Effets pervers ou bonne nouvelle ?

« Sarkozy dépassé par Fillon », pour le JDD. « Et François Fillon devenait à la mode ? » pour Le Parisien. Je ne le lui souhaite pas. Aussi magnanime puisse être un Président de la République, il apprécie généralement peu que son Premier Ministre le dépasse en popularité. Et pourtant, moi aussi, j’aurais tendance à accorder un certain avantage à François sur Nico.

Pourquoi dis-je donc « effet pervers » ? C’est que Patrick Devedjian, dans un commentaire très politiquement habile, attribuait cette baisse de popularité aux « effets pervers de la transparence« . Le raisonnement est le suivant : on se focalise sur ce qui brille, et l’on oublie le vrai travail, effectué en profondeur. Bon, soyons franc, le raisonnement fait sourire : il n’est pas absolument certain – si l’on manie l’euphémisme – que Nicolas Sarkozy ait vu « ce qui brille » placé sous les feux des projecteurs à contrecoeur. Certains, mais bon, il s’agit des gauchistes et des mal intentionnés, iraient même jusqu’à penser qu’il aurait un chouya joué dessus.

Cela dit, c’est fondamentalement pas faux. Car ce n’est pas la politique menée qui serait en baisse de popularité : pour une fois, c’est vrai, il n’y a pas l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette entre le Chef de l’Etat et son Premier Ministre.

Alors quoi , sinon le style ?

Et, au risque de décevoir ceux qui souhaiteraient que je sois déçu, permettez-moi de vous livrer un putain de scoop : ce n’est pas pour sa vie privée que j’ai voté Nicolas Sarkozy. Si fait. Donc à l’aise Blaise, roule ma poule.

Une autre explication tient dans l’inversion des rôles qu’a véritablement appelé de ses voeux Nicolas Sarkozy. Le Président de la République n’est plus un sphinx planqué dans les labyrinthes de la pyramide élyséenne. Il est au front, il prend les coups. Et, au final, celui qui apparaît comme étant le bosseur, celui qui traite vraiment les dossiers, eh ben, c’est le Prime. Et c’est Nico qui prend les coups. C’est, assez précisément, ce qu’il avait annoncé, et ce qu’il fait. Et voyez-vous, ça a tout de même un petit côté panache, en ce sens qu’il ne fonctionne pas comme un général de campagne qui regarde ses troupes se faire déchiqueter du haut de la colline, avant d’envoyer de nouvelles recrues.

Donc : effet pervers (pas tant) de la présidence Sarko.

Bonne nouvelle ? Comment diantre cela pourrait-il bien en être une ? Tout simplement parce que si cela pouvait inciter notre Président bien-aimé à considérer que, non, les news people ne font pas recette, cela ne serait pas malvenu. Et si cela pouvait aussi signifier que les français accordent davantage d’intérêt au fond qu’au style et aux paillettes, eh bien, ce serait une bouffée d’optimisme sur la qualité de nos concitoyens dont nous aurions tort de ne pas nous réjouir.

Reste une autre explication avancée : le pouvoir d’achat. Il n’aurait pas fait ce qu’il fallait. Là, malheureusement, ce n’est pas un effet pervers, c’est la réalité : pour avoir un chèque au lendemain de l’élection, il fallait voter à gauche. La gauche a toujours le carnet de chèques volubile ce qui apporte manifestement un résultat rapide. Les français ont voté pour un président de droite : il y a donc des chances qu’ils apprennent à pêcher plutôt qu’à réclamer du poisson[1]. Sur le coup, c’est gonflant, mais c’est responsabilisant.

Bref, voilà, que des raisons d’espérer ! Avec la douceur prématurément venue, qui va nous permettre d’aller nous promener dans les bois, avouez que nous aurions tort d’être moroses !

  1. cela dit, si l’on met fin aux quotas, y’en aura pour tout le monde []

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68 commentaires

  • La popularité du gouvernement en place a toujours été étroitement corrélée à la conjoncture économique. il ne faut pas aller chercher plus loj la cause de la baisse de Sarko dans les sondages…sauf que contrairment à d’habitude, c’est le président qui est touché avant le premier minsitre

    Si celà pouvait l’inciter ç faire les réformes à long terme indispensables…

  • Bravo, Koz, pour ce billet optimiste, rafraîchissant et amusant. Je vous remercie, à mon tour, d’égayer mon week-end. On se rassure comme on peut mais l’effort est louable (et habile).

    Deux petits compléments d’information. D’abord cette dépêche AFP, qui résume bien la situation : http://fr.news.yahoo.com/afp/20080120/tfr-france-politique-sarkozy-prev-f56f567_1.html. Où l’on voit notamment que la baisse des opinions favorables se poursuit pour l’instant à grande vitesse : 49%, 47%, 45%…

    Et puis le bref récit d’une discussion que j’ai eu hier avec trois personnes qui ont voté Sarkozy au second tour, qui résume aussi, d’une autre manière, la situation. L’un avoue regretter son vote, « l’instabilité », la « nervosité » et l' »aggresivité » (euphémismes) du président commençant sérieusement à l' »inquiéter ». Même s’ils trouvent Sarko de plus en plus « insupportable » et « tête-à-claques », « avec ses ray-ban et ses rollex », les deux autres disent ne pas regretter leur vote. Unique argument : cela aurait été pire avec Ségolène Royal.

    Mais à part ça, il n’y a pas de « déçus du sarkozysme », c’est une pure invention de la gauche et des médias.

  • « Les français ont voté pour un président de droite : il y a donc des chances qu’ils apprennent à pêcher plutôt qu’à réclamer du poisson ».

    Il y en a aussi qui voudrait bien aller à la pêche mais qui ont au -dessus d’eux une administration pas du tout pressée d’appliquer des mesures du genre monétarisation des RTT.
    Moi je n’ai toujours aucun moyen de travailler plus si je veux gagner plus et je pense que c’est le cas d’une majorité de gens dans le service public. Il ne faut pas oublier que ces organismes ont à leur tête d’anciens soixantes huitards qui n’ont toujours pas digéré le résultat des élections . Quand aux syndicats ils s’arqueboutent sur les 35h et font eux aussi semblant de ne pas comprendre quand des salariés expriment le souhait de travailler plus.

  • Jeff, vous n’aviez pas promis il y a quelques jours seulement de ne plus évoquer les « déçus du sarkozysme » avant quelques mois ? Vous n’aurez pas tenu bien longtemps.

  • Merci pour ce billet, Koz, qui par son optimisme va me permettre de partir en déplacement professionnel ( au milieu de TCS de la première heure ) avec un meilleur moral.

    de part les discussions que je peux avoir, ici ou là, la baisse dans les sondages ( NS baisse dans les sondages tous les jours depuis mai, au point où j’ai du mal à comprendre comment il peut encore avoir 47% d’opinions favorables ! ) est plutôt le résultat d’un matraquage médiatique qu’autre chose.
    En effet les gens répètent bêtement ce qu’ils lisent dans les journaux en se disant dès lors, mécontents de Sarkosy.
    Si je dis bêtement, c’est parce que, lorsqu’on leur demande d’argumenter, il n’y a rien que la répétition en boucle du style, » il a augmenté son salaire – de 140 à 180% suivant les interlocuteurs – et pas le mien », « il est tellement agressif » , « il est bling bling » ( c’est moderne, donc génial, comme expression, n’est ce pas ? ), » il est dictatorial »…
    Alors qu’à part le côté clinquant, leurs reproches sont non fondés !
    Comme le dit Koz, avec un président de droite , il va falloir que les français apprennent à pêcher le poisson avant de le manger…alors qu’ils espéraient, pour certains, que le président le mange à leur place !

    L’agressivité du président ne peut commencer à inquiéter que lorsqu’on rabâche qu’il est agressif à longueurs de pages de journal . Idem pour l’instabilité ( dans le domaine privé, rappelons que cet instable a essayé de recoller les morceaux avant que sa femme le quitte… Ce n’est pas franchement de l’instabilité ! Et , lorsqu’on est célibataire, sortir avec quelqu’un n’est pas non plus signe d’instabilité, que je sache )
    Quant aux rollex, ray ban et compagnie, je m’étonne seulement que ces déçus ne soient pas déçus des frais d’habillage de notre ségolène, ou des mêmes ray ban de Noah et consort.

    rien de très fondé.
    Mais les médias ont obtenu ce qu’ils voulaient: le lynchage quasi réussi de celui qui a été élu malgré leur campagne de dénigrement de l’année dernière!
    Un bon point = Ils vont peut être finir par se lasser et se tourner vers quelqu’un d’autre… Encore que, tant que les municipales ne sont pas passées, ils vont continuer à faire leurs coups bas afin que le parti qu’ils detestent voit sa popularité baisser suffisament pour que le gouvernement soit, enfin, obligé à nouveau d’en passer par les désideratas d’une gauche de plus en plus retrograde.

  • Vous dites : « La gauche a toujours le carnet de chèques volubile ce qui apporte manifestement un résultat rapide »

    Le paquet fiscal de 15 milliards d’euros est déjà oublié ? Niveau volubilité du carnet de chèques je trouve déjà ça pas mal…

  • C’est rigolo, il n’y a pas 3 mois, toute la presse nous rebattait les oreilles sur le thème de ce pauvre Fillon qui était totalement écrasé par Sarko et qui le vivait super mal. Il n’y avait plus de ministres, plus de premier ministre, plus que Sarko blah, blah, blah… Franchement, cette presse inféodée au pouvoir, c’est n’importe quoi. Elle ressemble à s’y méprendre à la bonne vieille presse de gauche qui trouve toujours une façon de présenter les news de façon négative pour la droite.

