Mascarade

C’est l’effet papillon. Dix-sept ans plus tard, le polo d’un ministre en Bretagne couvre la face des passants – jusque sur les bords de mers battus par les vents et même les petits villages des montagnes pyrénéennes. Le souvenir cuisant de la négligence imputée en pleine canicule à Jean-François Mattei, alors ministre de la Santé, taraude les politiques, désormais anxieux de justifier d’une action, pour le principe même d’agir. Ajoutez-y un principe de précaution extensif et une coupable judiciarisation de la société et vous voilà masqués en plein air. De quelques zones, l’obligation du port du masque s’étend maintenant à des villes entières et, après Toulouse, Nice l’impose. La liste s’allongera. C’est l’effet parapluie.

Pourtant, dans ses dernières recommandations, même l’Organisation Mondiale de la Santé écrit qu’elle ne « dispose pas de données factuelles directes attestant de l’efficacité du port généralisé du masque ». Les autorités françaises concèdent qu’elles sont incapables de caractériser un seul foyer de contamination en extérieur. Et ni à Nice lors du concert à 5.000 personnes, ni lors des autres concerts de la Fête de la Musique, ni sur les bords du Canal Saint-Martin, pas plus que lors du match Lyon-Turin, aucun évènement extérieur fustigé pour son inconséquence n’a été identifié comme source de contagion.

Que cela soit clair : il ne s’agit pas de remettre en question l’impératif indiscutable du port du masque en milieu clos, ni de prêcher l’insoumission. Aussi sûr que le plastique est fantastique, le catholique est sympathique. Il dit bonjour à la dame et obéit aux autorités légitimes, il respecte le code pénal. Mais qu’on ne l’oblige pas à le faire avec l’entier assentiment de sa conscience. Car il n’y a rien d’anodin à s’habituer à vivre une vie sans visages, sans leur diversité, leurs expressions, dans un sombre défilé de clones oppressés. La propension désinvolte des autorités civiles à imposer des obligations à l’efficacité douteuse et à les assortir par surcroît de sanctions pénales n’est pas moins inquiétante, tout autant que l’absence de discussions qu’elle suscite. Notre Déclaration des Droits de l’Homme proclame pourtant toujours que la loi « ne doit défendre que les actions nuisibles pour la société » et « ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires ». Si la situation est assurément moins grave que les lettres de cachet qui en ont précédé la rédaction, son acceptation zélée n’est pas le meilleur signe de la vitalité d’un peuple.

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34 commentaires

  • Il est plus simple et plus pertinent de mettre un masque dès que l’on sort de chez soi que de passer son temps à l’enlever et à le remettre sans respecter les mesures d’hygiène élémentaires lors des manipulations.
    C’est ce qu’a bien compris l’Espagne.
    Cela évitera aussi, je l’espère, les réactions agressives de quelques décérébrés quand on leur demande de mettre leur masque en montant dans un bus ou en rentrant dans un commerce…

    • Au vu de la situation en Espagne, je ne suis pas certain que ce soit le meilleur exemple à donner. Après, on peut toujours aller plus loin : changez-vous votre masque toutes les 4h ? Le lavez-vous après chaque sortie ? Le changez-vous tous les jours ? On pourrait envisager une obligation, avec une attestation sur l’honneur à renouveler tous les jours.

      Il faut bien, à un moment donné, fixer une limite et l’inefficacité d’une mesure me semble être une assez bonne limite à fixer. Cf plus bas, ma réponse plus globale.

  • Cher Koz.
    Une fois de plus je suis assez d’accord avec vous mais je nuancerais un peu votre propos. Je suis « catholique obéissante » alors je mets le masque dans la rue quand je croise beaucoup de gens tout en étant aussi persuadée que vous que ça ne sert à rien, mais comme beaucoup de gens en France, en tout cas, ne peuvent obéir que s’ils y sont contraints, et bien, j’accepte, à cause d’imbéciles qui prennent des risques inconsidérés pour embêter toute la société qu’ils détestent, j’accepte (avec modération) de mettre le masque quand je ne suis pas seule dans la rue.
    Quand arriverons-nous à éduquer nos compatriotes, jeunes mais surtout vieux !

