Maurras, fou du pays réel

cm2Il n’est pas nécessaire de chercher longtemps pour trouver, dans bien des familles catholiques, une grand-mère qui collait à l’envers Marianne sur les enveloppes, un grand-oncle qui bourrait de papier son chapeau avant d’aller manifester, la canne à la main,  tel autre qui resta camelot de cœur. Le compagnonnage a souvent tourné court en 1926, lors de la mise à l’Index de nombreux ouvrages de Maurras et du journal l’Action Française[1] ou, plus tardivement, pendant la guerre, quand les positions de Maurras franchiront largement le seuil de l’intolérable, comme dans cet article de 1942 où il s’affirme partisan résolu de la politique d’otages, protestant même qu’ « on [l’]accuse d’être pour le massacre indistinct de tous les suspects [alors qu’il a] déjà dit qu’il importait de choisir dans le tas des complices possibles, des complices certains ». Complices qu’ils citent quelques mots plus haut : « quelques communistes, quelques Juifs [ou] quelques gaullistes ».

Il est donc bien peu fréquent, après ces mots, que l’on se targue encore des affinités de ces aïeux, et rare que l’on évoque aujourd’hui le nom de Maurras sans trahir par là quelque complaisance pour ses thèses les moins recevables. Il est devenu suffisant d’avancer le grief de maurrassisme pour évoquer le spectre de quelque théorie infréquentable[2], cocktail indéfinissable de « terre qui ne ment pas » et d’antisémitisme, qu’il serait superflu de mieux examiner. J’ai voulu savoir davantage comment tant de simples lecteurs, d’intellectuels, d’auteurs et d’artistes, comment plusieurs générations des plus brillants Français (parmi les noms qui parlent encore aux générations actuelles, il faut citer Bernanos, Proust, Maritain, Malraux… et de Gaulle, signe qu’il ne suffisait pas de le lire pour se tromper de route) ont pu se montrer sensibles à celui dont on ne connait bien souvent que deux choses : l’antisémitisme et la collaboration.

Ce fut ma dernière lecture de l’été : L’Action Française, de François Huguenin (éd. Perrin). Son étude, généreuse et exhaustive, édifiante et impressionnante, est marquée autant par une évidente admiration devant le foisonnement de la pensée des divers acteurs de l’Action Française, et son audacieuse critique littéraire, que par la claire dénonciation des fautes patentes de certains, dont celles de celui qu’ils appelaient leur « maître ». L’étude semble parfois motivée par la volonté de lever le voile sur la face occultée de l’Action Française, de sorte qu’elle ne fait guère plus qu’effleurer la violence polémique des textes, qui a pu légitimement susciter les réserves.

Ce demi-siècle d’influence est évidemment trop riche pour être évoqué en un billet, mais ces deux griefs – antisémitisme et collaborationnisme – sont à l’image du sentiment que me laisse ce parcours. Le livre de François Huguenin laisse parfois abasourdi par l’ambition politique, intellectuelle et artistique, qui suffit à expliquer l’attirance qu’a pu exercer l’Action Française – c’est-à-dire l’ensemble de ceux qui ont pensé, autour d’elle, et plus ou moins loin de Maurras. Mais il faut citer ce mot de de Gaulle qui, sous ses allures de boutade à la con, s’avère d’une grande justesse : « Maurras avait tellement raison qu’il en est devenu fou ». Car l’impression me reste d’un de ces hommes qui ont poussé leur réflexion jusqu’à s’extraire du monde pour lui préférer son système, un homme qui a poursuivi le chemin de sa raison tandis que le monde en empruntait définitivement un autre.

Ces deux termes, antisémitisme et collaboration, sont de bons témoins car il faudrait entrer dans une logique piégée pour voir dans le premier un antisémitisme fréquentable. Car Maurras récusait un antisémitisme racial. Il affirmait s’opposer à tous les « Etats dans l’Etat », dont les Juifs – avec les protestants, les franc-maçons et les « métèques ». Sont donc visés les Juifs, voire le Juif, de sorte que si, en théorie, cet antisémitisme n’était pas racial, en pratique, il attribuait des caractéristiques propres « au Juif », ouvrant ainsi au minimum le chemin à un tel antisémitisme[3]. La collaboration ? Maurras a entendu soutenir Pétain jusqu’au bout, malgré sa haine farouche des Allemands. François Huguenin souligne bien toute l’ambiguïté d’un Maurras qui « évolue les yeux bandés », rejetant tout à la fois résistance et collaboration, se voulant neutre à l’égard de cette dernière, prônant la politique des otages mais se recueillant devant ceux qu’il trouve, exécutés, place Bellecour. D’une certaine manière, c’est aussi une mise en garde contre tous ceux qui fantasment un « pays réel »[4] ou une « France véritable ». Si « une certaine idée de la France » peut permettre d’en écrire les pages glorieuses, l’exercice peut aussi conduire à ne plus parler qu’à une France reconstruite, une fiction commode.