    Ca me fait penser que j’ai bien fait d’aller chez le coiffeur hier. Sans ça, je n’aurais pas lu le sondage IFOP dans Paris Match http://www.ifop.com/europe/sondages/opinionf/baromatch0108.asp dans lequel j’ai découvert avec stupéfaction (page 15 du pdf) qu’à la question « Selon vous, l’opposition ferait-elle mieux que le gouvernement actuel si elle était au pouvoir ? » les Français répondent à 30% OUI et 69% NON. On se dit que l’opposition a décidémment choisi de ne pas changer une stratégie qui marche super bien : anti-Sarkozysme primaire et absence totale de propositions crédibles.

    @Sébastien G. Il y a une différence fondamentale entre donner et ne pas prendre qui semble échapper à beaucoup de monde dans notre pays.

  • Il y a, de la part des journalistes, dans cette ardeur à montrer la baisse de popularité de N.Sarkozy quelque chose qui rappelle la fin d’une canicule ou d’une période de fièvre.
    Enfin, ça baisse…. on y croyait plus mais enfin les sondages montrent une baisse de popularité ! on va pouvoir respirer.
    Aprés avoir titré sur  » Sarkozy et les médias  »  » Sarkozy l’américain  »  » Sarkozy célibataire  »  » Sarkozy et Carla  »  » Sarkozy et les people  »  » Sarkozy et sa cour  »  » Sarkozy et l’argent  »  » Sarkozy le fou de Dieu  » les magazines vont pouvoir titrer sur  » Sarkozy moins populaire que Fillon  »
    Le sésame à utiliser dans le titre restant Sarkozy, bien sûr.
    Et la question sans réponse : comment faire pour que Sarkozy ne soit pas hypermédiatisé ?

  • @ Koz
    Vous m’avez mal compris (ou mal lu) : je n’ai rien promis, j’ai simplement dit : « rendez-vous dans quelques mois pour savoir si Sarko va baisser jusqu’à 30% d’opinions favorables (le noyau dur de l’UMP) ». Mais au train où ça va, il faudrait peut-être parler de quelques semaines…
    Ceci étant dit, je considère comme aussi exagéré le lynchage médiatique qui s’annonce que la complaisance totale de l’été dernier. Et ce qui me frappe avant tout, c’est la « volatilité » d’une grande partie de l’électorat, qui passe en quelques mois de l’adoration à la détestation.

  • Sauf à ce que, contrairement à ce que vous et d’autres ont cru, il n’y ait pas eu davantage d’adoration qu’il n’y ait aujourd’hui de détestation.

    Mais j’ai l’impression que l’on reprend le même débat éternellement… Il y avait il y a quelques mois une campagne électorale, qui prête à la cristallisation devant l’enjeu. Il y a aujourd’hui une situation autre, avec encore 4 ans et demi devant nous. Ceux qui expriment des critiques aujourd’hui les auraient certainement exprimées hier sans le discours haineux et caricatural de la gauche.

    Vous vous obstinez à voir absolument du passionnel : adoration hier, détestation aujourd’hui. Avec vous, on a le sentiment que les gens sont tout autant dépourvu d’esprit critique et de mesure dans l’approbation que dans la critique.

    Ne rêvez donc pas d’une détestation. Quand bien même vous appliquerez cette figure ultime de la rhétorique socialiste qui semble avoir vos faveurs, la répétition. Pour ne pas dire « matraquage ».

    Et à lire Liberal, si vous voulez que l’on parle de « détestation« , il semblerait que l’opposition en inspire une plus grande encore.

  • Allez, ne nous énervons pas… Tout ceci était prévisible. Arrêtons de tirer sur l’ambulance et essayons d’avancer ensemble… et tout deviendra possible.

    Une proposition concrète de gauche (elles ne sont pas si nombreuses pour la négliger) :

    Ségolène Royal propose au président de revenir sur le « paquet fiscal » voté l’été dernier, et qui coûtera quinze milliards d’euros au budget de l’Etat en année pleine. Elle propose de consacrer un tiers de cette somme au désendettement, un tiers à la hausse du pouvoir d’achat, et un tiers à l’investissement dans les PME et la recherche.

    Chiche, Nicolas ?

  • Libéral, si les français jugent sévèrement aussi l’état dans lequel se trouve l’opposition, ma foi ça veut dire qu’ils sont lucides et ça devrait d’autant plus vous inciter à accorder de l’importance au désenchantement qui touche le président. Et entres nous, si l’oppositioin reste encore plombée pendant un an par ses structures partisanes qui ne marchent plus avant de relever la tête, c’est moins grave que si la même chose arrive au pouvoir.

    ———

    Koz a écrit :

    Là, malheureusement, ce n’est pas un effet pervers, c’est la réalité : pour avoir un chèque au lendemain de l’élection, il fallait voter à gauche. La gauche a toujours le carnet de chèques volubile ce qui apporte manifestement un résultat rapide.

    Vous avez peut-être suivi la campagne de loin.

    Il a eu un gros chèque de 15 milliards cet été qui a été signé. Apparemment c’est déjà de l’histoire ancienne.

    Il y a eu aussi par exemple la promesse d’augmenter de 25% le minimum vieillesse des petites retraites, promesse dont le rappel a été martelé par Ségolène Royal à chacun de ses passages dans les médias depuis le début de l’année, ce qui apparemment a porté ses fruits

    Et que dire de cette promesse-ci de monter les indemnités chômage à 90% (!) du dernier salaire :

    Réhabiliter le travail, c’est aussi offrir une vraie protection à ceux qui sont au chômage et qui veulent s’en sortir. On a autant dévalorisé le travail en rémunérant moins le travail que l’assistanat, en dépensant des milliards pour que les Français travaillent moins, qu’en se satisfaisant d’une durée moyenne de chômage de plus d’un an et d’une indemnisation tellement faible qu’elle ajoute un traumatisme social au traumatisme professionnel. Comme souvent en France, en matière de chômage ou en matière de minima sociaux, on indemnise chichement, mais longtemps. Alors qu’il faudrait indemniser fortement, mais brièvement pour que chacun soit incité à reprendre rapidement un emploi.

    C’est pourquoi je veux créer la sécurité sociale professionnelle. En 1945, la création de la sécurité sociale n’a pas fait disparaître la maladie. Mais elle a permis que chacun l’affronte dans les meilleures conditions possibles et de manière équitable. La sécurité sociale professionnelle ne va pas supprimer le chômage, mais elle va permettre que chacun puisse l’affronter dans des conditions dignes et s’en sortir rapidement.

    Le chômage sera indemnisé à 90% du revenu antérieur afin que personne ne subisse un déclassement du fait du chômage. Tous les chômeurs seront indemnisés, non pas la moitié comme c’est le cas aujourd’hui. Nous créerons un service public de l’emploi efficace et unifié, comme l’ont fait tous les autres pays au monde, par la fusion de l’ANPE et de l’UNEDIC. Chaque chômeur sera accompagné dans sa recherche d’emploi dès le premier jour et, en échange d’une indemnisation plus forte, il ne sera pas possible de refuser plus de deux emplois sans justification.

    Nicolas Sarkozy, Discours à Nantes (15/03/07)

  • Sébastien G revient sur le « paquet fiscal » !
    Je voudrais lui dire, car apparemment, il ne le sait pas, qu’il s’agit de la loi TEPA, débaptisée par les socialistes.
    Je voudrais lui conseiller également de la lire, car apparemment il parle sans l’avoir lue.
    Il constatera alors que cette loi comporte 8 mesures dont 5 s’appliquent à tous ! plus le RSA, et oui, Sébastien le RSA est une mesure du « paquet fiscal », tant décrié par les socialistes, mais cela ils se gardent bien de le dire ; ils ne retiennent que le bouclier fiscal à 50 %, qui soit dit en passant profite aux petits retraités de l’Ile de Ré, assujetti à l’impôt sur la fortune du fait du prix de l’immobilier !
    Ce « paquet fiscal », ils nous l’ont rabâché en boucle, jusqu’à l’écoeurement, avec la complicité des médias ; jamais je ne les ai entendu parler de loi TEPA ! Jamais, ils n’en ont détaillé les mesures !
    Quant au pouvoir d’achat ! Ah ! le pouvoir d’achat, qui aurait subitement baissé depuis 8 mois !
    Mais qui pourrait encore nier cette évidence, que pour gagner plus, il faut travailler plus ! Nos salaires ont été bloqués en échange des 35 heures, depuis 2001 (ça faisait partie des négociations !!!) ; mais en 7 ans, tout a augmenté, c’est normal ! d’où, perte de pouvoir d’achat au fil du temps !

    Quant à votre bille Koz, il est réconfortant, et comme d’hab, intelligent ; à mon avis, vous avez vu juste….

