De l'audace !

Ok, les mecs, disons-le tout net : depuis quand le PS se gagne à droite ? Après Ségolène Royal, voilà Bertrand Delanoë. J’ai lu que le pauvre Benoît Hamon en était resté tout « incrédule ». On le serait à moins. Touche à tes lignes, Bertrand mais les miennes, t’es sympa, tu les bouges pas.

Si ça continue, à force de les voir bouger, nous allons être obligés de nous concentrer sur les idées et non plus sur les fanions. Dieu nous en préserve.

Voilà donc que Bertrand Delanoë se met à revendiquer le libéralisme pour la gauche. Ca va en enquiquiner plus d’un, qui savaient enfin ce qu’ils étaient, en se définissant anti-libéraux. A ce stade, je devrais laisser la parole à Patrick Poivre d’Arvor ou Daniel Pujadas, qu’ils puissent annoncer, avec componction, la voix basse, et le regard baissé : « les lignes qui vont suivre comprennent des passages qui peuvent heurter la sensibilité des gauchistes. On vous aura prévenus, éloignez-les, merde à la fin ».

«Si les socialistes du XXIe siècle acceptent enfin pleinement le libéralisme, s’ils ne tiennent plus les termes de « concurrence » ou de « compétition » pour des gros mots, c’est tout l’humanisme libéral qui entrera de plein droit dans leur corpus idéologique. Il faut choisir : la synthèse est morte. Voici venu le temps des différences assumées.»

Delanoë ne fait plus seulement bouger les lignes, il ne se fait plus seulement libéral, il se fait capitaliste, offensif, requin : il tente une OPA ! Il veut chiper l’humanisme libéral à la droite. Car, oui, bien évidemment, vous aurez compris qu’il résume abruptement la droite à ce qu’il souhaite en comprendre, pour pouvoir s’y opposer.

Seulement voilà, il va falloir comprendre ce que peut bien être le libéralisme de gauche, de surcroît tel que l’entend Bertrand Delanoë. Car il n’est pas le seul à affirmer que le libéralisme est de gauche.

Alors, on a un indice : Delanoë se dit « libertaire ». On peut ne pas aimer les -ismes mais j’avoue que j’ai du mal aussi avec les -taires. Je songe tout de suite à totalitaire et autoritaire. Et parce que je sais que l’on a pu ériger la vertu, et le « principe d’humanité », comme fondements de bains de sang, je ne fais pas d’emblée crédit au libertarianisme de ses bons sentiments du seul fait qu’il paraît s’inspirer de la « liberté ».

«Ce qui est inacceptable pour un progressiste, c’est de hisser le libéralisme au rang de fondement économique et même sociétal avec ses corollaires, désengagement de l’État et laisser-faire économique.»

Le libéralisme n’est pas seulement économique. Bien vu. Pour autant, il faudrait comprendre où Bertrand Delanoë place le curseur. Ce qu’il qualifie de «désengagement de l’Etat » et de « laisser-faire économique ».

Le libéralisme de Delanoë serait la « tolérance devant les démarches individuelles ». Je n’ai jamais aimé la tolérance. Elle a un arrière-goût d’égocentrisme, et de démission collective qui ne me plaisent pas véritablement. Et puis, on s’aperçoit souvent que la tolérance s’arrête bien vite à la tolérance revendiquée pour soi-même.

Bref, pour comprendre un peu mieux ce que Bertrand Delanoë entend, tenter de savoir s’il y a révolution ou pschiiit, j’ai commandé son livre. Pas sûr que cela me rende le libéralisme absolument plus aimable mais qui ne lit pas ne sait pas. Il faudra bien sûr supporter le bilan autosatisfait de la gestion parisienne, la célébration de festivus festivus, et lire ses lignes sur sa jeunesse en Tunisie, mais soit…

*

Pourquoi pas sa jeunesse en Tunisie ? Vous avez raison, la question mérite d’être posée. Elle le mérite d’autant plus que je n’ai placé ses quelques mots que pour me fournir une transition vers la suite de mon billet : Nicolas Sarkozy et le Nouvel Observateur.

Au demeurant, j’eus pu faire un autre lien : Bertrand Delanoë me fait en effet penser à Nicolas Sarkozy avertissant l’UMP en décembre 2006 qu’il ne ferait pas toute sa campagne sur « la liberté », la droite ayant perdu suffisamment de scrutins sur ce thème. Il semble que Bertrand Delanoë entreprenne une démarche similaire.

Mais voyez-vous, Jean Quatremer a la remarquable honnêteté intellectuelle, et le notable sens de la déontologie, lui qui n’est manifestement pas sarkozyste, de souligner l’imposture du Nouvel Observateur, qui ne pourra pas, cette fois, planquer son mensonge derrière sa façade Internet.

Quatremer reprend en effet ce qu’écrit Le Nouvel Observateur[1] :

« Les nouveaux connards de Sarkozy.

Nicolas Sarkozy a toujours autant de mal à se faire au style présidentiel. « Putain les mecs, il fait chaud, on se fout sur la terrasse ! », a-t-il lancé, lundi 5 mai, à quelques journalistes spécialistes des questions européennes qu’il avait invité pour une rencontre informelle à l’Elysée. L’entretien s’est déroulé dans la bonne humeur jusqu’à ce qu’un des reporters s’avise d’interroger Sarkozy sur sa pusillanimité à propos des droits de l’homme en Tunisie. Réponse du président : « Rien à foutre, de toute manière, ce ne sont que des connards qui posent des questions à la con…  » ».

Vulgaire, grossier, ridicule et pathétique, vous en conviendrez. Seulement voilà, Quatremer y était et nous le dit : « Spectaculaire, mais totalement faux. Je le sais, comme mes confrères en poste à Bruxelles le savent, puisque j’étais présent. Et je peux vous affirmer que jamais le Président n’a tenu de tels propos. »

En guise de « putain les mecs, il fait chaud, on se fout sur la terrasse ! », Nicolas Sarkozy s’est fendu d’un : « je ne suis pas contre la distance présidentielle, mais là, quand même, c’est trop. Et si on se mettait dehors, êtes-vous d’accord ?« .

