La prochaine fois, j'enlève le haut

Et hop. Et de quatre, ou presque. L’eussè-je voulu que je n’eusse pu trouver moi-même pareille complicité. Mais à la dernière République des blogs, une presque vieille connaissance étrennait la caméra de son journal, et sa toute fraîche formation vidéo. Alors, voilà, malgré la pinte, je me suis lancé. Voilà de quoi fêter dignement un quatrième anniversaire de blog, ouvert au petit matin du 1er juin 2005.

Comment mieux le célébrer qu’avec la toute première interview video de koz, en exclusivité cosmique pour LaCroix.com (what else ?). De dos, pour l’anonymat, et en caleçon, pour l’anniversaire. Dans quatre ans, donc, j’enlève le haut. On filmera peut-être le bas, du coup.

Passons rapidement sur l’anniversaire : je remercie tous ceux qui doivent l’être. Mes parents, la prod, les éclairagistes. Tout le monde. Je suis très très ému. Mazel Tov, comme me le disait Gil Mihaely, de Causeur, dont l’équipe était bien représentée, avec, outre ce dernier, Catherine et, forcément et heureusement, l’inénarrable, l’incontournable, le formidable François MiiIIIiiiiclo !

Pour en revenir à l’itw, certains pourront peut-être être étonnés d’une tonalité assez négative, quant à la puissance du Net. Je ne mésestime pas sa force, pas plus que le formidable renouvellement dans la pratique politique qu’il représente, ni l’occasion incroyable qui est donnée à notre génération, à notre époque, de prendre ainsi la parole. Mais il est bien prématuré de parer le Net d’une capacité à inverser le sens d’un scrutin. Malheureusement, cette campagne est aussi pour moi le constat renouvelé de notre grande dépendance aux medias et aux partis : difficile de susciter l’intérêt lorsque l’un et l’autre s’entretiennent dans l’a priori que les européennes n’intéressent pas les français.

J’aurais pu préciser, toutefois, que sans Internet, des initiatives telles que celle que j’ai citée, l’initiative des chrétiens pour l’Europe – lancée le 1er avril 2009, soit bien avant que les partis ne se décident enfin à réaliser qu’une campagne s’engageait – seraient restées confidentielles.

Concernant cette campagne qui s’achève, je l’aurais vécue avec une certaine amertume. Une fois encore, on aura laissé passer l’occasion de lancer de véritables débats sur l’Europe. Sauf à ce que le programme de cette semaine me détrompe, et j’en doute, il n’est pas peu révélateur de constater qu’aucun débat télévisé n’a été organisé, notamment par absence de volonté de débattre. Un jour, pourtant, on se réveillera et on prononcera, comme en 2005, de grandes phrases sur le fait que les citoyens ne se seraient pas appropriés l’Europe. Faudra-t-il s’en étonner ?

Le scrutin qui vient sera, chacun le sait, marqué par l’abstention. Moi-même, c’est pour dire, j’irai voter avec des pieds de plomb, simplement parce qu’il n’est pas dans ma nature de m’abstenir. Le souvenir de la présidence française de l’Union et Michel Barnier sauvent la liste UMP, malgré Rachida Dati, malgré Jean-Marie Cavada. La seule présence de ce dernier sur l’affiche suffirait presque à me dissuader de voter pour cette liste : si je comprends parfaitement les ressorts humains qui jouent, je conçois mal que l’on puisse s’afficher aux côtés de François Bayrou dépeignant Nicolas Sarkozy en despote, et rejoindre l’UMP ensuite.

On aurait pu faire mieux, pour un quatrième anniversaire, que de voter par élimination, résignation, et souvenir. C’est ainsi. L’aventure du blog, et de cette quatrième année, ne se résument pas à cela, loin de là. J’aurais vécu des moments épiques. Et j’ai, pour l’avenir, avec d’autres, des projets qui me tiennent à cœur.

On passe la cinquième.

41 commentaires

  • Avec un jour et quelques heures d’avance : happy anniversary!

    Bon, je ne peux pas croire qu’une pinte arrive à faire vaciller l’esprit de l’homme à la bouteille de rouge des soirées électorales. Le costard est impeccable, l’élocution claire, à défaut d’être positive, bref, beer is not an excuse. Quant au caleçon, que l’on ne peut qu’imaginer, c’est pour fidéliser ton lectorat féminin?

    Les afficionados auront remarqué le changement de coupe : habituée à ta fameuse photo, de dos, je ne t’aurais donc pas reconnu. De face, il faut faire un subtil arrêt sur image pour te démasquer dans l’image du portable (on est toujours trahi par la technique). Bon c’est pas encore avec cette vidéo-là qu’on en découvrira plus sur l’homme. Peut-être la prochaine fois si tu te laisses tenter par l’interview-cravate à la Eolas. Une cravate, ça parle beaucoup plus qu’un dos de costard (si, si).

    Ah, oui, et sur le fond. Ben c’est vrai qu’il faut avoir un grand sens de sa responsabilité citoyenne pour aller voter (oui, j’irai). Quant à trouver un bulletin à mettre dans l’urne qui soulève l’enthousiasme des foules… Ah si, peut-être que les fans de Ségolène auront un fol espoir en voyant la liste « Alliance Royale ». Au sujet de la liste UMP : 100% d’accord avec toi.

    Sinon, il est bien dommage que le débat sur l’Europe n’est pas lieu au moment des élections. En même temps, l’UMP n’a pas intérêt à ce qu’on se penche trop sur ces élections pour ne pas réveiller l’anti-Sarkozysme. Le PS n’a pas intérêt à ce qu’on médiatise massivement son manque de propositions et sa probable incapacité à battre l’UMP. Ni le PS, ni l’UMP n’ont intérêt à ce qu’un vrai débat soit engagé puisque ce débat donnerait la parole à tous (en particulier à Bayrou), avec en corollaire autant de possibilités de dispersion des votes. Donc, chut, ne faisons pas de bruit et affligeons-nous en cœur au soir du scrutin de la faible participation.

