Ils ont pris le Luxembourg

Et je comprends votre inquiétude : peut-on encore laisser jouer tranquillement les enfants dans le parc, avec tous ces socialistes autour ?! Mais il ne faut pas céder à la panique. Notamment parce que cette victoire de la gauche est une bonne nouvelle pour la démocratie. Les socialistes ne pourront plus dire qu’un scrutin qu’ils n’arrivent pas à remporter est anti-démocratique. Le Sénat n’est officiellement plus cette « anomalie démocratique » fustigée par Lionel Jospin et, à leurs tours, par l’ensemble des socialistes.

Il ne faut donc pas bouder ce plaisir : redonner confiance en la République à près de la moitié des Français et, tout ensemble, au deuxième parti de France. Voilà donc une belle occasion de rassemblement de la Nation qui n’a pas été assez mise en avant hier soir, quel dommage, sérieux, quel dommage, on n’en a pas tant.

Mais à part ça, ces sénatoriales ? Elles sont autant un enseignement pour l’avenir qu’une leçon du passé.

Car cette défaite de la droite vient de loin : depuis les législatives qui, elles-mêmes, avaient été paradoxalement remportées dans la douleur en 2007 par la droite, la droite a perdu avec une belle constance tous les scrutins successifs. Pas un qui n’y ait résisté. Depuis 2007, la droite a perdu les municipales, les régionales et les cantonales. On en créerait un nouveau qu’elle le perdrait aussi.

Comment s’étonner dans ces conditions, au vu du corps électoral concerné, que le Sénat passe à gauche ? Les grands électeurs sont tous issus de ces scrutins passés.

De ce point de vue, il faut peut-être relativiser l’enseignement de ce scrutin sur l’état de l’opinion dans le pays. Rien ne dit qu’elle ait véritablement changé, mais ce scrutin reflète surtout l’état d’esprit de l’époque de ces scrutins.

C’était l’époque des débats sur l’identité nationale, sur la burqa, sur la laïcité (des musulmans), l’époque des Roms, du discours de Grenoble.

C’était aussi l’époque des premières candidatures divers-droite ou dissidentes retentissantes. Et tenez, dans mon département, si j’ai mon idée, j’ignore pour qui Jean-Christophe Fromantin a pu voter hier. Mais, lui qui est apparu comme l’une des têtes de pont des candidats divers-droite, je le vois mal voter sans barguigner pour une liste UMP sur laquelle figurait en bonne place l’historique Isabelle Balkany.

Cette fois-ci, encore, on a vu des candidats très officiellement investis, s’abstenir de faire figurer un quelconque logo « UMP » sur leurs documents de campagne.

Pourtant, étrangement, Nicolas Sarkozy avait eu l’idée de tirer comme leçon de ces scrutins qu’il fallait expurger le gouvernement de sa composante centriste ou humaniste résiduelle[1].

Alors, lorsqu’on lit que la droite paie « le prix de ses divisions« , encore faut-il s’entendre sur les responsabilités. Et ce n’est pourtant pas faute d’avoir souligné le risque à chaque élection.

Quid de l’avenir ?

Depuis cette époque, Nicolas Sarkozy a changé. Encore ? Eh oui. Certes non, il n’est pas passé à gauche. Mais combien de propos tonitruants a-t-il tenu depuis un an ? Sans parler du fond, dans le discours et la présentation, Nicolas Sarkozy s’est assagi dès qu’il a perçu les dégâts du remaniement. La chute de DSK aurait achevé de le convaincre qu’il pouvait atténuer la droitisation, à défaut de se recentrer, sans craindre un conflit de légitimité sur des thématiques économiques ou sociales.

Cette légère dédroitisation et les efforts tardifs pour structurer enfin un pôle social/humaniste au sein de l’UMP peuvent-il suffire à modifier l’état de l’opinion pour la présidentielle à venir ? C’est loin d’être certain, même si l’on peut penser que cela rendra le positionnement « normal » du probable candidat PS moins différenciant. Cela peut, également, contribuer à forger le portrait du seul homme susceptible de faire face aux crises récurrentes que nous affrontons, et qui pourraient encore nous frapper avant mai prochain. Qui peut sérieusement établir un pronostic, face à des évènements aussi imprévisibles et subits qu’une sombre affaire de fesse, une sombre affaire de valises ou un effondrement économique ?

Si l’on en revient au Sénat, la première leçon soulignée par tous est l’enterrement définitif de la règle d’or. L’euphorie bêtement affichée autour de la possibilité d’enterrer définitivement la rigueur, en cette période si incertaine, pourrait d’ailleurs servir Nicolas Sarkozy. Economiquement, qu’il s’agisse des retraites ou de la rigueur, les socialistes n’ont toujours pas perdu ce bon réflexe qui consiste à dire aux Français : « ne vous inquiétez pas, on trouvera bien un moyen de payer« .

Il est d’ailleurs peu probable que les sénateurs socialistes se risquent à trop de blocages sur les débats budgétaires, sachant qu’ils mettraient ainsi en jeu leur crédibilité auprès des Français. Et qu’une réaction très certainement négative des marchés ne manquerait pas de leur être imputée.

En ce qui concerne les sujets liés à la bioéthique, à la législation sur l’euthanasie etc., je ne peux que m’inquiéter. Non que la droite soit unanimement sur mes positions : je n’oublie pas l’influence délétère de certains sénateurs de droite – et notamment l’action très controversée de Valérie Létard. Et ce ne sont que quelques préoccupations électoralistes qui en dissuadent d’autres de céder aux sirènes de l' »évolution sociale inéluctable« , quand ils ne sont pas partisans eux-mêmes de tout lâcher. Mais les seules digues restantes sont bel et bien à droite.

Tout au plus peut-on espérer qu’un risque plus immédiat aiguillonne les résistances.

credit photo : Sénat

 

  1. avec certes quelques exceptions []

88 commentaires

  • Bonjour,

    Je te rejoins dans l’ensemble.

    Juste une réponse sur le fait que Nicolas Sarkozy a changé, et la question « Mais combien de propos tonitruants a-t-il tenu depuis un an ? »… Juste une belle boulette assez récente, quand on la remet dans le contexte du profil qu’il s’est façonné, et qui doit largement contribuer à ce « retour de manivelle » des grands électeurs : s’adresser directement aux parlementaires concernant la règle d’or, pour leur donner des leçons de politique économique. Pour le coup, le grand perdant de l’histoire, la règle d’or, avait déjà été bien handicapé par ce « président-qui-a-changé ». Quand on n’a pas confiance en ses institutions, on ne peut pas leur en vouloir de vous renvoyer la pareille.

  • La droite a perdu tous les scrutins ? Non, elle a remporté une victoire très large aux européennes, au point que plusieurs personnes en position « non éligible » se sont retrouvé élus : pour leur plus grand embarras, comme B. Hortefeux, ou pour le plus grand bien du groupe PPE et d’un travail parlementaire réel et sérieux (A. Lamassoure).

    Ce ne sont certes pas des élections nationales.

  • Par ailleurs, le Sénat demeure une anomalie démocratique. Il est censé représenter les collectivités locales, en quelque sorte. Il y faut à la gauche une majorité éléphantesque (regardez la carte des départements et régions) pour gagner de 2 sièges la majorité au Sénat.

    J’admets que le Sénat, n’étant pas l’AN, n’a pas à être une photo du vote des citoyens. Mais l’émiettement des communes et le mode de srutin le rendent trop franchement non démocratique ; le poids des zones rurales y est démesuré. La victoire conjoncturelle de la gauche n’y change rien.

  • En effet, n’oublions pas les européennes de 2009. Certes, les députés européens ne sont pas grands électeurs, mais ce fut quand même une victoire de la droite.

    Pour ces sénatoriales, l’UMP peut accuser les dissidents, mais une grande partie d’entre eux ne l’étaient que pour contourner les règles sur la parité. Les nombreuses défaites de la droite aux municipales de 2008 font l’essentiel de l’explication, alors qu’elle était sortie renforcée des municipales de 2001, sous Jospin. Les cantonales et régionales jouent peu en comparaison.

    Sur la règle d’or, je n’arrive toujours pas à me convaincre que les socialistes souhaitent torpiller cette mesure par pur calcul politique…

  • Je ne suis que partiellement d’accord avec l’explication « reflet du passé ». La défaite de la droite est plus nette qu’attendue: on attendait la conquête d’une vingtaine de sièges, justement sur la base des résultats des élections locales de ces dernières années. La différence avec le résultat final n’est pas énorme, mais elle est décisive. Elle peut s’expliquer par le mécontentement des édiles des petites communes, qui ne sont pas élus sur un clivage droite-gauche et dont le comportement est moins mécaniquement prévisible. C’est donc un signal très inquiétant pour la droite, car ces élus sont des personnalités influentes dans leurs communes.

    Autrement, ce n’est pas moi qui vais regretter la soi-disant règle d’or, à laquelle le camarade Authueil avait taillé un short bien mérité. Mais à part ça, le Sénat de gauche n’a pas le pouvoir de bloquer grand-chose, et notamment pas le budget: on n’est pas aux US. Je ne vois pas les marchés se mettre à stresser à cause du Sénat… quoique, évidemment, tous les prétextes sont bons par les temps qui courent.

  • @Xerbias

    Victoire aux européennes pour la droite, en 2009? Mouais. Disons que le PS a payé le prix du fort score d’EELV.

    @Koz

    « Mais les seules digues restantes sont bel et bien à droite. »

    En effet. Ceci dit, d’après ce que j’en ai lu, le Sénat n’a pas fait figure de « conservatisme » sur les lois bioéthiques et ont même fait pire que l’Assemblée nationale.

    Sinon, j’approuve ce qu’a écrit Gwynfrid : les résultats sont pires pour la droite que ce que pouvait laisser craindre pour elle le résultat des élections passées.

    Et sur la division, ce n’est pas qu’une histoire de fond : chez nous, dans le Nord, il y avait cinq listes de droite. C’était juste une question d’égos. Résultat : la droite est devant en voix, mais perd un siège. Bien joué…

    Enfin, j’approuve ton petit couplet ironique sur le mépris passé de la gauche pour le Sénat : maintenant qu’elle l’a, il va retrouver beaucoup de vertus!

  • Sur la règle d’or, j’aime énormément le discours qui consiste à dire : « ce n’est pas assez, mieux vaut ne rien faire ».

    Sur le sénat, je ne pense pas que son basculement aura le moindre impact concret. Au lieu d’être contrôlé par un groupe de gens qui veulent lever des impôts et des dettes pour financer des trucs inutiles, il sera contrôlé par un autre groupe de gens qui veulent lever des impôts et des dettes pour financer des trucs inutiles.

    Ce qui peut changer quelque chose, c’est au minimum de forcer constitutionnellement nos élus à nous présenter la facture quand ils font leurs trucs inutiles avec notre argent et donc les empêcher de la planquer sous le tapis de la dette. Je comprends que ça ne passera pas. Parce que ça vient de Sarkozy, alors c’est mal.

    Tant pis pour la règle d’or. A la place, on aura la règle d’acier, un peu plus tard. Ca aura le même résultat pratique, l’Etat ne pourra plus emprunter en notre nom. Mais au lieu que ce soit parce qu’il se l’interdit, ce sera parce que personne ne voudra lui prêter.

    Tant pis pour les plus faibles. D’expérience, dans les structures mal gérées, quand les ressources se font rares, on commence par couper les dépenses utiles.

  • Bon, déjà si on peut se réjouir effectivement du passage à gauche du Sénat, les sénatoriales restent effectivement déséquilibrées dans leur mode de scrutin, et il faut espérer que quand la gauche arrivera au pouvoir en 2012, elle aura la force de faire la réforme des institutions qui s’impose (VIè République avec un rééquilibrage des pouvoirs, plutôt que le régime ultra-présidentiel de la Vè avec la majorité des pouvoirs – pardon, responsabilités – dans les mains d’un seul homme).

    Economiquement, qu’il s’agisse des retraites ou de la rigueur, les socialistes n’ont toujours pas perdu ce bon réflexe qui consiste à dire aux Français : « ne vous inquiétez pas, on trouvera bien un moyen de payer ».

    C’est vrai que l’approche de la droite, de dire aux pauvres qu’ils doivent payer pour les errements des banques et la dérégulation du système est vraiment plus « intéressante ». Enfin, fiscalement parlant, intéressante surtout pour ceux qui habitent dans le neuf-deux quand même. Sont cons ces pauvres de pas comprendre qu’il faut bien les financer, ces baisses d’impôts…

  • le chafouin a écrit ::

    Enfin, j’approuve ton petit couplet ironique sur le mépris passé de la gauche pour le Sénat : maintenant qu’elle l’a, il va retrouver beaucoup de vertus!

    Ça, depuis 1981 et son acceptation de la Constitution honnie, on savait la gauche dotée d’une mémoire assez chiraquienne en la matière 😉

  • A la lecture de ces commentaires, (en résumé, le vote de dimanche ne va pas changer grand-chose), une question bassement poujadiste me vient à l’esprit:

    A quoi sert donc le Sénat ?

    La République exsangue, au bord la faillite a-t-elle besoin d’une telle institution ? Et si on divisait par 3 le nombre de sénateurs- et son budget aussi- est-ce que la démocratie et la production législative en serait réellement affectés ?

  • Je suis d’accord avec la leçon générale de l’article : ces élections sont le reflets plus des élections précédentes que d’un mouvement actuel de l’opinion.
    Toutefois, l’analyse selon laquelle la droite perd à cause de sa droitisation me semble assez malvenu. En effet, le « coup » de 2007 s’est fait avec un siphonnage de l’électorat FN, avec la noble intention de les ramener dans le champs républicain. Or, au-delà des discours parfois très musclés, Le Président de la République n’a pas réussi à garder durablement cet électorat dans son escarcelle.
    En effet, la gauche reçoit la récompense de son unité (PS, Verts, Parti de Gauche réunis à différents scrutins, notamment sénatoriaux) et la droite de sa désunion (candidatures centristes et divers droite concurrentes s’élevant tantôt sur le fond, tantôt contre les parachutages et les barons locaux).

