est pour évoquer « la polémique » ? Bref, à l’exception de l’opposition, qui donc a ainsi ressassé cette lecture ?

Laisser Guy Môquet dormir en paix. Voilà une respectable volonté. Il est peut-être dommage, en revanche, de poursuivre après une telle affirmation en rappelant, ce que tous ignoraient avant le 16 mai dernier, qu’il était « un militant communiste soutenant fermement l’axe Ribbentrop-Molotov« . Dors en paix, Guy Môquet… Traître. Y’a comme de la jubilation à l’idée de placer Nicolas Sarkozy face à une erreur historique, et puis tant pis pour Guy Môquet.

Parce qu’il y a aussi cet autre grief : le défaut de contextualisation. Nicolas Sarkozy ne con-tex-tua-li-se-rait pas la lecture. Il serait ordonné d’y procéder sans autre rappel historique. Ajoutez à cela un autre de ces reproches qui ne laissent pas de m’étonner : il y aurait d’autres lettres de fusillés, alors, pourquoi celle-là ? Je reste baba devant ce reproche. Ai-je omis une circulaire ? A-t-on subitement amputé les enseignants de leur capacité d’initiative ? A-t-on privé les professeurs d’Histoire-Géographie (et, soit dit en passant, d’Education Civique Juridique et Sociale) de leur culture historique et de leur capacité de prendre appui sur un texte pour en faire découvrir d’autres, comme pour évoquer la complexité de cette période ?

Je me suis même laissé dire qu’au Blanc-Mesnil, le thème de la journée avait été élargie pour évoquer la « résistance aux discriminations hier et aujourd’hui » (moi qui pensais que Guy Môquet avait surtout été fusillé), sans que l’on ne paraisse s’étonner de la conception de la neutralité scolaire de Marie-Georges Buffet.

Nicolas Sarkozy, aussi, serait coupable de taire l’engagement de Guy Môquet au Parti Communiste. A lire ce que certains en disent, il n’est pas absolument évident que ce ne soit pas plus sage. Peut-on penser qu’il ait vu en Môquet un français avant de voir en lui un communiste ? Un gamin exécuté, avant de voir en lui le soutien du pacte germano-soviétique ?

Est-il permis d’envisager que, après une campagne ardue, il y ait eu aussi dans ce choix, presque une volonté de réconciliation nationale ? De penser que le temps devrait être révolu où chaque camp célèbre ses héros, en fonction de l’idéologie qu’ils auraient servi, alors que fondamentalement, il y avait, sur ce poteau, un adolescent français ?

Alors, on ignore cette autre dimension symbolique, et l’on évoque sans honte l’idée de « résister » à la lecture de la lettre de Guy Môquet, dans un renversement de perspective historique d’une indéfinissable abjection…

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123 commentaires

  • Et s’il avait, effectivement, vu en lui un gamin, un môme exécuté (ce qu’il était) avant d’y voir un jeune patriote (assez fort de café, pour un internationaliste !) engagé dans la Résistance (ce qu’il n’était pas) ? et si on avait fait lire cette lettre pour montrer l’horreur de la guerre et l’absurdité de cette exécution (prisonniers choisis au hasard pour payer un attentat dont ils ne pouvaient être responsables) plutôt que pour en faire un appel au nationalisme ? et si, surtout, on avait eu la décence de ne pas dire « son engagement communiste n’était pas le plus important », (alors qu’il l’était probablement, pour ce jeune homme), écrasant ainsi les communistes d’un mépris souverain ? alors, oui, on aurait pu y voir une volonté de réconciliation nationale, une dimension symbolique… là, j’y vois cette « indéfinissable abjection » dont vous parlez !

    (la contextualisation, OK… savez-vous le nombre d’heures allouées aux enseignants d’histoire géographie pour boucler chaque année un programme d’une ampleur grotesque ? à la limite, si on avait fait lire cette lettre à tous les lycéens de terminale dans le cadre du chapitre sur la 2e GM… pourquoi pas !)

  • Je pense que l’étincelle qui a mis le feu aux poudres de Versac est la diffusion sur les chaînes publiques (théoriquement indépendantes, il doit donc s’agir d’une pulsion spontanée) du court métrage de François Hanss, La Lettre, qui est un chef d’oeuvre de cinéma de propagande tellement grandiloquente qu’elle en sonne faux (les images de la fusillade n’ont même pas la prétention d’être une reconstitution historique, on dirait du Einsenstein).
    voir ici :
    http://www.dailymotion.com/video/x39fon_la-lettre-de-guy-moquet_news

    Et puis c’est bien mal connaître les lycéens que de croire qu’entre leur prof d’histoire ou le directeur d’établissement déclamer solennellement « Ma petite maman chérie, mon tout petit frère adoré, mon petit papa aimé, Je vais mourir ! » va les émouvoir. Ils vont avoir du mal à réprimer un fou rire, ce qui n’est pas l’effet recherché.

    Le fait que ce soit Sarkozy, 67e incarnation de Belzébuth, Prince des Ténèbres à en croire l’opposition, qui ait décidé cela (sans aucun fondement constitutionnel, soit dit en passant) n’est pas la seule ni même la principale raison de s’irriter face à cette initiative.

    Moi même, je l’accueille avec une moue dubitative et crains un effet contraire à celui recherché.

  • Guy Môquet écrivait aussi des poèmes comme cellui-ci, qu’il serait peut-être bon de lire dans les écoles :

    « Parmi ceux qui sont en prison
    Se trouvent nos 3 camarades
    Berselli, Planquette et Simon
    Qui vont passer des jours maussades

    Vous êtes tous trois enfermés
    Mais patience, prenez courage
    Vous serez bientôt libérés
    Par tous vos frères d’esclavage

    Les traîtres de notre pays
    Ces agents du capitalisme
    Nous les chasserons hors d’ici
    Pour instaurer le socialisme

    Main dans la main Révolution
    Pour que vainque le communisme
    Pour vous sortir de la prison
    Pour tuer le capitalisme

    Ils se sont sacrifiés pour nous
    Par leur action libératrice.»

  • [quote comment= »52304″](…)) plutôt que pour en faire un appel au nationalisme ? [/quote]

    Je ne voudrais pas mettre à mal votre volonté de farouche de
    réagir viscéralement, primairement, sans cherche à comprendre, mais je vous invite à reprendre le discours par lequel Nicolas Sarkozy a annoncé sa décision.

    « Les résistants sont jeunes. Ils vont mourir. Mais ce qu’ils incarnent est invincible. Ils ont dit  » non « ,  » non  » à la
    fatalité,  » non  » à la soumission,  » non  » au déshonneur,  » non  » à ce qui rabaisse la personne humaine, et ce  » non  » continuera d’être entendu bien après leur mort parce que ce  » non  » c’est le cri éternel que la liberté humaine oppose à tout ce qui menace de l’asservir.

    Ce cri nous l’entendons encore.

    Ce cri, je veux que dans les écoles on apprenne à nos enfants à l’écouter et à le comprendre.

    Si nous voulons en faire des hommes et non de grands enfants, nous avons le devoir de leur transmettre à notre
    tour cette idée de l’homme que les générations passées nous ont léguée et au nom de laquelle tant de sacrifices ont été consentis.

    Si j’ai tenu à faire ici ma première commémoration en tant que Président de la République, dans ce lieu où de jeunes Français furent assassinés parce qu’ils ne pouvaient pas concevoir que la France reniât toute son histoire et toutes ses valeurs, si j’ai tenu au premier jour de mon quinquennat à rendre hommage à ces jeunes résistants pour lesquels la France comptait davantage que leur parti ou leur Eglise, si j’ai voulu que fût lue la lettre si émouvante que Guy Môquet écrivit à ses parents à la veille d’être fusillé, c’est parce que je crois qu’il est essentiel d’expliquer à nos enfants ce qu’est un jeune Français, et de leur montrer à travers le sacrifice de quelques-uns de ces héros anonymes dont les livres d’histoire ne parlent pas, ce qu’est la grandeur d’un homme qui se donne à une cause
    plus grande que lui.

    Je veux par ce geste que nos enfants mesurent l’horreur de la guerre et à quelle extrémité barbare elle peut conduire les peuples les plus civilisés.

    Souvenez-vous, enfants de France, que des hommes admirables ont conquis par leur sacrifice la liberté dont
    vous jouissez.

    Mais souvenez-vous aussi que la guerre est terrible et qu’elle est criminelle.

    Puissions-nous faire que dans le monde que nous vous laisserons le risque de voir triompher cette barbarie ait
    disparu.

    (…)

    Enfants de France, soyez fiers de vos aînés qui vous ont tant donné, et soyez fiers de la France au nom de laquelle ils sont morts.

    Aimez la France comme ils l’ont aimée, sans haïr les autres.

    Aimez la France parce que c’est votre pays et que vous n’en avez pas d’autre.
    Vive la République !
    Vive la France ! »

    Mais vous pouvez y voir un appel au nationalisme, ou vous contentez de dire : « je dégueule Sarkozy et tout ce qui le touche de près ou de loin« .

    Comme je suis sympa, je ne vous dirai pas ce que j’en pense.

    (et vous aurez rétabli la véritable paternité du discours)

    [quote comment= »52305 »]Je pense que l’étincelle qui a mis le feu aux poudres de Versac est la diffusion sur les chaînes publiques (théoriquement indépendantes, il doit donc s’agir d’une pulsion spontanée) du court métrage de François Hanss, La Lettre, qui est un chef d’oeuvre de cinéma de propagande tellement grandiloquente qu’elle en sonne faux (les images de la fusillade n’ont même pas la prétention d’être une reconstitution historique, on dirait du Einsenstein).
    voir ici :
    http://www.dailymotion.com/video/x39fon_la-lettre-de-guy-moquet_news%5B/quote%5D

    J’ai dans l’idée que les poudres en question brûlent d’un feu inextinguible.

    [quote comment= »52305″]Et puis c’est bien mal connaître les lycéens que de croire qu’entre leur prof d’histoire ou le directeur d’établissement déclamer solennellement « Ma petite maman chérie, mon tout petit frère adoré, mon petit papa aimé, Je vais mourir ! » va les émouvoir. Ils vont avoir du mal à réprimer un fou rire, ce qui n’est pas l’effet recherché.[/quote]

    Si l’on y met de la mauvaise volonté, c’est très probable.

    Maintenant, j’ai, aussi, accompagné des jeunes de cet âge, à plusieurs reprises. Et même, parfois, des jeunes de quartiers « délicats » (pour ne pas dire « difficiles ») et parfois sur des sujets plus difficiles (pour ne pas dire délicats).

    Je suis d’accord pour parier sur quelques fous rires, petit masque social vis-à-vis des camarades. Mais je pense que, si c’est intelligemment fait, il reste quelque chose, après le fou rire.

  • On pourrait aussi lire dans les écoles l’appel lancé par d’autres résistants, membres du Conseil National de la Résistance, le 15 mars 2004.

    « Au moment où nous voyons remis en cause le socle des conquêtes sociales de la Libération, nous, vétérans des mouvements de Résistance et des forces combattantes de la France Libre (1940-1945), appelons les jeunes générations à faire vivre et transmettre l’héritage de la Résistance et ses idéaux toujours actuels de démocratie économique, sociale et culturelle.
    Soixante ans plus tard, le nazisme est vaincu, grâce au sacrifice de nos frères et soeurs de la Résistance et des nations unies contre la barbarie fasciste. Mais cette menace n’a pas totalement disparu et notre colère contre l’injustice est toujours intacte.
    Nous appelons, en conscience, à célébrer l’actualité de la Résistance, non pas au profit de causes partisanes ou instrumentalisées par un quelconque enjeu de pouvoir, mais pour proposer aux générations qui nous succéderont d’accomplir trois gestes humanistes et profondément politiques au sens vrai du terme, pour que la flamme de la Résistance ne s’éteigne jamais.
    Nous appelons d’abord les éducateurs, les mouvements sociaux, les collectivités publiques, les créateurs, les citoyens, les exploités, les humiliés, à célébrer ensemble l’anniversaire du programme du Conseil national de la Résistance (C.N.R.) adopté dans la clandestinité le 15 mars 1944 : Sécurité sociale et retraites généralisées, contrôle des « féodalités économiques », droit à la culture et à l’éducation pour tous, presse délivrée de l’argent et de la corruption, lois sociales ouvrières et agricoles, etc. Comment peut-il manquer aujourd’hui de l’argent pour maintenir et prolonger ces conquêtes sociales, alors que la production de richesses a considérablement augmenté depuis la Libération, période où l’Europe était ruinée ?
    Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l’ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l’actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie. Nous appelons ensuite les mouvements, partis, associations, institutions et syndicats héritiers de la Résistance à dépasser les enjeux sectoriels, et à se consacrer en priorité aux causes politiques des injustices et des conflits sociaux, et non plus seulement à leurs conséquences, à définir ensemble un nouveau « Programme de Résistance » pour notre siècle, sachant que le fascisme se nourrit toujours du racisme, de l’intolérance et de la guerre, qui eux-mêmes se nourrissent des injustices sociales.
    Nous appelons enfin les enfants, les jeunes, les parents, les anciens et les grands-parents, les éducateurs, les autorités publiques, à une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation marchande, le mépris des plus faibles et de la culture, l’amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous. Nous n’acceptons pas que les principaux médias soient désormais contrôlés par des intérêts privés, contrairement au programme du Conseil national de la Résistance et aux ordonnances sur la presse de 1944.
    Plus que jamais, à ceux et celles qui feront le siècle qui commence, nous voulons dire avec notre affection : « Créer, c’est résister. Résister, c’est créer ».

    Signataires : Lucie Aubrac, Raymond Aubrac, Henri Bartoli, Daniel Cordier, Philippe Dechartre, Georges Guingouin, Stéphane Hessel, Maurice Kriegel-Valrimont, Lise London, Georges Séguy, Germaine Tillion, Jean-Pierre Vernant, Maurice Voutey.

  • Gandalf, puis-je émettre l’idée qu’il y a eu beaucoup de choses écrites autour de la Seconde Guerre Mondiale, de l’engagement, du communisme, de la Résistance, de son sens, de la vie auprès Auschwitz etc. et vous inviter à ne pas tout recopier ici ?

  • Je « dégueule » effectivement M. Sarkozy, quoique en termes nettement plus polis ; rassurez-vous, j’aurais « dégueulé » (Dieu que ce terme est laid ! parce qu’on est un(e) vilain(e) gauchiste, doit-on avoir la vulgarité de Guaino ou BHL ?) une même lecture de cette lettre proposée par Mme Royal (ou M. Besancenot, là n’est pas la question). Mais il n’empêche que vous venez d’apporter de l’eau à mon moulin.
    « Aimez la France comme ils l’ont aimée, sans haïr les autres. ».

    Ben oui, mais Guy, il n’aimait pas « la France », justement… et il concevait tout à fait que la France « reniât son histoire et ses valeurs », tant que l’URSS n’était pas en guerre avec l’Allemagne. Et il n’aurait guère goûté que l’on fasse de ses « camarades » communistes des « compagnons » bon teint !

  • puissque le débat est ouvert sur cette lettre….
    -oui, comme beaucoup, je trouve ce « fait du prince » qu’est la directive, l’odre de lire cette lettre, toutes affaires cessantes, mêmee si le cours d’histoire a lieu le lendemain, même si les élèves ont maths, SVT, EPS, une mauvaise idée….
    -oui, je trouve aussi que cette lettre est très intime, émotionnelle, et que celle de manouchian, ou d’autres, eussent été plus adéquates, que le choix de ces lectures et de leur contexte eût pu être laissé aux chefs d’établissement qu’il est paraît-il, quelque part, question de responsabliser…
    au lycée jacques decour, à paris 9eme, ils lisaient une très belle lettre de cet ancien élève, résistant fusillé
    au collège de la Paix de ma commune, ils commentaient une phrase d’anne franck très profonde sur le bien et le mal, la méchanceté des hommes, écrite sur un de leurs murs…
    tout cela doit-il faire révérence à la référence nouvelle?
    pourquoi pas aussi, la lettre d’un allemand: il y en a de « reamarquables » écrites par ceux qui ne sont pas revenus de stalingrad…
    -oui, la semaine du 11 novembre ou du 8 mai se prêteraient mieux au « devoir de mémoire » et à la contextualisation…
    -mais tout ceci n’a pas d’importance: IL sait et décide…

  • Hello. Ben moi, ça m’intéresse carrément le divorce. Je suis même fascinée.

    Sinon, sur Guy Môquet, plus ça va plus je trouve que le plus grave dans ce cas c’est l’absence total de capacité de jugement.
    Ce texte n’exalte pas le courage, pas du tout.
    C’est une erreur de lecture de dire cela. En commentaire de texte, au lycée, on aurait parlé de contresens, même.

    Il faudrait lire ce texte à cause de l’émotion qui s’en dégage _ et à laquelle chacun est sensible. Et cette émotion est bénéfique parce qu’elle éveille des pensées de courage. C’est cette deuxième partie qui est fausse.
    Comprendre la nature d’une émotion dégagée par un texte, c’est le travail de l’analyse littéraire. Et la lecture du texte, rien que du texte, montre que les ressorts de l’émotion ici sont les mêmes que ceux qui, par exemple, font qu’on ne peut pas ne pas s’émouvoir du récit de la vie de Grégory Lemarchal, ou de toute autre jeune vie fauchée par le destin.

    Tout le reste, c’est de la contextualisation, et l’émotion intime, familiale même de cette lettre, est prise en otage par le discours qu’on plaque dessus.

    L’effet de ressassement est inévitable. Ce type de texte perd beaucoup à être lu et relu, on y perd la fraîcheur première, et il n’y a rien à y méditer : ni style particulier, ni grande pensée. C’est éventuellement la vie de Guy Môquet, pour ce qu’on en sait, qui pourrait porter à la méditation. La lettre en elle-même non. Lu et relu tous les ans à chaque rentrée : forcément, ça nuit à la lettre, et, par contamination, à l’image du jeune résistant.

  • Aïe, voilà un billet qui met le doigt, avec le talent habituel de l’hôte de ces lieux, en plein dans mes contradictions. Je plaide coupable, c’est vrai que ça m’insupporte de voir ce sujet monopoliser l’attention médiatique (dont je ne peux pas m’abstraire, ne vivant pas dans une bulle) et dans le même temps que je ne peux pas m’empêcher moi-même d’en parler ici ou là. Mais il n’y a pas là dedans de machiavélisme, mais seulement un travers psychologique qui m’agace moi-même mais qui est apparemment très partagé si l’on en croit le très bon article de Sebastien Bohler dans @rret sur images

    Est-ce qu’on ne pourrait pas faire la part des choses? Et d’abord, qui fait la rumeur [NOTE DE JM : qui n’en était pas une en l’ocurence] ? Nous les lecteurs, nous les auditeurs, nous les citoyens du tout venant ? Ou bien ceux qui documentent la rumeur sur papier glacé, qui l’alimentent, qui la tordent et qui la redressent, qui l’essorent et puis la vendent ?

    Allez! En avant pour l’autocritique : oui, nous sommes tous de potentiels relais de la rumeur. Et qui dit relais, dit récepteur et émetteur à la fois. Tout cela fonctionne d’après un phénomène nommé « partage social des émotions ». Un psychologue de l’Université de Louvain, Bernard Rimé, a étudié ce phénomène et constaté que, lorsque les gens sont exposés à une information qui suscite une forte émotion, ils éprouvent le besoin presque physiologique de se décharger de cette émotion en la renvoyant autour d’eux, en « partageant socialement » cette émotion. Le chercheur parle de phénomène de transmission exponentielle de l’émotion, qui survient lorsque chaque récepteur d’émotion se transforme en émetteur et touche à son tour plus de deux nouveaux récepteurs.

    Terrible coktail : les faiblesses de notre psychologie humaine, trop humaine, combinées au pouvoir des mathématiques : k^n qui converge très vite vers plus l’infini pour k > 2.

  • [quote comment= »52312″]Gandalf, puis-je émettre l’idée qu’il y a eu beaucoup de choses écrites autour de la Seconde Guerre Mondiale, de l’engagement, du communisme, de la Résistance, de son sens, de la vie auprès Auschwitz etc. et vous inviter à ne pas tout recopier ici ?[/quote]Koz, tu peux me tutoyer – d’ailleurs tu n’hésites pas à le faire dans d’autres circonstances – et ne pas t’inquièter, je m’arrête là pour la recopie.