    Sur le pouvoir d’internet : je pense que le web devient une caisse de résonance, mais seulement s’il y a quelque chose à faire résonner, c’est à dire quand tous les acteurs (y compris les média « traditionnels ») jouent le jeu. Par contre, internet est toujours utile pour ceux qui n’attendent pas qu’on leur fourre dans le bec une pensée pré-mâchée. En ce sens, c’est un média-citoyen parce qu’il met en valeur les citoyens qui ont la volonté 1) de voter, 2) de donner un sens à leur vote.

    Encore une fois : bon quatrième et surtout: bonne cinquième! Même d’un peu loin, je suivrai avec intérêt ce que tu nous réserveras.

  • Dans ma famille, ça fait toujours bonne impression d’être le premier à souhaiter bon anniversaire un jour avant à une soeur ou à une tante (sans parler de sa propre mère) surtout quand on a l’habitude d’oublier de le faire le jour même et de se rattraper le lendemain.

    Ca fait aussi plaisir de pouvoir commenter en premier un billet mis en ligne tôt dans la nuit avant Gwinfrid.

    Pour moi ce sera une pinte de draught Guinness, bien fraîche, pas parce que j’approuve le non irlandais, ni pas forcément pour fêter la victoire des Irlandais au tournoi des 6 nations et à la coupe d’Europe, mais parce que je me limite à une pinte de bière par soirée et j’aime bien faire durer le plaisir avant de passer au vin, sinon, comme disent les hollandais – bière sur vin: venin (ou est-ce l’inverse ?).

    http://i64.photobucket.com/albums/h172/solgarm/guinness.jpg

    L’interview de dos ce n’est pas mal pour une fête d’anniversaire d’un blog, mais comparé à l’effet du billet sur Coupat dans Rue89, c’est du pipi de chat. Génial et dévastateur. J’ai encore la chair de poule, une belle façon de finir la quatrième année du blog.

    J’ai tout de même remarqué que sur Rue89, les commentateurs peuvent poster des images, ça marche comment ce binz ?

    Une chose qui manque dans les blogs, en tout cas je n’ai jamais vu, c’est de faire un débat à l’anglaise, en disant au début du billet, par exemple : «This House believes that Coupat is guilty», on présente l’argumentaire, on commente et puis à la fin on passe au vote. Ainsi, quelques mois plus tard on peut se réjouir de voir qui a eu raison.

  • tu es passé du Chinon à la bière , quel recul !
    A plus pour la cinquième année, je trinque à la quatrième
    Bon dimanche

  • Mazel tov !

    [Et tu noteras Koz au passage la délicatesse infinie de qui suggère une correction sans vraiment le dire et donc embarasser, et anéantis ensuite sa tentative de tact dans une parenthèse lourdingue.]

  • @ Pepito:
    vous vous seriez contenté de souhaiter simplement « bon anniversaire » comme moi et votre post serait passé avant celui de Philo et du coup, son contenu serait moins décalé… Bien fait !
    (je rigole, hein ! ;-))

  • Thaïs a écrit:

    tu es passé du Chinon à la bière , quel recul !

    Ça dépend du Chinon, et ça dépend de la bière !

    Bon anniversaire…

  • C’est fou votre coupe de cheveux, je vous imaginais avec des dread-locks !

    Longue vie à vous et à votre blog.

  • voituredupeuple a écrit:

    C’est fou votre coupe de cheveux, je vous imaginais avec des dread-locks !

    Je savais que j’aurais du garder cette part de mystère.

    Le Antoine a écrit:

    @ Pepito:
    vous vous seriez contenté de souhaiter simplement “bon anniversaire” comme moi et votre post serait passé avant celui de Philo et du coup, son contenu serait moins décalé… Bien fait !
    (je rigole, hein ! ;-))

    A sa « décharge », le post de Philo était bloqué dans l’antispam…

    Pepito a écrit:

    L’interview de dos ce n’est pas mal pour une fête d’anniversaire d’un blog, mais comparé à l’effet du billet sur Coupat dans Rue89, c’est du pipi de chat. Génial et dévastateur. J’ai encore la chair de poule, une belle façon de finir la quatrième année du blog.

    C’est vrai que ça en a semble-t-il agacé quelques-uns. Mais il est aussi remarquable que, malgré leurs commentaires tous aussi négatifs et insinuateurs les uns que les autres ( quand l’invective n’est pas manifeste), l’article se maintient avec un 3/5, signe que les réactions à cet article ne sont même pas révélatrices de l’opinion générale des lecteurs de Rue89.

    Pepito a écrit:

    J’ai tout de même remarqué que sur Rue89, les commentateurs peuvent poster des images, ça marche comment ce binz ?

    Je l’ignore mais, chez moi, ça ne passe pas. Notamment pour éviter, comme sur Rue89, que certains postent des images trop grandes, qui… saboteraient la présentation de mon blog.

    @ Philo: d’accord avec ton com. Notamment là où tu dis que tu es d’accord avec moi. Pour le net, disons que je n’exclue pas qu’il puisse créer un mouvement de fond (n’oublions pas le référendum sur le TCE). Mais pour que cela ait de l’influence au-delà d’une communauté internaute en fin de compte pas si large (je m’étonne de constater aujourd’hui encore le nombre de personnes de mon âge qui n’ont jamais mis les pieds sur un blog, et encore moins commenté), il faut du temps. En une semaine, il ne se passera rien.