    D’où ma conclusion : la Droite n’a pas encore trouvé sa ligne, ou celle qui lui faut. Après tout, y’a-t-il une si grande différence sur le fond entre un Vanneste, ou certains propos de Guéant et une Marine le Pen, peut-on réellement en qualifier un de républicain et l’autre non ? Réfléchissez une minute, une seule à la question, la réponse n’est pas simple.
    Bien sûr une alliance de la Droite avec le FN semble impensable des deux côtés. Et bien sûr la Droite perdrait sans nul doute un grand nombre de centristes. Toutefois, ni le FN ni la Droite ne peuvent gagner seul en 2012. Ni l’un ni l’autre ne souhaite la victoire de la gauche. Alors il va falloir trouver une solution et vite, parce-que les élections approchent à grands pas.
    La politique sans concessions, c’est théâtral, ça vous donne un air grave et sérieux, mais ça mène généralement dans le ravin.

  • Lib a écrit ::

    Sur la règle d’or, j’aime énormément le discours qui consiste à dire : « ce n’est pas assez, mieux vaut ne rien faire ».

    Je n’ai entendu personne tenir ce discours.

    Pour ma part je ne prétends pas que ce n’est pas assez. Je prétends que ce n’est rien. Pire que rien: c’est un geste de diversion pour faire oublier la gabegie financière des dix dernières années et le mépris que les gouvernements de cette période ont affiché ouvertement à l’égard de la règle d’or déjà existante (dite « critères de Maastricht »), qui était pourtant inscrite dans un document (un traité) de rang au moins égal à celui de la Constitution.

    Lib a écrit ::

    Ce qui peut changer quelque chose, c’est au minimum de forcer constitutionnellement nos élus à nous présenter la facture quand ils font leurs trucs inutiles avec notre argent et donc les empêcher de la planquer sous le tapis de la dette.

    Ah, mais certainement, j’en suis bien d’accord, mon cher Lib. Manque de bol, la prétendue règle d’or vendue par le gouvernement ne fait rien de tout ça: comme d’hab, c’est une règle de pure décoration. Elle n’oblige personne à faire quoi que ce soit de concret. Si tu ne me crois pas, vas voir le texte par toi-même.

  • Difficile de faire la part, dans ces résultats des sénatoriales, entre l’effet « mécanique » des élections locales passées (réel) et le contexte actuel (non nul). En disant que le second facteur a accéléré les choses en se superposant au premier, on ne doit pas être loin de la vérité. En occultant complètement la seconde explication dans ses éléments de langage, l’Elysée tente de garder le moral et de croire encore que tout n’est pas joué pour 2012. C’est de bonne guerre et somme toute peu surprenant.

    Mais cette perte plus que symbolique du Sénat, ajoutée à l’accélération de l’enquête sur l’affaire Karachi (dans laquelle Nicolas Sarkozy sera bientôt le seul ex-membre de la bande à Balladur à ne pas avoir été convoqué par le juge), intervient dans un contexte d’impopularité très forte et durable du président de la République actuel. Même pour un magicien des campagnes électorales et un roi de la com, il va être dur de redresser la barre. Avec pour seul argument : « je suis le seul à avoir l’expérience, la compétence et l’esprit de décision pour tenir la barre du navire France en ces temps de tempête économique, les autres n’étant que des rigolos irréalistes et irresponsables ». Un nouveau « story telling » dont les chances de succès paraissent, cette fois-ci, plutôt fragiles.

    Non, je crois qu’il flotte aujourd’hui sur la France un fort parfum d’alternance et que tout le monde sent bien, même à droite, l’inéluctabilité (voire le côté positif) de la chose. Qui sait si ce ne sont pas ses propres troupes qui finiront par demander à Nicolas Sarkozy de ne pas se représenter ? Pour peu que d’ici décembre ou février, quelques sondages donnent Marine Le Pen devant Nicolas Sarkozy au premier tour…

  • Tout cela est en effet fort complexe mais je me permets malgré tout de vous livrer la réflexion matinale d’un mien ami bougrement catholique et bigrement conservateur : « Quand même, le Sénat à gauche, quel pied !… » Bises à tous !

  • Conséquence, des précédentes élections, évidemment, l’excuse est facile, mais conséquence du vote de nos élus tout de même et il serait indigne, voire stupide, de ne pas reconnaître ce fort signal:
    des gens qui pensent et qui agissent mettent un peu plus en doute la capacité de la droite à BIEN GERER. Le passage à l’écologie du Morbihan après des années de négation de la volonté des gens d’en finir avec les algues vertes sous pression du lobby agricole est ainsi une fantastique victoire de la raison sur le clivage gauche droite.

    De fait, merci Monsieur le Président, en quelques années vous aurez réussi à faire passer au centre des débats ce qui n’était avant qu’une rigolade périphérique et à transformer , sans qu’ils ne s’en rendent compte, nos socialistes en Sociaux démocrates et la droite en groupe d’amateurs indécrottables.
    Ce possible Hara Kiri personnel aura semé les bases d’un sain retour à la réalité économique.
    Une potentielle alternance ne fera que consolider la tendance, qu’elle se traduise par un échec ou par un succès.

    Ces dernières élections sont elles la continuation d’un rêve ou le réveil d’une saine maturité ?

    Quant à la règle d’or, comment être naïf à ce point ?
    La belle règle qui aurait permis aux gouvernants de justifier les hausses « inéluctables » des prélèvements pour atteindre l’équilibre, comme démontré par le dernier plan de rigueur, plutôt que de jouer sur la baisse des dépenses !
    Bon débarras.

  • Bonsoir,

    une raison a été peu évoquée pour cette défaite. Nicolas Sarkozy a été un des seuls à vouloir réformer nos redondantes collectivités locales, et les élus locaux, dont il vient de réduire les débouchés professionnels, lui en veulent à mort.

    Sinon, je partage complètement le point de vue sur l’inutilité du sénat, et du conseil économique et social, de l’acédémie française, du collège de France, et de la plupart des hautes autorités. J’espère que la crise prochaine sera l’occasion d’un grand balayage parmi ceux donc le métier est de s’écouter parler. J’espère ne pas être traité de poujadiste en précisant que je trouve par contre normal que les ministres, députés, maires de grande ville, magistrats… soient bien payés et puissent par contre travailler dans de bonne conditions.

    Pour le reste, Koz, nous avons le réflexe inverse: je suis plutôt économiquement de droite, mais je pourrais voter à gauche pour deux raisons: mettre hors de nuire politiquement les 3% de chrétiens politiques, et mettre à fin à des situations de petits arrangements entre amis dans le marais trouble qui sépare certaines entreprises, l’état, et les médias.

  • @ Jeff:

    « Non, je crois qu’il flotte aujourd’hui sur la France un fort parfum d’alternance et que tout le monde sent bien, même à droite, l’inéluctabilité (voire le côté positif) de la chose. »

    La plaidoirie du procureur la semaine dernière visant à relaxer le précédent Président illustre aussi cette situation. C’est à dire l’impression diffuse d’une déliquescence insidieuse de la droite. J’ai suivi ce procès de loin, je n’en connais pas les détails, mais comment comprendre une telle clémence et surtout l’absence de réaction qu’elle suscite alors que le présumé coupable a indemnisé les victimes ?

  • @ Gwynfrid : je trouve un peu facile tout de même la vision exclusivement politicienne – je ne suis pas surpris qu’elle ait la faveur d’Autheuil, qui a parfois du mal à voir qu’une proposition puisse avoir un sens politique et un intérêt politicien.

    Lib répondait d’ailleurs assez bien, par avance, à ton objection. Parce que, quoi, ce n’est pas suffisant ? La règle n’est pas assez contraignante ? Les gouvernements vont s’en abstraire ? Et alors quoi, ne posons donc pas de règle, ça ira mieux ?

    Jeff a écrit ::

    Non, je crois qu’il flotte aujourd’hui sur la France un fort parfum d’alternance et que tout le monde sent bien, même à droite, l’inéluctabilité (voire le côté positif) de la chose.

    Vous, je suis sûr que vous faites de la politique. Y’a que les politiciens pour arriver à faire, avec une telle assurance, la confusion entre leurs rêves les plus profonds et la réalité, sûrs qu’à force de le répéter, ça finira bien par advenir. Ca les amène à parler de « la France », ou à invoquer « les Français », qui « pense(nt) que », en attendant que celui d’en face nous assure du contraire, mais toujours au nom « des Français ».

    Mais ce qui transparaît aussi de votre propos, c’est l’absence d’adhésion. L' »alternance » c’est un choix par défaut.

    Le meilleur était à venir :
    Jeff a écrit ::

    Qui sait si ce ne sont pas ses propres troupes qui finiront par demander à Nicolas Sarkozy de ne pas se représenter ? Pour peu que d’ici décembre ou février, quelques sondages donnent Marine Le Pen devant Nicolas Sarkozy au premier tour…

    allez, hop, au doigt mouillé, ces salauds de droite sont bien foutus de demander à Sarko de s’effacer au profit de Marine. C’est fondé sur quoi, ça ? Je sais bien que vous n’êtes pas le blogueur ici, mais ce ne serait pas idiot, tout de même, d’essayer d’étayer un poil le propos.

    vercaud a écrit ::

    Quant à la règle d’or, comment être naïf à ce point ? La belle règle qui aurait permis aux gouvernants de justifier les hausses « inéluctables » des prélèvements pour atteindre l’équilibre, comme démontré par le dernier plan de rigueur, plutôt que de jouer sur la baisse des dépenses !

    Heureusement que vous avez la lucidité de penser que, sans la règle d’or, ça n’arrivera pas ! Ca vous permet de faire la leçon aux autres.

    Joyeux Acier a écrit ::

    mettre hors de nuire politiquement les 3% de chrétiens politiques

    Voilà qui clarifie les positions. De façon grotesque, certes, puisque les « 3% » ne correspondent à rien, et qu’il est comique de penser que ces 3% puissent nuire, à moins que leur influence ne soit due à la justesse de leurs positions. Enfin, rien de tel que ce genre de propos sectaires pour vous donner du coeur à l’ouvrage ! Merci.

  • Koz a écrit ::

    Lib répondait d’ailleurs assez bien, par avance, à ton objection. Parce que, quoi, ce n’est pas suffisant ? La règle n’est pas assez contraignante ? Les gouvernements vont s’en abstraire ? Et alors quoi, ne posons donc pas de règle, ça ira mieux ?

    Et de mon côté j’ai répondu à la réponse de Lib: pas parce que la règle est insuffisante. Parce que ce n’est pas une règle du tout. Lis le texte de la proposition signée par François Fillon, que j’ai mis en lien. L’exposé des motifs déclare qu’il s’agit d’une « réforme constitutionnelle destinée à rendre pleinement effectif l’objectif d’équilibre des comptes ». Fort bien. Que dit ensuite le projet de loi modifiant la Constitution ? Il crée un instrument juridique permettant (je simplifie) d’établir des engagements budgétaires sur plusieurs années. Il ne dit rien sur le retour à l’équilibre des comptes, nada, zéro. Seul l’exposé des motifs – la partie juridiquement non contraignante du texte – y fait abondamment allusion, alors que le véritable contenu de la loi parle uniquement d’organisation législative: un peu comme si un plombier appelé pour une fuite d’eau réagissait en proposant de repeindre les tuyaux.

    Je n’ai pas de problème, au contraire, avec l’idée de combiner sens politique et intérêt politicien. Les gouvernants ont le droit et le devoir d’être habiles en la matière: faire une bonne politique et faire ce qu’il faut pour rester au pouvoir.

    Non, ici, mon objection n’est pas politicienne, elle porte sur le fond: je suis opposé à l’ajout dans la Constitution d’une non-règle que l’on essaie de faire passer pour une contrainte. C’est un mensonge, et cela détourne la conversation, alors que le vrai sujet est de savoir comment on va effectivement parvenir à redresser les finances. La méthode ressemble à la façon dont François Mitterrand s’était extirpé de la querelle scolaire: alors que l’opposition exigeait un référendum sur le sujet, il a proposé un référendum sur l’organisation de futurs référendums. Et hop, du jour au lendemain, la question de fond était évacuée. La dette ne disparaîtra pas par un tel coup de bonneteau.

  • vercaud a écrit ::

    reconnaître ce fort signal: des gens qui pensent et qui agissent mettent un peu plus en doute la capacité de la droite à BIEN GERER.

    +1. On doit faire crédit aux grands électeurs d’avoir eu une réflexion politique avant de voter aux sénatoriales. Le résultat est sans ambiguïté.

  • @ Koz,

    Non, pour info, je ne fais pas de la politique. Je suis un simple citoyen qui sent effectivement, comme beaucoup d’autres (y compris à droite), un fort parfum d’alternance en France. Pas vous ?

    Quant à votre deuxième remarque, je crois que vous m’avez mal compris. Je n’ai jamais dit que Nicolas Sarkozy pourrait se désister en faveur de Marine Le Pen. C’est évidemment impossible et je suis surpris que vous ayez même pu imaginer cela. Je disais simplement que si la victoire de Nicolas Sarkozy apparaissait impossible (ce qui serait souligné par exemple par quelques sondages le donnant pour éliminé dès le premier tour), plusieurs responsables de droite pourraient alors se poser la question de sa candidature (et de son remplacement éventuel par Alain Juppé ou François Fillon). Même si ce scénario n’apparaît pas, je vous l’accorde, comme le plus probable aujourd’hui (question de personnalités et de timing), il ne peut être totalement exclu dans le contexte actuel, me semble-t-il.

  • J’aimerais quand même assez que les commentateurs qui déclarent le Sénat « inutile » (au même rang que le CESE, faut quand même oser) argumentent en ce sens. Parce qu’à part le dire haut et fort comme le premier trotskiste venu, je ne vois rien qui ressemble de près ou de loin à un argument.
    De même, la concentration des pouvoirs reste à démontrer, tout dépend ce qu’on appelle pouvoir. Mais il n’y a eu concentration réelle que sous De Gaulle, et c’était essentiellement parce que les contre-pouvoirs constitués ne jouaient pas leur rôle. Sauf un…ah mais…mais…mais c’était le Sénat en fait!

    @Koz: la perfidie sur les socialistes et la phrase de Jospin est juste (du coup ce n’est pas une perfidie, mais j’avais envie d’utiliser le terme, on l’utilise trop peu, et en l’utilisant je commets moi-même une perfidie, joie), mais masque quand même une vraie réalité: le mode de scrutin du Sénat est une anomalie démocratique, au demeurant pensée comme telle il y a fort lointain. Que les socialistes y soient aujourd’hui n’y change effectivement rien, comme le soulignait je ne sais plus qui au-dessus de moi. Vous n’avez pas dit le contraire, mais vous sembliez le sous-entendre, peut-être ai-je mal interprété.

