Que voulons-nous sauver ?

Le soleil s’est tout de même levé sur Paris. Après la terrible noirceur, malgré la peine et la douleur, malgré la détresse des familles de victimes et les vies brisées de tant de personnes qui respiraient la vie, la joie et les projets, malgré les tragédies que nous connaissons depuis plusieurs mois, depuis que l’immonde a fait irruption dans notre monde par le fait de l' »Etat islamique », le soleil était là ce dimanche. Symbole de cette vie qui continue, et qui continuera envers et contre tous les attentats qui nous frappent et nous frapperont encore.

Une vie qui continue. Après chaque attentat terroriste, la même réaction, le même réflexe : parce qu’ils veulent porter atteinte à ce que nous sommes, la meilleure réponse à leur donner est de continuer à vivre comme avant. Est-ce vraiment la meilleure réponse ou n’est-ce que notre vœu le plus cher : que rien n’ait changé, que tout soit comme avant, que nous puissions en réalité rembobiner la cassette et reprendre à jeudi ?! Et si ce que nous nous plaisons à dépeindre comme la réaction sobre et digne d’un pays fort et mûr n’était qu’une réaction enfantine, d’ailleurs suggérée par cette réponse : « même pas mal », « même pas peur » ? Un rêve éveillé, « on ferait comme si » il s’était rien passé.

pfpNe soyons pas injuste : depuis ce « je suis Charlie » qui nous rassemblait surtout par son flou, quelques progrès sont perceptibles. La réponse se fait un peu plus consistante. Cette fois, les images symboliques partagées sur les réseaux sont le « pray for paris » et aussi incroyable que cela puisse paraître à un Français qui a vécu les quarante dernières années… le drapeau français, comme une houle profonde sur les photos de profil de Facebook. En janvier, confusément, certains pouvaient rester « solidaires », solidaires des groupes touchés : les journalistes, les juifs. Mais solidaires des autres. C’était pourtant déjà une attaque contre la France. Cette fois, le doute n’est plus permis : ils ont frappé à l’aveugle, la société française dans ses activités de divertissement les plus simples. C’est une évidence : nous sommes tous visés. Nous sommes en guerre, une guerre non conventionnelle et en partie civile, puisqu’elle nous oppose à des ennemis de nationalité française.

Alors, on continue comme avant ?

Sur les réseaux, un « joli texte de soutien à la France » a connu un tel succès que je tremble à l’idée qu’il puisse devenir emblématique, et qu’il nous renvoie ainsi dans une vacuité satisfaite. Publié en commentaire sur le site du New York Times. Il se conclue ainsi « les forces des ténèbres reflueront. Elles perdront. Elles perdent toujours ». Parce que « la France représente tout ce que les fanatiques religieux du monde détestent » : le café en terrasse, les femmes en robe courte, se moquer des religieux comme des politiques, la bouffe, la baise. Qu’un Américain voit ainsi la France est une chose – nous projetons tous quelques fantasmes sur les pays étrangers – mais que tant de Français le reprennent à leur compte est… insatisfaisant. Daic Audouit, journaliste, a une réaction différente en un sens mais aussi très proche de la mienne : l’hédonisme opposé à la charia ne lui suffit pas. La France a autre chose à proposer au monde que le bon vin et la cuisse légère de ses jolies demoiselles. Et, si l’on descend d’un ton dans l’ironie : nous avons plus à donner au monde que la douceur de vivre, même si j’aime aussi la douce France.

Certes, cela fait du bien d’évoquer ces madeleines des temps insouciants, quand les nuages s’amoncellent. Mais si nous nous contentons de reprendre comme avant, cela reprendra comme avant. Notre vacuité produira les mêmes résultats. Si nous ne parvenons pas à discerner davantage ce qui nous constitue, ce qui nous unit, si nous continuons d’oublier la grandeur et la noblesse, si nous continuons à ne viser que la simple jouissance personnelle – j’ai rien contre, notez, mais pas comme absolu – si nous continuons à discréditer notre identité, à dénigrer notre histoire, à mépriser nos pères, notre héritage spirituel et culturel,  nous continuerons de propager une société morcelée, désemparée, désorientée, prompte à laisser ses enfants les plus démunis en pâture aux barbares qui leur fournissent des idéaux frelatés, en quête d’une identité de substitution, et à offrir ses béances comme de grandes portes ouvertes à cet islamisme sanguinaire mais structuré.

Oui, si l' »Etat islamique » nous soigne tant, c’est qu’aux yeux de la barbarie obscurantiste, nous représentons l’ennemi.

12241771_10153304385638736_401034971121131078_nS’il est dommage de devoir en payer le prix, c’est un honneur d’être haï par ces gens-là, y compris dans leur vision un peu datée du pays qui « porte la bannière de la croix ». Pays de la douceur de vivre certes. Mais aussi fille aînée de l’Eglise et pays des Lumières, pays des droits de l’Homme et du citoyen, de la dignité de toute personne, du pardon contre la vengeance, pays d’un universel adossé à une identité profonde, pays d’humanisme, pays dans lequel il n’y a plus ni Juifs ni Grecs, ni homme libre ni esclave, ni homme ni femme, mais une seule personne, un seul peuple portant ce drapeau que dans le monde entier jusqu’en Irak et en Syrie, des hommes et des femmes persistent à regarder comme un étendard de liberté et d’égalité et de fraternité. Alors de grâce, portons haut le regard !

48 commentaires

  • Merci de prêter ainsi votre plume pour formuler ce que je pense. Ce texte, présenté au début carrément comme un article du NYT m’a laissé un arrière goût amer. La France, Paris, nous, ne nous réduisons pas à des « jouisseurs ». Merci.

  • Daic Audouit n’y fait qu’une référence allusive, mais le fameux article de The Atlantic du mois de mars et cité partout depuis http://www.theatlantic.com/magazine/archive/2015/03/what-isis-really-wants/384980/ insistait sur le caractère de messianisme apocalyptique de l’EI, qui est sa finalité bien au delà de la simple création d’un Etat.

    Autrement dit, Daesh est une sorte de secte apocalyptique qui veut jouer son rôle dans l’avènement selon elle imminent de la fin du monde promise par le Coran.

    A ma connaissance, on ne lutte pas contre les sectes apocalyptiques par des « valeurs » ou de la « spiritualité, et d’ailleurs ces sectes prospèrent très bien dans les pays religieux.

    La lutte contre l’endoctrinement sectaire c’est plutôt de la prévention, du soin, et de la surveillance des publications et des discours des gourous.
    Rendue plus délicate ici car Daesh s’appuie rigoureusement sur le Coran.