    A part ça, je suis bien d’accord : les blogs me sont maintenant devenus indispensables.

  • C’est étrange d’entendre pour la première fois une voix qui nous a pourtant si souvent kozé…
    Une voix qui semble chargée d’émotions (une impression ?)

    Je compatis sincèrement sur le fait d’avoir à supporter la non-campagne de l’UMP (quoique la base de l’UMP elle fait l’effort d’aller sur les marchés), j’ai eu mon lot de ce genre d’expériences pesantes dans le passé ; et pourtant, après la pluie vient parfois le beau temps malgré tout. Cette campagne ci est l’une des plus joyeuse que je n’ai jamais faite, avec l’impression qu’on est les seuls (avec les europhobes) à faire campagne sur le fond (et pas sur la préparation de 2012, ni sur la Turquie, ni pour ou contre Sarkozy).

  • On est au tout début d’Internet. J’ai deux espérances.

    La première, c’est que les positions d’influence, de crédibilité, vont devoir se justifier en permanence. Il y a 20 ans, une information ou une prise de position d’un grand quotidien du soir avait quasiment valeur de parole d’évangile. Aujourd’hui les réactions sur le web à un biais trop manifeste sont instantanées. La valeur d’un travail éditorial sérieux devrait croître, même si par ailleurs les rumeurs les plus incontrôlables circulent en permanence, et peut-être même à cause de cela.

    En France, ce qu’on appelle l’indépendance du journaliste ne cache que trop souvent la licence que celui-ci s’arroge de prendre ses biais personnels pour de l’information. Avec un peu de chance, ces comportements deviendront suicidaires.

    Mon deuxième espoir c’est que la participation active à la vie des blogs, même si elle ne concerne pas tout le monde, finisse par changer le comportement des participants, les conduise à engager la discussion aussi avec ceux qu’ils rencontrent dans la vie réelle, bref en fasse des citoyens plus actifs, comme un levain dans la communauté.

  • On est au tout début d’Internet

    Tout début, tout début, ça fait 42 ans quand même…

    Il ne serait pas inutile de se pencher sur l’histoire d’Internet et d’examiner dans le détail pourquoi certaines utilisations d’internet initialement prometteuses ont finé par tourner en rond (je pense notamment à Usenet) tandis que d’autres sont devenus des succès incontestables (Wikipédia par ex. malgré les grincheux).

  • jmfayard a écrit:

    Tout début, tout début, ça fait 42 ans quand même…

    D’accord, mais il y a 42 ans, qui était touché ? La blogosphère qui se met à toucher le grand public, c’est depuis quand ?

    Votre question reste tout à fait pertinente.

  • jmfayard a écrit:

    Cette campagne ci est l’une des plus joyeuse que je n’ai jamais faite, avec l’impression qu’on est les seuls (avec les europhobes) à faire campagne sur le fond (et pas sur la préparation de 2012, ni sur la Turquie, ni pour ou contre Sarkozy).

    Je tire mon chapeau à votre foi de militant. J’ai vu pour ma part une campagne vraiment déprimante – dernier exemple avec cette remarquable déconstruction des affiches officielles. Je vais voter, mais c’est vraiment pour le principe.

  • 4 ans, la terre tourne trop vite , et il koz toujours.
    Que de sujets traités à chaud et bien traités, que de réflexions à venir.Mener de front blog , vie professionnelle, vie familiale, ce n’est pas une mince affaire .Bon anniversaire au grand Kozeur

  • à Aristote :

    Sans remonter à il y a 42 ans, je me rapelle de l’époque où (il y a 10-15 ans) la principale utilisation d’Internet n’était pas le web (http, html, Netscape Navigator) mais USENET ; et bien figurez-vous qu’on se posait déjà quelques unes des questions prodigieusement nouvelles qui agitent aujourd’hui la blogosphère : comment usenet rendait les sources d’autorité classique caduques, comment les meilleures informations sur le scandale Clinton/Lewinsky étaient sur Usenet bien avant et avec bien plus de détails que dans les grands médias classiques, bref comment ça allait révolutionner le journalisme et par ricochet influencer le grand public, etc…

    à Gwynfrid

    MA campagne (celle d’Europe-Écologie) est joyeuse ; celle des autres est à côté de la plaque (UMP / Modem) ou tristounette (PS) ça je suis bien d’accord. Mais justement : quand les gros chats sont absents, les souris dansent…

  • Bravo! J’adore le début, et le reflet dans le portable, c’est très réussi! 😉

    Sinon, eh bien je te souhaite tout le meilleur pour ta cinquième et tes projets pour la suite 😉

    @aristote

    Le joru où les blogs peseront est vraiment très lointain… Le public touché est vraiment ridicule!

    Concernant l’élection européenne, je ne sais toujours pas pour qui voter. Je pense qu’une fois de plus, ce sera blanc. Il faudra que j’apprenne à voter par défaut.

  • à Gwynfrid (suite – esprit d’escalier)

    Dites donc, je n’étais pas allé voir l’infographie du Monde tout à l’heure mais en ce qui concerne Europe-Ecologie la « remarquable déconstruction » est assez drôle. Après une pique assez bien vue sur l’âge du capitaine, il nous informe que « les candidats portent des lunettes » (remarque apparemment très puissante de sa part) et surtout révèle que (je n’invente rien) :

    Le code couleur est à priori contradictoire. Le vert traditionnel des écologistes est contesté par le rouge des lunettes d’Eva Joly et le bleu de la chemise de Daniel Cohn-Bendit. En réalité, il traduit un certain équilibre entre la gauche et la droite.

    Il n’est pas venu à l’esprit de ce docte professeur des universités que le bleu de cette chemise portée par ce député européen né apatride et qui s’est rendu célèbre en France avant de s’en faire expulser par les gaullo-communistes en tant que « juif allemand » pouvait symboliser… l’Europe.