    Si la lettre qui doit être lue est un élément essentiel de l’histoire de la Résistance, je pense néanmoins que Sarkozy ne choisit de parler que de ce qu’il l’arrange à la fois des idées Guy Môquet et des valeurs de Résistance en général. A ce titre, l’appel du 15 mars 2004 est éloquent.

    Pour ce qui est de la Seconde Guerre Mondiale, j’ai la « chance » de connaître des résistants et des déportés, notamment mon beau-père, qui passa un an à Buchenwald pour avoir été dénoncé .

  • (merci Lisette, par moment, je me demande si je lis bien la lettre dont tout le monde parle tellement je n’y lis pas ce qu’on veut y faire entrer…)

  • Lamentable, cette récupération politique. Pas celle censée émaner du « Prince ». Celle du SNES.

    Oui, recontextualisons puiqu’il en est besoin. NS, lors de la campagne présidentielle, a fait un rassemblement des jeunes (Mars 2007). Son discours mettait en avant le fait que les jeunes devaient prendre leur destin en main : « Si vous n’avez pas de grands projets, vous n’en vivrez que de médiocres ». C’est à cette occasion que Guy Moquet est apparu pour la première fois dans le discours du candidat. Ce n’est pas un hymne à la guerre, ce n’est pas un hymne au PCF, à un parti. C’est un rappel, le rappel que la jeunesse doit choisir un avenir. Ce n’est pas la résistance face aux nazis, c’est la résistance face au déterminisme, au destin que l’on aurait choisit pour eux, auquel ils seraient associés avant d’en être les acteurs principaux.

    Si une fois dans l’année on peut rappeler à sa jeunesse qu’elle est et a un avenir… Alors j’entend bien les objecteurs de conscience nous dire qu’ils ont un programme à tenir, qu’il y a une progression pédagogique. Mais ce louable effort n’est que de l’acharnement thérapeutique si la jeunesse ne comprend pas ce qui se joue dans sa salle de classe.

  • Et hop, un point versac, pour le procès d’intention antisarkozyste primaire qui orienterait mon jugement sur cette chose.

    Ma position est claire :
    C’est beau de vouloir rappeler le passé de la France et d’exalter le don de soi.

    Mais au cas d’espèce, le moyen choisi est ridicule et déplacé. Il ne sert pas l’objectif visé, ou alors, à l’envers.

    Guy Môquet n’était pas un résistant au nazisme, ni un véritable opposant au régime de vichy ou un amoureux de la république. c’était juste un militant communiste, fait prisonnier, et ensuite soumis à l’arbitraire du régime de vichy. De ceci, Sarkozy-guaino, dans son discours, ne fait pas mention. Il ne reste que le témoignage supposé du courage, et du don de soi. Tu m’excuseras, mais il existe des millions d’exemples de courage, de don de soi, qui sont différents, plus démonstratifs encore que cet exemple polémique et inefficace.

    Sérieusement, au 21ème siècle, alors au’on sait comment se fait l’éducation, peut-on sérieusement penser que le président de la République, et son fidèle conseiller, sont les mieux placés pour décider ce qui peut le mieux, dans les classes, éveiller les consciences et former les belles âmes ? Non ! D’autant que l’exemple prouve le contraire : cette lettre n’explique rien, elle n’est qu’un témoignage d’un jeune exalté, récupéré par des années de propagande coco pour fabriquer des martyrs.

    Ce n’est rien d’autre qu’une opération de communication, qui mérite, comme telle, d’être dénoncée. Et qu’on laisse enfin Môquet dormir tranquille, libre de la récupération communiste qui le glorifie en martyr absolu comme de la confusion des valeurs de Guaino, qui voit en lui un symbole gaulliste, comme s’il ne savait pas son histoire…

  • [quote comment= »52325″]Koz, tu peux me tutoyer – d’ailleurs tu n’hésites pas à le faire dans d’autres circonstances – et ne pas t’inquièter, je m’arrête là pour la recopie.[/quote]

    Sans regarder ton mail, il m’est difficile de savoir à quel Gandalf je m’adresse. D’ailleurs, le ‘vrai’ n’a jamais existé. Euh.

    Ce qui finit par être déstabilisant, avec cette lettre, c’est qu’au bout du compte, on ne sait plus si ce sont les communistes qui hurlent, parce que l’on trahirait le communisme, ou les frontistes, parce que Guy Moquêt était communiste. Ca devient désagréable. Mais c’est peut-être le gage de la modération de la démarche.

    [quote comment= »52325″]Si la lettre qui doit être lue est un élément essentiel de l’histoire de la Résistance, je pense néanmoins que Sarkozy ne choisit de parler que de ce qu’il l’arrange à la fois des idées Guy Môquet et des valeurs de Résistance en général. A ce titre, l’appel du 15 mars 2004 est éloquent.[/quote]

    Soit mais (i) un texte n’est pas exclusif d’un autre et (ii) il y eut des Résistants dans de nombreuses familles de pensée. Ce n’est pas parce que certains ont résisté que je partage leurs opinions.

    [quote comment= »52320″]Sinon, sur Guy Môquet, plus ça va plus je trouve que le plus grave dans ce cas c’est l’absence total de capacité de jugement.

    Ce texte n’exalte pas le courage, pas du tout.[/quote]

    Non, mais si l’on doit reprocher à Sarkozy de ne pas contextualiser, alors il ne faut pas se montrer incapable soi-même de contextualiser. On sait que ce n’est pas le texte en lui-même qui exalte le courage, ou plutôt le fait de « se donner à une cause plus grande que soi« , mais je crois que l’on est capable de comprendre le pourquoi de cette lecture, à quoi, justement elle fait référence et notamment à l’ensemble des jeunes résistants.

    [quote comment= »52320 »]Il faudrait lire ce texte à cause de l’émotion qui s’en dégage _ et à laquelle chacun est sensible. Et cette émotion est bénéfique parce qu’elle éveille des pensées de courage. C’est cette deuxième partie qui est fausse.

    Comprendre la nature d’une émotion dégagée par un texte, c’est le travail de l’analyse littéraire. [/quote]

    Pas comprendre.

    Pourquoi vouloir mettre de l’analyse littéraire là-dedans ? Lorsque tu ressens de l’émotion à la lecture d’un texte, tu t’astreins à une analyse littéraire pour comprendre pour quelle raison tu ressens de l’émotion ? Lorsque tu es émue par une belle toile, tu as besoin d’analyser pour justifier ton émotion ?

    L’émotion fait partie de la nature humaine. En l’occurrence, je ne trouve pas aberrant d’entamer une réflexion par une bonne « claque » destinée à remettre les priorités dans l’ordre. Libre à chacun de poursuivre le débat comme il l’entend.

    Je lis dans cette initiative la volonté d’inviter les jeunes de France à se donner à une cause, encore plus que de comprendre que l’on peut, dans certaines circonstances, se donner à son pays.

    [quote comment= »52335″]Et hop, un point versac, pour le procès d’intention antisarkozyste primaire qui orienterait mon jugement sur cette chose.[/quote]

    Je pense qu’il faudrait au moins un jury indépendant pour déterminer de son attribution.

    [quote comment= »52335″]Guy Môquet n’était pas un résistant au nazisme, ni un véritable opposant au régime de vichy ou un amoureux de la république. c’était juste un militant communiste, fait prisonnier, et ensuite soumis à l’arbitraire du régime de vichy. De ceci, Sarkozy-guaino, dans son discours, ne fait pas mention. Il ne reste que le témoignage supposé du courage, et du don de soi. Tu m’excuseras, mais il existe des millions d’exemples de courage, de don de soi, qui sont différents, plus démonstratifs encore que cet exemple polémique et inefficace.[/quote]

    Je t’excuse. Tu m’excuseras aussi de penser qu’il y a peut-être même dans la fin de Guy Moquêt quelque chose qui le dépasse, quelque chose qui dépasse la somme des millions de cas particuliers évoqués. De la même manière que je doute qu’en baptisant une station de métro du nom de Guy Moquêt (ce qui n’a dérangé personne pendant des décennies), on ait entendu rendre hommage à l’ardent défenseur du pacte germano-soviétique.

    Bref, je trouve un peu pathétique cette tentative de sonder les intentions de Guy Moquêt sans vouloir saisir la dimension symbolique générale de l’évocation de sa fin.

  • > Je pense qu’il faudrait au moins un jury indépendant pour déterminer de son attribution.

    Non, le point versac est attribuable librement, surtout dès lors qu’on dit ‘J’ai dans l’idée que les poudres en question brûlent d’un feu inextinguible.’ La meta-explication est bien là.

    > De la même manière que je doute qu’en baptisant une station de métro du nom de Guy Moquêt (ce qui n’a dérangé personne pendant des décennies), on ait entendu rendre hommage à l’ardent défenseur du pacte germano-soviétique.

    La querelle d’analyse historique est ancienne, elle n’avait pas jusqu’ici pénétré le grand public. Et Guy Môquet peut avoir une rue (qui explique le nom de la station de métro), je n’y trouve rien à redire, le nom fut choisi dans les affres habituelles de la libération.

    > Bref, je trouve un peu pathétique cette tentative de sonder les intentions de Guy Moquêt sans vouloir saisir la dimension symbolique générale de l’évocation de sa fin.

    C’est à peu près ce que je veux expliquer, mais il semble que cela passe mal. Quelle est la « dimension symbolique générale de l’évocation de sa fin » ? Que des jeunes sont morts pour la liberté ? Que des jeunes ont dépassé leur quotidien en se livrant pour la France ? Que des gens ont su faire preuve d’un esprit de sacrifice incroyable pour que nous soyions en liberté ?

    Guy Môquet n’était pas de ceux là. Il a été une victime, il n’était pas un résistant. Pourquoi choisir cet exemple ? On est clairement dans une réelle confusion des valeurs.

    Faut-il donc, parce que le président de la République en a décidé ainsi, lire le texte, non porteur de sens direct (et pourtant, combien de lettres de résistants sont plus belles !), alors même que la dimension symbolique de sa mort est absente, porteuse d’une absence de sens totale ?

    Il y a plein de critiques de cette démarche. Je ne rejoins pas du tout celle des communistes, qui portent toujours Môquet dans leur panthéon et hurlent à la récupération absurde (quoiqu’ils aient un peu raison : pourquoi un chef d’Etat qui abhorre le communisme encense-t-il quelqu’un aui haïssait le capitalisme et l’argent, et n’avait pour seul objectif l’instauration de la dictature du prolétariat ?). Je ne pense pas que cette lecture soit une exhortation au nationalisme (ce serait ridicule).

    Je pense juste que notre bon prince n’a pas à imposer cette lecture absurde qui ne remplit pas les objectifs qu’elle est censée porter. Mais les objectifs, Guaino, ça, y connait pas. Il aime juste les triangulations bizarres et les soi-disant pères la vertu qui se hérissent le poil de sa connerie…

  • « Je pense qu’il faudrait au moins un jury indépendant pour déterminer de son attribution. »

    Une seconde, j’arrive…..

  • Verac,
    Pour revenir aux symboles, oui il y en a. C’est un jeune de 17 ans qui s’est engagé pour une cause, pour un projet. La mort n’est que le moment où il affronte « son » choix. Victime ou résistant, cela n’a pas d’importance.

    Je sens que le mot « sacrifice » va devenir tabou… Déjà le deuxième mot à retirer du langage quotidien. C’est un automne chouette quand même !

  • Guy Môquet. Une station de la ligne 13 du métro parisien reliant la commune de Saint Denis à celle de Montrouge. L’une est communiste pour encore quelques mois (j’espère), l’autre est passée du rouge à la droite en 1994. Bref, une station sans âme pour la majeure partie des parisiens. Tout comme ces plaques de rues qui tentent de faire sortir de l’anonymat des pans entiers de notre histoire.
    Et si, aujourd’hui, on avait donné du sens à une station de métro ?

    La suite de ma réaction sur mon blog
    http://www.rouxdebezieux.org

  • Je ne comprends pas cette polémique, la lettre est magnifique, un pan magnifique du patrimoine français. Je ne la connaissait pas, et je remercie Sarko de me l’avoir fait connaitre. Je pense que beaucoup de jeunes d’origine étrangère sont dans mon cas.

    Je note au passage que ca fait 30 ans que je suis là, et que aucune des personnes qui crachent sur la « vulgarité » de Sarko ou de son « inculture » ne l’ont jamais mentionné (savaient-il que la lettre existait? Hmm pas sur).

    il n’y a aucune raison de « contextualiser ». C’est un garçon qui donne le meilleur de lui même pour ce et ceux qu’il aime.

    J’ai beaucoup était en contact avec des gens que les « intellos » parisiens méprisaient, j’ai était frappée par leur subtilité et leur générosité. Ne vous inquiétez pas va, les gamins de banlieue sont parfaitement capables de vibrer avec une telle lettre. Laissons les blasés élites faire petit bras contextualiseur dans leur coin.

  • J’avoue rechercher depuis quelques temps la réelle « portée symbolique de ce texte », dans lequel je ne lis que piété filiale et appel au courage,

    et dont la dissonance entre le contexte historique et le commanditaire de la commémoration me déconcerte, puisque le sens de la « résistance » de Guy Môquet est plutôt a priori celui d’une résistance à l’impérialisme des nations et du capital, alors que le bulletin officiel de l’Education Nationale, semble en faire un appel au patriotisme à l’égard de la Nation : “Soyez fiers de vos aînés qui vous ont tant donné ; aimez la France car c’est votre pays et que vous n’en avez pas d’autre” (http://www.education.gouv.fr/bo/2007/30/MENE0701517N.htm ).

    Je trouve beaucoup d’argumentations critiques justes contre ceux qui ne veulent pas lire la lettre, comme celle de Koz. mais je ne trouvais pas de raisons justes pour la lire. C’est ce qui manquait beaucoup, je trouve.

    Seule explication que je trouve enfin grâce à Koz : le discours de Sarkozy au bois de Boulogne.

    Cependant, en cherchant bien dans ce discours ce qui est célébré, et en écartant l’hypothèse du nationalisme que Koz nous dit d’écarter, ce qui me marque le plus est finalement :

    « leur montrer à travers le sacrifice de quelques-uns de ces héros anonymes dont les livres d’histoire ne parlent pasce qu’est la grandeur d’un homme qui se donne à une cause plus grande que lui »

    … et là, avec du recul, je suis un peu gêné, car en fait, cette phrase pourrait être dite exactement de la même manière à propos des terroristes qui meurent dans les attentats suicides pour une cause qu’ils croient juste.

    En fait, il me semble que ce qui manque dans cette volonté de célébrer la « résistance » pour fournir un enseignement aux jeunes pour l’avenir, c’est bien quelle est la nature de cette « cause ».

    Il est clair que la « cause » de Guy Moquet n’a rien à voir avec celle que veut célébrer Sarkozy.

    Alors quelle cause ?

    Il est question de la « barbarie », de « l’asservissement de la libreté humaine » … mais qu’est-ce qui nous menace de tel aujourd’hui ?

    En fait, je ne vois qu’une cause concrète : la réconciliation franco-allemande.

    Mais la facilite t-on en remettant sur le gril cette « barbarie » pratiquée par les Allemands, en rappelant comme il l’a fait dans un autre discours, que « la France n’a pas inventé la solution finale » et peut en être fière.

    Alors quoi ?
    En fait, j’ai l’impression qu’on ne cherche pas une « cause », mais une « image » genre « image d’Epinal » :
    On voit bien l’insistance sur la France « ce qu’est un jeune Français ».
    Et une pointe sur l’Europe.

    On semble nous inviter à célébrer la fierté d’être Français ou Européen … genre « être fier du maillot » … mais en même temps, Koz nous dit que ce n’est pas un « appel au nationalisme » ?

    Alors vraiment je n’y comprends plus rien.

    L’explication du CUVH em semble aussi raisonnable, qui insiste plus sur la forme de la commémoration (tous réunis dans toute la France en même temps à l’école pour écouter des autorités morales (résistants), politiques ou institutionnelles, réciter une même « leçon morale », à l’initiative, que personne n’ignore du président Sarkozy) que sur le fond :

    « La place donnée à l’Ecole dans cette cérémonie et les formes suggérées pour son organisation indiquent une double visée : restauration de l’ordre social et restauration de l’unité nationale. L’ordre cérémoniel est la traduction sous forme rituelle de la Lettre aux éducateurs envoyée par le même donneur d’ordres ; restauration de la hiérarchie, des « valeurs » et du vouvoiement : Guy Môquet le militant est utilisé à contre-emploi. Le message présidentiel n’en a cure, il soumet l’histoire à son usage par ses directives très claires : « aimez la France car c’est votre pays et que vous n’en avez pas d’autre. » On ne peut mieux indiquer l’usage politique ainsi visé : l’union sacrale dont l’Ecole doit être la garante permet d’effacer toute « tache » mémorielle »

    J’ajouterai que, en allant plus loin, tout cela semble totalement reposer sur une vision émotionnelle de la politique au sens du « vivre ensemble » qui n’a pris pour moi son sens qu’en apprenant ce qu’est le « story telling », né aux Etats-Unis :

    http://www.monde-diplomatique.fr/2006/11/SALMON/14124

    Voilà, après longue réflexion pour essayer de comprendre, tout ce que ceci m’a inspiré.

    En même temps, mes recherches m’ont appris à mieux connaitre Henri Guaino, qui n’est pas du totu un personnage « raciste » comme certains l’ont dit, mais au contraire une personnalité très complexe et ambigüe, attachante par bien des côtés, et intelligente (on s’est même trouvé un cheval de bataille commun, tous deux étant partisans de la « TVA Sociale »). Cela dit, je ne suis pas certain que le « story telling » qu’il a popularisé, soit vraiment ce qu’il souhaitait dans certains de ses écrits pour le progrès de la démocratie.

  • Plutôt d’accord avec versac (lire aussi Jules de Diner’s room sur le sujet).

    Le problème, si on s’en tient à la simple lecture demandée par le grand patron, c’est qu’on s’adresse aux tripes, en cherchant à générer une émotion brute. On est loin de la démarche éducative. A moins qu’on amène ensuite de la perspective et de la réflexion autour non seulement de la lettre mais de l’histoire qu’il y a autour. On peut dire « contextualiser » si on tient absolument à employer des grands mots (ou, plus exactement ici, si on tient à accuser les autres d’employer des grands mots, ça permet de les rejeter dans le camp des intellectuels éloignés de la réalité).

    En lisant les témoignages de profs dans le Monde on voit que mis à part les anti-Sarko primaires, ils ont fait leur boulot, en faisant réfléchir leurs élèves. Tout le monde devrait être content, mais on est en France, alors on va s’offrir encore un ou deux jours de polémique avant de revenir aux vrais sujets qui font mal, genre retraites, budget, etc.

  • une info: ni mon collègien, ni ma lycéenne (qui avait pourtant cours d’histoire-geo hier), n’ont entendu parler de guy môquet hier…peut-être plus tard?
    pour moi, en conclusion, et on passera à autre chose…
    -la mauvaise lettre…il y en avait de plus fortes, écrites par des résistants qui avaient été au delà de la distribution de tracts communistes (cf.manouchian)…
    – au mauvais moment.. le 8 mai, le 18 juin, le 11 novembre, nous ne manquons pas de moments « mémoriels » dans l’année
    -de la mauvaise manière: cette décision sans concertation, cette contextualisation patriote…cette insistance du président sur la capacité à dire « non » alors que c’est aujourd’hui plutôt une dynamique positive qui manque…

  • Koz, tu parles de « dimension symbolique générale de l’évocatin de sa fin ».. Alors en-dehors du fait qu’une fois qu’on a dit ça, on n’a rien dit, je suis en total désaccord avec toi sur ce point.
    Je crois que personne ici, pas même Versac, en conteste le courage de ce jeune homme. Et nous ne sommes pas tous des anti-sarkozystes primaires, ni des communistes staliniens. Donc inutile de venir dire que si on s’oppose à sa lecture, c’est parce que bpetement, on cherche par tous les moyensà contrer notre bien aimé président. Ce n’est pas le cas.
    Donc non, ce n’est pas le courage de ce jeune homme que je nie, c’est la proportionnalité entre ce courage et une lecture symbolique dans toutes les classes en même temps, le même jour etc.
    Pour moi, cette lettre, c’est juste du courage. Rien d’autre. dit plus tôt et notamment chez Versac, Môquet est arrêté pour tout sauf pour un acte résistant. En fait, pour un acte partisan; Les communistes se foutaient de la France, ce qu’ils voulaient c’est suivre le PCF et donc l’URSS. Lesmêmes qui s’opposaient ardemmentaux nazis étaient leur alliés au début de la guerre, je te rappelle.
    Alors, quelle « dimension symbolique globale de l’évocatonde sa fin »? Le fait qu’il dise papa-maman-je-vous-aime?
    Je ne al trouve même pas émouvante, cette lettre. Plutôt cucul.
    Mais par-dessus tout, ce que je déteste, c’est qu’on cherche à faire parler de soi (comment aurait-il pu en être autrement?) à ce point, en obligeant le professeurs à cette manifestaiton ridicule de faux patiotisme.