    • Le fait est que je mets moi aussi mon masque en extérieur. Parce que l’on m’y oblige. Mais je ne crois pas que cela apprenne quoi que ce soit à qui que ce soit. Je crains bien au contraire l’effet d’exaspération, assez légitime face à une mesure dont les meilleurs spécialistes expliquent qu’elle est inutile voire contre-productive.

  • Oui, BRAVO et MERCI MERCI pour votre article nuancé , comme toujours, et plein de bon sens.
    En effet, il n’ y a « rien de naturel et d’anodin à s’habituer à vivre une vie sans visages… » et outre l’aspect oppressant du port du masque pour tous tout le temps, inefficace- voire contre-productif chez les enfants- et hypocrite , c’est le manque de concertation , les ordres et la sanction infantilisants qui accompagnent cette mesure qui sont choquants.
    Jusqu’où ira notre capacité d’adaptation et notre propension à adopter des comportements et relations de plus en plus dénuées d’humanité?
    Avons- nous tant peur de mourir que nous préférons choisir la peur de vivre?
    Je bénis les propos de ce philosophe, dont le discours si politiquement incorrect pendant le confinement a choqué tant d’oreilles et reste inaudible pour beaucoup à propos de cette crise : « (…) la tendance existe depuis déja longtemps à faire de la santé la valeur suprême et non plus de la liberté, de la justice, de l’amour qui sont pour moi les vraies valeurs suprêmes »(A Comte-Sponville).
    Je prie pour éduquer nos enfants, futurs citoyens de notre Terre malmenée , à l’esprit critique, la réflexion , la résistance, la solidarité, la liberté … Si la peur gouverne nos gestes et attitudes et prend le pas sur la raison et la vie, nos démocraties risquent en effet d’être vivement menacées…

    • J’ai en effet un vrai problème de liberté publique dans cette affaire : que l’on m’impose une mesure inutile et inefficace et que l’on me sanctionne si je ne la suis pas, c’est un rapport à l’autorité que je n’accepte pas, et que je trouve de surcroît tout à fait nuisible de façon générale puisque cela nuit au crédit de l’autorité publique.

  • Puisque la vie est rouge

    Les hommes glissent comme des poissons
    Derrière la lumière de lune des fenêtres
    Combien de fois par semaine faut-il changer l’eau du théâtre?
    Sur l’écran de télé les morts heureux demandent
    Qu’on applaudisse leur imitation de la joie
    Mes trois plantes n’ont jamais tremblé
    Quand je fais entrer le vent à petites toux dans la maison

    Emmanuel Godo

    http://www.emmanuel-godo.com/biographie/

  • L’efficacité du port du masque en extérieur n’est pas prouvée, certes, mais cela peut être expliqué aussi par des limites techniques (faiblesse statistique, clusters non identifiés dans les festivals ou files d’attente faute d’utilisation des applications type stopcovid, faible niveau de circulation du virus lors de la fête de la musique…). Et il serait très surprenant qu’il n’y ait aucune transmission virale à l’extérieur, notamment dans des foules statiques….
    Donc dans le doute, et dans un contexte où le nombre de contaminations grimpe lentement mais sûrement, il s’agit plus que d’un « principe de précaution » à mon sens.

    • Le monde entier étant focalisé sur la détection des clusters dans chaque pays, pensez-vous vraiment que, si le risque était réel, il ait pu échapper à tous tout le temps ? La question de la faiblesse statistique ne se pose pas : il n’y a pas moins de vie en intérieur qu’en extérieur. Après, que l’on impose le masque dans les situations que vous évoquez : un marché ou une « foule statique », c’est une chose. Ca ne doit pas conduire à l’imposer de façon systématique partout, tout le temps.

      Quant au principe de précaution, il ne doit pas s’entendre de façon si extensive qu’il entrave la vie par des mesures inutiles.

