Da Vinci Code

Voilà. Sur mon blog. L’obscur objet du scandale et du ressentiment légitime des croyants, dont pourtant je me suis tenu rigoureusement éloigné depuis trois ans. Pas plus que le Sida, il ne passerait par moi ! Feinte de corps, pas chassé, roulade et salto, je suis subtilement parvenu à esquiver chaque assaut de cet antéchristique ouvrage. Jusqu’à ce que, signe de la Providence – sait-on jamais – après que la sauce eût encore davantage monté à quelques jours de la sortie du film, un proche ne me le propose. L’occasion m’était donnée de confirmer, ou d’infirmer (soyons fou), mes préventions à l’encontre du Da Vinci Code et ce, sans contribuer à la fortune de son auteur.

J’ai cédé.

Faisons bref (pour le moment) : le sentiment dominant, à de multiples égards, est resté sans grande surprise l’incrédulité. Incrédulité devant le scandale, incrédulité devant la crédulité « populaire« …

* * *

  • LA LECTURE DU DA VINCI CODE… de l’ordre du « bon moment« 

Pourquoi tenir absolument à faire du Da Vinci Code une bouse littéraire ? Arrivant suffisamment en retard sur le scandale pour m’attendre à pire, je n’ai pas été spécialement agacé par son contenu antichrétien, anticatholique. Il faut de toutes façons attendre près de 400 pages (ed Pocket) pour atteindre le coeur de la controverse. Toujours est-il que je n’ai donc pas été plus distrait que cela par les « ignominieuses attaques portées contre le dogme« .

J’entendais récemment quelqu’un pester contre la pauvreté littéraire du roman. Sur un autre ton, Véronique Campion-Vincent, dans la société parano, souligne que « l’allure en est alerte, mais les personnages bien falots. La fin est assez confuse : dès le passage en Angleterre, l’intrigue marque le pas, on se noie dans l’allégorie et le symbolisme pompeux. Ce succès s’explique donc par d’autres facteurs que la qualité romanesque : le public est séduit par les révélations du roman« .

Certes, à dire vrai, elle ne dit pas faux, la Véronique. En Angleterre, l’intrigue marque un peu le pas et il faut admettre que, si la lecture du Da Vinci Code est agréable, ce n’est pas le plus alléchant des romans d’espionnage. Un Grisham ou un Ludlum sont mieux conçus, sans pour autant davantage relever de la haute littérature. Aussi, restons mesuré : le Da Vinci Code n’est pas une bouse, ce n’est pas non plus un chef d’oeuvre de roman à suspense, c’est un « bon ptit roman« , catégorie que nous connaissons tous. Mais c’est un bon ptit roman à quelques millions d’exemplaires…

Revenons à Véronique Campion-Vincent : « ce succès s’explique donc par d’autres facteurs que la qualité romanesque : le public est séduit par les révélations du roman« … C’est un fait. Intéressons-nous donc à la substance de l’objet.

* * *

  • « LES FAITS« , « avérés« 

« La société secrète du Prieuré de Sion a été fondée en 1099, après la première croisade (…) Toutes les descriptions de monuments, d’oeuvres d’art, de documents et de rituels secrets évoqués sont avérées »

C’est « l’ambigüité » du Da Vinci Code : s’efforcer de conférer aux thèses exposées un fond avéré. Nombre de lecteurs avec lesquels j’ai pu évoquer le Da Vinci Code me l’ont dit : « tout de même, il dit bien, au début, que les faits sont vrais« . Précisément non. Si l’on reprend cette page, Dan Brown n’affirme pas que les faits soient vrais. Il expose « des faits » et affirme que les descriptions sont avérées. Passons sur la mauvaise formulation puisqu’il est plus probable que ce soit « l’existence«  des « monuments, oeuvres d’art, documents et rituels secrets« , « tels que décrits« , qui soit avérée. Ne soyons pas tâtillons car, en fin de compte, Mister Brown ne brille pas par sa rigueur. Le coeur de la controverse est-il présenté comme « avéré » ? Brown affirme-t-il que le mariage de Jésus et de Marie-Madeleine, la naissance d’un enfant en France, fondant la dynastie mérovingienne, seraient avérés ? A aucun moment. En revanche, il tend à l’attester par des descriptions prétendument avérées d’oeuvres d’art.

*

Quid du synopsis, quelque peu défloré ci-dessus ?

