L’Eglise va-t-elle crever la bouche ouverte ?

egliseC’est la deuxième fois qu’à ma grande surprise on me qualifie de « rebelle ». La première fois, c’était Jean-Marie Guénois, pour Le Figaro Magazine. Aujourd’hui, c’est Jérôme Cordelier – un rebelle, « au-delà des apparences » – pour Le Point de cette semaine et je me suis laissé allé à penser que ce n’était pas exactement dans la même perspective. Ce week-end, Le Figaro Magazine me faisait encore l’honneur d’une recension de mon livre[1]  et me qualifiait de « catholique de combat ». Aujourd’hui, Le Point me qualifie entre autres de « catho de choc », « en résistance contre un milieu catholique « angoissé par les changements » » et retient spécialement ce propos de ma part:

Si l’Eglise ne change pas, on va tout simplement crever la bouche ouverte…

En somme, pour reprendre les catégories que nous adorons détester, l’un souligne davantage le rebelle conservateur et l’autre met plus en avant le rebelle progressiste. Alors, incohérence, propos fluctuants ? Si seulement cela faisait de moi un rebelle catholique… Car au-delà de ma personne – dont je ne prétendrais pas toutefois, en simulant une humilité de bon aloi dans le milieu, qu’elle m’est indifférente – je pourrais partir en paix si cela disait précisément quelque chose des catholiques.

Plus que moi d’ailleurs, il faut voir le pape François lui-même. Entre nous, à se fier aux apparences, l’auriez-vous dit rebelle, cet homme qui traversait la place Saint Pierre pour se rendre au conclave, sa redingote noire sur son costume noir également ? Voilà d’ailleurs une bonne nouvelle : l’Eglise suscite des hommes tels que lui, rebelles « au-delà des apparences », quand le monde en produit tant d’autres, qui n’ont que les apparences de la rébellion. Oui, le pape François m’inspire, autant dans sa rigueur doctrinale que dans son souci de trouver les chemins vers le monde.

Alors donc, allons-nous crever la gueule ouverte si nous ne changeons pas, et quel pourrait être ce changement ?

Comme je le dis à la fin de cette vidéo[2], comme je l’ai dit aux Etats Généraux du Christianisme – et à vrai dire, comme je l’ai écrit dans le chapitre de mon livre intitulé « L’Eglise, force de projection en Opex » – je ne partage en aucun cas les réticences encore affichées par quelques catholiques à l’encontre du pape François et de ses intuitions prophétiques.

Bien sûr, je comprends que, lorsque le monde change, que même le repère le plus intime qu’est la famille est touché, que la mondialisation nous remet en question, que notre identité est bousculée, que certains vont jusqu’à évoquer la fin d’une civilisation, que tout semble donc se dérober sous nos pieds, l’on souhaite qu’au moins l’Eglise reste stable et sûre, que la doctrine ne change pas et qu’en particulier, elle ne se mette pas, elle aussi, à toucher à la famille. Stat crux dum volvitur orbis. Je le comprends tellement, moi qui ait tant apprécié la stature de Benoît XVI, moi que sa belle stabilité ce matin de septembre 2008 aux Invalides a tant influencé.

En ce domaine comme en d’autres, même si c’est naturel, je crois que notre salut est dans le mouvement. Comparaison n’est pas raison, et la métaphore militaire se prête bien peu à l’Eglise mais voilà, la forteresse n’est pas une option : nous devons impérativement tenter une sortie. Une autre image me vient, celle de personnes serrant des deux mains contre elles un trésor, une châsse sainte, emportant le trésor avec elles dans un précipice plutôt que de tendre une main.

Les meilleures images sont celles que le pape François lui-même a données :

  1. Le Christ est à la porte, il frappe à cette porte, mais il frappe de l’intérieur pour que nous le laissions sortir, pour que nous le laissions aller sur les chemins proclamer la Nouvelle, plutôt que le garder en nos églises (source);
  2. Du troupeau de cent brebis, il ne nous en reste plus qu’une, une seule. Ce n’est plus la brebis perdue, mais les 99 brebis perdues. Et cette brebis, nous voudrions rester à la caresser, à la brosser, pour qu’elle soit belle. Elle-même souhaiterait tant qu’on la cajole, qu’on la conforte. Combien de catholiques ont-ils ainsi envie que leurs prêtres et jusqu’au pape leur disent comme ils font bien, comme ils sont de bons catholiques, qu’ils ne les bousculent pas trop ?! Et combien, même, vont jusqu’à laisser planer la menace de leur départ – voire d’un « schisme silencieux », des progressistes hier sous Benoît XVI, des conservateurs sous François – pour retenir le berger ? Cette brebis, au demeurant bien confortée par Benoît XVI, doit avoir le courage et la maturité de se garder toute seule pendant que le berger part rechercher les autres. Et même, qu’elle l’accompagne ! (source)
  3. « Je vois l’Eglise comme un hôpital de campagne après la bataille. Il est inutile de demander à un blessé grave s’il a du cholestérol ou si son taux de sucre est trop haut ! Nous devons soigner les blessures. Ensuite nous pourrons aborder le reste. Soigner les blessures, soigner les blessures… Il faut commencer par le bas ». A ceci près que je crois que la bataille fait encore rage. Non seulement les personnes auxquelles nous voudrions nous adresser, nous, catholiques, n’ont plus les références pour nous comprendre, mais leurs blessures les éloignent de l’Eglise et les mettent hors d’état de nous entendre (source);
  4. « Je préfère une Église accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins, plutôt qu’une Église malade de la fermeture et du confort de s’accrocher à ses propres sécurités ». Nous devons tenter, nous devons sortir, nous devons expérimenter. Peut-être les ornements seront-ils plus boueux, peut-être le calice ne brillera pas comme il devrait mais, dans une bataille, on s’adapte. (source)

Concrètement ?