  • @ Koz:
    Il me semble avoir lu de vous il y a quelques temps déjà un article où j’avais cru comprendre que vous envisagiez un retour des socialistes au pouvoir pour le plus grand bien de la droite qui avait besoin d’une petite cure d’opposition. C’était sans doute pas écrit comme ça mais je l’avais compris comme ça. Peut-être à tort. J’ai 58 ans et j’ai participé à plusieurs campagnes électorales par le passé aux côtés de militants communistes et socialistes. Dans mon enfance la Droite c’était la famille, la rigueur, la morale, les principes, le travail, la prospérité, la bonne gestion, l’ordre, la discipline. Jeune homme je suis donc allé à gauche, c’était plus festif, plus vivant, plus brouillon, plus exubérant, plus créatif. Plus « pagailleux » et généreux et amical me semblait-il alors. Aujourd’hui je trouve que les cartes sont plus brouillées. J’ai du mal à m’y retrouver. J’ai l’impression que les jeunes 30/40 de l’UMP savonnent bien la planche à Sarko et ne serait pas mécontent qu’il prenne une gamelle et le plus vite possible pour leur plan de carrière à eux. Question morale, gestion, ordre je trouve que la droite c’est pas terrible. Pour ce qui est de la gauche mon regard aujourd’hui est beaucoup moins enthousiaste que lorsque j’avais 20 ans. J’ai pas mal de choses en travers de la gorge. Je ne sais pas comment je vais voter aux présidentielles. Le sort du pays est-il entre les mains d’indécis et d’indécises comme moi? Ou bien est-ce une poignée d’hommes et de femmes qui vont décider dans quel sens ils elles vont faire pencher la balance? Voilà rapidement quelques impressions de campagne d’un Français d’en bas à gauche.

  • Je trouve que votre analyse est juste. Mais, il me semble que vous n’avez pas suffisamment mis en valeur la réforme des collectivités locales qui a mécontenté bon nombre de grands électeurs qui ne sont pas particulièrement « socialistes » qui le sont même pas du tout et qui ont fait pencher la balance.

    Rien n’est joué pour 2012.

    Je partage votre inquiétude sur les lois bioéthiques, la législation sur l’euthanasie que vous exprimez dans votre dernier paragraphe. Mais je ne suis pas persuadé que toute la « Droite » défende effectivement les valeurs que nous partageons.

    En tant que chrétien, comment vais-je me déterminer ? Telle est la question que je me pose.

    Hélios

  • Pour la règle d’or, j’avais lu en son temps la charge d’Authueil, et elle ne m’avait pas convaincu.

    La règle d’or n’a evidemment pas d’aspect contraignant. D’ailleurs, rien n’ai jamais vraiment contraignant en politique: il suffit de ne pas respecter la loi et de taper suffisament fort sur les contre pouvoirs. Et alors? C’est donc un symbole. D’ailleurs le symbolique et les Grands Principes, ca me paraissait justement être le domaine de la Constitution, plus que de la loi dont j’attend effectivement un peu d’efficacité pratique. On peut enterrer une loi symbolique, ou même un traité. Mais une règle d’or inscrite dans la Constitution, ça a l’avantage de la visibilité. Un bon exemple est la présence du principe de précaution dans la Constitution. Les conséquences purement juridiques sont nulles. De là à dire que cela n’a aucune influence…

    Je n’ai pas l’impression que l’on ait jamais vraiment cherché à nous vendre la règle d’or commme une contrainte, mais bien pour ce qu’elle est: une prise à témoin, et un symbole, dans un contexte qui lui, est effectivement contraignant. L’argument avancé par Authueil comme quoi cela serait innefficace vis-à-vis des agences de notations ou des marchés, ces monstres froids, ne me parait pas pertinent. Quand bien même ceux-ci serait parfaitement rationnels, ils seraient capable d’analyser les symboles, positifs ou négatifs, pour ce qu’ils sont : de puissants indicateurs de la prise de conscience du problème par les politiques et les populations.

    Les récentes dégradations des notes des USA et de l’Italie sont d’ailleurs intervenues non pas du fait de nouvelles données techniques sortant du chapeau, mais bien du fait d’inquiétudes sur la capacité des politiques à s’organiser face au problème, même de façon symbolique. Les discussions « jusqu’au bout de la nuit » sur la dette entre Républicains et Démocrates n’ont pas eut plus de conséquences « pratiques » qu’une éventuelle règle d’or. Les dégats « symboliques » ont vite contaminés l’économie réelle…

    Sarkozy a evidemment des arrière-pensées politiques derrière la règle d’or. Ca tombe bien, c’est justement ce qu’on lui demande de faire, de la politique. En l’occurence, interpeller Droite et Gauche sur leur responsabilité politique commune en matière de déficit, c’est franchement bien joué. Le PS qui rate rarement un piège politique, a profité de sa victoire au Sénat pour envoyer deux messages politiques bien négatifs. Le PS sera le parti qui enterrera la règle d’or, mais au delà, toute « politique de rigueur », mots pas beaux qui font peur aux Français. Et il voit son nouveau pouvoir essentiellement come un moyen d’accentuer la guérilla parlementaire et comme un moyen de blocage des réformes de droite.

    Les conséquences pratiques immédiates? Minimes, sans doute. Symboliques? Dévastatrices, peut être.

  • Je le met dans un autre commentaire, parce que c’est un autre sujet.

    Concernant la responsabilité des divisions de la Droite dans la défaite de celle-ci, je crois que l’on confond les causes et les symptomes, à l’UMP.

    On est pas idiot, à droite, même quand on est « dissident ». On sait bien que lorsque l’on part divisé, on perd. Le vrai problème est donc qu’à Droite, de plus en plus de monde acceuille la défaite de l’UMP avec pas grand chose de plus qu’un haussement d’épaule désabusé. Soit par résignation, soit par réelle prise de distance idéologique qui fait relativiser celle qui sépare de la gauche, même si celle ci reste inchangée.

  • Je plussoie Vivien.

    Je me souviens avoir vu passer il y a quelques semaines une analyse d’une agence de rating disant en substance qu’il y avait lieu d’être optimiste pour la France parce quelle venait d’adopter une profonde réforme des retraites. Quand on sait la modestie du résultat et l’énergie colossale qu’il a fallu déployer pour l’atteindre, ça ferait presque sourire.

    Pour autant, un créancier pour avoir confiance dans un emprunteur va avoir besoin de se rassurer que ce dernier a à la fois (i) l’objectif de réduire les déficits, (ii) la volonté d’y parvenir et (iii) la capacité de le faire. Clairement, la réforme des retraites, aussi imparfaite soit elle, met des croix dans les bonnes cases.

    L’attitude du PS sur la règle d’or (à l’exception notable de Manuel Valls) laisse entendre qu’ils ne partagent même pas l’objectif, donc les questions de la volonté et de la capacité ne se posent même pas.

    S’ils partageaient l’objectif mais trouvaient les moyens proposés par Sarkozy insuffisants ou purement symboliques ou pas bien parce que ça vient de Sarkozy, il ne tenait qu’à eux de proposer quelque chose de plus substantiel, plus contraignant, avec le nom de quelqu’un d’autre dessus. Ils n’ont rien fait de tel, ils ont simplement dit qu’ils ne « tomberaient pas dans le piège », qu’ils ne voteraient pas la règle d’or. Et c’est tout. Ah si, ils ont aussi dit qu’ils étaient contre la rigueur.

    Ils sont tombé dans le piège.

  • Si on doit inscrire dans la constitution toutes les règles de bon sens qui devraient s’imposer à nous, on a pas fini de la rallonger, la constitution….

    Je vais expliquer ça à mon banquier : faut inscrire la règle d’or dans mon contrat,je m’engage à ne pas dépenser plus que ce que je gagne…. 😀

    Pour le Sénat, je crois bien que la droite n’a pas pris la mesure de l’annonce de la réforme territoriale envisagée.Tout le monde sait que 36000 communes, des conseillers généraux, des conseillers régionaux, des conseillers municipaux, des représentants dans les intercommunalités etc….c’est bien trop, trop confus, on ne sait plus qui fait quoi. 🙁

    Pour autant, il aurait fallu réformer le mode de scrutin des sénatoriales avant d’annoncer cette réforme territoriale.Meme si le bien commun l’exige, voter pour sa propre disparition est quand même difficile. 🙂

  • Lib a écrit ::

    S’ils partageaient l’objectif mais trouvaient les moyens proposés par Sarkozy insuffisants ou purement symboliques ou pas bien parce que ça vient de Sarkozy, il ne tenait qu’à eux de proposer quelque chose de plus substantiel, plus contraignant, avec le nom de quelqu’un d’autre dessus. Ils n’ont rien fait de tel, ils ont simplement dit qu’ils ne « tomberaient pas dans le piège », qu’ils ne voteraient pas la règle d’or. Et c’est tout. Ah si, ils ont aussi dit qu’ils étaient contre la rigueur.

    That’s it.

  • Il est assez évident pour un observateur extérieur à la France que Nicolas Sarkozy sera balayé au deuxième tour de l’élection présidentielle . Cela n’a rien à voir avec droite et gauche : c’est dû au rejet du personnage par de trop nombreux français . Quoi qu’il fasse , on constate que sa popularité reste toujours aussi basse . Le seul espoir de la droite , c’est de se chercher un autre candidat …..

  • @ BrunoK:

    Les Français sont versatiles dans l’ensemble et d’ici à l’année prochaine de l’eau peut couler sous les ponts.

    Le candidat de la gauche………………..mis en examen, par exemple !

  • « Je me souviens avoir vu passer il y a quelques semaines une analyse d’une agence de rating disant en substance qu’il y avait lieu d’être optimiste pour la France parce quelle venait d’adopter une profonde réforme des retraites. »

    Oui, mais ça corrobore tout de suite les critique du Parti de Gauche sur les agences de notation : Le rééchelonnement d’une dette n’est pas liée à une décision rationnelle mais à un « ressentit » des agences de ratings. (D’ailleurs, il faudrait voir l’avis des marchés sur l’arrivée de la gauche au Sénat.) Et ils dénoncent avoir l’impression d’un chantage : « Votez pour les mesures les plus strictes, sinon on fout votre pays à la flotte. »

    Concernant l’opposition du PS à la règle d’or, il faut pas chercher plus loin qu’un tacle envers Sarkozy et un moyen de tacler une fois de plus l’attitude de celui-ci : « voici quelqu’un qui s’est octroyé des dépenses faramineuses et il nous demande à nous de nous serrer la ceinture. » D’un autre côté comme en face, la réponse à été « si les socialistes ne votent pas pour la règle d’or, c’est parce que ce sont des inconscients » le débat aura fait long feu.

    Je sens que vu comme sont parti les présidentielles, les débats risquent d’être du même niveau. Certaines personnes à droite veulent la défaite de Sarkozy ? Ils veulent surtout se débarrasser du sarkozysme.

  • Imaginez que Fillon soit un Sarkozy. Que ferait-il aujourd’hui ? Il dirait à Sarkozy (le vrai) : « Monsieur le président, je crois que vous n’êtes plus en situation de vous présenter en 2012. C’est injuste, mais le rejet de votre personne est trop fort chez les Français. Je pense aujourd’hui avoir plus de chances que vous de battre la gauche. J’ai donc décidé d’être le candidat de l’UMP. J’espère que vous comprendrez que c’est le meilleur choix non seulement pour défendre nos idées mais aussi pour vous. Si malheureusement, vous n’étiez pas de cet avis, je suis prêt à défendre loyalement ma candidature face à vous lors de primaires ouvertes à tous les électeurs de droite ».
    Mais c’est un Fillon (ce qui n’est pas une insulte) et il préfère peut-être miser sur le coup d’après, ce qui ne serait pas forcément un mauvais calcul, même s’il aura un nouveau Sarkozy (Copé) en face de lui.

  • @ Mad-Dog:

    Le moment exact de l’annonce la décision de dégradation d’une dette (et non de son rééchelonnement) dépend de multiples facteurs dont certains sont subjectifs. Mais la dégradation elle-même reflète bien un problème de fond.

    Si la gauche revient au pouvoir en promettant, entre autres, de revenir sur la réforme des retraites, ou l’embauche de nombreux fonctionnaires, je ne donne pas cher de notre AAA. On accusera bien sûr l’ultralibéralisme des marchés et les agences de notation à la solde des intérêts anglo-saxons.

  • @ jfsadys:
    Bonjour JF,
    Fait-il beau dans les Landes ? Je vais sans doute y aller oct-nov.

    J’étais intimement persuadé bien avant le Sofitel que DSK ne se présenterait pas.

    Il y a encore beaucoup de temps et donc plein de scenarii possibles, j’en suis certain.

    Je constate que la Bourse se porte mieux…………………………………après le basculement du Sénat !

    Bonne journée dans votre beau pays ! Hélios

  •  » @ jfsadys:

    Jf

    DSK avait deux handicaps insurmontables bien avant le Sofitel : les femmes et l’immense fortune de sa femme étalée d’ailleurs de manière impudique à New-York.

    Hollande, son handicap sera son ex-femme, Madame ROYAL. Ne pas oublier la phrase de MONTEBOURG « le problème de Ségolène, c’est son compagnon ! » Moi, j’inverse les choses.

    Tous les bloggueurs de ce blog, tous très fins analystes politiques, vont en rire mais les questions de personnes comptent beaucoup dans l’histoire de France…….! Salut JF et j’ai hâte de respirer l’air des pins des Landes.

  • @ hélios:
    Si ça vous dit et si je suis là je vous offre l’hospitalité pour une nuit. Histoire de passer de l’échange virtuel à l’échange réel. Il fait très très très beau en ce moment dans et autour des Landes. Pour en savoir plus si vous le souhaitez: [email protected]

  • @ hélios:
    Pour ne pas esquiver votre remarque je dois dire que je me demande depuis un petit moment déjà quel va être l’enthousiasme de Ségolène Royal et de Martine Aubry pour faire campagne pour François Hollande s’il sort vainqueur des primaires? Je me demande de manière plus générale si les primaires du PS vont créer une dynamique pour les élections présidentielles ou laisser des aigreurs, des rancoeurs dans le coeur des participants/supporters de chaque candidat battu au soir des primaires?