  • à Mary

    Vous vous foutez du monde. Le RSA dans TEPA c’est une goutte d’eau, rien de plus qu’une micro-expérimentation (nécessaire mais qui ne change rien à la philosophie d’ensemble de TEPA)

    Je vous conseille de lire http://www.alternatives-economiques.fr/le-rsa-sert-il-a-quelque-chose-_fr_art_473_31465.html et notamment ce passage de Jean Gadrey (professeur émérite d’économie à l’université de Lille I) :

    Il faut tout de même comprendre comment nous sommes passés de 6 à 8 milliards d’euros, coût du RSA selon le rapport Hirsch de 2005, aux 25 millions d’euros, prévus dans la loi « Travail, emploi et pouvoir d’achat » adoptée par le Parlement en juillet dernier. D’abord, le champ d’application a été réduit comme une peau de chagrin par trois sélections. Sélection géographique: quelques bassins d’emploi dans des départements volontaires. Sélection parmi les salariés pauvres: seulement les titulaires de minima sociaux reprenant un emploi, le plus souvent un bout d’emploi. Sélection parmi ces derniers: seulement les allocataires du RMI et de l’API, en excluant les allocataires de l’allocation de solidarité spécifique (ASS), qui sont pourtant plus de 400 000, et ceux de l’allocation aux adultes handicapés (AAH), qui sont 770 000. On parle de 90 000 allocataires ciblés chaque année par le dispositif (Le Monde du 25 juillet 2007), dont 15% à 20% seraient « remis en emploi ». On est donc très, très loin des deux millions de salariés pauvres potentiellement concernés par le RSA dont parlait le rapport de 2005!
    Enfin, et plus grave: le RSA version 2005 permettait d’assurer un revenu supérieur au seuil de pauvreté (à 60% du revenu médian) à une personne employée à quart temps, soit 817 euros par mois en 2005. Or, devant la commission de l’Assemblée nationale, Martin Hirsch a avancé le chiffre de… 564 euros par mois, soit le seuil de pauvreté à 50% du revenu médian de 1994!

    Et pour les 5 milliards dépensés en heures supplémentaires, ils auraient été bien moins employés (en terme de ciblage et d’absence d’effets d’aubaines) à doubler la prime pour l’emploi comme l’a proposé Thomas Piketty.

  • « Alternative Economique » ? Cette feuille de choux est coresponsable de l’inculture abyssale de bon nombre de jeunes sortant de notre système scolaire.
    Alors s’en référer démontre rien … sauf l’endoctrinement !
    Lire à ce sujet : http://www.lefigaro.fr/actualites/2008/01/15/01001-20080115ARTFIG00007-darcos-s-attaque-aux-manuels-d-economie.php et les commentaires qui suivent.

    Quant au sujet en discussion : je viens de renouveler mon adhésion à l’UMP 🙂 L’hystérie des journaleux et leurs copains de gauche et leur désinformation me laisse totalement de marbre.

    Merci Libéral, j’ai regardé de près le sondage Ifop, très instructif, surtout sur les grands titres des différents dépêches d’agences recopiées consciencieusement par nos journaleux en week-end …

    Extraits du sondage Ifop :
    La politique menée par le président : 53 % approuvent
    Est capable de réformer la France : 67 %
    L’opposition ferait-elle mieux : NON 69 %

  • Arrêtez de passer en boucle vos histoires de paquet fiscal. Ca devient n’importe quoi.

    D’abord, contrairement à ce que tout lemonde raconte ce n’est pas 15 milliards mais plutôt 8. C’est dû en grande partie à l’histoire des intérêts immobiliers retoqués par le CC. Dans ces 8 milliards, l’essentiel est dans les réductions de charges sur les heures sup dont j’ai déjà eu l’occasion de parler ici.

    A part ça, il y a le bouclier fiscal qui permet à faible coût de raboter une grande partie des effets pervers de l’ISF. Tous les gens sérieux reconnaissent que l’ISF est une connerie ruineuse, et je suis navré de constater que notre gauche n’est toujours pas prête à sacrifier son idéologie à une cause aussi insignifiante que la réussite économique de notre pays.

    Enfin, la mesure véritablement contestable est l’augmentation de l’exonération sur les droits de succession. Elle est passée de 50 à 150k€. S’agissant du patrimoine amassé sur toute une vie, je pense que c’est plus une mesure en direction des classes moyennes que des riches. Même si je ne suis pas hyper favorable à son principe.

    Alors voila. On pourrait persévérer dans la voie qui nous a si bien réussi et continuer de prélever de l’argent aux agents économiques pour le leur redistribuer (moins le coût de traitement administratif) sur la base de critères arbitraires (prime à l’emploi, subventions diverses, etc…) Et si ça marche pas on peut continuer. Taxer de 2 milliards de plus les entreprises pour leur refiler un milliard de plus de subventions boîteuses. A tout les coups on gagne, ça permet de blâmer ces entreprises trop connes à qui on refile plein de subventions et qui sont pas capables d’investir correctement.

    Mais il y a une autre approche. Elle part de l’hypothèse que, peut être, ceux qui investissent, innovent et créent des emplois (les entreprises et leurs salariés) savent mieux investir, innover et créer des emplois que des gens qui n’ont jamais investi, innové ni créé un emploi (Thomas Piketty, Ségolène Royal ou Nicolas Sarkozy)

    Seulement voila. Pour essayer cette approche, il faut un peu d’humilité. Surtout, il faut être capable de dépasser cette obsession généralisée chez la gauche française qui part du principe que les patrons sont des rapaces vampires assoiffés de sang dont la première priorité est d’escroquer leurs salariés et l’Etat. Je n’ai jamais rien lu de plus pathétique que ces multiples scenarios de science fiction sur les façons de truander le dispositif des heures sups imaginés par des gens qui n’ont jamais foutu les pieds dans une entreprise.

    Il y a donc bien une différence politique majeure. La gauche reste dans le registre de Robin des Bois (prendre aux méchants pour donner aux gentils). Sarkozy et Fillon ont jugé qu’en prenant un peu moins aux entreprises, on est moins populaires mais on construit mieux l’avenir.

    Bref, Koz a raison. Si tu es pauvre et que tu veux un chèque, il faut voter à gauche. Si tu veux une chance d’avoir un job, il faut voter Sarko.

  • si tu veux un job, votes à gauche:
    le gouvernement jospin est celui qui a le plus fait baisser le chômage…
    si tu es rentier, retraité avec un bon patrimoine, votes sarko,
    le bouclier fiscal est fait pour toi, et non pour les travailleurs salariés qui gagnent leur vie pour se payer une résidence principale, une secondaire peut-être, un peu d’assurance-vie…
    le triplement de l’exonération des droits de succession, couplé aux donations partages succesives, permettent à de belles fortunes d’oublier la case « fisc »…
    enfin l’exonération de charges sociales et d’impôts sur les heures sup, en plus des « effets collatéraux pervers » sur l’augmentation des rémunérations, les primes, l’embauche, revoient en quelque sorte à « légaliser le travail au noir »….
    pourquoi désormais payer charges et impôts puisque l’état lui-même dit
    que ce n’est pas indispensable, inévitable,
    mais qu’il en organise le contournement?

  • Eric Dupin est amusant, lorsqu’il dénonce la censure. Il est certain que c’est plus emm… dans les colonnes d’un grand quotidien mais il devrait donner l’exemple. Aux débuts de mon activité blogueuse, j’avais eu le malheur de parler de lui en tant que « journaliste » (avé les guillemets). Il a considéré que les guillemets étaient irrespectueux, et supprimé mon com.

    Quant au Figaro, il faudrait juste qu’il sache où il va et ce qu’il fait. Etait-ce cohérent, dès le début, de demander des analyses politiques à un journaliste ouvertement à gauche (plutôt aile gauche du PS ?

    Sinon, Jeff, rien sur le commentaire de Liberal ?

  • « Sinon, Jeff, rien sur le commentaire de Liberal ? ».

    Si, si vous y tenez : je ne suis pas d’accord avec lui, ce qui ne vous surprendra pas, tout en reconnaissant que son argumentation se situe dans la plus pure orthodoxie « libérale », et donc ne me surprend pas non plus.

    Pour un contre-argumentaire précis, j’avoue que je manque de temps (j’essaie de travailler plus pour gagner plus).

    Signalons simplement que selon les présidents des commissions des Finances de l’Assemblée nationale et du Sénat, Didier Migaud et Jean Arthuis, ce « paquet fiscal » (selon les termes mêmes utilisés par le gouvernement, vous savez celui qui devait entraîner un « choc de croissance ») « est incontestablement coûteux puisqu’il entraînera des pertes de ressources fiscales évaluées à 1,5 milliard d’euros en 2007, 10 milliards en 2008, 13 milliards en 2009 et 15 milliards en 2010 ». On est donc bien sur 15 milliards d’euros pour l’ensemble des dispositifs de la loi TEPA en régime de croisière.

    On ne peut nier non plus qu’au moins trois des mesures de cette loi TEPA (allègement des droits de succession, aménagement de l’ISF et abaissement du bouclier fiscal) ne profiteront qu’à quelques-uns, ceux qui en ont le moins besoin (et qui ne feront qu’épargner davantage).

    On peut aussi douter, comme l’OCDE (qui n’est pas connu comme un groupuscule marxiste) de l’efficacité de ces mesures, pourtant très coûteuses. On peut donc les considérer avant tout comme « idéologiques », et non « pragmatiques » comme on voudrait nous le faire croire. Preuve d’ailleurs qu’il n’y a donc pas que la gauche qui sait faire des gros chèques, une fois élue (certes pas aux mêmes destinataires…).
    Au moment où « les caisses sont vides », ne pensez-vous pas sérieusement, en votre âme et conscience, qu’il y avait d’autres priorités, tant en termes d’efficacité que de choix politique ?