Pour le reste, on voit même un Nicolas Sarkozy faisant preuve de beaucoup de distance et d’humour face aux reproches qui lui sont faits. Chaussant ses ray-ban : « je sais, ça fait bling bling », s’amuse-t-il. Terminant un plaidoyer sur la question des droits de l’homme en Tunisie, il conclut « d’un « ironique : « je ne m’énerve pas, j’explique », reprise de la « une » de Libé au lendemain de sa dernière intervention télévisée. » »

On notera aussi que Jean Quatremer[2] lui fait crédit d’avoir toujours mis en avant, dans la discussion, l’intérêt européen plutôt que l’intérêt français…

Qui se chargera des excuses, au Nouvel Observateur ? Mais, si des excuses sont faites, seront-elles crédibles cette fois ? Le Nouvel Observateur, lui-même, est-il encore un hebdomadaire crédible ? La société des journalistes, ou autre syndicat de journalistes de l’hebdo, va-t-il s’élever contre ce bidonnage de l’information ? Allez les mecs… de l’audace !

Je vous laisse conclure, un ange gnou passe.

  1. merci à margit, olivier, et à kamou, d’avoir attiré mon attention sur ce billet []
  2. dont je répète, et jmfayard se fera une joie de le confirmer, lui qui le lit régulièrement, qu’il n’est pas précisément sarkozyste []

64 commentaires

  • C’est un problème : le champ journalistique ne possède pas de véritables mécanismes de « sanctions » internes à ce même champs journalistique. Si mensonge de la part du Nouvel Obs il y a, alors il y aura indignation des pairs, un procès peut-être (lancé par M.Sarkozy ?) ? Mais dans tous les cas pas de véritable réprimande. La seule sanction efficace serait une baisse significative des ventes du Nouvel Obs,ce qui obligerait à être plus rigoureux dans la vérification de ce qui peut être raconté dans leur papier, mais ça serait une sanction exterieure et je crains qu’au final, le mensonge ne tende à un effet de pub.

  • J. Quatremer précise aussi qu’il n’y avait pas de journaliste de l’Obs., puisqu’ils n’ont pas de correspondant à Bruxelles.

    C’est comme pour le SMS, ils n’étaient pas là, mais ils sont certains que ça s’est passé comme ça.

  • L’article paru dans le Figaro.fr du 20 Mai m’avait intriguée.
    Mais qu’est ce que ce libéralisme de gauche défendu par B.Delanoë ?

    Voilà que le PS se veut libéral face à N.Sarkozy  » souverain omnipotent profondément antilibéral « … ce qui est un tantinet caricatural même de la part d’un socialiste.
    Heureusement que N.Sarkozy est là pour servir de référence de base antonymique au libéralisme de gauche.
    Avant de se  » réapproprier le mot et la chose  » encore faut-il se l’approprier et surtout être clair sur ce que cela recouvre.

    Quant à Ségolène Royal, elle a réenfilé vite fait sa tenue de victime  » cible d’attaques inutiles de la part de B.Delanoë  » …

  • « Il veut chiper l’humanisme libéral à la droite. » : j’ai beau réfléchir à toute l’histoire de la droite française, je n’y vois pas des masses de libéralisme. Cmome dit le commentateur « libéral » sur un blog voisin, il n’y a vraiment qu’en France qu’on assimile droite et libéralisme. Sarko n’est pas du tout libéral, il mange dans la main des pharmaciens, des taxis, des coiffeurs, des avoués, etc. Ce n’est pas du libéralisme. Je serais heureuse que la gauche se charge de donner un gros coup de pied dans la fourmilière de tout ce petit monde (comme si « libéraliser » se limitait à agir sur les rigidités du marché du travail : ou comment les libéraux de droite ont gagné le hold up sur le mot « libéralisme » en propageant ce mensonge).

  • salut,
    tu n’apprendras pas ce qu’est le libéralisme en lisant le bouquin de Delanoë (qui doit être intéressant au demeurant) : il n’est pas libéral. Ce qu’il dit du libéralisme économique, et l’intervention de l’Etat montre bien qu’il est constructiviste, collectiviste, et certainement pas libéral pour deux sous. Il est pour certaines libertés individuelles, arbitrairement.

    Le libéral est pour la défense absolue de la liberté individuelle de chaque individus, pas seulement de certains individus. Dans le respect du droit, bien entendu.

    à bientôt !

  • Delanoë nous sort vraiment des révélations à 2 sous. Le P.S. refusant le libéralisme politique, ça se saurait depuis le temps et il n’aurait plus d’électeurs.
    Je me demande quelle est sa stratégie. Faire fuir tous les socialos pour qui le mot « libéralisme » donne des boutons ? Faire un amalgame entre le libéralisme politique et économique pour récupérer les soutiens de Valls ?
    De plus quel est sa crédibilité ? N’est-ce pas lui qui a préféré s’allier à l’extrême gauche plutôt qu’avec le Modem ?

    Par contre ça fait couler quelques octets :
    http://antoine.besnehard.over-blog.org/article-19759626.html
    http://marc.vasseur.over-blog.com/article-19755320.html
    http://heresie.hautetfort.com/archive/2008/05/22/delanoe-le-liberal.html

    Si c’est pour qu’on s’intéresse à lui, ou pour faire vendre son bouquin, c’est bien parti !

    *

    Croyez-vous que Sarkozy porte plainte contre l’Obs ? Je pense pas qu’il faille s’attaquer à un ennemi lorsque celui-ci est déjà à terre 😉

  • A mon avis, Delanoë a signé son arrêt de mort politique. Perdre les jeux olympiques, faire cadeau du monopole de la pub à JCDecaux, continuer de gérer les HLM à la Tibéri… tout cela lui a été pardonné. Mais se déclarer libéral… c’est la faute inexcusable.