  • C’est bien de parler de la résistance, surtout en ce moment,
    tout ce qui concourt à aborder cette époque est bon à prendre.

    Avec mon mauvais esprit, je suggèrerais, si on me demandait mon avis, la lecture de « l’affiche rouge » dans les centres de rétention et dans les commissariats.
    Bon, c’est un texte d’un « compagnon » de route du PC, non exempt de critique, mais on fait avec ce qu’on a …

  • [quote comment= »52341″] Guy Môquet n’était pas un résistant au nazisme, ni un véritable opposant au régime de vichy ou un amoureux de la république. c’était juste un militant communiste, fait prisonnier, et ensuite soumis à l’arbitraire du régime de vichy. […] Je pense juste que notre bon prince n’a pas à imposer cette lecture absurde qui ne remplit pas les objectifs qu’elle est censée porter.[/quote]

    Bullshit.

    On dira à Guy Môquet qu’il n’est pas mort comme il faut, qu’en fait ce n’est pas pour la France qu’il a été fusillé, qu’il n’est qu’une victime, pas un résistant. Désolé, cher Guy, il fallait choisir une autre étiquette.

    On lui dira que cela a été décrété par de jeunes personnes du XXIème siècle, pensant porter très haut l’idéal démocratique en lui crachant dessus : pensez-donc, ils s’érigeaient contre un « bon prince ». Tu parles d’un idéal.

    « Non, pas cracher », s’écrient-elles. « C’est juste que… »

    – Que quoi? Que le Président de la République Française n’est pas qualifié pour parler au nom de la France, et du souvenir que l’on doit à ceux qui sont morts pour elle? Il l’est moins que les enseignants, peut être?

    Bullshit.

    Je me tais, ou je vais finir par m’énerver. Heureusement, Einstein a déjà tout dit :

    « Il n’existe que deux choses infinies, l’univers et la bêtise humaine… mais pour l’univers, je n’ai pas de certitude absolue. »

  • [quote comment= »52380″]Cependant, en cherchant bien dans ce discours ce qui est célébré, et en écartant l’hypothèse du nationalisme que Koz nous dit d’écarter, ce qui me marque le plus est finalement :

    « leur montrer à travers le sacrifice de quelques-uns de ces héros anonymes dont les livres d’histoire ne parlent pasce qu’est la grandeur d’un homme qui se donne à une cause plus grande que lui »

    … et là, avec du recul, je suis un peu gêné, car en fait, cette phrase pourrait être dite exactement de la même manière à propos des terroristes qui meurent dans les attentats suicides pour une cause qu’ils croient juste.

    En fait, il me semble que ce qui manque dans cette volonté de célébrer la « résistance » pour fournir un enseignement aux jeunes pour l’avenir, c’est bien quelle est la nature de cette « cause ».

    Il est clair que la « cause » de Guy Moquet n’a rien à voir avec celle que veut célébrer Sarkozy.[/quote]

    La « cause », c’est le sens de l’engagement, c’est le fait de se donner effectivement à quelque chose qui vous dépasse, qui dépasse les enjeux quotidiens, qui dépassent le job, l’argent, la marque de la caisse.

    Oui, bien sûr, lorsque l’on a dit « sens de l’engagement », on n’a pas dit grand-chose dans la mesure où l’engagement en question peut prendre de mauvaises directions. Mais imaginez seulement ce que l’on aurait dit si Nicolas Sarkozy avait eu l’impudence d’indiquer la direction. Là, la voie est ouverte : à chacun de déterminer l’engagement en question. Voyez, Nicolas Sarkozy ne leur a même pas dit : engagez-vous, mais à droite…

    A l’heure actuelle, et même si les jeunes sont proportionnellement correctement engagés, il me semble fondamentalement utile d’insister sur le fait de concevoir d’autres projets dans leur vie que la seule consommation.

    Ceux qui reprochent à Sarkozy d’être superficiel, vendu aux forces de l’argent, pourrait y trouver quelque chose à soutenir, mais il semble que leur opposition à Sarkozy doive nécessairement prévaloir.

    [quote comment= »52427″]Les mêmes qui s’opposaient ardemment aux nazis étaient leur alliés au début de la guerre, je te rappelle.[/quote]

    Pour information, mon grand-père, pilote au début de la guerre (forcément, au début) a toujours raconté à ma mère que les pilotes révisaient eux-mêmes leurs appareils à cause des sabotages des mécanos communistes. Je n’ai donc pas besoin de rappel.

    En outre, s’agissant d’un gamin de 17 ans, je crois que, tout en respectant son engagement communiste, il faudrait en rabattre un chouya sur ses convictions définitives. Et dépasser un peu tout ça. Nous sommes un pays. Avec des personnes qui vénèrent le passé résistant communiste et des personnes qui soulignent la tardiveté de la résistance communiste. Peut-être peut-on s’accorder pour passer outre, et considérer la mort de ce jeune homme dans sa portée symbolique, effectivement.

    C’est aussi pour cela, francis, que l’on ne lira pas la lettre de Manouchian, pour le coup extrêmement marqué, et dans la force de l’âge, idéologiquement.

    [quote comment= »52402″]Le problème, si on s’en tient à la simple lecture demandée par le grand patron, c’est qu’on s’adresse aux tripes, en cherchant à générer une émotion brute. On est loin de la démarche éducative. A moins qu’on amène ensuite de la perspective et de la réflexion autour non seulement de la lettre mais de l’histoire qu’il y a autour. [/quote]

    Oui. Et pourquoi présumer que la réflexion autour de la lettre, de l’histoire qu’il y a autour, du sens de l’engagement, ne puisse pas être menée ?

    C’est aussi, assez précisément, là-dessus, que je trouve qu’il y a de véritables faux procès bourrés d’opposition masquée.

    On peut ne pas apprécier Nicolas Sarkozy, le prendre pour un con est probablement réducteur, non ? Pensez-vous vraiment qu’il lui a échappé, à lui et à Guaino, que cette lettre seule, sans débat, sans explication, était insuffisante ?

    Pourquoi donc Nicolas Sarkozy a-t-il accompagné cette lecture d’un discours, si ce n’est pour donner sa propre interprétation ?

    La lettre est un support, le cas Moquêt, un exemple. Je suis un peu attérré de voir que l’on consacre plus de temps à fouiller dans le passé de Guy Moquêt – jusqu’à aller relever qu’il a été fusillé évanoui, comme si cela devait altérer en quoi que ce soit la figure – plutôt que de prendre un tant soit peu de hauteur.

    A fouiller dans les détails, on se donne de grands airs d’historiens précis, alors que la seule motivation profonde, c’est une petite opposition politique.

    D’accord avec vous sur la fin : nombre de professeurs ont fait ce qu’ils avaient à faire. Pour le reste, on s’offre une polémique. Comme vous le dites : « Tout le monde devrait être content, mais on est en France, alors on va s’offrir encore un ou deux jours de polémique avant de revenir aux vrais sujets qui font mal, genre retraites, budget, etc.« .

    En la matière, je ne suis aps mécontent de voir que je suis à peu près sur la même ligne que La Croix, un journal – guère sarkozyste et guère nationaliste – que j’apprécie notamment pour sa capacité à ne pas sombrer tête baissée dans la moindre polémique qui passe.

    C’est l’édito de François Ernenwein, dont je citerai un long passage :

    « Nicolas Sarkozy avait fait, dès la campagne présidentielle, du jeune communiste, fusillé à 17 ans, un symbole d’une jeunesse engagée dans le combat pour la liberté. Sans doute, le chef de l’Etat ne trouve-t-il pas inutile qu’aujourd’hui soit ainsi dressé l’éloge de la solidarité dans l’exaltation de ce que fut la résistance. On voit très mal pour quels bons motifs cette initiative pourrait être contestée.

    Une polémique naît pourtant. Des Historiens s’inquiètent de cette charge émotionnelle, assez éloignée à leur yeux de u travail de l’Histoire et de leur enseignement. Certains reprochent que cette lecture taisent les errements du PC à l’époque du pacte germano-soviétique. D’autres pensent que l’engagement du jeune communiste n’est pas assez souligné. Enfin, quelques-uns notent que cette séance ne s’inscrit pas dans une progression pédagogique, faisant fi de l’approche construite des programmes. C’est oublier un peu vite que les commentaires, les explications restent possibles, ce matin. Comme les autres jours.

    Mais surtout, il est possible de réduire cette tension, réelle, entre mémoire et histoire. Il existe une synthèse possible dans l’esprit de résistance. Bien sûr, les contextes changent. La France de Guy Môquet ployait sous la botte nazie. Nous vivons aujourd’hui, libres, dans une démocratie apaisée. Mais comment ne pas sentir que le sens et la portée de cet exercice mémoriel se trouvent dans son actualité toujours vivante ? Le message que nous laissent ceux qui sont morts en héros n’invite pas seulement à la méditation sur leur combat (la mémoire) ou à la réflexion sur le contexte (l’Histoire). Mais surtout à une re-naissance du refus initial qui les a portés : l’injustice demeure, il reste toujours de bonnes raisons de résister »

    Ah, cette habitude de La Croix de ne pas vouloir donner dans les polémiques politiciennes…

  • à Damocles : Guy Moquet n’est pas mort « pour la France », et Sarkozy n’est donc effectivement pas qualifié pour parler en son nom.

  • Selon Versac, le Président de la République ( notre bon prince ) et son conseiller ( toujours insister sur le conseiller ) ne sont pas à même de décider de ce qui peut  » éveiller les consciences et former les belles âmes « , tout juste sont-ils capable de faire une opération de com, et même si derrière cette manipulation, il y avait une volonté de rappeler le passé et d’exalter le don de soi, le moyen choisi est  » ridicule et déplacé  » ( circulez, y a rien à voir… )
    Selon Françis, l’opération de com en question est totalement foireuse car ils ont choisi de lire la mauvaise lettre au mauvais moment et de la mauvaise manière, et puis cette obligation faite aux professeurs, cette directive, cet ordre… insupportable, et puis, il y a tellement d’autres textes à lire, tellement plus adéquats !
    Emmeline affirme que ce jeune communiste n’aimait pas la France mais l’URSS, Eolas s’attend à une franche poilade dans les classes et jmfayard est définitivement bloqué en arrêt sur image sur le divorce des Sarkozy.
    Vite, une autre polémique…! le » ridicule « de la lettre de Guy Môquet risque de ne pas tenir aussi longtemps que  » l’ignominie  » des tests ADN ( quelles sont donc les sources du New-York Times à ce propos ? )

  • [quote comment= »52446″]Guy Moquet n’est pas mort « pour la France » [/quote]

    C’est ça. Heureusement que vous êtes là pour nous le rappeler, d’ailleurs.

    Lui par contre ne se posait pas la question – pas plus que les Allemands qui l’ont exécuté. En 1940, son père étant prisonnier, il avait envoyé ces vers à Edouard Herriot, président de l’Assemblée Nationale :

    « Je suis jeune Français, et j’aime ma patrie
    J’ai un coeur de Français, qui demande et supplie
    Qu’on lui rende son père, lui qui a combattu
    Pour notre belle France avec tant de vertu ».

    Sinon, il y a aussi l’avis de Pierre-Louis Basse :

    [quote] Le président de la République rend hommage à ceux de Châteaubriant. Il salue Guy Môquet. L’une de ses dernières lettres est lue par une jeune lycéenne. Prenons ce geste. Je l’avoue : je préfère l’hommage de la République, au coup de chapeau de Raymond Barre à Maurice Papon. Prenons ce geste, sans renoncer à l’explication. Je n’oublie pas Châteaubriant. Je marcherai dans la carrière. Je relis le poème de René Guy Cadou : « Ils sont appuyés contre le ciel…/ Ils sont une trentaine, appuyés contre le ciel…/Avec toute la vie derrière eux…/ Ils sont bien au-dessus de ces hommes qui les regardent mourir…/ Ils sont exacts au rendez-vous…/ Ils sont même en avance sur les autres… »

    Je n’oublie rien. [/quote]

  • Ce qui doit toucher, c’est l’âge…. 17 ans.
    Que cette lettre de ce jeune de 17 ans soit lue à une génération du MÊME âge.
    C’est bien ce rapprochement d’âge qui est important dans cette lecture.

    Lire la lettre d’un autre, même résistant, même plus belle ou plus je-ne-sais-quoi, n’aurait évidemment pas le même impact, voire pas d’impact du tout, ou a minima un impact juste équivalent à n’importe quel extrait d’un cours d’histoire. C’est à dire peanuts…

    Il y a tout ou presque dans cette lettre pour un jeune de 16-18 ans d’aujourd’hui : la jeunesse, les potes, la famille, la petite copine, la prise de conscience, l’envie de faire, etc…
    Chaque jeune d’aujourd’hui peut se dire « ça aurait pu être moi » ou « ça pourrait être moi aujourd’hui ailleurs dans le monde »

    La mise en perspective au même âge est cruciale, et participe à l’évidence à une volonté assumée de fournir à la jeunesse actuelle des critères vertueux.

    Le but recherché est bien de faire naitre dans cette génération des 16-18 ans une certaine prise de conscience sur le fait qu’il leur faut prendre en main leurs destins ET leurs libertés, à la fois personnels et collectifs.
    Rien de plus, mais surtout rien de moins non plus.

    Cela participe à un nettoyage bienvenu de certaines « valeurs » bien oubliées …

    Après, qu’il ait été communiste ou pas n’est vraiment que très secondaire.

    Non, c’est juste faire réfléchir sur la différence entre « subir » et « agir » qui importe.
    Car c’est bien à cet âge là que tout se met en place…

    Lire la lettre de Guy Môquet, qui lui, à ce même âge, a du (et su) réfléchir, comprendre, agir et assumer doit être compris comme une une source supplémentaire d’épanouissement.

    Je verrai même bien cette lettre débattue en cours de philosophie, ce serait peut-être sa meilleure place…

    Ah mais bien sûr… promouvoir la libre pensée heurte évidemment la bonne pensance !
    Mais ça on le savait… et on le constate encore avec les quelques profs allergiques qui s’ébrouent…
    Qu’ils prennent leur calmant, ça ira mieux ensuite 🙂

  • A mon avis, Duong dit tout ce qu’il faut dire…

    Koz, oui, quand je ressens une émotion face à une oeuvre d’art, ou face à une production humaine, je cherche à comprendre d’où elle vient et quelle est sa nature. J’ai même pas honte. Je cherche à savoir si un texte exalte mon courage (sûrement présent quelque part) ou bien utilise mon côté sentimental et facilement maternant. Est-ce que, à la lecture de ce texte, mes larmes sont de l’admiration ou du chagrin?
    Je ne sais pas si je l’ai déjà dit, mais quand je lis ça, à cause des mots utilisés, je me retrouve incluse dans le cercle de famille proche de ce jeune, je suis sa soeur par exemple. Et j’en veux autant à la Résistance qu’aux Allemands de me l’avoir pris.
    Et c’est en lisant attentivement le texte lui-même, ce qui est un début d’analyse littéraire, en essayant de s’abstraire de ce qu’on sait de l’auteur, que l’on peut comprendre la nature de l’émotion que l’on ressent.

    Recevoir une claque d’émotion pour mieux réfléchir : justement, je ne suis pas d’accord. Ça dépend de l’émotion suscitée. Mais j’ai pas les compétences pour juger de ce genre de truc.

    C’est Marie Georges qui reproche de ne pas contextualiser.
    Le plus juste, c’est Duong : avec les mêmes mots, on pleure un jeune kamikaze, c’est pour ça qu’il faut préciser. Personne n’a dit que les profs n’allaient pas le faire.

    Moi, je n’ai toujours pas compris ce que le président de la République venait faire dans les cours de récré. Mais déjà, au lycée, à la mort de Mitterrand, j’avais pas compris les 5 mn de silence (prier pour lui, ou parler de son action et l’en remercier, même, oui, mais interrompre les cours 5 mn et se taire, c’était très violent je trouve, on ne faisait même pas ça le vendredi saint alors que j’étais dans le privé). Il m’a fallu plusieurs années.
    Et de toute façon, j’aime pas qu’on m’impose des icône. Je suis catho, j’ai déjà des milliers de saints à prendre en exemple dans ma vie. Je prends assez mal ce genre de chose, toujours et d’où que ça vienne, et je suis pas la seule manifestement.

    Pas besoin que des gens dont je ne partage pas les valeurs viennent proposer à mes enfants des exemples de leur cru. Non mais oh. En revanche, qu’il la lise tous les premiers de l’an, 14 juillet, 11 novembre et tout ce qu’il veut y’a pas de problème. C’est même excellent, très bien. Par exemple, à la cascade là, c’était excellent, très bien. Vraiment, ça donnait une mesure au personnage présidentiel, ça l’ancrait dans une certaine histoire de France, c’était parfait.
    Mais pas dans les cours de récré. Zut.

    Mais y’a pas de quoi en faire un drame non plus.

  • à Koz : pourquoi l’engagement en question ne pourrait-il pas être dans le « job » ?

    J’avoue que la première fois que j’ai lu la lettre, ne sachant même pas que Guy Moquet était communiste, devant ce témoignage de piété filiale et d’appel au courage et à la volonté quotidienne (celle de sa « petite maman »), de la part de quelqu’un que je savais juste être un résistant,

    cette lettre m’a plutôt évoqué le tryptique « travail, famille, patrie », pas au sens pétainiste bien sûr, mais au sens beau et dévoué de ce qu’est le don à sa famille et à son travail.

    Un message confucéen en quelque sorte, ajouté de patriotisme.

    Je n’ai donc pas du tout pensé comme vous que l’engagement en question ne pourrait pas être dans le travail.

    Le travail n’a pas pour seule fonction de permettre la consommation.

    Et son sens profond nous dépasse souvent, nous simples employés qui obéissons à nos chefs qui, eux, savent sans doute.

    Pour moi, le travail pouvait bien être cette sorte d’engagement.

    Et j’avoue que je trouvais effectivement que ça pouvait être un message motivant et porteur pour l’avenir.

    La « consigne » principale de notre président n’est-elle pas de « travailler plus » ?
    Qu’attend-on des jeunes à l’école et pour leur avenir sinon qu’ils « travaillent bien » ?

    Je précise qu’il ne s’agit pas pour moi ici de « critiquer » Sarkozy ou Guaino sur cet aspect, puisque je l’ai trouvé plutôt positif (« travailler plus pour un engagement qui nous dépasse » ça ça me parle et ça me motive, « travailler plus pour gagner plus » ça ça ne me parle pas personnellement … justement car trop matérialiste).

    Je voulais juste dire que d’exclure le travail de l’engagement en question, ça me semble très réducteur, car après tout avec celui envers sa famille, c’est le principal engagement auquel se dévoue tout un chacun.

    Moi qui ressens un besoin profond, un manque de trouver un « sens » à mon travail, ça me parle. La « cause » (le service public en ce qui me concerne) me dépasse, je dois faire confiance à mes chefs pour savoir comment la remplir au mieux … quelque part ça remplit un vide pour moi (surtotu après avoir lu des textes de Guaino, qui me font plus croire en lui et ses objectifs). Les Asiatiques ne pensent d’ailleurs pas autrement.

    Et de cette manière vous comprenez aussi que j’ai été sensible à l’argumentation du CUVH qui voit dans ce texte une volonté de restaurer « l’ordre social et l’unité nationale ».

    Comme quoi on peut vraiment voir des symboles très différents dans cette commémoration.

  • OK Damoclès, je me suis emporté et j’ai parlé trop vite dans ma dernière réponse à votre égard, en général j’essaie d’être plus réfléchi mais parfois je suis trop émotif.

