
Il s’appelait Obaida, il n’avait pas 20 ans. Il avait l’âge de mon fils aîné et puisqu’Israël restreint tant les images dans ce conflit, ce sera toujours sa silhouette que j’envisagerai dans le récit que fait son oncle, le journaliste Rami Abou Jamous sur Orient XXI, et dans le message vocal qu’une amie journaliste m’a transmis. Obadia, 18 ans, est mort en allant chercher de l’aide humanitaire, pour offrir des qdama, pois chiches grillés, à sa grande sœur mariée il y a peu. Pour cela et rien que cela, il savait qu’il prenait le risque de mourir s’il allait « trop loin à droite ou à gauche, dans un espace dont seul l’occupant connaît les limites ». Touché par un éclat d’obus, il n’a eu de cesse dans l’ambulance, de demander pardon à sa mère d’avoir tenté sa chance et de mourir bientôt. Charif, un autre Palestinien, est mort avec d’autres lorsqu’un tankiste israélien s’est avisé de tirer sur l’espace où ils s’étaient allongés pour la nuit, devant un centre de distribution. Il s’était décidé à risquer la mort après avoir entendu son fils de trois ans faire ce reproche à sa mère : « Pourquoi tu ne me donnes pas de pain ? »
Je préfèrerais ne pas croire ces témoignages. Je préfèrerais croire les versions israéliennes. Croire que ces tankistes ont répondu à une menace. Croire que Tsahal est une armée responsable, qui ne « vise pas délibérément les civils » et conduit une enquête véritable en cas d’incident. Croire qu’il y a quelques mois, un sniper israélien n’a pas visé et abattu une femme âgée sortant de la paroisse de Gaza, puis sa fille venue chercher son corps. Croire qu’Israël, spécialement Israël, refuge des Juifs persécutés, déshumanisés, déplacés, massacrés, n’est pas capable de cela. Rassembler un peuple dans un espace confiné et jouer avec la mort, arbitraire, d’hommes, femmes et enfants, comme s’ils n’étaient pas des hommes. Des femmes. Des enfants. Car ni l’attaque ignoble du 7 octobre 2023 ni la lutte contre le Hamas ne justifient plus depuis longtemps le traitement qui leur est réservé. L’ivresse vengeresse a rompu tout lien logique. Dans une tribune parue au Monde le 4 juin 2025, l’ancien Premier Ministre Ehoud Olmert reconnaît qu’Israël commet des crimes de guerre à Gaza – il dénonce aussi les persécutions en Cisjordanie : affamer la population, attaquer délibérément des civils. Il n’ose pas, mais « pour l’heure » reconnaître des pratiques de « purification ethnique », comme l’ancien chef d’Etat-Major Moshe Yaalon. L’heure est pourtant peut-être venue.
Ehoud Olmet ajoute que ses dirigeants sont pour Israël des « ennemis de l’intérieur ». Celui qui a visité ce pays, qui a de l’amitié pour ses habitants et une sensibilité à ce que signifie Israël jusque dans les livres bibliques, ne peut que ressentir un profond vertige : si les Palestiniens en seront bien sûr les premières victimes, Israël survivra-t-elle à leur éradication ?
Chronique en date du 24 juin 2025
Photo de Mohammed Ibrahim sur Unsplash
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Le problème dans ces témoignages est qu’ils ne sont pas fiables, d’un coté ou de l’autre.
La position du journaliste Rami Abou Jamous sur le groupe terroriste du HAMAS est comme même très ambigu.
https://orientxxi.info/dossiers-et-series/condamnez-vous-le-hamas,7672
C’est bien facile de juger de l’ambiguïté d’une position depuis sa France paisible. Rien ne justifie le massacre du 7 octobre. Mais il peut s’expliquer. Et en tout état de cause, rien qui autorise aujourd’hui à massacrer des civils.
Quant à la fiabilité des témoignages, que vous évoquez plus haut, vous, vous n’avez probablement pas les moyens pour les tester. Pour ma part, je suis à une poignée de main de distance de ces témoins. Alors non, je ne me voilerai pas la face par un commode renvoi de tout le monde dos à dos.
Il ne s’agit pas de prendre parti pour Israël ou la Palestine. Il s’agit de ne pas taire l’horreur par parti pris, quand on la voit.
Cher maître, je n’ai pas votre éloquence. La situation est très compliquée au moyen-orient.
Les témoignages sont probablement vrais. Par contre la montée de l’antisémitisme est bien réelle dans notre « belle » France bien « paisible »
Je vous encourage, puisqu’en vous vous intéressez au sujet à venir aux WE du Cirdic.
https://www.cirdic.fr/
pour avoir un regard un peu différent sur le devenir d’Israël et du peuple juif. C’est très instructif et cela permet d’avoir des positions moins tranché sur ce conflit que nous ne comprenons pas.
Vous êtes déjà très occupé par votre bel engagement contre l’euthanasie.
Venez aux messes au moins en hébreu à Paris!
Conférence au centre Sèvres à écouter de A à Z
https://www.loyolaparis.fr/agenda/mardis-dethique-publique-nov2023/
Merci pour cet article courageux
J’étais parti pour répondre à Jacques, et je me rends compte que cela ne sert à rien. Monsieur, je pleure sur votre humanité.
Et le Christ disait : « chaque fois que vous l’avez fait au plus petit, c’est à moi que vous l’avez fait ». Je prie pour vous.
Cher monsieur,
Parler d’Israël en ce moment est extrêmement compliqué en période de guerre et d’une montée de l’antisémitisme galopante en France.
Toute info qui vient de conflit est à prendre avec des pincettes.
Petit rappel : Le Christ était juif comme ses apôtres
Quand à mon humanité, je vous laisse à vos prières
Le Christ était juif : et alors ? Quel rapport ? En quoi est-ce une excuse ? Il voterait Netanyahou en ce moment ? Il construirait son Royaume sur les décombres de Gaza ? Il déciderait de massacrer des enfants ?
Eh beh… la confusion est totale…