  • jmfayard a écrit:

    Il n’est pas venu à l’esprit de ce docte professeur des universités que le bleu de cette chemise portée par ce député européen né apatride et qui s’est rendu célèbre en France avant de s’en faire expulser par les gaullo-communistes en tant que “juif allemand” pouvait symboliser… l’Europe.

    Évidemment, le prof nous cause marketing, ce n’est pas une science exacte. Cependant, je m’y connais un peu. Il est évident au premier coup d’œil qu’il y a un clash de couleurs. Or, il ne s’agit pas ici du parti espérantiste, mais bien d’une vraie force politique installée et financée de longue date: donc, l’affiche est faite par des pros. Donc, le clash de couleurs est volontaire, et les lunettes aussi. L’interprétation de l’auteur sur l’équilibre gauche-droite est peut-être incertaine. Mais je vous garantis qu’il y a là une intention de sortir des codes habituels des Verts. À vous de nous dire si c’est cohérent avec ce que vous avez vécu de la campagne.

  • Ah oui, l’idée de sortir du cadre des verts stricto sensu (y compris sans doute dans le code couleur) est voulue et assumée. E-E est comme son nom l’indique un rassemblement autour de l’Europe et de l’Ecologie.

    Autour de l’Europe parce qu’on se présente de concert avec tous les autres partis verts européens sur un même programme (le Green Deal c’est à dire l’idée que la crise économique du modèle libéral et en même temps une crise écologique et sociale ; que donc on ne s’en sortira pas avec un New Deal classique mais avec un New Deal écolo), et parce qu’on se présente sur des thématiques intrinsèquement supranationales (d’où la présence d’Eva Joly, et c’est un plaisir de faire campagne pour une grande dame comme ça).

    Autour de l’écologie, parce que si les verts sont le principal acteur politique de l’écologie, l’écologie c’est aussi ses acteurs associatifs, syndicalistes, scientifiques et ses pédagogues grand public. D’où la présence comme têtes de listes d’écologistes non membre des verts comme le président de France Nature Environnement et le porte-parole de l’Alliance pour la planète, de José Bové et François Dufour pour la confédération paysanne, ainsi que de Jean-Paul Besset (proche de Nicolas Hulot et rédacteur en 2007 de son Pacte écologique).

    Par contre, faire l’équilibriste entre la droite et la gauche, honnêtement je vois pas, c’est plutôt le créneau de Bayrou ça 🙂

  • @ jmfayard:

    Ben, il y a 10-15 ans, je n’étais pas sur USENET.

    Une question d’âge, probablement !

  • jmfayard a écrit:

    Ah oui, l’idée de sortir du cadre des verts stricto sensu (y compris sans doute dans le code couleur) est voulue et assumée. E-E est comme son nom l’indique un rassemblement autour de l’Europe et de l’Ecologie.

    Je sais que ce n’est pas le sujet principal du billet (joyeux anniversaire, Koztoujours, au passage), mais je recherche l’argumentaire qui justifie l’alliance contre nature entre le fédéraliste Cohn-Bendit et le pourfendeur de l’Europe Bové, surtout pour une liste qui se veut la plus portée sur l’Europe. Elle me semble aussi légitime qu’une hypothétique alliance Bayrou/de Villiers, qui se justifierait sur la base qu’après tout, ils sortent tous les deux de l’UDF.

  • C’est sûr que si on englobe tous les nonnistes sous le terme « pourfendeur de l’Europe », ça peut paraitre étrange.

    Mais la réalité est moins binaire que ça : Bové est avant tout un syndicaliste, pour lui que le TCE permette que le budget de la PAC soit examiné par les députés européens, c’était un point positif considérable. Il y avait donc moyen de trouver une synthèse dynamique entre des gens comme lui et des gens comme Cohn-Bendit, et c’est ce qui a été fait. Tous ont approuvé le programme d’Europe-Ecologie dont l’orientation pro-européenne ne fait pas de doute – pour ceux qui se donneront la peine de lire tout du moins.

  • @ jmfayard:

    Je reconnais que la seule présence de José Bové m’a quelque peu dissuadé d’aller voir plus loin, ce qui est sans aucun doute un tort.

    J’admets aussi que le programme en question parle vraiment d’Europe. Dommage qu’il le fasse sous l’égide d’une philosophie générale principalement marquée par les notions de protection, de précaution, et généralement par la méfiance à l’égard du progrès technique. Cela affaiblit grandement un manifeste qui comporte par ailleurs bon nombre d’idées intéressantes. J’ai pu être tenté, à un moment donné, par l’option verte, mais aujourd’hui je la vois plus comme un contre-pouvoir utile, que comme une vision d’avenir alléchante.

  • Si je puis me permettre (et après j’arrête de monopoliser l’espace des commentaires et souhaite un bon anniversaire à koztoujours), la méfiance n’est pas envers le progrès technique en tant que tel mais
    1) envers le « progrès » quand il est piloté par la techno-science au service du profit maximal court terme. Quand une multinationale propose de faire de la monoculture avec une variété transgénique qui a été rendue résistante envers un produit phyto-sanitaire fabriqué par elle-même, ce n’est pas forcément par pur souci de l’intérêt général…
    2) contre l’illusion que le progrès technique à lui tout seul suffira à résoudre tous les problèmes. Quand on lit les rapports du GIEC, les objectifs à tenir (diminuer l’empreinte écologique humaine d’un rapport 4) sont tels que le progrès technique (que je souhaite !) ne suffira pas, il faudra aussi modifier notre mode de vie.

