« On va continuer de donner plus de moyens et j’en serai le garant devant vous » (Discours lors de la réception pour l’avenir de la recherche française, Emmanuel Macron, 7 décembre 2023). « Le cap est clair, la loi de programmation va permettre de sanctuariser des moyens historiques pour la Justice » (Eric Dupont Moretti, 31 août 2023). « Nous faisons le choix historique de ne pas restituer d’emplois enseignants alors que le nombre d’élèves continuera de baisser » (Gabriel Attal, 21 décembre 2023).
Vient le décret du 21 février 2024, portant annulation de crédits. Recherche : – 900 millions d’euros. Education Nationale : – 700 millions. Justice : – 330 millions. Et alors qu’Emmanuel Macron avait lancé le 16 avril 2022 « La politique que je mènerai dans les cinq ans à venir sera écologique ou ne sera pas », à l’écologie : – 2 milliards d’euros. Dans ce dernier cas, près de deux ans se sont écoulés entre la déclaration et son abandon. Mais il n’a pas fallu attendre six mois entre ces autres annonces solennelles de moyens renforcés et les annulations de crédits, pour un total de 10 milliards d’euros. Alors fallait-il faire ces annonces ? Avec cette solennité et, même, cette intensité dramatique ? Est-ce l’annulation de ces crédits qui est révoltante ou leur engagement qui était téméraire ? Mais comment peut-on, en six mois de temps, soulager tant d’attentes pour les frustrer si vite ?
Même l’affichage de la rigueur, par ces annonces, est à relativiser, au regard des 3.100 milliards d’euros de dette de la France. L’endettement de la France est largement supérieur à la moyenne européenne (112% de son PIB, pour une moyenne à 89,9%). La France est, surtout, le 3ème pays le plus endetté de l’Union Européenne, devant la Grèce et l’Italie. Ce sujet n’intéresse pourtant guère les Français. Le choix de François Bayrou d’en faire un élément central de ses campagnes de 2007 et 2012 honorait davantage son sens des responsabilités que son flair politique, dans un pays où l’on préfère croire à l’argent magique et, désormais, rêver d’un « quoi qu’il en coûte » généralisé. Si le recours à la dette est légitime, qui ne voit qu’elle finira par nous étrangler, si tel n’est pas déjà le cas aujourd’hui ? Qui ne voit que nous renonçons déjà à fournir des services publics honorables faute de moyens – que l’on tourne le regard vers notre Justice dont les palais prennent l’eau, vers nos hôpitaux frappés par les scandales, ou que l’on contemple le Grand Âge, défi incontournable mais mur budgétaire, dont la politique va de reports en renoncements ? Qui ne comprend que nous délaissons de bonnes politiques faute de marges de manœuvre ? Ces enjeux n’autorisent ni la godille ni la dérive. Mais on désespère qu’un politique ait jamais le courage de proposer une véritable vision pour le pays, faite de priorités claires, d’assumer les mécontentements et les Français, de le suivre.
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Excellent article !
Tellement triste réalité ! Et ce n’est pas fini !
Après les hommages (à mon avis très hypocrites) des mêmes gouvernants à Robert Badinter qui a réussi à faire voter la loi pour l’abolition de la peine de mort en France et qui militait pour la défense de la vie humaine, très probablement ils vont prochainement valider une loi pour que des êtres humains donnent la mort à d’autres êtres humains, que ce soit par « le suicide assisté », ou par l’euthanasie. Il passera donc à la postérité comme le Président de la promotion et de la défense de la suppression de la vie humaine par l’humanité elle même (IVG, Euthanasie, « Suicide assisté »).