  • De façon générale : je ne compte pas le nombre de spécialistes qui sont opposés au port du masque en extérieur, non seulement parce que le risque d’infection est loin d’être prouvé (il faudrait, selon les études disponibles, rester dans un lieu mal ventilé, bondé, avec des personnes qui parlent fort voire crient à proximité, pendant un laps de temps prolongé) mais parce qu’ils pointent les effets négatifs sur la lutte contre le Covid. Imposez des mesures inutiles et les gens en viendront à mettre en cause les mesures utiles.

    C’est aussi pour moi un vrai problème d’Etat de droit et de libertés publiques. Citoyen, je ne suis pas un enfant, ni un sujet, je suis une personne libre et responsable. Que l’Etat édicte des mesures inutiles et m’impose de les suivre, cela me pose un sérieux problème, et cela devrait en poser à chacun.

    Je vous joins le tweet matinal du Professeur Antoine Flahaut. Pour mémoire il est professeur de Santé publique (soit précisément la discipline qui se place au carrefour de la médecine et des sciences comportementales) et il n’est pas précisément du genre à minorer le risque de cette épidémie – dont il disait dans Le Figaro ces derniers jours qu’elle concernerait u virus « plus virulent » cet hiver.

  • Bonjour Koz,

    Je dois dire que je suis mi-figue et mi-raisin sur ce billet-ci. Certes, il est possible que cette mesure gouvernementale, indiscutablement une mesure lourde, se révèle excessive. Peut-être même contre-productive, comme tu le suggères. D’un autre côté, les Français étant ce qu’ils sont, ils râleront contre les mesures, et ils râleront aussi contre l’absence de mesures. Jusqu’ici, c’est plutôt l’insuffisance de précautions et la lenteur de la réaction qui ont été reprochées au pouvoir. Y a-t-il une correction trop forte dans l’autre sens? Peut-être.

    Nous ne savons toujours pas tant de choses que ça sur ce virus encore bien neuf. On n’a pas de preuves des risques de transmission en extérieur, mais en fait on n’a pas de conclusions définitives sur grand-chose. Comment le virus se comportera-t-il en hiver, sommes-nous au début d’une deuxième vague, quel est le taux de mortalité réel, tout cela est l’objet d’estimations et d’hypothèses.

    Dans ce contexte, il n’est pas choquant d’user d’un excès de précaution. Là où tu vois un zèle inquiétant et moutonnier de la population qui se soumet à ces mesures, je préfère voir une réaction solidaire où chacun accepte de sacrifier son confort pour protéger les plus vulnérables autant que faire se peut. Le verre est à moitié plein.

    • Je ne résiste pas à l’envie de vous envoyer cet extrait du Journal d’un curé de campagne (Bernanos, 1936) et à vous renvoyer à la lecture de l’article de J.C Guillebaud sur « l’esprit de résistance » dans La Vie: ils font formidablement écho à « l’excès de zèle inquiétant et moutonnier de la population » qui se soumet à des mesures iniques, et oeuvre à l’émergence , lente et sournoise, des dictatures.
      Oui, il me paraît grand temps de résister, avant qu’il ne soit trop tard.

      « Je pense depuis longtemps déja que si un jour les méthodes de destruction de plus en plus efficaces finissent par rayer notre espèce de la planète, ce ne sera pas la cruauté qui sera la cause de notre extinction, et moins encore bien entendu, l’indignation qu’éveille la cruauté, ni même les représailles de la vengeance qu’elle s’attire… mais la docilité, l’absence de responsabilité de l’homme moderne, son acceptation vile et servile du moindre décret public. les horreurs auxquelles nous avons assisté, les horreurs encore plus abominables auxquelles nous allons maintenant assister ne signalent pas que les rebelles, les insubordonnés, les réfractaires sont de plus en plus nombreux dans le monde, mais plutôt qu’il y a de plus en plus d’hommes obéissants et dociles ».

      • Trop, c’est trop !
        Invoquer Bernanos ou « l’esprit de résistance » à propos du port du masque pour protéger les autres n’a rien à voir avec la docilité moutonnière à l’égard de mesures iniques ou de dictatures ni avec la complaisance vis-à-vis du franquisme ou du nazisme.
        Il est même scandaleux de mettre sur le même plan une réserve par rapport à l’obligation du port du masque et l’esprit de résistance face à l’une des dictatures les plus effroyables que le XXème siècle ait connu.
        Porter un masque n’a rien à voir avec dénoncer un juif, et refuser le port du masque n’a rien à voir avec l’esprit de résistance !
        Trop c’est trop !
        Je suis en colère… ça suffit !
        Il s’agit seulement ici d’une simple mesure inconfortable certes mais élémentaire de responsabilité vis-à-vis des autres personnes plus vulnérables pour éviter de revivre ce que nous avons vécu dans les hôpitaux en mars-avril.