  • Que voulons-nous sauver? Nos enfants, nos petits enfants, le droit de vivre comme nous l ‘entendons quand nous ne portons tort à personne; la qualité de vie, la douceur de vivre du Lot-et-Garonne pour ce qui me concerne. Un jeune homme de Marmande est mort au Bataclan. Je suis souvent à Montauban, Albi, Toulouse. Je ne rappellerai pas ce qui s’y est passé. Alors, on continue comme avant? J’espère que non. J’espère qu’au fil des commentaires sur ce blog vont se dessiner les moyens que nous devons mettre en place pour faire face à ce qui va se reproduire dans les mois à venir. J’ai confiance. Nous allons réagir. Et trouver des solutions pour contrer la nouvelle forme de guerre qui nous est faite.

  • Merci Koz. J’avais envie d’écrire ça mais j’aurais été lue par 10 personnes ! Je vous suis reconnaissant de l’avoir fait. Je voudrais réagir à la vision « un peu datée  » de la France. Et s’il s’agissait plutôt de la vérité la plus profonde de la France ? J’y songeais tout à l’heure en pensant aux démons dans l’évangile qui reconnaissent la divinité du Christ. Ils savent. Nul doute pour moi que l’EI est une émanation du démon. Et le démon sait que la France est la fille aînée de l’Église et que sa mission est essentielle. Et il ne peut s’empêcher de le reconnaître …

  • En toute sincérité, je considère que vous avez écrit très exactement ce qu’il fallait écrire (et que j’aurais bien voulu être capable d’écrire moi-même). Certains articles de « Libé » croient (ou feignent de croire) que ce que nous défendons s’appelle « hédonisme ». Nous serions bien malheureux, bien creux, bien fatigués, si nous n’avions à défendre que des plaisirs, même légitimes. L’amour de la vie (de la vie pas forcément facile, mais consciente de l’honneur de vivre), la paix, la liberté, la fraternité, la justice, l’égalité, la vérité, la patrie, ça a autrement plus de « gueule ». Pour se détendre, des bistrots; pour tenir debout, des idéaux.

  • Bonjour,
    Je vous lis avec beaucoup d’attention à chaque nouveau billet, mais n’avais jusqu’à présent jamais ressenti le besoin de commenter. Aujourd’hui, je voudrais simplement vous dire merci pour vos mots, si justes.

  • Merci. Une fois de plus.

    On ne peut que souhaiter, ou prier, que cette nouvelle attaque, plus aveugle, ou en tout cas moins ciblée, aide certains à ouvrir les yeux, notamment parmi ceux qui n’avaient pas compris le sens de la minute de silence de janvier. La question posée est bien celle du sens. Et pas uniquement une question de caricatures blessantes.

    En miroir, il faut espérer que nous serons assez lucides pour ne pas sombrer dans la haine, « se nourrir du choc sans jamais le laisser [n]ous emporter » et « être détaché sans être insensible » comme l’écrit Abou Djaffar (http://aboudjaffar.blog.lemonde.fr/2015/11/16/still-standing/).

    Et revenir à ce que nous voulons défendre, fondamentalement. Pour ne pas donner raison à ces tueurs froids et méthodiques.

    Bon courage pour Bruxelles…

  • Merci Koz, comme toujours

    Quel honneur d’être le pays qui porte la bannière de la croix… Je partage tout à fait votre point de vue. On ne peut que constater que le monde regarde bien plus la France que le Liban. Nous avons une vitrine immense, qu’allons nous lui laisser dire ?

  • Oui, vous avez raison Koz, il est grand temps de nous rappeler qui nous sommes, d’où bous venons, et où nous allons.

    Quand nos genoux tremblent, c’est le moment de consolider nos fondations.

    Et si on a peur, qu’on recherche le courage civique. Ce courage, il n’y a pas que le 13 novembre qu’on peut l’illustrer. On peut poser ces petits actes quotidiens qui manifestent notre appartenance à une communauté et notre souci pour nos pairs.

    Remettre en place un vélo tombé par terre dans la rue, tenir une porte pour quelqu’un, saluer un type qui fait la manche, c’est dérisoire, mais ça a le mérite de concrétiser une solidarité de tous les jours et manifester que nous formons un peuple et non un agrégat d’individus.

    Se souvenir que nous sommes une communauté, c’est pas grand chose, mais c’est déjà ça, en attendant le reste.

  • Extrémisme religieux ou extrémisme libertaire ? trouver la 3e voie. Redoubler d’amour et de respect les uns pour les autres déjà, concrètement, aujourd’hui. Veiller sur nos paroles, sur les réseaux sociaux. Changer nos regards, re-choisir ceux qui nous sont proches. Tendre la main, faire le premier pas. Faire entrer la paix dans ce monde, avec les gouttes de notre sang, par nos efforts quotidiens. Haut les coeurs ! Merci de cet article.

  • Le problème, c’est que vous portez si haut le regard que vous risquez d’en tomber en arrière, et de vous faire une mauvaise fracture au bas du dos.

    Les choses sont simples : parmi les différentes minorités présentes en France, l’une pose, depuis de nombreuses années, de nombreux problèmes d’intégration. Qui peuvent venir de la nature de sa religion (à laquelle on ne peut pas grand chose) et de son nombre (qu’on aurait pu, et qu’on peut encore, choisir de limiter).

    Donc nous voulons sauver ce que nous sommes, et la manière de le faire est d’arrêter les politiques d’immigration contre-productives.

  • Le dernier communiqué de presse du PCD http://lepcd.fr/les-president-du-pcd-et-du-mpf-exclus-de-lunion-nationale/ me fait mal en ce qu’il sous entend que nos dirigeants n’ont pas compris .

    On ne lutte pas « contre le terrorisme » qui n’est qu’un moyen d’action, mais contre les causes de ce terrorisme.

    La vacuité de l’hédonisme est aussi une forme de reniement.
    Chrétiens, il nous faut retrouver les racines de la vraie joie. Celle exprimée dans ce beau témoignage par exemple ?
    https://www.youtube.com/watch?v=uQBTKlrx8j4&feature=youtu.be

  • Vous exprimez très bien ce que je peine à penser depuis des mois : comment vivre maintenant ? que gardons-nous de notre héritage ? Qu’accueillons-nous des autres pour le faire nôtre ensemble ?
    Vous m’aidez aussi à clarifier ce qui me gêne dans la répétition satisfaite de ce commentaire (parfois élevé au rang d’éditorial) comme si à l’heure où l’on compte et cherche encore les morts ce sont les télégrammes de condoléances valorisant pour notre ego qui comptaient (je suis certainement un peu injuste, tout le monde n’a pas la chance de pouvoir se tourner vers le Christ quand l’avenir semble s’obscurcir encore).
    Merci !

