Le Figaro, (évêque) auxiliaire du Pouvoir

Yves de Kerdrel consacrerait-il un entier éditorial à sommer l’Eglise de la fermer si celle-ci ne conservait une certaine influence ?

C’est à vrai dire la seule interprétation positive que l’on peut faire d’un éditorial affligeant. Cet édito au titre sibyllin, les contre-apôtres du travail dominical, n’a pas pour objet de contester les positions de l’Eglise. Il ne conteste pas ses convictions. Il est seulement tout entier consacré à lui dénier le droit de s’exprimer dès lors que son propos s’écarterait des simples articles de foi. Yves de Kerdrel conclut son éditorial d’une citation que, bien à l’abri derrière une interprétation simpliste, pour ne pas dire débile, il croit définitive.

« Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu« 

Au demeurant, si chacun devait vraiment se consacrer exclusivement à son domaine d’élection, s’il fallait admettre que l’Eglise doive se cantonner à la répétition du Credo, ce que je continuerai de réfuter sans relâche, alors Yves de Kerdrel se contenterait à ce qu’il semble savoir faire : chroniquer l’économie. Pour ce qui est de l’interprétation des Ecritures, et du rôle de l’Eglise, il passerait la main. Il faut dire aussi qu’avec une paille dans l’œil, on est naturellement porté à voir une poutre dans celui des autres.

Mais ne soyons pas taquin et prenons au sérieux, autant que cela le mérite (pas davantage), le propos d’Yves de Kerdrel. A bien le lire, je le répète, vous comprendrez qu’il n’y est en fin de compte pas tant question du travail du dimanche. C’est bien de la légitimité de l’Eglise à s’exprimer qu’il s’agit. Au prix d’un raisonnement incohérent. Et sommaire.

Incohérent car, si je suis toujours surpris par cette propension à dénier à l’Eglise jusqu’au droit de s’exprimer. Je le suis encore davantage de la part d’un apôtre du libéralisme. En effet, que l’Eglise représente pour certains[1] libéraux ce qu’ils rejettent, puisqu’elle s’acharne à proposer une vision du monde qu’elle a le toupet d’espérer universel, plutôt que de s’en remettre aux seuls individus, c’est probable. Mais il me semblait que le libéralisme s’attachait aussi à reconnaître la liberté d’expression. Alors, que Le Figaro et Yves de Kerdrel combattent donc les positions de l’Eglise s’ils s’y croient fondés, mais qu’ils ne lui interdisent pas de s’exprimer. Voilà qui est un brin totalitaire.

Incohérent et sommaire, car on aimerait, de la part d’un éditorialiste du Figaro, un minimum de rigueur dans l’analyse. Un peu de finesse. Or, c’est ne rien comprendre à l’Eglise, ne rien comprendre à l’enseignement du Christ, que d’imaginer que l’Eglise puisse un jour se retirer dans le secret des églises, des couvents, et des cœurs. Vous me direz évidemment que l’on peut choisir d’ignorer la pensée de l’autre, que l’on peut choisir de la mépriser voire de la considérer inférieur. Vous comprendrez que ce choix-là ne m’intéresse pas.

Le catholicisme est une religion de l’incarnation. C’est sa nature profonde. Et c’est la seule. Dieu s’est fait Homme. Il ne se contente pas de l’avoir créé, pas plus qu’il ne se contente de flotter quelque part là-haut. Il ne se désintéresse pas de la marche du monde, et il demande à l’Homme d’en être partie prenante. « Tout ce que vous avez fait au moindre de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait« . Alors non, l’Eglise et les catholiques ne peuvent pas se désintéresser de la marche du monde. Ils ne peuvent pas se contenter de la prière, et des actions caritatives nécessaires pour rattraper les lacunes des politiques.