Il faudrait encore mentionner l’attitude toute aussi ambigüe de Maurras à l’égard du catholicisme. Il ne reconnaît que le Jésus qu’il prête à la tradition, « le souverain Jupiter qui fut sur terre pour nous crucifié ». Et s’il célèbre l’Eglise, c’est une « Eglise de l’ordre », forte d’être parvenue à tempérer « l’esprit d’insoumission » contenu dans « les évangiles de quatre juifs obscurs » et à dissiper le « venin du Magnificat » (qui « renverse les puissants de leur trône »)[5]. On appréciera l’hommage à l’Eglise, créditée d’avoir su couper le souffle de la Parole.

L9782262035716Difficile de ne pas mentionner encore le royalisme de Maurras et de l’Action Française, quand bien même le format du blog m’impose d’être allusif. J’en garde deux impressions. La première est celle d’un mouvement intellectuel qui accorde un primat infondé aux institutions sur les hommes. La seconde est celle d’une stimulante critique de la démocratie libérale, en ce qu’elle oblige à penser, mais d’un débat dépassé, qui n’a jamais pu déboucher sur une alternative crédible et concrète.

Au terme de cette lecture, reste une admiration non feinte devant l’ambition des préoccupations et des controverses de l’époque – face auxquelles la nôtre fait plus que pâle figure – et le sentiment d’un profond gâchis, les travers originels du maurrassisme et et les fautes inexcusables de Maurras pendant la guerre ayant condamné l’ensemble du mouvement à l’oubli et au discrédit.

  1. Cette mise à l’Index a donné lieu à des mesures d’une extrême sévérité, incompréhensible aujourd’hui, dont le refus des sacrements – communion, absolution – ou des funérailles chrétiennes à des responsables ainsi qu’à de simples lecteurs de l’Action Française []
  2. L’auteur souligne que le communisme n’a jamais subi le même sort, ce qui n’est pas objectivement bien justifiable []
  3. Il faudrait peut-être prendre en compte le fait que l’antisémitisme était malheureusement largement partagé sur le spectre politique, y compris à gauche, qui visait davantage « le banquier juif ». C’est une donnée à ne pas négliger pour apprécier le mouvement, même si elle doit être elle-même modérée : cet antisémitisme n’était pas accidentel dans le maurrassisme, mais s’articulait précisément avec ses autres thèses []
  4. Cf. la fameuse distinction de Maurras entre le pays légal et le pays réel []
  5. Ces propos les plus explicites figurent à la préface du Chemin de Paradis édité en mai 1894. Ils en seront retirés par la suite, mais nombre d’observateurs ne sont guère convaincus par un désaveu, plus par un retrait tactique pour ne pas incommoder les catholiques à rallier []

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22 commentaires

  • Sur le lien suivant http://www.lavie.fr/debats/bloc-notes/qui-sont-les-catholiques-athees-16-08-2016-75561_442.php Jean Claude Guillebaud évoque lui aussi Charles Mauras. Un proverbe africain affirme que quand nous ne savons où nous allons il faut nous souvenir d’où nous venons. C’est donc que nous ne sommes pas que les enfants de notre époque si nous avons besoin de lire ou relire nos « aïeux ». Le passé souvent éclaire le présent et peut permettre de se choisir un futur. J’ai terminé Etty Hillesum.

  • Lecture interessante. Ce qui m’interesse dans ce genre d’ouvrage c’est l’etude du basculement vers quelque chose de plus radical, ou alors une simplification des theories qui meme, la-aussi, a une radicalite. C’est dans cet etat d’esprit que mes lectures de vacances m’ont emmene du cote de Jean Birnbaum (Un silence religieux) et son chapitre sur la maniere dont la maxime marxiste « la religion est l’opium du peuple » a ete galvaudee.
    Bref, tout ceci est tres interessant

  • « Les sages patries qu’il s’était constituées lui ont fermé les yeux sur le monde enragé des années 40. Il lui est arrivé de raisonner en philosophe grec, aveugle et sourd aux cris de l’époque, quand ses hypothèses, maniées par des fous et transformées en vérités d’Etat, servaient à tuer. Pendant l’occupation, il continuait à manier ses balances, sans savoir que les poids étaient truqués et que son antisémitisme littéraire, félibre, imbécile et d’ailleurs modéré, s’appelait ailleurs Auschwitz ou Dachau. Il est grave pour un politique d’ignorer son temps. »
    Roger Nimier, « Charles Maurras » (dans « Journées de lecture »)

  • Recension intéressante, merci… Maurras a eu une influence déterminante sur les actions de bien des catholiques au XXe siècle. Moi aussi, j’ai une branche de famille avec cette tendance-là.