    Quant au symbole et à la portée « politique » de ce dispositif, je ne pense pas qu’il soit la peine de vous faire un dessin. Cumulé à d’autres éléments, qui vont pratiquement dans tous dans le même sens (goût du luxe ostentatoire, amitiés ciblées, etc.), cela donne les sondages d’aujourd’hui. Car oui, Koz, que vous le vouliez ou non, certains ont cru (promesses de campagne obligent) que Sarkozy pouvait défendre l’intérêt du plus grand nombre, y compris des moins favorisés qui veulent s’en sortir, et ils n’y croient plus aujourd’hui.

    PS : A propos de la censure d’Eric Dupin : A la tête du Figaro, Nicolas Beytout (également ami personnel du président) était le premier VRP du pouvoir, mais c’est un journaliste (plutôt brillant, de surcroît) qui garantissait l’indépendance de la rédaction face aux pressions grossières de l’actionnaire du quotidien. Avec Etienne Mougeotte, dont je préfère ne rien dire car j’aurais peur de me laisser aller à des qualificatifs qui pourraient être jugés outranciers, Le Figaro ne va pas y gagner au change, ni ses journalistes… ni ses lecteurs.

  • Désolé si je suis désagréable, Koz, mais la phrase « pour avoir un chèque au lendemain de l’élection, il fallait voter à gauche » relève de la petite polémique partisane, surtout quand ce n’est pas argumenté.

    Merci à Libéral de venir fournir l’argumentaire manquant. J’aimerais avoir les sources, pour le chiffre de 8 milliards. La censure du conseil constitutionnel portait uniquement sur la partie rétroactive de la déductibilité des intérêts immobiliers, si je me souviens bien. J’ai du mal à croire que ce point pèse 7 milliards à lui tout seul.
    D’autre part, vous omettez d’expliquer en quoi le fameux TEPA donne aux électeurs de NS de meilleures chances d’avoir des jobs. Reste un point sur lequel je suis bien d’accord avec vous: la réduction des droits de succession, très discutable en effet…

  • Bah, Gwynfrid, je suis libre de mon écriture, libre d’écrire un billet d’humeur, libre de recourir à la formule imagée si je le souhaite, libre de ne pas engager un développement sur les mérites comparés des politiques économiques de droite et de gauche en général, et de celle de Nicolas Sarkozy en particulier, lorsque tel n’est pas foncièrement le sujet du billet.

  • @Koz: Sans problème. C’est juste que vous m’avez habitué à une plus grande rigueur dans le débat. Bon, d’accord, c’était dans des billets plus « lourds ». Billets que je n’ai pas forcément commentés, mais ça ne veut pas dire que je ne les ai pas appréciés.

  • Juste un truc que tes commentateurs t’ont certainement déjà rabaché : 15 millions d’allègements fiscaux aux gens pas dans le besoin, sans effet sur la croissance, c’est pas du jeu du carnet de chèques?
    Dans ces conditions, normal que les difficultés du « pouvoir d’achat » et le clinquant de notre président lui reviennent dans la gueule.

  • Carolus, comme tu dis, l’allégement de 15 milliards a été rabaché… Et comme les commentateurs l’ont aussi rabaché, il n’y a que 300 millions de mesures en faveur des loyers les plus aisés…

    Au passage, j’ai eu entre les mains l’article d’Alternatives Economiques (merci soeurette) qui montrait la ventilation de la loi TEPA (au passage, l’article, évidemment critique envers cette loi, ne collait en rien justement avec le schéma illustratif qui suivait). Je vais donc rabacher : il y a 10 Mds environ en direction des classes moyennes et réparti entre les intérêts d’emprunt et les heures supp’ (et je rappelle donc que cette dernière mesure n’est donc pas en faveur des cadres supérieurs qui sont au forfait). Ce qui, mécaniquement, est un pouvoir d’achat supplémentaire pour ces ménages.

    Et comme l’a rabaché Libéral, ne pas prendre dans la poche du contribuable ne veut pas dire générosité de l’Etat mais un Etat moins gourmand. Ce n’est pas l’Etat qui payent nos salaires (sauf fonction publique évidemment)… Et je m’étonne toujours de ce discours perverti par cette « croyance » que l’Etat gère ou doit gérer tout en France…

    De plus, dans un contexte de décentralisation, et si vous souhaitez vraiment critiquer les pouvoirs publics, tournez vous d’abord vers les régions.

  • @ london,

    « Et comme l’a rabaché Libéral, ne pas prendre dans la poche du contribuable ne veut pas dire générosité de l’Etat mais un Etat moins gourmand. Ce n’est pas l’Etat qui payent nos salaires (sauf fonction publique évidemment)… Et je m’étonne toujours de ce discours perverti par cette “croyance” que l’Etat gère ou doit gérer tout en France… »

    Nous parlons ici du budget de l’Etat, london. Il ne s’agit pas d’une croyance selon laquelle l’Etat doit tout gérer en France mais d’une discussion sur ses choix budgétaires…merci donc de m’épargner vos leçons sur l’Etat-papa dont je ne suis vraiment pas un adepte.
    Baisse des recettes ou hausse des dépenses, c’est budgétairement équivalent! Or, mon point était juste de dire qu’aujourd’hui, Sarko répète à qui veut « que les caisses sont vides ». Il fait donc référence au budget de l’Etat, qui s’est amainci avec les allègements fiscaux.
    Je ne critique évidemment pas l’exonération de cotisations sociales sur les heures supps mais plutôt les mesures en faveur des propriétaires de logement. En l’occurence, il est vrai que les 300 millions ne sont pas grand chose au regard des 15 milliards, mais en termes d’opinion et de comm’, ça passe mal, très mal, pour ceux qui ont du mal à joindre les 2 bouts que de voir ces mesures en faveur des propriétaires puis d’entendre que les caisses sont vides pour aider les galériens…

    « De plus, dans un contexte de décentralisation, et si vous souhaitez vraiment critiquer les pouvoirs publics, tournez vous d’abord vers les régions. »

    Certes, mais le post de Koz parlait de Sarko, chef de l’Etat, hein…

  • Carolus, ne vous fachez pas.

    En ce qui concerne le budget de l’Etat, je persiste à voir dans votre raisonnement un biais : non, l’Etat n’est pas comme une entreprise, l’Etat n’a pas (en théorie) de but lucratif, il n’a pas à augmenter ses prélèvements pour augmenter son profit ou garder un profit constant. Et les recettes de l’Etat sont des prélèvements « obligatoires », ce qui n’est pas le cas pour une entreprise qui ne vous force pas à acheter son produit. Alors, définitivement, non une augmentation des dépenses ou une baisse des recettes, ce n’est pas la même chose (budgétairement oui, ça par contre je vous le concède). Les caisses de l’Etat sont amoindries d’un argent qui ne lui appartient pas.

    En ce qui concerne les faveurs, le volet sur les intérêts d’emprunt sont pour de futurs propriétaires et pour leur premier achat immobilier. Il ne s’agit pas de « privilégiés ». De plus, l’accès à la propriété décharge la pression sur le locatif, ce qui permet à de libérer de la place pour d’autres…moins aisés.

    Ensuite, l’Etat est-il vraiment le meilleur protecteur avec les plus faibles ?

  • « déjà rabaché : 15 millions d’allègements fiscaux aux gens pas dans le besoin »
    « il n’y a que 300 millions de mesures en faveur des loyers les plus aisés… »
    il y a des lapsus interpellants….

    sur les heures sup défiscalisées ,
    j’aime bien ceux qui les qualifient de « travail légalement au noir »….
    sur l’idée de faciliter les acquisitions immobilières des ménages, il ya un moyen bien plus simple: baisser les « frais de notaire », diminuer la rémunération des intermédiaires, mais c’est sans doute trop simple pour que le gouvernement s’y attaque:
    NS veut, cela a bien été raporté dans le livre récent de Bruno Le Maire,
    des mesures politiques, « clivantes », d’abord destinées à gêner ses opposants….

  • « Il y a une différence fondamentale entre donner et ne pas prendre qui semble échapper à beaucoup de monde dans notre pays. »

    Tu es parfait Libéral.

    Sans étaler ce qu’est ma vie quotidienne, je pense être un contre exemple tangible des propos de Jeff.

    Sur la base d’une innovation technique (et grâce aux possibilités promotionnelles à moindre coûts rendues possibles par Internet), j’ai créé une entreprise il y a 4 ans sur fonds propres. Cette société offre des solutions dans un secteur très spécifique (on dit une « niche ») qui permet à des artisans ou des sociétés plus importantes d’intervenir là où c’était strictement impossible auparavant.

    De fait, cette solution a permis de créer dans les 4 dernières années uniquement en France, près de deux entreprises par mois et ce pratiquement dès le début de l’activité. Sans parler de quelques grands comptes qui ont adopté cette solution et sur lesquels je ne peux pas réellement mesurer l’impact en termes d’embauche, ces sociétés artisanales emploient environ une à trois personnes en moyenne.

    Une réorganisation commerciale toute récente a suscité dans les deux derniers mois près de 100 demandes de création et 5 emplois directs en interne. Sur ces 100 demandes, seulement, 30 verront probablement le jour. Mais l’augmentation est tout à fait sensible malgré tout.

    La vente de terrains hérités (et non pas d’éventuelles subventions ni même un quelconque soutient bancaire totalement utopique) va me permettre d’investir afin d’augmenter mon impact commercial et de (péniblement) ajuster les structures à la progression de l’activité. Cet investissement devrait, si tout fonctionne comme prévu, tripler la production assez rapidement. Ces innovations techniques n’ayant pas été conçues par moi-même (je n’ai fait qu’adapter celles-ci à une niche), ma société a également boosté en amont l’activité de 2 sociétés principales et provoqué la création de 5 postes.

