Une mère gifle, sa mère s’excuse. Leçon : Les gifleurs ont été des giflés. J’hésite : les gifleurs doivent-ils gifler leurs parents pour les avoir giflés quand ils étaient petits ? L’idée est bien sûr d’amener les parents à cesser de gifler pour que leurs enfants ne soient pas plus tard des gifleurs. Je me permets de penser que ça ne peut fonctionner que pour des parents qui pensent déjà mal faire : pourquoi les autres voudraient-ils absolument que leurs enfants ne leur ressemblent pas ?
J’ai été giflé et je gifle pas. C’est pas qu’j’veux point, c’est qu’j’peux point. Je suis un grand sensible, et mes enfants ont les plus beaux visages du monde : comment pourrais-je ?[1] J’en connais d’autres qui, en revanche, sont contre mais ont tout de même giflé. J’avoue : ma grandeur d’âme est facilitée par le peu de temps que je peux passer en semaine avec mes enfants. Mais disons que, si la gifle ne peut être un instrument quotidien, en certaines circonstances, elle peut venir seconder les vertus de l’éducation et de la pédagogie.
Exemple : non, ta mère ne « va [pas] chier » et, en disant cela, tu la blesses dans son moi profond. Et, en prime, voilà pour toi, « tu l’as pas volée ». Ajouter « ptit con », en revanche, sera peu pédagogique.
Le clip me paraît toutefois mal accordé. On lit qu’il s’agit d’une campagne contre la gifle (et la fessée). Pourtant, le clip met en scène une claque abusive : l’enfant n’a pas fait exprès de renverser son verre, il n’a fait que renverser un verre, et la claque est violente. En outre, le clip évoque des « enfants battus ». Assimiler la gifle ordinaire au fait de battre son enfant, comme le font ce clip et son concepteur, c’est faire une confusion et nuire à l’enjeu lui-même par manque de nuance.
Le débat peut toutefois être légitime, et je souscris à l’idée que la gifle est souvent un échec de l’autorité. Il est toutefois un peu facile d’envisager la chose de façon abstraite. Le parent qui gifle son enfant sait, généralement, que ce n’est pas une grande victoire et, pour bien apprécier la situation, il faut ajouter quelques ingrédients : fatigue, stress, bruit, surprise… Il est bien rare d’appliquer une gifle de sang-froid.
Mais, si le débat est légitime, il est affligeant d’apprendre qu’on envisage de légiférer pour interdire la fessée, et même la gifle. La position de la psychanalyste Claude Halmos, qui fait bien la distinction entre le parent aimant qui cède à la facilité et le parent maltraitant, est convaincante. Et sa conclusion s’impose :
« Les parents qui dérapent ne relèvent pas de la loi, et celle-ci pourrait même leur porter, ainsi qu’à leurs enfants, préjudice. Car, les faisant se sentir encore plus coupables et encore plus incompétents, elle risquerait d’accroître les difficultés qu’ils ont à éduquer. Or, la violence qui menace les enfants aujourd’hui n’est pas celle de la fessée, mais celle de l’absence d’éducation. Cette absence d’éducation qui les laisse exilés des lois du monde, en proie à leurs pulsions. Proposer une loi sur la fessée aujourd’hui, c’est se tromper de combat. »
Une telle loi serait pourtant assez emblématique d’une certaine pratique de la politique. Non seulement l’Etat s’immisce dans la sphère familiale de façon excessive mais, surtout, la loi devient déclarative et exonératoire : on légifère en effet sur l’aval, sur le symptôme, quand le coeur du sujet est bien l’autorité des parents. A supposer qu’un parent soit poursuivi pour avoir donné une fessée ou une claque[2], cela apportera-t-il quoi que ce soit à son autorité ? Un parent s’abstiendra-t-il de donner une claque ou une fessée parce qu’il y a des sanctions pénales ? Si tel était le cas, cela lui apprendra-t-il pour autant à asseoir autrement son autorité ? Recourir à la loi n’est-il pas aussi une façon de porter atteinte à l’autorité des parents, que l’on contourne ou que l’on tente de suppléer ? Bref, la loi est une fois encore utilisée pour donner l’illusion d’une action et permettre à ses signataires de gargariser de leurs paraphes sans aucunement traiter la racine du problème : l’autorité des parents, autorité que l’on s’est en revanche ingénié à dévaloriser, avant de s’affoler ingénument devant sa dégradation.
Comment ne pas faire le lien avec cet autre sujet de la semaine, l’introduction conjointe par Jean-Paul Huchon et Luc Chatel du Pass Contraception dans les lycées d’Ile-de-France – un Luc Chatel qui ne doit plus très bien savoir comment enfiler sa veste, tant il l’a retournée. On s’immisce dans les familles alors que « les parents doivent être les premiers éducateurs », on donne à l’enfant la possibilité de contourner la position de ses parents (posant ainsi la présomption qu’elle est erronée), et l’on ne traite, à bon compte, que le signe visible en ignorant la racine véritable du problème : l’absence d’éducation sexuelle véritable, et la banalisation de l’avortement.
Car, bien évidemment, chacun est favorable à une diminution du nombre d’avortements, et chacun préfèrera une contraception à un avortement. Mais la promotion d’une sexualité prétendument sans conséquence n’est pas de nature à réduire le nombre d’avortements, sans compter que l’on avorte tout simplement davantage aujourd’hui qu’auparavant pour une grossesse non désirée, comme l’indique Nathalie Bajos, chercheur à l’Inserm : « chez les 14-15 ans, le nombre de grossesses non désirées interrompues est passé de 65 % en 1990 à 79 % en 2005 (sur la même période, de 54 % à 67 % chez les 16-17 ans) ».
Bref, s’il n’y a pas l’âme, la distribution de Pass Contraception ne sera pas de nature à diminuer le nombre d’avortements; au contraire, elle l’augmentera.
Seulement voilà, pour limiter le nombre d’avortements, il est indispensable de s’autoriser – à l’école comme ailleurs – un discours sur la sexualité : sur le don, le respect, le droit de dire non, de suivre son propre rythme. Alors, quand Jean-Marie Le Guen propose la gratuité de la pilule « pour toutes les mineures » – de moins de 15 ans, donc ? Et c’est pour réduire le nombre d’avortements ? – il peut bien dire qu’il « faudrait, parallèlement, renforcer et améliorer l’éducation sexuelle et affective en milieu scolaire », cela reste du conditionnel et un terrain sur lequel il ne s’engagera pas : l’autorité des parents, la sexualité responsable, la gauche n’a pas ça en rayon, elle qui a plutôt oeuvré en sens inverse.
Autorité, contraception, s’il n’y a pas le sens, s’il n’y a pas l’âme…
Mais ça, l’âme…
*
Mise à jour : ne me tenez pas rigueur de ce changement de titre (initialement : « gifle et fessée »), mais vraiment « sexe et fessée », c’est trop d’la balle pour le référencement.
Petite question technique :
Je ne comprends pas les pourcentages sur les interruptions de grossesse : 79% des 14-15 ans enceintes ont avorté en 2005 ?
Dans ce cas, quel est, en valeur absolue, le nombre d’IVG ?
J’aime bien ce billet, et tout particulièrement le paragraphe sur l’autorité parentale. « l’autorité des parents, autorité que l’on s’est en revanche ingénié à dévaloriser, avant de s’affoler ingénument devant sa dégradation. », la phrase fait bien le lien avec la situation suivante, où l’on entreprend de saper sans problème de conscience cette autorité…
@ François : le nombre d’avortement (tous âges confondus) est de 220 000 par an (pour 830 000 naissances). Sur ces 220 000 il y en a environ 15 000 qui sont faits sur des mineures. Et dans ces 220 000 on ne compte pas les IVG par pilule du lendemain et du surlendemain, ni les IVG par voie médicamenteuse chez soi à la maison… et pas non plus les (encore) IVG « clandestins » des femmes qui préfèrent avorter seule (très peu, mais cependant c’est encore trop) pour raison personnelle ou religieuse (jeunes filles dont les parents ne savent pas qu’elles sont « actives sexuellement », femmes pauvres qui ne peuvent pas se payer un IVG et/ou ne veulent pas que leur compagnon le sache en lisant la feuille de remboursement de la Sécu… etc…)
Voilà pour les chiffres. Consternants, déchirants…
@ François M: je ne sais pas, mais je ne vois pas la difficulté.
Difficile de ne pas être d’accord avec toi… je n’avais pas fait le lien entre l’interdiction de la gifle et le pass contraception, mais y découvrir une atteinte à l’autorité parentale est particulièrement « frappant » (si je puis dire).
Je me souviens d’un N. Sarkozy affirmant au début de son quinquennat, qu’il fallait en finir avec l’héritage de mai 68… Bizarrement, les deux sujets que tu abordes ici, montrent un certain paradoxe entre d’un côté la volonté toujours plus profonde d’interdire quelque chose (quand un comportement social gêne, on l’interdit, c’est plus simple); et la volonté toujours plus grande d’interdire l’interdiction (en l’occurrence, celle d’avoir des relations sexuelles, de plus en plus tôt, laquelle viendra se heurter bien plus durement, comme tu le fais remarquer incidemment, à l’interdiction de la pédophilie…).