    Il est intéressant de voir un Maurras coupé de la réalité, englué dans sa théorie au point d’applaudir Pétain jusqu’à la fin. Cette tendance de l’intellectuel français s’est retrouvée aussi chez pas mal de communistes. La tentation est grande de tomber amoureux de son idée au point de ne plus vouloir la lâcher, même quand les événements vous donnent tort.

    Reste chez Maurras un antisémitisme fondamental, qui, même s’il est d' »État » plutôt que racial, est une faute originelle qui entache l’ensemble de la pensée, et cela, dès l’affaire Dreyfus, quarante ans avant les faits que l’on lui reproche le plus communément.

  • La radicalite va t elle devenir la norme ?
    Quelle place pour les réacts ?
    Quid de monsieur Bayrou dans un tel échiquier ?
    L’antisémitisme en France est il une affaire nationale ou essentiellement une affaire de muz ?
    Les affaires de certains justiciables ont un drôle de calendrier. Certains justiciables ont de drôles d’ambitions pour eux-meme et la France.
    Mais si » J’accuse », ne tombe je pas de fait dans une chasse aux sorcières petiniste ?

    Hier, nous en mangeons jusqu’à plus faim. Si bien que la droite allemande elle même se dit qu’il est temps de lever le pied avec le merkellement correcte.
    Demain matin ; quel est le plan d’action ?

  • J’ai lu ce livre à sa parution. Ce qui m’avait frappé, c’était l’actualité des critiques de Maurras sur la vie politique de son temps. Il pensait la démocratie laissée à ses seuls mécanismes incapable de viser un bien commun, quelle que soit la définition donnée à ce bien commun. Son antisémitisme n’était pas le premier moteur de sa pensée. Sa relation à l’antisémitisme était du même ordre que sa relation au catholicisme. Certes il soutient l’un et l’autre, mais pour des raisons que récusent aussi bien les vrais antisémites que les vrais chrétiens.

    La protestation contre les errements de la politique qui hier s’exprimait dans l’AF aujourd’hui s’exprime au FN. Est-ce vraiment un progrès ?

  • En terme de droiture, certains ont une colonne vertébrale, d’autres ont besoin d’un corset.
    J’en déduis que Maurras était partisan du « corset pour tous ».

  • La démocratie a ses tyrans qui souhaitent l’appliquer partout et en tout temps.

    Pourtant, n’y aurait il pas des moments où ses réponses républicaines restent sans effet face à des défis qui peuvent la prendre de vitesse, pendant que ses idéologues discutent, publient, ou remplissent des lignes sur un forum ?

    N.B. Nous voilà en fin d’après-midi et nous n’avons toujours pas de plan d’action.

  • Je voulais aimer croire qu’en postant sur Koz, j’obtiendrais ses réponses simples à des équations complexes (pour qui voter, que croire, quoi manger ce soir ….?).

    Et la journée d’hier s’est terminée en me laissant là où j’étais initialement.

    24h plus tard, j’ai fait un petit pas mais je ne sais pas si c’est en avant.

    Je lis Koz et ses liens. Je crois comprendre que le but est d’être dans le monde mais pas du monde.

    Bien. Cette absence de positionnement définitif et cette culture de la porte ouverte explique peut être la popularité du site.

    Un site attrape tout pour tous aux allures radicales ? … Une démarche quelque peu Christique, non ?

    Le Christ ; 1er des radicaux passionnés … loin devant Maurras ?

    En fait, un site pour une invitation au cheminement. Je ne sais pas si mon départ est bon ou minable. Mais peut être que l’essentiel est de se mettre en marche pour réfléchir, comme ici, sur Maurras avec Aristote. Avec un fond de miséricorde peut être et, en tout cas, franchement et librement. Ça tranche avec une démarche franc maçonne ou muz : dans ces groupes, l’absence de liberté, tôt ou tard, pour se conformer aux collègues, ne permet plus un cheminement individuel authentique, non ?