  • Ouf, merci Koz !
    Hier, à une belle manifestation silencieuse devant l’ambassade de France à Madrid, réunissant espagnols compatissants et français écoeurés, j’ai rencontré une jeune femme d’origine marocaine qui affichait un panneau manuscrit « Less religion, more Champaign » … J’ai longuement parlé avec elle pour essayer de comprendre, car je voyais cela comme une fausse note assez grave. Il s’avère qu’elle est athée, et qu’elle mène un combat médiatique très courageux, car elle y risque sa vie, en faveur de la liberté individuelle au Maroc. J’ai essayé de lui expliquer pourquoi je pensais si fort aux musulmans de France qui ne se retrouvent ni dans le fanatisme islamique, ni dans le fanatisme laicard et sa « religion » intolérante des prétendues avancées sociétales. Je lui disais pourquoi j’avais envie que l’on prenne soin de leur impossible dilemme. Elle était sympathique et intéressante, savait plus que moi sur l’Islam bien sûr, et disait ne pas croire un mot du soi disant « Islam modéré ». Je me retrouvais piteusement à dire que moi je voulais encore croire que leurs théologiens de bonne volonté pourraient peut-être un jour arriver à faire évoluer les choses, notamment en matière d’exégèse (mais comment en être sûre, et dans combien de temps)… Et surtout je lui disait combien je voyais la porte de salut dans « plus de religion », plutôt que dans moins de religion. Ou en tous cas, dans plus de vie de l’esprit si l’on ne veut pas oublier que les athées et agnostiques ont également des choses nobles à dire sur l’homme et la société. Parce que si chacun, dans les deux religions et parmi les agnostiques, approfondissait sa dimension humaine la plus noble, bien sûr que le plus percutant des arguments des fanatiques islamiques, c’est à dire leur accusation de la décadence de l’occident, tomberait plus ou moins en quenouille. Bref tout ça pour dire « merci Koz » car vous me donnez les mots pour continuer le dialogue avec cette jeune femme.

  • Même Léo Ferré allait plus loin que le « joli texte de soutien à la France » :

    « Paname

    Si tu souriais j’aurais ton charme
    Si tu pleurais j’aurais tes larmes
    Si on t’frappait j’prendrais les armes
    Paname
    Tu n’es pas pour moi qu’un frisson
    Qu’une idée qu’une fille à chanson
    Et c’est pour ça que j’crie ton nom
    Paname, Paname, Paname, Paname… »

  • merci pour ce texte fort -Je me dis qu’iil est difficile de répondre à la haine par la haine … et aussi vouloir éradiquer l’état islamique – non comme me le dit une aminaute … ce n’est pas un état mais des terroristes (oui ils répandent la terreur). Ces terroristes ont supprimé toute humanité à celui qui ne pratique pas comme eux … que ce soient leurs frères musulmans (chiites au Liban le 12 novembre) ou nous. Ils ont tiré aveuglément …
    Un député ce matin, parlait de valeurs ; oui, continuer à transmettre les valeurs d’amour à nos enfants … même si quelquefois, on a l’impression que cela ne passe pas trop bien … mais continuer quand même.
    Toutes mes pensées aux victimes de France et d’ailleurs, et à toutes leurs familles.
    Bonne soirée

  • Bonsoir Koz,

    je tire, je crois, des conclusions assez différentes des tiennes. Certes, il serait idiot de limiter le choix entre Daech et les partouzes. Et tout ce que l’on dit sur le terrorisme islamiste, on aurait pu le dire du terrorisme marxisme laïc des années 70.

    Cependant, ces attentats me confirment dans ma conviction que nos biens les plus précieux, ce sont la paix civile, le respect des libertés individuelles, la prospérité, et aussi une certaine civilité politique qui n’empêche pas des débats vigoureux mais néanmoins respectueux (l’Angleterre est pour moi un modèle). Dans ce cadre, libre à ceux qui souhaitent vivre quelque chose de plus spirituel de le faire et d’en parler, mais cela ne doit pas devenir un sujet politique.

    Pour prendre deux exemples idiots, ni les crèches dans les mairies (qui font crier la gauche laïque), ni le mariage gay (qui fait crier certains catholiques) ne justifient pour moi que l’on s’étripe avec mépris mutuel.

    La France a eu un problème avec le marxisme qui nous a empêché d’avoir cette civilité politique pendant longtemps. Alors que le marxisme est en train de mourir, il serait pour moi dommage que l’on perdre cette occasion de construire un consensus pour rentrer dans des « culture wars » entre laïcs et conservateurs religieux à l’image de celles qui ont détruit une autre grande démocratie ces 20 dernières années: les Etats-Unis.

  • En réponse au commentaire du New York Times : Laudato Si, n°229
    « Depuis trop longtemps déjà, nous sommes dans la dégradation morale, en nous moquant de l’éthique, de la bonté, de la foi, de l’honnêteté. L’heure est arrivée de réaliser que cette joyeuse superficialité nous a peu servi. »

  • td a écrit :

    Les choses sont simples

    Je vous arrête tout de suite: le terrorisme est un problème policier, social, militaire, diplomatique, politique et religieux, tous ces facteurs étant mélangés. C’est tout ce vous voulez, mais ce n’est pas simple.

    Koz a écrit :

    Sur les réseaux, un « joli texte de soutien à la France » a connu un tel succès que je tremble à l’idée qu’il puisse devenir emblématique, et qu’il nous renvoie ainsi dans une vacuité satisfaite.

    Bien sûr, célébrer la joie de vivre de la culture française, si on s’arrête à cela, c’est un peu court. Cela dit, c’est assez excusable venant des États-Unis, qui nous voient le plus souvent sous un angle touristique. D’autre part, et même si c’est un peu infantilisant sur les bords, j’accepte volontiers la sympathie que cela nous apporte, et qui s’exprime avec une roborative vigueur.
    Bien entendu, en ce qui nous concerne, nous ne pouvons pas nous contenter de cela.

  • « Cette fois, le doute n’est plus permis : ils ont frappé à l’aveugle, la société française dans ses activités de divertissement les plus simples. »

    -> Alors « nous lutterons comme des lions pour protéger notre ramollissement. » S’attaquer au festif, la faute contre l’esprit occidental. Impardonnable donc.

