La facilité sentencieuse

François Bayrou a-t-il d’autre ambition que de reprendre à son compte avec componction ce que dicte l’opinion publique ? Voilà qu’il trouve opportun de déclarer qu’il n’aurait pas pris Bernard Laporte dans un gouvernement (s’il avait été élu Président de la République, s’entend), parce qu’il « n’aime pas l’utilisation de ses fonctions pour faire de l’argent« . Admirez le courage politique, admirez la troisième voie à l’oeuvre, la force de discerner ce que d’autres ne disent pas.

Si ce n’est que cela fait trois semaines – un mois, peut-être – que ce même discours est tenu et que cela lui donne des petits airs de ventriloque de l’opinion publique.

Remarquez que je ne suis pas un inconditionnel de Bernard Laporte. Si l’on exclut seulement les résultats de l’équipe de France durant cette coupe du Monde, le seul fait qu’il n’ait jamais songé à fermer la bouche lorsqu’il mâche son chewing-gum, en biais de surcroît, m’insupporte. C’est un détail (pardonnez le clin d’oeil involontaire à mon lectorat frontiste) mais il m’arrive de coincer sur des détails (bigre, je fais un doublé).

Et je m’interroge, vespéralement, sur ce qu’aurait bien pu déclarer François Bayrou à propos d’un Zidane, d’un Henri, d’un Prost ? Ces sportifs-là n’utilisent-ils pas leur « fonction » pour faire de l’argent ? Vous m’objecterez que d’autres soupçons pèsent sur Bernard Laporte. Mais je n’imagine pas une seconde un homme aussi attaché aux principes de la République que François Bayrou faire allusion à des faits non établis, au mépris de la présomption d’innocence. Du reste, on sortirait là de la seule question de « l’utilisation de ses fonctions pour faire de l’argent« .

On en revient donc à la question précédente : François Bayrou, l’intègre et l’analyste, aurait-il eu les couilles de faire la même déclaration à propos de Zinédine Zidane ? Les aurait-il eues si l’équipe de France avait été, hier soir, championne du monde de rugby ? Je sais, c’est subjectif, mais j’émets des doutes.

Pour un troisième homme, un homme au-dessus des basses querelles partisanes, un homme qui voit aussi loin que la ligne bleue des pyrénées, ne pouvait-on imaginer une réponse qui aurait consisté à déplorer l’évolution générale de la société, du monde du sport, tout en relevant qu’il n’était pas parfaitement nécessaire de se poser maintenant en juge, que ce serait un peu facile après la défaite… ? Notez que cela me rappelle un autre positionnement politicien précipité, malvenu et fondateur, de sa part.

Oh, je ne dis pas que sa réponse ne soit pas légitime. J’ai simplement le sentiment que, non, elle ne vient pas d’un homme qui se situe au-dessus desdites basses querelles partisanes, comme il aimerait tant se voir.

Sportivement, François Bayrou a poursuivi. La France est défaite, ça vaut peut-être le coup de pousser son avantage. Et le voilà qui dénonce, dans la nomination de Bernard Laporte, une « récupération politique« . Là, François, tu m’excuseras, mais il faut actualiser ton discours, car des politiques qui s’empressent de récupérer des défaites cinglantes, on en trouve relativement peu. C’est, en tout cas, une autre originalité de notre Président.

Et puis voilà, puisque l’on est un troisième homme, que l’on sait que, lorsqu’il y a du noir, et puis qu’il y a du blanc, peut-être qu’en fait c’est le gris qui est le vrai, à supposer que l’on s’entende (mais on se concertera dans le respect des sensibilités respectives) sur la nuance de gris requise, on pourrait aussi s’interroger sur un cas pratique.

La donnée de départ est la suivante : vous souhaitez nommer Bernard Laporte, et il y a une coupe du monde de rugby qui approche. Que faites-vous ? Vous le nommez après la Coupe ? S’il la perd, avouez que c’est malheureux et que l’on comprendrait mal. S’il la gagne, là, c’est assuré : François Bayrou risque de crier à la récupération politique du rugby. Si vous le nommez avant – ce qui est certes un peu incongru – vous désolidarisez totalement la nomination du résultat sportif. Cela dit, c’est certain, vous ne faites pas un beau cadeau audit Laporte.