  • Comme l’indique l’auteur, et comme l’ont indiqué tous les commentateurs, le basculement du sénat était inévitable à termes. Les victoires successives de la gauche aux élections locales rendaient naturelle un sénat, représentant les collectivités locales, de gauche. Sociologiquement, c’est un phénomène normal, et ce n’est que grâce à un système électoral très favorable à la droite que le sénat est resté aussi longtemps à droite. La gauche a raison de demander un réajustement du mode de scrutin (on trouve un grand électeur pour environ 300 h en campagne, contre 1 pour plus de mille en grabnde ville), même s’il faut nuancer car il est important que justement les petites collectivités demeurent représentées.

    C’est justement en raison de l’abandon de l’Etat et de ses services dans de nombreuses collectivités locale que le vote des grands électeurs ruraux a basculé plus à gauche (et non en raison de la réforme des colelctivités elles-mêmes, qui est un élément plus technique). Un membre de ma famille, non-inscrit mais de tendance DVD, maire-adjoint d’une petite commune, a finalement voté pour un sénateur communiste, le seul qui se soit intéressé aux problèmes locaux ces dernières années, alors que les députés et sénateurs de droite ignoraient leur territoire. On a vu l’illustration de ce basculement dans le Morbihan, la gauche faisant le grand chelem.

    La situation est bien sûr différente dans les grandes agglomérations. Les listes DVD, dissidentes, voire centristes, se sont mieux comportées que les listes UMP, en raison d’un raz-le-bol des affaires et de la politique déconnectée de la réalité du gouvernement, les grnds électeurs privilégiants des candidats (hélas peu de candidates) au discours plus franc et hors appareil.

    Le résultat ç court termes de ce basculement sera limité. Sur le plan sociétal, je me réjouis que la plus grande ouverture des sénateurs sur ce type de question se poursuive, contrairement à l’auteur, mais ce n’est sans doute pas le plus important. Le sénat a tendance à mieux travailler que le aprlement en raison de sa plus grande autonomie, mais il est peu écouté. Un sénat sans majorité nette est sans doute ce qu’il y a de mieux, cela force à des compromis constructif, sans qu’il n’y ait possibilité d’obstruction. Le seul point plus négatif serait en cas de victoire de la gauche en 2012 un contrôle de toutes les institutions par la nouvelle majorité, mais on n’en n’est pas encore là…

  • @ jfsadys:
    Merci beaucoup, jf, mon amie va faire une cure à CAMBO-LES-BAINS. Moi, j’ai très envie d’aller à DAX. Les Dominicaines y ont une chapelle dont les vitraux sont de KIM-EN-JOONG, un père dominicain, artiste de réputation mondiale. J’aime le vitrail. Donc, si je viens je te fais signe. Je suis catho mais, très ouvert….Tu n’as pas de souci à te faire.
    Que va dire le père KOZ de cet échange ?

    Pour revenir au sujet, c’est une bonne chose que le Sénat voit sa majorité changer. Le futur Président, Monsieur BEL est un homme de grande qualité.

  • Il va falloir que les gens de gauche opposés à la légalisation de l’euthanasie donnent vraiment de la voix pour que leur camp comprenne que ce n’est pas ça, être de gauche, mais alors pas du tout (je précise aux électeurs de gauche qui pourraient naviguer en ces eaux que je ne donne pas des leçons de gauche depuis la rive droite et que, à deux exceptions près, j’ai toujours voté à gauche au premier tour des élections, et le moins à droite possible au second).

    Au Sénat, c’est pas d’bol : Robert Badinter, qui y est farouchement opposé, n’était pas candidat à sa réélection. Grmpf.

  • Koz,

    Vous m’avez fait peur! En vous lisant, à un moment, j’ai cru que les Rouges allaient revenir, comme en 81. Je me voyais déjà sortir de son papier journal mon vieux fusil Lebel, mes bandes molletières et ma ration de topinambours, tout ça pour attendre les chars russes porte de Clignancourt.

    Faut pas jouer avec mon p’tit coeur.

    Sinon, en trois points:

    • Comme les conseillers de Sarko, selon Le Monde, on peut relativiser cette alternance pourtant historique au Sénat et craindre davantage une « déferlante populiste » qu’un raz de marée de la gauche.

    http://elysee.blog.lemonde.fr/2011/09/27/pendant-que-la-gauche-triomphe-au-senat-lentourage-de-sarkozy-sinquiete-dune-deferlante-populiste/

    L’avantage que tout conservateur peut trouver au populisme est son côté néo réac qui rassure sur bien des points: la demande de frontière et de sécurité, l’identité nationale, la réduction du périmètre de l’Etat, du service public et de la Sécu. Une société plus à l’américaine, tout en restant bien franchouillarde.

    L’inconvénient des Néo réac est leur totale nullité en économie, or, c’est THE défi du moment pour les prochaines élections.

    • La donne économique s’impose aussi bien à gauche qu’à droite: l’enterrement annoncé de la « règle d’or » ne change rien à l’affaire.

    Economiquement parlant, nous sommes doublement emmerdés: d’une part et en raison de la dégradation des trois soldes (déficits publics, commerce extérieur, balance courante) nous revenons en situation de « contrainte extérieure » comme dans les années 80-90, malgré l’euro et le marché unique.

    Ca, c’est terrible, parce que c’est l’échec de la dernière grande stratégie française: l’euro et le marché unique ont été nos derniers grands gestes stratégiques (ils visaient à nous dégager de la contrainte extérieure) et il est possible que ça se casse la gueule dans un bref avenir, ce qui signifie la ruine de tous les efforts que nous avons entrepris en vue de leur création depuis le milieu des années 80: 25 ans d’efforts ruinés en quelques mois de crise financière.

    Ca met gros sur la patate. Et en plus on ne sait pas trop quoi faire pour sortir de ce merdier: on est dans le désarroi et on se perd en conjectures (sortir de l’euro, y rester, etc).

    D’autre part, l’importance des déficits publics crée une contrainte intérieure, cette fois, comme rarement vue dans l’histoire, avec des enjeux considérables, au point que la nature et la forme du régime sont des questions qui viennent sur la table: la république française est une démocratie sociale, va t-elle le rester? On parle de VIième république mais rien ne nous dit qu’elle sera sympa.

    Là encore, en dépit de la RGPP et de la réforme des retraites, on n’a plus d’idées pour sortir du merdier dans lequel on s’est mis, sans tout bouleverser.

    • Sur les lois dites de « civilisation » (bioéthique, euthanasie): ne vous inquiétez pas.

    D’abord parce que dans ce domaine la démarche du législateur est la recherche du plus large consensus et cette démarche semble insensible aux changements de majorité (souvent ce type de sujets transcendent les clivages). A partir de là, pourquoi voulez vous qu’il y ait accélération du changement? Et pourquoi voulez vous que ce changement soit négatif?

    Ce d’autant, et ensuite, que les Français sont des gens plutôt longs à la détente: la rapidité dans la prise de décision n’est historiquement pas du tout notre point fort, c’est même une partie de notre problème dans un monde qui bouge de plus en plus vite.

    Par ailleurs, sur ces sujets, beaucoup, dont je suis, ont mis de l’eau dans leur vin et pensent, contrairement à Joyeux Acier, qu’il ne faut justement pas « mettre hors de nuire politiquement les 3% de chrétiens politiques ».

    Enfin, ce genre de lois n’est en général jamais votée avant une élection présidentielle.

    C’est donc le seul point où vous pouvez regarder l’avenir avec une certaine sérénité, selon moi.

    Mais sur les deux premiers, en revanche, il faut s’attendre à quelque chose de sportif.

  • @ Braillard:

    La RGPP, en avez vous entendu parler ? je cite un résumé :
    « Cela impliquerait d’analyser l’efficacité des dispositifs d’intervention, et d’évaluer avec précision les moyens humains et matériels nécessaires à la conduite de l’action publique. Le niveau des effectifs devrait tenir compte beaucoup plus qu’aujourd’hui des gains de productivité possibles »

    Une bonne démarche que l’on aimerait voir le Sénat s’appliquer à lui même. Cette action en serait plus crédible, plus lisible et plus acceptable.

    Surtout aujourd’hui quand les enseignants se plaignent des problèmes posés par des suppressions de classes.

  • vivement que l’on entre dans la campagne et que les programmes des uns et des autres soit chiffrés, car pour le moment,on est dans le tir aux pigeons.Il va bien falloir se résoudre à considérer que l’on vit au bord du précipice et qu’il convient de mesurer ses propos

  • Hervé a écrit ::

    Joyeux Acier a écrit ::

    mettre hors de nuire politiquement les 3% de chrétiens politiques

    Voilà qui clarifie les positions. De façon grotesque, certes, puisque les « 3% » ne correspondent à rien, et qu’il est comique de penser que ces 3% puissent nuire, à moins que leur influence ne soit due à la justesse de leurs positions. Enfin, rien de tel que ce genre de propos sectaires pour vous donner du coeur à l’ouvrage ! Merci.

    Bonsoir Koz,

    les 3%, c’est à la louche, tu en rajoutes ou en enlèves un peu, cela ne dérange pas. L’influence des minorités n’est pas due qu’à la justesse de leur point de vue, mais aussi de leur capacité à s’organiser: .il n’y a qu’à voir les innombrables exemptions, statuts spéciaux, privilèges injustifiés qu’il y a dans notre pays, surtout chez ceux qui savent bloquer le pays en se mettant en grève.

    C’est peut-être égoïste, mais la première chose que j’attends des politiques, c’est qu’ils me laissent vivre tranquille. Je n’ai aucun problème à payer mes impôts, ou à respecter le code de la route, mais je m’estime sinon assez grand pour décider ce qui est bien pour moi, ou demander un avis quand j’en ai besoin.

    Et des gens qui ne veulent pas me laisser vivre tranquille, il n’y en a pas tant que ça: les communistes seraient les pires, mais il n’y en a plus.

    Et dans les empêcheurs de vivre tranquille auquel j’ai été concrètement confronté, il y a principalement les lois sur l’immigration (de France et d’ailleurs), et certaines lois bio-éthique de forte inspiration chrétienne.

  • à helios, vous dites « Pour revenir au sujet, c’est une bonne chose que le Sénat voit sa majorité changer. Le futur Président, Monsieur BEL est un homme de grande qualité ».

    ah bon ! qu’a fait M. Bel de si remarquable ? il me semble surtout un apparatchik heureux.

    à la réflexion, c’est surprenant d’avoir comme remplaçant du Président, s’il venait à défaillir, un homme qui n’a jamais été ministre, ni occupé de responsabilité nationale, internationale… serait-il à la hauteur en cas de pépin ?

  • Bio de Bel, sur le site du Sénat:

    Conseiller régional de Midi-Pyrénées,
    Conseiller général de l’Ariège,
    Maire de Lavelanet,
    Maire de Mijanes,
    Membre du Conseil national de la montagne, Président du groupe France-Espagne, Membre du groupe d’études fruits et légumes et de la section trufficulture, Membre de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées

    et, bien sûr: Président du groupe Socialiste.

    le Sénat représente la France rurale, son Président pourrait l’illustrer…

  • @ francis:

    Oui, Francis et je me situe tout à fait dans le droit fil de ce qu’a dit Koz.

    Oui, Monsieur BEL est un élu, gros travailleur et au demeurant sympathique comme tous les gens du Sud……………………..!

  • Lib a écrit ::

    S’ils partageaient l’objectif mais trouvaient les moyens proposés par Sarkozy insuffisants ou purement symboliques ou pas bien parce que ça vient de Sarkozy, il ne tenait qu’à eux de proposer quelque chose de plus substantiel, plus contraignant, avec le nom de quelqu’un d’autre dessus. Ils n’ont rien fait de tel, ils ont simplement dit qu’ils ne « tomberaient pas dans le piège », qu’ils ne voteraient pas la règle d’or. Et c’est tout. Ah si, ils ont aussi dit qu’ils étaient contre la rigueur.

    On avait convenu, plus haut, qu’il ne fallait pas s’arrêter à l’aspect politicien de l’affaire. Je vais me conformer à cet excellent principe: la réponse de l’opposition me m’intéresse pas plus que ça. C’est en effet une réponse politicienne. Peut-être n’ont-ils pas voulu se placer sur le terrain adverse, ou ne pas dévoiler leurs batteries trop en avance de la campagne présidentielle, ou éviter une occasion de division pendant leurs primaires… C’est sans aucune importance.

    Revenons au fond de ce sujet sur la prétendue « règle d’or ». Lib, Koz: sauf erreur de ma part, vous n’avez ni l’un ni l’autre proposé aucun argument positif en faveur de cette modification constitutionnelle. Le seul qu’on puisse trouver ci-dessus est celui de Vivien qui a écrit:

    C’est donc un symbole. D’ailleurs le symbolique et les Grands Principes, ca me paraissait justement être le domaine de la Constitution, plus que de la loi dont j’attend effectivement un peu d’efficacité pratique.

    … Et je suis en complet désaccord sur cette vision de ce qu’est une Constitution. Ce document n’est absolument pas un recueil de jolies déclarations d’intention pour l’édification des plus jeunes et des plus naïfs d’entre nous. C’est une liste de règles fondamentales, tout ce qu’il y a de plus contraignantes, contrôlée par un organisme appelé Conseil Constitutionnel qui a le pouvoir d’annuler n’importe quelle loi votée par le Parlement. Elle délimite les pouvoirs des organismes et des personnes auxquels nous confions pour un temps des pouvoirs régaliens. Son rôle essentiel est de nous protéger contre l’arbitraire du pouvoir en place.

    La Constitution est loin d’être parfaite. Merci de ne pas la polluer avec des symboles et des effets de manche. Je sais qu’il existe un précédent, le « principe de précaution » – un autre truc mignon sans contenu concret. Ce n’est pas une excuse pour continuer dans cette voie.

    Si le gouvernement souhaitait vraiment mettre sa maison en ordre et convaincre le monde qu’il est sorti de la culture du déficit qu’il a copieusement entretenue depuis que la majorité actuelle est au pouvoir, il aurait pu proposer une vraie règle d’or: 3% de déficit max, ou 60% de dette max (n’ai-je pas déjà vu ces chiffres quelque part ?) Un budget qui ne s’y conforme pas, boum, retoqué par le Conseil Constitutionnel. Je ne dis pas que ce serait forcément une si bonne idée que ça (le gag du plafond de la dette ne semble pas tellement réussir à nos amis américains). Mais au moins serait-ce sérieux. À la place, nous avons des faux-semblants. Pardonnez-moi, mais pour les gesticulations, il y a le journal de Claire Chazal. Laissez la Constitution en dehors de tout ça.