    « l’hédonisme opposé à la charia ne lui suffit pas. »
    D’autant qu’à la charia on ne saurait plus rien opposer que la vacuité. Les mêmes qui s’acharnent à faire table rase de tout jusqu’au latin et grec, maintenant sonnent le clairons et veulent faire la guerre au nom de fameuses valeurs dont plus personne ne saurait dire le nom, justement.

  • Tu mets le doigt là où il faut (pas d’esprit mal tourné)

    Liste des trucs qu’on fait et qu’ils ne font pas et que je voudrais bien qu’on continue à faire : inventer, créer, chercher, douter, construire, s’engueuler civilement (même si on baisse un peu là-dessus), collaborer avec des inconnus…

    Picoler, jouer à Candy Crush, baiser comme des gnous dans la savane, c’est bien de pouvoir le faire (et je ne suis pas sûr qu’on le fasse tous tant que ça), mais ça ne fait pas une civilisation.

  • Oui, ça fait pas une civilisation, mais ça signe qu’elle est bien là, puisqu’elle laisse à la conscience personnelle le choix de faire le gnou (je la replacerai, celle-là) ou chanter le Psaume 150, selon ce que l’on veut personnellement en son for intérieur, qui est suffisamment assuré pour savoir ce qu’il fait, sans aller chercher le permis et le défendu dans un manuel de comportement. Il a fallu bien plus de 3.000 ans de culture pour en arriver là.

    Suite de la Liste des trucs que l’on va continuer, car il est important de les maintenir contre ceux qui ne veulent pas le faire : oser être soi-même, apprendre à se connaître, s’efforcer de savoir l’Histoire (c’est du boulot), reconnaître le bienfait de l’altérité, risquer de sortir des sentiers battus, s’opposer au conformisme, explorer tous azimuts, remettre en question, annoncer qu’il n’y a pas plusieurs vérités… et pour ceux qui en sont nés, proclamer l’Évangile.

    Et partager tout ça autour de nous, façon semeuse. Car un défaut de transmission, et on revient fissa quelques millénaires en arrière.

  • Lib a écrit :

    Picoler, jouer à Candy Crush, baiser comme des gnous dans la savane, c’est bien de pouvoir le faire (et je ne suis pas sûr qu’on le fasse tous tant que ça), mais ça ne fait pas une civilisation.

    Bonjour Lib,

    prendre du bon temps ne fait pas une civilisation, même si je pense que beaucoup fantasment sur un âge d’or civilisé culturel et spirituel qui n’a jamais vraiment existé.

    Il y a néanmoins deux raisons de défendre un minimum d’hédonisme.

    D’abord, ce sont des solutions à mon avis pragmatiques au besoin de « décompresser » qui n’est pas rempli par les activités plus spirituelles : je prétends ainsi qu’avoir un(e) petit(e) ami(e) à la mode occidentale est une des meilleurs façons de passer sa jeunesse sans tomber dans de graves travers.

    Ensuite, l’opposition à l’hédonisme est pour moi un excellent marqueur des idéologies dangereuses, un « canari de la mine »: les intégristes n’aiment pas cela, les communistes n’aiment pas cela, et dans 1984, « Big Brother » n’aimait pas cela. Il y a évidemment d’autres « canaris », comme le respect d’une vie privée familiale, la liberté religieuse…

  • Je n’ai pas bien compris : quel mal fait ce texte ? À part son caractère anodin, pas très analysé, je ne vois pas bien ce qu’on peut lui reprocher, et ce qu’on peut reprocher aux gens qui y trouvent du réconfort. Il faut vraiment avoir envie de reprocher quelque chose à quelqu’un (ce que je peux comprendre, j’en ai moi-même très envie depuis vendredi soir). Mais pourquoi lui ?

    « Beautiful woman in short dresses smiling freely », « the right to drink wine », « the right to not believe in any god », « to enjoy sex outside marriage », « to read any book you want », « to go to school for free », etc., ce ne sont pas juste des mots en l’air, une liste de petits plaisirs hédonistes occidentaux : ce sont des choses effectivement interdites dans les pays du Golfe et qui seraient effectivement interdites en France s’il n’en tenait qu’aux terroristes.

  • A titre préliminaire, désolé de ma moindre implication en commentaires. Avec la promotion du bouquin, les conférences qui commencent, le temps se fait plus rare.

    ==

    @ tcheni : la question n’est pas de faire du mal ou de faire du bien, mais d’être juste. Après les attentats de janvier, nous sommes retournés fissa à notre routine, à la vie quotidienne, à faire comme avant. Nous ne maintenons plus au-delà de quinze jours l’attention sur un sujet. Il ne s’agit pas de recommencer, et de repartir aussitôt massacrés aussitôt fait dans notre petite vie, célébrant comme notre absolu les choses ordinaires. La reprise massive de ce texte comme s’il constituait la description par excellence de la France est significative, et nous devons être capable de proposer autre chose.

    Et je ne suis pas sûr, d’une part, que le texte ait été rédigé ni compris comme étant une comparaison avec les pays du Golfe, d’autre part, qu’il faille imaginer une comparaison avec ce que serait la France s’il n’en tenait qu’aux terroristes. Au demeurant, je ne suis pas certain que le plus grave de ce qui arriverait à la France si elle était régie par l’Etat Islamique soit le fait de ne pas pouvoir aller à l’école gratuitement ou lire le livre que l’on veut.

    Lib a écrit :

    Picoler, jouer à Candy Crush, baiser comme des gnous dans la savane, c’est bien de pouvoir le faire (et je ne suis pas sûr qu’on le fasse tous tant que ça), mais ça ne fait pas une civilisation.

    Je n’ai jamais joué à Candy Crush et suis assez ignare sur la sexualité des gnous. Je ne me prononcerai donc pas sur ce point. Mais pour le reste, oui, aussi pervers soient-ils, aussi caricaturaux soient-ils, ces terroristes sont le reflet outrancier du désœuvrement et du manque d’idéal des jeunes (et pas uniquement des jeunes, loin s’en faut).

    Jean-Marie Salamito a écrit :

    En toute sincérité, je considère que vous avez écrit très exactement ce qu’il fallait écrire (et que j’aurais bien voulu être capable d’écrire moi-même). Certains articles de « Libé » croient (ou feignent de croire) que ce que nous défendons s’appelle « hédonisme ». Nous serions bien malheureux, bien creux, bien fatigués, si nous n’avions à défendre que des plaisirs, même légitimes. L’amour de la vie (de la vie pas forcément facile, mais consciente de l’honneur de vivre), la paix, la liberté, la fraternité, la justice, l’égalité, la vérité, la patrie, ça a autrement plus de « gueule ». Pour se détendre, des bistrots; pour tenir debout, des idéaux.