Passons, l’autorité politique n’en est pas à se première contradiction… mais elle devient de moins en moins dissimulée, sans être pour autant plus combattue… Bizarre
Mais ce qu’on peut remarquer pourtant, c’est que malgré cette contradiction, il y a bien un principe qui en prend un sacré coup, que ce soit de manière directe ou indirecte. Il s’agit de l’autorité… pas seulement l’autorité parentale, l’Autorité en tant que telle et notamment, l’autorité de la loi. Car, comme tu le fais remarquer, la loi devient de plus en plus incantatoire.
Or, plus elle l’est, moins elle a d’effet et plus le principe même de la Loi, perd de sa valeur et de sa force dans l’esprit de la population. On se rapproche peu à peu du concept de Constitution de l’Union Soviétique définie par Staline comme « l’état actuel de la constitution de l’Union soviétique » (cf. Hannah Arendt, L’origine du Totalitarisme… désolé pour la référence).
Cela est issu finalement, de notre conception très sociologique du droit, issue notamment des travaux du doyen Carbonnier… Le droit n’est là que pour refléter l’état moral actuel de la société.
L’autorité parentale, est également mise à mal par le pass contraception. Mais c’est en s’appuyant sur le postulat suivant : « les parents sont toujours à la masse en matière de sexualité« . L’État par contre, est toujours à la page, et connait bien les besoins des jeunes générations… J’avais vu un reportage sur un site, développé par des sexologues, pour aider au développement de l’affectivité des 16-17ans, lequel ne devait « surtout pas » être regardé en présence des parents. Car cela pourrait gêner les jeunes.
Cela suppose surtout un manque de confiance de l’enfant vis à vis des parents, qui semble problématique. L’enfant/l’adolescent est par définition compris comme ayant une relation conflictuelle avec ses parents.
Ce qui me semble encore être en contradiction avec les constats actuels de l’éducation : « les enfants n’ont plus de repères » se plaint-on souvent… mais si ce ne sont pas les parents, qui va les leur donner ? L’État ? Il ressemble plus à une vieille tante gâteuse, qui accorde tout à ses neveux et nièces pour s’assurer leur bienveillance. Surtout, une vieille tante qui s’incruste dans la vie familiale, alors que la constitution même, définit son domaine d’intervention.
En matière de droit des personnes, la loi ne peut aller au delà des droits civiques et des libertés publiques (or nous sommes ici dans le domaine du privé et de l’intime). Il me semble que le droit se contente de protéger l’autorité parentale et d’en réglementer l’attribution, mais il ne s’est jamais risqué à en définir le contenu de manière aussi précise.
A nous de voir si nous souhaitons déléguer tous nos droits à une entité sujette au changement, ou si nous voulons garantir nos droits de citoyens, conformément à la Loi fondamentale…
(désolé pour le roman… je m’en vais sur la pointe des pieds).
« la loi est une fois encore utilisée pour donner l’illusion d’une action et permettre à ses signataires de gargariser de leurs paraphes sans aucunement traiter la racine du problème ».
Constat classique, mais une fois de plus, terriblement vrai. L’impuissance des gouvernants à agir sur le réel, notamment sur le réel qui compte vraiment dans la vie des gens (le chômage, le pouvoir d’achat, tout ça…) se manifeste par la fuite vers une législation de théâtre, celle qui ne coûte pas d’argent, parce qu’elle ne fait que manifester une déclaration d’intention et de beaux principes. Les exemples abondent: la lecture de la lettre de Guy Môquet et toutes les lois mémorielles en général, le droit « opposable » au logement, le CV anonyme, la prime « de 1000 euros » dans les entreprises qui distribuent leurs bénéfices, l’interdiction du voile intégral, l’égalité salariale entre hommes et femmes, le « juge des victimes »… Je suis sûr que j’en oublie des tas.
Et encore, on échappe à des idées encore plus ridicules: je recommande la lecture des billets que sort réguilèrement Authueil sur les propositions de loi des parlementaires, pour voir tout ce qui peut passer par la tête de nos élus.
hum je ne veux pas rabaisser le débat, même si je suis totalement d’accord avec vous , et si on parlait plutôt de fessée ..
C’est juste pour mettre un peu de légèreté dans les actions de plus en plus controversables des politiques de notre si beau pays. Aujourd’hui les enfants n’ont plus le droit d’être des enfants et les ados, doivent devenir tout de suite des adultes. Alors on leur colle des contraceptifs on les oblige à cacher « ça » à leur parents (qu’auraient peut-être mieux fait de donner – de temps en temps et à bon escient- des fesses) .
Bref à l’âge de la seconde où l’ado est encore dans la phase pipi-caca (si ! si ! rappelez-vous comment vous étiez) on leur propose de « faire l’amour » sans danger de « bébé »; mais savent-ils ce que c’est de « faire l’amour », connaissent-ils, ou ont-ils la maturité nécessaire pour se rendre compte de l’engagement qu’ils prennent quand ils se donnent à l’autre? Voilà mais à l’age de la seconde on confond « touche-pipi » avec l’amour avec un grand A , celui qui donne celui qui engage , celui qui est fécond … alors au lieu d’éduquer, on rabaisse l’Amour au stade pipi-caca, et on s’achète une bonne conscience en collant des présos et des contraceptif aux ados …
Les hommes et femmes politiques sont majoritairement des quinquagénaires qui règlent dans nos familles leurs problèmes d’adolescence qu’ils n’ont déjà pas su régler dans les leurs.
ce concept de l’enfant de 14 ans qui a hyper raison de faire tout ce dont il a envie, et des parents qui sont vraiment de vieux croulants autoritaires et obscurantistes, c’est risible, à une époque où la moitié des femmes élèvent seules leurs enfants, eux-mêmes livrés au système éducatif durant 8 à 10h par jour dès l’âge de 2 ans! Les autres n’ayant en fait que l’autorité d’un n-ième beau-père, qui est tout sauf évidente à mettre en oeuvre.
il a vraiment trop de gens payés à rien faire.
En fait, le noeud de tout ça c’est l’amour. un amour vrai, qui élève et rend libre. pas seulement libre par rapport à ses parents, mais d’abord libre par rapport aux autres, …et par rapport à soi même!
à moins d’un tempérament exceptionnellement fort, un enfant que ses parents aiment et qui aime ses parents, et qui a l’habitude d’un dialogue constructif, fera tout pour leur plaire, et la seule peur de leur déplaire, ou de les contrarier durablement, lui fera trouver les mots ou les actes pour obéir sans perdre sa personnalité.
si on n’a pas ça, la fessée reste le seul moyen pour que l’enfant ne reste pas dans une illusion de toute puissance, qui est une maladie mentale.
On ferait mieux d’éduquer les parents à l’amour: les fessées disparaîtraient d’elles mêmes.
Mais ça, ce serait une intrusion bien trop insupportable dans la vie privée des gens!
(sinon, un hyper bon film pour vous convaincre de la nécessité de fessées pas du tout abusives:
tourné avec un raffinement et un réalisme incroyable!
« Demandez la permission aux enfants ! » : rien que la bande anonnce, ça suffit.
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18724892&cfilm=114695.html
en tant qu’instit, j’en vois des vraiment comme ça! )
C’est peut être un point de détail, mais on passe complètement à coté de ce qu’est une gifle ou une fessée si on écarte la dimension symbolique et démonstrative. C’est particulièrement évident pour la fessée. Quand on y pense, c’est quand même une manière particulièrement inefficace de faire mal à quelqu’un. Mais elle a le double avantage de ne pas risquer de blesser gravement, et de montrer toute l’étendue du « pouvoir » de celui qui l’exerce : le « fessé » doit être mis en situation de domination totale. Le message est donc clair: je te domine totalement, mais je maitrise ma force et je ne veux pas te faire réellement mal. Si violence il y a, elle est bien plus psychologique que physique.
Même chose pour la gifle par rapport au coup de poing. D’ailleurs, dans une autre situation, si une fille lui colle une gifle, un male moyen comprend la plupart du temps « Tu vas trop loin », et pas « Je vais t’éclater la gueule, connard ». Et la plupart du temps, il se sent plus con qu’apeuré, ce qui est justement l’effet voulu.
Ca n’écarte pas le débat sur les vertus éducatives de la gifle ou de la fessée. Mais ça en fait un débat sur l’exercice de l’autorité, comme le voit bien Koz, et sensiblement plus subtil qu’un « La violence, c’est mal ». Mais peut être que pour certains, toute autorité est une domination, et donc, une violence?