  • Voltaire a écrit ::

    Comme l’indique l’auteur, et comme l’ont indiqué tous les commentateurs, le basculement du sénat était inévitable à termes. Les victoires successives de la gauche aux élections locales rendaient naturelle un sénat, représentant les collectivités locales, de gauche.

    Rien d’inéluctable là-dedans – peut-être probable à terme, comme vous le dites, mais sûrement pas inévitable à cette élection-ci. D’ailleurs, on ne peut qualifier d’inévitable un événement qui s’est joué à deux sièges près. Autrment, on peut voir ici pour une analyse un peu plus précise des résultats.

  • Gwynfrid a écrit ::

    On avait convenu, plus haut, qu’il ne fallait pas s’arrêter à l’aspect politicien de l’affaire.

    Mais tu ne fais que ça, Gwynfrid. Ni toi (je crois) ni moi ne sommes parlementaires, personne ne nous demande donc de voter ou non ce texte. La question que se posent des citoyens et blogueurs comme nous, c’est de discuter entre nous si une « règle d’or » plus ou moins contraignante serait souhaitable ou pas.

    Tu refuses le débat en te contentant de critiquer la position gouvernementale, et en refusant de donner ton opinion sur le fond ou sur la position de l’opposition. Ton attitude est purement politicienne.

  • @ Koz:

    Cher Koz,
    Mon message est hors-sujet. Je lis la presse catholique (toute). Or je vois dans Familles Chrétiennes un article sur la pièce GOLGOTA PICNIC. Pas sur la pièce mais sur la critique à boulets rouges de cette pièce. Mais qui a vu cette pièce, puisqu’elle n’a pas encore été présentée ? Or il est suggéré d’écrire aux élus pour leur demander des comptes puisque cette pièce reçoit des subsides publics.

    Elus, subsides publics une manière maladroite de rejoindre le sujet ! Merci de votre attention.

  • @ Gwynfrid:

    Il fallait bien lire « à termes » comme dans les années à venir et non nécessairement lors de cette élection de 2011, qui a été serrée comme prévu. Bien entendu, si le paysage politique devait entreprendre une réforme plus profonde de son paysage après 2012, ce qui n’est pas à exclure (avec une introduction possible d’un peu de proportionnelle aux législatives, et un éclatement de l’UMP), on ne pourrait pas exclure une reconfiguration de la majorité au sénat, mais cela devient spéculatif.

  • Jeff a écrit ::

    Non, pour info, je ne fais pas de la politique. Je suis un simple citoyen qui sent effectivement, comme beaucoup d’autres (y compris à droite), un fort parfum d’alternance en France. Pas vous ?

    Si : avec hélas une très forte proportion de votes vers le FN! J’en suis totalement ébahie parfois : même certains qui se disaient socialistes pensent passer à « la marine »!
    Tout dépend bien sur de la situation économique, sociale, du lieu de l’habitation et de l’âge (les retraités touchant moins de 500€/mois par exemple.)

    Exilé a écrit ::

    Je vais expliquer ça à mon banquier : faut inscrire la règle d’or dans mon contrat,je m’engage à ne pas dépenser plus que ce que je gagne….

    C’est déjà -en gros- ce qui y est inscrit : si vous dépensez plus que vous gagnez et que votre taux d’endettement dépasse 30%, soit on ne vous prête pas, soit on vous demande des garanties financières que ces fameux banquiers s’empresseront d’utiliser lors d’un défaut de paiement de quelques jours. Et pour les particuliers, aucun moyen de faire marcher une quelconque planche à billets (j’ai bien essayé de semer des billets de 50€ dans mon jardin, mais les graines ne devaient pas être de bonne qualité, où bien est ce du au fameux réchauffement climatique, mais je n’ai rien récolté!) ni aucun moyen de voler (pardon « imposer ») mes voisins pour payer mes traites.

    Voltaire a écrit ::

    Comme l’indique l’auteur, et comme l’ont indiqué tous les commentateurs, le basculement du sénat était inévitable à termes.

    D’autant que de 2 sièges, ce n’est pas non plus un tsunami.

    Quant à la mauvaise image de Sarkosy, je crois que les médias se sont bien appliqués depuis 4 ans à la faire imaginer comme telle aux lecteurs ou téléspectateurs!

    Pourtant, qui, aussi bien dans le milieu de droite que dans le milieu de gauche, n’a pas dîné pour fêter un événement important pour lui, dans un restaurant chic et cher? (il suffit de voir la queue bi-journalière devant ce restaurant pour se faire une idée réelle des choses)

    Et ce continuellement!

    Sans avoir un amour fou pour Sarkosy (je lui reproche encore de ne pas avoir fait ce qu’il avait dit et d’avoir « ouvert » son gouvernement beaucoup plus à gauche que j’imaginais, au point d’avoir quasiment un gouvernement de cohabitation, avec les résultats que l’on sait), il me semble qu’il n’est pas l’homme aussi odieux que les amis de M Guérini ou de DSK ou autres charmantes personnes (qui tentent depuis 4 ans d’impliquer « Sarkosy le haï » dans des procès de pure politique politicienne) voudraient enfin arriver à nous convaincre.)

    Comme beaucoup, je pense, je ne sais pas vers qui ira ma voix.
    Une chose est sûre, c’est qu’elle n’ira jamais à gauche quelque soit le deuxième tour (hormis leurs projets économiques et sociaux absurdes, tous me paraissent de la plus haute incompétence, sauf à dénigrer leurs adversaires, domaine où, je le reconnais, ils ont la médaille d’or ).
    De plus, le souvenir des difficultés financières induites par Mitterrand dans les années 1980, me hante encore.

    Quant à imaginer que quelqu’un d’autre puisse se présenter à la place de Sarkosy (en tenant compte de ses défauts) pour représenter l’UMP, franchement, je ne vois personne qui puisse vraiment en avoir les compétences aujourd’hui. personne qui se soit véritablement détaché du lot, avec un projet qui tienne la route..
    Je crois que les adeptes du PS élargi espèrent, de fait, qu’un plus incompétent qu’eux soit candidat à droite afin d’emporter la « victoire »!

  • Lib,

    Gwynfrid a déjà exposé ses arguments, il me semble. Et pas seulement sur un plan « politicien ».

    Le seul avantage qu’on peut trouver à la règle d’or telle qu’elle est (était) proposée dans le projet est qu’elle intensifie le mouvement de rationalisation budgétaire = regrouper toutes les dépenses de l’Etat dans un document unique s’inscrivant lui-même dans un plan cadre.

    C’est bien, mais c’est d’une efficacité marginale en période de déficit (ça ne fait pas pousser les euros sur les arbres). Et surtout, inutile de changer la constitution pour ça.

    En fait la règle d’or telle que proposée est profondément politicienne: elle visait à instaurer une nouvelle sorte de « protocole chinois » dont l’objectif est de faire porter au parlement la responsabilité du déficit, alors qu’une loi de finance c’est:

    • 95% des dépenses qui sont reconduites automatiquement d’un exercice à l’autre
    • un projet de loi conçu par le gouvernement et modifié à la marge par le parlement qui, pour l’essentiel, l’homologue.

    C’était pas seulement un « piège à con » pour l’opposition ce machin. Depuis que la perspective de son adoption s’éloigne, on respire aussi à droite…

  • On coupe les cheveux en quatre sur « la règle d’or ». Très bien. Seule question pertinente : y-a-t-il l’ombre d’une chance qu’un gouvernement, mené par qui, s’attelle à faire réellement baisser la dépense publique ?

    Si non, nous n’échapperons pas au sort de la Grèce et il me faut conseiller à mes enfants de s’exiler pendant qu’il est encore temps.

    L’endettement, c’est fini. À court terme, le rééquilibrage des finances publiques ne peut qu’avoir un effet dépressif, tout comme le début du sevrage d’un drogué est pénible. Il faudra bien y passer. La question, c’est quid dans la durée.

    Dans un pays dont la dépense publique représenterait 30 à 35 % du PIB, il y aurait un argument pour défendre le rééquilibrage des finances publiques par la hausse des impôts. Effet dépressif, certes, mais à ce niveau, tailler dans la dépense publique c’est gratter l’os, et prélever 2 points de PIB sur les 65 à 70 % encore laissés aux agents économiques peut être tolérable.

    Quand la dépense publique dépasse les 55 %, le rééquilibrage passe par la baisse de cette dépense. À ce niveau là, il y a du gras, et prendre 2 points de PIB sur les moins de 45 % laissés aux agents économiques a un effet autrement dramatique.

    Aller chercher le gras demande de la volonté. En avons-nous moins que les Suédois, les Canadiens, les Néo-Zélandais (pas étonnant qu’ils nous écrasent au rugby !), les Irlandais ?

  • @ Aristote,

    Les All Blacks sont des brutes qui, avec une élégance infinie, transgressent la frontière qui sépare le sport de la guerre sans tirer un seul coup de canon, ni tuer personne.

    Laissons les en dehors du déficit.

    L’endettement, c’est très bien, c’est même ce qu’il y a de mieux. Mais il faut de la croissance. Pas de croissance, pas d’endettement. On a la croissance molle et de l’endettement dur.

    L’endettement, c’est très bien, mais ça opère un transfert des richesses des moins riches vers les plus riches par le jeu de l’intérêt: il faut donc un système fiscal juste qui rééquilibre la donne. On n’a le contraire, et ça n’a fait qu’empirer.

    L’endettement c’est très bien, mais ça implique un transfert de charge sur nos descendants, ce qui n’est acceptable que s’il existe d’autres systèmes, comme la Sécu, l’éducation nationale ou la PJJ (protection judiciaire de la jeunesse), qui solidarisent les générations: on est en train de foutre en l’air ces systèmes.

    En fait, on a tué non pas l’endettement, qui reste ce qu’il est, cad indispensable, mais tout ce qui permettait de le rendre supportable et même utile, à travers l’investissement qui traduit la confiance d’un peuple dans l’avenir.

    Plutôt que l’exil (sans Révocation de l’Edit de Nantes) choisissons d’autres moyens d’action pour restaurer ce qui permet à un endettement de produire l’effet voulu.

    La vraie question, pertinente, c’est: qu’est ce que vous voulez faire avec votre dette?

    Une dette, c’est une ressource à la base (c’est au passif du bilan). Alors vous voulez quoi? C’est quoi l’emploi de la ressource pour vous (à l’actif du bilan)?

  • Gwynfrid a écrit ::

    Non, ici, mon objection n’est pas politicienne, elle porte sur le fond: je suis opposé à l’ajout dans la Constitution d’une non-règle que l’on essaie de faire passer pour une contrainte. C’est un mensonge, et cela détourne la conversation, alors que le vrai sujet est de savoir comment on va effectivement parvenir à redresser les finances. La méthode ressemble à la façon dont François Mitterrand s’était extirpé de la querelle scolaire: alors que l’opposition exigeait un référendum sur le sujet, il a proposé un référendum sur l’organisation de futurs référendums. Et hop, du jour au lendemain, la question de fond était évacuée. La dette ne disparaîtra pas par un tel coup de bonneteau.

    +1

    Il faut en effet rappeler ce en quoi consiste ce dispositif de règle d’or : instituer des lois cadre qui s’imposeront aux lois de finances, le tout dans des conditions à fixer par loi organique…

    A mon avis, cette tuyauterie nous fait oublier une réalité simple : soit il existe une volonté politique pour réduire les déficits et la « règle d’or » n’est pas nécessaire, soit cette volonté politique est absente et on trouvera toujours un moyen de la contourner (eg par des prévisions de croissance « volontaristes »).

  • @ tschok:

    J’ai un peu de mal avec vos analyses.

    La dette transfert de l’argent aux riches par le jeu des intérêts ???? Et les boulangers qui font payer leur pain sont des salauds qui s’engraissent sur la sueur du peuple !

    L’éducation nationale est en faillite, mais vous croyez vraiment que la solution c’est d’emprunter plus pour jeter encore de l’argent dans le tonneau des Danaïdes ?

    La France est championne de la dépense publique et pas d’un peu. A-t-elle un meilleur enseignement, une meilleure santé, une meilleurs justice que les autres pays qui dépensent globalement beaucoup moins.

    Non.

    Alors réduisons les dépenses.

  • @ Aristote,

    Les intérêts sont versés au prêteur, qui est assez riche pour avoir prêté, contrairement au pauvre, qui n’a que sa bonté (son habit, dont il peut certes se dépouiller).

    Le crédit est une très belle invention, mais il faut être lucide à son sujet et être conscient de ses différents effets, sans mettre en cause l’honorable corporation des boulangers (pas plus que les All Blacks: c’est vraiment une manie la mise en cause d’un groupe).

    Bon, bref.

    (Entre les musulmans, les All Blacks et les boulangers, je m’y perds)

    La réduction des dépenses est l’un des clapets sur lequel on peut agir. On va pas s’engueuler vous et moi: il se trouve que je suis d’accord avec vous pour dire que sur ce coup là, la réduction des dépenses, pourvu qu’elle prenne la forme d’une maîtrise des dépenses, est l’une des bonnes solutions.

    Faut pas non plus s’attendre à des miracles, non plus. Il faut descendre dans la micro-économie. Il faut mettre ses mains dans le cambouis.

    La règle d’or, c’est un paquet d’Omo, avec un cadeau dedans. C’est juste bon pour les cons (ommateurs).

    Sarko est un bon vendeur, c’est ok. Mais vous? Vous êtes le bon acheteur? Vous valez mieux que ça quand même.

  • Aristote a écrit ::

    La France est championne de la dépense publique et pas d’un peu. A-t-elle un meilleur enseignement, une meilleure santé, une meilleurs justice que les autres pays qui dépensent globalement beaucoup moins. Non. Alors réduisons les dépenses.

    Drôle de mélange me semble-t-il : Meilleur enseignement : non ; meilleure santé : oui ; meilleure justice : non, mais avec un des budgets les plus faibles d’Europe.

