Martin Guerre – "la lutte contre la pauvreté est un combat"

Les ors de la République ne sont plus ce qu’ils sont, décidément. Peut-être est-ce parce que Martin Hirsch n’est que presque ministre que son ministère n’est qu’un presque ministère, donc sans ors. Cela étant, plus je les fréquente[1], plus je suis déçu. La République, ça ne paie pas nécessairement.

Nous étions une petite dizaine, ce soir, 59 avenue de Ségur, en face de l’UNESCO. Il y avait là Richard Trois, Marie Isabelle Pichon, Intalk, Nick Carraway, Gery Lecerf (enfin je crois), François Ecalle, Jean-Marie Blanc et une jeune femme de Débat & Co dont je n’ai malheureusement pas retenu le nom, autour d’une table, au Haut Commissariat pour les Solidarités Actives.

Ambiance studieuse, pour commencer. Pas une soirée déconnade entre blogueurs bouffons. Chacun est sensible, à son degré, au combat de Martin Guerre. Car c’est un combat. Lorsque je souligne la difficulté de son choix d’intégrer sans vraiment l’intégrer un gouvernement de droite, ce qui l’amène à faire face à des oppositions de droite et à des rancunes de gauche, il répond que « la lutte contre la pauvreté est un combat« .

La discussion s’est fort logiquement d’abord portée sur le rSa.

Le rSa, un constat que le travail n’est pas rémunérateur ?

Le rSa est-il une façon d’abdiquer l’idée qu’en France le travail permette de s’en sortir ? Je crains que mes lacunes économiques comme ma faible dextérité dactylographique ne m’aient pas permis de conserver la substance du raisonnement. Mais Martin Hirsch nous a tout d’abord rappelé que, dans l’Histoire sociale, on a très tôt reconnu la nécessité d’un « sur-salaire« , en reconnaissant que le salaire pouvait être insuffisant pour subvenir aux besoins d’une famille. On a ainsi notamment constaté qu’une famille coûte nécessairement davantage que le fait d’être seul, et qu’il serait donc logique de rémunérer davantage celui qui a une charge de famille. Ce faisant, on a également constaté que si l’on exigeait que le père de famille soit davantage rémunéré, il serait moins embauché. Le « sur-salaire » était donc nécessaire. Et ce d’autant plus que l’on n’a cessé de nier l’existence des travailleurs pauvres, en France, que depuis peu.

Ajoutons à cela le fait que l’on s’est aperçu, sur les dernières années, que les augmentations du SMIC rendues nécessaires du fait des 35 heures n’ont pas eu de véritable impact sur la pauvreté, qui a même pu s’accroître, notamment en raison du recours au temps partiel (permettez-moi d’ajouter ce que ne dit pas Martin Hirsch… : Merci Martine, un franc succès).

Alors il semble que, oui, le rSa est la réponse à un constat d’évidence pour Emmanuel Hirsch : le travail n’est pas suffisant pour permettre d’échapper à la pauvreté.

Le rSa, c’est 5 dispositifs. En mieux.

Puisqu’Aristote faisait valoir son trouble devant l' »empilement » des dispositifs sociaux, j’ai demandé à Martin Hirsch de me confirmer ce que le rSa venait remplacer. En fait d’empilement, il remplace aujourd’hui le RMI, l’Allocation Parent Isolé, la Prime au retour à l’emploi, la Prime forfaitaire au retour à l’emploi, l’intéressement à la reprise d’activité… ainsi que la PPE. A cet égard, Martin Hirsch a rappelé la façon dont la transition s’effcetue de l’un à l’autre, puisque les plages de revenu auxquels s’applique PPE et rSa (entre 0 et un peu plus de 2 SMIC pour ce dernier) se recoupent : ainsi, si la PPE perçue était inférieure au rSa, c’est le rSa qui sera versé, si les montants sont égaux, le bénéficiaire ne touchera que le rSa et, si le montant de la PPE est supérieur à celui du rSa, le bénéficiaire touchera, plus tard, un complément. Plus tard, car le rSa a cette différence sur la PPE qu’il est versé immédiatement et non 18 mois après la demande, ce qui n’est évidemment pas négligeable dans une situation de pauvreté.

Après une seconde de réflexion, Martin Hirsch a répondu à la jeune-fille-dont-j’ai-perdu-le-prénom qu’il ne regrettait pas le mode de financement choisi car il n’y avait pas d’alternative véritablement possible : ainsi n’était-il pas possible de revenir sur les allègements de charge, pas davantage que de revenir sur la diminution de l’impôt sur le revenu.

Martin Hirsch a emporté son paquet de corn-flakes au gouvernement

Martin Hirsch affirme, et je le crois tout à fait, avoir été parfaitement conscient de ce que l’on serait, aussi, très content de disposer de lui comme alibi, comme caution sociale, mais également au fait de la force qu’il avait, à savoir que les deux candidats avaient « acheté le paquet de corn-flakes« , lui étant la figurine à l’intérieur (si l’image vous convient davantage, il pourrait tout aussi bien, je le pense, être le cadeau bonus du paquet de lessive mais, allez savoir pourquoi, il préfère les corn-flakes), et non l’inverse : prise de la figurine qui tente ensuite à toutes forces de refiler aussi le paquet de corn-flakes. Il n’est pas certain que tous les ministres d’ouverture se soient trouvés dans cette situation. Aussi, si, en sortant, Richard Trois évoquait ceux pour lesquels Martin Hirsch est passé du statut de saint laïc à celui de traître, c’est bien la marque des esprits limités qui préfèrent l’affichage à l’action effective.

Et c’est pas fini !