Yves de Kerdrel reconnaît tout de même à Monseigneur Vingt-Trois qu’il est dans son rôle lorsqu’il affirme que le «gagner plus ne doit pas devenir l’objectif principal de l’existence ». Monseigneur Vingt-Trois ne devrait-il en tirer aucune conséquence ? Après cette minime concession, Kerdrel poursuit par un propos dont la charité nous commande de penser qu’il s’agit d’un trait d’humour. Car si tel n’est pas le cas, son propos est d’une insondable bêtise. Voilà en effet qu’il croit bienvenu de souligner « que la parabole des talents nous rappelle que c’est celui qui gagne le plus d’argent qui figure parmi les élus du Maître« . Il ne me serait jamais venu à l’esprit que qui que ce soit puisse déduire de la parabole des talents que Dieu aime ce qui ont un max de thunes. Précisément, parce qu’il s’agit d’une parabole, celle de l’évangile de dimanche dernier au demeurant. Et si Yves de Kerdrel avait eu l’énergie de poursuivre la lecture avant d’écrire son éditorial, il aurait lu ceci, précisément :

« Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : ‘Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde.
35 Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ;
36 j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !’
37 Alors les justes lui répondront : ‘Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu…? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ?
38 tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? tu étais nu, et nous t’avons habillé ?
39 tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?’
40 Et le Roi leur répondra : ‘Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.' »

Il aurait dès lors compris que la parabole des talents n’est pas un appel à faire du blé, mais à intervenir dans le monde !

Yves de Kerdrel ne se contente pas de contester la légitimité de l’Eglise, son droit de s’exprimer. Il s’emploie aussi à décrédibiliser les évêques. A quoi rime donc son introduction, d’un intérêt plus que relatif ? On se gausse un peu des évêques, pour mieux introduire le sujet ? « Ils ont toujours un avis sur tout, et ils ont un certain talent pour le faire partager« . Divertissant. D’autant plus que Kerdrel, lui, a un avis sur la parabole des talents et sur la place de l’Eglise dans la société.

Et puis voilà que cette Eglise avait eu le front de se prononcer contre l’arme atomique, et qu’un amiral lui avait conseillé de s’occuper de ses brebis. On ne saura rien de la pertinence des propos de l’amiral, sinon qu’ils ont bien plu à Kerdrel.

Mais ce n’est pas tout : les évêques « ont renouvelé leurs exploits rhétoriques » en prenant la défense des immigrés, et en prônant leur accueil. Ils seraient plus à gauche que la gauche. Kerdrel ne se prive pas de simplifier la position des évêques et, parce qu’il est en verve, il en profite pour reprendre la citation opportunément tronquée de Michel Rocard : « la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde » qui se poursuivait d’un « mais elle doit en prendre fidèlement sa part« .

Alors non, effectivement, l’Eglise ne se tait pas. Elle ne se tait pas en France. Mais il n’y a pas que là. Au Brésil, aux côtés des sans-terres, elle ne se tait pas. Au Congo, elle est aux côtés des populations terrorisées. Au Soudan, elle recueille les enfants pourchassés. En Egypte, elle est avec les chiffonniers. Et au Viêt-Nam, elle s’oppose au pouvoir communiste. Dans chacun de ces pays, au prix de la vie de ses membres, au prix de leur liberté, elle ne se tait pas. Ce n’est pas en France qu’on lui déniera le droit de s’exprimer.

Et l’on continuera à entendre et à reprendre une doctrine sociale qui vaut largement un système qui n’a pas vraiment convaincu. Une doctrine sociale qui défrise à gauche quand il s’agit d’avortement, qui défrise à droite quand il s’agit d’immigration tant certains peinent à accepter qu’elle constitue un ensemble cohérent de foi en l’Homme et en sa dignité. Cela donne au moins à chacun l’occasion de se draper dans la laïcité outragée quand c’est en fait le fond du le propos qui les dérange.