    D’ailleurs la presse bien pensante a déjà commencé son entreprise de diabolisation/ringardisation. http://www.bakchich.info/article3861.html, article aimablement relayé par Abiker sur France Info ce matin, histoire de lui donner une diffusion de masse. Le signal est limpide, du jour au lendemain, il est devenu tendance de taper sur Delanoë. Il ne s’en relèvera pas.

    Pour le reste, le billet de Quatremer est savoureux, mais je ne suis pas surpris. Enfin si. Ce qui me surprend c’est qu’un journaliste brise l’omerta.

    Car ce ne sont pas des excuses qu’il faut demander au Nouvel Obs, mais des démissions. Et on serait en droit d’attendre une réaction unanime de la part de toute la presse contre des pratiques qui déshonorent le métier de journaliste. Un peu comme ce qui s’était passé quand le JDD avait choisi de ne pas publier un fait divers sur l’absentéisme électoral de Cécilia Attias. Et quid des autres journalistes présents, qui savent que Sarkozy n’a pas dit ça mais n’ont pas réagi au bidonnage du Nouvel Obs? Qui va publier leurs noms? Qui va questionner publiquement leur éthique professionnelle? Qui va exiger qu’ils s’expliquent sur cette auto-censure? Qui va enquêter sur le faisceau de pressions, d’intimidations que subissent les journalistes pour qu’ils biaisent l’info en défaveur de Sarkozy?

  • Ah ben ça … quand j’ai mis le lien de Quatremer dans le t’chat je me disais « Koz va peut-être même en faire un billet »… 😉

    Pour Delanoë, j’ai tendance à penser qu’il craint beaucoup plus DSK que Royal ; et que prendre pied sur le terrain social-démocrate-libéral est une pleine stratégie en ce sens : opacifier DSK et holduper l’électorat Modem dans la même manip. Restera son aile gauche du PS et aussi Besancenot.
    Dans cette optique, Delanoë utilise les mots forts comme « libéralisme » pour conforter son positionnement et briser cet espèce d’amalgame foireux qu’est le PS depuis Epinay : une réunion d’antis et de pros libéralisme, comme veut toujours le faire Royal d’ailleurs.

    Sarkozy aussi est en pleine stratégie avec son postier préféré, en le poussant (comme Mitterand avec le FN 20 ans en arrière) dans les pattes de Delanoë pour 2012…

    Ca va être intéressant tout ça…

  • D’ailleurs la presse bien pensante a déjà commencé son entreprise de diabolisation/ringardisation. bakchich.info/article3861.html, article aimablement relayé par Abiker sur France Info ce matin, histoire de lui donner une diffusion de masse. Le signal est limpide, du jour au lendemain, il est devenu tendance de taper sur Delanoë. Il ne s’en relèvera pas.

    Oui, effectivement, et Backchich fait la démonstration que l’on peut, sans complexes apparents, consacrer tout un article à des attaques ad hominem. Delanoë va-t-il finir en Sarkozy de la gauche ?

    Pour ce qui est du libéralisme, je vous rassure : je ne fais pas de Delanoë un théoricien du libéralisme. Je m’intéresse à ce que cela peut constituer pour lui.

    Bob : si le Parti Socialiste accepte le libéralisme, alors, il ne l’a pas dit fort… Et les réactions outragées, de Backchich aux éléphants et éléphanteaux du PS, tendent à démontrer que ce n’est aps précisément le cas.

    Maintenant, oui, effectivement, la stratégie suivie a de quoi laisser incrédules d’autres que Benoît Hamon.

    Ah ben ça … quand j’ai mis le lien de Quatremer dans le t’chat je me disais “Koz va peut-être même en faire un billet”…

    Oui, Olivier, là, tout de même, lorsqu’un journaliste de Libération dénonce le mensonge éhonté du Nouvel Observateur, que le décalage entre les propos tenus et les propos prêtés est aussi criant et inacceptable, j’ai beau en avoir un peu marre des polémiques sarkozo-centrées, ça me semble incontournable.

    D’autant que cette fois, ça va bien, ils ne pourront pas mettre ça sur le dos d’Airy Routier et d’Internet. Et, effectivement, Liberal, ce sont des démissions qui devraient tomber, normalement. Je suis d’ailleurs curieux de savoir si cette affaire de bidonnage va sortir du web. Et si mes petits camarades blogueurs vertueux et prompts à dénoncer la « presse de droite » – au nom de la seule objectivité, bien évidemment – vont se fendre d’une interlocation.

  • Attention dans le vocabulaire, les libertariens, adeptes du libertarianisme ne sont pas assimilables aux libertaires…

    Définitions:

    Libertaire a toutefois un tout autre sens. Il réfère a un courant de pensée anarchiste de gauche, aussi appelé anarcho-socialisme ou anarcho-communisme. Ces gens – par exemple, les membres du Black Block qui manifestaient contre la mondialisation lors des récents sommets internationaux – s’opposent à l’autorité de l’État, mais militent également pour l’abolition du capitalisme et de la propriété privée. Ils souhaitent instaurer un système économique égalitariste, autogestionnaire, où les décisions seraient prises collectivement par des comités de travailleurs et de citoyens. Comme ils ne reconnaissent pas la propriété privée, plusieurs ont tendance à utiliser des moyens violents pour faire avancer leur cause.

    Les penseurs libertaires par excellence sont les révolutionnaires russes Kropotkine et Bakounine. À part leur antiétatisme, ils n’ont strictement rien en commun avec des libéraux classiques tels Adam Smith ou Frédéric Bastiat, dont ils ont toujours combattus les idées. En fait, il est aussi absurde de parler des libertaires qui veulent privatiser le système de santé que de parler des conservateurs religieux qui veulent légaliser la prostitution et le mariage gai.

    Au Québec, les héritiers du libéralisme classique – ceux qui écrivent par exemple depuis quatre ans dans le QL – se décrivent non pas comme libertaires, mais comme libertariens, et leur philosophie est le libertarianisme. En France, où libéralisme a gardé son sens originel, les deux termes se chevauchent toujours, mais libertarien est de plus en plus utilisé pour décrire les défenseurs cohérents de la liberté individuelle et du libre marché.