Dimitri posait la question de l’action globale à entreprendre. Cette question s’est trouvée confondue, dans l’entretien, avec celle de l’avenir personnel de Martin Hirsch. Une fois fait le rSa, a-t-il rempli son contrat ? Va-t-il quitter le gouvernement ? Ambitionne-t-il autre chose, un autre poste ? Remplacer Hortefeux à l’Identité Nationale ?[2]

Lui n’envisage pas à ce jour de se présenter à une quelconque élection, et se voit comme l’homme d’une politique plus que celui de la politique. La discussion s’était d’ailleurs ouverte sur le constat du consensus qui avait prévalu sur le RMI, et qui aurait prévalu sur le rSa, ce qui pouvait laisser augurer effectivement d’une mission ponctuelle. J’ajoute, personnellement, le conditionnel car, si le consensus a existé lors de la présidentielle, les socialistes n’ont pas tardé à se saisir du prétexte du financement pour ne pas voter le rSa. A ce sujet, Lisette demandait s’il regrette les choix économiques initiaux du gouvernement, qui auraient « la suite inévitable« . Je ne sais pas si par « la suite« , Lisette vise l’abstention inconséquente de François Bayrou sur cette mesure essentielle, forte et symbolique. Il ne répond pas directement à cette question, manière de laisser entendre aussi qu’il n’est pas un partisan enthousiaste du bouclier fiscal.

En revanche, il rappelle avec une simplicité déconcertante – lorsque l’on sait que certains ont souhaité ne pas le comprendre – que la loi sur le rSa ne change rien au bouclier fiscal, qui existait avant elle, et existera après elle. J’ajouterais qu’il est bien dommage que les abstentions sont d’autant plus inconséquentes que l’important était de voter cette mesure symbolique, le bouclier fiscal pouvant toujours être abandonné plus tard. Il n’en a pas été ainsi et l’on peut penser que c’est probablement l’un des principaux regrets de Martin Hirsch.

Evoquant 1988 et le RMI, auquel tant Jacques Chirac et Raymond Barre étaient hostiles ou indifférents, il soulignait cet effet étrange selon lequel « lorsque l’on est différent sur le fond, on vote le même texte, et lorsque l’on est d’accord sur la mesure de fond, on cherche à se différencier« , et s’étonnait avec peut-être un brin d’amertume que « certains trouvent du plaisir à ce petit jeu de la politique« .

Pour sa part, son travail n’est pas achevé. Martin Hirsch, auquel on a opposé le caractère insuffisant du rSa est parfaitement conscient qu’il n’est pas une mesure susceptible d’atteindre, à lui seul, l’objectif de réduction de la pauvreté, sur lequel le Président s’est engagé.  D’ailleurs, le Haut-Commissariat n’est pas un Haut-Commissariat au rSa, mais aux Solidarités Actives, ce qui renvoie à l’Agence Nouvelle des Solidarités Actives, et au rapport de la « Commission Familles, vulnérabilité, pauvreté » qu’il avait présidée en 2005.

C’est à cette question, posée par Richard trois, qu’il répond, ici[3]:


Le rapport auquel Martin Hirsch fait allusion, et les quinze résolutions qu’il comporte, est disponible ici.

Le pauvre n’est pas plus con que le riche

Martin Hirsch est également revenu sur un argument que j’avais trouvé particulièrement pertinent et convaincant, à la lecture de La Pauvreté en héritage : on évoque fréquemment le cas de telle profession libérale qui, en fonction de son taux d’imposition, arbitrerait entre le fait de travailler et le fait d’aller faire du golf. Eh bien il y a, oui, des pauvres qui prennent la décision de dépendre des allocations, plutôt que de travailler, tout simplement parce qu’ils arbitrent, eux aussi. Or, si le travail n’est pas plus rentable que l’inactivité, les pauvres n’ont aucune raison de reprendre un travail. Je dirais même – est-ce faire mon gauchiste ? – que l’arbitrage auquel se livrent les pauvres est d’autant plus compréhensible qu’il s’agit d’un choix contraint : à un certain niveau de vie, le prix à payer pour « garder sa dignité » est simplement trop élevé.

Je ne sais pas si l’on peut attribuer à cet argument une part de la réussite de la mise en place du rSa. Le fait est que, ce faisant, Martin Hirsch et les concepteurs du rSa validaient un constat de droite, mais pour en tirer des conséquences sociales[4]. Habile.

La crise va-t-elle rendre caduc le rSa ?

Etait-ce une démonstration de l’attachement spontané à cette mesure ? Le fait est que la question est revenue à plusieurs reprises, suscitant la même réponse : la crise ne fait que rendre plus pertinent le rSa. Tout est une question de perspective, à vrai dire : s’agit-il seulement de se doter d’une mesure sociale par principe, ou de lutter contre la pauvreté ? Dans le premier cas, la volonté risque de faiblir avec le coût de la mesure. Si l’on adopte le point de vue de Martin Hirsch, alors oui, la crise ne fera que souligner la nécessité du rSa. On soupçonnera que la réponse de Martin Hirsch relève moins de l’assurance tranquille avec laquelle il l’affirme que du volontarisme. En prévision d’une éventuelle démotivation de certains.

J’ai voulu essayer de terminer cette réunion sur une note plus positive, et j’ai demandé à Martin Hirsch quelle était la meilleure nouvelle qu’il ait reçu ces derniers temps, dans le cadre des expérimentations du rSa, celle qui lui a fait le plus plaisir. Il a immédiatement cité le fait que les retours à l’emploi, grâce au rSa, soient plus importants encore qu’il ne l’avait imaginé.

*

Voilà. J’ai (presque) tout dit. Vous l’aurez compris, la rencontre a été riche, conviviale, Martin Hirsch ne cultivant aucune distance protocolaire. Il est très satisfaisant, et très motivant, de rencontrer un homme politique qui porte véritablement la politique qu’il mène, parce que c’est aussi son combat personnel. On envie les personnes qui travaillent avec lui. En fin de rencontre, j’ai profité d’une ultime question pour lui demander ce qu’il penserait de placer la dignité au rang de nos valeurs républicaines, de l’envisager comme une exigence de l’action politique. Je me doutais que je trouverais en lui quelqu’un de réceptif, sans penser qu’il l’était autant : c’est sur la proposition d’inscrire à nos frontons « Liberté, Egalité, Fraternité. Et Dignité » qu’il concluait le Manifeste contre la Pauvreté, en 2004.

Credit photos : moi

  1. avec deux fois, on peut commencer à le dire, non ? []
  2. non, celle-là, personne ne l’a faite []
  3. vous m’excuserez pour la qualité de la vidéo, c’était une première []
  4. je ne dis pas que toute la droite en aurait tiré pour conclusion qu’il faut supprimer les minimas sociaux, hein, mais bon, certains… []

64 commentaires

  • Merci pour ce trés beau compte-rendu !