Yves de Kerdrel a choisi de s’en prendre aux évêques alors que le projet sur le travail du dimanche devrait connaître de nouveaux développements en fin de semaine. Il faut croire que, le parti socialiste n’étant manifestement pas en état de montrer une quelconque opposition, il s’agissait de faire taire les seules voix discordantes. Étonnamment, il a choisi de s’appuyer sur un discours de Monseigneur Vingt-trois qui a plus de quinze jours. Quel admirable souci du calendrier de l’Elysée. Il est vrai que Le Figaro, depuis quelque récente nomination, a pris l’habitude d’une notable complaisance. « Serviteur bon et fidèle« … Mais s’il faut renvoyer aux paroles fondatrices des uns et des autres, alors qu’Yves de Kerdrel se souvienne :

« Sans la liberté de blâmer, il n’est pas d’éloge flatteur »

  1. admirez le précautionneux « certains » []

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84 commentaires

  • Ce qui est drôle dans l’histoire, c’est que Kerdrel, n’hésitant pas à raconter des betises aussi grosses que lui, est le fils du trésorier de l’archevêché de Paris. C’est à se demander où il a été éduqué… 😀

    Bon, sinon, d’accord avec lui, sur la bombe atomique, quand on avait les soviétiques à côté, il était évident qu’il fallait se défendre, ce n’est pas parce qu’on est évêque qu’on ne fait pas de bêtises, la preuve sur mon blog. Les évêques prennent la parole quand bon leur semble, parfois à raison, comme lors du Téléthon, parfois moins, comme sur les clandestins (ce n’est pas inhumain que de ramener quelqu’un chez lui) mais ils ont complètement le droit de la prendre. La laïcité, ça ne veut pas dire que l’Eglise doive la fermer, loin de là, sa dernière phrase n’a aucun sens, le Christ n’a jamais dit qu’on ne pouvait pas porter de commentaires sur la sphère publique, c’est même tout le contraire.

    On ne s’attardera pas sur son interprétation de la parabole des talents sur laquelle il n’a du entendre aucun commentaire, ni homélie parce que pour oser dire qu’il faille l’interpréter à la lettre, il faut n’avoir pas compris ce qu’il en est, ou être de mauvaise foi.

    Sur le sujet, je suis hostile à l’ouverture le dimanche, même si je suis le premier à reconnaitre que ça pourrait m’arranger. Mais non, je ne pense pas que mon confort personnel doive primer (j’avoue penser souvent à mon confort personnel, mais là, il ne faut tout de même pas déconner).

    Et l’on continuera à entendre et à reprendre une doctrine sociale qui vaut largement un système qui n’a pas vraiment convaincu.

    N’empêche, tout de même, le système capitaliste est, en termes économiques, ce qu’on a fait de mieux, difficile de défendre l’inverse. L’Eglise n’a toujours pas proposé de système tout fait clé en main.

    PS: C’est bien la première fois que je prépare un commentaire en avance… 🙂

  • Et ce sont les mêmes qui reprochent à Pie XII de n’être pas allé lui-même bouter Hitler hors d’Allemagne! Ô contradiction!

    Non, je pense que non, Kerdrel ne me semble pas faire partie de ces journalistes, faut pas déconner.

  • Ce n’est pas tres constructif mais j’ai effectivement souri de l’interpretation de la parabole des talents.
    Le ton de l’humour n’y est pas mais je pense neanmoins que le propos etait humoristique, sarcastique peut-etre.

  • L’édito de Kerdrel est vraiment lamentable. Attaque ad hominem pour discréditer les arguments de l’Église, apologie béate de la « liberté » de travailler le dimanche (c’est la liberté des poules attaquées dans leur poulailler contre la liberté du renard, quel choix !), mensonges et simplifications grossières (la parabole des talents ?).