Cette subtilité n’a pas pu échapper aux créateurs de ce clip : la culpabilisation y est maniée avec trop d’habileté pour que ce ne soit pas volontaire. On part d’une situation déjà abusive avec cette histoire de gifle pour un verre renversé. Et on monte la sauce dramatique jusqu’à cette phrase finale ou vous vous retrouvez en tant que gifleur dans la joyeuse catégorie des « parents qui battent ». Je ne sais pas pour vous, mais on me dit « parent qui bat », moi, je pense plutot à Roger qui s’amuse sur Kevin avec sa ceinture quand il est bourré…
@ François M:
Il faut bien lire la phrase citée: les pourcentages concernent la part des grossesses non désirées qui sont interrompues, qui a augmenté de 14% en 15 ans chez les 14-15 ans.
La phrase ne dit donc pas que 79% des filles de 14-15 ans en 2005 ont avorté, mais que 79% de celles d’entre elles tombées enceintes involontairement ont avorté.
L’article en lien chiffre le taux d’avortement des 15-17 ans à 0,6% en 2007, et estime 13 500 avortements de mineures par an.
Je partage l’idée qu’il faut transmettre aux jeunes une conscience morale pour qu’ils agissent de manière responsable. Une telle démarche est de nature à réduire le nombre de grossesses non désirées.
Par contre je ne sais quoi penser de :
« chez les 14-15 ans, le nombre de grossesses non désirées interrompues est passé de 65 % en 1990 à 79 % en 2005 (sur la même période, de 54 % à 67 % chez les 16-17 ans) ».
Est-ce une bonne ou une mauvaise évolution ?
Que deviennent les filles de 14-15 ans qui se retrouvent mères d’un enfant non désiré ? Arrivent-elles à s’en sortir, à réussir leur vie ? Ont-elles plus ou moins d’enfants ensuite que celle qui dans la même situation ont avorté ? Et que deviennent ces enfants non désirés ?
L’étude à ma connaissance ne le dit pas.
Ah. Vous avez trouvé l’étude ? Vous l’avez lue ? Le sujet n’est de toutes façons pas là. Le sujet est : comment réduire le nombre d’avortements ? Certains répondent : en généralisant une contraception gratuite pour les mineures. Je considère que ça passe avant tout par une éducation à la sexualité et à l' »affectivité ». Dès lors que la mineure ne tombe pas enceinte, la question de l’enfant non désiré ne se pose pas. Lorsqu’il se pose, c’est un autre débat, évoqué à d’autres reprises.
Vivien a écrit : :
Oui, mais elle est aussi psychologique. Encore que je connais un petit garçon qui, sauf à ce qu’il le cache très bien, n’est vraiment pas marqué. En revanche, pour ma part, je trouve que c’est toujours une perte de contrôle ou une dernière extrémité qui souligne un autre problème.
Vivien a écrit : :
Très exactement, je trouve l’assimilation qui est faite abusive et mensongère.
Skeepy a écrit : :
Oui et, par la même occasion, il est admis que l’on devrait s’aligner sur la conception qu’à l’Etat (ie l’Education Nationale ou autres services) de la sexualité, ce qui est un présupposé pour le moins audacieux.
J’avoue ne pas avoir spécialement envie que l’Etat se charge de l’éducation sexuelle et affective de mes enfants.
On a déjà été ravis de voir notre petite revenir d’un « atelier » en nous expliquant que les parents « n’ont pas le droit de toucher son sexe ». Qu’on l’informe, pourquoi pas. Mais à 5 ans, entendre notre fille parler de « son sexe »…
tout à fait d’accord avec le point de vue « une gifle qui part sur le coup, ce n’est pas un enfant battu, seulement un malentendu »…c’est comme un mot méchant prononcé trop vite, une insulte dite sans être pensée…cela mérite d’abord des excuses et du réconfort…( d’ailleurs dans le clip la grand-mère ferait mieux de s’occuper de sa petite fille que de sa fille).Toute violence est inacceptable, en famille encore plus, mais la répétition de la violence, la méchanceté, la dureté, la volonté de faire mal doivent être d’abord dénoncés. Je crois qu’on peut éduquer les enfants sans gifle, claque, avec des fessées plus en menaces et en symboles tant qu’ils sont petits. L’éducation est un long chemin, générateur de tensions et aussi de joies, de bonheur, le rôle des parents est l »attention, l’explication, avant la prohibition. L’Autorité doit résulter de la confiance et de l’acceptation plutôt que de la force et la tradition. Ne revenons pas à la société d’avant mai 68. Qui le souhaiterait ici ?
… on peut aussi ajouter une troisième catégorie : le parent aimant qui administre une correction physique adaptée et justifiée.
Après quelques millénaires où la correction physique a été universellement admise comme moyen d’éducation, croire que les théories fumeuses des 40 dernières années nous ont apporté un progrès de civilisation, vu l’éducation de notre jeunesse et la consommation d’antidépresseurs de notre société, permettez moi d’en douter. De plus nos ancêtres n’étaient pas des barbares psychopathes et violents, n’en déplaise aux amateurs d’héroic fantasy, et la sanction physique ne semble pas les avoir empêchés d’évoluer.
Ensuite nier la présence latente de la violence dans toute société humaine, la masquer et l’ignorer, c’est élever ses enfants dans du coton et les mettre à la portée de tous les prédateurs qu’ils croiseront.
Enfin, de manière raisonnée et proportionnée, leur faire prendre conscience physiquement que l’Autre existe, que sa volonté peut aussi physiquement blesser et que franchir certaines frontières amène une sanction physique, c’est une pédagogie qui leur permet d’arrêter de se prendre pour le centre de l’univers. Ce que tout humain et particulièrement tout enfant à tendance à faire assez naturellement.
Bref une bonne fessée fait parfois du bien à celui qui la reçoit et dans certains cas c’est son absence qui est nuisible en ne marquant pas une frontière qui serait franchie.
Si tout le monde me dit à longueur de temps que mes enfants sont remarquablement bien élevés, ce n’est pas surtout parce qu’ils disent bien « Bonjour Madame » ou « Merci Monsieur », mais plutôt parce qu’il ont le soucis et l’attention de l’autre et de sa volonté sans croire que tout leur est du.
Par ailleurs ils sont fort sociables, fort heureux de vivre et ne semble aucunement traumatisés par les fessées qu’ils ont pu prendre quand ils oubliaient ce respect de l’Autre.
Donc en ce qui concerne les brillantes théories de gens dont les gamins sont des petits c… qui se croient au centre du monde et qui nous traitent au mieux comme un copain au pire comme un domestique, je vous laisse imaginer ce que j’en pense…
Donc sans même parler de l’âme, la simple pédagogie peut suffire à justifier les sanctions physiques. Les théories des dernières 40 années ne sont pas une panacée universelle et unique, bien au contraire quand on regarde le résultat…
Bonsoir Koz,
il y a une réalité, c’est qu’une immense majorité du mal fait aux enfants vient de leur propre famille. Certes, il ne faut pas tout confondre, mais l’état a à mon avis une certaine légitimité pour mettre son nez dans les affaires familiales: nous revenons d’ailleurs d’assez loin sur ce sujet, comme sur le sujet des violences conjugales: il n’était pas choquant il y a quelques décennies de parfois battre sa femme, alors les enfants…
Mais revenons à notre fessée: faut-il l’interdire ? Certains spécialistes de l’éducation disent qu’elle est inutile, et que l’on peut avoir autant d’autorité avec les enfants simplement en élevant le ton, et en punissant (« ta mère ne va pas chier et ton tour de manège du week-end, tu peux te le ***** » est semble-t-il aussi efficace qu’un aller-retour). J’aurais tendance à plutôt les croire.
Il me semble aussi que la fessée est une spécificité française, et qu’elle a maintenant presque disparu de nombreux pays modernes où pourtant les parents sont autant poussés à bout qu’en France. On peut donc probablement s’en passer. Je pense qu’une interdiction peut avoir des avantages, bien qu’il s’agisse principalement d’un symbole: personne ne songe à traduire en justice un parent qui a mis une simple claque à un gamin qui fait un caprice.
Et terminons par le sexe: je suis d’accord que l’accès à la contraception n’est pas le seul problème des adolescents. C’est toutefois semble-t-il un vrai sujet, sur lequel une action de type « pass-contraception » peut à mon avis apporter quelque chose, à condition de considérer à la fois les problèmes de grossesses non-désirées et de MST pour lesquelles la pilule ne sert à rien. Cela ne doit pas empêcher évidemment l’éducation à la sexualité, qui doit être une responsabilité du corps médical, et l’éducation au couple, qui est à mon avis plus un sujet pour les autorités morales, et peut-être pour les psychiatres.
Je suis père de deux filles et d’un garçon. Ils ont aujourd’hui 20,19 et bientôt 15 ans. J’ai reçu une éducation stricte (bien que je n’ai reçu au mieux que 5 ou 6 claques et 4 ou 5 fessées), j’ai connu l’internat à l’ancienne avec le garde à vous au pied du lit le matin, les châtiments corporels en cas de conneries. Et je n’en suis pas mort pour autant, bien au contraire. J’ai appris des choses qui semblent faire défaut à pas mal de jeunes aujourd’hui comme le respect des adultes, le respect des règles (ainsi que le goût de les contourner parfois, pourvu que cela soit fait intelligemment et dans certaines limites). Bref, j’ai au mieux donné en tout pas plus de 8 gifles à l’ensemble de mes enfants. Pour autant je n’ai jamais eu l’impression d’avoir failli à mon rôle de père. Le tout, c’est que cela doit se faire de manière exceptionnelle et être expliqué après que tout le monde ait pris le temps de se poser.