    Par contre, devenir un contre-pouvoir utile me parait un bien bel objectif et cela suffirait amplement à mon bohneur 🙂

  • J’ai relu le billet, et je trouve que cette discussion n’est pas du tout hors-sujet 🙂

    jmfayard a écrit:

    Quand une multinationale propose de faire de la monoculture avec une variété transgénique qui a été rendue résistante envers un produit phyto-sanitaire fabriqué par elle-même, ce n’est pas forcément par pur souci de l’intérêt général…

    Et alors ? L’intérêt général est du ressort de l’État et non pas d’une multinationale si « gentille » ou « verte » qu’elle prétende être. L’objectif de profitabilité des multinationales est une pâle justification pour un acte aussi obscurantiste que le « fauchage volontaire » de parcelles d’expérimentation.

    jmfayard a écrit:

    le progrès technique (que je souhaite !) ne suffira pas, il faudra aussi modifier notre mode de vie.

    Certes. Et la modification de notre mode de vie (que je souhaite !) ne suffira pas, il faudra aussi accepter des solutions techniques qui ne seront pas écologiquement parfaites. Le programme d’Europe-Écologie montre une incapacité certaine à admettre ce type de compromis.

  • @Gwinfrid

    « la modification de notre mode de vie (que je souhaite !) ne suffira pas, il faudra aussi accepter des solutions techniques qui ne seront pas écologiquement parfaites. Le programme d’Europe-Écologie montre une incapacité certaine à admettre ce type de compromis. »

    Vous voulez dire que si l’on met au point une technologie Y, 50% moins polluante que la technologie X pour le même résultat, les gens d’Europe-Ecologie préfèrerons garder la technologie X sous prétexte que Y est encore trop polluant?
    Vous les prenez à ce point pour des crétins?

  • Je n’ai pas d’avis définitif sur les « faucheurs volontaires ». Je n’ai jamais participé à leurs actions, c’est pas le sujet qui m’intéresse le plus, et dans de rare cas il y a eu des débordements (arrachage de plants en serre) que je n’approuve pas du tout.

    Quand même il faut préciser que s’il y a des faucheurs qui se sont mis volontairement dans l’illégalité, c’est parce que justement l’État ne remplissait pas sa charge de garant de l’intérêt général[1]. Un peu le syndrôme Allègre : quand le progrès devient une religion, on pert de vue cette banalité qu’une innovation technologique peut être bien mais aussi très mal utilisée.

    [1] Pour être précis, l’État français s’est fait condamné en 2004 par la cour de justice européenne pour non-application (ou application déficiente) de la loi européenne de 2001 sur les indemnisations que les agriculteurs transgéniques ont à verser aux agriculteurs non transgéniques dont ils polluent les sols (parce que les abeilles s’arrêtent aussi rarement aux limites des parcelles OGM que le nuage de Tchernobyl devant la glorieuse frontière française).

    Alors c’est sûr qu’arracher des parcelles n’est pas la solution idéale dans le meilleur des mondes, mais illégalité contre illégalité, l’idée que ce soit un optimum de second ordre me parait défendable.

  • Gatien a écrit:

    Vous voulez dire que si l’on met au point une technologie Y, 50% moins polluante que la technologie X pour le même résultat, les gens d’Europe-Ecologie préfèrerons garder la technologie X sous prétexte que Y est encore trop polluant?

    Vous décrivez là très précisément la position d’Europe-Écologie vis-à-vis de l’énergie nucléaire. C’est cette position qui amène l’Allemagne à continuer à produire la majorité de son électricité en brûlant des combustibles fossiles, et à lancer la construction d’au moins 20 nouvelles centrales au charbon pour remplacer les centrales nucléaires qu’ils ont décidé de fermer. Bien sûr, les Verts allemands s’y opposent… mais c’est quand même une conséquence directe des choix qu’ils ont faits.

  • Au sujet du fauchage volontaire, j’ai vu aujourd’hui une photo de José Bové, chantre du non respect de la loi, posant tout sourire avec une célèbre juge d’instruction dans le cadre de la propagande électorale. J’en suis resté assez songeur…

    jmfayard a écrit:

    Bové est avant tout un syndicaliste, pour lui que le TCE permette que le budget de la PAC soit examiné par les députés européens, c’était un point positif considérable.

    José Bové approuvait les modifications institutionnelles du TCE, soit les seuls vrais changements que celui-ci apportait ? C’est intéressant de savoir cela, lorsqu’on se rappelle qu’il a tout fait pour le faire planter.

  • Gwynfrid a écrit:

    Vous décrivez là très précisément la position d’Europe-Écologie vis-à-vis de l’énergie nucléaire.

    Tss, vile caricature…

    Le matheux qui sommeille en moi refuse l’assertion « l’énergie nucléaire est 50% moins polluante que la technologie X » – car il n’y a pas UNE pollution, mais toute une série de pollutions (donc pas de relation d’ordre possible). Il faut veiller à ce qu’aucune d’entre elles n’atteigne des proportions catastrophiques.

    Pour traiter du problème de l’énergie, les écologistes utilisent le concept de triangle des risques énergétiques. Un triangle formé (c’est original) de trois points :

    1) les risques du nucléaire (accidents, déchets, prolifération)
    2) les risques des énergies fossiles (effet de serre, épuisement)
    3) les risques de compétition pour l’usage des sols (entre agro-énergie, cultures alimentaires et biodiversité). (la déforestation n’étant pas une solution puisque c’est une source majeure d’émission de CO2).