    Et si en plus vous avez obtenu l’avalisation de Martin Hirsh à propos de la dignité, je ne peux que m’incliner, et m’abstenir de critiquer le biais de votre question. Soit, pour la dignité !

  • Billet intéressant, qui montre un homme honnête, et qui essaie de mettre en place ses convictions.

    Martin Hirsch, auquel on a opposé le caractère insuffisant du rSa est parfaitement conscient qu’il n’est pas une mesure susceptible d’atteindre, à lui seul, l’objectif de réduction de la pauvreté, sur lequel le Président s’est engagé.

    Bon, je m’aperçois que j’ai un avis identique au sien et c’est réconfortant (le fait que son avis soit identique au mien , malheureusement pas le fait proprement dit, bien sûr).

    j’ai demandé à Martin Hirsch quelle était la meilleure nouvelle qu’il ait reçu ces derniers temps, dans le cadre des expérimentations du rSa, celle qui lui a fait le plus plaisir. Il a immédiatement cité le fait que les retours à l’emploi, grâce au rSa, soient plus importants encore qu’il ne l’avait imaginé.

    C’est là, malheureusement où je suis beaucoup moins optimiste que lui et que je demande à voir.
    Espérons qu’il aura raison.

    Ce que j’admire en lui c’est cette honnêteté, sa vision objective (qui me paraît objective, plutôt) sur la vie politique actuelle.

    Et son courage d’intégrer un gouvernement de droite (sans l’intégrer vraiment…hum…un peu tout de même, non?), ce qui l’amène, c’est tout à fait vrai, à des inimitiés à gauche comme à droite.

    Ceci est dommage, et c’est un point de la politique que j’ai du mal à saisir: comment peut on, en politique (et d’autant plus lorsqu’on se dit social -MoDem- ou socialiste), on puisse faire passer l’intérêt individuel (être au pouvoir) avant l’intérêt collectif (combattre la pauvreté tout en conservant la dignité humaine, à savoir la reconnaissance de l’homme autrement que par le filtre dégradant -pour moi- de l’assistanat)

    J’aime cette phrase qui résume bien ce que je pense de l’opposition actuelle :
    « il s’étonnait avec peut-être un brin d’amertume que “certains trouvent du plaisir à ce petit jeu de la politique“.

    Il est très satisfaisant, et très motivant, de rencontrer un homme politique qui porte véritablement la politique qu’il mène, parce que c’est aussi son combat personnel.

    Oui, mais grâce à N Sarkosy et son esprit d’ouverture, ne l’oublions pas.

  • Pour faire un court résumé : « il aura encore et toujours du job… »

    Bravo et merci Koz.

    (ch’tite coquille 1ère ligne 2ème paragraphe du bloc « et c’est pas fini ! ».

    J’adore le « merci Martine » 😉

  • Merci pour le billet.

    Il me plaît ce Martin Hirsch. Une vision claire, un sens des priorités (le rSa est infiniment plus important que les micro-détails de son financement), du bon sens (le travail n’est pas toujours suffisant… mais il est nécessaire).

    Et surtout, il est à l’évidence beaucoup plus intéressé par aider les pauvres que par emmerder les riches. 100% de son discours et de son action sont consacrés à trouver des façons de venir en aide aux pauvres, 0% pour médire des riches ou des patrons. Ca change.

  • Ne m’en veuillez pas : pour le moment, je ne peux pas répondre. D’autant que j’ai ajouté un paragraphe auquel le com’ de Liberal m’a fait penser : le pauvre n’est pas plus con que le riche.

  • Bravo à Martin Guerre pour son action. Il fait parti de ces hommes pour qui être efficace passe avant la préférence politique.

    @ Libéral: effectivement cela change de voire quelqu’un qui s’occupe des pauvres sans mettre les riches aux piloris. Après tout les riches ne sont pas responsables du fait qu’il y a des pauvres. De plus, pendant des siècles, c’est sur eux qu’a reposés le système d’aide sociale à une époque où l’État n’avait pas les moyens de le faire.

    @ Koz: je ne suis pas sur de vouloir rajouter dignité à la devise devant l’usage que certains groupes en font (surtout en pensant à l’euthanasie). Pour moi, la dignité doit être un objectif, mais en faire une devise c’est peut être trop.

  • J’aurai bien aimé lui poser une question sur la trappe aux bas salaires, à savoir l’allègement Fillon qui diminue les charges sur les bas salaires (jusqu’à 300€ de charge en moins au niveau du SMIC) mais diminue au fur et à mesure que l’on s’éloigne du SMIC (pour être nul à 25% au dessus du SMIC)
    Ce qui fait qu’augmenter un salarié à 25% au dessus du SMIC coûte à l’entreprise les charges afférentes + les allègements soit 40% en plus.

    Il aurait suffit d’inverser l’allègement et de faire que plus le salaire s’éloigne du SMIC (vers le haut) plus les allègements sont élevés pour que les entreprises augmentent leurs salariés, l’augementation ne coutant qu’un quart de ce qu’elle apporte au salarié.

    C’est un peu technique mais je l’expérimente tous les mois.

  • Tara a écrit:

    C’est là, malheureusement où je suis beaucoup moins optimiste que lui et que je demande à voir. Espérons qu’il aura raison.

    Pour l’instant, c’est quelque chose qu’il a constaté dans les expérimentations. Malheureusement, on peut craindre que la crise ne favorise pas vraiment le retour à l’emploi, rSa ou pas.

    Liberal a écrit:

    Il me plaît ce Martin Hirsch. Une vision claire, un sens des priorités (le rSa est infiniment plus important que les micro-détails de son financement), du bon sens (le travail n’est pas toujours suffisant… mais il est nécessaire).

    Bien d’accord avec toi. Effectivement, il a le sens des priorités. Viser la lune et ne jamais décoller, ça ne sert pas à grand-chose. Le rSa ne va pas à lui seul révolutionner la question de la pauvreté, mais il devrait tout de même être un heureux bouleversement.