Pour la contraception, je ne vois pas vraiment la nouveauté de ce fameux Pass. Après tout, depuis des décennies les salo..s du Planning Familial distribuent, dans les collèges et lycées, pilule et RU486 sans que les parents soient avertis. C’est même la pierre angulaire de leur sacerdoce, se foutre du consentement parental. Et ça, c’est encore ce qui est le plus acceptable pour peu que l’on veuille bien considérer que SOS Homophobie distribue ce torchon dans les lycées : http://www.sos-homophobie.org/sites/default/files/guide_gay_de_la_drague.pdf?q=documents/guide_gay_de_la_drague.pdf
Éducation ? Vous avez dit éducation ?
Enfant, j’ai reçu des gifles de mon père, de mes profs et même une fois d’un frères des Ecoles chrétiennes chargés de mon instruction et de mon éducation, (à l’époque pas question de se plaindre à son père en rentrant à la maison , c’était : « s’il t’a donné une gifle c’est que tu la méritais » et généralement la réplique tombait, non pas comme dans les séismes moins forte, mais 8,99/9 sur échelle de Richter ou paternelle ), j’ai reçu la fessée, le martinet, j’ai été mis au coin, en classe ou à la maison, minimum 1heure plus souvent qu’à mon tour, je connaissais tous les coins et recoins de la maison. En y réfléchissant maintenant que je suis à l’ajeunesse, je méritais tout cent fois, aucun traumatisme ni regret.
Je n’ai jamais levé la main sur aucun de mes enfants (4) ai-je bien fait ?
Vivien a écrit : :
Voilà un message qui n’est pas clair pour deux sous. Il peut être interprété de bien des façons, par exemple ainsi: je ne suis pas capable de gérer ton indiscipline autrement, donc j’emploie la violence (physique ou pshychologique, c’est toujours de la violence), ce qui signifie que la violence est une solution acceptable aux problèmes compliqués. Ou encore: quand je suis de mauvaise humeur, j’ai le droit d’être violent. Ou même: il t’en cuira sauf si tu te débrouilles par tous les moyens pour ne pas te faire prendre.
C’est le problème avec les messages que l’émetteur croit clairs sans vérifier que le récepteur ait bien compris. Notez qu’il n’est pas trop utile de demander « t’as compris ? » à un enfant qui vient de s’en prendre une: la réponse risque d’être peu informative.
Pour ma part, je m’efforce d’exercer mon autorité et de ne pas frapper. Les réactions que j’ai d’autres parents me prouvent que jusqu’à présent au moins, je n’ai pas élevé de petits monstres qui se croient le centre du monde.
Cela dit, je conçois tout à fait que d’autres parents puissent parvenir à des résultats tout aussi satisfaisants par les moyens qui leur semblent les meilleurs et ne prétends absolument pas leur dire ce qu’ils doivent faire. Je suis absolument opposé aux tentatives de l’État pour mettre son nez dans ce débat, et je rejette complètement l’assimilation faite par certains avec la maltraitance des enfants. Celle-ci est un délit correctement répertorié par le Code Pénal depuis belle lurette et, à supposer qu’il y ait un problème (ce dont je doute fortement) il ne sera certainement pas réglé avec une couche de législation supplémentaire.
Le réflexe consistant à créer un nouveau délit à chaque fois qu’un quidam émet un pet de travers est une maladie française chronique, qui est devenue vraiment pénible depuis quelques années.
une autre remarque aussi :
Si l’on peut certes faire l’économie de la fessée et arriver au même résultat par d’autres moyens pédagogiques, cela nécessite néanmoins beaucoup plus de temps. Expliquer bien en détail à l’enfant en quoi ce qu’il a fait est mal et lui en faire prendre conscience prend du temps.
Alors qu’avec la fessée c’est forcément plus expéditif et plus rapide. L’enfant comprend très vite pourquoi il ne devait pas asséner un coup de bâton sur le crâne de son petit frère ou voler l’argent de la tirelire de sa soeur.
Maintenant quand on a 1 ou 2 enfant c’est possible de prendre le temps de convertir la fessée en prise de conscience rationnelle (encore que sur des enfants de 2 ou 3 ans il faut m’expliquer comment on leur fait prendre conscience qu’il est mal de mordre leur petit camarade de jeu). En revanche avec 5,6 7 voire plus d’enfants, il y a le repas a préparer et on a pas le temps d’expliquer à chacun qu’il doit prendre conscience du mal qu’il vient de faire à autrui. Ou alors on sacrifie les bains, les repas, les devoirs, etc…
Alors qu’avec une tape sur les fesses pour une petite faute ou un tout petit voire une fessée exceptionnellement pour les grosses fautes, on a le temps de tout faire et on obtient le même résultat.
Bref je suis bien curieux de savoir parmi les adversaires de la fessée combien ont élevé une famille nombreuse. Et parmi les ayatollah qui veulent expliquer aux autres comment élever leurs enfants, combien n’en ont pas eu eux-mêmes, ou peu, et élevés dans le coton comme des vases précieux et inadaptés à la réalités de notre monde ….
@ Gwynfrid : » la maltraitance des enfants. Celle-ci est un délit correctement répertorié par le Code Pénal depuis belle lurette « .
Certes, mais il peut y avoir de sérieux problèmes quant à sa détection, liés généralement au terreau local. Lorsque j’habitais à Vitry sur Seine, j’ai été témoin d’un de ces bugs. La fille d’un de mes amis s’était cognée dans une porte la veille au soir. Le lendemain elle s’est rendue normalement à l’école avec un joli bleu à la pommette. Son instit sans prendre la peine de lui poser de questions a signalé le fait à la directrice de l’école qui a aussitôt fait un signalement. Les parents ont été convoqués sans plus de précisions et se sont retrouvés face à un « tribunal » qui les avaient déjà jugés et qui bien sûr refusait d’écouter ce qu’ils avaient à dire. Et bien sûr les explications de la fillette qui corroboraient les dires parentaux furent écartés. Sans mon témoignage, j’étais présent chez eux ce fameux soir, ils se seraient retrouvés dans une belle galère. Cela s’est passé il y a bientôt dix ans, mais ils en ont gardé un traumatisme encore vif aujourd’hui.
Ce fait est insupportable à plus d’un titre. D’abord par la légèreté avec laquelle a été monté le dossier. Puis par le fait que quelques camarades de cette gamine étaient eux victimes de maltraitances au sein de leur famille, que ce soit du fait de leurs parents ou de leurs frères et/ou soeurs. Seulement voilà, dans une ville qui présente un très fort taux d’étrangers ou de français d’origine étrangère, les bons petits fonctionnaires craignent soit des représailles, soit d’être soupçonnés de xénophobie. Je n’écarte pas non plus la piste idéologique qui pousse à considérer le bon blanc comme nécessairement coupable. Après tout, cette population c’est le fond de commerce des élus locaux qui emploient ces fonctionnaires, petits soldats de l’armée du Bien Universel.
Pingback: Hashtable » Et vlan, un débat qui claque !
Il est intéressant de noter que plus l’Etat est impuissant dans le domaine publique (chômage, désindustrialisation, instruction nationale, immigration, violence), plus il s’intéresse à la sphère privée (contraception, gifle, éducation familiale, etc.) qui en sont pas de son ressort.
Une recherche de la légitimité perdue ?
Sur ce blog, tous les contributeurs conviennent que c’est l’éducation donnée par les parents aux enfants qui est déterminante et qui les aide à agir de manière responsable.
La naissance non désirée ou l’avortement sont des signes des défaillances dans cette éducation.
Alors l’Etat peut-il intervenir et prévenir ? Il le fait déjà tardivement quand les enfants sont signalés par les services sociaux.
J’aimerais que l’Etat fasse plus préventivement en rétablissant des cours de morale à l’école. Une morale républicaine partagée par toutes les composantes de la société. Ce ne serait pas un remède miracle, juste une tentative pour freiner une évolution mortifère.
(+1 Obéron !)
Bonjour et merci à Koz pour cet article, et à vous tous pour vos commentaires de qualité:
Sur la question des claques, gifles et autres fessées, j’ai reçu mon lot dans mon enfance, et concède bien volontiers que la punition physique n’est pas le châtiment le pire que j’ai encaissé.
Père à mon tour de deux garçons, je me refuse à toute réponse basée sur le châtiment corporel: J’ai en effet séjourné en Scandinavie, où se trouvent les peuples d’Europe connaissant le moins de faits de violence physique aux personnes.
La fessée, claque, gifle y est prohibée depuis longtemps à présent (je crois même que c’est en Norvège ou en Suède que cette abstention systématique, à l’échelle d’une population, du châtiment corporel envers les enfants a démarré – à vérifier).