    La solution défendue par certains (pas de nom pour ne pas personnaliser le débat), c’est de s’éloigner au maximum du sommet 2… quitte à se heurter violemment au segment 1-3. Ou de s’éloigner de 3 pour se heurter à 1-2. Etc…

    La solution écologiste consiste à prendre garde à ne heurter aucun des sommets – donc si on est dangereusement proche de 2, on peut se rapprocher un peu de 1 et 3 mais pas trop quand même, etc… – mais surtout on fait des efforts pour agrandir la taille du triangle ! Ce qui passe par la réinvention de nos villes, la rénovation massive de l’habitat, l’investissement dans les transports en commun, l’arrêt de la déforestation, etc…

  • jmfayard a écrit:

    Tss, vile caricature…

    Le matheux qui sommeille en moi refuse l’assertion “l’énergie nucléaire est 50% moins polluante que la technologie X” – car il n’y a pas UNE pollution, mais toute une série de pollutions (donc pas de relation d’ordre possible). Il faut veiller à ce qu’aucune d’entre elles n’atteigne des proportions catastrophiques.

    Le fait est que mon raccourci est un peu brutal. Mais quand même: si vous vous déclarez incapable de définir une relation d’ordre, cela ne signifie pas que c’est impossible. J’y vois plutôt un problème de volonté, et non de capacité.

    Tenez, je vous aide: on pourrait tout bêtement classer les pollutions par ordre de criticité, soit le produit gravité x urgence des menaces qu’elles font peser sur la vie humaine. Par exemple.

    jmfayard a écrit:

    Pour traiter du problème de l’énergie, les écologistes utilisent le concept de triangle des risques énergétiques.

    Concept intéressant, mais dont le mérite premier est surtout d’évacuer la question de la définition des priorités, autrement dit, la tâche première du pouvoir politique. Toujours est-il que dans l’état actuel des choses, la priorité réelle des écologistes est l’arrêt du nucléaire y compris si cela conduit à relancer le charbon. Ils ne l’admettront pas, mais c’est ce qui se passe sur le terrain.

    Autrement, j’ai regardé avec curiosité le lien que vous donnez vers le site d’Alain Lipietz. J’ai trouvé une absence de dogmatisme rafraîchissante, quand il explique qu’on pourrait envisager d’accepter des réacteurs nucléaires de nouvelle génération vers 2030, si les autres menaces se révèlent suffisamment graves. Ce qui est gênant, c’est l’irréalisme total de ce genre d’idée (relancer le truc 20 ans après avoir tout arrêté) sur tous les plans: économique, technique, et politique. C’est un peu effrayant de voir ça écrit par un type qui est par ailleurs très intelligent. Il peut le faire car il n’est pas en responsabilité. Mais cela n’incite certes pas à lui en confier.

  • Gwynfrid a écrit:

    C’est un peu effrayant de voir ça écrit par un type qui est par ailleurs très intelligent. Il peut le faire car il n’est pas en responsabilité. Mais cela n’incite certes pas à lui en confier.

    La question ne se pose pas vu qu’il prend sa retraite le 6 juin 🙂

    Tenez, je vous aide: on pourrait tout bêtement classer les pollutions par ordre de criticité, soit le produit gravité x urgence des menaces qu’elles font peser sur la vie humaine. Par exemple.

    Ah mais ça me semble tout à fait une bonne idée – simplement elle doit vous conduire à commencer par prendre en compte les réalités du terrain, la gravité des menaces n’étant pas la même partout, les priorités ne peuvent pas l’être non plus.

    Entre nous, ne le dites pas à mes copains écolos, mais le nucléaire en France, certes ça a été relativement ruineux (euphémisme) et ça a été décidé de manière peu démocratique (euphémisme bis) pour un nombre d’emplois créés relativement bas (euphémisme ter), mais j’ai tout de même relativement confiance en la stabilité démocratique et la capacité de surveillance rigoureuse des risques de mon pays.

    Mais pour pouvoir espérer que le nucléaire (18% de l’énergie en France, beaucoup moins dans les autres pays) soit une solution substantielle au problème énergétique global, il faut que ce soit le cas partout.

    Interrogez un instant vos certitudes : est-ce vraiment réaliste ?

    Le point de vue d’Yves Cochet :
    http://www.assemblee-nationale.fr/13/cri/2008-2009/20090010.asp

    Yves Cochet : le Président de la République a déclaré qu’il faudrait construire un deuxième EPR – après celui qui est en construction à Flamanville –, et le ministre de l’industrie a même dit qu’il faudrait en bâtir encore plus, toute une génération, pour renouveler le parc électronucléaire, qui commence, en France, à vieillir – M. Poignant en sait quelque chose. Or un EPR, c’est prévu pour durer soixante ans. Si on compte le temps de sa construction et de son démantèlement, son existence s’étend sur un siècle. Je vous le dis très sincèrement et très clairement, mes chers collègues, notamment de la majorité, mais je m’adresse aussi à une partie de mes amis socialistes : quand on fait un pari sur le nucléaire pour un siècle, voire plus longtemps – j’entends parler quelquefois de quatrième génération –, il faut que la société dotée du nucléaire civile – a fortiori en cas de nucléaire militaire – soit d’un bon niveau technologique. Vous ne pourriez pas faire du nucléaire au Zimbabwe parce que ce pays n’a pas le niveau suffisant, qu’il manque d’écoles d’ingénieurs. Il faut, en outre, que la société soit démocratique. Il faut aussi que la société soit sûre, ou mieux, sécurisée, parce que le nucléaire suppose des matières fissiles assez dangereuses. Enfin, il faut que la société soit stable. Or qui, à part ceux animés de l’innocence virginale des nucléocrates…

    M. Alain Gest. Joli !

    M. Yves Cochet. …et de la plupart d’entre vous, peut croire que la France, l’Europe ou le monde seront à la fois technologiques, démocratiques, sécurisés et stables pendant encore un siècle ? Le croire serait ignorer totalement ce qui s’est passé dans l’histoire depuis probablement l’aube de l’humanité, et en tout cas depuis Alexandre le Grand ! Regardez ne serait-ce que le XXe siècle, y compris en Europe ; regardez ce qui s’est passé dans des grands pays parmi les plus civilisés du monde, tels que l’Italie, l’Allemagne et le Japon ! Parier sur le nucléaire revient, je le répète, à parier que les sociétés seront à la fois démocratiques, technologiques, stables et sécurisés pendant un siècle : c’est une folie anthropologique.