    Condé a écrit:

    @ Koz: je ne suis pas sur de vouloir rajouter dignité à la devise devant l’usage que certains groupes en font (surtout en pensant à l’euthanasie). Pour moi, la dignité doit être un objectif, mais en faire une devise c’est peut être trop.

    Objectivement, c’est quelque chose que j’affirme, comme ça, mais qui touchera vraiment à la devise républicaine ? Je n’en fais pas une revendication que je pense vraiment pouvoir voir réalisée. Mais l’affirmation symbolique est utile. Et puis, à propos des groupes que tu évoques, je pense qu’il faut, justement, la reprendre, cette notion de dignité.

    Au demeurant, au nom de la liberté, et de l’égalité, on en a aussi fait pas mal, des conneries.

    louuis a écrit:

    Il aurait suffit d’inverser l’allègement et de faire que plus le salaire s’éloigne du SMIC (vers le haut) plus les allègements sont élevés pour que les entreprises augmentent leurs salariés, l’augementation ne coutant qu’un quart de ce qu’elle apporte au salarié.

    Dans ce cas, n’aurait-on pas dit que la mesure avait un effet pervers, qui serait de décourager l’embauche des plus pauvres, ceux qui sont au SMIC, rien qu’au SMIC ?

    richardtrois a écrit:

    Merci Koz pour ce très complet compte-rendu. Complet et très bon, même si je ne partage pas tout bien sûr.

    Et réciproquement, bien sûr. Serait-ce sur ceux le voient comme un traître ?

    Content, également, d’avoir fait connaissance.


    Sinon, on m’a signalé, aussi, cette vidéo, sur la communication de Martin Hirsch. Elle est intéressante, je vous la soumets :

  • Je commenterai juste la fin : Martin Hirsch n’est pas un homme politique, ceci expliquant peut-être cela. Il est là pour porter une politique qu’il a préconisée, mais il n’est pas élu et n’a pas (encore?) fait de la politique sa vie et son métier. Le fait qu’il ne soit pas ministre dit bien cela : faire de la politique, c’est vouloir du pouvoir pour mettre en oeuvre des actions qui vont changer la vie de la cité. Avoir une mission, c’est mettre en oeuvre. Sans autre pouvoir.

    ET MERCI!

  • Je suis un peu embêté. Le RSA est une bonne idée et Martin Hirsch un type remarquable.

    Pourtant, je ne sais pas très bien comment il faut interpréter le sens de « le RSA remplace 5 dispositifs », quand le dispositif ancien est dans les faits maintenu dès lors qu’il est plus favorable !

    Le prochain gouvernement nous fera le RSTA, et cela nous fera 5 plus un plus un, 7 dispositifs.

    Bien à vous.

  • Aristote a écrit:

    Pourtant, je ne sais pas très bien comment il faut interpréter le sens de “le RSA remplace 5 dispositifs”, quand le dispositif ancien est dans les faits maintenu dès lors qu’il est plus favorable !

    Là, tu ne parles que de la PPE, qui n’est maintenue que dans certains cas. Il ne faudrait tout de même pas oublier les 5 dispositifs que le rSa remplace.

  • Merci Koz je trouve ce compte rendu très complet. J’ai eu le sentiment de ne pas être complètement à ma place dans ce débat, très politique. mais j’ai été, comme les autres je pense, vraiment enthousiasmé par Martin Hirsch. j’allais écrire « par le personnage » et justement, non, il n’y a pas de personnage, pas trop.
    Il me semble qu’il faudrait encore réfléchir à l’action économique qui devrait accompagner la solidarité, en particulier la précarisation promue par Mme Parisot (vous savez: l’amour, c’est précaire, pourquoi pas le job) mais qui est un facteur de déstabilisation sociale fort puisque sans CDI, pas de location décente et pas de crédit. Donc logement ou allers-retours hors de prix et paupérisation. La mutualisation (groupements d’employeurs) évoquée par Martin Hirsch ne fera pas tout. Au passage en développant les services à la personne individualisés, on produit de l’emploi atomisé et précaire. Nounou ou baby-sitter c’est un job précaire, employée de crèche c’est un emploi stable.

    Cordialement

    Jean-Marie

  • martin Hirsch est un honnête homme et ce n’est pas si fréquent, donc chapeau J ‘ajouterais la notion de personnalisation, du cas par cas ,car il y a ceux qui veulent s’en sortir et qu’il faut aider ,et ceux qui prennent l’Etat pour un tiroir caisse et n’envisagent que tres modéremment de faire des efforts.J’ai, dans ma famille, une personne qui touche le RMI depuis longtemps et a qui il n’a jamais été demandé la moindre démarche de reinsertion

  • J’avoue que je craignais qu’il nous ressorte des tirades à la Fadela Amara sur sa liberté de ton, mais en fait, contrairement à elle, lui est vraiment détaché du système.

    Détaché, mais respectueux. On a bien essayé de le faire tacler Boutin et Lagarde, mais il a été sport. Dommage, ça aurait nourri les comptes-rendus.

    Rien à dire sur ton PV, Koz, il est fidèle 😉

  • Merci pour le compte-rendu.

    Martin Hirsch n’est pas un politique et c’est peut-être pour cela qu’il remplit bien le rôle qui lui a été confié.

    En réponse à quelqu’un, le fait d’être élu n’a jamais été un critère de qualité ou la garantie d’obtenir de bons résultats. De plus, s’il s’était présenté quelque part uniquement sur ses idées, je ne suis pas sûr qu’il aurait décroché la première place.

  • Jean-Marie a écrit:

    J’ai eu le sentiment de ne pas être complètement à ma place dans ce débat, très politique.

    Cela dépend ce que tu entends par « politique » : le débat aurait pu être très politicien. Il l’a assez peu été, et s’est tout de même beaucoup tourné vers l’objectif de son action.

    azerty a écrit:

    martin Hirsch est un honnête homme et ce n’est pas si fréquent, donc chapeau J ‘ajouterais la notion de personnalisation, du cas par cas ,car il y a ceux qui veulent s’en sortir et qu’il faut aider ,et ceux qui prennent l’Etat pour un tiroir caisse et n’envisagent que très modérément de faire des efforts.J’ai, dans ma famille, une personne qui touche le RMI depuis longtemps et a qui il n’a jamais été demandé la moindre démarche de réinsertion

    Il y a, oui, des personnes qui profitent du système. Cela étant, on a peut-être parfois un peu trop tendance à ne voir qu’elles, sans voir ceux pour qui le système est indispensable.