Et j’ai la conviction, sans avoir la capacité de le démontrer, qu’il y a une corrélation entre l’absence de châtiments corporels aux enfants et la moindre violence, sous ces latitudes, qui se remarque chez les ados et les adultes aujourd’hui.
En fait je refuse qu’un réponse d’adulte intelligible par l’enfant puisse consister en une baffe, une fessée, etc… Notez que, de surcroît, je ne fais que suivre l’Evangile.
Là où le point est intéressant, c’est que cette vue n’est pas partagée par mon épouse, qui se réserve le droit à la claque ou à la fessée. Il est, à notre humble échelle, curieux de constater que les punitions que j’inflige sont aussi redoutées (le coin, etc…) que celles de ma femme, et aussi un détail étrange: L’un de nos fils rit à gorge déployée sous la fessée, et même à la seule évocation de celle-ci: Ce qui est passablement désarmant, vous l’imaginez, pour le bras justicier de ma moitié ! Or le coin ou l’obligation-injonction (de ranger, de réparer, de nettoyer, etc…) que je profère ne le font jamais sourire !
Sur le second point, mis en corollaire: l’Education Nationale et ce que l’on fait transiter par elle.
Il est évident qu’une partie immense de la déchristianisation provient de nos collèges et de nos lycées. (NB: si vous rencontrez des recommençants dans vos paroisses, prenez les quelques minutes nécessaires pour leur demander à quelle(s) occasion(s) ils avaient, antérieurement, perdu la foi…en général c’est au bahut).
Je crains que le point de vue chrétien, qu’on se donnait encore à peu près la peine d’aborder il y a trente ans, ne soit même plus exposé de nos jours dans notre système scolaire.
A rapprocher du verdict sans équivoque du sondage paru dans La Croix en décembre 2009 sur les Chrétiens de France aujourd’hui: Le Christianisme est la religion la plus tue dans les collèges et les lycées: Surtout ne pas s’afficher Chrétien, surtout ne pas que ça se sache.
Comprendre comment on a pu en arriver là est sûrement intéressant, mais stopper ou inverser cet état de fait l’est davantage: Si vous avez des recettes à proposer, n’hésitez pas, je me sens on ne peut plus démuni face à cette désemparante situation !
@Gwynfrid
2 petites précisions:
Déjà, comme je le dis dans la suite du message, je ne me prononce pas vraiment sur l’opportunité éducative de la gifle ou de la fessée. Je ne faisais que soulever un point qui me parait occulté par ce débat sur « la violence ». Une bonne raison de ne pas m’avancer est que je ne suis pas (encore) parent et que j’attendrai donc de me confronter aux réalités de l’éducation, avec ou sans fessée, avant de donner des leçons. Au contraire, je note les conseils de parents d’élite m’invitant à éduquer sans frapper, ce qui est tout à fait conforme à mes principes. Mais pareil, j’attendrai aussi de voir en pratique avec le premier. Histoire de me faire la main… Heu, non, oubliez cette expression.
Ensuite, la « clarté » du message ne concernait que les points que j’avais évoqué: la direction des rapports de domination, et la volonté de « porter atteinte à l’intégrité physique » pour utiliser la formule consacrée. Une technique frustre pour un message frustre, mais indispensable. Il y a quelque jours, j’ai vu dans le métro, un gosse d’environ 6 ans faire un caprice et taper sur sa mère, à poings fermés. Sans qu’elle ne proteste plus que ça. Là aussi, sur ces deux derniers points, le message était clair.
Pour le reste, ben oui, le message éducatif a d’autres composantes, et elles risquent d’être dures à développer à base de beignes.
J’aime beaucoup l’article, et j’y adhère; sauf pour le dernier paragraphe qui, je pense, n’a pas sa place dans un article si bien écrit et argumenté par ailleurs.
M. Le Guen propose la pilule gratuite ? Fort bien, il n’oblige personne à la prendre. Ça ouvre juste la possibilité pour toute d’être égale.
Bref, ce n’est pas antinomique avec l’éducation à la sexualité. Au contraire, c’est un pas en ce sens.
De plus, pour une raison que j’ignore, vous attaquez la gauche sur ce sujet : « l’autorité des parents, la sexualité responsable, la gauche n’a pas ça en rayon ».
Rappelez moi, de quel bord politique est le gouvernement actuel ? Vous savez, celui qui veux légiférer contre la gifle. L’autorité des parents, la sexualité responsable, la droite n’a pas ça en rayon non plus apparemment …
D’où cette question, POURQUOI avoir voulu stigmatiser la gauche précisément, alors que c’est le politique (ou la politique) qui est à coté de la plaque ?
Vivien a écrit : :
Il y a quelque jours, j’ai vu dans le métro, un gosse d’environ 6 ans faire un caprice et taper sur sa mère, à poings fermés. Sans qu’elle ne proteste plus que ça.
Cher Vivien, ce n’était peut-être pas une mauvaise réponse de sa part, lui montrant que son « agression » (mot bien fort, désolé !) n’avait aucun effet ? vous ne nous dites pas ce que vous en avez pensé ?
Chacun ses petites techniques, et à chaque enfant son tempérament aussi (ceux qu’on disait jadis « faciles » et « difficiles »).
Pour ma part -et pour l’instant ça donne de très bons résultats, même si ça peut sans doute être remis en cause du jour au lendemain, on ne peut se targuer de certitudes, c’est tout le charme éducationnel-:
Je prends les petits poings dans mes mains, les paumes aussi ouvertes que possible (pour le symbole). J’enchaîne sur: Je comprends ta colère (ou ton désarroi, ton envie, ta contrariété etc…), mais: Ne pas taper. C’est vain. Ca ne sert à rien. Tu ne m’as jamais vu changer d’attitude, revenir sur telle décision après que tu te sois comporté ainsi. (en général il y a reprise de la parole par l’interlocuteur ici). L’amener à vider son sac, ce qu’il a sur son petit coeur, sans mots hors de propos. On repart assez facilement sur de l’échange, du verbal mesuré. C’est gagné. Toutes les variantes ou je n’ai pas commencé par « je comprends ta colère » sont autant d’échecs.
Vous auriez dû aller jusqu’au bout et mettre en titre:
Sexe et fessée: l’âme du crime!
Cdlt
1 seule fessée donnée (surtout pas de gifle : les joues, c’est fait pour recevoir des baisers, et je ne me vois pas frapper à la tête, cela me choque énormément ; par contre, la partie charnue du bas du dos semble avoir été prévue par le créateur pour cela ? )
Mais j’avais prévenu : « si tu cours devant pour aller rejoindre la route en fin de promenade (et t’exposer à un risque que tu ne maîtrises pas) , c’est la fessée »
A 5 ans, l’occasion était trop belle de transgresser l’ordre : résultat, à contre-coeur, j’ai été obligé d’être fidèle à ma parole, le contraire eut été malheureux… juste pour que ça rougisse un peu, mais pas pour rire non plus. Cinq minutes après, depuis le siège, à l’arrière, une petite chanson très particulière, très secrète et très paisible était audible…
Je n’ai plus jamais recommencé ; nous sommes passés à d’autres moyens de négociations 🙂 Mais chaque situation est unique, et je témoigne de cela à postériori : je ne sais pas ce que je ferais aujourd’hui.
Je suis d’accord avec des remarques lues ici : élever dans le coton, c’est pas le meilleur des choix, avec le monde tel qu’il se prépare…
La fessée et la gifle ont un avantage : celui de calmer celui qui les donne. A part ça… Je ne prétendrai pas ne jamais en avoir donné. Il m’est arrivé de perdre patience, comme tout le monde. Mais je ne prétendrai pas que ces « baffes » ont le moins du monde éduqué mes enfants. D’ailleurs, je ne crois pas que la baffe éduque : elle dresse. Elle inculque l’obéissance pour l’obéissance, la crainte (et non le respect) de l’autorité, la « peur du gendarme » et l’hypocrisie qui l’accompagne (quand le gendarme n’est pas là, les souris dansent – ou font du 180 sur l’autoroute). Il me semble que l’éducation, elle, consiste à enseigner des valeurs, et que le meilleur moyen pour le faire porte un nom : l’exemple. Alors, non, ce n’est pas toujours facile. Et, oui, ça l’est plus quand on a deux enfants que quand on en a dix. En même temps, personne n’oblige personne à avoir dix enfants, et quant on n’est pas capable de s’en occuper correctement – c’est à dire, entre autres, d’expliquer régulièrement le pourquoi et le comment d’un interdit, le respect d’autrui, la politesse ou la sexualité responsable, on s’abstient d’en faire autant (personnellement, j’ai connu des familles très nombreuses adeptes de l’éducation non-violente, et leurs très nombreux enfants étaient des modèles de gentillesse, de respect et de civisme, comme quoi c’est possible… mais je n’en aurais pas été capable). Je voudrais rajouter aussi : élever sans violence, ce n’est pas élever « dans un cocon » (et le contraire non plus : j’ai reçu plus que ma part de « torgnoles », tout en étant couvée comme un poussin. Ce qui ne m’a empêché ni de faire des bêtises, ni de subir des horreurs, d’ailleurs). L’enfant-roi n’est pas le contraire de l’enfant-martyr : il en est le complément, et souvent ils se confondent en une seule et même personne.