    C’est parfait comme propos final.

    Je notais aussi que la chanson la plus téléchargée ces derniers jours a été « Imagine » de John Lennon. Je l’aime bien cette chanson, pour sa mélodie, et son image globale. Mais finalement quand on l’écoute vraiment, « nothing to kill or die for » : aucune valeur pour laquelle nous serions prêts à mourir ? Rien, vraiment ? Ni la liberté, ni la démocratie, au minimum ? Ce n’est qu’une chanson, mais la portée symbolique qu’on lui donne est gênante parce qu’au final, ce monde que Lennon nous demande d’imagine_r est un monde bien plat. Et c’est un monde du commentaire du NYT. Rien de mieux, rien de plus haut dans sa vie. La bière en terrasse au soleil comme but ultime.

    Gwynfrid a écrit :

    Bien sûr, célébrer la joie de vivre de la culture française, si on s’arrête à cela, c’est un peu court. Cela dit, c’est assez excusable venant des États-Unis, qui nous voient le plus souvent sous un angle touristique.

    C’est ce que j’écris d’ailleurs 😉

    Gwynfrid a écrit :

    D’autre part, et même si c’est un peu infantilisant sur les bords, j’accepte volontiers la sympathie que cela nous apporte, et qui s’exprime avec une roborative vigueur. Bien entendu, en ce qui nous concerne, nous ne pouvons pas nous contenter de cela.

    Oui. Ce qui me gêne, ce n’est pas qu’un étranger nous voit comme ça, ce n’est pas le témoignage d’amitié, évidemment, c’est la façon avec laquelle ce texte a été repris de façon massive et repris à son compte par tant de personnes.

    D’ailleurs, ce texte et sa reprise sont surtout intéressants en ce qu’ils sont symboliques d’une vraie tendance. Une tendance Libé, d’ailleurs, qui s’est précipitée pour embrayer sur le Paris hédoniste, trop anxieux à l’idée que l’on puisse revenir sur tout ce que symbolise Libé… et qui nous a donné de si beaux résultats.

    nathmontfort a écrit :

    Et surtout je lui disait combien je voyais la porte de salut dans « plus de religion », plutôt que dans moins de religion. Ou en tous cas, dans plus de vie de l’esprit si l’on ne veut pas oublier que les athées et agnostiques ont également des choses nobles à dire sur l’homme et la société. Parce que si chacun, dans les deux religions et parmi les agnostiques, approfondissait sa dimension humaine la plus noble, bien sûr que le plus percutant des arguments des fanatiques islamiques, c’est à dire leur accusation de la décadence de l’occident, tomberait plus ou moins en quenouille

    Oui, si le « plus de religion » va véritablement dans le sens de travailler ce que chaque religion porte de plus noble. Mais je dois avouer que je ne suis pas plus à l’aise avec un « plus de religion » qu’avec un « moins de religion » (j’ai bien noté toutefois que vous parliez aussi de « plus de spirituel »). Parce que nous ne sommes pas très loin de l’amalgame qui nous est opposé, en nous disant que le problème vient effectivement des religions, sans distinction, alors que la prégnance du terrorisme chrétien ou juif m’échappe un peu. Et particulièrement côté chrétien. Cela dit, oui, dans un premier temps, que l’on commence par chercher chacun à élever nos âmes.

    Piotrch a écrit :

    Quand nos genoux tremblent, c’est le moment de consolider nos fondations.

    Et si on a peur, qu’on recherche le courage civique. Ce courage, il n’y a pas que le 13 novembre qu’on peut l’illustrer. On peut poser ces petits actes quotidiens qui manifestent notre appartenance à une communauté et notre souci pour nos pairs.

    Remettre en place un vélo tombé par terre dans la rue, tenir une porte pour quelqu’un, saluer un type qui fait la manche, c’est dérisoire, mais ça a le mérite de concrétiser une solidarité de tous les jours et manifester que nous formons un peuple et non un agrégat d’individus.

    Se souvenir que nous sommes une communauté, c’est pas grand chose, mais c’est déjà ça, en attendant le reste.

    Vous avez raison. Ce serait au minimum une habitude à prendre, habitude de nature à générer davantage de comportements bienfaisants et, par la force de l’habitude, des comportements bienfaisants sur des enjeux plus élevés.

  • Lib a écrit :

    Liste des trucs qu’on fait et qu’ils ne font pas et que je voudrais bien qu’on continue à faire : inventer, créer, chercher, douter, construire, s’engueuler civilement (même si on baisse un peu là-dessus), collaborer avec des inconnus…

    Entièrement d’accord. Sur les deux derniers de la liste, il y a un peu de boulot, mais il ne faut pas désespérer. Ne le faisant pas, je propose d’ajouter à ta liste ceci: Accueillir généreusement, en commençant par les réfugiés. Voilà qui devrait alimenter, justement, tes deux points.

    Koz a écrit :

    Je notais aussi que la chanson la plus téléchargée ces derniers jours a été « Imagine » de John Lennon. Je l’aime bien cette chanson, pour sa mélodie, et son image globale. Mais finalement quand on l’écoute vraiment, « nothing to kill or die for » : aucune valeur pour laquelle nous serions prêts à mourir ? Rien, vraiment ? Ni la liberté, ni la démocratie, au minimum ? Ce n’est qu’une chanson, mais la portée symbolique qu’on lui donne est gênante parce qu’au final, ce monde que Lennon nous demande d’imagine_r est un monde bien plat.

    Bien d’accord. La chanson est très belle, mais on l’utilise comme porte-parole d’une version molle du pacifisme.

    Koz a écrit :

    D’ailleurs, ce texte et sa reprise sont surtout intéressants en ce qu’ils sont symboliques d’une vraie tendance. Une tendance Libé, d’ailleurs, qui s’est précipitée pour embrayer sur le Paris hédoniste, trop anxieux à l’idée que l’on puisse revenir sur tout ce que symbolise Libé… et qui nous a donné de si beaux résultats.

    Ça se comprend, car c’est un peu le Paris de Libé qui a été frappé. Ce réflexe de célébration de ce qui leur est cher est aussi une réaction de repli sur soi. En la circonstance, je ne peux pas leur en vouloir, mais , là aussi, il faut savoir aller au-delà.