  • [quote comment= »52452″]Lui par contre ne se posait pas la question – pas plus que les Allemands qui l’ont exécuté. En 1940, son père étant prisonnier, il avait envoyé ces vers à Edouard Herriot, président de l’Assemblée Nationale :

    « Je suis jeune Français, et j’aime ma patrie
    J’ai un coeur de Français, qui demande et supplie
    Qu’on lui rende son père, lui qui a combattu
    Pour notre belle France avec tant de vertu ».[/quote]
    N’aie pas « peur », cite tes sources. Sinon on risque de prétendre qu’elles sont inexactes. Outre chemins de mémoire, on a… Libération.

  • Merci de l’avoir fait pour moi. Au pire elles étaient sur mon blog… à l’exception de l’article de Libé, que je vais rajouter tout de suite.

    A noter aussi cette information, justement dans l’article en question, qui fait froid dans le dos, d’un seul coup :

    « Le ministre de l’Intérieur du gouvernement Pétain, Pierre Pucheu, est chargé d’établir une liste. »

  • On dirait une allée cavalière : un alignement d’arbres. Chacun cachant à la fois la forêt et l’arbre précédent. Le divorce Elyséen cache la journée de grève et Guy (dont il est vilain de se moquet) cache le divorce que vous savez. Après la coupe du Monde de rugby, il nous manque un petit coup de grippe aviaire pour faire la soudure avec Noël (foie gras et SDF au menu) et hop ! on passe aux municipales.

    P.S. : Pour les photos du divorce (pas de raison de pas s’y mettre aussi) c’est là-dessous
    http://blogduchi.canalblog.com/archives/2007/10/15/6523761.html

  • Au risque de paraître stupide, je pense personnellement que ce divorce tout le monde s’en fout en tant qu’histoire banale de couple mais interpelle beaucoup de personnes, parce tout ce qu’il implique de nouveauté dans le ton et l’action va s’illustrer dans ce couple même séparé.
    Cécilia les valeurs d’une femme belle, libre et autonome.(Bof ?)
    Nicolas, l’homme « abandonné », soucieux de paraitre professionnel sur lequel les soucis sentimentaux n’ont pas de prise et avec un ton décalé. (ce n’est pas un chichi qui traverse une salle de spectacle pour aller faire le baise-main à Ségo !)
    Et pour tous les deux, beaucoup de personnes vont attendre la faille.
    Pour moi donc, le désintérêt de l’histoire du couple est inversement proportionnel à l’attente du futur, du redressement du pays, de la chute de lui (ou d’elle)… , chacun suivant ses convictions.

  • Que des anti-sarkozystes se soient emparés de cette histoire de lettre était très prévisible, j’ai presque envie de dire assez normal.
    Après tout, que le président décide que tous les lycées de France doivent se plier à cette lecture un jour dit, à une heure dite est tout de même un petit évènement.
    Je suis ‘sarkozyste’, donc je ressens facilement de la bienveillance envers ses actions et ses décisions. Mais, je peux comprendre les profs qui ont pu se sentir dérangés par cette intrusion.

    Mais d’autres choses me gênent un peu dans tout cela.
    D’abord, la lettre en elle-même est brève, d’écriture simple. L’émotion qu’on ressent en la découvrant est évidemment très forte, et je ne crois pas que les lycéens aient beaucoup eu à refréner un désir d’éclater de rire. Mais pour ceux qui sont aujourd’hui en seconde, je crains qu’à la troisième, voire quatrième lecture (pour les redoublants), l’émotion ne disparaisse presque totalement.
    D’autre part, ce choix de l’émotion comme vecteur de formation scolaire de notre jeunesse est un choix que je ne partage pas.
    On étudie la 2ème GM au lycée, on se prend de monumentales baffes en étudiant la Résistance, la déportation, l’holocauste. Pas certaine que les lycéens soient en manque d’émotions fortes sur le sujet dans le programme tel qu’il existe déjà.
    Quant à ériger le sacrifice ultime en valeur, en modèle pour donner un sens à sa vie, pour prendre son destin en mains, que ce soit l’avis de NS en tant qu’homme, que père ne me pose aucun problème, mais je n’ai certainement pas voté pour lui pour qu’il impose cette vision à ma progéniture.
    Et si NS considère que le programme d’histoire existant ne comporte pas assez d’hommages à la Résistance, alors, il me semble qu’il serait plus judicieux de chercher à le modifier en profondeur.

    Enfin, il est vrai qu’il n’y a rien de scandaleux à parler de l’horreur de la guerre aux lycéens, et je pense même que globalement, la directive a été suivie.

  • L’intervention de ton commentaire, Thaïs, me fait revenir (i) sur le divorce, (ii) sur l’objet large de ce billet et (iii) sur le commentaire de jacques.

    Car, en fin de compte, évoquer ce divorce paraît au final incongru lorsque l’on évoque l’exécution de Guy Môquet. Mais en fin de compte, on a ce même comportement de l’opposition, tressautante, avide de monter le moindre élément en polémique.

    Je ne sais pas dans quel sens Jacques écrit son commentaire. Toujours est-il que je serais curieux de savoir qui exploite réellement ces sujets.

    Le divorce ? Les opposants de tous ordres ont expliqué que Nicolas Sarkozy aurait choisi de l’annoncer le 18 pour camoufler les grèves. Je ne peux pas certifier que ce soit inexact, n’ayant pas d’informations à cet égard. Mais non seulement il ne m’a pas semblé que l’on les ait passées sous silence, mais le lendemain, il y a eu surtout un évènement qui, au regard de l’Histoire, supplantera sans nul doute ces pauvres grèves : l’accord sur le Traité européen à Lisbonne. Je sais que la participation de Nicolas Sarkozy est aussi sujette à controverse mais il me semble assez probable qu’il n’aurait pas voulu, par cette annonce, escamoter le fruit du travail dont il s’enorgueuillit. Ca n’a pas arrêté l’opposition, pourtant.

    La lettre ? Même chose. Laporte excepté, c’est l’opposition qui, depuis mai dernier, ne cesse de monter cette initiative en polémique, de la tourner en dérision, et qui vient maintenant affirmer que le rabâchage nuirait à sa portée.

    Alors, je ne cherche pas à convaincre que tout cela se fait au corps défendant de Nicolas Sarkozy. Il est effectivement un président médiatique, ou à tout le moins un président particulièrement conscient du pouvoir des medias, et qui cherchent à apparaître. Mais si l’on veut lui jeter la première pierre, il faut aussi s’assurer que l’opposition, pour sa part, ne soit pas dans la perspective d’exploiter le moindre élément pour exister… effectivement jusqu’aux municipales.

    Et l’on en arrive à des polémiques idiotes, où l’on se gargarise de grands mots et l’on fait de grands reproches en oubliant l’essentiel – on se fout de la date, on se fout qu’il y ait eu un ou deux originaux de la lettre, on se fout de savoir si ce pauvre Guy Môquet s’est évanoui ou non etc… – mais puisqu’il faut exister…

  • J’aime beaucoup ce message et les commentaires qui le suivent. Je suis bien d’accord avec le fait qu’on s’en fiche un peu (beaucoup en ce qui me concerne) de savoir si Guy Môquet était communiste ou pas et de savoir s’il fallait choisir cette lettre plutôt qu’une autre… Dans l’un des messages que j’ai consacré au sujet hier sur mon blog j’ai rappelé le superbe poème d’Aragon intitulé « la rose et le réséda » et qui contient comme un leitmotiv « celui qui croyait au ciel, celui qui n’y croyait pas ». Il était dédié à Môquet et à 3 autres fusillés (2 chrétiens, 2 communistes) et l’auteur exprime bien que face aux balles le sang coule de la même couleur. Il écrit notamment :
    « Un rebelle est un rebelle deux sanglots font un seul glas »
    ou encore
    « Et leur sang rouge ruisselle même couleur même éclat »

    Toute cette polémique au sujet des sensibilités politiques réelles ou supposées de Môquet me semble parfaitement déplacée. Que sait-on de ses convictions politiques quand on a 17 ans ?!? Elles ont largement le temps de changer quand on vit assez longtemps pour ça.

    C’est ce que j’ai tenté d’écrire sur mon blog, sans doute moins habilement que ce ne le fut ici.

  • @ Koz,
    – comme l’a très bien dit Versac, il me semble que l’initiative de la lecture en soi de Guy Moquet n’est pas totalement dénuée d’intérêt. Mais déjà je ne comprenais pas a priori le caractère un peu ridicule de sa lecture, à jour fixe, tous les ans.

    Mais surtout, ce n’est tout de même pas ni la gauche ni les profs de manière générale qui l’ont instrumentalisé d’une façon scandaleuse (c’est loin d’être un détail) juste avant le premier match de la Coupe du monde ! Ce n’est pas la gauche ni le PS qui a fait monter une sorte de reportage propagande diffusé à outrance sur les chaines du service public ce week-end ! Encore moins la gauche ou le PS qui ont envoyé 10 Ministres en faire de l’exploitation médiatique dans divers lycées et collèges.

    Donc le problème reste toujours le même en Sarkozie. Cette surmédiatisation, cette volonté de mettre en place constamment un « story-telling » permanent évoqué par duong je crois plus haut fait que même une intention pas fondamentalement mauvaise initialement se transforme en véritable gadget médiatique insupportable. Au mépris de la vérité historique (Moquet n’a pas été fusillé parce qu’il était résistant), au mépris d’une vraie communion nationale (qui aurait pu être mise en avant le 8 mai par exemple comme le suggère Jean-Pierre Azéma).

    – Sur le divorce, c’est tout de même à mourir de rire. C’est Sarkozy qui a exploité à outrance pendant 5 ans sa relation avec Cécilia, la mettant en scène de manière permanente. Les journalistes n’ont par ailleurs pas respecté l’embargo imposé par Ségolène Royal sur l’annonce de sa séparation. En revanche, malgré les affirmations du Nouvel Obs dès le lundi, la quasi-totalité des journaux ont attendu le jeudi ! De la même façon, concernant Cécilia-Sarkozy, il ne fallait rien dire, c’était de la vie privée alors que l’on connait les implications sur le plan politique. Du côté Hollande-Royal, on a assisté à un déferlement pendant plusieurs jours.

    Voir ensuite Sarkozy s’emouvoir qu’on lui pose une question sur une dérive dont il est plus que largement responsable, c’est tout de même invraisemblable. Et en bon supporter, vous le cautionnez.

  • L’article de Rue 89 sur le divorce des Sarkozy était évidemment grotesque. Si les Français, quand on les sonde, affirment être indifférents à cette séparation, c’est, forcément, qu’on les y a forcés. Qu’ils ont été manipulés.

    Impossible que les Français décident quelque chose tout seuls, pensent de leur propre chef, sans que les grands prêtres de la médiacratie de gauche leur disent où est le Bien, ou, à l’inverse, que l’infâme machine sarkozyste ne les hypnotise pour les obliger… à se foutre d’un sujet pourtant fondamental.

    Ce mépris du peuple, de la part de ses défenseurs présumés, est une caractéristique de la gauche française.

    Au demeurant, Rue 89 ne nous dit pas pourquoi — si on les suit bien — le divorce du président serait une question cruciale pour la France, à laquelle il conviendrait de s’intéresser toutes affaires cessantes.

    Sans compter qu’à gauche, on a aussi beaucoup entendu l’inverse: l’Elysée aurait annoncé le divorce le jour même de la grève des transports pour… justement… détourner l’attention des Français de cette affaire fondamentale des régimes spéciaux… et qui risquait de passer totalement ineperçue à leur yeux, alors même qu’il étaient obligés de marcher trois heures pour aller au boulot — ou de se faire marcher dessus pendant deux heures.

    Il faudrait savoir. Ces gens-là prennent vraiment les Français pour des cons.

    On est donc bien obligé d’en conclure que le seul motif de cet article, et de beaucoup d’autres, est de se réjouir du fait que Nicolas Sarkozy a été plaqué par sa femme.

    Voilà, en effet, de la haute politique, de l’humanisme à longue portée, du progressisme en marche vers un monde meilleur.

  • Rien d’excessif à dire que ce jeune homme n’est pas mort pour la France, il me semble. Il n’y a pas de honte à ça. Evidemment, en écrivant à Herriot pour demander la libération de son père, il ne crie pas « Vive Moscou ». Notons aussi que cette lettre date d’avant l’occupation (cette information me paraissait pertinente tout à l’heure pour une raison que j’ai oubliée, je la consigne comme un résidu stratigraphique du cours de ma pensée).

    Moi je trouve l’exemple assez bien choisi, justement parce qu’il n’y a aucune espèce de morale simple à en tirer. Un jeune homme endoctriné par un parti stalinien et collaborationniste de fait, outré par l’arrestation de son père (par la République, pas par Vichy), arrêté lui-même par la police française (de Vichy cette fois) pour avoir tracté contre la misère et les capitalistes en pleine occupation nazie, tabassé, puis finalement victime par ricochet des représailles de l’occupant suite à un des ces actes de résistance spectaculaires et contreproductifs (pour rester poli) qui ont tant fait pour la gloire sanglante du PCF. La République, les communistes, les nazis, Vichy ont tous pris leur part à cet infanticide absurde. Il n’est pas mort pour la France, Guy Môquet, il est mort pour rien, tout simplement. Ou plutôt par conneries. Au pluriel.

    Donc, Guy Môquet, sorte de « soldat connu » de la 2e guerre mondiale, symbole de l’absurdité de la guerre, de l’innocence de la jeunesse et du bordel innommable qu’a été cette période, moi je dis, très bien.

    Après, en faire le symbole de « ceux qui ont dit non », ça n’a pas grand sens.

    Et cette histoire de dire « non », ça m’horripile, aussi. Comme si c’était une vertu en soi. Il n’y a pas de discours plus creux que cette exaltation de la négation. Autant exalter le point-virgule, l’imparfait du subjonctif, ou même les plantes vertes. Faurisson aussi, il dit « non », après tout. Ca ne veut rien dire ces conneries.

    D’autant que dire non, c’est la première chose qu’on apprend quand on est gamin, et qu’il n’y a pas besoin de les y pousser beaucoup, les jeunes. La difficulté, c’est de dire oui, justement, de dire oui aux bonnes choses, et de s’engager derrière. Mais dire « non », c’est peut-être une vertu très utile quand on est occupés par les nazis, mais voilà, ça n’arrive heureusement pas tous les jours.

  • tout à fait d’accord avec la fin du commentaire de FC..
    dire non n’a du sens que dans des contextes précis,
    et est, en général, sauf dans ces cas de pouvoir dictatorial,
    de pression ou d’attrait du pouvoir, de l’argent, plus facile que dire oui
    par exemple, tous les français veulent que ça change, disent non à l’immobilisme, mais après…divergent sur la voie.
    et j’ apprécie aussi cette idée de guy Moquet « soldat connu »,
    je me dis qu’en d’autres temps, on aurait demandé à chacun de se tourner vers le soldat inconnu, ou vers ces murs, ces momuments ou sont gravés tant de noms….(qui ont, en général, dit, « oui », pour aller sous les drapeaux, et c’ était difficile)
    mais la lettre c’est de la personnalisation, et donc de l’émotion…
    finalement je pense que, si j’étais ministre en charge du souvenir, plutôt que d’intervenir sur le programme des écoles, j’imposerais aux chaînes télé et radio, aux journaux, un « jour de mémoire » comprenant archives, lettres de fusillés, récits de survivants, sans démagogie, sans pub, avec sobriété et recueillement….

  • [quote comment= »52566″]tout à fait d’accord avec la fin du commentaire de FC..
    dire non n’a du sens que dans des contextes précis,
    et est, en général, sauf dans ces cas de pouvoir dictatorial,
    de pression ou d’attrait du pouvoir, de l’argent, plus facile que dire oui
    par exemple, tous les français veulent que ça change, disent non à l’immobilisme, mais après…divergent sur la voie.[/quote]

    Oui, il y en a même, figure-toi, qui disent Non au TCE, etq uelque abruti qui proclame « on a tous une bonne raison de dire non » !

    En fait, ton commentaire souligne la seule limite que j’opposerai à celui de FC qui, je trouve, dépasse un peu plus les autres critiques d’inutiles détails.

    Il a raison de dire que valoriser le seul fait de dire « non » est vide de sens. Mais lorsque toi, francis, tu parles de contexte, je t’invite à relire le début du discours de Sarko.

    « Les résistants sont jeunes. Ils vont mourir. Mais ce qu’ils incarnent est invincible. Ils ont dit « non », « non » à la fatalité, « non » à la soumission, « non » au déshonneur, « non » à ce qui rabaisse la personne humaine, et ce  » non » continuera d’être entendu bien après leur mort parce que ce « non » c’est le cri éternel que la liberté humaine oppose à tout ce qui menace de l’asservir. »

  • dire non est une vertu?

    … c’est une bonne nouvelle …. pour la CGT: s’il y a bien un truc où ils sont fort c’est bien celle là 🙂

  • [quote comment= »52440″]
    On lui dira que cela a été décrété par de jeunes personnes du XXIème siècle, pensant porter très haut l’idéal démocratique en lui crachant dessus : pensez-donc, ils s’érigeaient contre un « bon prince ». Tu parles d’un idéal.

    « Non, pas cracher », s’écrient-elles. « C’est juste que… »
    [/quote]
    Je ne sais pas si Môquet est mort pour la France. Mais pour le parti communiste, certainement. Pour le reste, oui le président est le moins illégitime pour proposer cette lettre.

    [quote post= »502″]parce que Guy Moquêt était communiste. Ca devient désagréable. Mais c’est peut-être le gage de la modération de la démarche.[/quote]
    Tu remarqueras qu’en ce qui me concerne, je n’ai écrit qu’un seul billet le concernant, pour le reste, je m’en fous comme d’une guigne, rien que l’idée d’une Education Nationale m’étant aberrante.

    [quote]Nous vivons aujourd’hui, libres, dans une démocratie apaisée.[/quote]

    Que tu crois, que tu crois…

    @ FC:

    + 1
    C’est vrai que votre idée, même si je ne la partage pas, de « soldat inconnu » de la seconde guerre mondiale est intéressante.

  • @Koz: Oui, Sarkozy a effectivement pris soin de contextualiser. Il fait partie de ces générations qui ont grandi dans l’idée du « plus jamais ça », et il essaie de transmettre ce sentiment aux jeunes générations. Mais je crains que cela ne soit vain: les nouvelles générations ne peuvent pas entendre ce récit de la même manière; elles ne définiront plus leur avenir en négatif par rapport à la guerre de 39-45. L’événement est à présent trop lointain. On l’a bien vu, la peur de la guerre a suffi – tout juste – pour Maastricht, mais déjà plus pour le TCE.

    Il y a dans la circulaire une phrase assez gauche mais révélatrice à cet égard: « la mémoire de la Seconde Guerre mondiale est encore aujourd’hui une condition du vivre ensemble ». J’ai bien peur que l’on ne soit confronté là à un réel problème de génération… Il ne faut jamais oublier le théorème d’Alphonse Allais: « on a beau dire, plus ça ira, et moins on rencontrera de gens ayant connu Napoléon ».

    Sarkozy veut donner aux jeunes le sens de l’identité nationale; je crains fort qu’ils n’entendent que le « non ». C’est en cela que les critiques sur la nature émotionnelle du document me paraissent en partie justifiées. Ce dont les jeunes manquent, ce n’est pas d’indignation, ni de capacité d’engouement collectif, c’est de connaissance du passé, de culture, et de conscience de la complexité des choses.

    C’est la raison pour laquelle je trouvais l’exemple, pourvu que l’enseignant le creuse, plutôt bien choisi quant au fond; mais pas tellement pour les raisons invoquées par le Président.

    On est peut-être aussi en présence de cette contradiction classique, qui se pose à toutes les générations vieillissantes depuis la Révolution: transmettre aux jeunes le sens d’une identité et d’une tradition fondées sur la révolte, sur la négation, et d’une certaine façon sur le parricide… Il n’est pas tellement étonnant que la République se complaise dans la mémoire de cette période si courte et si violente, qui fut aussi la seule pendant laquelle les vertus sanglantes qui l’ont fondées ont été nécessaires au lieu de criminelles…

  • Faire lire la lettre de Guy Môquet dans les écoles était une bonne idée pendant la campagne électorale. C’était une idée brillante, pédagogique, qui montrait où Sarkozy voulait en venir. C’était une idée intellectuelle, tripale et théorique.

