J'aime mieux ça (euthanasie & homoparentalité)

Tout libre de mon vote que je sois, jusqu’à la dernière seconde dans le noir isolement de la cabine, je préfère lorsque le candidat sur lequel j’ai l’intention de le porter dit des choses avec lesquelles je suis en accord. Yeap. C’est un peu idiot, je vous le concède : après tout, si je suis en désaccord, je n’ai qu’à voter pour un autre. Mais voilà : si j’ai eu cette intention de vote, c’était pas pour des nephles. Et si j’ai celle-là et pas une autre, c’est que j’ai d’autres désaccords avec les autres candidats.

Bref, quand il prend de fantasques envies de ministère à Sarkozy, je suis contrarié, voire perplexe. Je suis un peu rasséréné lorsqu’il tient, sur des sujets de société, des positions que je (pense) partage(r), en l’occurence sur l’euthanasie et l’homoparentalité.

Ainsi Nicolas Sarkozy a-t-il dissipé, dans une interview à Femmes Actuelles, le trouble causé par sa déclaration ambigüe du 11 février dernier, en adoptant globalement la seule position qui me paraisse sensée :

« C’est une question très difficile. Je suis pour le respect de la vie, dans la mesure où la souffrance ne rend pas la vie impossible. Il y a des limites à la souffrance humaine. Mais, je ne pense pas que cette question se règle par une loi. Comment voulez-vous qu’un texte recense tous les cas de fin de vie? Cela ne se quantifie pas. Un texte ne peut pas donner une liste exhaustive de situations où les cas de fin de vie peuvent s’appliquer. Je veux que l’on fasse confiance au dialogue. C’est au patient, à sa famille et au corps médical de trouver la solution la plus adaptée. Je pense qu’il faut donc laisser une zone de liberté. »

Je noterai tout de même deux points : (i) si je comprends ce qu’il entend par là, et s’il ne s’agit probablement que d’une tournure de phrase, admettre l’idée que, dans certaines conditions, on peut ne plus être favorable au respect de la vie me chatouille un peu, (ii) c’est de la même manière que François Bayrou – mais après lui – qu’il sort d’une ambiguïté comparable. Que ne se sont-ils abstenus d’y entrer…

Sur l’homoparentalité, il tire les justes conséquences que ne me semble pas tirer François Bayrou – sauf à ce qu’il faille s’attendre à des précision ultérieures que je n’ai trouvées ni sur le site, ni dans son ouvrage – de la situation des compagnes et compagnons homosexuels de parents.

Ainsi François Bayrou met-il en exergue l’existence de couples homosexuels au sein desquels sont élevés les enfants de l’un d’entre eux. Il part de ce constat pour souhaiter l’ouverture de l’adoption simple (parce que, à la différence de l’adoption plénière, n’opère pas de substitution du lien de filiation) aux couples homosexuels. Je ne vois pourtant pas de raisons d’apporter une solution identique à des situations de fait différentes. Répondre justement à cette situation de fait précise ne nécessite pas une telle ouverture large de l’adoption, fût-elle simple.

Je m’interrogeais donc sur la possibilité d’une solution ciblée lorsque, averti de l’existence d’un abécédaire des propositions de Nicolas Sarkozy, j’ai recherché ses positions sur le sujet, et constaté que, s’il se refuse à ouvrir l’adoption aux couples homosexuels (il est écrit « couple de même sexe » : merci de me préciser si une formulation est sensée être politiquement incorrecte, je m’y perds…), il souhaite la mise en place d’un statut du beau-parent – devant concerner tant les couples homosexuels du même sexe (j’ai bon ?) que les familles recomposées – permettant de lui garantir certains droits.

Autant je suis opposé à ce que l’on reconnaisse le statut de parents à la compagne d’une mère ayant conçu un enfant par insémination, autant je ne suis pas favorable à l’adoption par les homosexuels, autant il me semble que l’on peut comprendre que, après un certain nombre d’années passées à vivre avec les enfants de l’autre, en contribuant éventuellement à leur éducation, il soit injuste que la société ne reconnaisse aucun droit au compagnon/à la compagne.