  • Koz a écrit :

    Libé, d’ailleurs, qui s’est précipitée pour embrayer sur le Paris hédoniste

    Et beaucoup suivent.
    J’ai vu l’article de Marcela Iacub paru justement le matin même du 13 – qui expliquait en gros que si les terroristes jihadistes l’étaient, c’était par frustration sexuelle, et que si on leur mettait des gonzesses dans les pattes (et le plumard) tout irait pour le mieux dans le meilleur des baisodromes possibles. J’ai hésité entre la consternation (comment peut-on être obsédé sexuel à ce point, pour projeter ce seul sujet comme le moteur du monde pour tous) et l’éclat de rire (ça ne mérite pas plus). Mais c’est la consternation qui l’a emporté quand j’ai vu que des contacts de contacts facebook (je n’ai – par chance ou par choix pas si malheureux de mes « amis » ? – pas de contact direct aussi gravement atteint) adhéraient sincèrement et sans second degré à cette « thèse ».

    Bref, il est grand temps de (re)commencer à témoigner, avec assez de force pour que ce soit sensible, qu’il y a « un peu » plus en France et en Occident, et un peu plus spirituel, que cet hédonisme décomplexé !

    (Donc merci pour ce billet, en ce sens, voir aussi l’article de Madeleine de Jessey, entre autres…)

  • De la part d’un Français en poste à l’étranger, je constate que ce n’est pas forcément l’atteinte à l’image quelque peu caricaturale de la France qui choque les peuples en général. Les nombreux témoignages de soutien sont motivés en grande partie par la vision de l’humanité bafouée et de la transgression des règles élémentaires du « bon vivre-ensemble » (quoique je sois un peu cynique quant à ce terme en raison de sa vacuité…).

    Il me semble convenir d’exprimer massivement, en France, le désir, chrétiens ou autres, de revenir à une société motivée par un sens un tant soit peu transcendant, quelque chose qui unisse la nation française un peu mieux que cette caricature bien vide, à bien y réfléchir…
    Ce vœu peut prendre le pas sur les réticences politiques à proposer un projet un peu éclairé, quitte à apparaître illuminé face au dénigrement permanent de la presse à succès.

    Je l’espère en tout cas, prions.

  • Koz a écrit :

    Oui, si le « plus de religion » va véritablement dans le sens de travailler ce que chaque religion porte de plus noble.

    C’est exactement ce que j’entendais par « plus de religion ». Approfondir ce qu’il y a de plus spirituel en nous, approfondir la vie de l’esprit, par le chemin de la religion si on en a une mais pas seulement, ou par d’autres chemins si on est agnostique. Car la vie de l’esprit germe aussi hors des religions bien sûr. Découvrir cahin-caha le fond sacré de tout être, c’est bien le chemin commun et incontournable. Pour ceux qui ont une religion, cet approfondissement doit pouvoir déjouer le piège d’en faire un système social uniquement. Je sais que ce point est particulièrement problématique dans l’islam, mais quand je lis le philosophe Abdennour Bidar, je m’autorise à croire que ce sera possible un jour (http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/11/19/31003-20151119ARTFIG00002-abdennour-bidar-les-musulmans-doivent-passer-a-la-responsabilite-de-l-autocritique.php). Cela ne m’empêche pas de croire que le chemin du Christ est la vérité et la vie, voire d’oser le dire quand j’en ai l’occasion, mais je respecte que chacun le découvre à son heure, au fond de sa conscience que Dieu lui-même aura guidée. C’est dans ce sens que le « plus de religion » ne risque pas l’intolérance : je le vois comme un ferment pour découvrir mieux le sacré de tout être. Merci encore de ce billet

  • Gwynfrid a écrit :

    j’accepte volontiers la sympathie que cela nous apporte, et qui s’exprime avec une roborative vigueur.

    J’ai pleuré de rire, merci pour votre lien https://www.youtube.com/watch?v=glxh9ZgP7kc ! Ça détend !

    Lib a écrit :

    Liste des trucs qu’on fait et qu’ils ne font pas et que je voudrais bien qu’on continue à faire : inventer, créer, chercher, douter, construire, s’engueuler civilement (même si on baisse un peu là-dessus), collaborer avec des inconnus…
    Picoler, jouer à Candy Crush, baiser comme des gnous dans la savane, c’est bien de pouvoir le faire (et je ne suis pas sûr qu’on le fasse tous tant que ça), mais ça ne fait pas une civilisation.

    Tellement bien dit et efficace. Cela évoque bien ce qui me fait vibrer, et je crois que cela devrait être audible de tous..

  • Ce matin, entendu sur France Bleue l’annonce des prêches dans les mosquées, afin que nous soyons unis « autour du pacte républicain » dixit le présentateur.

    Et je me suis dit que non, j’aurai préféré qu’il parle de notre unité dans l’amour de la France;

    Ces pactes dans tous les sens, ça commence sacrément à m’énerver;
    D’autant que l’association des maires de France commence à dérailler dans son dernier hors série, un vade mecum de la laïcité assez consternant coté « préconisations »

    (lire les préconisations du type « Dans ce cadre, la participation à des cérémonies religieuses, en tant qu’élu, devra se faire dans le strict respect de la neutralité
    républicaine, c’est-à-dire sans manifestation de sa propre croyance ou non-croyance »)
    Mince, je ne dois plus faire de signe de croix quand j’assiste à la messe du 11 novembre!!!

    et je ne vous parle même pas des préconisations de la page 14 …

    « La programmation culturelle d’une commune peut naturellement comporter des moments artistiques à connotation religieuse (exemples en matière musicale : un concert de musique soufie, de musique juive, de Gospel ou une messe de la passion de Bach) mais à condition de respecter équilibre et diversité »

    http://www.amf.asso.fr/document/index.asp?DOC_N_ID=14082&TYPE_ACTU=

  • Pingback: Adresse à l’Association des Maires d’une drôle de France | Koztoujours

  • Mon commentaire sur le billet du 15 décembre, et surtout sur les évènements du 13 décembre paraîtra sans doute bien tardif (10 jours, c’est déjà la pré-histoire dans la blogosphère) mais je voudrais relever un autre signal qui nous est venu d’outre- atlantique, quelques jours les attentats de Paris, et qui ne devrait pas être indifférent à ceux qui veulent honorer la culture française. Il s’agit de la mort du philosophe René GIRARD. philosophe français installé depuis de longues années aux Etats-Unis, et qui a mis à jour les liens étroits qui se nouent entre l’individu, le corps social et la violence ; qui a montré à quel point la violence et le sacré fonctionnaient en miroir et à quel point les religions avaient maille à partir avec cette réalité anthropologique. jusqu’au paroxysme et au renversement que représente la mort de Jésus-Christ (Le bouc-émissaire).
    Le rapprochement de ce message, posthume, et de ce qui nous agite en ce moment, me semble aussi une invitation à ouvrir les yeux, peut-être de manière nouvelle, sur toutes les violences dans lesquelles nous sommes aspirés. Derrière chaque évènement dramatique proche ou lointain qui a ses explications propres, comment ne pas voir une spirale de violence à multiples facettes qui gangrène nos sociétés repus : de l’intérieur comme à l’extérieur.
    Or tout ceci n’est pas une fatalité. Derrière tout ces mécanismes dévastateurs, il y a des explications ; derrières ces explications, il y a des ressorts humains ; derrière ces ressorts humains, il y a des interpellations possibles, collectives et individuelles ; derrières ces interpellations, il y a des conversions, des réconciliations, des pardons possibles.
    La boîte à outils existe pour cela ; la doctrine sociale de l’Eglise et Laudato Si en font partie. Donc rien n’est perdu.