    Dès la campagne finie, cela devient une mauvaise idée.

    C’est typiquement le genre de promesse électorale qu’il fallait se dépêcher d’oublier.

    C’est un épisode de plus où l’Etat tente d’imposer à l’école une vision bien pensante de l’histoire. Cela ne peut que se terminer en eau de boudin.

    Voyez les effets-positifs-de-la-colonisation, et le boxon que cela a entraîné. Bien sûr que la colonisation a eu des effets positifs. Bien sûr que l’idée d’enseigner aux écoliers que la colonisation a eu des effets positifs était intéressante en théorie: elle visait à sortir enfin de l’infernale spirale de la repentance et de la haine de soi de l’Occidental et du Français, sur laquelle on ne peut rien construire.

    Mais comment imaginer que de telles directives ne dégénèrent pas en bagarres politiques stériles, dans les écoles et dans le pays? Comment éviter ces scènes ridicules où l’on a vu, d’un côté, des ministres débarquer dans des écoles pour faire la lecture aux élèves (comme s’ils n’avaient pas autre chose à faire, par exemple s’occuper de réduire la dette), et, de l’autre côté, des professeurs distribuer des tracts aux élèves expliquant pourquoi ils ne liraient pas la fameuse lettre?

    Pourquoi Guy Môquet et pas un autre? Pourquoi l’Occupation et pas une autre période de l’histoire de France?

    A la rigueur, imposer aux élèves d’apprendre la constitution par coeur, ou de chanter la Marseillaise, cela pourrait avoir un sens (non que je préconise de telles mesures): ce sont des éléments fondamentaux, inscrits dans la loi, de l’identité française. Mais ordonner la lecture solennelle d’écrits d’un seul personnage passé à la postérité, choisi comme ça, sur l’inspiration du moment?

    Je suis entré hier dans mon bureau de poste, j’ai vu la lettre de Guy Môquet encadré dans un beau présentoir un plastique transparent. Ca m’a paru aussi ridicule que les timbres à l’effigie de personnages de BD, à la gloire du cassoulet ou de Chanel que l’on nous impose désormais.

    Faites donc un timbre sur Guy Môquet pour remplacer ces vignettes infantiles consacrées à Tintin et aux vacances, et occupez plutôt le temps scolaire à enseigner le français, l’orthographe, la grammaire, le calcul et les sciences.

    Et l’histoire, aussi, mais sous l’approche du savoir, sans en faire un culte républicain, et donc, fatalement, un objet d’affrontement politique.

    De telles lectures ne peuvent que conforter les élèves dans l’esprit que l’enseignement de l’histoire est une manipulation politique, un rapport de forces idéologique.

    On voit déjà trop d’élèves contester le contenu des cours face à leurs professeurs, en référence à l’islam et au Coran. Ce n’est certainement pas ce genre de cérémonies qui va créer une atmosphère propice à l’enseignement. D’ici à ce qu’on entende, dans les cours de récréation, que Guy Môquet était un Juif et qu’il n’y en a que pour eux…

  • Là, FC, je suis assez d’accord avec vous, même si des générations se sont tout de même aussi construites parfois sur des faits un peu éloignés (certains évoquent encore le cas Bara).

    En revanche, c’est vrai, on ne pourra pas toujours vivre sur la mémoire de la Résistance. C’est vrai qu’elle a, aussi, et même si c’est dommage, pas été d’un grand secours dans le cadre du référendum du TCE.

    Nous sommes aussi, il me semble, d’accord pour dire que Sarko n’a pas limité son explication au fait de dire « non » dans l’absolu. Comme je suis d’accord pour penser que la lecture de la lettre ne peut se suffire à elle seule, qu’elle doit être expliquée, et que, pour être fructueuse, il faut aussi engager la réflexion sur ce que sa lecture peut susciter aujourd’hui : quelle cause plus grande que nous mérite notre engagement ?

    Maintenant, je ne pense pas non plus que Nicolas Sarkozy soit le plus grand philosophe de ce début de siècle. S’il y a d’autres bonnes raisons de lire ce texte, d’autres leçons à tirer que celle qu’il en a tiré, lui, personnellement, chacun est libre de le faire. C’est d’ailleurs bien davantage les reproches stériles sur le fait que cette lecture serait dépourvue de contextualisation (entre autres griefs énumérés dans mon billet) qui m’a fait réagir.

  • [quote comment= »52593″]Faire lire la lettre de Guy Môquet dans les écoles était une bonne idée pendant la campagne électorale. C’était une idée brillante, pédagogique, qui montrait où Sarkozy voulait en venir. C’était une idée intellectuelle, tripale et théorique.

    Dès la campagne finie, cela devient une mauvaise idée.

    C’est typiquement le genre de promesse électorale qu’il fallait se dépêcher d’oublier.

    C’est un épisode de plus où l’Etat tente d’imposer à l’école une vision bien pensante de l’histoire. Cela ne peut que se terminer en eau de boudin

    Mais comment imaginer que de telles directives ne dégénèrent pas en bagarres politiques stériles, dans les écoles et dans le pays? Comment éviter ces scènes ridicules où l’on a vu, d’un côté, des ministres débarquer dans des écoles pour faire la lecture aux élèves (comme s’ils n’avaient pas autre chose à faire, par exemple s’occuper de réduire la dette), et, de l’autre côté, des professeurs distribuer des tracts aux élèves expliquant pourquoi ils ne liraient pas la fameuse lettre?

    Pourquoi Guy Môquet et pas un autre? Pourquoi l’Occupation et pas une autre période de l’histoire de France?

    A la rigueur, imposer aux élèves d’apprendre la constitution par coeur, ou de chanter la Marseillaise, cela pourrait avoir un sens (non que je préconise de telles mesures): ce sont des éléments fondamentaux, inscrits dans la loi, de l’identité française. Mais ordonner la lecture solennelle d’écrits d’un seul personnage passé à la postérité, choisi comme ça, sur l’inspiration du moment?

    Je suis entré hier dans mon bureau de poste, j’ai vu la lettre de Guy Môquet encadré dans un beau présentoir un plastique transparent. Ca m’a paru aussi ridicule que les timbres à l’effigie de personnages de BD, à la gloire du cassoulet ou de Chanel que l’on nous impose désormais.

    Faites donc un timbre sur Guy Môquet pour remplacer ces vignettes infantiles consacrées à Tintin et aux vacances, et occupez plutôt le temps scolaire à enseigner le français, l’orthographe, la grammaire, le calcul et les sciences.

    Et l’histoire, aussi, mais sous l’approche du savoir, sans en faire un culte républicain, et donc, fatalement, un objet d’affrontement politique.

    De telles lectures ne peuvent que conforter les élèves dans l’esprit que l’enseignement de l’histoire est une manipulation politique, un rapport de forces idéologique.

    …[/quote]

    Entièrement d’accord avec vous Robert (comme d’habitude … ) sauf que venant de travailler avec un élève avec un livre d’histoire anglais sur la deuxième guerre, et ayant été, non pas choquée mais ennuyé ferme pas son desequilibre politique à gauche (et je suis de gauche!) , je trouve qu’il est salutaire que la droite remette enfin le pied à l’école – ça fait 20 ans au bas mot que l’école public est squatté par la pensée de gauche. La polémique stupide que voilà montre l’hypocrisie sidérant de la gauche actuelle. Elle passe son temps à faire de la politique à l’école, mais dès que autre pensée que la sienne pointe le bout de son nez, elle fait la vierge effarouchée.

    L’école n’est pas pour expliquer aux enfants ce qu’il convient de penser, il est pour les apprendre à penser.

    Une attitude autrement plus pédagogique (et flute ils sont là pour être pédagogue, non pas recruter pour le PS=, eut été de lire la lettre et faire un débat contradictoire avec les élèves pour qu’ils évaluent les tenants et aboutissant politiques. Et franchement, je pense qu’ils auraient été étonnés par les résultats.


    Je ne suis pas d’accord, l’histoire EST politique. Elle est écrite par les vainqueurs, dans le cas présent la droite française à perdu littéralement droit de cité dans la guerre.

    Une démocratie saine à besoin d’entre toutes ses voix. La droite américaine a milité haut est fort pour retrouver sa place dans les facs et elle a raison, le débat en est fortement revigoré. La première victime était la New York Times, mais aussi la première bénéficiaire aussi, puisque elle s’est rendu compte qu’elle était devenue complaisante avec elle-même.

    Alors oui polémique stupide, mais oh combien salutaire. Oui la droite a le droit d’avoir des idées, et oui elle a le droit de les dire, haut et fort.

  • Je suis entièrement d’accord avec ce commentaire de FC :

    « Ce dont les jeunes manquent, ce n’est pas d’indignation, ni de capacité d’engouement collectif, c’est de connaissance du passé, de culture, et de conscience de la complexité des choses. »

    Les élans du coeur, les indignations contre les injustices, le don de soi, et même l’oubli de sa propre personne dont la conscience du temps n’est pas forcément encore marquée, sont naturels chez un jeune.

    La question n’est pas d’impulser cet élan, mais plutôt de lui donner une cause juste.

    En l’absence de la mention explicite d’une cause, on ne peut que s’interroger :

    – soit sur ce manque

    – soit, plus probablement à mon avis, et comme le CUVH le pense, que la « cause » se trouve dans l’aspect marquant de la forme et l’organisation de la cérémonie elle-même et non dans le contenu de la lettre, qui ne fournit aucune clé à ce niveau.

  • Juste un petit mot pour dire mon plaisir à lire la qualité des commentaires ici

    C’est qu’elle est bigrement bien choisie cette lettre finalement, puisque elle met le doigt sur tant de choses tellement importantes dans notre société du début du 21ème siècle.

  • [quote comment= »52520″]
    Et l’on en arrive à des polémiques idiotes, où l’on se gargarise de grands mots et l’on fait de grands reproches en oubliant l’essentiel – on se fout de la date, on se fout qu’il y ait eu un ou deux originaux de la lettre, on se fout de savoir si ce pauvre Guy Môquet s’est évanoui ou non etc… – mais puisqu’il faut exister…[/quote]

    Mais n’est-ce pas toi, au fond, qui vilipende les avis de l’opposition par principe? Ne peut-on pas être contre la lecture de cette lettre, sans pour autant apparaître comme de vils ennemis de Sarkozy, qui chercheraient tous les moyens pour l’abattre?
    Je ne suis pas fan de ce que l’opposition fait ou dit. Mais elle a effectivement tout intérêt à polémiquer le plus possible. Mais cela signifie-t-il qu’elle a tort à tous les coups? Et que sur ce point bien précis de la lettre de Guy Môquet, elle soit dans le faux?
    Pour moi, et je me répète, il y a des moyens bien plus urgent de règler le problème de l’attachement à la france. Il faudrait peut-être agir là où les communautarismes sont exacerbés, plutôt que de prendre des héros du passé pour les mettre en exergue. Je ne dis pas que l’héroîsme soit à proscrire, il faut le mettre en exemple. Mais franchement, des exemples comme ceux de guy môquet, crois-tu que les lycéens auront à le vivre? Face aux CRS, dans la rue, peut-être?
    Et puis, le fond du sujet, c’est pourqoi à date fixe tous les ans, lecture obligatoire. C’est ridicule. Je me répète : pourquoi pas un encadré dans le livre d’histoire, à la page seconde guerre mondiale, avec le texte de la lettre?
    Oui mais fait comme ça, peut-être que Sarkozy ferait moins parler de lui. C’est bien ça le problème. Le fond a été tellement parasité par la forme que la lettre devient inaudible. Mais Sarkozy préfère toujours le bruit à l’humble lecture chacun dans sa classe, au moment où la second eguerre mondiale est abordée.

  • Merci le chafouin. J’observe que sur ce blog, à part l’auto-congratulation entre blogueurs de droite voire d’extrême-droite (Polydamas), on ne répond jamais aux objections fondées de la gauche parée de tous les maux.

  • Mais non, elle observe rien l’association des socialistes de sciences-po moselle d’avenir monsieur « votre sarkozysme dégoulinant n’a pas de limites » (je me demandais pourquoi vous étiez en liste de modération, maintenant, j’ai compris : y’a des propos qui me gonflent, comme celui-là) et, en prime, ses « objections fondées » étant somme toute dépourvues d’originalité, elle relira les réponses apportées à d’autres. Et puis profitera de son temps libre pour lire d’autres billets de ce blog qu’elle observe probablement depuis trop peu de temps pour voir si vraiment, ici, on ne répond pas aux objections de la gauche. Et puis quand elle aura fini les procès d’intention, on en reparlera.

    [quote comment= »52614″]Et puis, le fond du sujet, c’est pourqoi à date fixe tous les ans, lecture obligatoire. [/quote]

    En es-tu si sûr ?

    [quote comment= »52614″]C’est ridicule. Je me répète : pourquoi pas un encadré dans le livre d’histoire, à la page seconde guerre mondiale, avec le texte de la lettre?
    Oui mais fait comme ça, peut-être que Sarkozy ferait moins parler de lui. C’est bien ça le problème. Le fond a été tellement parasité par la forme que la lettre devient inaudible. Mais Sarkozy préfère toujours le bruit à l’humble lecture chacun dans sa classe, au moment où la second eguerre mondiale est abordée.[/quote]

    Une hypothèse : et si le « cas Guy Môquet » dépassait même la seule question de la Seconde Guerre Mondiale. Si, tiens, par exemple, ce n’est pas seulement une question d’Histoire ?

    [quote comment= »52612″]C’est qu’elle est bigrement bien choisie cette lettre finalement, puisque elle met le doigt sur tant de choses tellement importantes dans notre société du début du 21ème siècle.[/quote]

    Y’a un peu de ça. En effet. On pourra trouver la réponse facile mais, en fin de compte, depuis hier, on aura beaucoup parlé des exemples les plus divers de résistance, du sens à donner à cette lecture, des sens à rechercher, de l’engagement etc… Je ne dirai pas que c’était voulu précisément par sarko mais, volontaire ou non, le résultat n’est pas si mauvais.

    [quote comment= »52607″]Une attitude autrement plus pédagogique (et flute ils sont là pour être pédagogue, non pas recruter pour le PS=, eut été de lire la lettre et faire un débat contradictoire avec les élèves pour qu’ils évaluent les tenants et aboutissant politiques. Et franchement, je pense qu’ils auraient été étonnés par les résultats.[/quote]

    Je souscris pleinement !

    [quote comment= »52560″]Et cette histoire de dire « non », ça m’horripile, aussi. Comme si c’était une vertu en soi. Il n’y a pas de discours plus creux que cette exaltation de la négation. Autant exalter le point-virgule, l’imparfait du subjonctif, ou même les plantes vertes. Faurisson aussi, il dit « non », après tout. Ca ne veut rien dire ces conneries.

    D’autant que dire non, c’est la première chose qu’on apprend quand on est gamin, et qu’il n’y a pas besoin de les y pousser beaucoup, les jeunes. La difficulté, c’est de dire oui, justement, de dire oui aux bonnes choses, et de s’engager derrière. Mais dire « non », c’est peut-être une vertu très utile quand on est occupés par les nazis, mais voilà, ça n’arrive heureusement pas tous les jours.

    (…)

    On est peut-être aussi en présence de cette contradiction classique, qui se pose à toutes les générations vieillissantes depuis la Révolution: transmettre aux jeunes le sens d’une identité et d’une tradition fondées sur la révolte, sur la négation, et d’une certaine façon sur le parricide… Il n’est pas tellement étonnant que la République se complaise dans la mémoire de cette période si courte et si violente, qui fut aussi la seule pendant laquelle les vertus sanglantes qui l’ont fondées ont été nécessaires au lieu de criminelles…[/quote]

    Une réaction me venait, qui m’a amené à allumer mon ordi tout à l’heure, en forme de clin d’oeil : oui, le plus difficle est de dire « oui », d’avoir une démarche constructive…

    Mais au final, à propos de cette lettre, le réflexe le plus répandu, pour des raisons les plus diverses, n’a-t-il pas été… de dire « non » ?

  • [quote comment= »52619″]Merci le chafouin. J’observe que sur ce blog, à part l’auto-congratulation entre blogueurs de droite voire d’extrême-droite (Polydamas), on ne répond jamais aux objections fondées de la gauche parée de tous les maux.[/quote]
    Je ne me considère pas comme de gauche, ce qui ne m’empêche pas d’être parfois en désaccord avec Koz. Et parfois aussi en accord… ET je ne me permet pas de taxer quiconque d’être d’extrême-droite.

  • Mais enfin, Koz, on ne dit pas forcément « non » à cette lettre! Pour ma part, j’estime que ce n’est pas la panacée. Quemille auteres exemples de héro auraient pu être choisis. Peu importe, passons. On peut aussi penser que les profs, quelle que soit leur motivation, n’ont pas forcément à s’écraser devant la volonté d’un président. Et on peut aussi estimer que celui-ci fait encore et toujours parler de lui, préférant la lumière, même agitée, à l’ombre. Or celle-ci n’est-elle pas préférable à l’agitation, si l’on veut parler de thèmes aussi sensibles, aussi forts, aussi importants?
    C’est tout ce qui me préoccupe. Quant à dépasser la seconde guerre mondiale et l’histoire, c’est ton avis. J’aimerais alors que tu me dises ce que cette lettre représente au juste, alors.

  • [quote comment= »52607″] Je trouve qu’il est salutaire que la droite remette enfin le pied à l’école – ça fait 20 ans au bas mot que l’école public est squatté par la pensée de gauche.

    La polémique stupide que voilà montre l’hypocrisie sidérant de la gauche actuelle. Elle passe son temps à faire de la politique à l’école, mais dès que autre pensée que la sienne pointe le bout de son nez, elle fait la vierge effarouchée.
    [/quote]
    En effet. Mais c’est en profondeur qu’il faut éradiquer la propagande de gauche à l’école, dans les manuels, les programmes, l’enseignement des professeurs…

    Je me suis laissé dire que la jeune génération de professeurs n’était plus exclusivement à gauche, et en avait assez de la langue de bois Educ’ nat’.

    Ce sont ces gens-là auxquels le gouvernement devrait donner du pouvoir. C’est un travail de longue haleine, qui ne peut se résumer à des gestes symboliques.

  • Allez, ultime tentative mais j’ai la vague impression de troller et de faire des copier coller.

    Première allusion de GM par NS dans un de ces discours = rassemblement dédié à la jeunesse (http://www.u-m-p.org/site/index.php/ump/s_informer/discours/grand_meeting_des_jeunes_avec_nicolas_sarkozy)

    Guy moquet = 17 ans

    Guy Moquet = jeunesse qui se choisit un destin

    D’où 17 ans = jeunesse qui se choisit un destin.

    D’où Discours Sarkozy = à 17 ans, jeunesse qui se choisit un destin.

    On peut arrêter avec les surinterprétations maintenant ?

    Jonathan, ce n’est pas de l’auto congratulation que d’essayer de rétablir du sens dans des flots de polémiques stériles, face à des interlocuteurs qui ont décidé tout à la fois d’extrapoler cette lettre sur un plan politicien tout en restant figé sur la seule période historique de la seconde guerre mondiale…

    Cassons les symboles, cassons le souffle des nations, cassons le souffle des générations, cessons d’écrire l’Histoire. Laissons les symboles de la république aux extrêmes, le diner aura lieu dans le grand salon, entre gens qui remettrons ce menu fretin dans une progression historique et pédagogique.

    Mais quel est le rôle de l’histoire et des historiens si ce n’est de marquer d’une pierre blanche les événements de l’humanité et d’en sortir un enseignement pour l’avenir ? Pourquoi commémore t’on la Shoah, les armistices, la fin de l’esclavage sinon ?

    p.s : Oui oui je sais je suis un peu excessif et sans doute franchement ridicule, mais à chacun ses combats et à chacun ses « tests ADN », ses « détails ».