Bref, François, à l’avenir, si tu pouvais éviter de tomber sentencieusement dans la facilité… C’est crispant.

Billets à peu près similaires

27 commentaires

  • F Bayrou a retrouvé la voix.
    En plus de son avis sur B Laporte, il a estimé que le passage de N Sarkosy était « une faute contre la fonction ».
    Qui récupère quoi à son avantage ?

    Serait ce que pour M Bayrou, être président signifie , d’une part perdre ses convictions et d’autre part ne plus visiter aucune assemblée ?
    ( j’imagine assez bien N Sarkosy accepter de rendre visite à un autre parti, lors d’un forum ou un rassemblement )

    Heureusement, un acte positif de notre troisième homme ( c’est si rare qu’il faut le noter ), il affirme qu’il votera pour le mini traité européen.

  • Oh, tu sais Tara, j’imagine qu’il trouvera un moyen de faire en sorte que son soutien soit ambigu. Sur les retraites, j’ai beaucoup apprécié aussi sa position : (i) il ne faut pas croire que la réforme des régimes spéciaux apportera une solution définitive au problème des retraites (et hop, un petit peu pour les rigoureux) et (ii) il est légitime que les salariés défendent les acquis relevant des contrats qu’ils ont signé, (ça, c’est la pommade pour la partie gauche de l’hémisphère). L’idée que tout le monde ait dû en rabattre sur les zakis n’est pas entrée outre mesure ne ligne de compte.

    Mais c’est bien, comme ça : on appelle pompeusement « troisième voie » ce qui ne relève souvent que de la démagogie.

    [quote comment= »52159″]aie,aie,aie !!! koz qu’as-tu fair ? attaquer encore bayrou, pff… lisette va encore nous pondre un roman !! :)[/quote]

    C’est claire : la rétorsion est dissuasive. Mais nous ne cèderons pas devant l’intimidation ! 😉

  • Oui mais là, c’est Bayrou qui tente une récupération politique de la défaite du XV de France, ou bien !

    Plus personne ne l’écoutant, ni même ne s’intéressant à lui … il lui faut bien trouver quelque chose à se mettre sous la dent pour faire langue…

    Bref, il tente seulement d’exister … « un peu »…

  • La « facilité sentencieuse » en phase avec l’opinion publique, degré zéro de la politique mais ô combien pratiqué (à droite comme à gauche), n’est pas l’apanage exclusif de Bayrou. Le maître en la matière, réagissant au quart de tour avec un discours simpliste au moindre fait divers pour caresser l’opinion publique dans le sens du poil, a d’ailleurs gagné à ce petit jeu, auquel se résume malheureusement en grande partie l’élection présidentielle.

    Ceci étant dit, on s’en fout un peu aujourd’hui de ce que dit Bayrou. Il ne pèse aujourd’hui plus grand-chose. Et la seule issue du Modem (à moins d’une autodestruction ou d’un retour au bercail de la droite) reste une alliance avec le PS, qui restera, quoiqu’il arrive (et malgré son piteux état actuel, que je reconnais bien volontiers) la principale force politique d’alternance.

    Quant au cas Laporte, son échec sportif, après huit ans à la tête de l’équipe de France de rugby, est aujourd’hui indiscutable – et indiscuté. Personnellement, je ne lui pardonnerai jamais d’avoir rendu le jeu de l’équipe de France – qui jadis fit pleurer d’émotion les supporters néo-zélandais – si pauvre.
    Son affairisme et les libertés qu’il prend avec l’éthique et la morale ne font guère plus de doutes (le coup des maillots de l’équipe de France revendus avec une grosse marge sur son site Internet en étant un exemple significatif, parmi d’autres). La justice dira (peut-être) s’il a aussi pris des libertés avec les lois (la liste des soupçons est longue et balaie quasiment toutes les infractions que peut commettre un chef d’entreprise).

