« Il faut mettre l’Homme au centre de toutes choses ». La traduction concrète de ce mantra aussi sympathique qu’il est usé m’a longtemps échappé, et les politiques m’ont rarement aidé à le saisir, trop appliqués qu’ils étaient à le répéter sans l’incarner. Mais aujourd’hui, le monde crie que l’humanité nous quitte, qu’elle fuit de toutes parts, comme s’écoulerait l’eau entre les lames d’un parquet, ne laissant plus apparaître que la structure, et la techno-structure. Au cœur d’un mouvement sans précédent, les avocats redoutent la disparition des plus fragiles d’entre eux, qui s’occupent des plus fragiles d’entre vous. Ce sont ceux qui traitent les petits litiges, accompagnent les mineurs isolés, visitent les prisonniers. Dans les prisons justement, se développent les audiences par visioconférence, parce qu’une extraction judiciaire, c’est un budget. Au milieu de nos déserts médicaux, s’implantent des télécabines de médecine. Dans les hôpitaux, les chefs de service démissionnent par dizaines. Les soins palliatifs auxquels, par convenance, les politiques clament leur amour, voient en vérité leurs budgets attaqués : dans l’Aude, en deux ans, leur financement a chuté de près de 40%. L’hôpital public préfère mettre son argent et son orgueil dans des équipements rutilants plutôt que dans le geste, la présence, l’écoute. Dans leurs meilleurs moments, les Gilets Jaunes criaient leur besoin de reconnaissance, de lien social, humain quand disparaissent non seulement les services publics mais, à leur suite, les services privés. Et dans un bouquet final en forme de lapsus législatif, la majorité fait l’aveu d’une approche gestionnaire et techno là où pleure toute humanité : la perte d’un enfant.
Notre économie est la sixième économie mondiale, notre pays est l’un de plus riches au monde. Soyons bruts : où passe l’argent ? Ce pays ne semble plus capable que de procéder à des économies misérables et des ajustements comptables. Où est la politique ? Où est l’Homme ? Quelle est la « raison d’être » de la France ? Où sont nos priorités ? Dans la perpétuation d’un système, financier bien souvent ? Nous avons besoin d’une révolution humaniste, plaçant effectivement l’Homme – ce qui en prend soin, ce qui le fait grandir – au sommet de chaque politique, et non les seuls budgets. Au risque de la paraphrase, ou de l’inspiration, la finance, l’économie, est faite pour l’Homme et non l’Homme pour l’économie.
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Merci pour cet article Koz.
Est-ce vraiment le problème de « mettre l’homme, etc. ? »
Dans un pays qui trouve de l’argent pour finance la PMA pour toutes mais pas pour financer les soins palliatifs, le problème n’est pas « une vision comptable étriquée », mais la dérive de la démocratie (Platon avertissait déjà du danger…) en instrumentalisation par les « sophistes » de l’individualisme égoïste. Mais le salut n’est certainement pas dans l’abandon de la démocratie.
La démocratie, à la base, n’est pas un système parfait comme tend à le faire croire le politiquement correct.
Cette modeste chronique ne prétend pas faire le tour de l’ensemble des problèmes de notre société contemporaine.
Pour ce qui est de la démocratie, Michel, je ne serais pas bien original en rappelant que « c’est le pire des régimes, mais le meilleur que l’on ait trouvé » (selon Churchill). Le côté éculé de cette citation suffit peut-être à démontrer que « le politiquement correct » a assez bien conscience de l’imperfection du régime.
Merci Koz pour ce cri du coeur. Je cherche, je cherche ce que je peux faire pour contribuer à mon petit niveau à cette revolution…