Au sujet du pass contraception : si tous les parents étaient de bons parents, qui, soit réussissaient à faire « assimiler » la morale chrétienne de la chasteté et de la fidélité à leurs enfants, soit avaient avec ceux-ci des liens de confiance tels que les gamins leur confie leurs émois amoureux et leur désir de « passer à l’acte », celui-ci serait inutile. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Et je crois qu’il faut bien qu’à un moment où à un autre l’Education nationale prenne la relève. Parce que la majorité des gamins coucheront un jour ou l’autre (comme ils l’ont toujours fait : combien de mariage précoces n’étaient pas dûs à une grossesse malvenue ? Combien de faiseuses d’ange ? Combien de filles-mères rejetées ? Tout celà à une époque où l’autorité parentale et le martinet étaient tout sauf remis en cause ?), et qu’il vaut mieux tout faire pour éviter les « faiseuses d’anges », même diplômées, les gamines rejetées sur le trottoir et les mariages obligés.
@Goulebenèze
Comme je vous l’ai dit, je ne suis pas très à l’aise avec le genre de l’éducation-fiction, mais bon, je vais m’y essayer quand même.
Je maintiens que si votre enfant en vient à vous taper (en public, à plusieurs reprises), vous avez un problème assez sérieux. Donc l’ignorer… J’ai l’impression que dans ce cas on ignore surtout le problème, plus que l’agression de cet enfant, que vous minimisez un peu vite, d’ailleurs. Du reste, ce n’est pas ce que cette mère à fait: elle a commencé par protester mollement avant d’essayer « d’occuper » son charmant Attila… Qui a trouvé bien plus drole de continuer à foutre le bordel dans la rame.
J’essaie, promis, de ne pas juger cette maman. Je ne sais pas d’où elle venait, où elle allait, et j’ai bien conscience que son « arsenal éducatif » est sensiblement réduit dans une rame de métro. Donc si vous me demandez ce que cette scène m’a inspiré: de la colère, oui, mais surtout pas mal de tristesse. Et la peur d’en éprouver encore plus si je dois jamais voir un de mes enfants taper sur ma femme.
Ensuite, je dois avouer que votre proposition « en douceur » me pose un souci. Vous dites qu’elle vise à ce que l’enfant comprenne qu’il ne gagne rien à être violent. Mais vous vous empressez de lui offrir votre attention, un dialogue d’égal à égal, et même votre compréhension…
Pour moi, « rien », c’est encore moins. Pas même un torgnole, si on part par là. Donc oui, je causerais, mais pas avant qu’il ne se soit calmé au coin ou dans sa chambre, même si je dois l’y avoir traîné par les pieds. Vous estimez avoir gagné si vous instaurez le dialogue avec votre enfant, et c’est louable. Mai ce ne serait pas mon objectif dans une telle situation. Je n’ai aucune envie que mon enfant en vienne à penser que la colère (et la violence) est un bon moyen d’attirer mon attention ou d’engager le dialogue. J’ai encore moins envie qu’il pense que moi, ou qui que ce soit, doive se montrer « compréhensif » s’il pète un plomb.
Papa ou enfant, on est finalement toujours seul face à sa colère si on la laisse nous emporter, et c’est pour ça qu’elle nous enferme.
VIvien a écrit : :
Je pense que l’on confond ici effectivement deux débats: faut-il punir un tel comportement ? Evidemment oui. Mais faut-il punir par une bonne claque ? A mon avis, cela se discute.
« Je pense que l’on confond ici effectivement deux débats: faut-il punir un tel comportement ? Evidemment oui. Mais faut-il punir par une bonne claque ? A mon avis, cela se discute. »
Pas de confusion, cf le reste du commentaire. C’est juste un autre débat que j’avais avec Goulebenèze :-).
Pourquoi nos gouvernants se mêlent de plus en plus de tout, et de façon bien pitoyable parfois?
Les réponses sont nombreuses. Je repense au « en finir avec l’héritage de 68 » (cité plus haut).
Pourtant nos dirigeants et prétendants sont tous issus de cette période.
Or 68 méprise les parents, l’autorité. 68 c’est l’inconstance à l’honneur. 68 n’est d’ailleurs pas à une contradiction près avec son grand slogan « interdire n’est pas bon, interdisons donc d’interdire » (interdire c’est parfois violant mais interdire d’interdire ça permet quoi au juste?).
Le 68tards d’aujourd’hui en a à-peu-près fini avec les gosses (oufff!). Alors il peu se permettre d’imaginer comment tu dois éduquer les tiens. Ca coûte pas cher et ça peu rapporter des voix.
je crois que c’est aussi simple que cela.
Mais n’oublis pas: si ça tourne mal, le 68tard lui … sera pus là.
Podarcis a écrit : :
Bonsoir,
l’autorité est une notion à double tranchant: mai 68 l’a sans doute compris de travers, mais je ne pense pas qu’une certaine droite traditionaliste française l’ait bien compris non plus.
Un exemple facile à comprendre des méfaits de l’abus d’autorité est le Japon, où les autorités sont très respectées: tout le monde a admiré la discipline des japonais face aux catastrophes qui les ont touché il y a deux mois: pas de pillage, de la discipline, de la patience et une bonne volonté admirable des simples citoyens. Tout ceci est incontestablement dû à l’éducation « autoritaire » des japonais.
Mais il y a un côté obscur à l’autorité: d’abord des règles idiotes que personne n’a remis en cause: des habitants ont manqué plusieurs jours de chauffage, ce qui n’est pas anodin quand il gèle, car personne n’a osé piocher dans les stocks stratégiques, ce qui n’était en théorie pas légal. Et surtout, des arrangements au plus haut niveau entre politiques, industriels et régulateurs ont abouti à de nombreuses failles de sécurité dans les centrales nucléaires du pays. Personne n’a pensé à remettre en cause ces autorités défaillantes.
Comme beaucoup de choses, le bon emploi de l’autorité est une affaire de mesure. On doit accepter une autorité dans le cadre d’une mission bien précise, et une autorité doit toujours avoir un contre-pouvoir. Et comme beaucoup de choses, les européens du nord et les anglo-saxons semblent être les plus performants sur le sujet.
Podarcis, bonjour, étant une ex-soixante-huitarde, je voudrais vous dire deux, trois mots . Je ne sais pas trop ce que vous connaissez de cette période. Au-delà des slogans faciles qui ont été retenus par ceux qui s’en tiennent à caricaturer le mouvement, subsiste de celui-ci un ensemble de valeurs que vous vivez, je pense tous les jours et qui vous semblent évidentes telles l’écoute de l’autre, le dialogue, l’indépendance des médias,la remise en cause de la société de consommation et de l’individualisme etc .
Le Printemps de Prague, la révolution culturelle en Chine et même Vatican II s’inscrivent dans ce mouvement. Cette période fut aussi un grand moment de bouillonnement culturel; libération de la parole dans les entreprises , administrations et lycées et création des maisons de la culture…
Quelques petites années après avoir fait 68, je me suis convertie et ai demandé le baptême. A partir de ce moment , je n’ai cessé , sans rien renier , de m’engager dans l’Eglise . Je vais certainement vous étonner mais j’ai trouvé dans l’Evangile , les valeurs qui confusément m’attiraient dans le mouvement de 68…Nos n’avons jamais eu de mépris vis à vis de nos parents ! J’ai quatre enfants qui ont dû obéir comme tout le monde et pareil pour les deux petit-enfants .
Je suis né en 1953. Enfant j’avais peur de mon père, de ses colères, de sa violence fort heureusement le plus souvent verbale. Je craignais aussi ma mère et sa froideur glaciale et sa « violence non violente ». Je trouvais réconfort, tendresse et protection chez mes grands parents et chez « les vieux » du village de campagne dans lequel j’ai grandi. Deux fois mon père, joueur de rugby et chasseur, a failli me tuer. Une fois dans un accident de chasse que fort heureusement j’ai vu venir mais le coup de fusil accidentel est passé bien près de ma tête et une autre fois ans un accident de voiture qui s’est terminé pour nous deux dans un hôpital. Au Lycée je me suis fait violemment bizuter pendant des semaines dans le car de ramassage scolaire. Pour échapper aux sévices des deux grands que je rencontre encore régulièrement aujourd’hui que nous sommes adultes je suis devenu interne. Le surveillant général d’internat aimait les petits garçons que nous étions. Il m’a coincé un soir dans une salle vide près de l’infirmerie. Un camarade de dortoir qui l’a vu faire a cassé un carreau de vitre dans le couloir. Il est ressorti voir ce qui se passait. Je me suis enfui et je ne suis plus jamais re-tombé entre ses sales pattes d’adulte pervers. Enfin the last but not the least j’adorais le latin mais notre prof de latin nous cognait dessus à longueur de cours: gifles, coup de règles, pinçons, projection de notre tête sur le tableau, sur le bureau, etc…etc… Un malade. C’était au moment de la guerre d’Algérie. Un fou furieux. De tout cela nous n’avons rien dit. Jamais. Nous nous sommes protégés entre enfants que nous étions. J’ai beaucoup beaucoup beaucoup aimé Mai 68. Puis je suis devenu enseignant, père, grand-père. Souvent j’ai été considéré comme un enseignant, un parent laxiste, « démissionnaire » etc…etc… J’ai essayé de ne pas reproduire la violence que j’avais subie enfant. Je n’ai pas été parfait. il m’est arrivé de me laisser aller à quelques gifles, coups de gueule, violence verbale mais en gros je n’ai pas reproduit ce que j’avais vécu enfant. « Il faut tout un village pour élever un enfant » dit un proverbe africain. Je crois que c’est vrai. Un de mes enfants est éducateur spécialisé et travaille avec des enfants retirés par la justice à leurs parents. Heureusement que l’Etat parfois se mêle de l’éducation des enfants. Et tous les enfants dont il doit prendre soin ne viennent pas de familles « tuyaux de poêle ». Il y a parfois des familles très biens où il se passe des choses inacceptables. L’actualité nantaise d’ailleurs en ce moment nous le rappelle cruellement.