    Ce sont juste des faits. Je n’en tire aucune gloriole surtout que l’idée de départ était de « gagner plus en travaillant moins » afin de disposer de plus de temps et de moyens à consacrer à d’autres passions.

    Bref. Un brève étude réalisée il y a deux ans (et un sentiment qui venait de je ne sais où m’intimant de me tirer de ce pays le plus vite possible alors que je peux assez finalement piloter cette entreprise à distance) me conseillait de délocaliser le siège de la société (parce que bien évidement, chacun ici peut se douter que tout ceci n’a pas été réalisé sans pleurs ni grincements de dents). Je ne l’ai finalement pas fait. J’avoue que l’espérance d’un changement des mentalités vis à vis des entreprises et de la création de richesses et la perspective d’une économie plus libérale du fait de l’élection de NS y a été pour beaucoup dans cette décision.

    Tout ça pour dire que les : « (et qui ne feront qu’épargner davantage) », « On peut aussi douter, comme l’OCDE (qui n’est pas connu comme un groupuscule marxiste) de l’efficacité de ces mesures, pourtant très coûteuses » de Jeff et les autres considérations expertes du même ordre, me fatiguent à un point…

  • “Il y a une différence fondamentale entre donner et ne pas prendre qui semble échapper à beaucoup de monde dans notre pays.”

    Du point de vue des finances publiques, la différence entre un supplément de dépenses publiques et des baisses d’impôt n’est pas si flagrante, d’où le concept de « dépense fiscale ».

    Il me semble que le principal problème de la loi TEPA est qu’il handicape les efforts de rétablissement de l’équilibre budgétaire (le rééquilibrage que notre pays avait promis de rétablir pour 2010 dans le cadre du pacte de stabilité et de croissance a été repoussé à 2012) sans pour autant nous offrir le « choc de confiance » qui devait nous aider à rattraper notre retard de croissance.

    Quitte à avoir une politique budgétaire volontariste en début de mandat, autant concentrer les efforts sur ce qui handicape l’économie de notre pays et, comme le rappellent de nombreux rapports, ce qui freine notre croissance est d’abord un problème d’offre. Peut-être les exonérations portant sur les heures supplémentaires pourront elles aider (pour autant qu’elles ne soient pas détournées en déclarant heures supp ce qui ne l’est pas vraiment), mais les mesures concernant les droits de succession ou les emprunts immobiliers me semblent plus ressembler à de simples cadeaux fiscaux.

    Un rapport récent du CAE sur les leviers de la croissance permet de voir qu’il y avait d’autres priorités, et notamment l’éducation supérieure – sous réserve de moderniser l’université, mais c’est un autre débat…

  • Sur le sujet de la loi TEPA, je pense que je vais vous répondre dans un mini-billet. Il y a suffisamment de matière et ça me permettra d’abuser du privilège que m’a accordé Koz.

    Sur la différence entre baisse des recettes et augmentation des dépenses, elle est essentielle. N’importe quel particulier, n’importe quelle entreprise ou organisation la comprend instinctivement? S’agissant de l’Etat, les conséquences sur l’économie sont très différentes dans un cas ou dans l’autre. C’est la différence entre le libéralisme et l’étatisme.

    Le fait que le débat public en France y voie si peu de différence que tout le monde finit par les confondre n’est qu’une indication de l’insuffisance de la comptabilité publique en tant qu’outil de gestion et de l’ignorance généralisée de la plupart des commentateurs en matière de gestion.

  • @ Liberal

    Je lirai votre billet avec plaisir. Mais, encore une fois, entre un surcroît de dépenses non financées et des baisses de recettes non gagées par des économies, le résultat est le même : un surcroît de déficit – et donc d’endettement public.

    Si ce surcroît de déficit est au service d’une stratégie économique permettant de relever la croissance potentielle, cela ne me pose pas de problème. Cependant, je ne pense pas que la loi TEPA y corresponde.

  • Oui Sébastien, au premier ordre et en ne regardant que le déficit public, il n’y a pas de différence. Mais doublez les recettes et les dépenses ou divisez les par 2 et vous aurez deux sociétés très différentes. Dans un cas vous aurez la Corée du Nord, dans l’autre les Etats Unis.

    Modifier les taxes ou les subventions induit un changement de comportement des agents économiques. Et ces changements ne sont pas symétriques.

  • « Bon, eh, n’anticipez pas, hein, sinon Lib’ va pas nous écrire son mini-billet ! »

    Ce serait dommage…

    Cela dit, je ne peux m’empêcher de réagir sur deux points :

    – les Etats-Unis ne font pas que baisser les impôts, ils augmentent aussi les dépenses publiques (je me souviens d’articles de The Economist où l’on qualifiait ainsi la politique budgétaire de l’administration Bush : « spending like a drunk sailor ») ;

    – au lieu de la Corée du nord, on pourrait parler du Danemark ou de la Suède…

  • Koz : « Bon, eh, n’anticipez pas, hein, sinon Lib’ va pas nous écrire son mini-billet ! »

    On sent le gamin qui voit passer le Père Noël mais ne le voit pas s’arrêter chez lui… :’)

  • @ Eponymus

    Bravo pour la création de votre entreprise ! Il n’y a vraiment que des gens de droite pour croire que les gens de gauche seraient contre la création d’entreprises. Je pense même que Ségolène Royal aurait fait plus et mieux pour les entreprises innovantes et les PME qui créent de l’emploi, plutôt que de gaspiller la faible marge de manoeuvre publique dans des cadeaux idéologiques et clientélistes aux plus favorisés ou visant à contourner les « 35 heures » honnis (mais sans les abroger franchement de peur de la réaction des Français, qui y restent malgré tout attachés dans leur majorité).
    D’ailleurs, je ne vois pas bien le rapport direct entre le « paquet fiscal » et la création de votre entreprise.

    Désolé également de vous avoir « fatigué à un point… » avec mon commentaire. Moi, ce qui me fatigue, c’est la rengaine partisane qui présuppose que tout ce que fait la droite est bon pour l’économie et pour les entreprises et que tout ce que fait la gauche est mauvais. C’est pourquoi je me permettais d’insister sur les doutes de l’OCDE concernant la loi TEPA. La plupart des économistes (de tous bords) sont d’ailleurs pour le moins sceptiques. Et personne ne peut mettre en doute que ces mesures sont très coûteuses. En résumé, ce que je dis, au risque malheureusement de vous « fatiguer » une nouvelle fois, c’est que tout cet argent aurait pu être employé autrement, à la fois de manière plus efficace et de manière plus juste. En espérant que le seul fait de mettre en débat cette question ne déclenche pas chez vous une grosse fatigue. Car la France a besoin que les entrepreneurs comme vous gardent tout leur dynamisme.

  • Jeff : « Moi, ce qui me fatigue, c’est la rengaine partisane qui présuppose que tout ce que fait la droite est bon pour l’économie et pour les entreprises et que tout ce que fait la gauche est mauvais. »

    Comme c’est drôle, moi c’est la rengaine « salauds de patrons » et « droite pourrie » qui me saoule ! 😀

    Jeff : « c’est que tout cet argent aurait pu être employé autrement, à la fois de manière plus efficace et de manière plus juste. »

    Oui, bien sûr. Je suis d’ailleurs impressionnée par votre capacité à lire dans l’avenir. Vous lisez des analyses, toutes a priori, négatives et, forcément, vous en déduisez qu’on pouvait faire mieux. La comparaison ne vaudra que quand il y aura un résultat. Pour l’instant, nous restons dans la théorie, la mise de Paris en bouteille, le flou…

    Je ne dis pas que les mesures prises ont été les meilleures du monde, les plus intelligentes, les plus justes, les plus formidables, etc… Je dis juste que je vous trouve bien empressé d’administrer l’extrême-onction à un nouveau-né que vous n’avez qu’à peine examiné.

  • @ london et Liberal,

    En ce qui concerne mon commentaire, il ne s’agissait pas de discuter de l’opportunité économique d’une dépense fiscale (baisse d’impôts…) versus celle d’une dépense budgétaire tout court.

    Mon propos n’était pas économique mais POLITIQUE : président paillettes allègements/dégrêvements pour des gens qui ne sont pas dans le besoin (classes moyennes sup et classes sup) rendent très difficile à justifier le « les caisses sont vides ».

    Et sachant que ces 300 millions, s’ils vont peut être atténuer la pression locative etc., ne sont considérés par personne comme susceptibles de « relancer la machine économique », mon propos politique n’est pas invalidé par les performances économiques qu’on peut attendre de ces choix. Je ne suis pas expert, et ptet que les propos d’experts en agacent certains, mais je me fie à ce que disent les économistes (surtout lorsque ces propos ne sortent pas de la bouche d’économistes d’Attac et alii – mariot 😉 ).

    300 millions, c’est pas grand chose, je sais. Mais il y a des mesures symboliques qui sont des signaux…et réceptionnés comme tels.

    On verra les moyens alloués au « plan banlieue », en particulier. Mais si, comme on peut le craindre, on a affaire à de la peau de chagrin, la pillule sera difficile à avaler, voilà tout.

    Ce propos n’enlève rien à mon soutien à toutes les réformes structurelles engagées par le gouvernement.