  • Ahem,

    Vous pensez sincèrement que Delanoë est devenu libéral ?…L’essence du libéralisme, c’est de laisser avant toutes choses de la place à l’individu, de lui faire confiance, y compris dans la gestion des affaires publiques et économiques.
    Je n’ai pas le sentiment que ce soit exactement le cas de Delnaoë. C’est un socialiste gestionnaire, certes, un manager de gauche, peut-être. Mais pas un libéral.
    Bob a bien raison de rappeler quelles alliances il a préféré passer.

  • De l’influence des élections américaines?

    Si on les suit en VO on entend liberal=democrat. Avec les tentatives d’aller aspirer la droite de la gauche et le centre (comme l’a très bien dit Olivier), le glisssement se fait tout seul : les démocrates sont la gauche américaine, donc démocrates=gauche alors libéral=démocrate=gauche CQFD.
    Bien sur, quand on passe au français dans le texte, ça n’a plus aucun sens.

    Par contre, sur la forme, je trouve ça plutôt malin : Delanoë a réussi à éclipser la madone au 17 millions de voix, y compris comme futur bouc émissaire. Il peut toujours s’accrocher à l’adage « every publicity is good publicity ». Enfin, c’est ce qu’on dit, je crois que les sondages de côte de popularité de Nicolas Sarkozy nous montre le contraire… surtout quand l’information est biaisée.

    C’était pas les mêmes journaux qui nous annoncaient que l’élection Sarkozy sonnerait la fin de la presse libre?
    On peut gloser sur le mot « libre » mais en tout cas, il y en a qui prennent des libertés.

  • > Bob : si le Parti Socialiste accepte le libéralisme, alors, il ne l’a pas dit fort… Et les réactions outragées, de Backchich aux éléphants et éléphanteaux du PS, tendent à démontrer que ce n’est aps précisément le cas.

    Oui le mot « libéralisme » effraie le militant borné de base, mais on peut difficilement nier que la politique de société au PS est clairement empreinte de libéralisme.

  • Je n’ai pas beaucoup de temps (moi aussi j’ai des « gnous » en vue) mais je vais essayer de résumer mon sentiment sur le « libéralisme » français de gauche/droite :
    Fondamentalement je pense que la droite sarkosyste est « libérale » pour l’économie (autant qu’il est possible de l’être actuellement en France sans risquer de provoquer une révolution) et davantage « conservatrice » au niveau sociétal.
    Delanoë ne révolutionne rien à gauche quand il dit qu’il est libéral, la gauche a toujours été « libérale » au niveau sociétal mais pour l’économie c’est une toute autre affaire …
    Donc pour moi (mais je n’ai pas lu son livre, seulement des extraits …) rien de nouveau sous le soleil du PS …

  • « Voici venu le temps des différences assumées. » venant de la part de delanoë ça ne manque pas de sel, quant aux terminaisons en « taire » j’avoue mon aversion, mais moine que pour les « ismes » qui tout comme en geographie, ne servent qu’a separer les hommes.

  • Mon Dieu, mais Koz, c’est donc vrai: tu lis la presse de Gauche ?

    Tu as bien raison, il faut apprendre a connaitre son « ennemi » ! 😉

  • A mon avis, Delanoë a signé son arrêt de mort politique. Perdre les jeux olympiques, faire cadeau du monopole de la pub à JCDecaux, continuer de gérer les HLM à la Tibéri… tout cela lui a été pardonné. Mais se déclarer libéral… c’est la faute inexcusable.

    Certes. C’est difficile à prévoir en fait. On aurait pu en dire autant à propos de certaines propositions de Royal lors de sa pré campagne pour l’investiture (en particulier sur ses appréciations à propos de la politique de Blair). A croire, d’ailleurs, qu’il tente d’utiliser les mêmes techniques. Remuer un peu les lignes pour voir. Finalement, pour ce que beaucoup considèrent au PS pour une évidence – une évidence tabou bien sûr – être le premier à l’avoir dit n’est pas sans intérêt à longs termes. Et les présidentielles sont dans 4 ans.

    Maintenant, il est clair aussi que ce point est tout à fait central si le PS entend un jour proposer quoi que ce soit de réellement applicable. C’est tout aussi central dans le processus de décomposition de ce même parti. On ne peut plus décemment sortir « j’aime pas les riches », « la lutte des classes », les « nationalisations » et « l’Internationale, le poing levé ». On ne peut même plus brandir l’Etat Providence social démocrate auxquelles de sérieux bémols ont été ajoutées par les chantres de ces modes politiques dans le Nord de l’Europe.

    Ne fait-il pas qu’exprimer tout haut les « mauvaises pensées » qui s’imposent à beaucoup d’autres ? On n’ose même plus dénoncer le capitalisme au PS sans lui accoler le qualificatif de « financier ».

    Je pense que sans cette déclaration en forme de préambule, le PS ne pourra pas élaborer un programme qui ne sera pas immédiatement contré et descendu par une analyse chiffrée et réelle. Souvenons-nous de ce qui s’est passé une fois les 101 propositions de Royal (basées en grande partie sur l’esprit du « projet socialiste » – faire l’unanimité à tout prix dans les rangs de la gauche) rendues publiques : le spécialiste financier, Besson, s’est tiré avec fracas ; les chiffres ont été analysés. Et même si Royal a tout fait – jusqu’à faire chanter la Marseillaise deux fois à chaque meeting, jusqu’à réutiliser les meilleurs passages des Evangiles – les sondages ont baissés, baissés et rebaissés.