Jésus et Marie-Madeleine étaient mariés. Ils ont conçu un enfant. A la mort de Jésus, Marie-Madeleine trouve refuge auprès de la « communauté juive » en France et son enfant fonde la dynastie mérovingienne…

J’ai résumé ainsi le noeud du scandale à ma femme. Elle a pouffé. Comme ça. Et pour tout dire, c’est bien lorsque les gens ne pouffent pas qu’il faut commencer à s’inquiéter. Je ne peux pas vous forcer à pouffer. Mais relisez ce passage en gras, il est pouffant.

C’est peut-être un détail, mais puisque ceux que le Da Vinci Code turlupinent mettent en avant la rigueur de Dan Brown : je nourris les plus grands doutes sur l’existence d’une « communauté juive » en France à l’époque. « Avec l’aide de Joseph d’Arimathie, elle est partie clandestinement pour la France – la Gaule à l’époque – où elle a trouvé refuge auprès de la communauté juive. C’est là qu’elle a mis au monde une fille, du nom de Sarah » (page 413, tjs èd. Pocket). C’est donc en 33 de notre ère que Marie-Madeleine aurait trouvé refuge auprès d’une « communauté juive« . La diaspora se situant vers l’an 70 (et quelques), je suis très dubitatif…

*

Passons à la « description avérée » du tableau de Léonard de Vinci, La Cène.

« – Parfait. Une dernière question : combien y-a-t-il de coupes sur la table ?

(…)

Sophie se pencha sur la reproduction. Tous les apôtres, ainsi que Jésus, avaient devant eux un petit verre rempli de vin. Treize en tout. Il n’y avait pas de calice. Pas de Saint-Graal. »

Léonard de Vinci aurait, significativement, « oublié » de représenter le calice… A vous de vous pencher sur la représentation de La Cène. Voyez-vous treize petits verres remplis de vin ? Ce n’est qu’un détail mais quitte à faire mal aux mouches, comptez…

Autre point, plus substantiel :

 » – Et regardez par ici, continua Langdon. C’est inquiétant aussi,ne trouvez-vous pas ?

Entre les deux apôtres assis à la droite de Pierre, une main surgissait.

– Il y a une main qui tend un poignard ! s’exclama Sophie.

– Exact. Et le plus étrange, c’est que, si vous comptez les bras, elle ne semble appartenir… à personne. C’est une main sans corps, anonyme. » (p. 403)

Revenez à la Cène. Cela ne vous arrive jamais de replier votre main, le poignet placé contre votre dos ? Est-ce une position si étrange que l’on y trouve une telle signification ? Reprenez le détail de la scène. Vous semble-t-elle toujours surnuméraire, cette main ? Même en consultant cette esquisse ? (cf. cette page) Lorsque l’on sait que l’on représente souvent Saint Pierre avec les clés du paradis dans des oeuvres qui ne concernent nullement le paradis, et Judas lors de la Cène avec une bourse qu’il n’a probablement pas exhibée à ses camarades, est-il ahurissant de constater simplement que Pierre est représenté avec l’épée qu’il tirera bientôt du fourreau pour défendre Jésus ?

Pourquoi consacrer de l’importance à ces détails, me direz-vous ? Parce qu’ils constituent le fond qui fait dire à certains que, tout de même, Dan Brown s’est énormément documenté, qu’il a procédé à des vérifications précises, parce que Dan Brown lui-même précise dans cette fameuse première page que « toutes les descriptions d’oeuvre d’art (…) sont avérées« , parce qu’il met en avant sa femme, « historienne de l’art« … une historienne de l’art qui n’aurait pas appris que La Cène de Léonard de Vinci ne représente pas la fraction du pain mais le moment où Jésus affirme à ses disciples que l’un d’entre eux le livrera.

« Le soir venu, il était à table avec les Douze. Et tandis qu’ils mangeaient, il dit : « en vérité, je vous le dis, l’un de vous me livrera. » Fort attristés, ils se mirent chacun à lui dire : « Serait-ce moi, Seigneur ? » Il répondit : « Quelqu’un qui a plongé avec moi la main dans le plat, voilà celui qui va me livrer ! Le Fils de l’homme s’en va selon qu’il est écrit de lui; mais malheur à cet homme-là par qui le Fils de l’homme est livré ! Mieux eût valu pour cet homme-là de ne pas naître ! » A son tour, Judas, celui qui allait le livrer, lui demanda : « Serait-ce moi, Rabbi ? » (Perdu une bonne occasion de se taire, lui, soit dit en passant) – « Tu l’as dit« , répond Jésus. »