Tout d’abord, il faut que j’explique cette phrase, citée par Jérôme Cordelier : « beaucoup, et pas seulement des traditionalistes ou des gens âgés, aimeraient bien que l’Eglise ne change pas, que sa doctrine n’évolue pas. Moi, je pense que si l’on continue ainsi, on va tout simplement crever la bouche ouverte ». Coupons court : je n’ai ni l’envie que la doctrine de l’Eglise change, ni la compétence pour proposer quoi que ce soit en ce sens et j’aimerais que l’on me fasse la grâce de me croire attaché à l’Evangile et à la doctrine de l’Eglise. Si j’ai employé le terme « doctrine », cela aura été par commodité, et parce que je doute que le lecteur ait besoin que l’on entre dans les distinctions entre doctrine, discipline etc.

Mais voilà, concrètement, je suis de ceux qui espèrent que le synode trouve une voie de rapprochement pour les divorcés-remariés. Je suis on ne peut plus attaché au mariage catholique, à l’indissolubilité, au signe qu’il constitue, mais je suis aussi inquiet de voir tous ceux qui s’éloignent de l’Eglise, convaincus (certes à tort) d’en être écartés parce qu’ils sont écartés de la communion, de la confession et jusqu’à l’extrême-onction. Je n’ai ni les compétences en théologie ou en droit canonique ni la qualité pour me prononcer sur ce sujet – ce qui ne dissuade certes pas tout le monde de se montrer catégorique – mais je suis attentif à tout ce qui pourrait aller dans le sens d’un rapprochement. Je le souhaite vivement, mais je m’en remets au synode, et à l’Esprit.

Concrètement ?

Bien des choses intéressantes se font. Je ne me fais aucune illusion sur l’efficacité de la démarche de ceux qui croient qu’il suffirait d’exposer la Vérité pour que les gens s’y rallient, pensant ainsi donner à voir le Christ. C’est, au bout du compte une démarche aussi orgueilleuse que paresseuse. Paresseuse parce qu’en vérité, son principal attrait, c’est l’absence de remise en question et de mise en mouvement. Orgueilleuse, parce que le Christ ne montrait pas la Vérité, il était la Vérité. Nous ne pourrons jamais qu’en transmettre une version dégradée, interprétée. Et bien des fois dans ces milieux, cette vérité n’est qu’une certaine vérité, amputée de la miséricorde.

En revanche, depuis Glorious à l’église Lyon Centre jusqu’à la Communauté Saint Martin, en passant par celle l’Emmanuel ou tout ce qui a pu être dit au Congrès Mission [3], il y a des expériences fructueuses à suivre. Si nous avons nos préférences pour telle ou telle liturgie, sensibilité ou communauté, ne croyons pas d’ailleurs qu’il n’y ait qu’une manière de laisser Jésus sortir de nos églises.

Mais tout le monde ne peut pas être Glorious ou la Communauté Saint Martin – il y a aujourd’hui environ 15.000 paroisses en France, dont l’immense majorité n’est ni l’une ni l’autre. En revanche, j’entendais furtivement, entre deux gorgées, le Père David Gréa (curé de Lyon Centre) expliquer qu’il avait remis à plat toute l’organisation de la paroisse autour d’un impératif : la mission. Nous ne pouvons plus gérer gentiment nos clochers, débattre des horaires des messes, peigner la brebis. Tout doit être pensé pour aller vers l’extérieur, vers le monde. Et il y a fort à parier que cette mise en mouvement règle par la même occasion les menus soucis des paroisses, leur fréquentation voire les problèmes de vocations.

Alors, en effet, après avoir été dûment édifié et affermi par Benoît XVI, c’est bien avec enthousiasme que je voudrais suivre le pape François sur le chemin qu’il ouvre, avec finesse et rigueur.

  1. qui n’est pas une reprise du blog, mais est bien constitué de textes originaux, N insistante DLR []
  2. que j’aurais volontiers réduite, ce que j’ai abandonné, malgré mes tentatives []
  3. et tous ceux qui vont être vexés que je ne les ai pas nommés mais bon, hein, c’est un billet, pas un annuaire []

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33 commentaires

  • Oui l’église peut et doit évoluer, elle doit non pas subir la société, mais se mettre à l’écoute des problèmes existentiels des hommes actuels pour les guider au mieux sous le regard du Christ.

  • Je suis bien d’accord. j’ai l’impression que l’église locale s’épuise alors qu’on pourrait tirer partie de l’universalité de l’église pour mutualiser les ressources. un truc tout bête, les sites internet. c’est quand même ballot de voir l’étendue du désastre. Est ce que la conférence des évêques de France pourrait proposer un site de base à chaque paroisse, à chaque diocèse, après si en local on peut faire mieux, tant mieux, mais ce serait déjà un gros pas vers la mission d’avoir une page web pour chaque groupement paroissial.. en 2015.