    Les militants ne veulent certainement pas se l’avouer, les dirigeants ne le diront jamais publiquement, mais la situation du PS tourne autour de ce mot et de ce tabou. Hollande fut la synthèse des courants carrément anti-libéraux (comprenons les somnambules d’influence marxiste) et ceux plus proches du libéralisme (comprenons ceux un peu plus conscients qu’ils vont devoir gérer un pays). Impossible synthèse bien sur. Trou bien réel. Il va leur falloir un premier à le dire – Delanoë est peut être celui-là. Il y en aura certainement un deuxième, un troisième. L’avenir le dira. Mais de toute façon, je ne vois pas comment ils pourront s’en sortir autrement.

    Peut-être même qu’il va falloir enrober la potion d’une capsule marketing – le libéralisme humaniste – le libéralisme de progrès – une société libérale avancée ? 😉

  • @ L’Hérétique:

    En poussant un peu, je suis certain qu’on arriverait à caser Delanoe dans une case libertaire (qui est, qu’on le veuille ou non, une composante du libéralisme, fortement ancrée à gauche).

    Bon, cela dit, il est clair qu’un DSK ou un Fabius des bonnes années sont encore plus libéraux que certains politiques de droite.

  • @ Polydamas

    Non, on ne peut. Les libertaires sont-ils des libéraux ? Je ne le crois pas. Le libéralisme est d’abord une philosophie rationaliste, qui fait confiance à la raison de chaque individu. Pas une philosophie qui estime que la liberté se superpose au champ de l’illimitation.
    La liberté des libéraux est donc d’abord bornée par la raison.
    Ensuite, la forme politique préférée des libéraux, c’est la libre association, mais pas l’association d’état : regardez les subventions à tout va que distribue Delanoë (mais il n’est pas le seul, sur ce point).
    La liberté des moeurs est un aspect du libéralisme, mais ne saurait se substituer au libéralisme. C’est le tour de passe-passe que tente de nous faire Delanoë…

  • « Ahem, »

    Vous pensez sincèrement que Delanoë est devenu libéral ?

    Ahem,

    Si vous relisez le paragraphe qui suit, je pense que vous avez la réponse :

    « Seulement voilà, il va falloir comprendre ce que peut bien être le libéralisme de gauche, de surcroît tel que l’entend Bertrand Delanoë. Car il n’est pas le seul à affirmer que le libéralisme est de gauche. »

    Ca permet d’économiser des « ahem ».

    Je ne dis pas que je pense que Delanoë soit libéral. Je dis qu’il s’affirme libéral et que j’entends comprendre ce qu’il veut dire par là. Je suis sûr que vous saisissez la nuance.

  • Marrant on a presque écrit le meme billet… sauf que ma flemme m’avait empeché de lire la suite de la citation, là où BD dit que quand meme, le libéralisme c’est pas un fondement de société, chose avec laquelle tout le monde est d’accord (sauf Madelin et quelques tarés à Dauphine).

    Du coup, c’est juste un coup de comm à la con, non ?

  • @Guillermo le libéralisme c’est un fondement de société, et quelques tarés pensaient ça aussi au XVIIIème siècle. Je crois qu’on les a appelés « les Lumières ». Enfin…

    Ceci dit, évidemment ça n’est qu’un coup de comm.

  • L’hypothèse est effectivement à considérer ! Si le libéralisme selon Delanoë ne peut être ni un fondement économique ni un fondement sociétal, on peut se demander si ça a vraiment quelque chose à voir avec la politique.

    La citation donne un peu le sentiment qu’il ménage la chèvre et le chou. Dans une sorte de… synthèse.

    Mais alors, employer le mot qui tue était-il nécessaire ?

    Je me dis que j’en apprendrai peut-être un peu plus après l’avoir lu. S’il faut flinguer, ce sera en connaissance de cause.

  • Je trouve intéressant de constater le parallélisme de la méthode entre son coming-out libéral et son coming-out tout court: dans les deux cas, il s’agissait d’un coup risqué joué longtemps à l’avance …
    Bien sûr, les enjeux ne sont pas les mêmes, mais dans les deux cas il s’y prend suffisamment à l’avance pour couper l’herbe sous le pied de ses détracteurs en affirmant son identité.

  • Oui, une question que l’on pourrait se poser est de savoir s’il vise le congrès + les présidentielles de 2012, ou uniquement 2012.

    Une chose m’a plu chez Delanoë, ce que vous comprendrez bien vite : qu’il ne fasse pas preuve d’une laïcité à mon sens excessive, et renomme le parvis de Notre-Dame en Parvis Jean-Paul II.

    A l’évidence, cela n’a pas dû plaire à un paquet de gens au PS. Mais, à long terme, il a donné un signe à une autre partie de la population. Est-ce sincère ou calculé, ou les deux mon général ?

    Là, est-ce un signe qu’il envoie à long terme ? Parce que ses déclarations semblent aller dans les deux sens. Et sa politique des transports à Paris ne donne pas spécialement l’impression d’un politique non-interventionniste. A voir. Et puis à lire (enfin, pour moi).

  • @Rubin: l’opportunisme pur et simple, c’est vous qui le jugez comme ça. Je ferai juste remarquer, comme d’autres avant moi, que s’il n’est pas sincère c’est une curieuse façon de prendre le PS. Alors que s’il l’est, cela lui permettra d’annoncer des propositions économiques libérales et de répondre alors à ses contradicteurs qu’il avait annoncé la couleur. Bref, on ne pourra pas lui renvoyer l' »insulte » de libéral à la figure puisqu’il l’a revendiqué… c’est en ce sens que le parallèle m’a l’air criant.

  • @QIAH Je ne nie pas le parallèle. Je dis simplement que c’est quand même un peu moins courageux de se déclarer « libéral » (surtout en écartant le libéral sociétal et économique !) aujourd’hui, même en France, que de faire son coming-out il y a quelques années, surtout en France.

    Je trouve la sortie opportuniste parce que BD profite intelligemment d’un des derniers vrais-faux tabous à la c… de la gauche française pour se donner une image moderne et pragmatique.

  • Alors que s’il l’est, cela lui permettra d’annoncer des propositions économiques libérales et de répondre alors à ses contradicteurs qu’il avait annoncé la couleur. Bref, on ne pourra pas lui renvoyer l’”insulte” de libéral à la figure puisqu’il l’a revendiqué… c’est en ce sens que le parallèle m’a l’air criant.