    Cela étant, je suis d’accord sur le fait que la lutte contre la fraude est importante aussi, notamment parce qu’elle décrédibilise les systèmes d’assistance.

    Mais Martin Hirsch rappelait aussi un point, tout en se gardant de tout simplisme (ce qui était une façon de reconnaître que c’est plus compliqué que ça) : un Kerviel a crâmé en une journée plus de 5 milliards d’euros, quand lui s’est battu pour 1,5 milliards (+ 800 millions de prime de solidarité active). Bref, oui, la fraude est très agaçante, mais son poids sur l’économie n’est pas forcément patent. Bon, le raisonnement est évidemment un peu caricatural/symbolique, puisqu’un Kerviel, ça n’arrive pas tous les jours (enfin, avant, ça n’arrivait pas tous les jours) alors que le RMI c’est du permanent, et que dans un cas c’est de l’argent privé et dans l’autre de l’argent public. Mais l’idée est là, tt de même.

    Nick Carraway a écrit:

    Détaché, mais respectueux. On a bien essayé de le faire tacler Boutin et Lagarde, mais il a été sport. Dommage, ça aurait nourri les comptes-rendus.

    Il ne va tout de même pas se laisser piéger par une bande de blogueurs alors qu’il joue à l’équilibriste avec des vrais journalistes aux techniques aiguisées depuis 1 an 1/2. 😉

  • J’ai eu le plaisir de l’entendre à l’Institut Montaigne, et ton récit confirme mon sentiment à son égard. Il est vrai contrairement aux politiciens, respectueux de l’autre qu’il écoute avec attention en respectant ses divergences de vue, il a en fait un grand sens de la dignité de chacun et reconnaît ses limites. Bref, il parvient à se focaliser sur sa priorité avec une belle sérénité dans un milieu qui n’est pas le sien. Et son succès montre que NS ne l’a pas simplement instrumentalisé sur la forme, il a reconnu l’intérêt du projet de Martin Guerre.

    Si le RSA est tout à fait approprié pour inciter les RMI/RMAstes à reprendre une activité (fameux arbitrage qui n’a rien « de droite » selon moi), le SMIC est une vraie barrière qui exclut d’autant plus qu’on le remonte. Le rapport remis à Martin Hirsch par Pierre Cahuc en juillet 2008 mérite la lecture : http://www.cae.gouv.fr/rapports/079.htm
    (si je cite un rapport de l’OCDE sur la question, on va me traiter de néolibéral)
    Personne n’a évoqué cette question hier soir ?

  • Jean-Marie a écrit:

    Au passage en développant les services à la personne individualisés, on produit de l’emploi atomisé et précaire. Nounou ou baby-sitter c’est un job précaire, employée de crèche c’est un emploi stable.

    Certes, c’est peut être précaire, mais la vraie sécurité de l’emploi c’est de pouvoir retrouver un job à peu près quand on le désire, pas d’être invirable.

  • @Blogblog,

    Comme quoi, j’arrive sans mal à apprécier des gens avec qui je ne suis pas toujours d’accord. Regarde, j’aime bien Koz aussi 🙂

    Sinon, je sais que je te dois une réponse sous un autre billet depuis quinze jours, ne me provoque pas, je risquerais d’y sacrifier une heure de sommeil.

    @Jean-Marie,

    Mon expérience perso des nounous est que la précarité est plutôt subie par l’employeur.

  • Le grand paradoxe français, c’est de parvenir à surprotéger l’emploi en CDI tout en angoissant les Français avec le risque de perte d’emploi. La réglementation protège tellement ceux qui ont un emploi à durée indeterminée, qu’elle exclut les autres de ce qui est presque devenu un privilège. La perte d’emploi est donc d’autant plus effrayante qu’on mesure la différence entre ceux qui en ont un et les autres, et qu’on a pu estimer l’épaisseur de la muraille érigée entre eux par le Code du Travail.

  • Jean-Marie a écrit:

    Au passage en développant les services à la personne individualisés, on produit de l’emploi atomisé et précaire. Nounou ou baby-sitter c’est un job précaire, employée de crèche c’est un emploi stable.

    Pas vraiment.
    d’une part il va exister le statut d’auto entrepreneur début 2009, intéressant pour ce type d’activité.
    d’autre part, autre alternative qui débouche sur un CDI : le temps partagé (souvent mis en place par des groupes d’entrepreneurs de services à la personne), sans oublier les nombreuses associations de services à la personne qui fleurissent un peu partout et qui sont en recherche permanente de salariés.
    Le problème, il est vrai est que ce sont souvent des temps partiels, sauf dans le cas du temps partagé, justement, qui permet d’obtenir un temps complet avec plusieurs employeurs associés.

    mais voilà, une nounou qui bosse à temps complet par le biais d’une entreprise ou d’un temps partagé coûte un peu plus cher au consommateur.
    c’est un choix de société.

    nb= la « baby sister » rentre dans le domaine de l’auto entreprise, comme garde à domicile d’enfants de moins de 3 ans

    http://www.auto-entrepreneur.fr/
    (voir rubrique exemples d’activités et rubrique solutions alternatives)

  • La dignité, il n’y a pas que M Hirsh qui en parle!

    « Considérant que la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde… »

    Ce passage fait partie de la déclaration universelle des droits de l’homme.

  • A vrai dire, je pensais que Martin Hirsch évoquerait la question de la sécurisation des parcours professionnels. Mais bon, (i) c’est lui qui parlait et (ii) n’étant pas en pointe en matière sociale, je ne sais pas s’il ne s’agit pas désormais d’une tarte à la crème.

    Sinon, je confirme ce que dit Liberal. J’ai le bonheur de ne pas avoir eu besoin de nounous ou d’assistantes maternelles mais, en l’occurrence, et à tout le moins en région parisienne, l’insécurité pèse effectivement davantage sur l’employeur. Cela dit, un autre exemple peut peut-être mieux illustrer ton propos.