  • Bonjour Koz,

    Je ne suis pas d’accord avec vous. Je n’ai pas la même définition de l’hédonisme que vous. S’il s’agit de plaisir immédiat, de consommation et d’individualisme effréné (ce qui je crois et plus épicurien qu’hédoniste) je ne défends pas cela non plus. Mais pour moi l’hédonisme c’est autre chose. C’est apprécier la vie plus globalement et comprendre que si l’on veut en « jouir » en plénitude et en profondeur, il faut construire dans la durée son rapport à son environnement familial, amical, sociétal et même matériel. Nul besoin de religion pour ça.

    Lorsque j’étais enfant, le père Patrice au catéchisme nous disait que s’il n’y avait pas de femmes parmi les apôtres c’est qu’au temps de Jésus personne ne les écoutait, mais que s’il revenait aujourd’hui il y en aurait surement. J’ai entendu un prêtre dire sur France Inter l’autre jour pour justifier l’absence de femmes dans la prêtrise que Jésus n’avait pas choisi de femmes pour l’accompagner (Marie-Madeleine peut aller se rhabiller) et qu’il fallait suivre son exemple.

    Ceci me semble emblématique d’une évolution actuelle de l’église. J’ai été éduquée dans cette église catholique post soixante-huitarde des années 80 qui s’ouvrait et se modernisait. Les églises depuis se sont vidées. Qui reste-t-il ? Mes parents qui sont croyants et pratiquants reconnaissent eux-mêmes que les nouveaux prêtres sont globalement plus rigides et fermés que leur prédécesseurs. Mes amis croyants ne pratiquent plus trop, ils ont du mal à se reconnaitre dans cette évolution.

    Cela m’amène à me poser la question de la capacité de la religion à se séculariser sur le long terme. Depuis 1905 le catholicisme s’est progressivement sécularisé en France, l’église s’est ouverte et… les gens sont partis. La religion peut-elle se maintenir dans la durée sans une forme de fermeture ? Je formule l’hypothèse que non. L’opinion d’autres personnes m’intéresse sur ce sujet.

  • Je suis peiné par l’apparition d’un nouveau hashtag: je suis Paris.
    Je suis à l’étranger et pas parisien, pourtant je me sens tout autant concerné par ces événements… Parce que je suis Français.

    Que voulons-nous sauver? La même chose que tous ces gens, Français ou non, qui sont choqués par les horreurs commises récemment. Je dirais qu’il s’agit de tout ce qui fait la dignité de l’homme, comme être social ET spirituel. Ça tombe bien, cela semble être le moment de le rappeler aussi à nos concitoyens qui perdent le Nord.

  • Leodie a écrit :

    Mais pour moi l’hédonisme c’est autre chose. C’est apprécier la vie plus globalement et comprendre que si l’on veut en « jouir » en plénitude et en profondeur, il faut construire dans la durée son rapport à son environnement familial, amical, sociétal et même matériel.

    Le problème est de s’entendre sur les mots. Mais pour cela, leur définition est tout de même assez utile. Ce n’est pas que l’hédonisme soit autre chose, c’est que ce dont vous parlez, ce n’est pas l’hédonisme.

    Leodie a écrit :

    Ceci me semble emblématique d’une évolution actuelle de l’église. J’ai été éduquée dans cette église catholique post soixante-huitarde des années 80 qui s’ouvrait et se modernisait. Les églises depuis se sont vidées. Qui reste-t-il ? Mes parents qui sont croyants et pratiquants reconnaissent eux-mêmes que les nouveaux prêtres sont globalement plus rigides et fermés que leur prédécesseurs. Mes amis croyants ne pratiquent plus trop, ils ont du mal à se reconnaitre dans cette évolution.

    Je ne partage pas vos constats mais, tout de même, il n’y a pas quelque chose qui vous chagrine : une Eglise qui s' »ouvre » et se « modernise » se vide ? Vous ne pensez pas que cela relève peut-être de votre conception de l’ouverture et de la modernisation, voire d’autres erreurs comme l’absence de transmission, ou encore de tendances plus lourdes, non propres à l’Eglise.

    Les partis et les syndicats se vident aussi.

  • @ Leodie:
    Je vous propose d’autres raisons à l’exode des Eglises. J’ai 62 ans. Je vis dans les Landes, le Lot-et-Garonne, le Tarn. Régulièrement je vais en Gironde. Un peu moins souvent dans le Gers, le Lot et la Dordogne. Dans les départements que je viens de vous citer les Eglises se sont vidées au fur et à mesure qu’ont disparu les familles paysannes catholiques. Ce sont elles qui fournissaient en majorité tous les ans des prêtres et des religieuses à l’Eglise catholique. Le phénomène a commencé à la fin de la seconde guerre mondiale et s’est accélérée à partir de Valéry Giscard d’Estaing. Je me risque maintenant à une deuxième explication. Dans les campagnes où je vis et où je me déplace il y a de moins en moins d’hommes pour mouiller leur chemise pour l’Eglise catholique. Pourquoi? Je ne sais pas. Pour terminer sur une note moins tristounette voici un lien: http://abbayesaintemariedurivet.com/historique/labbaye-du-rivet/index.php. Sur les 800 ans de vie religieuse sur ce site il y a eu des périodes de l’Histoire de notre pays où il n’y a plus eu ou presque plus eu de religieux. Alors ne désespérons pas trop. Et puis la vie religieuse ce n’est pas que dans l’Eglise que nous pouvons la rencontrer. Qu’en pensez-vous?

  • @ Koz:

    Pour vous qu’est-ce que c’est que l’hédonisme ?