  • pourquoi imposer un seul texte aux enseignants ? Le Président aurait pu leur laisser la liberté de choisir le texte de leur choix pour évoquer la Résistance…

    Puisque l’actuelle majorité est très attachée à l’identité nationale et à l’intégration, la lettre de Manouchian aurait pu être citée par le Palais…

  • A mon avis, le réflexe le plus courant à cette lettre n’a pas été le « non » immédiat, il y a un journal qui a montré très bien la progression de la polémique : au début il n’y a pas eu polémique, notamment dans le monde enseignant, mais elle a monté quand il y a eu certaines dérives (la lecture de Laporte et le directeur de l’école de la Réunion qui a fait un lever de drapeau aux couleurs, garde-à-vous et tout le taintouin …) et quand il s’est agi de la mettre en application,

    parce que le réflexe le plus courant n’a pas été « non »,

    mais « pourquoi ? »

    et « pourquoi comme ça ? »

    Moi, je réitère que le CUVH est dans le vrai, et qu’il s’agit surtout d’une énième tentative, assez dérisoire, de remplacer autant que possible le rôle du service militaire obligatoire : réunir tous les jeunes pour un enseignement moral pour restaurer l’ordre social et l’unité nationale.

    La simple volonté d' »appeler les jeunes à choisir leur destin » et « à dire non » je n’y crois pas parce que c’est strictement inutile et à mon avis, un conseiller d’orientation est beaucoup plus utile …

  • [quote comment= »52631″]Mais enfin, Koz, on ne dit pas forcément « non » à cette lettre! [/quote]

    Mais enfin, chafouin, tu n’es pas nécessairement directement concerné par mon commentaire. Et les motivations sont manifestement multiples.

    [quote comment= »52660″]Allez, ultime tentative mais j’ai la vague impression de troller et de faire des copier coller.[/quote]

    Je me souviens qu’Alain Lambert avait, dans le cadre des commentaires d’un de ses billets, fait remarquer qu’il était parfois inutile de chercher à convaincre l’autre, et qu’il ne se plaçait pas nécessairement dans cette perspective. Que chacun pouvait exposer son point de vue sans croire nécessairement qu’il changera celui de l’autre. On finit par se braquer inutilement alors que l’autre est fermement décidé à ne pas bouger d’un iota. Et on finit par tourner en rond.

    [quote comment= »52722″]pourquoi imposer un seul texte aux enseignants ? Le Président aurait pu leur laisser la liberté de choisir le texte de leur choix pour évoquer la Résistance…[/quote]

    Pourquoi chercher des objections qui n’en sont pas ? Pourquoi croire qu’il serait interdit, sous peine de révocation de l’Education Nationale, de lire d’autres lettre en plus de celle-ci ?

    [quote comment= »52722″]Puisque l’actuelle majorité est très attachée à l’identité nationale et à l’intégration, la lettre de Manouchian aurait pu être citée par le Palais…[/quote]

    Et pourquoi lire les commentaires précédents ?

    Il y a au moins un avantage avec la référence à Manouchian, c’est qu’elle permet immédiatement de situer idéologiquement celui qui s’en prévaut. Sarkozy n’a pas été arrêté par le fait que Môquet soit communiste, mais visiblement, nombre de gens de gauche (sont-ils tous communistes ?) seraient bien incapables d’envisager la lecture d’une lettre écrite par un non-communiste.

  • « Guy Moquet = jeunesse qui se choisit un destin »
    Je ne comprends toujours pas, désolé.
    A quel moment Guy Môquet a-t-il « choisi son destin » ? Et quel destin a-t-il exactement choisi ?
    Au moment de distribuer des tracts communistes dans le métro, je ne pense pas qu’il ait choisi de se faire fusiller en représaille de l’assassinat d’un nazi !

  • FC, j’aime beaucoup le ton très nietzschéen de la fin de votre premier commentaire (« dire oui » est plus difficile que « dire non »)…

    Sinon, je rejoins assez Jonathan : le seul argument que m’ait opposé Koz est « vilaine gauchiste, vous dégueulez Sarkozy », sans m’expliquer pourquoi il est normal de remplacer « camarade » par « compagnon », pourquoi Guy Môquet devrait être un exemple (pour moi c’est un pauvre enfant sacrifié, comme les Juifs déportés durant la guerre, mais je n’ai aucune envie que mon petit frère de 16 ans aille distribuer des tracts pro-tibétains en Chine et en meure stupidement !) pourquoi il faut forcément pleurer sur commande, tous le 22 octobre (ça rappelle méchamment un 21 janvier), et pourquoi, comme le dit Cécile « ce n’est pas important que GM soit communiste ». Pourtant, pour lui, ça devait être important puisqu’il a mis sa vie en jeu pour distribuer des tracts communistes ! Qui dirait que l’engagement de Brasillach (par ailleurs auteur que j’apprécie beaucoup) n’était pas important ?

  • Koz, merci pour ton conseil, je me sens juste ridicule ce matin en me disant que tout ne valait pas peut être pas que je me mette en pétard… et je te donne raison à toi et à Lambert.

    Allez, j’arrete de polluer ton blog et je me mets au vert.

  • London,

    Ce n’était pas ridicule. Et si l’on commence à peser le pour et le contre à chaque fois que l’adrénaline monte… on se tait à jamais. De toute manière on n’est pas souvent gagnant à délicatement exposer ses tripes au soleil du web. Comment disent les policiers américains, déjà? Ah oui : « Tout ce que vous direz, etc. »

    Cela dit, Lambert a raison. C’est bien de dire ce que l’on a à dire, et d’aller de l’avant sans – trop – se retourner. Bienheureux celui qui le fait systématiquement… je n’en suis pas. C’est comme tendre l’autre joue, c’est un idéal parfois inaccessible.

    Joyeuse mise au vert, en tout cas.

  • Mais non, london, moi-même, je suis bien obligé de me le redire plusieurs fois, faute de l’intégrer.

    [quote comment= »52744″]Sinon, je rejoins assez Jonathan : le seul argument que m’ait opposé Koz est « vilaine gauchiste, vous dégueulez Sarkozy »[/quote]

    Vous avez raison, Emmeline, je ne réponds effectivement qu’à ceux qui partagent mes opinions et me congratulent à longueur de commentaires. On vous le confirmera sans peine. Surtout lorsque les arguments développés, tels les vôtres, bouleversent à ce point mon système de valeur et mes certitudes. Le mieux est effectivement que vous et Jonathan vous en aperceviez le plus rapidement.

  • Bon, j’aurais envie de dire « raaaaah vous voyez vous ne répondez pas » mais j’ai quand même la bonne grâce de m’apercevoir de tout ce que ça pourrait avoir de ridicule et troll-like… Mes condoléances, donc, à votre système de valeurs !

  • Tout cela est fort de café ! Le discours Guaino-Sarko tirerait des larmes à une porte de prison et il aurait très bien pu faire l’économie de l’exemple de Guy Moquet pour faire passer ce message à destination d’une certaine jeunesse d’aujourd’hui qui serait en perte de projets.

    La récupération politique est claire, l’appel de la figure « Guy Moquet » fait suite aux autres figures que sont Jaurès et Blum.

    J’espère que après la lecture d’une telle lettre le taux de suicide ne va pas connaître un pic inédit sachant que le suicide est la principale cause de mortalité chez les jeunes.

  • Et oui KOZ, c’est malheuresement tellement banal maintenant de critiquer à vide des gestes politiques courageux comme cette lecture.
    Je me souviens bien de ce moment, premier acte d’un nouveau Président, avec d’abord le discours au moins aussi fort de Max Gallo (tiens un hitorien de gauche) qui donna le ton avant que cette jeune fille lise la lettre elle-même.
    Personellement, je vois dans la plupart des réactions vociférantes de gars comme Versac (qui a perdu beaucoup de sa qualité le jour ù il a décidé au milieu de la campagne qu’il détestait M. Sarkozy) un aveu d’impuissance, de faiblesse, de complexe même devant les incéssantes innovations politiques placées devant eux comme autant de faits accomplis.
    Toujours un métro de retard depuis au moins 1 an, l’opposition n’arrive plus a suivre alors on entend, lit, voit, des commentaires désolants de pauvreté comme celui que tu cite chez Versac.
    Dans le même style, le « duel » de la mère Ockrent dimanche soir avec BHL, Ségéla et Mamère était pitoyable. Il fallait voir avec quelle energie BHL et Mamère vomissaient sur le pouvoir pour avoir pris ce genre d’initiative.
    Leur vision du divorce est incroyable, une grande manipulation venu de je ne sais ou pour garantir l’election (grotesque) mais a aucun moment, ils ne se rapellent l’annonce ahurissante de la séparation du couple Royal-Hoallande, connu de tous mais caché pendant toute la campagne alors même qu’il en était un argument…
    Bref, tout ceci est petit, sans profondeur, sans recul, et surtout que les profs arrêtent de nous « casser les couilles » à vouloir encore et encore se plaindre et dicter leur version idéale de la bonne éducation. Qu’ils nous démontreent enfin leurs qualités dans les chiffres, les faits, et ensuite on parlera, en attendant, ils appliquent leurs directives et chut.
    Amitiés
    Laurent

  • @laurent
    que nicolas s’occupe de son boulot
    de sa vie privée si ça lui chante,
    et pas du travail des profs,
    qui ne l’ont pas attendu
    pour parler de la résistance et de l’héroïsme…

    par ailleurs….

    beaucoup ont remarqué que les « fronts renversés » entre les deux séparations au sommet de la politique donnent un amusant jeu de chassez-croisé: les mêmes qui expliquaient doctement que SR avait choisi ce moment, qu’elle avait caché les difficultés de son couple, qu’elle instrumentalisait le « people » n’acceptent pas que le même reproche puisse être fait, de façon tout à fait naturelle et symétrique, à NS….

  • Ben oui Toto, c’est de la récupération politique; et alors, c’est pas bien ? Moi je trouve cela amusant…
    Et après tout, pour changer, rien n’interdit aux communistes d’aujourd’hui de dire du bien de De Gaulle ou d’honorer la mémoire de d’Etienne d’Orvres; ce serait plutôt un progrès non ?
    Si NS vient piquer tous les grands symboles de « gôche », il ne va vraiment rien rester à ces messieurs; comme ils ont déjà un léger problème avec la réalité, si en plus ils perdent leurs grandes figures, leurs mythes et leur symboles, ils vont vraiment se retrouver complètement à poil, si je peux me permettre. Cela explique leur embarras et leur « indignation » actuels.
    Pour ma part, je trouve que c’est juste une belle lettre émouvante, sans prétention, qui peut symboliser le destin des milliers d’otages fusillés à cette époque, pour différentes raisons, et parfois sans raison.

  • [quote comment= »52773″]beaucoup ont remarqué que les « fronts renversés » entre les deux séparations au sommet de la politique donnent un amusant jeu de chassez-croisé: les mêmes qui expliquaient doctement que SR avait choisi ce moment, qu’elle avait caché les difficultés de son couple, qu’elle instrumentalisait le « people » n’acceptent pas que le même reproche puisse être fait, de façon tout à fait naturelle et symétrique, à NS….[/quote]

    Les situations sont symétriques mais les traitements mediatiques ne le sont pas. Le scandale n’est pas que Royal ou Sarkozy essaient d’instrumentaliser les media, ça fait partie de leur job. Il est que les media ont complaisamment choisi de censurer l’info de la rupture Hollande-Royal. https://www.koztoujours.fr/?p=379

    Pendant plus d’un an, la presse a exercé un véritable black-out sur ce sujet. Quelques jours avant l’Annonce, ils étaient encore présentés comme des conjoints dans la vie.

    A contrario, on n’a quasiment rien ignoré des difficultés du couple Sarkozy, de leur séparation il y a 2 ans. Match a publié en une des photos de Cécilia Sarkozy avec son amant. Après leur réconciliation, tous les signes de tension dans leur couple ont été largement relayés et commentés. Absence dans la campagne électorale, non-vote du 2e tour, G8, Wolfeboro… Bref, l’annonce de leur divorce n’a surpris personne.

    Avec l’élégance qui la caractérise, Royal a lourdement insisté sur le fait que c’était Hollande le méchant et elle la victime, qu’il l’avait trompée, que les enfants partaient en vacances avec elle et pas avec lui etc… Cet été, peu de temps après l’Annonce, un tabloïd quelquonque a publié des photos de Hollande avec sa nana.

    Pourquoi personne n’a-t-il rien publié en janvier 2007 ou en septembre 2006? Pourquoi était il décent de publier des photos de Mme Sarkozy avec son amant mais pas de publier des photos de M. Hollande avec sa maîtresse? Que croire? Que Hollande est le roi du camouflage et sait échapper aux paparazzi mieux que quiconque? Ou que les paparazzi ont vite compris que personne n’était acheteur de photos compromettantes de Hollande?

    Entendons nous bien, je ne m’intéresse pas particulièrement aux histoires de cul des célébrités. Mais je suis alarmé par l’autocensure dont a fait preuve l’ensemble de la presse sur le couple Hollande-Royal. Et cette autocensure est tellement passé inaperçue que l’on finit par croire de bonne foi que les deux séparations ont été traitées symétriquement.

    Alors que rien n’est plus faux.

  • commentaire un peu caricatural et TSS bien sûr sur agoravox,
    mais qui pose tout de même une question…
    qui étaient ceux qui ont emprisonné et fusillé GM?
    sommes nous capables de les nommer?

  • Il me semble que la seule erreur réside dans le choix du personnage. Guy Moquet n’était pas resistant, peut-être accordons lui qu’il fût résistant au rhume des foins ou résistant à la résistance mais certainement pas à l’occupant. Sarkozy c’est son plus grand défaut et d’une inculture historique crasse, il devrait se cantonner à ce qu’il sait faire, le ridicule de la situation apparait à chaque fois qu’il veut se grandir..

  • Si je ne dis pas de bêtises, il me semble que Moquet a été arrêté par la police française, qui pourchassait les communistes, et que c’est Pucheu, encore un Français, qui a choisi les noms des fusillés, les Allemands lui demandant une liste de communistes (il parait qu’au départ, Hitler en voulait 500) suite à un attentat d’une bande de communistes.

    Puisqu’entre le moment où Moquet a été arrêté et le moment où il a été fusillé, un an s’était passé, l’Allemagne avait envahi l’URSS, et les communistes étaient entrés officiellement en résistance aux Allemands.

    Sur l’utilisation ou la non-utilisation de la mémoire de Vichy pour Guaino, Sarko et de Gaulle, il y a cet article qui détaille un peu la question :

    http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-970571,0.html

    Guaino est effectivement farouchement opposé à la repentance et considère que Vichy, ça n’est pas « sa » France.

    Pour lui la France est un mythe, un idéal, un peu comme pour De Gaulle en fait, le régime de Vichy n’était pas la France mais un « détournement ».

  • [quote comment= »52799″]commentaire un peu caricatural et TSS bien sûr sur agoravox,
    mais qui pose tout de même une question…
    qui étaient ceux qui ont emprisonné et fusillé GM?
    sommes nous capables de les nommer?[/quote]

    Croyez-vous que nous en soyons encore vraiment là ? Croyez-vous vraiment que les français en sont encore à ne pas savoir ce qui s’est passé sous Vichy ? Que cela soit douloureux de les nommer, c’est certain, mais que nous sachions le faire, je crois que c’est aussi le cas.

  • C’est amusant, la succession des commentaires :

    duong >
    Guaino est effectivement farouchement opposé à la repentance et considère que Vichy, ça n’est pas “sa” France.
    Pour lui la France est un mythe, un idéal, un peu comme pour De Gaulle en fait, le régime de Vichy n’était pas la France mais un “détournement”.

    Koz >
    Croyez-vous que nous en soyons encore vraiment là ? Croyez-vous vraiment que les français en sont encore à ne pas savoir ce qui s’est passé sous Vichy ?

    (Faites vos jeux)

    (et sinon, si vous pouviez arrêter de nommer ce pauvre Guy par « GM », ça me stresse 😉

  • C’est effectivement Vichy qui a arrêté et choisi le nom de Moquet.

    Que Guaino considère que la France est un mythe, un modèle, et non pas un pays avec une histoire complexe, ça choque les historiens à bon droit et c’est à mon avis un peu dangereux à moyen terme,

    mais bon à court terme, on peut comprendre que ça peut être utile pour lutter contre la déprime de notre pays.

    En revanche, là où le discours de Guaino est dangereux, c’est quand le mythe est utilisé de façon négative à propos des autres pays.

    Ca a déjà engendré au moins deux frottements avec d’autres pays, et ça n’est pas bon à mon avis pour notre diplomatie :

    1. « la France n’a pas inventé la solution finale » … sous-entendu l’Allemagne l’a fait. Or, les Allemands n’ont-ils pas le droit eux aussi de considérer que le régime de Hitler, ça n’était pas « l’Allemagne » puisque l’Allemagne n’est pas une Histoire, mais un mythe idéal … comme Guaino le considère pour « la France ».

    2. « le mythe de l’Afrique éternelle qui n’est pas entrée dans l’Histoire » : je suis sûr que Guaino n’est pas raciste, et j’ai aussi quelques doutes sur sa rédaction (parlait-il du passé ou du présent même si pour lui, les deux semblent inextricablement se mêler dans sa vision des choses)

    … mais il est indéniable et il était prévisible que ça ait choqué beaucoup d’Africains … là encore à bon droit.

    Conclusion : on sait que maintenant Sarko fait relire tous les discours de Guaino par Guéant, mais il me semble que c’est absolument nécessaire en matière de politique étrangère, même s’il a déjà fait du mal à mon avis …

  • Il est de ces questions qui se posent comme un sujet du BAC ou une dissertation. Thèse, anti-thèse, synthèse. On tire des arguments favorables à une idée ou à un principe, on dégage les arguments contraires et on cherche la vérité dans ce qui apparaîtrait comme une position moyenne. Pourtant, il n’y a nul espoir de trouver une vérité dans cette façon de faire. La vie n’est pas une équation ou un simple exercice littéraire. La vie est une composante de points de vue multiples, aussi subtils et divers que peut l’être parfois la vie elle-même.

    Au cours de cette polémique, dans ce débat ici même, tout a été dit… et justement, ce TOUT reflète très bien la complexité de l’Histoire. Oui, Guy Môquet s’est engagé et ce n’était pas un geste si anodin de se revendiquer simplement communiste à cette époque. Oui, il a fallu des tripes. Oui, il fallait une certaine dose d’inconscience aussi. Oui, il était anti-capitaliste, anti-nazi comme il était aussi probablement très stalinien. Non ça n’a pas une importance si fondamentale que ça si l’on considère ce que devait être cet engagement dans la tête d’un gamin de 17 ans. Non, le fait de se faire arrêter comme otage et se faire fusiller n’était pas forcément un acte de bravoure en soi. Oui, il a existé des individus à cette époque qui ont fait preuve d’un courage insensé et avec toute la conscience qui pouvait leur faire mesurer l’horreur potentielle de leur situation. Oui, certains résistants étaient communistes, certains juifs, certains gaullistes et même certains pourraient être considérés comme d’extrême droite aujourd’hui. Oui, la plupart n’avaient pas d’idées politiques très établies. Oui, il est difficile pour ceux qui n’ont pas vécu cette période de porter un jugement, si sur la résistance, ni même sur la collaboration passive. Oui certains résistants communistes de l’époque ont certainement voté Sarko lors des dernières prédentielles. Oui, il est diablement important de se souvenir, d’essayer de comprendre cette époque et ses évènements tragiques. Oui, il est sûrement constructif dans une classe dans laquelle les jeunes veulent faire « Zidane » comme métier plus tard ou « candidat à la Star Ac », de s’interroger sur la notion d’engagement, de lutte pour les libertés, de valeurs, de devenir.

    Je me souviens qu’à 17 ans, je me disais, « si un truc de ce genre se reproduit, je me tire dans un pays neutre et j’attends que ça se passe ». Pas envie d’être un héros. Pas envie d’être fusillé ou torturé. Pas envie de mourir pour quelque chose que je n’avais pas déclenché, pour quelque chose que je sentais comme un jeu biaisé dès le départ. L’ironie de la chose, c’est que j’acceptais quelques années plus tard de travailler comme chercheur et documentaliste en Europe pour un journaliste juif américain qui enquêtait sur les réseaux d’évasion nazis. Et même si je passais les 3/4 de mon temps en bibliothèque, j’ai connu un ou deux moments chauds (ou d’intense paranoïa, allez savoir) dans cette aventure qui m’ont fait changer de taxis et de lignes de métro, 4 ou 5 fois avant de rentrer chez moi ou dans mon hôtel. Aujourd’hui, je ne sais toujours pas ce que je ferais. Qui peut le dire d’ailleurs ?