    Quant à la tentative de récupération par le président de la République d’un éventuel succès de l’équipe de France de rugby, elle a aussi crevé les yeux et les écrans. Il faudrait vraiment être aveugle pour ne pas l’avoir vue. Il faut dire que Sarko a été à bonne école, son prédécesseur s’étant fait une spécialité de ce type d’opérations. Selon la presse, l’Elysée aurait même passé un accord en direct avec TF1 pour que l’on voit à la télé des plans de Sarko après chaque essai ou belle action de l’équipe de France. Si c’est pas pro, ça ?

    Reste que la nomination de Laporte représente aujourd’hui un vrai risque politique pour Sarkozy, à un moment où l’état de grâce semble déjà loin… Mais il ne peut décemment pas se dédire et lâcher son « ami » tout de suite. Peut-être son débarquement dès le remaniement de janvier est d’ores et déjà anticipé… Et vous, combien de mois donnez-vous à cet improbable attelage Bachelot – Laporte au ministère des Sports ? « Je veux les meilleurs », qu’il disait…

  • [quote post= »501″]C’est un détail (pardonnez le clin d’oeil involontaire à mon lectorat frontiste) mais il m’arrive de coincer sur des détails (bigre, je fais un doublé).[/quote]
    Espèce de fachiiiiiiiiiiiiiste…. 🙂

  • Bah y’a pas grand chose à dire là-dessus non plus.
    Je vois pas pourquoi il se priverait de dire qu’il aurait pas pris Laporte, puisqu’on lui pose la question (c’est pas un discours, c’est un extrait d’émission, dont il a été fait une dépêche AFP.) Bayrou.fr, on peut le regretter, c’est surtout un fil de news sur les interventions du président du MoDem telles qu’elles apparaissent dans les médias. Y’a pas de contenu éditorial propre. Mais maintenant tu pourras regarder sur http://mouvementdemocrate.fr/, c’est toujours un fil d’actualité, mais avec d’autres intervenants.
    J’ai pas vu l’émission d’Europe 1, mais ça m’étonnerait que l’essentiel se soit résumé à ça.

    Récupération politique? Ben oui, je m’étonne que tu t’en offusques. C’est une récupération politique qui a échoué, c’est tout. Quand un gouvernement va à la queue leu leu faire des bises à une équipe, que l’entraîneur est un futur secrétaire d’Etat, qu’il lit une lettre qui se veut emblématique d’un esprit de rupture, que les valeurs du sport en question sont les valeurs du parti du gouvernement… ça s’appelle une récupération politique. C’était risqué, ça a foiré, maintenant il est au gouvernement (avec des attributions réduites, donc), ça prouve rien de plus.
    Moi je m’en fiche, ça m’a fait tellement rire toute cette histoire, surtout l’éposode de la lecture de la lettre de Guy Môquet avant une défaite, hu hu hu, mais quel ridicule, quelle stupidité (Sarko n’y est pour rien hein me fait pas dire ce que j’ai pas dit). Mais j’ai jamais rien compris au rugby. Je préfère Zidane, et je trouve, oui, qu’il donne une meilleure image (malgré cette fin de carrière épique) à travers les publicités et les marques qu’il choisit. Pour ce que j’en sais.

    En revanche, j’aime Laporte depuis que j’ai vu il y a quelques semaines les Dieux du stade. Je sais pas si je vais résister longtemps à l’acheter celui-là.

  • Pfiouuu ! Que je suis rassurée ! En lisant ce billet dans mon agrégateur, il y a quelques minutes, aucune réaction de Lisette n’était lisible. J’ai failli lancer une recherche dans l’intérêt des famil… euh… des blogs.

    Mais en arrivant ici, tout va bien, Lisette a réagi et justifié chaque mot de Bayrou ! Indéniablement, la 3ème voie a trouvé en elle son meilleur héraut ! : )

    Pour en revenir au sujet, comme Koz, je n’ai guère de sympathie pour Laporte. Aucun rapport avec le rugby qui ne m’intéresse pas (pas taper), mais tout avec le personnage que je n’ai jamais entendu énoncer quelque chose qui m’ait enthousiasmée.