    On dirait la Pravda sous Krouchtchev…

  • Merci Koz ! On peut dire que je l’aurai attendu avec impatience, ce billet… 😉

    Simple ajout, sur le fameux « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » dont Kerdrel se drape pour conclure son petit gribouillage du matin… (Sacré farceur, tout de même ! 😀 ) Je veux bien rendre à César la pièce de monnaie qui est à son effigie, mais alors je me retrouverai bien obligé de rendre à Dieu ce qui est à son image : l’homme, donc, et tout ce qui se rapporte à lui !
    Tiens, je me demande si Yves de Kerdrel avait songé à une telle interprétation, lui qui est si littéral !

  • Rien à ajouter à ce billet impeccable, si ce n’est que ce n’est pas la première fois qu’on voit le Fig ou le Figmag faire une lecture de l’Evangile subordonnée aux intérêts économiques.

    Je précise que je suis, pour ma part, plutôt favorable à laisser plus ouverte la possibilité de travailler le dimanche; mais je me pose des questions quand je vois la médiocrité de certains argumentaires, par exemple la façon dont Kerdrel instrumentalise la notion de liberté, puis celle du bien collectif, jusques et y compris la lutte contre la pauvreté.

    Et, compliments à Polydamas pour le sens de l’anticipation 😉

  • J’aime bien ton titre, Koz.

    Ce côté « arrêtez de nous emmerder! » du Fig me fait un peu sourire, on dirait presque qu’il y a de la mauvaise conscience chez le journaliste.
    Il y a dans cet édito un concentré de la droite libérale qui se mâtine de christianisme qui me donne vraiment des boutons.

    Je ne sais pas si c’est encore le cas, mais je me souviens que le Figaro, lors des grandes fetes religieuses comme Pâques ou Noël publiait des articles du père Armogathe ou d’autres religieux pour replacer un peu les choses dans leur contexte, rappeler un peu le sens originel de ces fêtes. Est-ce que ça va être encore le cas cette année ou bien les cadres du Fig y mettront fin sur le mode « arrêtez de nous emmerder! »

    Sur le fond, petit témoignage: vivant en Italie,pays beaucoup plus catho (encore) que la France, je suis surpris de voir le nombre de boutiques ouvertes le dimanche, et ça ne dérange personne. A Rome, on est bien au-dessus du débat français. Bon, il est vrai que l’Eglise italienne est suffisament vilipendée pour être très interventioniste par ailleurs, à commencer par la politique.

  • Sans avoir d’avis particulier sur cet éditorial du Figaro, je crois qu’il faut prendre avec un peu de recul les déclarations des hommes d’église. Ils ont certainement le droit de donner leur avis, et je pense qu’un gouvernement doit au moins les écouter.

    Mais un homme d’église s’exprime aussi avec les limites de sa compréhension du monde: il n’est ainsi ni un professionnel de la politique, ni un professionnel de l’économie. Comme certaines mesures ont un effet qui n’est pas intuitif, il peut très bien, à partir de bons sentiments, supporter une mesure qui aura un effet global négatif.

    Et je crois aussi que les écritures sont sujettes à beaucoup d’interprétations, certaines contradictoires.

  • Uchimizu a écrit:

    Sans avoir d’avis particulier sur cet éditorial du Figaro, je crois qu’il faut prendre avec un peu de recul les déclarations des hommes d’église

    Je n’ai aucun problème avec ça. Les évêques (en l’occurrence) expriment un avis, qu’ils estiment cohérent avec l’enseignement général de l’Eglise.

    Cela ne veut pas dire que leur avis n’est pas contestable. Ni qu’un catholique n’a pas le droit d’avoir une opinion différente de la leur, tout en estimant qu’elle est tout aussi conforme aux évangiles.

    Edmond Prochain a écrit:

    Merci Koz ! On peut dire que je l’aurai attendu avec impatience, ce billet…

    Té, vous êtes fous, je suis pas une machine, moi !