  • @Jeff

    « D’ailleurs, je ne vois pas bien le rapport direct entre le “paquet fiscal” et la création de votre entreprise. »

    Le lien direct entre la création de cette entreprise est absolument nul. Par contre, le lien entre le fait que je ne délocalise pas cette boite et ce que vous appelez le paquet fiscal est tout à fait direct. Et encore plus direct concernant les droits de succession comme je l’ai indiqué dans mon post précédent.

    La création d’entreprise et l’investissement, le désir de bosser pour créer une activité, l’envie, etc… obéissent à des ressorts psychologiques basés sur la confiance, les perspective d’avenir et la façon dont est perçue la création de richesses dans la société environante.

    Si vous évoluez dans une société dans laquelle avoir de l’argent est suspect, dans laquelle le fait de devenir riche fait que vous n’êtes plus « aimés » (comme dirait Hollande) par ceux qui vous gouvernent, dans laquelle la notion de « justice fiscale » qui prévaut fait que l’état peut vous prendre plus de 50% de vos revenus sans considérer le temps et l’argent que vous avez investi pour les obtenir, vous n’avez pas la même envie que dans une société qui valorise la réussite y compris la réussite financière.

    Personne ne sait ce qu’aurait fait Ségolène Royal puisque sur les 35 H comme sur le SMIC, elle a avoué ne pas croire en ce qu’elle promettait. Mais sans centrer le débat autour de sa personne, ce que l’on a entendu de la part de la gauche (et même de la droite dans une certaine mesure et du fait de son immobilisme) dans les années précédente en matière d’emplois ou de création de richesses, ce sont :

    – La suppression progressive des aides à la création d’entreprise
    – La création de postes sous la forme d’Emplois Jeunes au détriment de vraies créations d’emplois
    – L’instauration des 35 H
    – L’augmentation des frais de fonctionnement de l’Etat par l’embauche de plus de fonctionnaires
    – L’augmentation des prélèvements
    – La dévalorisation de la réussite et du travail
    – Le « j’aime pas les riches »
    – Le SMIC à 1500 €
    – Les outrances des programmes de l’extrême gauche jamais dénoncé par la gauche modérée
    – Le mépris affiché à l’égard des organisations syndicales patronales
    – Le « nous n’avons pas de leçons à prendre du blairisme »
    – Le « modèle » social français
    – L’Internationale chantée dans les meetings

    Je vais vous dire ce que les entrepreneurs ont besoin – et je ne parle pas de ceux qui disposent pour démarrer leur entreprise de quelques millions d’€. :

    1. Puisque les banques ne tiennent plus leur rôle consistant à aider et favoriser la création d’outils de production, que l’Etat favorise l’existence de solutions de remplacement.
    2. Une simplification drastique de la législation concernant les obligations légales et fiscales des entreprises surtout dans les premières années et jusqu’à ce qu’elles atteignent une certaine taille.
    3. Une réduction sensibles des charges et un assouplissement de la réglementation du travail allant vers une plus grande flexibilité en particulier pour les PME.
    4. Un accompagnement des entreprises dans les difficultés basé sur la compréhension et éventuellement sur une aide temporaire plutôt que sur une pénalisation systématique que la société n’applique même pas à l’égard de délinquants avérés.
    5. Des mesures permettant d’accroître la compétitivité des entreprises françaises et des aides à l’export qui soient simples et faciles d’accès.

    Si vous souhaitez mieux comprendre le monde des petites et moyennes entreprises allez faire un tour dans la nuit le 15 de certains mois près d’une boîte aux lettre de l’URSSAF, à Paris par exemple. Vous y verrez un défilé de voitures jusqu’au petit matin d’où sortent en maugréant des petits patrons, des professions libérales, des artisans, des comptables stressés par l’urgence qui déposent furtivement leur enveloppe pour repartir soulagés de ne pas s’être pris les fameux 10% que cette bonne vieille institution leur aurait infligés sans connaître les circonstances des éventuels retards.

    J’ai un ami qui a travaillé littéralement jours et nuits pendant un an pour créer son entreprise. Le jour où il a reçu sa première feuille d’impôts, il a cessé de bosser pendant deux semaines. Il s’en est relevé. Il a compris ensuite les arcanes et les pièges tendus par le fisc au mépris de l’équité pour finalement les éviter. Mais tous ne sont pas dans ce cas. Si vous aviez été simple observateur à cette époque, vous auriez pu constater le rapport direct entre une politique fiscal et le dynamisme d’un individu.

    Vous me parlez des « gens de droite », des « gens de gauche » – j’ai fréquenté les allées du pouvoir à diverses époques et je suis ressorti ecoeuré à vie par ces étiquettes. Dans tout les cas, vous affichez un mépris déguisé dans votre post qui me renforce dans l’idée que je ne ferais jamais partie de votre camp quel que soit le label qu’il porte.

  • @ Eponymus,

    « Dans tout les cas, vous affichez un mépris déguisé dans votre post qui me renforce dans l’idée que je ne ferais jamais partie de votre camp quel que soit le label qu’il porte », dites-vous.

    Aucun mépris dans mes propos qui, je vous le rappelle, étaient une réaction à une interpellation personnelle de votre part disant que mon intervention vous « fatiguait à un point… » (et dans laquelle j’aurais pu aussi déceler du « mépris »).

    Sur le fond, vous décrivez l’enfer des petits patrons traqués et étranglés par le fisc. On pourrait aussi raconter l’histoire du travailleur pauvre ou de l’ouvrier sous-payé, qui se lève à 5 h du mat, a un boulot fatigant et répétitif, et a du mal à se loger et à boucler ses fins de mois (le story-telling étant très à la mode). Pour simplifier, ce n’est pas pour la seule raison que vous êtes dans la première catégorie qu’on devrait faire abstraction de la seconde. Il faut trouver un équilibre. Vous serez d’accord avec moi pour dire que ce n’est ni le Medef ni la CGT qui représente l’intérêt général et doit dicter la politique du pays.

    Et si vous y réfléchissez bien, vous serez également d’accord pour dire que vous exercerez mieux votre métier d’entrepreneur si vos salariés ont de quoi vivre décemment et sont heureux de travailler dans votre entreprise (ce qui doit être le cas, je n’en doute pas). Et, plus largement, dans une société où chacun y trouve son compte, et pas dans un monde où certains ont tout (je ne parle pas de vous, bien sûr) et d’autres n’ont rien.

    Quant au lien entre politique fiscale et « dynamisme », on trouvera effectivement toujours des gens qui préfèreront délocaliser pour être moins taxés ou gagner plus d’argent. Si l’on suit cette logique jusqu’au bout, il faudrait donc s’aligner sur les pays où les impôts sont les plus faibles et donc renoncer à notre modèle de solidarité. Je crois que nous sommes une majorité à ne pas se résoudre à cette extrémité.

  • @ Eponymus (suite)

    PS1 : Les personnes qui payent 50% d’impôts sont-ils à votre avis les gens les plus malheureux et les plus en difficulté dans ce pays ?

    PS2 : Ce que j’appelle « paquet fiscal », c’est ce que le gouvernement lui-même a appelé « paquet fiscal ».

    PS3 : Pour votre information et contrairement à ce que vous insinuez, je pense pouvoir dire que je connais assez bien le monde des entreprises en général et celui des PME en particulier.

    PS4 : 100% d’accord avec vous pour simplifier les démarches administratives du créateur d’entreprise ou du patron de PME. 100% d’accord avec vous aussi sur la nécessité d’aider de manière conséquente et ciblée les PME qui innovent et qui créent de l’emploi. Ce n’est malheureusement pas du tout l’objet de la loi TEPA. C’est d’ailleurs ce que je regrette.

  • rengaine reprise en boucle ici comme « l’horreur gauchiste absolue »,
    la phrase de François Hollande largement surinterprétée après…
    « je n’aime pas les riches »….

    ce qu’il a voulu dire, et ce qu’il a dit, en fait, c’est « je n’aime pas les riches pour leur richesse »: il a des amis riches, bien sûr, qu’il apprécie pour leur intelligence, créativité, gentillesse, etc…
    dans ce blog imprégné de catholicisme, il faut rappeller les paroles du Christ sur le jeune riche et sa difficulté à racheter ses péchés, le sermon de béatitudes…
    le propos de F. Hollande m’en paraît proche…
    personnellement j’ai de l’admiration pour ceux qui créent de la richesse, leur richesse, en développant l’emploi dans des conditions citoyennes, responsables…
    j’en ai moins pour ceux qui l’héritent, non plus que pour les chasseurs de subventions, liquidateurs précoces…
    j’aimerais avoir le « bilan emploi » des principales fortunes françaises….

  • Puisque tu as l’air de le connaître personnellement, francis, tu peux lui demander une attestation écrite certifiant que c’est bien ce qu’il a voulu dire ? 😉

    Non que je trouve cela super déterminant -à vrai dire je m’en fous – mais dans l’émission, il le dit deux fois de suite, et sans aucune réserve du genre de celles que tu indiques. Il s’agissait probablement davantage pour lui de draguer l’gauchiste en vue des élections que d’une conviction profonde mais bon, tout le monde doit assumer ses petits dérapages, hein…

    [edit : non, ben c’est confirmé par le message de london]

    Jeff, il y a tout de même qu’il convient de souligner : s’il est évident qu’il convient de trouver un bon équilibre, et qu’il ne s’agit pas de sacrifier l’ouvrier sous-payé [qui se lève à 5 heures du matin, a un boulot chiant et répétitif, se fait fouetter par le contre-maître, dont la fille s’est faite violer dans les transports en commun parce qu’ils habitent loin et dont le fils n’a pas mangé depuis trois jours], à l’entrepreneur, il reste que lorsque l’on dégoûte bien ce dernier, l’ouvrier sous-payé précité, bingo, il gagne en plus le fait de ne plus avoir de boulot.