  • Sébastien a écrit ::

    soit il existe une volonté politique pour réduire les déficits et la « règle d’or » n’est pas nécessaire, soit cette volonté politique est absente et on trouvera toujours un moyen de la contourner

    Vous êtes en train de dire que toute constitution est inutile. Soit il y a volonté de la respecter et elle n’est pas nécessaire, soit cette volonté est absente et on trouvera un moyen de la contourner.

    tschok a écrit ::

    Les intérêts sont versés au prêteur, qui est assez riche pour avoir prêté, contrairement au pauvre, qui n’a que sa bonté

    Le riche a aussi sa bonté 🙂 Par ailleurs les pauvres ont généralement une plus grande proportion de leurs actifs souscrits en créances sur l’Etat (à commencer par leur retraite). De plus, l’intérêt rémunère aussi un risque, l’actualité se charge de démontrer qu’il n’est pas théorique. La question de savoir si la dette publique est un bon deal pour le prêteur est loin d’être tranchée.

    Vouloir forcer au chausse-pied une lecture marxiste sur la problématique des dettes publiques ne fait qu’ajouter à la confusion.

    tschok a écrit ::

    L’endettement c’est très bien, mais ça implique un transfert de charge sur nos descendants,

    Quelle tristesse ! Vous semblez être une des rares personnes au courant qu’un bilan présente un actif et pas seulement un passif, et voila que vous l’oubliez… L’endettement est supposé financer un investissement et nos descendants héritent du package complet : dette plus investissement. Si l’investissement a été fructueux, nul besoin d’obscur mécanisme de compensation.

    La question fondamentale est donc de déterminer quel peut bien être l’actif qu’ont financé nos 2000 milliards de dettes. Je serais ravi de connaître le résultat de vos recherches. Pour ma part, je n’ai rien trouvé. Le système éducatif? La meilleure chose qu’on puisse en faire c’est le raser et reconstruire à partir de zéro. Le système de santé? Il a de beaux restes mais il est exsangue, en déficit chronique et commence à craquer de toute part. Le système de retraite? La pire bombe à retardement de l’histoire à coté de laquelle les pyramides de Madoff ressemblent à des jouets d’enfants.

    Qu’a fait l’Etat de l’argent qu’il a emprunté en notre nom? L’a-t-il géré avec rigueur et parcimonie ainsi que lui commande la constitution (depuis bien avant Sarkozy) ou l’a-t-il dilapidé par facilité, incompétence ou malhonnêteté? Pour ma part, je suis convaincu que la bonne gestion naît de la contrainte et que la dette facile a tué la contrainte.

    Si on souhaite que l’Etat gère bien, il faut l’y contraindre. Constitutionnellement. De même que si on souhaite que l’Etat respecte les libertés individuelles, il faut l’y contraindre. De la même manière.

  • @ tschok:

    Je ne crois guère à la règle d’or, si c’est cela votre question.

    Que Sarko soit un bon ou un mauvais vendeur n’est pas le problème. Et si je considère ce qu’a fait la droite depuis Giscard/Chirac, je ne suis pas ébloui par sa capacité à maîtriser la dépense. La régionalisation Raffarin, par exemple, est une catastrophe.

    Mon inquiétude est donc profonde, car je n’arrive à identifier la donne politique susceptible de prendre le problème à bras le corps.

    NB. Toujours pas d’accord pour la dette et les riches. Une bonne partie de la dette est détenue par des fonds de retraite par des banques dans le cadre des réglementations dites de Bâle, etc. Par ailleurs les prêteurs assument des risques (la Grèce, cela vous dit quelque chose ?) et rendent un service réel. Bref voir le paiement d’intérêts comme un simple transfert des pauvres aux riches me paraît simpliste.

    @ Yogui

    Pour la justice, bien sûr, et c’est bien le problème. Un pays dont la dépense publique dépasse 55 % du PIB et qui n’arrive pas à dégager les ressources pour une justice qui tourne à peu près. L’Allemagne est là encore un exemple : un nombre de juges par habitant plus élevé dans le cadre d’une dépense publique globale nettement plus faible. Bon, mais en France on a un Ministère de la culture.

    Sur la santé, les indicateurs de santé (mortalité, etc.) de la France sont bons, mais pas meilleurs que ceux de pays qui dépensent nettement moins (GB). Toutes les comparaisons internationales montrent que la santé « réelle » d’une population est peu corrélée, passé un certain niveau, avec la dépense. C’est l’hygiène au sens large qui est première.

  • @ Aristote:

    Pour compléter le comparatif avec l’Allemagne, j’ajouterais que notre voisin n’est pas pourvu d’une dissuasion nucléaire. (Coût pour la France environ 4 Md€ par an. En 50ans avec les intérêts, cela représente beaucoup). Le maintien de cet arsenal pourrait faire l’objet d’un débat.

    L’Allemagne n’a pas non plus de territoires d’Outre Mer dont l’impact sur nos finances et donc sur notre compétitivité collective est difficile à apprécier.

  • « La question fondamentale est donc de déterminer quel peut bien être l’actif qu’ont financé nos 2000 milliards de dettes. Je serais ravi de connaître le résultat de vos recherches. Pour ma part, je n’ai rien trouvé. »

    c’est une bonne question. la réponse est simple: en face du passif public, nous avons des actifs privés : ce que l’état a payé, distribué, ou n’ a pas collecté, a permis aux ménages français d’acheter, aux sociétés d’investir…
    les ménages français détiennent prés de 10 000 milliards d’actif net (INSEE 2007) , qui croissent plus vite que les detttes. la France et les Français s’enrichissent, heureusement !
    pour plus de détails, et la série historique http://www.insee.fr/fr/ffc/ipweb/ip1229/ip1229.xls
    pour les chiffres 2009, les derniers disponibles…
    http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=0&ref_id=NATTEF08149

  • @ Aristote,

    Sur votre nota bene: Il y a deux niveaux d’analyse du crédit. La micro économie, plan sur lequel vous vous situez pour dire que l’intérêt rémunère légitimement le prêteur, et je ne dis pas le contraire.

    Et puis il y a la macro économie, plan sur lequel je me situais pour vous dire que, dans certains cas, mais c’est le nôtre, l’intérêt de la dette opère un transfert de richesse du pauvre vers le riche.

    C’est une question qui en réalité n’a rien de simpliste.

    Le premier mécanisme par lequel il y a un transfert de richesse est négatif: c’est le « grignotage » du budget de l’Etat par le service de la dette: le montant de l’intérêt absorbe la ressource budgétaire et la détourne de dépenses qui pourrait par exemple être sociales, comme les prestations sociales, ou avoir un caractère redistributif par leur nature même, comme le traitement des fonctionnaires ou le salaires des salariés du public.

    Si vous devez verser beaucoup d’intérêts, mécaniquement vous ne pouvez plus verser autant de salaires ou financer autant de programmes sociaux. Par exemple, en France, le service de la dette dépasse et de loin un budget comme celui de la défense:

    http://www.marianne2.fr/blogsecretdefense/La-France-consacre-plus-d-argent-au-paiement-des-interets-de-sa-dette-qu-a-sa-defense_a379.html

    Résultat des courses: vous êtes obligés de diminuer le format des armées (livre blanc sur la défense) donc fermer des casernes, qui permettaient à des municipalités et à leur habitants de percevoir les revenus liés à l’activité, ou de supprimer des programmes d’armement, donc de dire à l’industriel concerné de renoncer au chiffre d’affaires correspondant, avec éventuellement un plan social à la clé et privatisation partielle (c’est ce qui est arrivé à notre industrie du char par exemple, le GIAT est devenu Nexter).

    Ce qui est valable dans le domaine militaire l’est également dans le domaine de la santé, l’éducation, la justice, la police et la recherche publique, pour ne citer que les secteurs les plus en vue, mais vous pouvez y ajouter l’entretien de la voirie publique (refilé progressivement aux collectivités locales ou privatisé), les transports publics (idem) et la culture (re-idem).

    Cela dit, il faut aussi regarder du côté du créancier: si le créancier redistribue largement l’intérêt qu’il touche, ou bien l’investit, on peut être gagnant dans l’affaire (c’est la théorie du ruissellement chère aux libéraux anglosaxons).

    Certes, les pauvres auront moins de prestations sociales, certes les fonctionnaires et salariés du public verront leur nombre diminuer ou leur rémunération stagner, mais d’un autre côté du dividende sera largement distribué ou de l’investissement sera réalisé.

    C’est là que ça coince, du moins en France et maintenant.

    Quand on regarde qui reçoit du dividende, ben on se rend compte que c’est pas les pauvres, c’est plutôt les happy few (beaucoup), la upper middle class (un peu) et la classe moyenne (un tout petit peu. Or l’impôt est prélevé à l’inverse: beaucoup sur la classe moyenne, un peu moins sur la UMC et très peu sur les happy few (Mme Bettencourt à un taux d’imposition de cadre moyen).

    C’est le deuxième mécanisme de transfert, positif celui-là: le riche épargnant reçoit l’intérêt, le réinvestit en dette d’Etat et touche une prime sous la forme d’une moindre imposition (en réalité le taux d’imposition en France est dégressif à cause des niches fiscales et de l’optimisation fiscale).

    Reste l’investissement: malgré tous ces sacrifices, on peut encore se dire que l’intérêt de la dette sert in fine à l’investissement productif, donc que l’activité sera soutenue, par renouvellement de l’offre. Hélas, trois fois hélas ce n’est pas vraiment le cas: l’intérêt est réinjecté dans la machine financière sous forme de… crédit consenti à l’Etat.

    Dans quelle proportion? Ca c’est une question clé. Dans une grande proportion, semble-t-il: l’endettement indéfini de l’Etat suppose une capacité indéfinie de prêter de la part du créancier.’

    Donc, l’Etat structurellement déficitaire peut se réendetter, car pour le créancier, l’endettement de l’Etat est un investissement assez juteux et peu risqué (France = AAA). Un vrai petit mouvement perpétuel qui a, dans notre cas, deux gros inconvénients: il appauvrit les classes moyennes et érode progressivement les capacités d’investissement de l’Etat, qui doit consacrer des sommes de plus en plus importantes au paiement de l’intérêt.

    A coté de cela il y a un troisième gros inconvénient: le gonflement démesuré de la dette, qui s’auto-alimente, génère une « bulle » boursière, car cette dette constitue un sous jacent sur lequel on peut émettre des produits dérivés (des CDS comme sur la dette grecque).

    On ne sait pas exactement quels seraient les effets de l’explosion de cette bulle sur le petit mouvement perpétuel de l’endettement de l’Etat, mais on sait une chose: les banques qui sont derrière étant considérées comme « too big to fail », le contribuable sera appelé à payer la note, ce qui revient à assumer le risque du prêteur, dont vous parliez dans votre commentaire en disant qu’il est tout à fait légitime de le rémunérer. Mais ce n’est plus de la micro ou de la macro économie: ça devient une décision politique.

    Voilà le tableau. Désolé pour ce long développement qui est sans doute un peu chiant.

  • @ Lib,

    Je vous suis complètement sur la contrepartie, au bilan, d’un investissement donné: en gros une immobilisation productive ou de l’actif circulant. La dette d’aujourd’hui fabrique la richesse de demain, donc en principe, le transfert de charge aux descendants n’excède pas le risque économique lui-même (les conditions du retour sur investissement).

    Le problème n’est pas là. Il réside dans le fait que l’Etat, depuis longtemps, n’applique plus les règles de l’orthodoxie comptable qui veulent qu’à une ressource de court terme vous fassiez correspondre un emploi de court terme et qu’à une ressource de long terme vous fassiez correspondre un emploi de long terme.

    Autrement dit: avec de la TVA ou de l’IRPP, par exemple, je paye les salaires de mes fonctionnaires, et avec mes obligation d’Etat à 50 piges, je finance un programme d’énergie renouvelable, par exemple, à maturité 2060.

    Or, ce n’est ce pas ça qui se passe: quand l’Etat remplace une ampoule en novembre d’une année N, il la paye avec l’argent qu’il emprunte, parce qu’il a déjà dépensé toutes ses ressources de court terme dès le mois d’octobre de cette année N. Peut être même avant.

    Ou encore autrement dit: quand vous financez une dépense de consommation par des quasi fonds propres, comme peuvent l’être les emprunts d’Etat à long terme,qui sont en fait des quasi fonds propres, cela signifie comptablement que vous être en train de bouffer votre capital.

    Ce grignotage du capital correspond in fine à la destruction ou la consommation d’un actif, pas à une simple augmentation du passif, avec un actif correspondant. Vous saisissez?

    Ex: vous empruntez pour payer les pompiers et les policiers. Très bien, ils auront éteint les feux et arrêté les délinquants. Mais c’est de la consommation tout ça. Certes c’est de la richesse (sous forme de services) mais une fois que ç’a été créé, c’est consommé et ça ne laisse d’autre trace comptable que son coût: celui de l’emprunt.

    Pour le rembourser, faut vendre un élément d’actif de l’Etat (privatisation), ou réduire le périmètre du bilan pour faire une économie (mise sous cocon de X chars Leclerc par exemple, ou non remplacement d’un sous marin sur X, ou non renouvellement d’un poste de fonctionnaire sur deux, ou fermeture d’un hôpital, etc). C’est l’équivalent d’une consommation ou d’une destruction ou d’une liquidation d’un élément d’actif.

    Ce que je vous dis n’a rien à voir avec le marxisme: je suis complètement dans l’orthodoxie comptable de base: ne pas affecter du court terme à du long terme et inversement. C’est valable pour l’Etat ou la première SARL venue.

    Le malheureux qui se risque à transgresser durablement la règle se promet à la mauvaise gestion et à ses affres: le grignotage progressif du capital et le transfert de la charge de le reconstituer aux descendants des actionnaires (on est sur du long terme: la reconstitution du capital prend du temps), ou aux repreneurs de la société (ça c’est du court terme, de l’urgence même). Des Chinois mettons.

    Mais, si on trouve un gisement de pétrole sous nos pieds, là ça change tout.

  • @ tschok

    J’avoue ne plus vous suivre.

    Je poste un commentaire le 28 septembre à 15h59 dont le sens est que l’endettement de la France étant devenu insupportable, il fallait baisser la dépense publique.

    Moins d’une heure après, vous me répondez non, l’endettement c’est bien, le seul problème, c’est qu’il faut payer un intérêt aux emprunteurs.

    Vos deux réponses à Lib et à moi-même semblent dire que vous rejoignez le diagnostic du caractère suicidaire de la politique d’endettement actuelle. Je suis en plein accord, si je vous ai bien compris.

    Le débat revient donc à comment en sort-on.