Pensons ne serait-ce qu’au droit de visite, alors que j’imagine que, dans nombre de cas, la famille du parent décédé (ou de l’autre parent) est susceptible de vouloir purement et simplement interdire tout contact.

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13 commentaires

  • Pour ma part, je suis plutot favorable à l’adoption d’un enfant par un couple homosexuel. Je ne vois rien qui, socialement ou psychologiquement, destabiliserait le développement de l’enfant. J’y vois moins de risque que pour les familles monoparentales où l’enfant manque d’un deuxième référent au quotidien, car c’est dans cette dualité que l’on arrive à structurer la pensée. Pour moi, le parent est celui qui aide à élever un enfant. Le don de sperme, c’est la possibilité d’aider des couples à avoir des enfants sans que le donneur ne soit impliqué dans l’histoire de l’enfant. Dans le cas contraire, il faut interdire l’insémination et le don de sperme. Pas d’accord Koz ?

  • [quote comment= »9784″] Pas d’accord Koz ?[/quote]

    Ben… Si tu relis mon billet, je pense que tu comprendras bien que je ne suis pas d’accord.

    Pour autant, il me semble qu’il n’y a guère de certitudes sur cette question, seulement des intuitions. Diverses études ont été menées sur les conséquences sur le développement de l’enfant mais, parmi celles que j’ai vaguement vue passer, j’ai vu les théories les plus contradictoires.

    Alors, je regarde la façon dont ma fille se développe, je regarde les enfants qui m’entourent, et il me semble que la présence d’un homme et d’une femme, d’un père et d’une mère, soit importante pour leur structuration. Il me semble, à l’observation, que les enfants recherchent cette complémentarité, que ceux qui sont privés d’un père le recherchent, et de même pour la mère.

    L’argumentation sur le cas des familles monoparentales ne me convainc pas. Bien sûr, il y a des enfants qui sont élevés avec un seul parent, donc sans cette complémentarité. Mais c’est regrettable et certainement pas le plus heureux pour eux. Il y a aussi des enfants sans parents. Faut-il en déduire que l’on n’a pas besoin de parents, pas besoin d’un père et d’une mère pour survivre ?

    Je suis en outre réticent parce que je connais nombre de couples hétérosexuels qui souhaitent adopter et rencontrent des difficultés. Or, si les hasards de la vie peuvent faire qu’un enfant d’un couple hétérosexuel (j’entends par là qu’il n’a pas été conçu dans le but d’être élevé par des personnes homosexuelles) se retrouve élevé par un couple homosexuel, je ne pense pas que l’Etat ait à prendre la responsabilité de créer la situation, de faire un acte positif amenant à placer l’enfant dans cette situation.

    Et puis, que l’on réponde, déjà, à la demande des couples hétérosexuels.

    Il suffit de connaître des enfants adoptés pour comprendre que c’est un traumatisme, une différence, qu’il leur appartiendra – avec l’aide des parents – d’assumer et de gérer (et on voit nombre de cas dans lequel c’est difficile), je ne vois pas d’opportunité à leur ajouter un autre type de différence à assumer. Ca me semble un peu lourd pour les épaules d’un enfant, enfant auquel on ne pense pas suffisamment, il me semble, dans ces débats, et ces réflexions théoriques d’adultes.

  • Je te donne raison sur les deux référents : il faut une complémentarité…quelle soit nécessairement sexuée, j’en doute. Mais tu as raison, c’est mon instinct qui parle et mon expérience, les couples autours de moi. C’est un débat difficile à trancher sans doute car il nous oblige à dépasser nos conceptions traditionnelles et à connaitre précisément la manière dont se développe les enfants, ce qui fait déjà débat entre nos psychologues. Et c’est vrai que je ne suis qu’un avis non avisé !

  • Je rejoins tout à fait london sur le fait que les 2 référents doivent être complémentaires, ce n’est pas une question de civilité, mais d’identité. Un père et une mère peuvent être bien moins complémentaires que 2 mères ou 2 pères.