  • Merci, Koz. Une fois de plus, vous touchez tout à la fois l’esprit, le cœur et l’âme (en tous cas, les miens!)
    Je me sens personnellement mise en mouvement par le message du pape François qui envoie l’Eglise, c’est à dire chacun de nous, en mission. Et tous, nous pouvons participer, quel que soit notre état de vie. Quand je pense que Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus a été missionnaire du fond de son couvent, je me dis que je peux bien m’efforcer de l’être moi aussi: sur mon lieu de travail, auprès de mes frères et sœurs ayant perdu la foi et de leurs enfants non baptisés, et pourquoi pas auprès de mon mari musulman. Bien sûr, pour cela, j’ai besoin de rester attachée au cep: le Christ, qui est là dans son Eglise, et dont je peux m’approcher par la prière, la fréquentation de nos assemblées dominicales et le ressourcement auprès de ma communauté de soutien (j’ai retrouvé et approfondi ma foi au Foyer de Charité de Tressaint, et je me permets de leur faire un petit coup de pub par la même occasion!..).

  • Tout à fait d’accord avec vous.
    Je voudrais juste préciser que le chemin vers Dieu est exigeant, étroit et rocailleux mais qu’il permet de s’élever et de se rapprocher de Dieu. Vouloir changer la doctrine, c’est vouloir changer le chemin et croire que la facilité est tout aussi méritante que l’effort et le dépassement de soi. C’est tromper les autres et se tromper soi-même.
    Le chemin est dur et chacun a ses chutes, ses égratignures, ses essoufflements et même parfois ses renoncements. Alors oui, il faut s’aider, se pencher sur ceux qui tombent et les aider à se relever, soigner leurs blessures et les accompagner en faisant un bout de chemin ensemble.
    Ce sera dur, mais quand on arrivera en haut, ça devrait en valoir la peine. Et cette satisfaction, elle sera d’autant plus grande qu’elle aura été partagée.

  • « En ce domaine comme en d’autres, même si c’est naturel, je crois que notre salut est dans le mouvement. Comparaison n’est pas raison, et la métaphore militaire se prête bien peu à l’Eglise mais voilà, la forteresse n’est pas une option : nous devons impérativement tenter une sortie. Une autre image me vient, celle de personnes serrant des deux mains contre elle un trésor, une châsse sainte, emportant le trésor avec eux dans un précipice plutôt que de tendre une main. »

    Une autre image, peut-être ? Celle de Gollum emportant avec lui l’anneau de pouvoir dans le précipice et le magma : http://www.dailymotion.com/video/x3xuhh_le-seigneur-des-anneaux-iii-le-reto_shortfilms

  • Tu n’es pas un rebelle. Tu es un homme libre qui pense par lui-même et assume ses idées avec courage et bienveillance.

    De grâce ne deviens pas un rebelle, l’étiquette tend à servir d’excuse pour oublier la bienveillance, voire le courage, voire la pensée.

  • @ Lib : Oh ça, tu sais, ça ne dépasse pas la formule journalistique. Ils disent ce qu’ils veulent, et j’en fais ce que je veux.

    Merci pour les compliments, by the way.

    @ Ar Gedour : je ne peux pas. Le Seigneur des anneaux, je sais, je ne devrais pas le dire, mais je ne peux pas 😉

    @ NP : oui, ce que je pense, surtout, c’est que certains ne sont pas en position d’entendre la doctrine. Nous-mêmes, souvent, ne nous arrive-t-il pas de mettre nos propres erreurs, nos propres fautes, entre Dieu et nous ? Alors que lui nous accueillerait, c’est nous qui ne faisons pas les pas nécessaires, qui préférons nous dire qu’il n’existe pas ou que, par exemple, la confession n’a pas de sens et que ça se passe entre Dieu et nous ? Je pense que cette attitude s’est développée au niveau de la société toute entière. Je pense donc qu’en effet, la priorité est à l’accompagnement, à rendre intelligible que la doctrine n’est pas faite pour brimer mais pour élever. Mais pour cela, il faut que la société puisse changer de disposition.

  • Si vous voulez Erwan ou même ceux que ça intéresse, les 15 et 16 octobre, il y a un colloque à l’EHESS : Le(s) catholicisme(s) en France aujourd’hui: une minorité ?

    LE programme est là : http://cesor.ehess.fr/2015/09/15/journees-detudes-dans-le-cadre-du-projet-minorel/

    Sur le fond de l’article : Franchement est ce que l’Egise est là pour faire du chiffre et doit-elle sans cesse baisser ces exigences ? Je ne le crois pas. Ce qui était bien au XVIéme est bien au XXIéme. Le bien et le mal n’évolue pas. Ce serait sombré dans le relativisme, ou le bien et le mal, les normes de l’Eglise seraient relatives aux temps, aux époques… Les lois de DIeu sont intemporelles.

  • Je trouve toujours super qu’un prêtre se mette à ma place. Je suis divorcé et je vis une souffrance mais pour le coup, chacun sa croix. C’est toujours trip facile de contourner les les écueils pour profiter de sa situation.
    Le Christ est miséricorde. A nous d égalité notre chemin et de ne pas interpréter ce qu’il nous a enseigné 2000ans auparavant.
    Oui notre eglise peut évoluer, seuls les pères du synode pourront le faire avec notre prière, pas de billet d’humeur.
    La communauté saint Martin pourvois 26% des prêtres en France aujourd’hui.
    Qui voudra être notre pasteur, notre chef, celui qui conduira le troupeau.