    Je ne sais pas ce que Sarkozy attend de lui, il y a toujours le discours officiel et la mission réelle. Je n’ai donc pas les moyens de juger si Laporte est l’homme de la situation et encore moins d’en déduire qu’il s’agit de récupération.

    Lors de sa nomination, quelles étaient les chances de l’Equipe de France pour la Coupe du Monde ? Etaient-elles si bonnes que Sarkozy ait pu risquer un coup ? Je ne connais rien au rugby mais j’ai un gros gros doute. Une éventuelle victoire en Coupe du Monde n’aurait été qu’une cerise sur le gâteau, mais pas, il me semble, le motif de la nomination.

    Bref, désolée Lisette, ton cher Bayrou me déçoit à nouveau. Plus que jamais, il fluctue. Il semble plus soucieux de ne pouvoir être rattaché à aucun des deux bords que d’avoir de vraies opinions, de vrais engagements.

  • Delphine, je n’ai pas chercher à justifier quoi que ce soit : je commence en disant qu’il n’y a pas grand chose à dire. Si ça amuse Koz de s’indigner de chaque mot de Bayrou, dans les dépêches les plus approximatives, c’est son droit le plus strict, il est ici chez lui.
    Idem pour le jugement de « facilité sentencieuse » : je suis pas loin de partager, sur ce sujet précis. Il est volontiers sentencieux, en effet, c’est son style.

    Bon, maintenant, c’est une phrase dans une émission, que je n’ai pas vue en entier, il n’y a pas de quoi en faire une attaque contre la troisième voie. 🙂 Et des fois je me dis que moins on aime les socialistes, plus on devrait aimer Bayrou. Vous préférez quoi comme opposition? Celle qui vote le traité européen ou celle qui se pose 3 000 questions, notamment parce qu’elle considèrerait déroger à voter n’importe quoi qui soit proposé par le gouvernement? On peut trouver que c’est une avancée sans être pleinement satisfait, il me semble.
    Et ce n’est pas parce qu’on aime bien Sarkozy qu’on peut nier qu’il y a eu récupération politique. Je veux dire, c’est un fait. On peut l’apprécier diversement, mais il y a eu récupération politique, comme souvent du sport, bon. C’est (hélas?) foiré, mais on va pas transformer Laporte en martyr non plus.
    Encore une fois, ce genre de truc me fait beaucoup, beaucoup rire.

    Le genre de ton sentencieux qui me fait moins marrer, déjà, c’est celui de Christine Laporte quand elle explique partout que tout va très bien madame la marquise, tout va très bien, et que les mesures vont produire leur effet, évidemment. Pensée magique.
    J’ai plus internet chez moi pour cause de déménagement, et j’ai pas mal de boulot en ce moment.

  • Bien sûr qu’il y a une part de récupération, l’animal politique qu’est Sarkozy ne pouvait pas passer à côté, mais je doute qu’il ne soit question que de récupération.

    Je ne suis pas sarkoziste, même si j’ai voté pour lui sans guère d’hésitations, mais je vais répondre à ta question : j’attends de l’opposition qu’elle soit constructive. Que Bayrou vote le traité européen, super, bravo ! C’est bien le moins s’il ne veut pas paraitre préférer l’opposition stérile à l’avancée de la construction européenne, mais bon, saluons le geste quand même ! ; )

    En dehors de ça, on l’entend plus critiquer, pinailler et démagoger (je néologise si je veux) que proposer, avancer, dialoguer. C’est dommage, je suis totalement persuadée qu’il est loin d’être stupide, que ce serait probablement un partenaire précieux, il doit juste comprendre que l’être ne serait pas vendre son âme.

    Quant à Madame Laporte… euh… no comment ! ; )
    (ce serait pas Christine _Lagarde_, des fois ?)