    Franc belge a écrit:

    Attaque ad hominem pour discréditer les arguments de l’Église, apologie béate de la « liberté » de travailler le dimanche

    Oui, c’est en cela que le procédé me paraît assez détestable. Cette petite introduction sur le « sacre » est comme une mise en condition…

    Quant à l’apologie de la liberté, par moments, je me demande si la faveur portée par certains aux individus ne se confond pas avec un « diviser pour régner ».

    AG a écrit:

    Le ton de l’humour n’y est pas mais je pense neanmoins que le propos etait humoristique, sarcastique peut-etre.

    J’ai bien voulu réserver cette hypothèse. Mais j’avoue que ça me semble plutôt périlleux de la part de Kerdrel, si tel est le cas.

    Polydamas a écrit:

    N’empêche, tout de même, le système capitaliste est, en termes économiques, ce qu’on a fait de mieux, difficile de défendre l’inverse.

    Je ne parle pas du capitalisme,que l’Eglise ne critique effectivement pas en tant que tel…

    Polydamas a écrit:

    Les évêques prennent la parole quand bon leur semble, parfois à raison, comme lors du Téléthon, parfois moins, comme sur les clandestins

    C’est bien ce que je dis :

    Une doctrine sociale qui défrise à gauche quand il s’agit d’avortement, qui défrise à droite quand il s’agit d’immigration tant certains peinent à accepter qu’elle constitue un ensemble cohérent de foi en l’Homme et en sa dignité.

  • @ Koz:

    Bien sûr que c’est cohérent. Le souci c’est qu’il y a des sujets plus importants que d’autres. La vie, c’est plus important que la gestion de l’immigration, qui a beaucoup de désavantages pour les sociétés cibles par ailleurs.

    Au fait, n’oublies pas non plus ça:

    Et ceux qui sont partis ? Etes-vous prêt à signer, avec l’Espagne, l’accord de rapatriement qu’elle demande ?

    Absolument. Tout Sénégalais qui est à l’extérieur, je suis prêt à le reprendre.

    Et puis ça aussi:

    (Les pays d’origine) devraient au contraire continuer à faire en sorte que les phénomènes migratoires ne soient pas la seule option restant à tant de personnes pour accéder à une existence plus digne. Dans les pays d’origine, il faudrait créer plus d’emplois en évitant une politique migratoire minant la société, la famille surtout, qui en est la base. Les avantages potentiels de la migration sont dépassés par les problèmes qu’elle pose aux familles, qui risquent tout simplement la désintégration ».

    Donc, bon, je ne vois pas trop où est le souci avec les expulsions, si elles ne sont pas trop violentes, parce que de toute façon, c’est toujours contre le gré de la personne qu’on la ramène dans son pays initial. D’autant qu’il y a trois fois plus de décisions de reconduite, que de reconduites effectives. On a encore de la marge, avant de devenir un pays indigne.

  • Ce n’est pas le sujet et je n’ai pas l’intention d’entretenir ce débat. Les billets que j’ai pu écrire sur le sujet témoignent assez de mes positions. Il me semble en tout état de cause utile de rappeler la dignité de tout homme et d’éviter qu’on oublie trop facilement le « j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli« . Par ailleurs, ce que je lis de part et d’autre ne me permet pas d’être catégorique – ni dans un sens ni dans un autre – sur la dignité de notre pays dans son traitement des étrangers.

  • Oui. Pas brillant le Kerdrel.

    Surtout que les arguments de Mgr Vingt-Trois sont aisément confrontables. Ce qui est infiniment mieux que de les interdire. Par exemple, celui-là même dont Kerdrel reconnaît la légitimité ne vole pas très haut.

    «gagner plus ne doit pas devenir l’objectif principal de l’existence »

    Ca c’est de l’argumentaire! Le bon homme de paille des familles. Car qui donc défend l’idée que l’existence doit être subordonnée toute entière à l’objectif de gagner plus?