  • je vous ai découvert sur radio Jéricho hier et je vous découvre sur votre blog.
    Bonnes ventes pour votre livre
    Continuez … et merci pour votre témoignage sur les échanges sur les blogs.
    Des liens se créent et aussi des entraides.
    Bonne soirée

  • Voilà encore un post que j’apprécie beaucoup. Et des questionnements qui s’appliquent à toutes les communautés chrétiennes au delà de la personne du Pape François (j’élargis naturellement aux protestants dont je fais partie).
    La Parole de Dieu reste la même à travers les siècles. Seule la façon de l’annoncer évolue et on ne peut rester sur les modalités des siècles précédents car notre vocation à tous en tant que chrétiens est celle de l’envoi de Jésus après l’Ascension : « allez et faites de toutes les Nations des disciples ».

  • Julien HEnry a écrit :

    Franchement est ce que l’Egise est là pour faire du chiffre et doit-elle sans cesse baisser ces exigences ?

    Eh bien…
    Anne-Laure TARASCON a écrit :

    « allez et faites de toutes les Nations des disciples ».

    Voilà.

    Bref, non, évidemment, il ne s’agit pas de promouvoir la fête du slip, d’ordonner des femmes, de marier des prêtres, d’approuver l’avortement etc. pour avoir des disciples… de quoi, au fait ? Mais, il faut tout de même être attentif à l’emplacement du curseur. Quand s’agit-il d’un abaissement démagogique des exigences, et quand s’agit-il d’une saine prise en compte de la société ?

    Par ailleurs, je suis bien d’accord sur l’idée qu’il ne s’agisse pas de faire du chiffre et, d’ailleurs, à ce sujet, l’Eglise se débrouille très bien : elle ne fait pas de bons chiffres 😉 Au-delà de la plaisanterie, je suis d’accord avec vous mais je me dis aussi parfois que c’est un peu ce que nous nous disons pour nous rassurer : « il y en a moins, mais de qualité ». Bon, ça reste à voir, tout de même, parfois…

    @ Andrée : merci Andrée.

    @ Anne-Laure TARASCON : merci, aussi. De fait, même si c’est l’Eglise catholique qui est seule récipiendaire de l’intégralité de la vraie foi (allez, ne tirez pas, je taquine 😉 ), les échanges d’expérience avec les protestants se multiplient et ce dialogue nous interroge fructueusement sur nos pratiques.

  • Bonjour Koz,

    Je me permettrai d’apporter mon point de vue sur la reconnaissance du divorce-remariage par l’Eglise des couples dans cette situation. Je m’appuie sur une phrase qui sort droit de l’Évangile prononcée par le Christ lui-même. Il s’adressait de cette manière aux pharisiens: « c’est en raison de la dureté de votre cœur que Moïse a autorisé la répudiation d’une femme adultère. Si quelqu’un quitte sa femme pour en épouser une autre est déjà un adultère. » Ce ne sont pas forcément les propos exacts mais l’idée est là. Certes, le divorce d’un couple est toujours signe d’un déchirement et d’une épreuve, en particulier pour les enfants qui se retrouvent tiraillé entre leurs parents. Mais accorder la communion aux divorcés-remariés signifient que l’Eglise accepte ce genre de situation alors que les conséquences sont graves; d’un côté pour le couple qui subit une opération financière et une épreuve sentimentale et de l’autre pour les enfants qui ont la douleur de voir leurs parents séparés. A cela s’ajoute le discours hypocrite féministe qui condamne la demande de divorce d’un homme mais approuve celle de la femme et qui considère que les hommes sont incapables d’éduquer des enfants. Bref, les propositions du cardinal Kasper et de ses consorts vont plus aggraver la situation qu’apporter des solutions à ces problèmes. Je pense qu’il faudrait mieux préparer les couples au mariage et leur expliquer le sens de l’engagement que l’homme et la femme font l’un devant l’autre, à la mairie et à l’Eglise. La fondation d’une famille, ce n’est pas rien.

    Quant au terme de rebelle qui vous ait employé, ça dépend effectivement du point de vue de certains. Vous êtes « rebelle » face au progressiste parce que vous êtes contre leurs idées (bien que vous soutenez l’Union civile pour les personnes de même sexe) mais vous êtes « rebelle » pour certains catholiques à cause de la présentation biaisée de ce journaliste sur le « changement » que vous voulez dans l’Eglise. La confusion et la pression médiatique sont telles qu’il est parfois difficile d’y voir claire dans ce débat.

  • Et si, au lieu de lister les mauvais arguments, on s’interrogeait sur les bons ? On se fout bien du discours féministe dont vous parlez, pourquoi perdre du temps à le réfuter ? Quant à dire qu’en accordant l’accès à la communion, ce serait accepter le remariage, il y a matière à faire en sorte que ce ne soit pas automatique. Au passage, l’Eglise donne la communion à un homme qui a commis un meurtre et le regrette, cela ne signifie pas qu’elle accepte le meurtre (ni que Jésus ne l’ait pas condamné). Inutile de m’expliquer la différence entre l’infraction instantanée et l’infraction continue, je la connais, je vois surtout l’impasse dans laquelle cela place les personnes concernées – dont certaines, abandonnées par leur conjoint, n’auraient pourtant guère de faute à se reprocher.