  • [quote comment= »52531″]Quant à Madame Laporte… euh… no comment ! ; )
    (ce serait pas Christine _Lagarde_, des fois ?)[/quote]

    Lisette, on avait dit « plus de ragots »…. 😉

  • Hu hu hu, bon sang de bonsoir, figurez-vous que vous venez d’avoir un involontaire aperçu de ma vie professionnelle!
    Delphine, partenaire, il le fut. Longtemps.
    Son choix politique, en ce moment, c’est sans doute de se dire : tout le monde sait que j’ai été à droite, et dans le même gouvernement que Sarkozy, tout le monde connaît ce qui nous rapproche. Ce que les gens ignorent, c’est ce qui nous sépare, or j’estime que c’est plus important que ce qui nous rapproche. Donc j’insiste là-dessus.
    Bon, mais à lire comme ça, c’est un peu lassant… Moi aussi… je préfère le ton de Corinne Lepage. Mais Bayrou est drôlement plus efficace politiquement.

    Soit il propose qqch d’autre, soit non. Et proposer qqch d’autre, c’est dire ce avec quoi on est pas d’accord, c’est à dire critiquer, y’a pas à sortir de là.
    Et comme partenaire précieux, je veux bien, mais… pour ajouter quoi? Soit le programme de Sarkozy est parfait et intangible, soit il ne l’est pas.
    S’il ne l’est pas, sa campagne fut mensongère, mais on peut s’arranger pour gouverner ensemble et établir des partenariats.
    S’il l’est, alors ledit Sarkozy n’a pas besoin de l’aide de ceux qui proposaient des solutions différentes. Il peut avoir besoin de leur apport, en les consultant, et qu’il le fasse est tout à son honneur. Mais d’aide? Ne comprends pas.

  • [quote comment= »52516″]Christine Laporte quand elle explique partout que tout va très bien madame la marquise, tout va très bien, et que les mesures vont produire leur effet, évidemment. Pensée magique.[/quote]

    On en apprend tous les jours sur ce blog, mais va falloir vite faire un schéma, parce on sait plus qui est marié à qui, ni qui divorce et avec qui.

    Bon sinon une chose est claire avec Bayrou, c’est qu’il doit être assisté par ordinateur.

    On peut faire du Bayrou comme on a pu faire du Royal à un moment. Il suffit de faire le cours avant. Ou même utiliser un petit programme informatique qui vous donne les mots qu’il suffit juste ensuite de remettre dans le bon sens en fonction du sujet.

    Royal c’était « démocratie participative » (et quelques autres) et rajouter -ant ou -ante (voire -tude mais ça marche bcp moins bien) à un certain nombre de mots.

    Bayrou, c’est principalement rajouter « ce n’est pas suffisant » à la moindre proposition de la majorité et prendre une critique formulée par le PS, l’adoucir avec un « je crois que » devant, et la ressortir en plus soft.

    L’exercice est tellement systématique et ridicule qu’un jour, dans quelques années, il se relira et sentira quelques gouttes de sueur motivée par une honte rétrospective lui couler dans le cou. Et surtout, tellement systématique que ça n’intéresse absolument plus personne.

    Nous n’avons peut être pas le Président idéal, mais on se rend de mieux en mieux compte de jours en jours ce à quoi on a échappé grâce à l’élection de Sarko.

  • [quote comment= »52543″] Soit il propose qqch d’autre, soit non. […] Soit le programme de Sarkozy est parfait et intangible, soit il ne l’est pas. [/quote]

    Tût tût tût, Lisette, tu perds les réflexes centristes, voilà-t-y pas que tu retombes dans la bipolarisation intellectuelle de base !!!!

    Il faut dire :

    – Soit il propose quelque chose, soit non. Et cela arrange les médias, que les français y croient. Cela dit il y a une 3ème voie : celle des propositions inconsistantes.

    – Soit le programme de Sarkozy est parfait, soit il ne l’est pas. C’est ce qu’on veut nous faire croire depuis 6 mois. Cela dit il y a une autre voie, celle de l’imperfection perfectible.

    😉

  • [quote comment= »52547″]Bayrou, c’est principalement rajouter « ce n’est pas suffisant » à la moindre proposition de la majorité et prendre une critique formulée par le PS, l’adoucir avec un « je crois que » devant, et la ressortir en plus soft.[/quote]

    C’est émouvant, ce sentiment d’être au moins deux à penser rigoureusement la même chose.