Merci Confession pour votre courage .
Ces petites mais courageuses digressions sur Mai68 sont peut-être un peu à l’écart du sujet (encore que…), mais je crois fort bienvenues : elles ont le mérite de nous faire entendre des personnes qui ont vécu ces années et donc de nuancer les propos des plus jeunes d’entre nous qui n’avons pas connu cette période mouvementée. Merci donc de nous montrer l’aspect positif de la chose, loin de tout esprit manichéen, à nous autres qui avons parfois été élevé dans un dénigrement perpétuel de Mai68 et surtout de ses dérives.
Petit témoignage personnel : par mon choix de vie, je suis amené à fréquenter plus que fréquemment d’ex-soixante-huitards chevelus et barbus et qui sentent la biquette, et je dois dire que mon avis est depuis beaucoup plus nuancé : il a très fortement évolué…vers le positif.
Petite précision sur le contexte : nous connaissons tous le vieux jeune embourgeoisé de 60 ans, fonction publique, retraite dorée à 50 ans, vacances en Egypte, nouvelle voiture tous les trois ans, privilèges à n’en plus finir, qui vous raconte la larme à l’oeil et le couteau -bien émoussé, le couteau- encore entre les dents ses combats dans la rue, ses blocages d’université ou d’usine, ses slogans répétés à l’envi, ses lubies d’arrière-garde, ses incohérences (voter NPA ou Dany, conspuer la société de consommation mais mener le train de vie décrit juste ci-dessus), etc. Ceux-là ne m’intéressent pas (et n’intéressent plus personne).
Je vous parlerai plutôt de ceux, qui, suite à 68, ont réellement tenté de vivre en cohérence leurs idées (par exemple (celui qui m’intéresse) : vie en communauté, simplicité de vie, retour à la terre, etc), et qui ont MAINTENU, contre vents et marées, jusqu’à aujourd’hui ; il en reste peu, mais ils valent tout l’or du monde.
S’ils ont maintenu, face à l’immense majorité qui a levé le camp à la première neige pour rejoindre le mouvement docile des mutins de Panurge et aujourd’hui voter Dany, ça a été au prix d’énormes sacrifices, d’une volonté de fer, et surtout d’un ajustement idéologique face au réel, sans toutefois renier la flamme qui les mouvait en profondeur.
Ce qui donne aujourd’hui des personnes souvent d’une grande sagesse (ils reviennent de loin), d’une clairvoyance prophétique (parlez politique, ou économie, ou immigration, ou énergie, pour voir…), d’une fidélité à toute épreuve (ils en ont assez vu, des traîtres), d’une humilité touchante (« on y croyait, pourtant, mais qu’est-ce qu’on a pu merder » sic), à la spiritualité très profonde et revendiquée (mais ne leur parlez pas religion !), des éducateurs hors-pair au dehors parfois rugueux mais au coeur tendre et doux ; je m’arrêterai là, vous ne me croiriez plus. Et pour équilibrer, je reconnais qu’il y a aussi parmi eux des gens qui ont viré totalement aigri et parano…
Donc, rien que pour ceux-là, merci Mai68, et ne me parlez plus de « liquider l’héritage de mai 68 » avant d’avoir bien précisé votre pensée.
Pardon pour la digression.
Et ces gens-là vous citent entre autres du I. Illitch, du J. Ellul ou du E.F. Schumacher (« Small is beautiful », qui est devenu un slogan bien connu) à tout bout de phrase ! Mais ne leur dites surtout pas que ces trois-là étaient, pour l’un catholique -prêtre, même, plutôt dissident sur la fin il est vrai-, pour l’autre protestant, et le dernier catholique converti sur le tard.
Fin de la digression. Pour de bon.
j ‘étais, en mai 68, un tout jeune lycéen que ses parents interdisaient de quartier latin. j’en garde des souvenirs de convivialité, de discours politiques bases sur le rêve et la remise en cause, d’une prise de parole, d’une « libération de l’intérieur »…
sans avoir connu les violences indiquées par Confessions, je garde de la société d’avant mai 68 l’image d’une société patriarcale, »corsetée » basée sur l’ Autorité indiscutée de celui qui détient le pouvoir, laissant peu de place à l’échange, au dialogue… des valeurs qui font aujourd’hui notre vie démocratique ont été mises en avant par mai 68 : égalité hommes/femmes, autorité partagée dans la famille, respect des divorcés, liberté d’expression, possibilité, nécessité de remise en cause sociétale, au delà des luttes et avancées sociales, etc…
après plus de 50 ans de guerres et de crises, une France en paix depuis moins de 5 ans, le peuple reprenait la main via sa jeunesse…la jeunesse, car c’est de cela qu’il s’est agi en 68, comme, cela a été souligné, en Tunisie il y a quelques mois…
la jeunesse qui veut vivre une vie moins contrainte et qui pense qu’elle a son mot à dire dans sa vie, dans la société qui se crée, qu’elle crée..
@PMalo et Francis, tout à fait d’accord avec ce que vous écrivez. Quelques remarques supplémentaires encore qui me sont venues à l’esprit en vous lisant. Avant Mai 68 j’avais peur de certains adultes. Pendant et après Mai 68 j’ai vu la peur sur le visage de certains adultes. Et cela m’a fait un bien fou. Mai 68 a été une révolution manquée. Tant mieux. Au moins elle n’a pas débouché sur un Napoléon, un Staline, un Mao.
@ Else:
Merci de votre aimable commentaire Else.
Pardon je ne suis même pas manichéen dans mon propos je semble mettre tous les 68tards dans le même sac et je m’en excuse. Je ne me suis pas fait comprendre.
En premier lieu je suis d’accord avec vous sur le fait que nous sommes tous héritiers des apports de cette période. Si je ne l’ai pas vécue j’ai en revanche des amis proches qui l’ont vécu. De tous, comme de vous dans vos témoignages, je sent qu’il y a un marqueur profond entre l’avant et l’après, que personne n’est passé à travers sans être touché d’une façon ou d’une autre.
Pourtant une remarque sur 68: Il y a du bon certes et vous avez sans doute puisé dedans comme bon nombre, mais il y a aussi du relativisme à tout crin chez certains de l’infantilisme et la peur de l’autorité tant décriée pendant toute cette période. C’est de ce côté obscur de 68 dont je parle. Si 68 n’est pas tout noir, ce n’est pas non plus tout blanc… accordez-le moi.
Alors quand je me dit que nos dirigeants peuvent se permettre d’imaginer comment tu dois éduquer les tiens (d’enfants) car ça coûte pas cher et ça peu rapporter des voix, j’apporte simplement une réponse à ces questions: Comment en arrivent-ils là avec les kits sex-free&safe? Pourquoi sabrer petit à petit la responsabilité des familles? N’est-il pas de droite Chatel? Pourquoi jouent-il quelques voix sur un sujet pareil?
et pourquoi une campagne culpabilisatrice visant les tortionnaires d’enfants mais volontairement biaisée?
Un des loupés de ces 40 dernières années c’est bien la déstabilisation de valeurs clefs. La famille en fait partie. Et bon nombre de parents font face à la réalité de l’éducation sans les outils traditionnels, culturels voir naturels, car tout cela a été relativisé. Et aujourd’hui?… on nous fait comprendre qu’on est vraiment trop nuls par-ce-qu’on est pas parfait, l’Etat va donc te punir si tu gifles et se charge de l’éducation sexuelle de tes gosses, et inutile de te demandé ton avis. Ne pale-t-on pas de l’Education NATIONALE? le programme ne date donc pas d’hier, il fallait démodés ces valeurs. Je ne dit pas que c’est votre cas, je dit que ça touche suffisamment de familles pour que nos gouvernant puissent surfer sur le phénomène en disant « on prend les choses en mains, bas les pattes papy ». Lui ou elle récupère quelques voix pour la droite ou la gauche et les grands penseurs de gauche 68tards, eux, aimeraient qu’on aille plus loin.