    Ce que je regrette vivement, c’est surtout l’attitude de tous ceux qui sont opposés par principe à une quelconque évolution. Manifestement, s’interroger sur la question, essayer de voir s’il n’y a pas un moyen juste qui ne braderait pas la doctrine et la valeur du mariage, suffit déjà à vous reléguer dans le camp des progros / laxistes / gauchistes. Que l’on essaie donc, avec bonne volonté. Et s’il n’y a pas de voie possible, on le constatera. Je ne dis pas que ce soit nécessaire ou souhaitable mais au moins, que l’on accepte de s’interroger !

    Pour ce qui est du terme « rebelle », je crois qu’on s’en fout, en fait. Mais que, pour autant, votre interprétation n’est pas la bonne. Le « progressiste » vous qualifiera de « rebelle » quand vous vous mettez de son côté, et il en est de même du « conservateur ». Dans l’un et l’autre cas, ni Jean-Marie Guénois ni Jérôme Cordelier ne désapprouvent cette position. Au demeurant, je ne vois pas de présentation biaisée de la part de ce dernier. Lui n’applique pas ce « changement » aux thèmes évoqués ci-dessus.

  • L’Eglise est charismatique c’est à dire tout entière don de l’Esprit Saint (cf Ratzinger 1999 et avant lui le pasteur Gallois, Thomas Roberts qui fut très présent dans le renouveau charismatique français). Ceci est un fait et un mystère (c’est à dire non quelque chose incompréhensible mais une vérité qui n’a de cesse d’être approfondie).
    L’Eglise peut « crever la bouche ouverte » c’est un fait également car il faut pour qu’elle vive que Son corps se reçoive d’elle. J’étais engagé il y a quelques années sur une paroisse provinciale où j’étais le seul membre engagé à avoir fait une retraite… Aucune réunion paroissiale ne commençait par un temps de prière… Que faisions-nous? Une œuvre pour Dieu ou l’œuvre de Dieu?
    Si l’Eglise, ici où là meurt la bouche ouverte c’est qu’elle a un grand besoin de conversion!

  • @ Koz:
    Je peux comprendre votre point de vue mais par contre la manière dont vous l’avez écrite me donne l’impression que je vous ai agressé et donc vous me renvoyez l’ascenseur. J’avoue que la question est complexe. J’ai juste donné mon point de vue après à vous de voir.

    Cependant, je ne suis pas d’accord quand vous dîtes que vous vous moquez du discours féministe. Bien au contraire ! Il faut prendre la question très au sérieux car c’est lui qui est à l’origine de la majorité des divorces dans notre société. Je ne parle pas seulement de l’infidélité sexuelle de la femme ou du mari mais aussi de l’idée préconçue selon lequel le mariage « soumet » la femme à l’homme et aliène sa liberté.

  • Koz, le thème de l’Eglise en sortie ça me fait vibrer, même si la dichotomie Benoît XVI / François me paraît toujours artificielle.

    Sur l’image de l’hôpital de campagne j’ai une différence d’appréciation forte avec vous. Dans un hôpital de campagne, les gens acceptent que le médecin les prenne en charge, parfois même de façon inconfortable, parce qu’ils savent qu’ils risquent d’y passer. C’est ce sens du péché, ce sens de l’urgence de l’intervention du grand médecin qu’est le Christ qui est en train de se perdre de plus en plus en Occident. Et malheureusement je crains que les discours lénifiants n’en soient pas le remède mais l’amplificateur.

    En effet, certains Chrétiens pensent de bonne foi que leurs propositions de soins seront mieux acceptés si l’Eglise minimise ou euphémise le mal, en ne gardant qu’un hommage théorique à la vérité au profit de la charité sur tel ou tel « point chaud », comme les divorcés remariés. Ca se veut généreux mais ça me semble totalement contre-productif. Je constate d’ailleurs que le pape François a appelé à de nombreuses reprises à ne pas faire de la question des divorcés remariés le point focal du synode, et que sur ce coup, il n’est guère écouté…

    Sur le fond, honnêtement les propositions que j’ai pu lire (Kasper, Vesco) ont le mérite d’une certaine cohérence mais demandent « juste » de révolutionner la théologie des sacrements et de l’agir moral. Avec des conséquences quand même assez énormes… Sans compter quelques passages d’Evangile qu’il faut quand même plier fortement. Et j’ai du mal à avaler qu’on en vienne même à parler de revenir à la loi mosaïque !

    Il y a deux idées que je trouve beaucoup plus intéressantes : diminuer l’aspect d’automaticité de l’eucharistie pour tous en retrouvant le lien avec le sacrement de confession d’une part ; d’autre part retrouver un statut de « pénitent » de longue durée. Parce que tout le monde est pécheur. Et il est urgent que nous Chrétiens redisions plus clairement que nous ne sommes pas seulement appelés à soigner, mais d’abord à être soignés. Ainsi, peut-être, nous verra-t-on moins comme des médecins se plaçant au-dessus des malades. Et si l’année de la miséricorde est l’occasion de se le redire, tant mieux !

    PS : au passage, je n’aime pas la phrase « le salut est dans le mouvement » ; elle est trop souvent brandie par des gens qui pensent « le salut est dans le mouvement que je préconise »… et disqualifient leurs contradicteurs comme « immobilistes ». Je regrette d’avoir trouvé une trace de cette attitude dans votre texte, j’apprécie tant le climat d’écoute a priori favorable qu’on y trouve d’habitude.

  • Flam a écrit :

    Retrouver un statut de « pénitent » de longue durée. Parce que tout le monde est pécheur.