      • En réponse à mr De Guibert suite à mon commentaire évoquant Bernanos:
        Si je suis désolée de vous avoir scandalisé, je maintiens pourtant que la mesure du port du masque à l’extérieur pour soit-disant protéger nos aînés et les personnes vulnérables me paraît totalement contre-productive: elle infantilise les citoyens en leur faisant plus peur de la sanction (comme si la police n’avait pas « d’autres chats à fouetter »!) que de la lutte contre le Covid par le respect de mesures intelligentes et responsabilisantes.
        De fait, je suis en colère de voir mes concitoyens se soumettre à des ordres aberrants et hypocrites, sous prétexte de « simplicité »: ce n’est pas parce que des gens trouvent plus facile et confortable de laisser leur masque tout le temps, au travail et dans les lieux clos/transports parce que là, c’est efficace, et donc aussi dehors, dans les rues parisiennes plus ou moins fréquentées , que je dois accepter de ne pas pouvoir respirer librement (un besoin vital devenu un rêve!) tout en rencontrant des gens fumer, boire…. bref vivre comme bon leur semble .
        Donc, oui la résistance passe par ces petits gestes, au risque que nos démocraties s’éteignent complètement et que les dictatures s’installent, quand je vois déja des comportements de dénonciation s’installer quand le masque tombe du nez!
        Quand j’entends de nombreuses personnes déclarer déja refuser le vaccin (pourquoi?) et les écologues nous dire que nous devrons nous habituer à vivre avec d’autres virus, je ne peux que m’alarmer à l’idée que le port du masque devienne la norme plus rapidement qu’on ne le pense… Et me révolter contre l’idée que la transition écologique représente un enjeu mineur par rapport à la lutte (par des moyens contre-productifs et hyper contraignants) contre ce virus.
        Enfin, je me demande comment la génération « attentats/Covid » va se construire sans (trop de) dommages collatéraux?Quel avenir au regard de cette crise qui nous pousse à adopter des comportements sociétalement hyper- déshumanisants : « clones masqués », nous ne sommes plus des personnes , dans toute notre singularité, mais devenons des individus quelconques: quelle tristesse!
        Enfin, je vous invite à méditer sur ce magnifique extrait de Marie de Hennezel, psychologue et écrivaine, qui personnellement, m’accompagne depuis le confinement et enrichit ma foi (en l’Homme, la même qu’en Dieu):
        « Heureusement, quand notre société aura atteint le pic du déni de la mort, s’amorcera un déclin. Nombreux sont ceux qui, déjà dans le silence de leur confinement, méditent aujourd’hui sur le sens et la valeur de leur existence, sur le genre de vie qu’ils ont vraiment envie de mener. Une vie de retour aux choses simples, une vie où le contact avec ceux que l’on aime compte plus que tout, où la contemplation du beau et de la nature participe à la joie de vivre. Une vie où l’on n’abandonne pas les plus vulnérables, où la solidarité humaine l’emporte. Une vie qui respecte les rites essentiels qui ponctuent l’existence et rassemble la communauté des vivants : la naissance, le mariage, la mort. Une vie où le devoir d’accompagnement de ceux qui vont mourir impose naturellement la présence, les mots d’adieu, bref d’entrer dans ce que le psychanalyste Michel de M’Uzan (1921-2018) appelait « l’orbite funèbre du mourant »

      • Claraph – vous auriez dû résister à cette envie, car elle vous conduit à une analogie parfaitement ridicule. Comme est ridicule l’appel « avant qu’il ne soit trop tard ». Comme si le port du masque était la première étape vers la fin de l’espèce humaine. Un peu de sens des proportions s’impose.