    En augmentant les impôts, lesquels ?

    En baissant les dépenses, lesquelles ?

    Ma thèse est qu’il faut en priorité réduire les dépenses de fonctionnement, y compris les transferts sociaux, à quelques rares exceptions près, dont la justice, et que le rendement marginal d’une augmentation de la pression fiscale devient très faible, pour ne pas dire négatif.

    Ce n’est pas une thèse « générale ». C’est un diagnostic pour un pays, la France, où la dépense publique et la pression fiscale sont déjà hors normes. Aux USA, il y a peut-être plus de marge pour augmenter un peu les impôts.

    Je ne suis pas du tout convaincu par les thèses de Piketty et elles ont en plus le grave inconvénient, en focalisant le débat sur la taxation des « riches », de botter en touche le débat sur la maîtrise de la dépense.

  • @ Aristote,

    C’est vrai que c’est compliqué et je ne prétends pas tout comprendre. Mais je comprends deux choses, d’ailleurs, à peu près comme vous, je pense.

    D’abord, on passe d’un extrême à l’autre: on a été des camés de la dette à mort, maintenant on veut se désintoxiquer, à mort également. Je veux dire par là jusqu’à la mort.

    Or, la dette n’est pas un poison par nature, mais par mauvais emploi. Ce lunatisme exacerbé, dans un sens comme dans l’autre, relève plus de la construction mentale du « remède de cheval » (celui qui tue le patient ou le guérit) ou de l’overdose, que de l’approche rationnelle. Après avoir frôlé l’overdose de dette, on veut passer au sevrage brut, avec la même passion, le même empressement, en oubliant que la mithridatisation et la dé-mithridatisation sont des processus complexes qui n’obéissent pas au parallélisme des formes (on ne se désintoxique pas de la même façon qu’on s’intoxique).

    Ici, je crois qu’on est victime de notre passion lunatique: ce qu’on a fait dans notre passé nous a amené là où nous sommes, cette situation est identifiée comme un mal, donc dans l’avenir, nous allons faire le contraire et nous atteindrons le bien, car le mal est le contraire du bien.

    Ce type de raisonnement est totalement cons.

    Ensuite, c’est le deuxième problème casse tête, on a une approche quantitative. Je vous cite:

    « Le débat revient donc à comment en sort-on.

    En augmentant les impôts, lesquels ?

    En baissant les dépenses, lesquelles ? »

    Du plus et du moins: je freine ou j’accélère. Du gestionnaire de base, qui se prend pour le pilote d’un bolide: il croit que son action sur le volant va avoir l’effet que lui veut, sans tenir compte des autres facteurs complexes, comme l’aléa de la plaque de verglas.

    Rapporté à la situation comptable, ça donne: côté impôt on est déjà au taquet, avec des taux de prélèvement obligatoires suédois. On ne peut pas vraiment monter, donc. Et côté dépenses, on ne peut plus vraiment réduire sans provoquer de catastrophe, tant les services publics fonctionnent à flux tendus, au point qu’on tape dans l’humain: suicides, dépressions nerveuses, grèves sont devenus les mots clé de l’état d’esprit des femmes et des hommes qui incarnent le service public: le sentiment d’abandon et le désarroi sapent le moral bien davantage que la morale.

    Donc une approche exclusivement quantitative ne nous mène qu’à la prise de conscience que notre marge de manœuvre est de plus en plus faible (ce qui est le propre de ce type d’approches qui repose en fait sur la notion de carburant fossile: un truc qui s’épuise plus on l’utilise). L’approche exclusivement quantitative est le creuset de l’impuissance: elle tend mécaniquement à nous considérer comme de moins en moins capables de faire face, ce qui favorise les discours TINA (There Is No Alternative: pas le choix).

    On a inventé la machine à perdre.

    Peut être faudrait il avoir une aussi approche qualitative? Inventer la mixité, quoi. La surprise, aussi. Ca compte ça. Réinventer l’unité dans l’action, ça compte ça aussi.

    En fait il y a plein de choses à faire dès que vous ouvrez votre champ mental à d’autre trucs que du quantitatif pur.

    Par exemple, on peut faire de l’histoire et se dire que la politique de maîtrise des dépenses du gouvernement Fillon, avec son côté pantoufle, mise en œuvre par Lagarde, avec son côté élite gouvernante WASP américaine, plus les emprunts Sarko tendus vers les investissements d’avenir, et leur côté fourre tout bordélique et impulsif, ce n’était pas si con que ça. Mais ça a échoué. Pourquoi? Voilà une question à expertiser dare dare si on veut affiner des politiques.

    Notre histoire est un excellent laboratoire d’expériences utiles.

    On peut aussi regarder la prospective et découvrir que les champs d’avenir ne sont pas du tout fermés (là c’est trop long, je développe pas).

    (je suis trop bavard sur ce blog)

    Bref, on peut sortir du désarroi.

  • @tschok

    Je comprend l’intérêt théorique de vos considérations sur les risques liés à ne considérer que les aspects négatifs de l’endettement public. Menfin, appliqué au cas français, excusez-moi, mais c’est un cas d’école de vente de peau d’ours à découvert. Vous ne voulez pas le laisser tranquillent sortir de cure de désintox, notre malade, avant de vous préoccuper de son régime de sortie ? L’objectif immédiat est d’éviter qu’il ne nous crève entre les doigts, me semble-t-il.

    Sinon pour ce qui est de vos réfléxion sur le quantitatif et le qualitatif, d’accord. Mais ce n’est qu’une nouvelle formulation du discours habituel sur la neccessité d’inventer, de proposer des idées neuves… Discours au moins aussi usé que le discours gestionnaire que vous dénoncez. Et surtout, en l’absence de proposition concrète d’idées neuves cela relève de l’exhortation vaine.

    @Gwynfrid

    J’ai un réponse au frais sur la règle d’or. Je vous sers ça quand j’ai un moment :-).

  • @ tschok:

    Oui il faut des idées nouvelles pour faire baisser les dépenses, on ne peut se contenter de raboter les budgets de 5 % partout ou de ne remplacer qu’un fonctionnaire sur deux quel que soit le service en cause.

    Mais la visée de ces idées doit être de faire baisser les dépenses.

  • @ Lib:

    Pour que ce dispositif soit utile, il faudrait une possibilité de contrôle par le Conseil constitutionnel.

    Si l’on suppose qu’une loi de finances donnée retient une prévision de croissance, disons de 2 % et que le consensus retient plutôt une hypothèse de 1,2 %, que pourra faire le Conseil ?

  • @ Vivien,

    Sur votre 1): Je suis très tenté par ce que vous dites.

    Vous avez une approche de magistrat au commerce dans le domaine RLJ. Comme DSK, je suis très tenté par l’option « donnée » aux créanciers: « prenez votre perte ». Et je me tourne alors vers le débiteur pour lui dire: « faites valoir les compensations » (après recensement des actifs). La danse est connue.

    Et puis ensuite on se fait un consortium de réalisation et on mutualise. Et la vie continue, comme avant.

    Bref, on tire le tapis et on met en dessous les cendres de tout ce qui reste. Le contribuable ne verra pas passer le coût sur son avis d’imposition, ni sur sa facture, et on pourra même se goinfrer au passage si on est bien situé, ce qui ne tient qu’à nos capacité de copinage respectives (Borloo).

    Je suis vraiment très tenté par ça. Toute ma nature m’y pousse. Ours ou pas.

    On a juste, vous et moi, un seul problème: les encours. Ces putains de contrats à terme, dérivés de dérivés. Massifs, inatteignables. Ticket d’entrée trop cher, pour vous, pour moi. Le hors bilan qui revient dans le bilan au moment où on s’y attend le moins. Ca, c’est le sparadrap du capitaine Haddock. Qui va accepter d’y mettre le doigt?

    Qui? Les roms, les femmes voilées? Tristane Banon? Kerviel? Le nouveau Kerviel de l’UBS? Les victimes habituelles? Non, elles ont rien dans le tiroir caisse. Il faut mettre ces putains d’encours sous le tapis! Mais on manque de juifs dans ce pays! Ou est Philippe Le Bel? Ou sont ses juifs? On a que des musulmans pauvres et notre mauvaise conscience de colonisateur. C’est le job de Guéant, réduit à poursuivre des pauvres étrangers et des objectifs d’expulsion.

    Et en face, on a des putains d’encours et ceux qui les détiennent ne se conteront pas de victimes expiatoires. Ils veulent du cash. Ils sont beaucoup plus exigeants que les citoyens, qui se contentent d’un peu de liberté et d’impôts pas trop durs, pourvu qu’il y ait un bouc émissaire.

    Nous avons des encours avec des gens qui ne plaisantent pas avec leur réussite personnelle.

    C’est là que vous et moi on est plus de ce monde là.

    C’est le job de qui, ça, Eva Joly? Van Ruymbeke? Eolas? Koz? DSK? Zorro?

    Non, c’est notre job: nous avons des encours. Ces encours nous appartiennent.

    Sur les discours usés 2) : c’est le genre de conneries que l’état major français disait à la veille du 10 mai 40, boursoufflé de suffisance et de prétention.

    Vaincu dès le 14 mai: 4 jours de combat, peu de chose près 100 heures de combat, ce qu’on a dit de l’armée irakienne face aux Ricains en 91. Pas de quoi être fier. Et, en plus, on 40, on été à peu près à armes égales. Vous avez envie de remettre ça?

    Moi pas. La défaite, elle est d’abord intellectuelle, et dans votre 2), sur la blasitude de celui qui se dit informé, je vois non pas de l’orgueil, qui est la conscience de sa condition, mais de la prétention: prétention qui se révèle dans votre réponse à Gwynfrid: « je vous réponds si j’ai le temps ». Avec un smiley en prime.

    ben voyons.

  • @Tschok

    Pas tout compris à ce que venait foutre Tristane Banon, le capitaine Haddock, ou les femmes voilées dans votre réponse à mon commentaire. Je n’avais pas l’impression d’avoir écrit quelque chose de si compliqué ou intelligent qu’il mérite un dévellopement pareil.

    Une precision par rapport à ma réflexion sur le 2) : il ne fallait evidemment pas comprendre que je suis contre l’invention, mais bien contre le fait de se ramener, sans proposition concrète en disant: « yaka inventer! ». Figurez-vous que c’est mon métier, d’inventer, je suis chercheur. Je sais donc que c’est vraiment très bien, mais pas si évident que ça.

    Enfin, quand je parle à Gwynfrid, je parle à Gwynfrid. Il se trouve que je crois savoir que Gwynfrid apprécie l’échange, et qu’il nous arrive régulièrement d’interagir sous les billets de Koz. Donc, et comme je passais par là, je lui fais savoir que c’est faute de temps et non d’intérêt que je n’ai pas répondu à sa dernière contribution. Il prend l’info, il se torche avec s’il veut, et s’il trouve cela prétentieux, je compte sur lui pour me le faire savoir. Quant au smiley, il y en avait un pour la même raison qu’il n’y en pas dans ce commentaire çi : j’étais de bonne humeur.

    Parce que effectivement, prétention de ma part ou non, je n’ai pas que ça à foutre de mes journées, commenter sur ce blog. Et je préfère le faire pour échanger de manière constructive que pour répondre à des prises à parti personelles.

  • @ Hervé:

    Il se trouve que de là où je parle, j’en entends parler presque tous les jours. On peut d’ailleurs largement discuter de ses modalités d’application (non mais appliquer la RGPP aux flics, quelle drôle d’idée) qui entraînent des situations ubuesques, en tous cas dans pas mal d’administrations de mon département (ainsi, par exemple, à la DDEA, où 6 comptables sont payés à ne…rien faire, puisqu’elles n’ont plus de poste du fait des fusions en cours, mais toujours pas de mutation en vue, et ça fait 18 mois)

    Mais, si je vous rejoins sur le fait que le Sénat serait bien inspiré de se l’appliquer à lui-même (comme l’Assemblée d’ailleurs), je ne vois pas le rapport avec son utilité, en fait. Il coûte cher du fait de ses frais de fonctionnement, donc il faut le supprimer?

  • Lib a écrit ::

    Mais tu ne fais que ça, Gwynfrid. Ni toi (je crois) ni moi ne sommes parlementaires, personne ne nous demande donc de voter ou non ce texte. La question que se posent des citoyens et blogueurs comme nous, c’est de discuter entre nous si une « règle d’or » plus ou moins contraignante serait souhaitable ou pas.

    La question posée plus haut est de savoir si la règle telle que décrite dans le texte de M.Fillon serait souhaitable ou non. J’ai indiqué pourquoi je suis d’avis que non. Mais je n’ai rien contre l’extension du débat à ce que devrait être une vraie règle constitutionnelle de bonne gestion.

    Lib a écrit ::

    Tu refuses le débat en te contentant de critiquer la position gouvernementale, et en refusant de donner ton opinion sur le fond ou sur la position de l’opposition. Ton attitude est purement politicienne.

    J’avoue avoir du mal à ne pas simplement te renvoyer le compliment dans son emballage d’origine. En effet, à ce stade de la discussion tu ne m’as toujours pas fourni un seul argument de fond: t’accuser de mauvaise foi est donc tentant. Mais bon, ce ne serait pas particulièrement constructif. Je vais m’efforcer, plutôt, d’avancer comme essaie de le faire Tschok, même si je ne pige pas toutes ses analogies.

    Pour commencer: pour faire une règle constitutionnelle, il faut qu’elle soit claire , précise et exécutoire, c’est-à-dire susceptible de servir de base aux décisions du Conseil Constitutionnel. Une première suggestion serait de revenir simplement aux 3%, zéro exception. Toutefois, à l’instar de Tschok je crains que ce remède ne soit mortel pour le malade – il n’est que de voir la réaction des Grecs face à la rigueur subite. De plus, cela encouragerait la créativité comptable des politiciens, comme cela est déjà arrivé par le passé.