    Il paraît qu Aristote marchait également.
    Plus vite que moi je vous l’accorde !
    Bonnes marches les kozeurs.

  • Bonjour,

    Je n’ai pas lu ce livre mais ce billet m’intéresse car J’ai eu aussi une branche de ma famille qui a été très militante AF, camelot du roi…Je ne juge pas de la sincérité de leurs fois mêlées à cette idéologie nauséabonde , je dois même dire que leurs militantismes et leurs convictions avaient quelque chose d’édifiant mais je pense qu’ils se trompaient de Dieu, comme toujours quand l’idéologie est une idole, que l’idéologie soit bonne ou mauvaise d’ailleurs. Dans le cas de l’AF, je pense qu’elle a vraiment contaminé toute une génération et que l’on continue à avoir des rejetons, soit dans attitudes radicales sur des sujets doctrinaux soit dans certaines positions politiques mélangées à une défense de la chrétienté. Il est toujours difficile de séparer le bon grain de l’ivraie, mais je crois que ce sujet mérite d’être encore débattu pour que nous puissions prendre conscience de ces dérives passées et voir où elles nous « mé conduisent » encore aujourd’hui.

  • @ Arnaud:

    Le frère de ma mère a été camelot du roi. C’était un homme fort intelligent, d’une grande rectitude morale, soucieux du bien commun, que je n’ai jamais entendu proférer une remarque antisémite.

    Il parlait peu des engagements de sa jeunesse, mais il me semble qu’ils traduisaient une révolte contre la corruption et la concussion qui marquaient la vie politique de l’entre deux guerres, au moins autant qu’un engagement idéologique rigide.

  • Je crois qu’il est difficile, et largement illégitime, de juger des motivations politiques d’une personne à presque un siècle de distance. Il est, par contre, loisible de juger des actes des camelots du roi: la violence réfléchie et théorisée comme mode d’action politique est intrinsèquement condamnable, indépendamment des époques.

    (Sans rapport aucun: j’ai un commentaire en modération sous le billet précédent).

  • @ Gwynfrid:

    Certes, mais reste une des questions soulevées par Koz : pourquoi en dépit de tout cela un grand nombre de personnes intelligentes, pas plus portées à la violence que la plupart de leurs contemporains, souvent généreuses, ont fait partie de la mouvance de l’AF ?

  • @ Aristote:
    Difficile à dire. Je ne peux que tenter des spéculations: peut-être parce que le nationalisme, dans une époque vécue sous la menace directe de l’Allemagne, était une tentation plus forte qu’aujourd’hui; parce que la République était moins solidement ancrée dans la tradition politique du pays; parce que l’antisémitisme n’avait fait qu’en partie la preuve de sa nocivité, et qu’on avait pas encore pu imaginer à quelles extrémités il menait.

    On peut faire un parallèle avec le communisme, qui était lui aussi une tentation plus compréhensible dans les années 20-30 qu’il ne l’est aujourd’hui. Tout ceci revient à dire que notre position, pour juger de tout cela, est plus confortable que celle de nos arrière-grands-parents, puisque nous avons vu la suite du film.

  • Absolument Gwynfrid, et il est bien plus aisé de juger les choses quand on sait ce qui s’est passé par la suite.par ailleurs il ne faut pas oublier non plus que les scandales politiques furent fort nombreux à l’époque. (encore plus que maintenant, non?)
    On s’étonne que de nombreux intellectuels furent séduits par les idées de Maurras,et que dire alors des non moins nombreux intellectuels qui furent séduits,ô combien, par la dictature de Staline,et pendant combien d’années n’a-t-on pas répété et répété encore que le marxisme allait dans le sens de l’histoire…
    Décidément être intellectuel n’empêche pas pour autant d’être parfois, absolument aveugle.
    Drieu La Rochelle était un intellectuel, et Aragon aussi ce qui ne les a pas empêcher ni l’un ni l’autre de se fourvoyer totalement

  • Gwynfrid a écrit :

    la violence réfléchie et théorisée comme mode d’action politique est intrinsèquement condamnable, indépendamment des époques.

    … et des excuses

  • Je suis étonné que parmi toutes les idéologies du XXème siècle, le maurrassisme fasse partie des plus conspuées. Elle est vue de loin et avec mépris, comme on ose à peine toucher du bout d’un bâton une charogne. Le mot nauséabond l’enveloppe et la disqualifie. Inutile de développer que le maurrassisme n’est pas un nazisme, et que des relents bien moins supportables car bien plus réels s’échappent du cadavre mort-vivant du communisme.