    Très juste… le ringard pourrait tout aussi vite se retrouver dans le camp des « modernistes ». Ceux qui osent. D’ailleurs, le titre du bouquin n’est pas innocent.

  • @QIAH : Il ne faut pas rêver il reste un socialo hein :

    (…) je ne réfute pas mécaniquement ce vocable, « libéral ». Et quand il s’applique à une doctrine politique, au sens global, je crois même qu’un militant socialiste devrait le revendiquer. En revanche, ce qui est inacceptable pour un progressiste, c’est de hisser le « libéralisme » au rang de fondement économique et même sociétal, avec ses corollaires : désengagement de l’État et laisser-faire économique et commercial.

  • Si on refuse de considérer la liberté d’entreprendre comme fondement économique, on prend quoi alors ? Le plan ?

    Dans les grands partis, il faut laisser du temps au temps je crois. Un virage trop brusque et c’est un parti entier qui a l’air de se déjuger. Il n’y a pas plus lent que le PS dans ce sens. S’il ne soupoudrait pas un peu ses propos, ses freins lacheraient. Pour rebondir sur la sincérité, je dirais qu’il y a parfois un calcul de la sincérité.

    Bon c’est vrai aussi que le : « En revanche, ce qui est inacceptable pour un progressiste, c’est de hisser le “libéralisme” au rang de fondement économique et même sociétal, avec ses corollaires : désengagement de l’État et laisser-faire économique et commercial. » ça donne du grand n’importe quoi.

    La route est longue pour certains.

  • @Bob: je reprends la citation choisie par notre hôte:

    «Si les socialistes du XXIe siècle acceptent enfin pleinement le libéralisme, s’ils ne tiennent plus les termes de “concurrence” ou de “compétition” pour des gros mots, c’est tout l’humanisme libéral qui entrera de plein droit dans leur corpus idéologique. Il faut choisir : la synthèse est morte. Voici venu le temps des différences assumées.»

    J’analyse ça comme ça:
    – BD veut faire des propositions ECONOMIQUES libérales
    – il choisit donc de s’annoncer comme libéral, en utilisant comme cheval de Troie son aura de libéral-sociétal, qui pour les raisons que chacun sait est incontestable.
    – il sait bien qu’il s’agit cependant d’un gros risque: il se croit donc obligé de donner des gages à la frange la plus à gauche du PS (votre citation).

    Ce que je trouve intéressant, c’est qu’à mon avis c’est plus une stratégie pour l’élection présidentielle que pour la tête du PS! Bon, je me trompe peut-être dans les grandes largeurs, mais j’essaie toujours de comprendre pourquoi diable il s’y prend comme ça, et c’est le seul scénario qui me paraisse possible.

  • Il a le cul entre deux chaises dans ce cas.
    En effet je vois plus une stratégie pour les présidentielles en draguant à droite. Mais d’un autre côté il veut faire des alliances avec l’extrême gauche (qui refuse of course) donc au final je ne vois vraiment pas où il veut aller. Il veut devenir la nouvelle girouette du P.S. ? Prend-il les militants pour des cons ?

  • Rubin:“De l’audace !” ça rappelle un peu ça, vous trouvez pas ?

    Delanoë, le Barack Obama français… ça me fait doucement rigoler, même si je pense qu’il (Bertrand, Barack, lui, il a d’autres chats à fouetter) aimerait bien ce positionnement à l’américaine : les « gentils » démocrates libéraux contre les « méchants républicains » qui veulent la guerre et la dérégulation des marchés.
    (Je caricature, of course)

    Pour la vision à court terme, il réussi à faire parler de lui, y compris par Ségolène Royal. A mon avis, ça ne fait pas de mal au PS, au contraire, ça tourne définitivement la page de 2007. Il n’y a plus de candidat(e) incontournable, ni pour la tête du parti, ni pour 2012.
    Est-ce lui qui en gagnera les fruits? Un peu tôt pour le dire mais au moins le champ est libre, et le débat d’idées est lancé.

    Quant à sa vision à long terme : Jacques Chirac à montrer avant lui que de la mairie de Paris à l’Elysée, il n’y a que quelques stations de métro, euh, pardon, de vélib.

    @Koz
    Concernant le parvis, je ne vous donnerais pas du mon général, mais il semble que ce soit « les deux ».

    «Le catholicisme m’a profondément marqué. Jusqu’à l’âge de quatorze ans, j’ai été très croyant, pratiquant, Petit Chanteur à la Croix de bois.» Aujourd’hui, Delanoë se dit «agnostique».

    Extrait d’un article du figaro

  • Pour revenir au Nouvel Obs, ça laisse réveur ce genre de conneries quand même ! Combien de « petites phrases » révélées en « off » sont du même acabit ? Celles du Canard Enchainé ? Ou de Libé ?

    Chez Tadeï, il y a une semaine je crois, la journalite québécoise (« de gauche ») Denise Bombardier était invitée. http://ce-soir-ou-jamais.france3.fr/index-fr.php?page=emission&id_rubrique=278

    Edifiant et bien observé… à partir de la 53ème minute pour ceux qui ne veulent pas se prendre l’émission entière.

  • @Koz
    Concernant le parvis, je ne vous donnerais pas du mon général, mais il semble que ce soit “les deux”.

    Philo, il peut aussi ne pas être croyant mais reconnaître l’importance du Pape. Le fait qu’il ait été catholique jusqu’à 14 ans ne change pas grand-chose.

    D’ailleurs, ce passage m’apparaît assez ridicule : « très croyant » jusqu’à 14 ans ? C’est bien. Mais n’est-ce pas un peu plus tard que l’on assume et fortifie véritablement ses convictions ? C’est quoi, 14 ans ? Et puis, dans l’esprit « synthèse », celle-là est pas mal aussi. J’ai été croyant jusqu’à 14 ans, mais je vous rassure, franc-maçon aussi. Mais je le suis plus. Y’en a juste un peu pour tout le monde.