  • Rich III, personne n’a dit que le SMIC était responsable de tous les maux. En revanche, le rapport de Cahuc établit clairement qu’il est un bien mauvais outil dans la lutte contre la pauvreté. Comme vous le savez, l’enfer est pavé de bonnes intentions.

  • Jean-Marie a écrit:

    Nounou ou baby-sitter c’est un job précaire, employée de crèche c’est un emploi stable.

    Je ne vois pas en quoi une nounou est un emploi précaire. Pour avoir habitée dans la banlieue parisienne, il n’y avait pas assez de nounous ! Il y avait un contrat de travail comme un autre. Par contre oui pour se séparer d’une nounou c’est très compliqué (et il faut un motif grave ce qui m’est arrivée). Et dans la région où je suis il en manque aussi ! Et on fait tout pour en former…

  • Ca me fait plaisir que tu y ais pensé tout seul (je me demande juste un peu ce que foutent les autres). Tu as bon, c’est vrai qu’elles sont vachement réussies (surtout vu les conditions et l’appareil) et je ne dis pas ça parce que c’est moi qui les ai prises.

    richardtrois a écrit:

    Non pas sur le côté “traitre”. Sur l’augmentation du SMIC qui serait à l’origine de tout les maux…

    Ce n’est pas ce que j’ai écrit, ni ce que j’ai compris de son propos. Ce que j’ai saisi, c’est que, pour compenser les 35 heures, il a fallu augmenter le SMIC. Or, si auparavant, une augmentation du SMIC se traduisait assez mécaniquement par une augmentation du niveau de vie, ce n’est plus vrai aujourd’hui, notamment en raison du recours au temps partiel.

  • Koz a écrit:

    Tu as bon, c’est vrai qu’elles sont vachement réussies (surtout vu les conditions et l’appareil) et je ne dis pas ça parce que c’est moi qui les ai prises.

    C’est vrai que pour des photos prises avec un téléphone portable, elles sont bien.

  • Vous êtes des tanches, dépourvus de toute sensibilité et de toute finesse. En comparaison, vos propos sur la politique sociale de Martin Hirsch paraissent presque pertinents. On devrait d’ailleurs y revenir.

  • La comparaison avec le gadget dans le paquet de cornflakes est bien vue: après avoir acheté les cornflakes, on se sent obligé de les manger, et on en a parfois marre avant la fin. C’est un peu la réaction qu’ont dû avoir certains ministres et parlementaires, mais Martin Hirsch a été assez habile et énergique pour les obliger à avaler jusqu’à la dernière cuillerée. Ce n’était pas gagné d’avance, car même le soutien de Sarkozy n’est plus une baguette magique aussi déterminante qu’avant.

    Compliments donc à Martin Guerre. Qui sait, le RSA restera peut-être comme la grande réforme emblématique du quinquennat. Ce serait un joli pied de nez à la droite comme à la gauche.

  • Billet intéressant, mais pas beaucoup d’éclairage sur ce que MH pense des oppositions de la gauche au rSa.

    C’est peut être parce qu’on ne s’attend pas à trouver la figurine du tigre dans un paquet de Corn Flakes quand cela est plutôt typique d’un paquet de Frosties 😉

  • je fais court j’en ai marre d’être éjectée.:-)

    • A propos de fraude il faut quand même savoir que seul 35% des Rmistes sont inscrits à l’ANPE !!! (et je doute que ce soit les personnes non inscrites qui utilisent d’autres voies, emploi caché,réseaux etc. pour trouver du travail.)
      D’où la nécessité POUR M.H. de relier solidarité et activité dans le nom RSA

    • Aurelien parlait de cet homme qui écoutait l’autre avec attention. Oui et il raconte qu’il a du se battre pour que les organismes officiels (ANPE, CAF elus…)daignent accepter des Rmistes dans le grenelle de l’insertion. On les croit incapable de s’exprimer. D’ailleurs il raconte dans son livre qu’à la fin d’une réunion avec le Président de la République, celui-ci a demandé c’était qui le rmiste ?

  • Pepito a écrit:

    Billet intéressant, mais pas beaucoup d’éclairage sur ce que MH pense des oppositions de la gauche au rSa.

    On a davantage parlé des mesures en elles-mêmes, il est vrai, quoique…

    Gwynfrid a écrit:

    La comparaison avec le gadget dans le paquet de cornflakes est bien vue: après avoir acheté les cornflakes, on se sent obligé de les manger, et on en a parfois marre avant la fin.

    Une bonne image, oui, Martin Hirsch étant arrivé avec son programme et en même temps, ce n’était qu’un bon point de départ. Après tout, la figurine, habituellement, elle est au fond du paquet. Là, Martin Hirsch, ils l’ont eu directement avec le paquet de céréales. On ne compte pas les bonnes idées vidées de leur contenu…

    Cette image diminue un peu le mérite de MH.

    En même temps, je m’aperçois que l’on traite tout cela en partant du principe que MH a fait sa réforme contre Nicolas Sarkozy. Il a certes eu des oppositions dans l’exécutif, il en a eu dans la majorité mais, à vrai dire, il y en eut peut-être eu davantage de la part de la gauche (n’est-ce, pas, Pepito ?). Sarko, lorsqu’il a pris Martin Hirsch, escomptait certainement se récupérer une caution sociale, mais il ne pouvait pas non plus se leurrer sur le fait qu’il prenait un type rompu aux rouages de l’Etat (cf. son CV), qui savait se faire entendre. On ne peut non plus faire comme si Sarkozy n’avait pas voulu de cette réforme.

  • « les augmentations du SMIC rendues nécessaires du fait des 35 heures n’ont pas eu de véritable impact sur la pauvreté, qui a même pu s’accroître, notamment en raison du recours au temps partiel (permettez-moi d’ajouter ce que ne dit pas Martin Hirsch… : Merci Martine, un franc succès). »

    Je n’ai pas bien compris ce que signifiait le « merci Martine », le sujet de la première phrase étant « les augmentations du SMIC ».
    Reprochez vous à la loi sur les 35h d’avoir favorisé les temps partiels?
    J’ai beau tourner la phrase de MH dans tous les sens, elle signifie toujours la même chose pour moi : la pauvreté s’accroit, notamment du fait du recours au temps partiel, et malgré les augmentations du smic. Les 35h ne sont pas le sujet.

