Au Québec, un rappel officiel contre les euthanasies illégales

Au Québec, une commission a été instituée pour superviser l’euthanasie. Elle a émis le 4 août un rappel sur les conditions de la pratique de l’euthanasie (appelée « aide médicale à mourir » ou « AMM« ). Ce document, dont j’ai été rendu destinataire, n’est pas public.

Il est pourtant édifiant.

Il commence par des rappels factuels limpides. Ces faits témoignent d’une chose : des euthanasies non conformes sont réalisées, en nombre croissant. Or, qu’est-ce qu’une « euthanasie non conforme » , dans un pays qui l’a pourtant légalisée, sinon un homicide ? Comment interpréter cette périphrase lénifiante : « AMM non conformes » ? Administrer la mort à un patient sans respecter les conditions légales n’est-il donc qu’une non-conformité ?

Cette partie se conclut par une phrase savoureuse : « il est trop tôt pour conclure à la dérive dans les AMM administrées« . Le seul fait que le terme « dérives » soit utilisé par une commission présidée par un promoteur de l’euthanasie est significatif. Convenons que l’appréciation de la temporalité, et du délai avant de s’émouvoir, variera sensiblement selon les convictions de chacun, ou leur proximité des faits. Que peuvent penser les personnes euthanasiées (pardon) et leurs proches de l’opportunité de s’émouvoir de leurs euthanasies hors les clous ? A partir de combien d’euthanasies « non conformes » n’est-ce plus « trop tôt » ? Quand est-ce « trop tard » ?

La deuxième partie, sur les « zones de vigilance » est instructive. Elle dit en creux tous les points qui n’ont pas été respectés, toutes les conditions qui sont violées.

A commencer par cette demande savoureuse. « Attention à respecter » le critère légal. Car oui, en effet, il serait bienvenu de s’assurer que le critère de « maladie grave et incurable » soit rempli.

Le deuxième point est également significatif. Il a donc été nécessaire de rappeler aux praticiens que non, on n’euthanasie pas les vieux parce qu’ils sont vieux. Manifestement, donc, des médecins en ont jugé autrement et ont procédé à l’euthanasie de personnes sur le seul critère de l’âge.

Les deux derniers points peuvent être facilement interprétés par tout un chacun. Ainsi, la Commission rappelle qu’il faut espacer les entretiens dans le temps. On aura compris que cette condition aussi est violée. De même que la suivante. En effet, pour réaliser l’euthanasie, dans presque tous les pays, on demande un deuxième avis. En Belgique, la procédure suit un détour plus intéressant : le deuxième avis est purement consultatif de sorte que, même s’il est négatif, le premier médecin consulté pourra procéder à l’euthanasie.

Ici, c’est une autre pratique qui est visée. Le médecin effectuateur consulte un médecin évaluateur. Dans l’hypothèse où son avis serait négatif, il en consultera un autre. Puis un autre. Et ainsi de suite jusqu’à ce qu’enfin l’avis conforme, favorable, lui soit délivré. A vrai dire, il y a plus simple : avoir un réseau de confrères complaisants, au besoin en adhérant à une association militante.

Pour conclure : il est remarquable que même cette Commission constate un nombre croissant d’euthanasies non conformes. Rappelons que l’on parle d’administrer la mort. Si elle s’en émeut modérément, il faut rappeler qu’elle est présidée par un partisan/militant de l’euthanasie.

En Belgique aussi, la Commission est présidée par un militant de l’euthanasie. Là-bas, à en lire ses rapports, depuis vingt ans, il n’y a invariablement rien à voir, rien à dire, rien à déclarer. Il faut dire, aussi, que le président de cette Commission reconnaissait lui-même ne pas contrôler les cas douteux… puisqu’ils ne sont pas déclarés.

Question : pourquoi en irait-il différemment en France qu’au Québec ou en Belgique ?

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