    En fait cette lettre m’a fait penser à mon père… mon père, ce héros… devrais-je ajouter. C’est surtout par lui que j’ai eu à connaître de la résistance. Lui aussi s’est engagé à 18 ans. En fait, il n’avait aucune idée politique lorsqu’il a décidé de « prendre le maquis » comme on disait à cette époque. Il était simplement réfractaire au STO. Il a d’abord quitté Paris pour rejoindre la ferme familiale. Sa mère lui a filé un kilo de sucre dans son sac et il a quitté sa Bourgogne natale pour se tirer en Haute Savoie. Sur les hauteurs du Salève, il avait de drôles de compagnons – une bande hétéroclite de pieds nickelés en fait, dont un particulièrement bas du béret, qui avait pour toute arme, une lame de faux montée sur une grande perche. Il a failli être arrêté 3 ou 4 fois, c’était une question de minutes. Il a aussi faillit être arrêter pour être passé en trombe dans un village au petit matin couché sur les ailes d’une vieille camionnette une mitraillette à la main, parce que ça en jetait. Par pure frime, par envie de provoquer, par pure inconscience. Quelques années plus tard, il participait à la libération d’Annemasse en mitraillant l’Hôtel Pax caché derrière un pot de fleurs. Encore habillé de loques comme nombre de ses camarades, il se faisait passer en revue par De Gaulle à Annecy qui glissa en souriant (avec un brin d’ironie vis à vis des tenues) au commandant des FFI : »Mon ami, voici une très belle présentation de maquisards ». Il intégra l’armée régulière dans les chasseurs alpins. Et finalement, la plupart de ses camarades qui firent comme lui furent tués non pas pendant la deuxième guerre mondiale, mais pendant la guerre d’Indochine qui suivit. Il eut juste le bon sens de ne pas les suivre jusque là.

    Mon père, ce « héro » récalcitrant qui a toujours refusé de faire la moindre demande de médailles au grand désespoir de ma mère, pragmatique, qui n’y voyait que quelques points de retraite supplémentaires. Ce « héro » récalcitrant qui refusait de parler de ces années là, préférant surtout les oublier et qui m’envoyait bouler d’un ton bourru quand mes questions de gamins devenaient trop précises. Mon père qui m’enseignait surtout l’absurdité des guerres, qui me conseillait toujours de voir au-delà des apparences dans mon regard sur l’Histoire et qui, encore aujourd’hui, en veut beaucoup plus à ceux qui ont laissé ou favorisé l’accession de Hitler au pouvoir qu’à ceux qui l’ont suivi ensuite. Mon père qui m’a toujours conseillé de bien relativiser tout ça – les actes de résistance, comme les actes de collaboration, comme les actes d’héroïsme.

    Il m’a encore surpris récemment. J’adore le faire parler, parce qu’il a des accents de vérité qu’on ne retrouve dans aucun livre. Et à la fin de la conversation il me lâche : « En fait quand je regarde maintenant, je m’en suis vachement bien tiré de toute cette histoire ». Je lui dis : « tu veux, dire, tu n’as pas été blessé, ni rien ? ». Il me répond : « oui mais surtout, je suis passé à travers cette période, sans avoir tué personne (ou en tout cas, sans l’avoir fait exprès) ». Et voilà, sa grande fierté de résistant, a plus de 80 balais aujourd’hui, c’est de n’avoir tué aucun allemand ni participé à aucun acte d’épuration.

    Alors sur cette polémique on pourrait continuer à égrener les arguments tous aussi pertinents les un que les autres ad libitam mais aussi… ad nauseam.

    Comme dit Koz, la conclusion la plus facile peut être mais certainement la plus vraie, c’est que finalement, cette histoire a permis à des jeunes citoyens de s’interroger et de réfléchir à ce qu’était une nation, une guerre, la paix, l’engagement, les valeurs qu’ils étaient prêts à défendre. J’espère qu’ils ont eu des profs assez intelligents pour à la fois lire la lettre, et la contextualiser suffisamment pour que les élèves se posent les bonnes questions sur leur rôle ici et maintenant ou dans un proche futur parce que ce sont eux qui vont construire ce dans quoi ils vont vivre. Et je ne suis pas loin de penser qu’au-delà des procès d’intention, valables ou non, c’était bel et bien l’intention de Nicolas Sarkozy, comme l’atteste son discours à ce sujet :

    « Les résistants sont jeunes. Ils vont mourir. Mais ce qu’ils incarnent est invincible. Ils ont dit ” non “, ” non ” à la fatalité, ” non ” à la soumission, ” non ” au déshonneur, ” non ” à ce qui rabaisse la personne humaine, et ce ” non ” continuera d’être entendu bien après leur mort parce que ce ” non ” c’est le cri éternel que la liberté humaine oppose à tout ce qui menace de l’asservir. Ce cri nous l’entendons encore. Ce cri, je veux que dans les écoles on apprenne à nos enfants à l’écouter et à le comprendre. »

    Voilà, Koz, j’ai été un peu long, j’espère ne pas avoir été ennuyeux.

  • et beh moi je trouve ton témoignage très émouvant épo ! (tant pis pour Koz ! 🙂 )
    sauf que…Euh.. dire « non » c’est pas la mission de l’opposition ? 🙂

  • Non non Eponymus vous n’avez pas été long. Pour ma part je ne pense pas que sarkozy soit particulierement rempli de bonnes intentions, le temps de l’épanchement historique intervient trop tôt dans son mandat, des objectifs plus pressants auraient mérités un engagement rapide et total du président. L’art du contre-feu, du bottage en touche, du souffle lyrique qui supplante l’action, giscard, chirac et mitterrand en fûrent les maitres, l’élève semble vouloir les dépasser.

  • Les maquisards … dans le Vercors, ils ont été massacrés en partie de par la négligence totale de De Gaulle à leur égard. Ils croyaient voir arriver les Américains, et c’est les avions allemands qui sont venus. Là encore fait ignoré de beaucoup

    Ce que Eponymus trouve utile, ça s’appelle un cours d’histoire, pas une commémoration comme elle a eu lieu.

    Mon père, prof d’histoire, m’a raconté à peu près la même chose que toi.

    Quant au fait que tu penses que Sarkozy voulait effectivement que les élèves apprennent tout ce que tu as appris de ton père,

    je pense que c’est un contre-sens puisque Sarkozy disait vouloir que les étudiants intériorisent le « cri de la liberté » alors que tu dis toi-même qu’en temps de guerre, tu n’y recourrais probablement pas, et que manifestement ce que tu as appris de l’histoire grâce à ton père, t’a amené à penser ça.

    Et puis en temps de paix, ce qui est perçu comme asservissant la liberté humaine, c’est en premier lieu le travail et le capitalisme. Pour quelqu’un qui vante le « travailler plus pour gagner plus », ça n’est sans doute pas ce qu’il cherche.

    Non je continue à dire que cette cérémonie poursuit le même objectif que le service civil obligatoire pour les socialistes : unité nationale et ordre social … plus un objectif politicien d’image personnelle.

    C’est typiquement l’utilisation du « storytelling » :

    http://www.monde-diplomatique.fr/2006/11/SALMON/14124

    Qu’il y ait par ailleurs des cours d’histoire, c’est autre chose.

  • Ca devient fatigant cette histoire!

    OK, ça ne plait pas à certains (quelques soient leurs appartenances politiques, même s’ils sont plus souvent de gauche…), et c’est le « fait du prince ».
    J’ai voté pour ce prince, ce qui ne fait pas pour autant de moi une groupie inconditionnelle.
    J’ai été sensible à cette initiative, en y voyant simplement une volonté de faire transparaître, au milieu des cours de dérivées ou de gisements russes, un rappel que la France n’est pas née en 1990 ou 1991, soit l’année de naissance des jeunes à qui s’addresse cette lecture.
    On peut polémiquer autant qu’on veut (comme on sait si bien le faire en France): il était communiste? Résistant? Pro pacte germano-soviétique? Amoureux de la France? Jeune paumé? Conscient ou évanoui? Inquiet pour sa famille ou poète?
    Désolé Koz pour l’expression, mais on s’en branle!
    Ce n’est pas ça qui est important.
    De même, Sarko est l’initiateur, donc il récupère, cela va sans dire, mais Marie-georges essaie de reprendre la main, donc elle politise aussi…on en sortira jamais!
    Mais qu’est-ce qu’on s’en fout, enfin, l’important, ce qu’il y a dans cette lettre, et qu’il n’y a pas, avec la même teneur dans d’autres, c’est justement l’émotion (pardon lisette!) qu’elle peut dégager.

    Il n’est pas question de susciter l’émotion pour donner envie de cajoler notre bon Sarko, mais simplement pour faire comprendre, à des jeunes souvent en perte de référentiels (et on a tous été peu ou prou sujet à ce phénomène à cet âge-là), que ce fut une période noire de notre histoire, qu’elle mélangeait enjeux politiques, religions, pouvoir, idéologie, richesses, et aussi, n’en déplaise à certains, émotions.

    La démarche de cette volonté politique peut ébranler certaines bases idéologiques, j’en conviens. Mais là n’est pas la question.
    L’important, c’est justement de, pourquoi pas, susciter l’émotion (ce qui permettra peut-être d’éviter des fous rires indignes de la situation exposée), pour ouvrir le dialogue, la discussion, la confrontation d’avis et de récits contradictoires, la complexité de l’Histoire, pour former le jugement, l’appréciation, ou même l’appréhension du monde qui nous entoure, et qui, fatalement, trouve ses racines dans l’Histoire.

    Beaucoup trouvent qu’il aurait été préférable de lire d’autres lettres, ou de ne pas imposer cet écrit-là en particulier.
    Mais renseignez-vous: Xavier Darcos et son Ministère se sont attachés, justement, à proposer d’autres textes, divers et variés (mais sur la même époque, le même thème), afin, comme d’ailleurs dans tous les programmes scolaires, de proposer une latitude pédagogique aux enseignants, permettant par là d’aborder un point clé sous plusieurs angles, ce qui facilite immersion, compréhension, et réflexion.
    Quant à la date que tout le monde discute, pourquoi pas, plutôt que l’anniversaire de sa mort, le 14 juillet? Ca irait bien, avec l’idée d’une France éternelle et forte de son Histoire.
    Voire même mieux, la fête des mères, plutôt que le collier de nouilles, nos chérubins leur montreraient comme ça peut être triste un enfant qui meurt (fusillé par l’occupant en plus!).

    Très sérieusement, il y a en ce moment, chez nous, beaucoup de sujets de société, de discussion, d’avenir pour notre société.
    Doit-on s’arrêter à Guy Moquet, et en faire des kilo-lignes (je suis le premier, mea culpa), des kilo-heures, des kilo-conneries?

    Cette lettre peut-être un excellent point de départ d’une étude, d’une réflexion, d’un dialogue, beaucoups plus profonds.

    Pour la polémique ou les états d’âmes, nous n’avons pas fini: les régimes spéciaux, l’avenir de nos comptes sociaux, l’emploi, le « pouvoir d’achat » (arrêtez de claquer vos thunes chez SFR ou Orange, voire la Française des Jeux, ça aidera à payer le Mc DO…-je généralise^^), enfin bref, il y a des sujets, autrement plus importants, et qui eux, méritent le débat et la confrontation d’idées, qui devraient mobiliser notre temps de parole et de réflexion.

    A ceux qui ne sont pas d’accord de trouver les vrais sujets, où des propositions concrètes sont faites…

    A bon entendeur…

    Et désolé pour la longueur, mais il me fallait plus de trois lignes…

    Ben.

  • pour tous ceux qui trouvent la lecture de cette lettre une excellente idée, je ne vois pas pourquoi s’en tenir aux élèves:
    je propose que l’année prochaine toutes les chaînes de télévision, les radios fassent lire cette lettre de guy môquet entre 19h55 et 20h, le 22 octobre…
    si l’on veut faire passer un message, utilisons les outils faits pour cela,
    et demandons aux enseignants de l’éducation nationale de faire leur travail normal sur la seconde guerre mondiale…

    je ne reviens pas sur les médias et le traitement des couples sego et sarko, bien que je ne sois pas d’accord avec le billet de 16h56 de liberal, mais les deux sujets sont trop dissemblables, l’un est une tragédie, l’autre ressemblerait plus à un vaudeville.

  • D’Estienne d’Orves qui était lui véritablement et incontestablement un grand résistant, à écrit des lettres magnifiques avant que d’être fusillé dès 1941 par les Allemands. Il est vrai que lui s’est battu pour la France pas pour Staline et que ses lettres sont pleines de Patriotisme, il est vrai aussi qu’il n’était pas prépubère à l’heure du grand départ, ce qui joue en sa défaveur.. Du pathos, du pleurnichage bon marché, du misérabilisme et des paillettes, le cocktail favori de notre gouverneur.

  • J’ai déjà eu l’occasion de dire ici que je souscris à l’idée de Sarkozy de mettre en valeur le courage d’un jeune militant communiste. Cela fait partie de la nécessaire réconciliation dont la France a besoin. On a appris que Guy Môquet n’était pas un résistant mais un militant communiste obéissant aux ordres de son parti.Soit. Mais il a été fusillé par l’occupant. Il est mort avec courage. Il a écrit une lettre admirable. Qu’un président de droite fasse l’éloge des qualités humaines d’un communiste va dans le bon sens. Les héros n’appartiennent pas à des clans. On aurait bien sûr pu lire les lettres d’authentiques résistants catholiques. La gauche aurait pu le faire. Son sectarisme l’en a empêchée.
    En revanche l’aspect pédagogique de cette lecture est discutable. J’aurais pour ma part vu une explication de texte en cours d’histoire une fois pendant la scolarité, en terminale par exemple. Si on leur lit la lettre trois fois pendant les dernières années de leur scolarité, les djeunes vont vite en avoir marre et se fendre la pêche, mais c’est une autre histoire.

  • @Dang
    « Cela fait partie de la nécessaire réconciliation dont la France a besoin. »

    Vous pouvez expliciter ce point ??? On doit se réconcilier avec quoi ? et pourquoi ?

  • J’aime beaucoup vos positions tranchées, Yann, comme vous l’étiez pour soutenir que la peine de mort aurait un effet dissuasif. Mais, sans vouloir être désagréable – vous me reconnaîtrez le droit d’être tranché à mon tour – je trouve assez minables les petits procès de types de ce début de XXIème qui n’ont certainement jamais engagé leur vie dans quoi que ce soit, n’ont couru aucun risque, ne serait-ce que de distribuer des tracts sous peine d’être arrêtés, et sont infoutus de faire preuve du respect minimum pour un jeune homme de 17 ans exécuté.

    C’est intéressant de voir cette sorte d’alliance involontaire entre la gauche et l’extrème-droite pour s’opposer à la lecture de ce texte. Intéressant, et pitoyable.

    Au demeurant, pour répondre un peu néanmoins, il ne me semble pas que Nicolas Sarkozy – dont vous fustigez l’inculture historique sans avoir encore jamais eu l’occasion de démontrer votre supposée érudition – n’a semble-t-il pas affirmé que Guy Môquet était résistant, mais a pris appui sur un texte connu pour célébrer notamment les fusillés du bois de Boulogne.

    Lui, au moins, a été capable de passer outre le fait qu’il était d’un autre bord que lui, de passer outre le fait que ce gamin de 17 ans n’avait peut-être pas très précisément « résisté« . Il semble que certains en soient bien incapables.

    [quote comment= »52937″]pour tous ceux qui trouvent la lecture de cette lettre une excellente idée, je ne vois pas pourquoi s’en tenir aux élèves:
    (…)
    et demandons aux enseignants de l’éducation nationale de faire leur travail normal sur la seconde guerre mondiale…
    [/quote]

    Je trouve ça bien pathétique comme argumentation. Une petite réduction à l’absurde ? Il me semble que c’est ce que l’on emploie lorsque l’on est à court d’arguments.

    Quant à tes professeurs d’Histoire-Gégraphie, étant aussi professeurs d’Education Civique, cela pourrait être une bonne occasion pour eux de ne pas négliger cette partie de leur discipline.

    Sans compter le fait que je ne vois pas pourquoi cette lecture ne pourrait pas, aussi, être animée par un prof de philo, pour réfléchir au sens de l’engagement.

    C’est un peu dérisoire (désolé) cette façon de se montrer soudainement si soucieux du respect des programmes.

    [quote comment= »52921″]Quant à la date que tout le monde discute, pourquoi pas, plutôt que l’anniversaire de sa mort, le 14 juillet? Ca irait bien, avec l’idée d’une France éternelle et forte de son Histoire.
    Voire même mieux, la fête des mères, plutôt que le collier de nouilles, nos chérubins leur montreraient comme ça peut être triste un enfant qui meurt (fusillé par l’occupant en plus!).

    Très sérieusement, il y a en ce moment, chez nous, beaucoup de sujets de société, de discussion, d’avenir pour notre société. Doit-on s’arrêter à Guy Moquet, et en faire des kilo-lignes (je suis le premier, mea culpa), des kilo-heures, des kilo-conneries?[/quote]

    Nous sommes bien d’accord. Bien des objections soulevées sont assez mesquines et finissent par lasser. C’est un peu l’esprit de mon billet : j’ai fortement l’impression que ces objections prétendument rationnelles masquent chez beaucoup une très basique opposition à Sarkozy.

    J’ai même tendance à trouver cette question de date des plus stupides lorsque l’on soutient absolument que le 8 mai aurait dû lui être préféré. Je mettrais ma main à couper que ça n’aurait strictement rien changé à la polémique. Et, de surcroît, il me semble clair que cette lecture a été prévue dans une optique autre qu’historique. La nécessité de la rattacher absolument à la Seconde Guerre Mondiale ne m’apparaît pas si absolument évidente.

    [quote comment= »52818″]Comme dit Koz, la conclusion la plus facile peut être mais certainement la plus vraie, c’est que finalement, cette histoire a permis à des jeunes citoyens de s’interroger et de réfléchir à ce qu’était une nation, une guerre, la paix, l’engagement, les valeurs qu’ils étaient prêts à défendre. J’espère qu’ils ont eu des profs assez intelligents pour à la fois lire la lettre, et la contextualiser suffisamment pour que les élèves se posent les bonnes questions sur leur rôle ici et maintenant ou dans un proche futur parce que ce sont eux qui vont construire ce dans quoi ils vont vivre. Et je ne suis pas loin de penser qu’au-delà des procès d’intention, valables ou non, c’était bel et bien l’intention de Nicolas Sarkozy, comme l’atteste son discours à ce sujet

    (…)

    Voilà, Koz, j’ai été un peu long, j’espère ne pas avoir été ennuyeux.[/quote]

    Long, oui, mais plutôt passionnant. Et puisqu’en plus je suis d’accord avec l’ensemble de ton commentaire (je passe sur le témoignage à propos de ton père : je n’ai pas à être d’accord ou pas d’accord), je te dirais que ça m’a fait plaisir de le lire, au-delà de certains griefs que je trouve un peu bas de plafond.

    [quote comment= »52996 »]En revanche l’aspect pédagogique de cette lecture est discutable. J’aurais pour ma part vu une explication de texte en cours d’histoire une fois pendant la scolarité, en terminale par exemple. Si on leur lit la lettre trois fois pendant les dernières années de leur scolarité, les djeunes vont vite en avoir marre et se fendre la pêche, mais c’est une autre histoire.[/quote]

    On peut imaginer que les modalités ne soient pas figées. Après Guy Môquet, pourquoi ne pas considérer que cette journée serait une « journée de l’engagement » ? Cette lettre pourrait être lue en seconde, et d’autres témoignages d’engagements les années suivantes.

  • @koZ
    la manière dont vous me citez partiellement me paraît tout à fait partiale
    j’ai écrit que cette journée de la mémoire ou de l’engagment mériterait surtout un relais médiatique, télévisuel, à une heure de grande écoute,
    si l’on lui souhaite un impact…
    mais elle dérangerait: le civisme, les valeurs, ce n’est pas la prorité de la chaîne la plus regardée qui, rappellons-le, dès sa privatisation a exigé que la Messe et toute émission religieuse soit retirée de son cahier des charges….
    et je concluais que durant leur leçon d’Histoire, présente dans toutes les classes à la différence de la philo ou l’éducation civique, les profs étaient assez grands pour enseigner la seconde guerre mondiale, la résistance, voire le sacrifice et l’héroïsme…

  • @Buzzocks : j’ai déjà écrit tout un billet chez Koz sur ce sujet. Mon point de vue est, pour faire bref, qu’il y a en Fraance depuis la Révolution une guerre civile larvée. Rares sont les pays où deux blocs se font face d’une façon aussi irréductible qu’en France. La France a donc, selon moi, besoin de se réconcilier avec son passé. Il est préjudiciable d’avoir cet affrontement droite-gauche. Les jeunes d’aujourd’hui ne doivent pas être prisonniers des querelles des grands-parents : Algérie française contre gaullistes et gauche, collabos contre résistants, front populaire contre ligues patriotiques, dreyfusards contre anti-dreyfusards etc… La présence de ministres de gauche au gouvernement me semble aller dans le bon sens.