  • Cher Erwan,

    Je mets volontiers un masque, même en extérieur, car il est possible, même si ce n’est pas certain, que cet acte contribue à ralentir l’expansion de l’épidémie. Car la France se retrouve de nouveau dans une situation qui ne va pas tarder à devenir catastrophique. Je suis quotidiennement les statistiques hospitalières et il est facile de constater une nouvelle explosion des admissions en hôpital pour cause de COVID, ainsi que d’admissions en réanimation. La croissance exponentielle, lente au début, est en marche. Aussi je considère que tous les gestes de protection des autres doivent être tentés.
    Ceci bien entendu ne doit rien enlever à notre sens critique.

    • Vous aurez compris qu’à mon sens, au vu de ce qu’en disent nombre de spécialistes et de l’expérience collectée déjà, que la perception est plutôt qu’il est très possible, même si ce n’est pas certain, que cet acte n’ait aucun impact.

      Ce qui ne m’empêche pas de porter le masque en extérieur.

  • « On ne dispose pas de données factuelles directes attestant de l’efficacité du port généralisé du masque », bien , pas surprenant , qui pourrait organiser un test en double aveugle , où sont les preuves directes de la non-efficacité ?
    Il y a sous chaque pierre un expert de haute qualité prêt à défendre un avis incontestable sans preuve factuelle autre que son titre d’expert alors que nous découvrons ce virus au fil des mois.
    Il y a d’évidence collision entre une mesure d’intérêt général proclamée, parmi d’autres et faute de mieux et la liberté individuelle qui est elle même à géométrie variable suivant les pays, les périodes et les  » experts » en la matière.
    Bien, mais selon ce critère des données factuelles incontournables et donc nécessaires dans notre monde pseudo scientifique, quel pourcentage de nos lois n’ont aucune base sérieuse ?
    50 %, 80 % ?

    • L’argument n’est pas irrecevable, mais je ne suis pas sûr que la perspective que 80% de nos lois soient infondées soit de nature à me consoler et à me faire admettre plus facilement cet impératif 😉

      Par ailleurs, il ne s’agit pas de demander des données factuelles incontournables. On est très loin de ce standard. Les données les plus fiables que je lise militent pour un risque de contamination en extérieur quand vous êtes dans un espace bondé, avec un contact prolongé, à faible distance, d’une personne qui parle voire crie. Cela me semble une configuration assez rare pour ne pas justifier un masquage généralisé.

      De même, je note comme vous que l’on entend sur ce sujet des choses très contradictoires énoncées par des experts chaque fois catégoriques. Mais sur ce point, on est loin d’un consensus, on tangenterait plutôt le consensus sur l’inutilité de cette mesure. Et je ne me fonde pas sur les propos de spécialistes polémiques du type Perronne, Raoult voire Caumes.

      Enfin, respecter les libertés individuelles me paraît être aussi une mesure d’intérêt général. Accepter l’extension continue de ses restrictions de surcroît sous menace de sanctions pénales ne me paraît pas sain.

      • d’accord…………….et on lira sans doute un jour que le confinement global généralisé sans nuance fut sans doute psychologiquement utile mais pourtant une belle erreur, en tout cas économique, donc sociale.

      • Je ne sais pas si vous ironisez 😉 mais, là-dessus, ce ne sera pas moi. Je pense certes que l’on n’en a pas mesuré toutes les conséquences (sociales, psychologiques, médicales) et en particulier l’isolement des uns, les retards de prise en charge de malades voire l’interruption des traitements. Mais l’exemple suédois permet de penser que l’absence de confinement, c’est la double peine : un taux de mortalité plus élevé, pratiquement pas plus d’immunité collective + l’impact sur l’économie.

        Cela dit, c’est à la fin de la foire qu’on compte les bouses. On y verra plus clair dans un an.

  • L’épidémie est repartie cet été alors que nous étions tous dehors. Il me semble assez probable que dans quelques mois, on s’aperçoive que la transmission en extérieur est également significative.

    Dans le doute, et pour cette période exceptionnelle qui durera encore de 6 à 12 mois, je suis personnellement en faveur de toutes les règles restrictives qui n’empêchent pas les « 3 basiques »: emmener les enfants à l’école, travailler et pouvoir aller prendre l’air dans la nature.