    De plus, vous ferriez une erreur en reprochant aux 35h de ne pas avoir « augmenter le pouvoir d’achat » des salariés, puisque l’objectif était de réduire le chômage, et que c’est ce qui s’est produit.

  • Il est vrai qu’il y a deux idées en une phrase qui, au demeurant est de MH (seul le merci martine est de moi) : (i) les 35 heures ont rendu nécessaires des augmentations de SMIC (eh oui, puisqu’on ne peut pas travailler plus) or (ii) les augmentations de SMIC, depuis les 35 heures, ne suscitent plus comme avant une augmentation du niveau de vie. Pourquoi et quel est le lien ? Le lien, et l’effet global, c’est que les entreprises étant peu incitée à embaucher des personnes qui bossent moins pour gagner plus ont eu davantage recours au temps partiel.

    Quant à la réduction du chômage, il me semble un peu optimiste de votre part de la mettre sur le compte des 35h. En plus de ça, j’avais appris, de mes amis de gauche, que le problème, ce n’était pas le chômage, mais la misère. Martine a réduit les possibilités de gagner plus de ceux qui étaient au minimum, et contribué au développement du travail précaire. Pas mal, tout de même…

  • « Le lien, et l’effet global, c’est que les entreprises étant peu incitée à embaucher des personnes qui bossent moins pour gagner plus ont eu davantage recours au temps partiel. »

    Le smic horaire pour un temps partiel serait inférieur au smic horaire pour temps plein? Si c’est le cas c’est un problème en effet, mais qui n’a rien à voir avec la durée légale du temps plein.
    De plus, il me semble que les 35h ont été suivies d’une stagnation des salaires, de sorte qu’on ne peut plus parler de travailler moins pour gagner autant (encore moins « plus »).

    « Quant à la réduction du chômage, il me semble un peu optimiste de votre part de la mettre sur le compte des 35h. »

    « il reste difficile d’évaluer le nombre d’emplois réellement créés tant les avis sur la question divergent : 500 000 emplois créés pour la gauche, à peine 200 000 pour la droite. La vérité se situe sans doute au centre. Les enquêtes du ministère du travail ont révélé 350 000 emplois créés grâce aux lois Aubry de 1998 à 2002. »
    http://www.netpme.fr/actualite-entreprise/1084-35-heures-quel-bilan-dix-ans-apres.html

    « En plus de ça, j’avais appris, de mes amis de gauche, que le problème, ce n’était pas le chômage, mais la misère. »

    Il ne vous a pas échappé que les deux sont liés j’espère?

    En grossissant le trait :
    Vaut-il mieux prélever des impôts chez ceux qui travaillent pour les reverser sous forme d’aides sociales aux inactifs, ou limiter un peu le travail des premiers pour favoriser le retour à l’emploi des seconds?
    Partager le travail plutôt que les revenus : les perdants et bénéficiaires sont sensiblement les mêmes dans les deux cas, mais la première solution est beaucoup moins étatiste.
    Quelqu’un qui a des idées « de droite » ne devrait avoir aucune hésitation entre les deux!

  • Koz a écrit:

    On ne peut non plus faire comme si Sarkozy n’avait pas voulu de cette réforme.

    Oui, sans compter que ça tiendrait du procès d’intention sérieusement alambiqué.

    Surtout du fait que, la mesure, qui dans sa simplicité vise à réduire les effets de seuil pour une reprise de l’emploi facilitée, va quand même dans le sens de la politique globale, (j’allais dire la philosophie), vers l’emploi de Sarko.

    Un autre aspect, celui consistant à tenir compte dans une mesure sociale des difficultés ou des effets pervers sur les sociétés d’une mesure purement sociale sans les stigmatiser, fait qu’il ne s’agit pas d’une mesure que l’on peut facilement étiqueter de « droite » ou de « gauche » si facilement.

    Le pragmatisme de ses fondements – l’aspect technique de cette solution, peut très bien s’inscrire dans la politique d’un gouvernement de centre droit ou de centre gauche voire même d’un gouvernement carrément plus libéral.

  • « Le “sur-salaire” était donc nécessaire. Et ce d’autant plus que l’on n’a cessé de nier l’existence des travailleurs pauvres, en France, que depuis peu. »

    J’ai toujours eu du mal avec cette notion de travailleurs pauvres. D’une part, parce que ce qui est présenté comme un phénomène nouveau ou une réalisation tardive a toujours existé et d’autre part parce que la labelisation « travailleur pauvre » rend ces situations opaques. Quand je dis toujours, je dis vraiment toujours. Et j’ajouterais que c’était bien pire il y a une cinquantaine d’années. Ce qui veut dire que la situation tend à s’améliorer en moyenne au fil du temps.

    Et quand je dis opaque, en fait, ce qui me choque, c’est l’absence d’une constatation nouvelle dans ses proportions qui me semble pourtant évidente : le coût de la location du m2. Même si le facteur faible augmentation du SMIC est à prendre en compte, et bien d’autres comme le surdendettement (et pour ne parler que des travailleurs pauvres à temps plein), lorsque un apart normal par rapport au nombre d’enfants vous coûte plus de la moitié de votre salaire (dans une fourchette de bas salaires qui vont largement au delà du salaire minimum), vous êtes pauvre. Ce facteur me semble toujours sous évalué dans toutes les analyses sur le phénomène. Sans réelle solution en vue à courts termes.

    La construction de logements sociaux – dans ses dimensions actuelles et dans la définition de ce que l’on appelle un logement social – ne me parait pas être une solution unique. D’une part parce que le retard comparé aux besoins est colossale et que d’autre part, la construction de barres HLM en plein Paris d’un point de vue environnemental (dans son sens large, pas seulement écologique) ne convient pas non plus. Si l’on prend l’exemple de Paris, (je prends cet exemple parce que je me souviens d’un employé de la mairie de Paris à temps plein qui couchait dans sa voiture depuis des mois) cette ville n’est pas seulement un musée, mais la défiguration d’un quartier comme Belleville par exemple ne me semble pas une solution non plus.