    Damocles > je crois que nous virons tous impudemment taquins 😆

  • [quote comment= »52547″]Nous n’avons peut être pas le Président idéal, mais on se rend de mieux en mieux compte de jours en jours ce à quoi on a échappé grâce à l’élection de Sarko.[/quote]

    Voila ma pensée parfaitement résumée ! Merci ! ; )

    Lisette > Tout programme est perfectible. Ce n’est pas parce que j’ai voté Sarko que j’approuvais 100% de son programme, ni que j’approuve 100% de ses actions et projets. Les propositions et échanges ne seront jamais superflus, pour autant qu’ils dépassent le niveau « nan, j’veux po » du PS/PC et la valse hésitation de Bayrou.

    Et maintenant, que deviennent,
    Que deviennent les valses du Modem ?
    Dis-moi qu’est-ce que t’as fait
    Pendant ces années ?
    Si les mots sont les mêmes
    Qu’a fait le Modem ?
    (pardon, faut que j’arrête Feldmann, moi)

  • Je n’ai pas d’avis sur Laporte. Mais, que Bayrou oppose ce que l’on transmet aux enfants dans le sport amateur et les contrats publicitaires signés avec le succès de la coupe du monde, c’est juste absurde.
    On a besoin d’argent dans le sport, comme partout d’ailleurs. Maintenant on peut aussi refuser tout argent au nom de je ne sais quelle pureté, et regarder les autres pays faire du sport sans nous !

  • Bon, allez, je vais même aller plus loin que vous tous, suivant en cela Jean-Louis Bourlanges dans la revue Commentaires de cet automne. Ca va être un cht’tit peu long.

    Vous l’aurez, votre tartine, mais vous m’avez cherchée.

    On a là un dialogue intéressant. Bourlanges reproche à Bayrou de ne pas insister sur les mesures de son programme, d’avoir choisi une rhétorique du flou et de l’envolée lyrique. Par ailleurs, il le met en garde contre les attaques frontales de Sarkozy, estimant qu’il serait suicidaire de renoncer au système d’alliance de l’UDF.
    En tant que militnte, j’en ai effectivement appris beaucoup plus sur l’excellence de notre porgramme et la nullité de celui de Srakozy en écoutant Bourlanges et Courson qu’en lisant les discours de campagne de Bayrou.

    Bayrou lui répond… en ne lui répondant pas. Il balaye dès la première phrase les histoires d’alliances , en reprenant exactement ce que dit Damocles, dont j’accepte humblement la leçon de centrisme (j’ai voulu rentrer dans une logique (ontologie? lol) sarkozienne de la clarté – les choses sont ou ne sont pas-, mais j’ai manifestement échoué). Et puis il explique que la droite, la gauche, tout ça c’est des conneries, c’est dépassé, ça ne veut plus rien dire. Il définit en ses propres termes le projet de Sarkozy (conservateur), et, face à cela, esquisse un projet de société « démocrate ».

    En tombant exactement dans le reproche que lui adressait Bourlanges, et que reprendra Koz s’il lit cet article : il se lance dans de grandes envolées lyriques et, de temps en temps, laisse tomber une proposition concrète, comme une concession, une façon de s’expliquer plus clairement, mais en aucun cas l’essentiel. Et donc il définit ce qu’il met derrière le mot « démocrate ». C’est un moment d’affirmation pure, il forge un concept politique nouveau (avec un terme ancien), et l’inscrit dans le paysage politique français. Le noeud de cette exposition se trouve dans la définition et la séparation des pouvoirs non seulement exécutif, législatif et judiciaire, mais également médiatique, économique et civile _ le démocrate étant celui qui souhaite organiser institutionnellement le dialogue entre ces pouvoirs (et il n’y a dialogue que s’il y a séparation)
    C’est assez étonnant _ je veux dire, la succession de ces deux articles et la façon qu’a Bayrou d’assumer le reproche qui lui est fait. Ca ne manque pas de panache, intellectuellement.
    Et c’est fait dans Commentaires, qui est une revue de droite, pour les intellos de droite. C’est avec la droite qu’il dialogue, son passé d’alliances, si on veut.