    ___

    @Epo

    Pour revenir au Nouvel Obs, ça laisse réveur ce genre de conneries quand même ! Combien de “petites phrases” révélées en “off” sont du même acabit ? Celles du Canard Enchainé ? Ou de Libé ?

    Je me suis posé la question, en effet.

  • Effrayant ton lien Epo. Denise Bombardier se retrouve seule contre TOUS les invités français à dire que non, les promesses de Sarkozy n’ont pas été exceptionnelles, notamment comparées à celles de Royal; que non, Sarkozy n’est pas la caricature que les media en font; que non, Sarkozy n’a pas à l’étranger une aussi mauvaise image qu’en France; que non, il ne mérite pas tant d’indignité…

    Ces gens semblent vivre totalement en circuit fermé, se remontant mutuellement le bourrichon, ne se parlant qu’entre eux, ne se lisant qu’entre eux…

    Tout cela bien sûr sur une chaîne dite de service public, c’est à dire supposément neutre.

  • @ Koz

    Ah, désolé : ce n’était pas à votre billet que s’adressait le Ahem, mais à quelques réactions qui précédaient la mienne. J’avais bien compris que votre billet était dubitatif, sur le fond, pour à peu près les mêmes raisons que moi.

  • Ca s’appelle une politique d’ouverture à droite.
    Ca va « faire débat » dans les cellules.
    La presse adore
    La France adore
    Bientôt une synthèse Ménechon – Delanoë… il faudra être virtuose pour conduire l’attelage…
    Vivement Reims!

  • J’espère que je ne serai pas obligé de changer de pseudo pour éviter d’être pris pour un socialiste 🙂

  • @Eponymus

    Je me souviens de cette émission. Effectivement, Mme Bombardier m’avait réjoui.

    Mais ce qui fut le plus effrayant pour moi furent deux autres invités du même soir (sans compter Probst, limite affligeant): Sébastien Lepaque et Gisèle Halimi. Tous deux fustigent NS au nom de « l’esprit Français », de la manière dont on se doit d’être président « à la Françaîîîîse ». Et je me rappelle que je n’ai pas pu m’empêcher de penser qu’une bonne part des critiques adressées au président dans la presse et ailleurs avait un arrière-goût de racisme et de xénophobie. C’est encore un peu diffus, donc je ne pourrais pas aller beaucoup plus loin, mais c’est un sentiment que j’éprouve.

    Pour en revenir au sujet, tout d’abord, je suis frappé par la couverture du livre de BD. Par la photo. Je ne le reconnais pas. C’est assez angoissant.

    Ensuite… eh bien, la politique est un jeu de placement, et les graines semées mettent du temps à porter leurs fruits. Delanoë espère sans doute battre Royal à son propre jeu. En allant plus loin, même. Sarkozy a gagné en n’ayant pas peur d’être de droite. BD, lui, quelques semaines après la déclaration de principes molle du genou, se lance dans la bataille du « je suis de gauche et je l’assume » à l’italienne, en abandonnant à leur triste sort les forces « de progrès » (excusez-moi, je tousse), comme il l’a déjà fait aux municipales. Il lance un signal fort: quand Royal explique à demi-mot qu’elle ne peut pas gagner sans Bayrou, Delanoë assure que le PS peut gagner tout seul.

    Ca peut marcher ? Pas forcément pour le congrès, mais plus tard, oui. Evidemment, cela serait plus difficile si Royal gagne la tête du parti.

    Enfin, je suis largement plus effrayé par les libertaires que par les libéraux. Un vieux réflexe de vieux réac qui refuse à toutes forces ce que d’aucuns présentent comme des avancées sociales évidentes.

  • Pour en revenir au sujet, tout d’abord, je suis frappé par la couverture du livre de BD. Par la photo. Je ne le reconnais pas. C’est assez angoissant.

    A un dixième de seconde près, rendez-vous compte … heureusement qu’il n’a pas oublié de déplier les deux derniers doigts … 🙂
    Ok, je sors !

  • C’est gravement le bazar au Nouvel Obs. J’adore leur rectif , dans le lien d’Olivier : « sur la base des recoupements que nous avons effectués jusque là ». Comme pour Elkkabach ou Airy Routier, alors, on écrit d’abord, comme ça les gens vérifient à votre place et on peut corriger.

    Sur le libéralisme, pour moi la question est là :

    Mais alors, employer le mot qui tue était-il nécessaire ?

    Evidemment qu’il se décrit libéral d’une certaine façon qui n’est pas celle des autres. De toute façon, le libéralisme, ça date du 18è siècle, au bout d’un moment, tellement de gens s’en sont réclamés, tellement de penseurs ont dialogués avec tellement d’autres courants, qu’on peut faire dire un peu ce qu’on veut à ce nom. C’est presque comme marxiste. Ou cartésien, même.
    En revanche, en France, ce mot a une connotation politique forte, dans le débat gauche/droite. Le simple fait que Delanoë l’utilise est un signe très fort, probablement celui d’un refus de se laisser piéger par une surenchère à l ‘extrême-gauche.

  • Le simple fait que Delanoë l’utilise est un signe très fort, probablement celui d’un refus de se laisser piéger par une surenchère à l ‘extrême-gauche.

    Bien vu. C’est surement une de ses raisons, c’est clair.

    Tout cela bien sûr sur une chaîne dite de service public, c’est à dire supposément neutre.

    On va pas jouer à qui est de gauche et de droite dans la presse, le jeu finirait par être lassant. Mais je me suis quand même fait la même réflection.

  • Sur le NouvelObs et Sarkozy : bruxelles.blogs.liberation.fr/…

    Ils s’excusent mais pas auprès de Sarkozy… c’est beau ça hein !
    Quant à une sanction quelconque, rien à l’horizon.

    C’est complètement ahurissant. On invente tout, on recoupe après. Ou plutôt : une fois qu’on s’est fait piéger, on affirme qu’on a fait des vérifications.