    Existe-t-il d’autres pistes ? Je ne connais pas bien le sujet d’un point de vue réglementaire pour être franc. Mais, je ne sais pas, je soupçonne qu’il doit exister quelques aberrations qui amplifient au lieu de réduire les variations locatives qui semblent plus basées sur des amplitudes spéculatives que sur la valeur réelle du m2. Quels sont les freins à la réduction des loyers ? Existe-t-il une politique de type « pas de cadeau aux propriétaires » comme il en existe une de type « pas de cadeau aux patrons » dès qu’une incitation à l’embauche est envisagée ? Une fiscalité relique qui accélère le processus ? Etc…

  • L’extension du secteur « social » réduit le secteur « privé » et y augmente les tensions. La hausse des loyers augmente l’effet de seuil entre ces deux secteurs, et diminue davantage le taux déjà faible de rotation dans le secteur social.

    On n’évoque pas ici le sentiment d’injustice que cet écart fait naitre entre ceux qui y ont accès et les autres, parfois en situation plus difficile. Les raccourcis pour obtenir un logement social sont nombreux, c’est presque le job principal (d’assistante sociale) des élus nationaux et régionaux.

    Bref, en termes de cohésion sociale, on fait mieux. Globalement, on vit avec un manque de logement depuis 1918, lorsqu’on a commencé à bloquer le prix des loyers et à rendre repoussoir le secteur locatif, malgré de nombreuses lois de défiscalisation ciblées. Tant que cette pénurie de logements (et, gros problème, de foncigr constructible) déséquilibrera le rapport de l’offre et de la demande, les prix resteront tendus dans le secteur privé comprimé.

  • @ Eponymus
    « Existe-t-il d’autres pistes ? Je ne connais pas bien le sujet d’un point de vue réglementaire pour être franc. Mais, je ne sais pas, je soupçonne qu’il doit exister quelques aberrations qui amplifient au lieu de réduire … »

    Il en va des logements locatifs comme pour les licenciements. Plus on réglemente pour protéger le locataire (ou salarié) plus on « encourage » les propriétaires ou éventuels futurs propriétaires (ou patrons d’entreprises) à s’abstenir.

  • Koz a écrit:

    On ne peut non plus faire comme si Sarkozy n’avait pas voulu de cette réforme.

    Bien sûr que non. Pour être parfaitement clair: cette réforme est à mettre au crédit de Sarkozy. Par contre, c’est Martin Hirsch qui a imposé la nécessité d’une dépense nouvelle pour le RSA, et il a gagné cet arbitrage (c’est-à-dire qu’il a obtenu que Sarkozy tranche en sa faveur) contre l’avis d’une partie du gouvernement et de la majorité, qui aurait préféré redéployer les crédits de la PPE pour faire le RSA à coût nul.

    Et, oui, le RSA est dans la ligne du fameux « travailler plus pour gagner plus ». Tant pis si ça énerve la gauche.

    Ceci dit, est-il bien nécessaire de compter les dixièmes de points marqués par les uns et des autres ? Une vraie réforme est passée, il y a grosso modo un consensus pour dire que c’est un progrès. Ça n’arrive pas tous les jours. Félicitations à tous ceux qui ont bossé pour ce résultat, en commençant par M.Hirsch.

  • tel que je le lis, le RSA est une amélioration des dispositifs précédents, RMI et PPE, qui avaient respectivement les mêmes objectifs: limiter la pauvreté et rendre la reprise d’emploi intéressante au plan financier…il faudra effectivement le voir à l’oeuvre et l’évaluer, et sans doute un jour le reprendre et l’améliorer: un futur RS Amélioré?

    pour les 35h, je pense qu’elles méritent un meilleur débat que celui des posts 46 et alii…arrivé ici en catimini…
    j’aimerais d’ailleurs que ce débat, sur le fond, soit un jour mené de manière approfondie dans un media papier ou télé avec par exemple deux ou quatre économistes, sociologues: je ne l’ai jamis vu…

  • Le gros problème du logement, c’est le foncier constructible. Tant que l’offre est dramatiquement inférieure à la demande, toute « aide » au logement est empochée soit par le titulaire de la carte du parti (le logement « social »), soit par les promoteurs immobiliers, ou par les propriétaires des logements existants ou des quelques terrains constructibles.

    C’est de l’analyse économique de base ! Fort bien intégrée par le patron de Nexity, quand ce dernier réclame la TVA à 5,5 % sur les logements neufs. Voilà qui lui permettrait de monter de 14,1 % le prix HT de son stock !

    Bien à vous.

  • @ aristote

    Donc, il faut construire… ensuite, il ne faut pas construire n’importe comment, n’importe quoi, par n’importe qui et n’importe où. Mais quelle est la mesure qui irait vers le plus d’efficacité dans ce domaine ?

  • un peu de provoc:
    municipalisation de la propriété du foncier?
    qui serait loué et non vendu….
    et ainsi éviter les espaces improductifs
    conservés dans un but spéculatif….

  • France : 3 922 400 inscrits à l’ANPE fin octobre 2008.

    Source : Ministère du Travail, octobre 2008.

    Demandeurs d’emploi de catégorie 1… 2 004 500

    Demandeurs d’emploi de catégorie 2….. 322 800

    Demandeurs d’emploi de catégorie 3….. 228 400

    Demandeurs d’emploi de catégorie 4….. 175 200

    Demandeurs d’emploi de catégorie 5….. 225 700

    Demandeurs d’emploi de catégorie 6….. 448 800

    Demandeurs d’emploi de catégorie 7……. 65 400

    Demandeurs d’emploi de catégorie 8……. 91 100

    Demandeurs d’emplois de plus de 55 ans,
    «dispensés de recherche d’emploi»…….. 360 500

    TOTAL…………………………………… 3 922 400

    http://www.actuchomage.org/modules.php?op=modload&name=News&file=article&sid=4224&mode=thread&order=0&thold=0

  • Je suis un homme comblé : non seulement Martin Hirsch m’a dédicacé mon exemplaire de La pauvreté en héritage mais il m’a donné un exemplaire du Manifeste contre la pauvreté, dans laquelle il évoque la dignité comme valeur de la République, souligné de sa main. Indeed.

    Quand je pense à la thune que je vais pouvoir me faire dans quelques années en les revendant !!! 😉

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