    Inspiré par Mgr Vingt-Trois, j’ai trouvé l’argument imparable en faveur de l’ouverture des magasins : « Glander le dimanche ne doit pas devenir l’objectif principal de l’existence. »

    Conclusion, Kerdrel a raté une occasion de se taire, Koz ne l’a pas loupé et les évêques sont bienvenus dans le débat public et ils sont même autorisés à élever le débat.

    Enfin, la parabole des talents est à l’évidence une allégorie de la main invisible du marché : ceux qui ont servi des intérêts particuliers ont sans le vouloir servi l’intérêt général (ie. le Roi)

    🙂

  • Liberal a écrit:

    Ca c’est de l’argumentaire!

    Résumer la position de Monseigneur Vingt-Trois à cette seule citation, de surcroît extraite par Kerdrel, pourrait aussi passer pour un procédé dialectique.

    Liberal a écrit:

    Enfin, la parabole des talents est à l’évidence une allégorie de la main invisible du marché : ceux qui ont servi des intérêts particuliers ont sans le vouloir servi l’intérêt général (ie. le Roi)

    😉

    Admettons, si l’on n’oublie pas de placer tout le reste de l’Evangile au même niveau.

  • @ Koz :
    +1 (je crois que c’est ainsi que l’on écrit…).

    @ Liberal :
    Puisqu’on y est, je pense que l’enseignement du « Jeune Homme Riche » est le plus pertinent comme apologie d’un système économique de type capitaliste .

    « Va, vends tous tes biens »: Jésus ne demande pas au jeune homme riche de distribuer ses biens, mais au contraire d’en tirer la plus grande richesse avant de distribuer celle-ci.
    C’est un signe manifeste que le Christ nous demande d’être efficace, y compris en matière de charité.

    Or, cher Libéral, vous en conviendrez, quoi de plus efficace que le système capitaliste ?
    🙂

  • J’approuve tout à fait ce billet. Dans l’idéal, Koz, vous vous souviendrez que le Christianisme est une religion de l’incarnation et pas uniquement le catholicisme – même si je reconnais volontiers que le protestantisme et, a fortiori, l’église orthodoxe, n’ont pas vraiment l’influence de l’église catholique en France. Mais il est utile de remarquer que sur les sujets évoquées, toutes les églises chrétiennes avaient des points de vue très proches alors que, pourtant, elles sont capables, y compris sur les sujets sociaux (l’avortement par exemple), d’avoir des divergences importantes.

  • Franc belge a écrit:

    Econoclaste signale une analyse de l’impact économique de l’ouverture du dimanche. C’est plus intéressant que l’opinion de M. de Kerdrel, il me semble.

    J’en retire ceci :

    En fait, il n’y a pas de miracle : le service supplémentaire que représente l’achat dominical a un coût, et ce coût est facturé, voire surfacturé, aux clients. Même pour ceux qui ne font pas leurs courses le dimanche !

    Bob a écrit:

    On s’en fiche de l’impact économique, l’important pour M. Kerdrel, c’est d’avoir la liberté de le faire.

    Ca me rappelle un échange récent…

    Sôter a écrit:

    Dans l’idéal, Koz, vous vous souviendrez que le Christianisme est une religion de l’incarnation et pas uniquement le catholicisme.

    Je me suis trop fait taper sur les doigts pour avoir parlé du christianisme et des chrétiens alors que je ne suis que catholique pour oser délivrer une considération trop générale sur le christianisme.

    Maintenant, je crois bien que je suis d’accord avec vous. Mais je ne le dirai pas fort, de peur que quelques protestants m’entendent.

  • Mode « troll on ».

    Les évêques sont les chefs des Chrétiens !
    The bishops are the heads of the Christians !!
    Los obispos son los jefes de los Christianos !!!

    Mode « troll off ».

    🙂

  • Pas très convaincant Askenazy. Il mélange allégrément ouverture du dimanche et ouverture 24/24. Oui, l’ouverture 24/24 augmente les coûts (donc les prix) et les dépenses en énergie en faisant chuter le chiffre d’affaires par heure ouvrée. On attend un argument spécifique à l’ouverture du dimanche.