De toutes les valeurs clefs, la famille n’est pas bien partie…
Je considère la fesse comme un outil éducatif, sans plus de valeur que les autres. Il permet de faire face à des situations différentes, par son côté rapport de force, bien évidemment.
L’écoute, la fermeté, la compréhension, l’autorité, sont autant de réponses à des situations diverses et variées, au même titre que les caractères de nos enfants.
Et c’est sur ce dernier point que je voudrais finir: les nombreuses expériences pré-cités sont toutes relatives à des caractères. Leur sensibilité propre me fait utiliser des ficelles et des postures éducatives qui n’ont rien à voir.
Il m’est arrivé d’être ferme, mais c’est trés rare. Fait étrange, je n’en ai aucun remord ! 🙂
@ Podarcis:
Je ne sais pas pourquoi on a déstabilisé la famille comme vous le constatez et comme je l’ai constaté dans mon métier d’instit. Bien sûr que tout n’a pas été génial et magnifique dans Mai 68. Mais ce phénomène de déstabilisation de la cellule familiale il ne date pas de Mai 68 et depuis il s’est poursuivi alors qu’on est dans un monde qui n’a plus rien à voir avec Mai 68. Moi je n’ai pas d’explication satisfaisante à vous donner et je n’ai pas la culture en plus pour le faire. Je suis né dans un monde où 80% des gens vivaient à la campagne et 20 à la ville. Aujourd’hui c’est exactement le contraire. Et je n’ai pas encore compris pourquoi c’est devenu comme ça. Et j’avoue que si je viens lire souvent le blog de Koz c’est que je cherche des réponses à travers ses écrits et les commentaires en général qu’on lui fait à des interrogations qui me trottent souvent dans la tête.
Merci Podarcis pour votre commentaire . Bien sûr que « 68 », ce n’est pas tout blanc ou tout noir . Restons-en là. Déstabilisation de la famille ? Je ne sais pas . Emergent de nouvelles formes familiales. Il me semble qu’au sein de celles-ci se vivent (de ce que je peux voir autour de moi) des valeurs de respect, de courage, de ‘tolérance’ . Ceci dit, je trouve qu’il est très difficile maintenant d’être parents , et cela l’était déjà quand mes enfants étaient petits. Trouver la bonne distance entre autorité et dialogue, ne pas voir les choses forcément de la même manière que les parents des copains, réglementer le temps de télé, limité le plus possible etc.
J’ai donné deux gifles à une de mes filles , l’une dans un magasin, l’autre dans un autre lieu collectif car j’étais excédée , et j’ai donné une gifle à mon autre fille un soir de 31 décembre , dans un magasin aussi, car je n’en pouvais plus .Toutes les deux ( 32ans et 26 ans), m’en ont reparlé il n’y a pas très longtemps autour d’un thé, dans la cuisine . Nous en avons ri mais sur le moment, elles l’avaient mal vécu. Moi aussi, et ces gifles n’ont servi à rien .
Les deux garçons ont dû recevoir aussi une gifle ou deux : cela m’a laissé beaucoup d’amertume ( car à chaque fois, c’était dû à mon exaspération) et maintenant encore, je pense que ça n’a pas servi leur éducation.
Ps: je retourne au clip et au message de Koz : mes gifles ( les enfants n’étaient pas petits),n’étaient pas celle du clip qui elle est d’une grande violence .
Les parents sont les premiers éducateurs, tout à fait d’accord ; pour ce qui concerne l’éducation sexuelle , ce n’est pas toujours facile. Je crois qu’il est important déjà ( mais peut-être que je me trompe ) de dire ce qu’on croit , ce qu’on pense par sa façon de vivre et d’être .
C’est la Fondation pour l’enfance qui a lancé le spot . Dans La Croix , le Dr gilles Lazimi explique que des lois protègent les femmes et les animaux, donc pour pourquoi pas les enfants . ( article paru le 27/04: Pourquoi lancer une campagne contre la gifle.)
@ Podarcis : « C’est de ce côté obscur de 68 dont je parle. Si 68 n’est pas tout noir, ce n’est pas non plus tout blanc… accordez-le moi. »
Accordé de très bon coeur ! Je voulais juste équilibrer un peu la balance, qui était en butée côté sombre.
@ Confession. : « Moi je n’ai pas d’explication satisfaisante à vous donner et je n’ai pas la culture en plus pour le faire. Je suis né dans un monde où 80% des gens vivaient à la campagne et 20 à la ville. Aujourd’hui c’est exactement le contraire. Et je n’ai pas encore compris pourquoi c’est devenu comme ça. »
C’est une très longue histoire, qui nous ferait remonter bien bien loin (voire plus)… J’ai pas mal potassé le sujet, et en effet tout cela est lié ; cette perte de repères générale (et notre crise civilisationnelle et systémique, n’ayons pas peur des mots) est le résultat d’une idéologie de refus du statut de créature par l’homme (et donc d’une dévalorisation de la Création tout entière, car « le livre de la Création est un et indivisible »), qui date depuis… le péché originel, a commencé à prendre des proportions de plus en plus grandes depuis quelques siècles (certains la font débuter à l’époque de Descartes -même si l’histoire est un continuum, et on peut l’appeler « époque moderne »), et -je le crois intimement- est en passe de se résoudre : L’Empire romain s’est brutalement écroulé en 476, notre « civilisation » (ou ce qu’il en reste) prend la même route. Rendez-vous, allez, dans 10 ans.
Le retour à un certain naturalisme (hélas très maladroit, qui se refuse plutôt à être ‘contre-moderne’ et en est au contraire parfois le dernier soubresaut) que l’on observe aujourd’hui vient en réaction pas complètement consciente à cela, comme l’a été le romantisme au XIXe siècle, comme l’a été d’une certaine manière mai68, et comme tout le mouvement « bobo » et « écolo » peut l’être aussi. Si on veut, c’est bien sûr infiniment plus complexe et nuancé.
Je préfère m’arrêter là ; j’en ai déjà trop dit et pas assez. Tout cela pourrait faire l’objet d’une thèse pharaonique, et les raccourcis déjà disséminés dans ce commentaire faussent déjà trop le raisonnement.
PMalo a écrit : :
Cela meriterait une longue discussion, mais on peut raisonnablement penser que le systeme romain allait forcement vers la ruine, car il etait tres instable (le systeme des gardes pretoriennes), ne poussait pas a l’innovation, ni a la remise en cause des elites en places (esclavage, ploutocratie…). J’ai plus confiance dans notre sociale democratie capitaliste, ou les partis politiques et les entreprises durent de 30 a 50 ans, avec un renouvellement formidable.
Par contre, et c’est a mon avis une meilleure comparaison avec l’empire romain, je ne sais pas si nous aurons toujours la volonte de nous battre quand cela sera necessaire. En cela, je pense que c’est peut-etre le cow-boy texan (rustre mais courageux) qui sauvera l’occident au 21eme siecle comme il l’a deja presque fait au 20eme siecle.
Il y a des similitudes avec l’Empire Romain d’avant la chute, mais la situation n’est bien sûr pas la même.
Là où notre système civilisationnel risque de chuter, c’est en partie parce qu’il a atteint les limites physiques de notre petite planète limitée, chose que l’on trouvait à bien moindre échelle pour l’Empire.
Sinon, en vrac, les points communs pourraient être les suivants : impérialisme violent, chute démographique (et donc « invasions barbares » -avec deux bonnes paires de guillemets, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit), guerres lointaines et excessivement chères pour subvenir aux « besoins » d’un peuple abruti et décadent par le pain et les jeux, sensation de toute puissance se retournant contre nous, administration étouffante, incapacité à l’autocritique, etc…
« Le systeme romain allait forcement vers la ruine, car il etait tres instable », certes. Et le nôtre ? L’instabilité est le propre du capitalisme ; comme pour un avion (en tant qu’ingénieurs tous les deux, on va peut-être se comprendre), l’instabilité est gage de réactivité, mais demande des systèmes d’équilibrage extrêmement réactifs et puissants, coûteux en énergie. Cette idée du chaos créatif est propre au capitalisme qui avance de crises en crises.
« ne poussait pas a l’innovation, ni a la remise en cause des elites en places (esclavage, ploutocratie…) » : merci d’appuyer mes propos ! Vous en voyez, de l’innovation, en ce moment ? De la vraie, hein, avec remise en cause profonde des mythes fondateurs, pas juste de l’innovation de procédés ou de produits. Quant à la ploutocratie…
Quant au cow-boy texan, je n’attends rien de lui.
Mais on s’éloigne du sujet pour replonger dans mes propres lubies… 😉
Bon alors pour se re-centrer sur le sujet je propose l’affirmation suivante: mieux vaut éviter les gifles sur la figure, les fessées à cul nu et faire à la rigueur comme les chattes avec leurs châtons, une petite tape contrôlée là où ce n’est pas dangereux, juste pour manifester sa mauvaise humeur, rappeler les limites à ne pas dépasser et faire le méchant sans l’être vraiment. ;+)