    Je me pose la question par exemple de garder bars et restaurants ouverts dans les zones de forte circulation du virus.

  • L’épidémie est repartie cet été, ou semble être repartie, mais cela ne dit rien d’une contamination en extérieur. Elle est repartie alors que les familles se sont réunies, que les amis se sont retrouvés, que les jeunes ont fait la fête ensemble. Nous verrons si les données changent mais le fait qu’elle soit repartie cet été n’est pas suffisant en lui-même.

  • Deux arts de gouverner antinomiques : Règlementer ou conseiller, convaincre, faire confiance.

    La tradition politique française, assez condescendante, ne fait pas confiance, et ne connait que le règlement. D’où l’obligation actuelle, stupide, de porter le masque à l’extérieur dans des rues désertes dans 80% des cas du moins en province. La contrepartie évidente est de retirer le masque quand on arrive chez des amis ou des parents, là où il n’y a plus de risque d’amende. Ainsi la menace des 135 € fait oublier la menace du Covid. La mesure absurde est démobilisatrice de comportements de protection. et va à l’encontre de l’objectif de santé public

  • J’ai eu l’occasion de discuter hier avec des gens qui ont vécu de vraies difficultés: guerres civiles, dictatures de diverses sortes (communistes, religieuses…), catastrophes naturelles. La résilience de l’être humain à ces situations est incroyable.

    Nous sommes bien médiocres si nous sommes profondément atteints par les faibles restrictions qui nous sont imposées durant l’année et demi que va durer cette histoire: mettre un masque pour sortir, arrêter de faire la fête, ou au moins faire attention: la belle affaire. Profitez déjà de tout ce que vous pouvez faire: beaucoup plus que la quasi totalité des société à la quasi totalité des époques.

    Je suis d’ailleurs ravi que l’état impose des règles. Je travaille dans une situation à risque: département très touché par le COVID et bureau sans fenêtre avec climatisation recirculante: la semaine dernière, 2 personnes sur 10 ne portaient pas le masque, et quelques autres le portaient de façon bizarre. Je n’ai aucune confiance dans la capacité d’une population ou un tiers fument et un tiers boit trop à bien se comporter sur le plan hygiénique.

  • Bonjour,

    une petite précision sur mon précédent commentaire: évidemment, certains sont atteints douloureusement par le COVID: certains ne peuvent se rendre au chevet d’un parent mourant à l’étranger, ou même ne peuvent plus se rendre pour des visites à l’hôpital. D’autres ne rencontreront jamais leurs petits enfants, neveux, nièces dans la première année de leur vie. D’autres enfin ont vu leur travail d’une vie, par exemple leur restaurant, détruit en quelques mois.

    Je ne minimise en aucun cas la souffrance de ces situations. Mais je constate que ce ne sont pas ceux-là qui râlent.

  • Bonsoir Koz. Il y avait quelque temps que je n’étais pas venu sur ce blog, et je découvre ce post avec bonheur. Entièrement d’accord ! Un mois après sa rédaction, on peut faire deux constats : d’une part, l’envolée du nombre de cas montre l’efficacité toute relative (euphémisme) du port généralisé du masque décrété le 10 juillet en plein creux de la vague, et d’autre part la lente remontée des hospitalisations laisse espérer que cette fameuse deuxième vague sera beaucoup moins nocive que la première, peut-être suite à une mutation dégénérative du virus. Désolé si j’en choque certains, mais mise à part la phase aiguë qui a pris fin mi-mai, nous ne faisons que faire face à une mauvaise grippe. Où est la catastrophe promise le 2 septembre dernier par l’un des intervenants sur ce fil de discussion ? Si je me trompe sur ce deuxième point, ce sera vite vu, rendez-vous dans deux ou trois semaines, je m’engage à faire amende honorable sur ce même blog…

    Nous sommes donc sous le coup d’une mesure profondément deshumanisante, prise sous l’emprise de la peur, et de nature à prolonger la peur. J’ai la phobie de ce masque, soit, je ne le mets que contraint et forcé, et il me déprime au-delà même de ce que je peux exprimer. Suis-je une exception ? Dois-je m’interroger sur les ressorts profonds de cette phobie, et dois-je consulter pour cela ? Peut-être. Mais chacun devra aussi s’interroger sur la facilité avec laquelle cette mesure hallucinante a été acceptée, et sur la manière dont cet envoûtement collectif pourra être rompu avant de nous entraîner vers un cauchemar sans fin. Pour conclure, le port généralisé du masque, qui dérobe à chacun le visage de l’autre, reflet du visage du Christ, n’est-il pas un sacrilège au sens le plus fort du terme ?