Matthieu 7, 20-25

Vous pouvez aussi prendre connaissance de cette analyse :

« Le stimulant que l’artiste emploie pour émouvoir le saint et paisible souper, ce sont les paroles du maître. « Je vous le dis en vérité, l’un de vous me trahira. » Ces paroles sont prononcées, et toute l’assemblée s’agite. Jésus penche la tète, il baisse les yeux ; toute son attitude, le mouvement des bras, des mains, tout répète, avec une résignation céleste les funestes paroles ; le silence même fortifie cette déclaration : « Oui, il n’en est pas autrement, l’un de vous me trahira. »

et des paragraphes qui suivent, en particulier sur l’attitude de Pierre et la raison du positionnement de sa main…

N’y a-t-il pas lieu de les imaginer quelque peu remués, un chouillat courroucés, après avoir été attristés, à l’idée que l’un d’entre eux puisse livrer Jésus ? Dès lors, que penser des sentiments prêtés à Pierre par Dan Brown ?

« A ce point du récit, Jésus, sachant que sa fin est proche, vient de donner à Marie Madeleine ses instructions sur la façon de conduire l’Eglise après sa mort. Et Pierre est furieux d’apprendre qu’il va devoir jouer les seconds rôles sous les ordres d’une femme. C’était probablement un sexiste forcené !

(…)

– Exactement. Jésus fut le premier féministe de l’histoire. Il voulait confier l’avenir de son Eglise à une femme.

Ce que Pierre trouvait fort peu à son goût ajouta Langdon en montrant la grande reproduction de la Cène. Regardez, il est là. Il est très clair que Leonardo Da Vinci avait compris ses sentiments envers Marie Madeleine. » (page 402)

En fin de compte, au travers de l’analyse de ce tableau, nous sommes au coeur de c’te bonne vieille conspiration : l’Eglise devait être dirigée par une femme, et louer le Féminin Sacré, mais Pierre s’est débrouillé pour que ça ne soit pas le cas, lui, le sexiste forcené, dont les Papes d’aujourd’hui sont dits les descendants. Or, lorsque l’on sait que ce tableau représente la scène de la révélation de la trahison, peut-on continuer à penser que Vinci a voulu signifier dans son tableau les sentiments de Pierre à l’encontre de Marie-Madeleine ? Au demeurant, les autres disciples n’ont-ils pas l’air pareillement courroucés et remués ?

Si Dan Brown se trompe de façon flagrante – ou ment aussi clairement – dans cette prétendue « description avérée« , comment peut-on persister à accorder du crédit aux autres de ses affirmations ? Comment peut-on encore affirmer benoîtement : « tout de même, il s’est beaucoup documenté » ?

*

Je ne vais pas, ci-dessous, insister plus longuement sur les éléments de « réfutation«  : les pages (web ou papier) qui lui sont consacrées sont déjà particulièrement nombreuses. Je vous signale en passant Jesus Decoded, pour ceux qui lisent l’anglais, et notamment What’s wrong with the DaVinci Code ? et What do you say to a Da Vinci Code believer ? (Relevons l’expression « Da Vinci Code Believer« , que je trouve particulièrement bien adapté tant certains, qui fustigeront la naïveté des croyants chrétiens se réfèrent avec une confondante ingénuité et une confiance excessive au DaVince Code… jusqu’à entendre « c’est écrit dans le DaVinci Code« …) ainsi que, en français, le site biblio.domuni.org qui propose un autre décodage (Notez que ces deux sites sont cathos, l’un lancé par la conférence épiscopale US, l’autre tenu par des dominicains. Notez qu’eux, à tout le moins, affichent la couleur de leurs convictions. N’est-ce pas préférable que de les cacher sous un « roman » ? Je vous en recommanderais volontiers un troisième, le DaVinci-codex, qui semble être élaboré sous les meilleurs auspices, mais il serait plus sage d’en attendre l’ouverture effective. )…

Il faut tout de même quelques précisions utiles que vous retrouverez assez facilement ailleurs, à savoir que le Pieuré de Sion aurait bel et bien existé, ses statuts déposés le 25 juin 1956 en préfecture, à Saint-Julien en Genevois (Haute Savoie) (l’obsession du complot, page 205), son grand maître étant un certain Plantard, prétendument descendant des mérovingiens et semble-t-il authentique escroc condamné comme tel, décédé en 2000. Notez que Dan Brown reprend ce patromyne comme étant celui des véritables derniers descendants des mérovingiens… Notez aussi qu’en début d’ouvrage, Dan Brown évoque le Prieuré de Sion, créé en 1099, et révèle l’existence de « parchemins connus sous le nom de Dossiers Secrets » découverts « en 1975 à la Bibliothèque Nationale » et qui révèlent les noms des grands maîtres duditPrieuré de Sion… Lisons ce qu’en dit Véronique Campion-Vincent (la société parano, page 34) :