    Flam, je ne sais pas dans quelle paroisse vous évoluez, mais dans mes réseaux d’Église, les chrétiens ont particulièrement besoin de savoir qu’ils sont des merveilles de Dieu ! Cela fait beaucoup trop longtemps que les catholiques que je côtoie se focalisent mal-sainement sur leur condition de pécheur, ne se vont se confesser qu’en trainant les pieds et risque de passer à coté de l’EsSens’Ciel. Et pourtant… S’ils savaient qu’il sont aimés de Dieu, qu’ils ont été créés à son image, à sa ressemblance ! S’ils pouvaient percevoir à quel point vivre le sacrement de réconciliation n’est pas une corvée honteuse pour être en règle avec une obligation légale (désuète ?) que vous suggérez de remettre à l’ordre du jour, mais un acte salvateur dans lequel Dieu nous donne sa grâce pour devenir meilleur.
    Petit à petit, le « sens de l’histoire » – si toute fois ce sens existe – depuis l’Ancien Testament jusqu’à la doctrine récente en passant par les Évangiles et les écrits de nombreux saints tendent à se libérer de l’exactitude du respect de la règle pour se faire proche de l’Esprit de celle-ci.

    A propos d’Esprit, je souhaite qu’Il souffle sur ceux qui vont discerner les éléments de ce concile 😉

  • Vous faites preuve de trop d’européocentrisme, mon cher Koz. Allez voir sur d’autres continents ce qu’il en est réellement. Notre Église n’est pas forcément à l’agonie… Il serait bon aussi de les prendre en compte dans une réflexion globale.

  • J’aimerais bien connaître le nombre de divorcés remariés qui envoient leurs enfants au KT . Le divorce est dû le plus souvent à un manque de foi . Il a bien fallu dans les premiers siècles réintégrer dans la communauté ceux qui avaient failli devant le martyr . Pensons à la transmission de la foi auprès des plus jeunes .

  • @ Antoine j’avais répondu longuement et mon texte a sauté. En résumé, votre réaction intervenait après beaucoup d’échanges du même type sur Facebook notamment. Du coup, vous n’y êtes pour rien, mais vous arrivez au moment où je deviens un peu tendu…

    @ François : les réflexions globales sont super sympas, mais à quel point ne sont-elles pas là pour nous réconforter de notre sort local ? Je suis bien ravi pour les Eglise d’Afrique ou d’Amérique du Sud, mais quand je les regarderai depuis une France sans Christ, ça me fera une belle jambe.

    @ François (l’autre) : oh que oui. Si seulement nos contemporains pouvaient commencer à imaginer que la foi chrétienne puisse être source de joie. Si seulement…

  • Les critiques et cris de colère vis à vis de l’église, qui montent depuis tant d’années, sont en partie la clameur de la foule massée sur le parvis et qui gueule, la voix cassée de fatigue et de chagrin, « laissez nous entrer, ceci est aussi chez nous! »

    Ce parvis était autrefois noir de monde. La foule, encore bruyante, se clairsème. La résignation, le choc de voir les portes rester closes ainsi que les tentatives d’essayer d’autres lieux, tout cela fait son oeuvre.

    Ce que je crains, c’est que vous ne sortiez trop tard pour découvrir un parvis désert, balayé par le vent qui portera les sons de la ville lointaine et oublieuse de votre présence.

    Je le crains car par bien des cotés, la foule a raison de vouloir encore entrer. Les alternatives sont, si on regarde bien, peu réjouissantes.

    Mais le spectacle des portes closes ne l’est pas du tout.

    M.

    PS: c’est en écrivant ce commentaire que l’image m’a frappé: le symbole du Vatican est une paire de clés. Si vous ne savez plus comment vous en servir, demandez. On vous répondra.

  • @ Koz:
    Ok, d’accord je comprends mieux. C’est vrai qu’à la fin on en a assez de répéter toujours la même chose pour se faire comprendre. Je l’ai moi même vécu lors des débats sur le mariage et l’adoption pour les couples de même sexe.

  • Bonne nouvelle 🙂 l’Eglise ne crèvera pas la bouche ouverte, puisque à sa tête se trouve le Christ et que « les portes de la mort ne prévaudront pas contre Elle. » Au delà de ce point de détail, interrogeons-nous : de quoi la miséricorde est-elle véritablement le nom ? – afin surtout d’éviter de réduire le mot à un slogan creux et lui faire perdre toute sa substance (pensons au sort funeste du mot « charité »). Par ex. l’encyclique « Dives in misericordia » de Jean-Paul II, dont la relative brièveté n’est pas la moindre de ses qualités, me parait un excellent point de départ.

    A partir de la parabole du fils prodigue, qui fonctionne comme un paradigme, on comprend alors que la miséricorde,avant d’être une joyeuse fête, nécessite un chemin de pénitence et de foi – de conversion donc – pour être authentiquement en acte. La conversion/pénitence est elle-même liée à l’évangélisation : « Jésus vint en Galilée, proclamant l’Évangile de Dieu et disant :  » Le temps est accompli et le Royaume de Dieu est tout proche : repentez-vous et croyez à l’Évangile.  » (Marc 1,15). Et si la miséricorde divine empêche toute compréhension morbide de la pénitence, en même temps, on voit bien que la miséricorde n’est pas synonyme de gentillesse ou de sympatitude.