    Je le redis ici, parce que traditionnellement, arrivé à la fin de la phrase, on en a oublié le début : ok, ne sacrifions pas l’ouvrier à l’entrepreneur, mais n’oublions pas ce que l’on doti au second.

    Et, francis, personne n’aime le connard de patron qui se barre avec les machines de l’usine pendant la nuit. Personne. Même les patrons.

  • « ok, ne sacrifions pas l’ouvrier à l’entrepreneur, mais n’oublions pas ce que l’on doit au second ».

    OK, Koz. Pour aller un petit peu plus loin, disons que l’entrepreneur qui a réussi gagne bien sa vie, a un boulot certes stressant mais intéressant et valorisant, a la satisfation d’avoir construit quelque chose, etc. Pour moi, il doit aussi admettre que sa situation de privilégié lui donne des devoirs, de solidarité notamment. Et dans la mesure où il ne manque de rien (même pas du superflu), il devrait être fier et heureux (si c’est le cas) de donner 50% de ses revenus à la collectivité. Il y en a qui sont comme ça, j’en ai rencontré, et ils me réconcilient avec la nature humaine.

    Par contre, j’ai vraiment du mal à comprendre ceux qui veulent toujours plus, à l’image de ces milliardaires qui se déplacent en jet privé aux quatre coins de la planète et peuvent dépenser plusieurs millions d’euros pour le mariage de leur petite dernière mais s’arrangent pour ne pas payer d’impôts… Alors qu’ils ne pourront pas dépenser de leur vivant toute la fortune qu’ils ont amassée et qu’ils peuvent garantir à leurs descendants de vivre dans le luxe sur plusieurs générations. J’avoue que c’est quelque chose qui m’échappe. Je ne comprends pas quel est le but : une question de principe ? être plus riche que le milliardaire d’à côté ?

    Sans aller chercher le milliardaire, je rencontre aussi régulièrement des patrons de PME de 50 ou 100 personnes, qui font partie des plus aisés de nos concitoyens, ont deux ou trois résidences secondaires, quelques biens immobiliers, un bateau, etc., et n’arrêtent pas de se plaindre des charges, des impôts et des fonctionnaires, sans se rendre compte de l’obscénité de leurs propos quand certains manquent de tout.

  • Bonjour,

    Jeff a écrit :

    Et dans la mesure où il ne manque de rien (même pas du superflu), il devrait être fier et heureux (si c’est le cas) de donner 50% de ses revenus à la collectivité. Il y en a qui sont comme ça, j’en ai rencontré, et ils me réconcilient avec la nature humaine..

    Ai-je bien lu ? Est-ce je Jeff que nous connaissons qui vient ainsi d’approuver le bouclier fiscal à 50% ? De dire implicitement que même pour les plus grandes fortunes, c’est le seuil à ne pas dépasser au delà duquel l’impôt, de partage devient confiscation ?

    Jeff, deviendrais-tu Sarkozyste voire idolâtre ? 😉

    J’en suis quelque peu surpris !

    Luc

  • Amusant, Luc. Mon raisonnement marche aussi avec 60%. J’espère pour eux que les sarkozystes ne se définissent pas par leur seule approbation du bouclier fiscal qui, rappelons-le, concerne moins de 100 000 foyers fiscaux (sur plus de 32 millions).

  • « OK, Koz. Pour aller un petit peu plus loin, disons que l’entrepreneur qui a réussi gagne bien sa vie, a un boulot certes stressant mais intéressant et valorisant, a la satisfation d’avoir construit quelque chose, etc. Pour moi, il doit aussi admettre que sa situation de privilégié lui donne des devoirs, de solidarité notamment. « 

    Je suis évidemment d’accord sur la question de solidarité.

    Mais il y a un point sur lequel je tique fortement : en quoi est-il privilégié ??? Mis à part quelques cas qu’il est trop facile de brandir tant ils ne sont pas révélateurs des milliers d’entrepreneurs à la eponymus, l’entrepreneur dont tu parles est surtout un mec qui se casse le cul tous les jours, qui tous les jours prend des décisions qui sont susceptibles d’avoir des implications sur sa propre vie mais également sur celles de ses salariés, qui bien souvent bosse aussi le week-end, qui fait souvent les 35 heures en moins de trois jours etc etc etc

    Bref, il gagne plein de tunes (quand ça marche) mais où est le « privilège » ? Il n’usurpe rien ! C’est un peu facile de lui dire que la réussite qu’il va chercher « avé les dents » (oui, oui, comme le point de croissance) lui donne des devoirs envers les autres. Comme s’il devait « payer » le fait de réussir. Je crois que l’on est en plein dans le climat dont parlait eponymus. Et dans des schémas de pensée qui découragent l’initiative : puisque, plus je me casse le cul, plus on me reproche d’être un privilégié et plus on exige de moi que je donne le fruit de mon travail, à quoi bon ?!

    Alors, ok pour leur demander, comme aux autres, d’être solidaires, mais avec, en prime, un peu de reconnaissance. Ca les encouragera, et ça permettra à notre ouvrier sous-payé d’avoir du taf.

    Quant aux milliardaires, on s’en cogne : je ne suis pas non plus dans leur logique. Et on pourrait penser, pour certains, que la machine s’est emballée. Mais ils ne peuvent pas servir de base au raisonnement.

  • @Koz

    Merci…
    L’entrepreneur qui réussit crée des emplois et fait tourner la machine qui tire tout le reste.
    Il prend des risques, il travaille et fait travailler.
    En faire un privilégié, c’est se tromper de cible, il faut des entrepreneurs et surtout il faut qu’ils réussissent pour le bénéfice de tous.

  • Koz, il faut prendre le mot « privilégié » au sens de « qui jouit d’avantages matériels considérables » (l’un des sens du dictionnaire), comparé à la situation de la majorité. Et pas au sens de « qui bénéficie d’avantages particuliers ou indus ou en dehors de la loi commune ».

    Je n’ai jamais dit que les entrepreneurs ne méritaient pas d’avoir des revenus supérieurs à ceux de l’ouvrier ou de l’employé. Pour être très clair, je me considère moi-même comme « privilégié » (même si je ne suis pas à proprement parler un entrepreneur) dans la mesure où j’ai eu la chance de faire des études supérieures et où je gagne correctement ma vie par rapport à la moyenne de la population. Et je trouve normal de payer des impôts proportionnellement à mes revenus. Et je n’envie pas ceux qui ne gagnent pas assez d’argent pour être imposés, ni ceux qui travaillent 35 heures par semaine, ni ceux qui ont la sécurité de l’emploi, etc. Je n’échangerais pas ma place avec la leur. Vous, oui ?

    Et les entrepreneurs, malgré les charges, les impôts, les tracasseries administratives, le stress, la responsabilité, le manque de reconnaissance, les fonctionnaires qui ne foutent rien, les 35 heures et tous ces éléments qui font de leur vie un enfer, croyez-vous qu’ils seraient nombreux à vouloir échanger leur place avec celle de leurs employés ?

  • C’est étonnant. A vous lire Jeff, j’ai presque le sentiment que vous parlez d’un système officiel de castes (au sens le plus hériditaire, irréversible et injuste du terme).

  • J’ai du mal à concevoir le privilège qu’il y a à être entrepreneur.

    A la base, il y a une mentalité, certains dirigent, d’autres sont dirigés. Les uns ne sont pas supérieurs aux autres, juste différents.

    Le statut d’entrepreneur a des avantages incontestables et des inconvénients tout aussi incontestables, mais je ne vois pas en quoi c’est un privilège par définition.

    Que certains entrepreneurs soient des privilégiés, c’est vrai. Que d’être un entreneur soit un privilège, non. C’est avec ce type de manichéisme qu’on fait du patron, un salaud, que pourrait-il être d’autre ?

  • Jeff, vous vous focalisez sur une partie du tableau en refusant obstinément d’en considérer l’ensemble. Vous ne voyez que ce qu’ils sont gardé sans prendre en compte ce qu’ils ont apporté.

    Si j’étais aussi outrancier que vous dans l’autre sens, je pourrais dire que ce qui est obscène c’est quelqu’un qui n’a jamais créé un emploi qui se permet de gerber sur des gens qui en ont créé 50.

    Ce genre d’amabilité n’a aucun sens et ne sert à rien. Moi ce qui m’intéresse c’est ce qu’il faut pour créer plus d’emplois et plus de richesses pour tout le monde.

    Si quelqu’un débarque de nulle part, monte une activité concurrentielle, rend un service à ses clients, paie ses fournisseurs, crée 50 emplois en respectant la loi, en payant charges et impôts, et en traitant convenablement ses employés, j’applaudis et je me fous de savoir s’il a gagné 100000, 1 million ou 10 millions dans l’histoire. Parce qu’il n’a forcé personne, parce que chacun de ses stakeholders (clients, fournisseurs, employés, Etat) a été suffisamment satisfait de sa relation avec lui pour ne pas rompre le contrat. Ce qui veut dire que chacun de ces intervenants a profité de son initiative.

    Alors s’il lui prend l’envie de dire tout le mal qu’il pense des charges et des impôts, je m’en fous tant qu’il les paie. Surtout qu’il n’a peut être pas tort. Peut être qu’avec un peu moins de charges et impôts, il aurait créé un peu plus d’emplois, servi un peu plus de clients, fait travailler un peu plus de fournisseurs et au global apporté un peu plus de richesse à la société.