    • Vous devez vivre sur une autre planète !
      Il s’agit seulement ici d’une simple mesure inconfortable certes mais élémentaire de responsabilité vis-à-vis des autres personnes plus vulnérables pour éviter de revivre ce que nous avons vécu dans les hôpitaux en mars-avril.
      Le masque a fait la preuve de son efficacité dans les pays asiatiques chez lesquels i est culturellement mieux accepté.
      Peut-être la situation aurait-elle été pire sans ce port du masque !
      La croissance exponentielle de l’épidémie, même si nous ne sommes heureusement pas (pas encore ?), devrait vous rendre plus prudent dans vos affirmations.

    • Merci pour votre réaction qui me rassure: je ne suis donc pas la seule que le port du masque en toutes circonstances déprime (et qui m’invite à consulter pour éviter de sombrer!), ainsi que la sous-estimation par nos gouvernants des effets collatéraux humains (dégâts économiques mais aussi sociaux, psychiques, etc) de cette crise sanitaire … Non, la priorité est à l’état d’anxiété généralisé, lié à la santé érigée en valeur suprême et au déni de la mort, qui est à son apogée.
      Pour rejoindre votre dernière réflexion quant au visage du Christ, je reprends les propos et interrogations du pasteur Jean-Marie de Bourqueney qui écrivait dans son billet en juin dernier : « (…) notre christianisme insiste sur le nom (par exemple dans le baptême) ; notre christianisme insiste sur la parole, même si le silence est une pause nécessaire ; notre christianisme insiste sur la valorisation et la personnalisation de chaque individu, de sa foi, de son identité intime. Nous n’avons pas fait le choix de l’humain comme globalité uniforme, mais le choix DES humains, dans leurs singularités. Le Covid a-t-il eu raison de nos convictions et de notre foi ? A nous de prouver le contraire ».
      Ces paroles me portent et m’encouragent dans l’idée qu’une autre voie que la PEUR – de la maladie, de l’avenir, de la délation, de la mort…- qui gagne nos sociétés et isole ses citoyens est possible: à nous en effet de transmettre le message que nous enseigne le Christianisme, profondément humaniste , et de résister à toute forme de déshumanisation (quand-bien même elle serait « provisoire »!).

  • Chose promise, chose due, toutes mes excuses. Trois semaines après le post précédent, j’ai clairement péché par optimisme au vu de l’allure actuelle des courbes. A part ce point précis, je n’enlève pas un mot de ce que j’ai écrit. Il y avait moins de 600 cas quotidiens recensés mi-juillet lors de la promulgation du masque obligatoire, on en est à plus de 30 000, soit 50 fois plus. Cette mesure est clairement inefficace (ou insuffisante, diront certains). Sa haute nocivité sociale et psychologique (dirais-je aussi spirituelle ?) n’est pas à démontrer. Fallait-il mettre à bas un des piliers sur lequel repose toute société civilisée pour une mauvaise grippe ? A chacun d’en juger. Pour moi c’est clairement non. Comme disait, je crois, Montaigne, je plie le genou, pas la raison.

    • Bien mais il vous reste encore beaucoup de chemin à faire pour cesser de parler ainsi d’une « mauvaise grippe ».
      Faites un tour dans les services de réanimation, et on reparlera

  • Bien mais vous ne m’avez pas lu. J’ai bien parlé d’une mauvaise grippe et pas d’une petite grippe. Et si je vivais sur une autre planète, comme vous dites, tout cela ne me concernerait pas, ce que je ne crois pas avoir laissé entendre.

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