    Les réponses trouvées par le synode à tous les problèmes épineux qui lui sont posés, si elles doivent être tendues vers cette miséricorde, ne doivent pas non plus insulter l’intelligence de la foi – en bref, descendre de la croix n’est pas une solution, et aucun concile n’a répondu à un problème – aussi difficile soit-il, par cette facilité.

  • D’accord pour évoquer les thèmes du synode, mais sur la base du rapport final, qui sera voté le 24 octobre.

    Et en ayant prié les époux Martin, afin qu’ils nous gardent des tentations suivantes évoquées par le Pape l’an dernier :

     » — la tentation du raidissement hostile, c’est-à-dire vouloir s’enfermer dans ce qui est écrit (la lettre) et ne pas se laisser surprendre par Dieu, par le Dieu des surprises (l’Esprit); à l’intérieur de la loi, de la certitude de ce que nous connaissons et non pas de ce que nous devons encore apprendre et atteindre. Depuis l’époque de Jésus, c’est la tentation des zélés, des scrupuleux, de ceux que l’on appelle aujourd’hui « traditionalistes » et aussi des intellectualistes.

    — la tentation de l’angélisme destructeur, qui, au nom d’une miséricorde trompeuse, bande les blessures sans d’abord les soigner ni les traiter; qui s’attaque aux symptômes et pas aux causes et aux racines. C’est la tentation des « bien-pensants », des timorés et aussi de ceux qu’on appelle « progressistes et libéralistes ».

    — la tentation de transformer la pierre en pain pour rompre le jeûne long, lourd et douloureux (cf. Lc 4: 1-4) et aussi de transformer le pain en pierre et de la jeter contre les pécheurs, les faibles et les malades (cf. Jn 8: 7), c’est-à-dire de le transformer en « fardeaux insupportables » (Lc 10:27)

    — la tentation de descendre de la croix, pour faire plaisir aux gens, et de ne pas y rester, pour accomplir pour accomplir la volonté du Père; de se plier à l’esprit mondain au lieu de le purifier et de le plier à l’Esprit de Dieu.

    — la tentation de négliger le « depositum fidei », de se considérer non pas comme des gardiens mais comme des propriétaires et des maîtres ou, dans l’autre sens, la tentation de négliger la réalité en utilisant une langue précieuse et un langage élevé pour dire tant de choses et ne rien dire. »

  • C’est assez étonnant car dès qu’on envisage une évolution de l’Eglise sur la question des divrocés-remariés, on parle de trahison en citant la phrase des Evangiles qui nous arrange pour refuser le remariage et l’accès aux sacrements… Or je ne crois pas que Koz ait parlé de cela…

    « Concrètement, je suis de ceux qui espèrent que le synode trouve une voie de rapprochement pour les divorcés-remariés. Je suis on ne peut plus attaché au mariage catholique, à l’indissolubilité, au signe qu’il constitue, mais je suis aussi inquiet de voir tous ceux qui s’éloignent de l’Eglise, convaincus (certes à tort) d’en être écartés parce qu’ils sont écartés de la communion, de la confession et jusqu’à l’extrême-onction. Je n’ai ni les compétences en théologie ou en droit canonique ni la qualité pour me prononcer sur ce sujet »

    On est loin de la revendication de « normalisation » !!
    Ce n’est pas parce qu’on souhaite une évolution qu’on est favorable au remariage et à l’accès aux sacrements !!!
    L’Eglise ne pourrait-elle pas être … créative? Capable de trouver une/des formes de ré-engagement devant Dieu qui ne soient pas un remariage? D’avoir une approche des sacrements autre? Sans parler de la nécessaire plus grande exigence pour l’accès au sacrement pour les autres, (dont moi-même…) car il est vrai que finalement nous avons (souvent) pris l’habitude de communier sans trop nous poser de questions sur notre vie…

    Moi aussi j' »espère un rapprochement, et je crois dans la possibilité que cela se fasse en trouvant des chemins nouveaux, car le Christ n’a jamais dit autre chose !! Si l’Esprit saint souffle, je n’ai guère de doute sur sa sainte créativité…

  • Bonsoir,

    Je réagis tardivement et sur ce qui ne me parait pas etre le centre de votre post : le passage sur les divorcés-remariés.

    Je suis toujours étonné de l’importance donné à ce sujet ayant l’impression qu’il ne concerne qu’un infime nombre de personnes.

    Non qu’il y ait peu de divorcés-remariés, mais les divorcés-remariés ayant un réel souci de suivre le christ et prenant au sérieux l’impossibilité de communier ne doivent pas être nombreux.

    Je vois autour de moi beaucoup de divorcés-remariés qui n’ont pas grand chose à faire du christ, pour ceux-ci l’urgence est l’annonce du christ et la conversion, pas la communion qu’ils pratiquent à l’occasion comme un rite social, ou bien des personnes abandonnées par leur conjoint et qui vivent leur mariage dans la fidélité en restant célibataire (plusieurs cas autour de moi).
    Pour avoir fait les préparations au mariage dans ma paroisse, l’équipe de préparation était clair dans son discours sur le fait que le mariage chrétien impliquait l’acceptation du célibat en cas d’abandon.

    Par ailleurs je suis également étonné qu’on ne parle jamais de l’aspect financier de la question pour les êvèques Allemands en pointe sur le sujet. La non-acceptation du divorce entrainant une baisse du nombre de personnes payant l’impôt écclesial catholique. L’acceptation du divorce permettrait de continuer à convaincre ces personnes de financer l’église et par la l’administration pléthorique de l’église Allemande au détriment des questions de fond que leur avait posé Benoit XVI.