  • jmfayard a écrit:

    Ah mais ça me semble tout à fait une bonne idée – simplement elle doit vous conduire à commencer par prendre en compte les réalités du terrain, la gravité des menaces n’étant pas la même partout, les priorités ne peuvent pas l’être non plus.

    Loin de moi l’idée de contester cette remarque de bon sens.

    jmfayard a écrit:

    Vous ne pourriez pas faire du nucléaire au Zimbabwe parce que ce pays n’a pas le niveau suffisant, qu’il manque d’écoles d’ingénieurs. Il faut, en outre, que la société soit démocratique. (dixit M.Cochet)

    Bien d’accord là aussi. Mais le programme d’Europe-Écologie ne dit pas qu’il faut arrêter de promouvoir le nucléaire au Zimbawe. Il dit qu’il faut arrêter le nucléaire en Europe, ici et maintenant. On parle de l’UE, dont les institutions sont, jusqu’à plus ample informé, stables et démocratiques, et qui a été conçue précisément pour s’assurer qu’elles le restent. Or, si cette proportion de 18% que vous trouvez si modeste pour la France était étendue, ne serait-ce que partiellement, au reste de l’UE, ça ferait tout de même pas mal de CO2 en moins. Cela ne dispenserait pas, bien entendu, de faire d’énormes efforts en économie d’énergie, de mettre de l’éolien, et de chercher des solutions nouvelles.

    Cela dit, mon com ne visait pas à nous lancer sur une discussion nucléocrate (mignon, le néologisme, soit dit en passant) mais bien à faire remarquer la méfiance des écolos à l’égard de la technologie et de la nouveauté. Je généralise un peu, mais reconnaissez qu’il y a de ça, quand on voit la prévalence des mots « protéger », « bouclier », « précaution », et même « paysan » (!) dans le programme.

  • Or, si cette proportion de 18% que vous trouvez si modeste pour la France était étendue, ne serait-ce que partiellement, au reste de l’UE, ça ferait tout de même pas mal de CO2 en moins.

    Hé non, ce n’est pas possible, du moins pas longtemps, parce que le nucléaire c’est une ressource fossile, au même titre que le pétrôle et le charbon.

    Pour l’instant, on a des réserves suffisantes… vu le niveau de production actuelle (de mémoire à peu près 6% de la production d’énergie – à vérifier)… et sans parler du fait que les pays où se trouvent ces ressources ne sont pas des modèles de stabilité.

    Mais imaginons que le nucléaire vienne remplacer le pétrôle (70, 80% de la production d’énergie ?) alors là vos stocks fondraient très nettement plus vite.

    Mais encore une fois, la priorité du moment pour Europe-Écologie, ce n’est pas du tout de démanteler les centrales existante, c’est la conversion de la production industrielle, de l’habitat, de l’urbanisme, … à plus de sobriété.

    Ce qui énervant, c’est de voir certains agiter la carte « nucléaire » comme un leurre (réchauffement climatique = CO2, nucléaire = pas de CO2, donc problème réglé) pour faire croire que finalement ce n’est pas la peine de se remettre en question et que le progrès technique à lui tout seul va nous sauver (hypothèse agréable et familière, donc efficace psychologiquement, mais en pratique complètement fausse).

    Il est quand même incroyable, dans une période où on met de l’évaluation des politiques publiques à tous les étages, que le nucléaire soit le seul domaine dans lequel il soit interdit de faire une analyse coût-bénéfice. Faites ce calcul, comparez le prix, le nombre d’emplois créés, … d’une nouvelle centrale nucléaire d’1GW et d’1GW d’économie d’énergie… et vous tomberez inévitablement sur la même conclusion que la commission européenne dans sa dernière enquête, en faveur de la seconde option

  • J’avais oublié ce point-ci, dans le com précédent:

    jmfayard a écrit:

    le nucléaire en France, certes ça a été relativement ruineux (euphémisme) et ça a été décidé de manière peu démocratique (euphémisme bis) pour un nombre d’emplois créés relativement bas (euphémisme ter)

    … tant il est vrai que le charbon, c’est bon marché, ça n’exige guère d’efforts de R&D, et ça crée un max d’emplois de mineurs de fond.

    jmfayard a écrit:

    Pour l’instant, on a des réserves suffisantes… vu le niveau de production actuelle (de mémoire à peu près 6% de la production d’énergie – à vérifier)… et sans parler du fait que les pays où se trouvent ces ressources ne sont pas des modèles de stabilité.

    Ce n’est pas gentil pour les 2 premiers producteurs, le Canada et l’Australie. Mais même en considérant les autres comme peu fiables, il s’agit de toute façon de remplacer du pétrole et du gaz, dont les sources et les prix ne sont pas particulièrement stables non plus.

    jmfayard a écrit:

    Mais imaginons que le nucléaire vienne remplacer le pétrôle (70, 80% de la production d’énergie ?) alors là vos stocks fondraient très nettement plus vite.