    Peut-être me trompè-je sur la définition. Mon propos était de dire qu’on n’est pas réduits à choisir entre la religion et le veau d’or. Il y a d’autres alternatives.

    Quant à ma conception de l’ouverture et de la modernisation, elle passe entre autre par l’égalité homme/femme dans la complémentarité, pas pour vous ?

    Au sujet de la transmission, mon éducation catholique et celle de beaucoup de mes amis s’est poursuivie jusqu’au début de l’âge adulte en et hors famille. J’ai rencontré dans mon parcours nombre de belles personnes et même des personnes rayonnantes auxquelles la foi donnait des ailes. Elles ne volaient malheureusement pas toutes dans la même direction… bienveillance, bonté, charité voisinent allègrement avec intransigeance et prosélytisme, comme revers indissociable semble-t-il de la même médaille. Finalement, je préfère garder les pieds sur terre et avancer laborieusement dans la direction que je crois juste.

    Je note effectivement qu’il y a un désengagement plus global, au-delà de la religion, c’est juste. Ou peut-être plutôt un engagement moins institutionnel envers des entités perçues comme moins dogmatiques (associations, parents, enfants, tissu social de proximité). Pour ce qui est du politique et du syndicalisme, on ne pourra plus longtemps faire l’économie d’un réinvestissement de ces sphères sous peine de voir disparaitre la démocratie. Pour la religion, selon moi il n’y a pas péril en la demeure, mais il est à craindre qu’on ne me demande pas mon avis.

    Il est vrai jfsadys que la déchristianisation accompagne l’exode rural mais ce n’a pas été autant le cas dans d’autres pays urbanisés. Et certes, on peut sans doute vivre sa foi (mais plus difficilement sans doute) hors de la religion. Cependant pour moi cette question ne se pose pas puisque je ne suis pas croyante.

    Peut-être ma théorie n’est elle pas fondée. Je me demande malgré tout si la religion peut survivre sans des épisodes réguliers de durcissement et une rigidité dommageable qui lui semble historiquement intrinsèque.

    Assez pour aujourd’hui

  • Leodie a écrit :

    Pour vous qu’est-ce que c’est que l’hédonisme ?

    Peut-être me trompè-je sur la définition. Mon propos était de dire qu’on n’est pas réduits à choisir entre la religion et le veau d’or. Il y a d’autres alternatives.

    Comme l’hédonisme ?

  • @ Koz:
    Bon, c’est malin, vous m’avez obligé à regarder la définition d’hédonisme.
    Et me rendre compte que j’inversais épicurisme et hédonisme (pourtant il me semblait bien que…)
    Si on commence à être rigoureux, on ne va pas s’en sortir.
    Donc plutôt tendance Epicure pour moi. Et je maintiens que c’est préférable au religieux ou au « tout à la consommation ».

  • Bonjour à tous, en particulier à Leodie,
    Une interrogation me demeure: l’épicurisme donne-t-il un sens suffisant pour faire avancer, même laborieusement, vers ce qui semble juste? Et quand bien même ce serait, l’humain et la personne propre étant le centre de cette réflexion, comment établir une direction générale si chacun va là où le porte sa conscience?
    Vous semblez accorder du crédit à une thèse émise en économie selon laquelle la somme des intérêts particuliers concourt à l’intérêt général. Force est de constater que dans des mécanismes sociétaux, cette thèse trouve des arguments contraires.

    Je suis pourtant d’accord avec le fait de se réinvestir en politique et dans la société plus globalement, au risque de perdre ce qui nous reste du concept de citoyen. Quant à la religion, j’avoue avoir du mal à exprimer une foi sans attache à une « mouvance religieuse »; il me semble que la manière dont une religion se définit permet d’identifier une foi. Au-delà, je ne vois qu’une forme d’animisme avec un grand Tout indéterminé (je prie de m’excuser ceux que je pourrais blesser en écrivant cela).

  • @ dljsouris:

    Bonjour dljsouris et tous (si certains lisent encore 10 jours après :-).
    Pour moi, il ne s’agit pas de penser uniquement au bien-être individuel à court terme. Et pour pousser les choses dans le bon sens, il faut savoir s’associer, on ne peut pas suffisamment tout seul (même si les actions individuelles font une différence). S’associer c’est faire des compromis car sinon il y a autant d’avis différents que de personnes et on ne va nulle part (simple pragmatisme). Il s’agit simplement de ne donner un blanc-sein à personne. Je peux m’associer avec des personnes ayant des idées et intérêts convergents pour faire un bout de chemin ensemble, mais si le collectif s’éloigne trop de ce qui est convenu au départ, j’abandonne le navire. Je suis prête à m’engager, mais en CDD renouvelable en quelque sorte.

  • @ Leodie:

    Je comprends l’idée du CDD renouvelable en fonction de l’objectif poursuivi. Il me semble pourtant que certains domaines dits collectifs ne supportent pas de compromis, comme l’idée de nation, de culture référente à une histoire ou de valeurs défendues par choix. C’est d’ailleurs le grand intér^et de la démocratie (au moins dans le principe): proposer un projet sur des bases communes. Libre ensuite à chacun de soumettre ses propres requ^etes à ce projet. Et alors intervient le consensus, que je préfère au compromis.

    Quant à la religion et à son évolution, je ne pense pas que l’on puisse y appliquer un CDD pour permettre une plus large compromission. Car il para^it que c’est de cela qu’il s’agit: on demande à l’Eglise de s’adapter pour que tous puissent accorder sa doctrine et leur vie. Or l’Eglise est un instrument transcendant fait pour l’Homme, donc elle propose un message immuable pour l’élever, pas un guide pour « ^etre bien dans la vie de tous les jours ». Bien s^ur, cet appel est quelque fois difficile à entendre et surtout à suivre mais l’Homme n’est pas spirirtuel pour rien.

  • J’aime beaucoup votre article. Le rôle singulier de la France dans ce conflit m’est apparu aujourd’hui dans un document émis par Citibank. Il listait les motivations des différents intervenants dans le conflit Syrien. Et le seul Etat qui selon cette banque désirerait comme premier objectif la défaite de l’Etat Islamique et bien se serait la France, même les États Unis et la Grande Bretagne n’auraient comme objectif stratégique que son « confinement ». Les autres Etats eux seraient motivés par des objectifs divers et variés. On nom de ses valeurs la France doit dénoncer les crimes de l’Etat Islamique pour ce qu’ils sont, des crimes contre l’humanité, et demander l’instauration d’un tribunal international pour juger les dirigeants de l’Etat Islamique. L’effet sur notre jeunesse radicalisée d’une telle condamnation serait salutaire.

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