    Koz montre bien ce que cette opprobre doit au collaborationnisme de Maurras, pourtant bien circonscrit : on ne peut certes lui reprocher ni d’être responsable de la montée du nazisme et de l’Allemagne, ni de l’affaiblissement de la France avant 40. Gwynfrid évoque avec justesse ce que cette idéologie a de vieilli, avec ses références à une France qui s’est éloignée de nous. Et les uns et les autres font se souvenir que le gaullisme porte en lui un peu de maurrassisme transmuté.

    Etre camelot, ou croix de feu, ce n’est pas être collaborationniste. Et à propos des manifestations musclées et des cannes plombées des années 30, avez-vous vu aujourd’hui (15 septembre, dernière manifestation contre la loi travail) les cocktails molotov brûler dans les rues de Paris ? Fait-on preuve à leur égard de la même réprobation ?

    Ne pas voir avec de Gaulle en 40 que l’Allemagne était vouée à perdre, c’est une faute très grave, qui a justement condamné Maurras. Son analyse du catholicisme est très problématique et bien insuffisante, encore plus aujourd’hui ou l’étreinte de l’Eglise sur la société s’est si dessérrée que seul le souffle de l’esprit pourra la faire aller de l’avant. Sa haine de la République nous paraît vide de sens, l’idée royaliste étant aujourd’hui totalement désincarnée et coupée de ses racines. Pour toutes ces fautes et ces archaïsmes, il reste une analyse organique de la société française qui est d’une grande puissance, libérale et ordonnée à la fois. C’est aussi le fruit d’un effort intellectuel collectif remarquable.

    Le pays réel n’est plus ce qu’il était, mais nous avons encore en nous un peu de Maurras. Et ce n’est pas notre moins bonne part.

  • pulp a écrit :

    Je suis étonné que parmi toutes les idéologies du XXème siècle, le maurrassisme fasse partie des plus conspuées.

    Vous répondez vous-même à votre question: l’explication se trouve dans le souvenir de la collaboration, le crime collectif le plus marquant de l’histoire du pays. La collaboration entache tout ce qui l’entoure, et il est indéniable que le maurrassisme a eu sur elle une influence déterminante, indépendamment des positions personnelles prises par son créateur à ce moment-là.

    .pulp a écrit :

    Etre camelot, ou croix de feu, ce n’est pas être collaborationniste.

    Bien sûr. C’est pourquoi la condamnation porte sur les idées en elles-mêmes, et non sur l’ensemble des personnes qui ont milité dans ces organisations. Plusieurs ont bifurqué ensuite vers la Résistance. On peut imaginer une histoire parallèle dans laquelle Maurras aurait, personnellement, fait ce choix. Son nom serait certainement moins vilipendé aujourd’hui.

    pulp a écrit :

    Le pays réel n’est plus ce qu’il était, mais nous avons encore en nous un peu de Maurras. Et ce n’est pas notre moins bonne part.

    Je ne vois pas bien laquelle? Sans même parler des deux éléments principaux cités par Koz, le reste de la pensée de Maurras – antiparlementarisme, condamnation de l’idée démocratique comme contraire à la sélection naturelle, nationalisme « intégral » – tout cela a été soit condamné, soit rendu obsolète par l’Histoire.

  • Gwynfrid a écrit :

    Vous répondez vous-même à votre question: l’explication se trouve dans le souvenir de la collaboration, le crime collectif le plus marquant de l’histoire du pays. La collaboration entache tout ce qui l’entoure

    Eh oui. A contrario, la grande force du communisme, c’est d’être un crime collectif marquant dans d’autres pays. Du coup, il n’entache rien.

    Étonnant de la part de la gauche ce nombrilisme nationaliste un peu moisi. Si on ne savait pas à quel point ils sont sympas et ouverts d’esprit, on pourrait croire que les gens de gauche se désintéressent de la souffrance des étrangers.

    Quoi, cette idéologie n’a massacré, torturé ou emprisonné que des Russes, Polonais, Tchèques, Est-Allemands, Roumains, Yougoslaves, Bulgares, Albanais, Hongrois, Lettons, Lituaniens, Estoniens, Ukrainiens, Chinois, Cambodgiens, Vietnamiens, Laotiens, Nord-Coréens, Cubains, Vénézuéliens, Yéménites, Somaliens, Angolais, Congolais, Béninois, Éthiopiens (je dois en oublier) et pas un Français ! Comment pourrait-elle disqualifier qui que ce soit?

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