« Les milliers de lecteurs des livres populaires sur Rennes-le-Château prirent néanmoins l’histoire au sérieux, et le Prieuré de Sion, établi par Plantard, fit de nombreuses recrues dans les milieux ésotéristes, surtout lorsque des documents secrets susceptibles de confirmer ses dires apparurent soi-disant à la Bibliothèque nationale en 1975. Cependant, les documents ne furent pas découverts par le personnel de la Bibliothèque, mais par des associés de Plantard qui les avaient introduites dans celle-ci peu auparavant. (…) Leur auteur principal,Philippe de Chérisey (mort en 1985), a confessé sa participation dans une lettre à son avocat où il déplore n’avoir pas reçu de Plantard la compensation financière promise »

Plantard et le Prieuré de Sion ne sont pas les seuls à avoir véritablement existé. Un certain abbé, dont le patronyme, Saunière, sera familier à beaucoup, a également existé (1852-1917). Il est à l’origine de la légende de Rennes-le-Château, légende qui recoupe les thèmes du DVC, c’est-à-dire le mariage de Jésus et Marie-Madeleine, leur descendance réfugiée en France, fondant la dynastie mérovingienne… Un abbé Saunière auquel il fut également reproché une escroquerie… aux messes, le curé indélicat récoltant plus d’intentions de messe (par voie de presse) qu’il ne pouvait en dire. Avouez qu’entre Plantard et Saunière, Dan Brown se trouve en bonne compagnie. Enfin bref, les élucubrations sur Rennes-le-château datent et, comme le dit Charpier, « le travail de réfutation était effectué depuis plus de quinze ans » (page 205).

*

Si le raccourci déplaira à certains, il me semble que Dan Brown fait partie, avec un certain Etienne Chouard, de ces personnes qui trouvent du sens dans leur ignorance. Ignorance dans laquelle ils trouvent, en fin de compte, un refuge confortable. Car, plutôt que de s’intéresser à une véritable signification, contextuelle (comme, semble-t-il, sur certains évangiles apocryphes, dont l’interprétation suppose une exégèse approfondie), Dan Brown en reste au premier niveau de lecture, préférant trouver un sens dans son seul esprit, le sens véritable nécessitant davantage de recherches. Au demeurant, c’est bien Dan Brown qui parle le mieux de lui-même, comme pour se dédouaner :

« L’une des déformations professionnelles des spécialistes de symboles était de chercher un sens caché dans des situations qui n’en refermaient pas » (age 276))

* * *

  • INTERROGEONS-NOUS SUR CE SUCCES…

On l’a vu plus haut : ce n’est pas à sa qualité romanesque que l’on doit attribuer le succès du Da Vinci Code. Non qu’il en soit dépourvu, mais parce qu’il n’en est pas à ce point doté qu’il mérite cette unanimité élogieuse.

Véronique Campion-Vincent en dit notamment (Page 29) que :

« caricaturant l’Eglise catholique, et en particulier le mouvement controversé de l’Opus Dei, le roman de Dan Brown est représentatif d’une époque où l’anticatholicisme est le dernier préjugé acceptable« 

Je ne suis pas loin de le penser mais on nous accuserait de stratégie victimaire (réservé aux autres). Il y a aussi une concordance évidente entre les reproches adressés à l’Eglise catholique et les thèmes de Dan Brown qui, loin de nous gratifier d’une vérité ancestrale, se révèle être, plus prosaïquement, dans l’air du temps : ainsi du refus de l’Eglise d’ordonner des femmes, ainsi de l’incapacité de tant et tant de comprendre, d’accepter le célibat, et la chasteté.

Une autre voie d’explication serait probablement l’inculture religieuse actuelle. Il ne s’agit pas là de regretter que la foi catholique et, davantage, chrétienne, soit moins représentée dans les sociétés occidentales mais, au-delà, de l’absence même de connaissance de la « religion chrétienne » et de ses textes fondateurs. Cette connaissance n’est toutefois pas une « protection » suffisante, certains, pourtant plus qu’informés, n’échappant pas au scepticisme.