    Les couples homosexuels n’ont rien à voir avec les caricatures qu’on voit au cinéma. Ils sont généralement d’un bourgeois fini ! 🙂

    Je pense qu’accorder des droits au parent non biologique dès la naissance de l’enfant est nécessaire pour lui donner la structure et la sécurité indispensables à sa construction. Si on demande au père de reconnaître l’enfant dans les 3 jours après sa naissance, pourquoi faudrait-il que le parent non bio attende des années ?

    Le second père ou la seconde mère est parent dès la naissance ou l’adoption, ne pas le reconnaître civilement, c’est plus qu’une injustice, c’est une insulte et c’est destructeur pour la famille.

    Enfin, pour l’ouverture à l’adoption, elle ne signifie pas qu’il y aura une ouverture de supermarchés d’enfants où tout un chacun pourra venir se servir. Elle signifie seulement que les parents homos passeront par le même filtre intransigeant de l’ASE. C’est à dire que, si un enfant leur est accordé, c’est qu’ils sont vraiment équilibrés et qu’ils ont beaucoup à apporter à l’enfant.

    On ne peut pas justifier du trop petit nombre d’enfants adoptables pour en priver les couples homos au prétexte de favoriser les couples hétéros. Sinon, faut-il arguer que le mariage homosexuel doit être interdit sous le prétexte que certains hétéros ne trouvent pas leur moitié ?

    L’homosexualité n’est pas plus un choix que la couleur de cheveux et pas plus une perversion que le goût pour la cancoillote et le dégoût pour le chocolat. Le bonheur est trop rare pour qu’on le reproche à ceux qui n’ont pas choisi leur façon de le trouver.

  • [quote comment= »9860″]On ne peut pas justifier du trop petit nombre d’enfants adoptables pour en priver les couples homos au prétexte de favoriser les couples hétéros. Sinon, faut-il arguer que le mariage homosexuel doit être interdit sous le prétexte que certains hétéros ne trouvent pas leur moitié ?[/quote]

    Sauf à ce que tu m’expliques qu’un hétéro pourrait vouloir épouser un homo (et inversement), je ne suis pas sûr de saisir le rapprochement.

  • Le malheur des uns ne doit pas faire le malheur des autres, c’est tout. A ce compte-là, refusons les logements aux couples homos tant qu’il y aura des couples hétéros qui n’auront pas de logement. Refusons aussi du travail aux homos tant qu’il y aura des chômeurs hétéros.

    Donner les mêmes droits aux homos qu’aux hétéros, ce n’est pas donner moins de droits aux hétéros, c’est réparer une grave injustice.

    Autre chose, il faut s’attendre qu’avec le développement des pays pauvres, même eux ne soient plus pourvoyeurs d’enfants. La source ne fera donc que se tarir. Si tu commences à raisonner en terme de stock, pour l’instant, tu sers en premier les hétéros, puis, quand il y aura encore moins d’enfants adoptables, qui ? Les riches ? Les blonds ? Les grands ?

    C’est une dérive eugéniste et tu es bien trop intelligent pour sombrer là-dedans ! 😉

  • C’est certainement une dérive. Certainement moche et condamnable. Mais ce n’est pas de l’eugénisme. Et tu prends des exemples aberrants. Il est certain que cela rend l’argumentation absurde mais c’est pas d’ma faute, euh.

    Il y a une petite différence en effet dans les premiers exemples que tu cites et notre cas : j’avoue avoir assez peu de considération pour l’épanouissement personnel de l’appartement et du logement. En revanche, il me semble que l’intérêt de l’enfant mérite d’être pris en compte. Et il ne me semble pas être du plus grand intérêt d’un enfant qui, déjà, va être adopté, de devoir assumer le fait de l’être par un couple homosexuel. Bon, bien sûr, le logement, lui, il s’en fout.

    Et ce n’est pas contester le fait qu’un couple homosexuel soit en mesure de donner de l’affection à un enfant.

    Injustice ? Je n’en suis pas certain. Il est injuste de traiter différemment une situation identique. Mais un couple hétérosexuel et un couple homosexuel ne me paraissent pas être, dans cette optique, dans une situation identique.

    « Raisonner en terme de stock », c’est choquant. Oui. Mais ce n’est pas ce que je fais, c’est seulement la façon dont tu l’interprètes.