    Votre imagination est par trop débridée. Il est difficile d’aller beaucoup plus loin que le niveau français actuel… sinon, nous l’aurions sans doute déjà fait.

    jmfayard a écrit:

    Faites ce calcul, comparez le prix, le nombre d’emplois créés, … d’une nouvelle centrale nucléaire d’1GW et d’1GW d’économie d’énergie… et vous tomberez inévitablement sur la même conclusion que la commission européenne dans sa dernière enquête, en faveur de la seconde option

    Encore faudrait-il me convaincre 1) de la nécessité de choisir entre les deux et 2) qu’il est possible d’étendre le raisonnement jusqu’à x GW, où x est le nombre de GW nécessaires pour atteindre le niveau d’émissions de CO2 souhaité. Le premier watt d’économie d’énergie est toujours le plus facile et le moins cher, ce qui est d’ailleurs une excellente raison pour commencer tout de suite. À l’opposé, la construction de la énième centrale sera beaucoup moins chère que celle de la première.

    jmfayard a écrit:

    Ce qui énervant, c’est de voir certains agiter la carte “nucléaire” comme un leurre (réchauffement climatique = CO2, nucléaire = pas de CO2, donc problème réglé) pour faire croire que finalement ce n’est pas la peine de se remettre en question et que le progrès technique à lui tout seul va nous sauver (hypothèse agréable et familière, donc efficace psychologiquement, mais en pratique complètement fausse).

    Bon, je vous taquine comme ça, mais sur ce point fondamental, je suis quand même d’accord avec vous. À ceci près que l’inverse est également vrai: les écolos essaient de nous faire avaler une solution unique, déclinée en termes allant du modéré (20% de baisse de consomation d’énergie, c’est jouable) au radical (la décroissance, c’est déjà beaucoup moins drôle).

  • Gwynfrid a écrit:

    Encore faudrait-il me convaincre 1) de la nécessité de choisir entre les deux

    Si vous avez un budget illimité, ce n’est pas la peine de choisir entre les deux 🙂

    Dans l’hypothèse opposée, E-E pense qu’il est temps d’inverser la priorité qui a cours depuis 20 ans.

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    Encore faudrait-il me convaincre 2) qu’il est possible d’étendre le raisonnement jusqu’à x GW, où x est le nombre de GW nécessaires pour atteindre le niveau d’émissions de CO2 souhaité. Le premier watt d’économie d’énergie est toujours le plus facile et le moins cher, ce qui est d’ailleurs une excellente raison pour commencer tout de suite. À l’opposé, la construction de la énième centrale sera beaucoup moins chère que celle de la première.

    Très bonne question.

    La bonne nouvelle, c’est qu’il y a vraiment des sources d’économie considérable en matière d’efficacité énergétique. L’Arabie Saoudite a ses champs de pétrôle, l’Europe a ses millions de bâtiments construits avant 1970 (sans isolation) à isoler et rénover, l’urbanisme de ses villes à revoir, etc…

    L’avantage chez les Verts, c’est que comme on a aucun espoir de jouer un rôle de premier plan aux présidentielles, on passe moins de temps sur les sujets fondamentaux de la politique française (est-ce machin ou machine la mieux placée ?) et on peut creuser des sujets plus secondaire comme l’avenir énergético-climatique de l’Europe.

    Les résultats de ces cogitations sont dispos sur le site de l’association néga-watts (« watts négatifs ») sous forme de scénarios qui montrent que des objectifs ambitieux sont réalisables.

    Autre piste de réflexion intéressante, les expérimentations grandeur nature qui sont réalisées dans les îles comme la Réunion, où le nucléaire & cie ne sont pas une option, ce qui fait que(comme quoi tout arrive) les écologistes et EDF travaillent main dans la main à trouver des solutions adaptées aux particularités locales : Écologie dans les confettis des empires.

    À ceci près que l’inverse est également vrai: les écolos essaient de nous faire avaler une solution unique, déclinée en termes allant du modéré (20% de baisse de consomation d’énergie, c’est jouable) au radical (la décroissance, c’est déjà beaucoup moins drôle).

    Drôle de solution unique qui peut se décliner de manière aussi diverse 🙂

    La « décroissance », c’est un mot d’ordre auquel je suis déposé, parce que c’est typiquement le genre de faux débats qui apportent plus de confusion qu’autre chose, font diversion et détournent de l’essentiel.

    Croissance ou décroissance, certes mais de quoi au juste ?

    Si on veut parler de croissance du PIB, alors pour les écolos, ce n’est ni un bien ni un mal en soi étant donné que le PIB est un très mauvais indicateur. Un seul exemple : chaque catastrophe naturelle entraîne automatiquement une croissance du PIB ; les destructions considérables n’aparaissent pas dans le bilan des comptes nationaux alors que les réparations qui suivent si. Pour plus de détails, confère les travaux de la commission Stiglitz, au moins un bon truc qu’a fait Sarkozy.

    Ce qu’on veut maintenir ou faire croitre : c’est le bien-être individuel et collectif, c’est le nombre d’emplois.

    Ce qu’on veut faire décroitre c’est l’empreinte énergétique globale !

    Et ces deux objectifs ne sont pas inconciliables du tout. Exemple : l’isolation de millions de bâtiments, ça fait décroitre l’empreinte énergétique et ça peut potentiellement donner du boulot à toute une génération.

  • jmfayard a écrit:

    L’avantage chez les Verts, c’est que comme on a aucun espoir de jouer un rôle de premier plan aux présidentielles, on passe moins de temps sur les sujets fondamentaux de la politique française (est-ce machin ou machine la mieux placée ?) et on peut creuser des sujets plus secondaire comme l’avenir énergético-climatique de l’Europe.

    +1. L’intérêt de discuter avec les écologistes, c’est que ce sont des gens qui essaient de réfléchir sur le fond.

    L’inconvénient, c’est que ça exige du temps. J’irai donc voir les sites que vous proposez, mais ce sera un autre jour, je le crains.

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