  • Cilia, Delphine Dumont,
    Relisez-moi mieux, surtout sur le sens de « privilégié ». Vous verrez que vos critiques sont hors sujet.

    Libéral,
    Je pourrais vous retourner le compliment : « Vous vous focalisez sur une partie du tableau en refusant obstinément d’en considérer l’ensemble ». Ceci étant dit, ce que vous dites me semble conciliable avec ce que je dis. Car comme l’a dit le sage Koz, « ne sacrifions pas l’ouvrier à l’entrepreneur et vice versa ».

    Sur ce, je vous laisse (même si le sujet n’a pas été épuisé), car je dois travailler plus pour gagner plus, comme nous exhorte à le faire notre président bien aimé à tous.

  • Jeff, je vous ai lu et relu et je ne vois toujours pas en quoi le fait d’être entrepreneur fait de quelqu’un, un « privilégié ». Votre définition « qui jouit d’avantages matériels considérables » ne peut pas s’appliquer _par défaut_ à n’importe quel entrepreneur.

    Entrepreneur n’est pas égal à privilégié, entrepreneur est égal à entrepreneur, point barre. C’est terrible, ça, de vouloir faire à tout prix entrer des gens dans des cases !

  • et rentier, c’est priviligié?

    je maintiens mon interprétation du propos de F.Hollande: soumis à une MAM agressive
    il lâche un mot sur les « riches » par opposition aux classes moyennes,
    il pensait plutôt richesse…
    la preuve qu’il aime les riches, certains riches, c’est qu’il les fréquente…
    un entrepreneur qui crée de la richesses, banco,
    un actionnaire qui demande du 15% par an,
    au prix de licenciements
    un salaud…
    (alors que le gvt vient de décider que pour le bon peuple,
    1% de rendement sur ses avoirs (hors inflation), c’était trop..
    0,9% suffirait bien… )

  • @ Liberal et Koz

    Merci !

    Liberal tu résumes parfaitement l’état d’esprit de beaucoup d’entrepreneurs actuels – et en particulier dans ton dernier paragraphe.

    Quand Jeff parle de l’employeur qui n’échangerait pas sa place, dans les difficultés, bien évidement que cela lui traverse l’esprit et bien évidement, ceux qui rencontrent un échec (et qui en ont l’occasion) cessent leur activité sans trop de casse pour retourner à moins de responsabilités, plus de sécurité, etc.

    Quand je parlais de délocalisation, je ne parlais évidemment pas de partir avec la caisse sous le bras en laissant un trou béant derrière moi. Je ne parlais pas non plus d’un expatriation douloureuse. Je parlais d’organisation structurelle différente de l’activité afin de bénéficier d’un climat et de moyens – ceux revendiqués par beaucoup de chefs d’entreprises et dont j’ai dressé une liste non exhaustive un peu plus haut – favorables à la réussite d’une société – d’une PME plus exactement.

    Beaucoup d’entrepreneurs ont été ou étaient quelques années plus tôt de simples employés. De ce fait, la notion politique du « privilégié » qui devient presque – à force de passer dans le langage courant – synonyme de « celui qui gagne correctement sa vie » est tout simplement révélateur d’un état d’esprit que Koz décrit en peu de mots : Comme s’il devait “payer” le fait de réussir – sans parler du fait que cela place la barre très bas en termes de « réussites ». Tout cela donne l’envie d’accueillir ce genre d’arguments d’un simple haussement d’épaule parfois.

    Bref, la clé de voûte est bel et bien l’entreprise. Qu’elle soit individuelle, sous la forme d’une profession libérale ou d’une micro entreprise qui n’emploie qu’un(e) secrétaire et un(e) assistant(e) – ou une entreprise de 10 à 100 000 employés. L’emploi repose sur les entreprises puisque l’Etat n’a pas vocation à employer. Il est assez curieux encore d’entendre des réformes favorables aux entreprises, qualifiées de « cadeaux au patronat » par exemple. Plus il est facile d’entreprendre et de réussir, plus d’entreprises seront créées et plus survivront. Plus il est facile d’entreprendre et de réussir, plus d’emplois seront créés. J’ai toujours du mal à comprendre pourquoi dans le monde politique la simplicité de ces quelques affirmations n’apparaît pas comme une évidence. Et pourquoi les toutes premières priorités ne sont pas dirigées en faveur des sociétés.

  • eponymus ecrit
    « De ce fait, la notion politique du “privilégié” qui devient presque – à force de passer dans le langage courant – synonyme de “celui qui gagne correctement sa vie” est tout simplement révélateur d’un état d’esprit que Koz décrit en peu de mots : Comme s’il devait “payer” le fait de réussir – sans parler du fait que cela place la barre très bas en termes de “réussites”. Tout cela donne l’envie d’accueillir ce genre d’arguments d’un simple haussement d’épaule parfois. »

    on pourrait croire qu’il parle des fonctionnaires ou les cheminots…

  • @Francis
    1. hum… le rentier, dans la majorité des cas, vis des rentes que ses investissements (et donc les risques pris avec son argent, gagné par son travail, intellectuel ou physique) lui rapportent. Rien de bien choquant… Hormis pour les RMIstes qui vivent de « rentes » qui ne correspondent pas à un investissement, un risque pris, des capitaux mobilisés pour l’économie du pays etc. Et peut-être aussi de certains fonctionnaires dont le salaire pour une tâche fictive avec un emploi garanti s’apparenterait fortement à une rente.

    2. Les riches ne sont ni plus aimable ni moins aimables que les pauvres. Sauf peut-être François Hollande qui est riche et fort peu aimable, de mon point de vue, d’autant que sa richesse ne provient ni d’un travail productif, ni d’un investissement utile à la société et créateur de richesse… Et sa clique… Bergé est sans doute plus fréquentable que Bolloré, hein, enfin moins « riche », tout ça parce que ses sympathies vont au PS et non au « Poutine soft » qui porte des montres et des lunettes chères ???
    Et en général, sans faire de la richesse une « preuve d’élection » à la Weber, on peut se demander si le « riche » n’est pas celui qui soit à contribué le plus à aider la société à s’enrichir, soit est l’héritier prolongateur de quelqu’un qui à fait cela.

    2bis. N’oublions pas que les « riches » payent proportionnellement plus d’impôts que les « pauvres » et en plus on leur prélève chaque année une portion de leur capital, juste pour leur apprendre que décidément, avoir de l’argent c’est bien mal… 😉

    3. L’actionnaire qui investit dans une entreprise, risquée par définition, et qui demande 15% de rentabilité pour compenser ce risque ne fait rien que de naturel. Si cette prime est excessive par rapport aux risques réellement subis, tenter de la satisfaire entrainera une baisse du cours (ses petits camarades actionnaires jugeant que les décisions prises pour cela sont « court-termistes » et nuisible à la valeur à long terme) et donc in fine il n’aura jamais, en moyenne, plus que « juste ce qu’il faut de prime » pour compenser ce risque. Par contre si la prime de risque qui vient s’ajouter au taux sans risque (et pour un placement garanti par l’État, en France au moins, on peut parler de « sans risque ») n’est pas suffisante, l’actionnaire n’investira pas dans l’entreprise mais prêtera son argent à l’État via des OAT, ou le laissera à la banque. Et là ce ne sont pas quelques licenciement « boursier » mais des grosses entreprises qui mettront la clef sous la porte et licencieront par centaine de millier. Mais après tout, c’est un choix de société, non… Mieux vaux 30% de chômeurs « d’Etat » que 5% de taux de chômage et voir des « riches actionnaires » être rémunérés pour les risques pris et l’apport qu’ils ont fait…

    4. Qu’est-ce qui empêcherait le « bon peuple » d’être actionnaire, de contribuer ainsi à s’enrichir et à fournir le financement nécessaire à l’économie, pour au moins une partie de son épargne ? le fait que ce soit « mal » sous une morale étrange qui fait que s’enrichir est le summum du crime contre la « société » ???

  • Tu veux dire que « fonctionnaire » serait devenu synonyme de « qui doit payer sa réussite » ? Si oui, je te rassure, ce n’est pas encore passé dans le langage commun. Pareil pour les cheminots.

    Quant aux rentiers, que tu évoques plus haut, oui c’est un privilége que de pouvoir être rentier mais là, c’est la part communiste qui parle en toi : le rentier est une figure facile, au passage elle permet de taper sur l’épargne, mais au final combien de « rentiers » en France ? Peut-être faut-il se réveiller (je mets « peut-être » pour que le réveil ne soit pas trop brutal) : nous ne sommes plus au XIXème.

  • @Francis

    « on pourrait croire qu’il parle des fonctionnaires ou les cheminots… »

    Pas du tout justement. Je me basais sur la définition que Jeff a précisée :

    « Koz, il faut prendre le mot “privilégié” au sens de “qui jouit d’avantages matériels considérables” (l’un des sens du dictionnaire), comparé à la situation de la majorité. Et pas au sens de “qui bénéficie d’avantages particuliers ou indus ou en dehors de la loi commune”. »

    Les cheminots ou certains fonctionnaires tomb(ai)ent dans sa deuxième définition.

    😉

  • @epo : j’imagine qu’une partie des propositions du rapport Attali vont dans le bon sens pour toi.
    De plus j’ai l’impression que la CGPME fait le forcing en ce moment pour se faire entendre (à moins que ce ne soit moi qui l’écoute mieux)

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