    Put’, je me retiens de ne pas employer les grands mots, mais je n’en pense pas moins.

  • En regardant le lien d’Olivier, j’en ai profité pour lire les com… C’est édifiant… Il existe des commentateurs qui excusent le NO !

    Si notre Président était un tant soit peu plus présentable, moins vulgaire et moins vulgarisant, ce genre d’informations ridicules ne circulerait pas

    et aussi :

    Comme N. Sarkozy a maintes et maintes fois dérapé, et qu’il est TOTALEMENT et COMPLETEMENT dénigré, voire haï, par la moitié de la population française, je ne trouve pas surprenant que ce genre d’informations délirantes soit publié.

    Oh làlà ne vous emballez pas de trop les amis, il y a quelques semaines il y a quelqu’un qui s’est fait traité de « Casse-toi, pauv’ con » au Salon de l’Agriculture. Donc cela fait bien parti de l’arsenal communicationnel de Mr Sarkozy. Pas de quoi en faire un plat.Le Nouvel Obs est dans la voie..

    ce qui prouve encore une fois la véracité du diction « diffamez, diffamez ,il en restera toujours quelque chose » (ou un truc de ce genre, je ne me souviens plus très bien , il est bien tard et la préparation du gnou a été difficile aujourd’hui. (préparer le gnou est le travail des dames)

  • Puisque le nouvel obs est à l’honneur (oui, c’est du 2ème degré), voici un lien vers plus d’audace de Delanoë.

    J’aime bien la phrase :

    « Je suis libéral parce que j’aime la liberté. »
    ou
    « Chaque individu a droit au bonheur, et il a le droit de le rechercher par les moyens qu’il souhaite. Avec une seule limite, celle de l’article 4 de la Déclaration des droits de l’homme […] »

    C’est sur qu’avec ce genre de propos, il va ratisser large.

    Pour ceux qui se demandent si Delanoë est toujours de gauche :

    « Le libéralisme est donc d’abord une philosophie politique et j’y adhère. Ce sont les conservateurs qui l’ont dévoyé au service d’une idéologie du laisser faire économique et de la perpétuation des rentes et des privilèges dont ils bénéficient déjà. Au nom d’un principe de liberté, leur dessein est en réalité celui de l’immobilisme, qui prolonge leurs avantages et reproduit toujours les mêmes inégalités. C’est une supercherie à la fois intellectuelle et idéologique, dont la gauche ne doit pas, ne doit plus, s’accommoder. Je suis donc libéral ET socialiste. »

    Toute la rhétorique habituelle est là : rente, privilège, avantage, supercherie.

    Il y a aussi tout un tas d’attaque ad sarkozem.
    « Sarkozy entrave les libertés individuelles, et il ignore les libertés collectives. »
    « La droite intelligente est aujourd’hui incarnée par Nicolas Sarkozy. Que dit-elle ? Elle tient un discours populiste à la limite de la démagogie. Les ouvriers sont formidables, les fonctionnaires sont formidables, les salariés sont formidables. Mais tous les efforts financiers de l’Etat vont à d’autres, à ceux qui n’en ont pas besoin. »

    Bon, désolée, après, j’ai lâché.

    @Koz : doublement désolée, j’ai relu mon post sur « le parvis ». Oui, effectivement, mon argument était absolument irrecevable. Comme dirait Desproges… Plouf, plouf

    Concernant, le journalisme, j’avais appris dans mes cours d’allemand que le journaliste était « der wachhund der demokratie » (c’était avant la chute du mur).
    Si le chien de garde s’endort, c’est qui qui garde la baraque? Les bloggeurs?
    Si c’est le cas, François, tu as intérêt à trouver vite fait un calcul de crébilité, sinon, en tant que simple citoyen, on aura du mal à s’informer au plus juste.

    PS: @Tara,
    C’est calomniez et c’est de Francis Bacon (moi je mange de la salade 😉 )

  • Bon, qu’elles qu’aient pu être mes intentions non polémiques, là, je crains que mon demi-billet soit insuffisant. Je réitère.

  • Pingback: Koztoujours, tu m’intéresses ! » L’honneur perdu du Nouvel Observateur

  • Voilà encore une belle démonstration de la vacuité du terme « libéralisme » quand il est utilisé par les politiciens :
    Delanoë agit plutôt en monarchiste libéral style Louis Philippe !
    La position de Bayrou va-t-elle devenir de plus en plus intenable ?

    Mais, là ou le Nouvel Obs ne fait que du bourrage de crane alimentaire au jour le jour, Delanoë fait partie des gens qui savent voir plus loin que les autres et agissent à long terme. L’audace n’est donc peut être pas dans ce « cri libéral » mais plutôt dans le dynamitage du fond de commerce socialiste.
    Delanoë pourrait fort bien préparer la route pour quelqu’un d’autre.

  • Bref, pour comprendre un peu mieux ce que Bertrand Delanoë entend, tenter de savoir s’il y a révolution ou pschiiit, j’ai commandé son livre. Pas sûr que cela me rende le libéralisme absolument plus aimable mais qui ne lit pas ne sait pas. Il faudra bien sûr supporter le bilan autosatisfait de la gestion parisienne, la célébration de festivus festivus, et lire ses lignes sur sa jeunesse en Tunisie, mais soit…

    On peut commenter les extraits et se faire un forum entier sur le sens du terme « libéral », un des mots les plus galvaudés du dictionnaire politique. Pas passionnant.

    Je préfère l’honnêteté qui consiste à lire tout le bouquin, et je vous remercie de le faire à notre place… même si on sent que vous vous y préparez avec un a priori pas exactement favorable 😉

  • Pingback: La vulgarité du Nouvel Obs » Expression Libre

  • Voilà un liberal qui a eu l’audace d’espérer, le courage de se battre et la force de gagner :

    En direct live (pour moi) : Barack Obama remporte la course à la nomination démocrate.

    200 ans après la fin de la traite des esclaves aux Etats-Unis : un beau symbol.

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