    Et pour en revenir à la véritable objection, non, je ne pense pas que la complémentarité entre un gai et un triste, un artiste et un technicien, un juriste et un chanteur, soit du même ordre fondamental que la complémentarité entre un homme et une femme pour l’éducation d’un enfant. Question de conception, certes, mais ça ne me paraît pas aberrant.

  • C’est normal, tu es persuadé qu’il est moins bon pour un enfant d’être élevé par un couple homo que par un couple hétéro et je suis persuadée du contraire. Mes exemples me semblent donc logiques quand ils te paraissent absurdes. 😉

  • Non, ils me paraissent absurdes parce qu’un logement et un travail ne sont pas des êtres humains et qu’il n’y a pas lieu de tenir compte de l’intérêt du logement, ou du travail…

    Pour le reste, suis-je persuadé ? Comme je l’ai dit, c’est plus du domaine de l’intuition, du sentiment personnel. Mais c’est ainsi.

  • A partir du moment où on autorise l’adoption aux couples homos, le simple fait d’être un couple homo n’est plus une objection incontournable pour l’ASE. Mais, la façon dont le couple vit son homosexualité, est implantée dans son environnement, bénéficie ou non d’un cadre familial équilibré et chaleureux feront que cette homosexualité sera prise en compte dans l’étude de l’accord.

    Si les sévères juges des candidats à l’adoption pensent que ces couples homos sont aptes à accueillir un enfant, je crois qu’on peut leur faire confiance, non ? 😉

    Je connais des couples homos qui ont des enfants et qui souffrent profondément des inégalités. Je connais des enfants qui ont été recueillis par des couples homos (dont l’un des partenaires a feint le célibat pour pouvoir adopter) et ces enfants vont aussi bien que les enfants d’hétéros. Ce que confirment d’ailleurs les dernières études.

  • [quote post= »202″]Je connais des enfants qui ont été recueillis par des couples homos (dont l’un des partenaires a feint le célibat pour pouvoir adopter)[/quote]

    Tu soulèves là un point important : l’hypocrisie du système. Un homo peut adopter en tant que célibataire, mais pas en couple. Résultat, bon nombre d’homos feignent d’être célibataires pour adopter.

    Koz, tu dis :
    [quote post= »202″]Autant je suis opposé à ce que l’on reconnaisse le statut de parents à la compagne d’une mère ayant conçu un enfant par insémination,[…] autant il me semble que l’on peut comprendre que, après un certain nombre d’années passées à vivre avec les enfants de l’autre, en contribuant éventuellement à leur éducation, il soit injuste que la société ne reconnaisse aucun droit au compagnon/à la compagne.[/quote]

    N’est-ce pas contradictoire ? Pourquoi devoir attendre quelques années avant de donner des droits à la compagne de la mère biologique ? Sachant que l’enfant par insémination est conçu dans un projet de couple, qu’il est voulu par les deux, tout comme c’est le cas dans un couple hétéro voire même plus puisque c’est vraiment le parcours du combattant. C’est quoi l’idée ? Tester la solidité du couple ?

    [quote post= »202″]Pensons ne serait-ce qu’au droit de visite, alors que j’imagine que, dans nombre de cas, la famille du parent décédé (ou de l’autre parent) est susceptible de vouloir purement et simplement interdire tout contact.[/quote]

    Pourquoi un droit de visite ? Tu trouves bon pour l’équilibre de l’enfant qui vient de perdre sa mère biologique d’être séparé de la personne qui l’a élevée au profit de ses grands-parents ? n’est-ce pas déjà un assez grand traumatisme que le décès d’une mère ? Au nom de quoi son « second parent » n’aurait droit qu’à un droit de visite et n’aurait pas la garde ? Sans compter tous les problèmes que ce manque de statut pose dans la vie de tous les jours. Tu dis qu’un enfant ne peut pas bien se développer sans un père et une mère, c’est ton opinion, je ne la partage pas, mais je la respecte. Cependant, il se trouve que des enfants vivent déjà dans une famille homoparentale et ne pas accorder des droits égaux aux deux personnes qui l’élèvent ensemble, ne pas reconnaître qu’il vit au sein d’une véritable famille, tu crois que c’est bon pour l’épanouissement de l’enfant ?

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