A l’évidence également, la mode conspirationniste actuelle formait un bon terreau au DaVinci Code, mode conspirationniste qu’il me tient à coeur d’examiner tant elle me semble être un poison pour notre société, mais qu’il est impossible de détailler davantage ici.

La réponse apportée n’a pas nécessairement non plus été la bonne. Autheuil a raison : « l’aide involontaire de l’église catholique et des fondamentalistes protestants a permis de doper encore plus les ventes en donnant à ce roman un parfum de scandale et d’interdit « si les chrétiens se sentent menacés, c’est qu’il doit y avoir un fond de vérité« . En bon pourfendeur des fautes catholiques, il impute certes à l’ensemble de l’Eglise catholique les erreurs qu’il ne confesse que pour les fondamentalistes protestants, mais c’est exact. Je me souviens d’un ami prêtre qui se refusait à évoquer le fond du DVC, se contentant d’estimer qu’il s’agissait d’un roman, un simple roman. Cette attitude était peut-être la plus sage, mais elle n’est plus efficace lorsque l’on est la seule à la tenir. Pour autant, je ne suis pas certain que la profusion de livres de réfutation émanant notamment de responsables catholiques (Mgr Di Falco, par exemple) et/ou de théologiens (Bernard Sesboüe) soit une réponse judicieuse, les appels au boycott du film étant en revanche à l’évidence une réponse maladroite.

Il ne faudrait toutefois pas oublier l’opération marketing formidable orchestrée autour du DaVinci Code : l’éditeur de Dan Brown a su montrer son savoir-faire, Michael Windsor également, que Dan Brown n’oublie pas de remercier en fin de livre « pour sa sensationnelle couverture« . Attiré par le vent du succès, nombre d’auteurs se sont empressés de se placer dans le sillage du Da Vinci Code pour publier d’opportuns ouvrages dits de réfutation, bien avant, me semble-t-il, les responsables religieux.

Accorde-t-on dès lors trop d’importance au Da Vinci Code ? Après tout, ce livre n’est-il pas encore un épiphénomène à l’échelle de temps de l’Eglise, une tentative de scandale opportune de plus ? Comment le savoir… Une fois si bien imbriqué dans cet air du temps, avec d’autres attaques telles celles portées par un Onfray, peut-on encore espérer donner à ce roman l’importance réelle qu’il a ? Et que sait-on précisément de « l’importance réelle qu’il a » ?

Il faut pourtant, je pense, dénoncer une certaine imposture de Dan Brown, dont le fonds de commerce, entre le DVC et Anges & Démons, semble bien être l’anticatholicisme. Dan Brown camoufle en fin de compte assez habilement ses charges contre la foi chrétienne, et contre l’Eglise catholique, sous un masque de roman historique, s’abritant opportunément lorsque cela s’avère nécessaire sous la fiction du roman, tout en revendiquant la véracité de son fonds documentaire. J’avoue que je préfère encore que l’on assume ses positions dans un véritable essai littéraire.

Lisant le Da Vinci Code, je lui trouvais quelque air de famille, dans son esprit, avec les Protocoles des Sages de Sion. C’est donc avec amusement que j’ai lu le billet de Polydamas, signalant un article publié par un juif (si je le signale comme tel, c’est que cette qualité a son importance et est dûment signalée par l’auteur) : Les Protocoles Da Vinci.

Relevons le même passage que Polydamas :

« Dans les deux théories du complot, une grande et ancienne religion se révèle n’être qu’une vaste escroquerie perpétrée pour acquérir ou conserver le pouvoir »

Une fois de plus, il faut se méfiér de la concurrence victimaire, et du risque de voir accusés les catholiques de tenter de se placer dans le sillage des persécutions à l’encontre des juifs car, si les attaques ne sont jamais plaisantes, elles ne sont encore à l’encontre des catholiques, et dans nos sociétés occidentales, qu’intellectuelles. Les Protocoles des Sages de Sion ont également fait suite à des sicèles de haine et de persécutions contre les juifs… Pour autant, si un texte aussi frustre que les Protocoles – rappelons que le 1er ne dispose pas moins (notamment) que : « Notre devise doit être « tous les moyens de la force et de l’hypocrisie » – a pu avoir le succès que l’on sait, il n’est peut-être pas inutile de s’émouvoir un peu des sentiments qu’un document mieux conçu pourrait entraîner…

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(cf. la « librairie »)

Initialement publié et commenté ici

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