    Cordialement.

  • Cyril a écrit :

    Par ailleurs je suis également étonné qu’on ne parle jamais de l’aspect financier de la question pour les êvèques Allemands en pointe sur le sujet. La non-acceptation du divorce entrainant une baisse du nombre de personnes payant l’impôt écclesial catholique.

    Oui entièrement d’accord – l’Eglise d’Allemagne est corrodée de l’intérieur par cette dépendance financière et fiscale funeste ; l’évêque bling-bling n’était que le symptôme d’une Eglise en pleine déliquescence morale et doctrinale ne cherchant plus qu’à maintenir son train de vie. Plus grande chose à espérer de ce côté du Rhin, et tout ce qui provient de leurs prélats est hautement douteux. Par contre pour la gestion de patrimoine ils semblent savoir y faire. Une bonne politique anticléricale à la Mimile Combes qui mettrait fin à ce scandale serait des plus salutaires.

  • @Cyrille: Vous avez raison quant au financement de la richissime Eglise catholique d’Allemagne, et votre propos peut être étendu à l’Eglise catholique d’Autriche, aux activités et au financement très similaires.

    http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/La-richesse-de-l-Eglise-catholique-allemande-suscite-la-critique-2013-10-21-1048059

    Extrait : « Les contribuables déclarés croyants sont soumis à une retenue sur salaire, correspondant selon les Länder (États régionaux) à 8 à 10 % de l’impôt sur le revenu. Les services fiscaux reversent ensuite les sommes collectées aux différents cultes. Les 23 millions d’Allemands enregistrés comme catholiques ont rapporté, via l’impôt religieux, 5,2 milliards d’euros à l’Église en 2012.

    En Allemagne, les Eglises sont le deuxième employeur après l’État. Elles gèrent d’innombrables services sociaux (crèches, écoles, hôpitaux, maisons de retraite…), mais possèdent aussi des banques, des compagnies d’assurance et une entreprise d’audiovisuel. Ainsi, Caritas Allemagne emploie 500 000 personnes.

    Les Églises catholiques et protestantes bénéficient aussi de financements publics difficiles à tracer. Outre une subvention publique annuelle, qui atteint cette année 481 millions d’euros, selon l’Association humaniste allemande (HVD), elles obtiennent des aides indirectes notamment sous la forme d’exemptions fiscales, en raison de leur statut d’ « organisations de droit public ». Selon l’expert Carsten Frerk, réputé critique vis-à-vis des institutions religieuses, les Églises catholique et protestantes auraient bénéficié de l’équivalent de 19,3 milliards d’euros d’aides publiques en 2009, et la richesse totale de l’Église catholique allemande s’élèverait à 430 milliards d’euros. »

    Cette excellente santé financière est néanmoins menacée :

    http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/En-Allemagne-l-Eglise-catholique-perd-un-nombre-record-de-fideles-2015-07-19-1336103

    Extrait : « Selon la Conférence épiscopale allemande, près de 218 000 personnes ont quitté l’Église catholique en 2014, soit 39 000 de plus que l’année précédente.
    Au total, les catholiques déclarés ne sont plus que 24 millions en Allemagne (soit 29,5 % de la population), même s’ils sont encore très nombreux dans le sud du pays. Un recul que le cardinal Reinhard Marx, président de la Conférence épiscopale allemande et archevêque de Munich, « regrette profondément ». »

    Mais malheureusement -et alors que les besoins financiers des Eglises africaines, asiatiques et sud-américaines sont criants :

    « L’hebdomadaire Der Spiegel a scrupuleusement étudié les déclarations des évêchés, et conclu qu’ils dissimulaient des millions d’euros de patrimoine via des structures opaques. Une partie de leur fortune irait dans des caisses dont l’existence était jusqu’alors inconnue. « Dans les archevêchés particulièrement aisés de Cologne, de Munich et Frisingue, les directeurs financiers eux-mêmes ignorent l’ampleur du patrimoine de l’archevêché », relève le magazine.
    Dans le diocèse de Limbourg, 300 millions d’euros issus des recettes de l’impôt religieux auraient été transférés ces 65 dernières années vers des structures peu transparentes, selon Der Spiegel, échappant à l’intégration dans les comptes officiels. »

    Alors oui, peut-être des aspects financiers locaux expliquent-ils aussi partiellement la position de Mgr Marx et de Mgr Kasper sur la question de la communion des divorcés remariés civilement.

  • @Koz: prévoyez-vous d’écrire un billet sur le rapport final du Synode pour la famille, ou rebondissons-nous sur ce billet ?

  • Que répondre d’une part, à ceux qui assurent que l’Église est immuable et que la solution doit forcément venir de l’extérieur puisque rien fondamentalement ne peut changer du côté de cette sainte institution? Je veux parler évidemment de ceux qui ont du mal avec le concile Vatican II…

    D’autre part, je ne peux que constater une certaine raideur condescendante quand on aborde le point de vue de l’Église sur les sujets qui « fâchent ».

    Je crois profondément au sens de la mission quotidienne pour vivre selon la volonté du Seigneur, tant pour agir comme fils de Dieu que pour rendre visible le message profond et véritablement important dont l’Église est la dépositaire. Dieu nous aime d’un Amour jaloux et tous, catholiques ou pas avons besoin qu’on nous le rappelle souvent.

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