  • Petit aparté: le raisonnement par l’absurde est un des raisonnement les plus satisfaisant intellectuellement (en science tout au moins).

    Ceci étant dit j’avoue que le débat sur Moquet était-il (ou pas) un héros, un patriote, un résistant, un supôt de satan, un dangereux stalinien…etc;… (choisissez votre option) n’est pas forcément la piste la plus pertinent pour expliquer les préventions des enseignants. Celles-ci ne peuvent au plus que s’ajouter au problème principal: l’intervention directe du président dans le contenu du cours des enseignants. Ceci est (pour un enseignant) une atteinte grave à leur liberté pédagogique: les programmes ne sont pas libre (mais ils sont concertés avec ceux qui doivent les appliquer), par contre l’enseignant choisit la façon de les aborder, l’ordre dans lequel il interviendra… etc…
    Cet incursion directe d’un dirigeant politique dans son cours ne peut que choquer l’enseignant (et je peux vous assurer que la réaction aurait été la même avec un gouvernement de gauche… si ce n’est que celui-ci aurait très vite ranger son projet quand les enseignants aurait commencé à grogner).
    Ce principe de liberté pédagogique de l’enseignant est très important, il n’existe pas de cours officiel que l’enseignant devrait réciter à ses élèves.

    Une fois qu’on a bien compris ça, on peut s’amuser à s’engueuler sur le choix du texte qui ne me convainct pas (sans me choquer plus que sa: la lecture par Nicolas Sarkozy lors de sa victoire était tout à fait admirable).

    Encore une fois, le Président de la République (et plus encore Guaino) semble avoir une étrange idée de la démocratie qui ressemblerait pas mal à une dictature* à durée très limité: j’ai été élu alors j’ai la légitimité et vous devez la fermer et obéir, on fera le point à la fin. Je ne suis pas certain que ce soit une bonne méthode de gouvernement, et je suis à peu près sûr que cela n’est justement pas très démocratique comme principe.

  • C’est sur qu’un président qui déclare qu’il ne sera jamais du côté des fraudeurs (sous entendu les autres candidats le sont), avec des slogans du type la France tu l’aimes ou tu la quittes ou il y a ceux qui se lèvent tôt et les profiteurs (et j’en passe dans le mode binaire) peut toujours mettre deux ou trois ministres de gauche et invoquer l’union des français autour de la lecture de la lettre de Guy Moquet …. mais bon, peu crédible, le gars.

    Sinon, le FN ou autre Besancenot prospèrent déjà avec le slogan UMPS, on peut imaginer que ce genre de zozo se frotte les mains quand il voit Attali bouffer à tous les rateliers.

    Même si l’opposition systématique de Hollande ou Bayrou ne me semble pas toujours sincère, il faut quand même une opposition claire et nette, même si c’est parfois surjoué et peu crédible.

  • C’est très intéressant de rapprocher les deux billets (et surtout les commentaires des uns et des autres): celui sur le « Che » et celui sur Guy Moquet.

    🙂

    —— Koz —–
    Je trouve assez minables les petits procès de types de ce début de XXIème qui n’ont certainement jamais engagé leur vie dans quoi que ce soit, n’ont couru aucun risque, ne serait-ce que de distribuer des tracts sous peine d’être arrêtés, et sont infoutus de faire preuve du respect minimum pour un jeune homme de 17 ans exécuté.
    —–

    Je n’ai pas spécialement envie de polémiquer sur cette « célébration » mais (sarcastique et second degré):

    1/ Si on a engagé sa vie ou courru un risque, est on plus en droit de manquer de respect à un jeune homme fusillé?

    2/ Si je souhaite « critiquer » Guy Moquet ou la célébration de son « martyr », comment puis-je établir ma légitimité et où déposer mes certificats de « j’ai risqué ma vie pour une cause »…

    3/ De combien de mort direct un militant communiste doit il être responsable pour ne plus mériter le respect de quiconque et quel que soit les risques pris et la profondeur de son engagement?

    4/ De combien de mort « indirectement »? En soutenant un régime ou une idéologie?

    5/ Peut être que la réalité historique (et très certainement celle de la seconde guerre mondiale) rend les « célébrations » de ce type un poil complexe et fatalement sujette à polémique.

    6/ Combien d’exécutions somaires d’officers nazi, un résistant français est en droit de mener avant d’être surnommé par un truc qui commence par « le boucher de… »?

    7/ Combien d’exécutions somaires de collabo ?

    8/ Y’a t-il des causes qui mérite qu’on meurt ou qu’on tue pour elles? Doit on être prêt à mourir pour avoir le droit de tuer?
    Lesquelles ?

    Le choix de Sophie

    🙂

    tout ca quoi… De la philo à 3 francs 50… contre de la moral ou des bons sentiments à 1 euro 30

    🙂

  • Combien de … (je parle des 3, 4, 6 et 7) peut-on écrire avant de se rendre compte que l’on va un peu loin ?

    Non seulement il n’y a pas d’irrespect spécifique envers Che Guevara – quoique pas de respect spécifique non plus – mais faire un parallèle entre les exécutions sommaires d’officiers nazis ou de fonctionnaires de Battista, c’est faire la preuve que l’on s’est égaré quelque part sur l’échelle des valeurs.

  • [quote comment= »52816″]
    1. « la France n’a pas inventé la solution finale » … sous-entendu l’Allemagne l’a fait. Or, les Allemands n’ont-ils pas le droit eux aussi de considérer que le régime de Hitler, ça n’était pas « l’Allemagne » puisque l’Allemagne n’est pas une Histoire, mais un mythe idéal … comme Guaino le considère pour « la France…[/quote]

    Les idées de la France et celle de l’Allemagne sont totalement différents. La France est en effet un idéal, un projet de société idéal, a vocation universaliste, on est français si on accepte en fait la constitution, on est français si on le choisi. la France nait des lumières. L’Allemagne est totalement différent, c’est une idée de pays liée à la terre. Les artistes allemands représentaient même les paysans comme faisant parti de la terre. On est allemand par le sang, par les gènes, par l’hérédité. On est allemand que l’on le veuille ou non, voir les Sudètes, l’Ansluss etc. Les idées de Hitler sont une suite logique aux idées développées dans la société allemande elle même. L’oeuvre d’un Anselme Kiefer n’est qu’un inventaire de ce qui résiste de l’âme allemande du naufrage.

    Vichy pouvait-elle mettre « liberté egalité fraternité sur ses frontons? Non, ce n’était pas la République Française.

  • Un peu loin par rapport à quoi?
    Poser des questions n’est pas y répondre 🙂

    Entre l’exécution d’un fonctionnaire de Battista et le meurtre de Karl Hotz, faire un parallèle, c’est s’égarer sur l’échelle des valeurs?

    Vous même dans votre billet sur le Che terminiez par un parallèle entre ces deux personnages historiques et leurs dernières lettres. Vous égareriez vous parfois?

    Celle du Che contient cette recommandation à ses enfants: « Surtout, soyez toujours capables de ressentir au plus profond de votre cœur n’importe quelle injustice commise contre n’importe qui, où que ce soit dans le monde. »

    Si on a lu la lettre du Che on peut, alors, on doit, même, pleurer sur l’injustice du sort de Guy Moquet. A l’inverse…

    Bref, sommé de choisir, je préfèrais encore lire la lettre du Che à mes enfants.

    Aller… cadeau :

    Chers Hildita, Aleidita, Camilo et Ernesto,

    Si un jour vous avez à lire cette lettre c’est que je ne serai plus parmi vous.

    Vous m’aurez presque oublié et les plus petits ne se souviendront de rien.

    Votre père a été un homme qui agit comme il pense, et qui sans aucun doute a été fidèle à ses convictions.

    Devenez de bons révolutionnaires. Etudiez beaucoup pour maîtriser la technique qui permet de dominer la nature. N’oubliez pas que la Révolution est ce qu’il y a de plus important et que chacun de nous, tout seul, ne vaut rien.

    Surtout, soyez toujours capables de ressentir au plus profond de votre cœur n’importe quelle injustice commise contre n’importe qui, où que ce soit dans le monde. C’est la plus belle qualité d’un révolutionnaire.

    Adieu, mes enfants, j’espère encore vous revoir. Un gros baiser de

    Papa

  • [quote comment= »52937″]pour tous ceux qui trouvent la lecture de cette lettre une excellente idée, je ne vois pas pourquoi s’en tenir aux élèves:
    je propose que l’année prochaine toutes les chaînes de télévision, les radios fassent lire cette lettre de guy môquet entre 19h55 et 20h, le 22 octobre…
    …[/quote]

    Faudrait tout de même éviter que cela coïncide avec les cinq minutes de coupures d’électricité prônées pour faire prendre conscience du gaspillage de l’énergie …

    C’est une belle lettre khazan.

  • [quote comment= »53194″] Les idées de Hitler sont une suite logique aux idées développées dans la société allemande elle même.[/quote]

    Voilà le genre de raccourcis que je trouve extrêmement choquants.

    Les Allemands pourraient aussi bien dire que Vichy était dans la continuité de « l’âme française » … et ça serait largement aussi vrai.

    Voilà le danger que fait courir la mythification de l’histoire : ça implique toujours simplification et grossissement.

    Ca peut éventuellement être positif pour donner le moral aux habitants d’un pays … mais dans les relations avec les autres pays, c’est très dangereux de leur appliquer des mythes négatifs … et c’est un danger auquel manifestement Guaino est exposé … donc celui qui lit ses discours, et le pays qu’il représente.

  • Khazan, très jolie lettre que celle du Che.

    Et parfaitement réutilisable : il suffira de remplacer « révolutionnaire » par « patriote », « humaniste »… chacun fera le « rechercher/remplacer » qui lui convient.

    Une petite adaptation qui ne porte pas à conséquence, il y a des précédents.

    Quant à celle de GM, espère-t-on vraiment que la lettre de ce pauvre gosse fera se lever la jeunesse pour défendre la doulce France ?

    Non parce qu’à en juger par son effet sur l’équipe de France de rugby, son effet a l’air plus lénifiant qu’autre chose.

    Ok, j’arrête mon mauvais esprit.

  • [quote comment= »53207″]Vous même dans votre billet sur le Che terminiez par un parallèle entre ces deux personnages historiques et leurs dernières lettres. Vous égareriez vous parfois?[/quote]

    Vous n’avez pas totalement tort, si je reprends la citation à mon compte. Mais en l’occurrence, c’est Sylvain Attal, que je cite, qui l’évoquait.

    Et il se trouve qu’il ne la comparait pas à celle de Che Guevara, mais à celle de Rafael Garcia, jeune cubain de 26 ans, sommairement exécuté pour la seule raison qu’il était fonctionnaire de police, comme d’innombrables autres innocents le furent au nom de ce raisonnement inexact mais si pratique pour les bourreaux qui veut qu’on ne fasse pas de révolution sans verser de sang.

    Alors, un meurtre est un meurtre, certes. Une exécution sommaire, une exécution sommaire. Mais rapprocher celle d’un prisonnier (évidemment) désarmé simple « exécutant » de celle d’un officier SS armé membre de forces d’occupation par la résistance, oui, je considère que c’est s’être égaré quelque part.

  • @Koz

    Ma mémoire me joue des tours effectivement. Il y a bien un parallèle entre les personnages, mais pas entre leurs dernières lettres, effectivement.

    Pour ce qui est de :

    « Mais rapprocher celle d’un prisonnier (évidemment) désarmé simple “exécutant” de celle d’un officier SS armé membre de forces d’occupation par la résistance, oui, je considère que c’est s’être égaré quelque part. »

    Karl Hotz à été assassiné par trois résistants communistes. Ils lui ont tiré deux balles dans le dos.

  • de retour de déplacement professionnel, je viens de lire ce billet et ses 109 commentaires.

    Je ne crois pas que ce 110 ajout apporte beaucoup à la discussion, mais ayant sous les yeux le bulletin distribué à tous les enseignants « grâce aux cotisations des adhérents et au travail des militants », je vous en livre quelques extraits :

    « le 22 octobre [….] tous les lycéens de France seront en « communion » avec le Président qui sera, on peut le prévoir, un grand moment médiatique. Sans revenir sur le détournement décomplexé qui est fait de l’engagement résistant du jeune communiste, l’instrumentalisation de l’histoire a été largement soulignée. Au delà de cette seule question, comment accepter que l’école devienne le lieu de création factice d’une Union Sacrée, acritique par le biais d’une cérémonie commandée ? […passage sur la contextualisation largement commentée au cours des 109 commentaires …] Mais à combien d’autres commémorations faudra t il ensuite se plier ? […passage expliquant la non obligation faite aux profs de lire la lettre…] D’une manière ou d’une autre, il faudra prendre une position : se taire , ou dire aux élèves ce qu’on en pense, ou les faire débattre sur le sens de cette journée. On pourrait alors être tenté de prendre les élèves à témoin des contradictions et des dérives de l’exécutif, ce qui interroge notre souci de neutralité ou d’objectivité par rapport à une situation politique. Car c’est bien de politique qu’il s’agit. Peut on prendre le risque que la journée transforme le lycée en arène politique ? [… Passage sur la déontologie de la profession …] Il n’est pas défendable de fonder l’enseignement sur le recours à l’émotion, ni d’obéir sans conditions à une prescription présidentielle, venant perturber une progression pédagogique construite selon une logique précise s’inscrivant dans le respect des programmes. Le [… nom du syndicat…] ne peut cautionner cette entreprise commémorative décidée par le seul chef de l’état. Il n’accepte pas que les enseignants y soient associés malgré eux…. »

    Personnellement, j’adore le passage sur le souci de neutralité politique ou d’objectivité ( la position de ne pas lire étant bien sûr neutre et objective ) et celui expliquant qu’il n’est pas défendable qu’un enseignant ( salarié de l’état ) soit obligé d’obéir sans conditions à une prescription présidentielle ( donc du représentant élu de la nation/employeur ? ) qui perturberait la logique « précise » ( j’étouffe de rire ! ) de la progression pédagogique !

    Je comprends mieux pourquoi mon conjoint compte les jours qui le séparent de la retraite !

  • Karl Hotz n’était pas un SS. C’était l’officier de la Wehrmacht qui avait l’autorité administrative sur la région de Nantes.

    La différence avec Garcia est moins le statut de la victime que le contexte: meurtre « légal » dans le cas cubain (on se place après la « libération »), acte de terrorisme (au sens le plus technique et le plus neutre: on tue pour entretenir l’insécurité chez l’occupant) dans le cas Hotz.

    Pas complètement compris votre discussion, donc je ne sais pas si ces précisions ont un intérêt dans le contexte… Enfin ça ne fait pas de mal.

  • @FC

    Tout a fait en ce qui concerne la différence Wermacht/SS
    … L’amalgame provient de ce que souvent sur les commentaire de blog on fait court et parfois trop court du coup Wermacht, Nazi et SS finissent tous dans le même panier.

    Tout à fait aussi en ce qui concerne la précision qui va bien dans le sens du débat.

    Koz semble penser que c’est s’égarer que de vouloir rapprocher ces différentes morts et ces différents morts: Garcia, le Che, K. Hotz et G. Moquet.

    FC: rapprocher résistance (durant la seconde guerre mondiale) et terrorisme (même en version neutre) ca peut finir avec une centaine de contributions supplémentaires 🙂

  • Vous êtes gentils, on peut s’être gouré une fois en pensant que le Hotz en question était un SS, et savoir tout de même faire la différence.

    En revanche, je m’étonne qu’il ne vous saute pas aux yeux que l’assassinat d’un haut gradé membre d’une armée d’occupation et l’exécution d’un simple policier prisonnier par le pouvoir en place ne sont pas véritablement à mettre sur le même niveau.

    Je serais mauvais garçon, j’y verrais de la mauvaise foi.

    Comme je suis bon gars, je ne vois dans tout ça (comme dans la précision sur les circonstances d’un assassinat dont on rappellera au passage qu’il n’a pas été commis par Guy Môquet), que d’ubuesques pinaillages.

  • Koz

    si vous passez en mode condescendant alors …

    1/ Pour l’amalgame Hotz/Wermacht/Nazi/SS je suis tout à fait coupable… En pêchant par excès de concision, j’ai rendu la chose peu claire et possiblement enduit le lecteur d’erreur.

    2/ Mauvaise foi? Disons que pour moi, voir la droite française cracher sur Guevara et célèbrer Moquet vous a un petit côté ironique assez étonnant. Voyez y ce que vous voulez 🙂

    3/ Que ce soit à droite ou à gauche, la célébration du Che par les uns ou de Moquet par les autres devrait susciter les même débats sur les mêmes sujets. La mauvaise foi est plutôt de penser le contraire parce que l’un est une icône de gauche et l’autre serait, malencontreusement semble t-il, devenu une icône de droite.

    4/ Plus sérieusement (ou pas), la mauvaise foi et le pinaillage ubuesque c’est peut être aussi de vouloir à tout pris penser qu’un officier de l’armée allemande d’occupation est un monstre sanguinaire qui mérite d’être assassiné de deux balles dans le dos, par derrière et par trois hommes…

  • Pingback: » Vichy. Pour une juste mesure.

  • (ici http://www.lemonde.fr/societe/article/2008/10/22/de-nombreux-lycees-font-l-impasse-sur-la-lecture-de-la-lettre-de-guy-moquet_1109678_3224.html)

    En épilogue, un an après cette histoire de fous. Le Monde renvoie à un BO de l’Education Nationale, qui contient beaucoup d’autres lettres. Belles pareilles, qui dégagent la même émotion et la même indignation, sauf que leurs lectures successives renvoie à l’Europe et ouvre vers aujourd’hui. Et puis, contrairement à la lettre de Guy Môquet, ce sont des jeunes gens qui n’avaient pas de station de métro à leur nom chez nous, et dont les écrits ne figuraient pas dans nos livres d’histoire.
    Comment faire qqch de bien d’une idée incongrue.
    http://media.education.gouv.fr/file/33/36/3/Lettre_Guy_Moquet_34363.pdf

  • Je continuerai de trouver cette polémique incongrue – a-t-on jamais interdit de lire aussi d’autres lettres ? et ce BO n’en est-il pas d’ailleurs la preuve ? – comme je trouve étonnante et bien partisane l’incapacité de certains à accéder au symbolique.

  • d’accord avec lisette,
    de tout cet épisode médiatique,
    la sagesse des « administrations » a fait quelquechose de symbolique, de fort…d’équilibré
    laissons guy moquet où il est: un jeune homme érigé en héros par le PC qui n’a sa rue ni à neuilly, ni dans d’autres villes de droite,…

    la polémique a été créée par la méthode à l’emporte-pièce du président, qui aime , le sait-on, agir, faire réagir,
    de préférence en divisant le camp d’en face…

  • On peut jouer à se renvoyer la balle, mais apparemment chacun constate que cela se produit cette année sans difficultés. Or, que je sache, Nicolas Sarkozy n’a jamais interdit de placer la lettre de Guy Moquêt dans son contexte, ni de lire plusieurs lettres. Alors, est-ce la méthode du président qui a posé problème ? Ou la capacité de l’opposition de se lacérer la poitrine en roulant des yeux exorbités et en poussant des cris aigus qui est en cause ?

  • Je n’ai pas cherché à savoir si ça se passait bien ou pas, ni si ça se faisait. Je constate que c’est devenu qqch de bien, et je le dis.
    Au début, j’ai trouvé ça incongru parce que je suis une femme du monde et que je dis pas « débile » devant des gens que je connais pas. Mais présenté comme ça, que ça vienne du président ou pas, que ça ait été contenu dans la première annonce ou pas, je trouve ça bien.

  • ‘tain y’a vraiment des opposants à l’antisarkozysme qui se saisissent du moindre prétexte pour se lacérer la poitrine en roulant des yeux exhorbités ici hein.

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