    On pourrait plutôt suggérer des changements de procédure qui forceraient le gouvernement à un peu plus de transparence. Par exemple:

    • Présentation des comptes sur le modèle du privé (l’exemple de la Nouvelle-Zélande a été mis en avant il y a quelques années, mais j’avoue ne pas précisément savoir ce qu’il en est). Pourquoi pas, même, un audit par la Cour des Comptes avant le vote ? Aux US, les chiffrages des mesures proposées sont de la responsabilité d’un organisme neutre (Congressional Budget Office), cela ne résout rien en soi, mais au moins discute-t-on sur les mêmes chiffres.
    • Autrement, je suggère que l’on oblige le gouvernement à baser son budget sur une hypothèse de croissance provenant d’un acteur extérieur neutre, comme le FMI. Tous les ans, la ritournelle revient : le budget est irréaliste car basé sur une croissance future rêvée. Autrement dit, on politise le thermomètre, ce qui rend illusoire la mesure de la température.
    • On pourrait aussi exiger que la présentation du budget inclue des comparaisons internationales, mission par mission (je ne crois pas, cependant, que cette notion soit assez précise pour être inscrite dans la Constitution).

    Ce sont juste quelques idées. Je n’ai aucune prétention d’expertise: je suis juste un électeur auquel on essaye de vendre du pipeau, cela ne me donne aucune qualification pour définir ce qu’est la bonne solution.

    @ tschok:
    J’aime bien votre contribution, que je trouve rafraîchissante, notamment vos développements sur l’aspect faussement moral du problème, et sur l’impasse de l’alternative dépense contre recettes. Mais, d’une part j’ai du mal à vous suivre dans certaines hyperboles, et d’autre part, pourquoi vous énervez-vous ainsi contre Vivien ? Il a la politesse de me prévenir qu’il ne pourra pas me répondre de suite. J’aurais mauvaise grâce à m’en formaliser. Le procès d’intention que vous tirez d’un simple smiley me paraît incompréhensible.

  • Braillard a écrit ::

    Mais, si je vous rejoins sur le fait que le Sénat serait bien inspiré de se l’appliquer à lui-même (comme l’Assemblée d’ailleurs), je ne vois pas le rapport avec son utilité, en fait. Il coûte cher du fait de ses frais de fonctionnement, donc il faut le supprimer?

    Oui!!!! Ou tout du moins le réduire de moitié, même s’il paraît que nous avons à sa tête un « homme normal » depuis ce soir.
    (qu’est ce qu’un homme politique normal et qu’est ce qu’un homme politique anormal?)

    Nous avons plus d’élus en France qu’aux USA! Et à quoi servent ils hormis nous saturer de débats débiles, à remuer la boue des caniveaux ou à polémiquer sur le sexe des anges (une sorte de « gender »…)

  • « Le Sénat coûte cher du fait de ses frais de fonctionnement, donc il faut le supprimer? Ou tout du moins le réduire de moitié,… » je pense que le candidat aux élection présidentielles qui aura le courage de dire: on ramène le Sénat à 250 parlementaires (-100), l’Assemblée à 450 (-130), dont une partie à la proportionnelle aura le soutien de l’opinion et gagnera des voix.

    Il y a sans doute des manières plus efficaces de faire des économies (par exemple dans l’administration des chambres) mais celle ci a le mérite d’être symbolique, et sympathique…

  • @ Gnynfrid,

    Bah! C’est juste parce que je suis parfois un peu vif et souvent impatient.

    La déconfiture budgétaire, on en connait les ingrédients, les causes et les effets depuis plus d’une génération. On aurait pu croire que tout cela aurait été intériorisé par le plus grand nombre. Pas du tout: en 2011, je me retrouve à expliquer la différence entre la macro et la micro économie du point de vue du crédit et les raisons pour lesquelles un endettement excessif de l’Etat détruit en réalité les actifs, donc réduit le périmètre l’Etat, bien plus surement que telle ou telle idéologie néo, ultra ou machin libérale, ou au contraire néo ou machin keynésienne. Voire marxiste… (oui, je me le suis entendu dire)

    Tout ça, c’était la donne.

    En face de cette donne, qui est ancienne, on a eu un gouvernement qui a voulu – l’expression est un peu pédante – restaurer la capacité d’investissement de l’Etat. Cette politique était innovante, l’air de rien. Non pas qu’investir en temps de crise soit une idée bouleversante par sa nouveauté. Pas vraiment, non. Ce qui était nouveau, c’était d’accepter de faire une telle politique dans un tel environnement de contraintes, en envisageant ce pari comme quelque chose de rationnel. De possible, quoi. Puis d’essayer de la conduire à peu près correctement, avec des outils modernes ou se voulant tels (la RGPP).

    Quand on regarde la politique Sarko-Fillon-Lagarde, on pouvait donc se dire que c’était « jouable ».

    Or deux événements ont déjoué ce calcul: la crise des subprimes en 2008 et la crise des dettes souveraines, dans la foulé. Une troisième est en face de nous: celle de la monnaie.

    Ces deux crises passées ont une particularité: elles portaient sur du sous-jacent « souverain ». La première portait sur de l’immobilier d’habitation américain et la seconde sur de la dette des Etats. Deux sous-jacents pour lesquels, traditionnellement, tout système juridique multiplie les précautions en terme de garantie. Du solide, du concret, quoi!

    La troisième porte aussi sur du « souverain », du souverain de chez souverain même, puisqu’on ne peut pas faire mieux que la monnaie.

    Crises de trois souveraineté donc: l’habitat, la dette, la monnaie.

    Sur les marché de spéculation de produits dérivés, normalement, on se fiche du sous-jacent (s’il monte ou s’il baisse) qu’il soit habitat, dette ou monnaie. Si un marché dérivé se casse la gueule, cela ne peut être que pour deux raisons: par le haut, parce que les parieurs ont pris de mauvaises positions et ne peuvent en payer le prix. Par le milieu, parce que le banquier ou l’un de ses employés a fraudé. Donc le marché s’organise pour gérer ce type de risques en se capitalisant à hauteurs des risques pris par les uns ou les autres, et en surveillant le banquier (oui, ça faut le dire vite).

    Mais par le bas, non. Sur un marché de produits dérivés, le sous-jacent, en principe, ne fait pas tomber le marché: le sous-jacent vit ça vie, il a ses hauts et ses bas comme nous tous, mais ne fait pas tomber les dérivés. Et inversement, le dérivé ne fait pas tomber le sous-jacent: le joueur gagne ou perd, mais le sous-jacent reste. Or, c’est ce qui s’est produit. Deux fois. Et vous savez quoi? Sur des « petits » encours.

    Si on regarde l’exposition des banques françaises sur la dette publique grecque, par exemple, on voit que c’est pas grand chose finalement. Et pourtant ça peut déclencher un cataclysme avec en bout de course un garant ultime qui ne sera plus seulement le contribuable (ça c’était les deux crises d’avant) mais la monnaie. Ou si vous préférez, on se rend compte que le risque spéculatif est gagé sur la valeur de l’ensemble d’une économie. Vu qu’on a épuisé le contribuable, il ne reste plus que ça.

    D’où l’essor des indices traitant du risque pays.

    Dans un tel contexte, il devient particulièrement évident que la problématique du déficit budgétaire ne se pose plus du tout de la même façon. Là dessus, on discute de quoi sous ce post? De la règle d’or… On est en train de parler d’un moteur de mob au moment où on se rend compte que les neutrinos dépassent peut être la vitesse de la lumière…

    Bien sûr toutes ces choses sont extrêmement complexes et je ne prétends pas avoir percé le secret des dieux. En revanche, je me rends bien compte quand des concepts intellectuels sont passés à l’ouest, comme c’est le cas de la règle d’or.

    Sur ce, Vivien arrive et fait son blasé: ouiiii, toussa c’est des vieilles idées, blabliblabla. Alors, j’ai peut être mal interprété son propos, mais sur le coup ça m’a agacé. J’ai l’impression que lui et moi nous n’avons pas regardé le même film. Il a regardé un film où il ne s’est passé que des choses anodines, du déjà vu, du re-sucé en double exemplaires, la guerre des boutons peut être. Alors que moi j’ai regardé un film où il ne se passe que des trucs inouïs. Une superproduction à l’américaine genre fin du monde.

    Ca doit être ça: on n’a pas regardé le même film.

  • @ francis:

    Il aura le soutien de l’opinion, admettons. Ce n’est pas pour autant que la proposition serait bonne. Il y a tout un tas de propositions qui auraient le soutien de l’opinion et qui sont soit inutiles, soit mauvaises, soit franchement catastrophiques.
    Je ne dis pas que les frais de fonctionnement des assemblées sont sans rapport avec le nombre de parlementaires, mais je suis loin d’être certain que cela en soit le facteur majeur. Par exemple, plus aucune voiture de fonctions, des retraites vraiment repensées, des indemnités réduites (l’indemnité principale comme les subsidiaires), des investissements immobiliers plus limités….sans toucher à ce qui est leur « coeur de métier »: leur nombre, et celui de leurs collaborateurs.

    @ Tara: vous parlez au niveau des élus nationaux/fédéraux? Ou dans l’ensemble? Non parce que si c’est dans l’ensemble je veux bien une source quand même.
    J’ajoute que réfléchir en termes de nombre n’a aucun sens. Nous n’avons pas le même système, l’Etat n’a pas la même forme, pas le même pouvoir, etc etc…
    Et puis encore une fois, j’aimerais des arguments de fond.

  • à braillard. il y a sans doute des mesures plus économiques, mais la réduction du nombre de parlementaires est très symbolique, politique…

    au delà, pourquoi réduire ?
    – parceque nos parlementaires ont de moins en moins de pouvoir, du fait de l’Europe, des instances de régulation, etc… tirons en les conséquences
    – parceque leurs absences importantes montrent qu’ils n’ont pas besoin d’être si nombreux…
    – parceque le rôle d’ « assistante sociale » dont ils se targuent n’est pas le leur : leur mission est de faire la loi, non de la contourner.
    quatre jours à la chambre, du mardi au vendredi, trois dans leur ville d’élection, une activité plus contrôlée et moins rémunérée, on aura toujours assez de députés !

  • @ Braillard:

    Dans la catégorie « nombre d’élus rémunérés pour cent mille habitants », notre score en coupe du monde est beaucoup plus impressionnant qu’en rugby !

    Oui, on peut en supprimer.

  • @Gwynfrid

    Ma réponse bien après la bataille, donc.

    Nous sommes d’accord sur le caractère purement symbolique de la règle d’or. Paradoxalement, nous sommes aussi d’accord sur le fait qu’une règle d’or contraignante ne serait pas forcément une bonne chose. Et je trouve vos propositions de mesure favorisant la transparence du budget intéressantes.

    Reste donc le désaccord sur l’opportunité d’inscrire des textes à valeur symbolique, des pétitions de principe dans la Constitution. Dans l’absolu, je me range à vos arguments, surtout après l’expérience de la Constitution Européenne avortée : les guéguerres sur les déclarations symbolique était venu complètement obscurcir le débat de fond sur le fonctionnement des institutions. Cela dit, une Constitution purement technique laisse entier le problème des valeurs fondamentales. Faut-il prendre le risque d’une rédaction, et les inscrire quelque part ? Dans quel type de document ou de déclaration ?

    Ensuite, là, on parle d’une Constitution en particulier, celle de la Vème République. Si je prend la version d’origine, la première chose que je vois dans le préambule, c’est qu’elle renvoie à la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, une liste longue comme le bras de « jolies déclarations d’intention pour l’édification des plus jeunes et des plus naïfs d’entre nous », pour vous citer. Et que le Conseil Constitutionnel ne se prive depuis quelques temps d’aller piocher dedans pour justifier ses décisions. Donc, non, en France, nous ne fonctionnons pas avec une Constitution purement technique, désolé, c’est un choix consommé. Et quand le vin est tiré… Faut-il empécher toute mise à jour parce que l’on pense que les pétitons de principe n’ont pas leur place dans ce texte en premier lieu?

    Pour conclure, je ne partage de toute façon pas votre sévérité avec les déclarations d’intention, vous vous en doutez sans doute après ma pique sur les Droits de l’Homme. En particulier, je conteste qu’une référence sans effet juridique positif soit forcément inefficace. Je reprend mon exemple du principe de précaution (même si pour le coup, je suis réservé quant à son inscription dans la Constitution). Vous n’avez pas trouvé que son inscription dans la Constitution, en France, a fortement participé dans le débat public à sa consécration comme valeur fondamentale?

  • @ Vivien:

    Après avoir constaté avec vous que nous ne sommes pas autant en désaccord que je le croyais… je vais cependant balayer d’un revers de main tout ce que vous dites à propos de la Déclaration des Droits de l’Homme. Car je ne peux pas le voir autrement que comme une plaisanterie. Il est évident que des expressions telle que « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la Loi », « Pour l’entretien de la force publique, et pour les dépenses d’administration, une contribution commune est indispensable. Elle doit être également répartie entre tous les Citoyens, en raison de leurs facultés », ou encore « La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce n’est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l’exige évidemment, et sous la condition d’une juste et préalable indemnité » n’ont rien de symbolique. Leur caractère exécutoire a été reconnu par le Conseil Constitutionnel il y a 40 ans, personne ne souhaite revenir là-dessus, et des pelletées de décisions importantes ont été depuis prises sur cette base.

    La distinction que vous tentez de faire entre une Constitution « technique » et notre Constitution est donc artificielle. Notre Constitution est exécutoire, pas symbolique, et le législateur sera bien aimable de lui conserver ce caractère, merci à lui.

    Pour ce qui est du principe de précaution,
    Vivien a écrit ::

    Vous n’avez pas trouvé que son inscription dans la Constitution, en France, a fortement participé dans le débat public à sa consécration comme valeur fondamentale?

    Non, pas le moins du monde. Je devrais même dire: au contraire. Le débat existait avant, il existe après, sans vrai changement, mais avec plus de confusion. Le sort du fameux « Grenelle de l’environnement » (que je déteste ce terme grotesque et passéiste, preuve de l’absence totale d’imagination de notre classe politique) le prouve à l’envi. On a cru bon d’annoncer une jolie intention dans la Constitution et ça n’a pas raté, dès qu’il a fallu passer aux actes on s’est rendu compte que c’était un brin plus compliqué. Tenez, je vous cite le texte de ce fameux principe de valeur désormais constitutionnelle: « Lorsque la réalisation d’un dommage, bien qu’incertaine en l’état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l’environnement, les autorités publiques veillent, par application du principe de précaution et dans leurs domaines d’attributions, à la mise en oeuvre de procédures d’évaluation des risques et à l’adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de parer à la réalisation du dommage. »

    La comparaison avec les extraits de la DDH que j’ai mentionnés plus haut est cruelle: d’un côté, des termes clairs et définitifs; de l’autre, du blabla qu’on croirait droit sorti d’un quelconque pipotron.

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