    J’imagine que pour lui, le programme, il faut le construire, il faut être prêt, avoir ses propositions. Mais laisser les autres en parler. Son boulot à lui c’est de discuter de valeurs et de choix sociaux, d’histoire, etc… D’après lui c’est ça un candidat à la présidence de la République (ou un chef de parti de gouvernement).

    Donc vous avez raison sur la « mécanique » de ses remarques sur les propositions particulières. Et la raison est : il s’en fout.

    Sur le fait d’avoir une mécanique : je crois que tout les partis politiques en ont une. J’appelais ça « une chanson » dans la campagne. Des mots qui reviennent tout le temps et à tout propos. Le travail, l’énergie, le « et alors? », et « les français m’ont élu pour », ça c’est Sarko. Le « oui, mais », c’est centriste, incontestablement.

    Pour terminer, je vais vous le dire encore : Bayrou, sa démarche me passionne parce qu’il me semble qu’il rend possible l’avènement politique d’un projet de société partagé par plusieurs traditions politiques française : il réussit une synthèse entre les démocrates chrétiens, les libéraux du 18è et les radicaux. Que les partis qui représentent ces tendances soient englués ici ou là, peu m’importe. Les idées sont là, la vision du monde y est. Et ceux qui la partagent, par éducation ou par culture, trouveront dans le nouveau mouvement leur maison naturelle.

    Il a des défauts, des tics de langage, une façon de présenter les problèmes qui parfois ne me convient pas parfaitement, voire m’agace. Mais le sillon qu’il trace ( 😉 ) répond à une aspiration profonde de la citoyenne que je suis… et même, de la chrétienne que je suis.

  • [quote comment= »52547″]Bayrou, c’est principalement rajouter « ce n’est pas suffisant » à la moindre proposition de la majorité et prendre une critique formulée par le PS, l’adoucir avec un « je crois que » devant, et la ressortir en plus soft.

    [/quote]

    Et encore !
    Je croyais qu’il devait avec Ségo nous jouer le jeu de la participation constructive.
    Beh sur le site Bayrou.fr je n’ai pas vu quoi que ce soit sur le grenelle de l’environnement par exemple(et pourtant je m’en suis palpée des pages ! mais peut-être est-ce ailleurs ?)

  • Je serais curieux de savoir si Bayrou a dénoncé:

    – Le caractère évanescent de la loi sur le service minimum.
    – La reculade sur la sélection à l’université.
    – Le passage de « un fonctionnaire sur deux partant à la retraite non remplacé » à « un fonctionnaire sur trois » (sachant que la première proposition est déjà un cautère sur une jambe de bois).
    – L’enculade qui consiste à permettre aux conducteurs de train de toujours partir à la retaite à 50 ans par le biais d’un compte épargne-temps, tout en prétendant rester ferme sur la réforme des régimes spéciaux.

    Etc, etc.

    Alors, Bernard Laporte…

  • Le mois prochain, championnat du monde féminin de handball organisé en France et diffusé certainement sur ABsport ou sport+ voire pas du tout diffusé. Sarkozy sera t’il dans les tribunes pour soutenir nos petites françaises ????
    Ou attendra t’il qu’elles atteignent les demi, stade où ,généralement, Antenne 2 reprend la main …. pour enfin trouver un attrait à ce sport ???

    Pour Laporte, c’est quand même bizarre de devoir gérer les problèmes de paris sportifs (monopole d’état) et d’être dans le monde des casinos qui visent justement ce marché lucratif.
    Pour la petite histoire, on soupçonne qu’un paquet de matchs de foot sont trafiqués (arbitres achetés en Allemagne, matchs bidonnés en Belgique) et gros soupçons au tennis également. Donc, à priori, un ministre des sports devraient se battre pour empêcher l’ouverture du marché des paris sportifs.
    Quel sera sa position ? Trop tôt pour juger et d’ailleurs, quelle est la mission exacte d’un sous secretaire d’état au sport ???
    Je n’en sais fichtre rien … peut être juste aller voir l’équipe de handball féminine et remettre la coupe de France en juin.

Les commentaires sont fermés