    A moins, bien sur, qu’Askenazi ait trouvé la solution miracle aux pb de pouvoir d’achat : fermer les magasins le samedi!

  • Maintenant, je crois bien que je suis d’accord avec vous. Mais je ne le dirai pas fort, de peur que quelques protestants m’entendent.

    Rhooo… Les Protestants ne sont jamais contents, surtout quand on est d’accord avec eux ? Le troll est subtil 😛

  • « Il est vrai que Le Figaro, depuis quelque récente nomination, a pris l’habitude d’une notable complaisance. »

    J’ai également remarqué ce malheureux tournant. Ne lisant jamais les éditoriaux dans la presse, j’imagine que je ne vois pourtant pas le pire. Le raisonnement développé par cet éditorial là tombe rapidement dans le grotesque, y compris pour celui qui n’est pas particulièrement religieux. Quant au travail dominical, même si j’en suis partisan, je commence à me dire qu’il n’est pas si urgent qu’il nécessite un débat public d’un niveau aussi bas. Il y a toujours du travail à faire pour avoir un (vrai) service minimum dans les transports en commun pendant ce temps-là par exemple.

  • Bien vu Koz : les libéraux réclament la liberté pour eux seuls.
    On se souvient que la Révolution française, qui fut la révolution de la bourgeoisie, pour la bourgeoisie, s’est accompagné de l’interdiction des coalition, des manifestations et grèves. Liberté oui, mais de qui ? L’ex avocat (tient donc !) et dominicain Henri-Dominique Lacordaire le disait : « Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime, c’est la loi qui affranchit. » Le libéralisme n’aime pas ce qui l’entrave et cherche donc à s’affranchir des « corps intermédiaires », comme les syndicats, et aujourd’hui l’Église. Que la réplique vienne d’un journal de droite en dit long sur l’état d’anticléricalisme de la société.

    Ni le président, ni les députés n’ont pourtant été élus pour faire cette loi. Ils abusent de la démocratie représentative pour faire passer des lois favorables aux intérêts privés plus qu’à l’intérêt général. Ils veulent modifier le rythme de vie de la société toute entière, qu’ils fassent donc voter le peuple souverain. N’ayez pas peur messieurs, demandez donc l’avis des citoyens, organisez un débat de société et voyez ce qu’il en est. Lorsqu’on veut se jouer des corps intermédiaires, il faut avoir le courage de se soumettre à la décision du souverain.

  • @Polydamas:
    Dans l’encyclique Centesimus Annus,l’Eglise par la voix du pape en 1991, a donné son avis sur le meilleur système économique de son point de vue…

    Et c’est drôle déjà (en petite digression) il parlait de l’écologie comme enjeu majeur (article 37).

    Son sytème clé en main tout fait çà s’appelle: « la propriété privée et la destination universelle des biens ».

    http://www.vatican.va/edocs/FRA0072/__P6.HTM

    1. Il semble que, à l’intérieur de chaque pays comme dans les rapports internationaux, le marché libre soit l’instrument le plus approprié pour répartir les ressources et répondre efficacement aux besoins.

      Toutefois, cela ne vaut que pour les besoins «
      solvables», parce que l’on dispose d’un pouvoir d’achat, et pour les ressources qui sont « vendables », susceptibles d’être payées à un juste prix. Mais il y a de nombreux besoins humains qui ne peuvent être satisfaits par le marché. C’est un strict devoir de justice et de vérité de faire en sorte que les besoins humains fondamentaux ne restent pas insatisfaits et que ne périssent pas les hommes qui souffrent de ces carences. En outre, il faut que ces hommes dans le besoin soient aidés à acquérir des connaissances, à entrer dans les réseaux de relations, à développer leurs aptitudes pour mettre en valeur leurs capacités et leurs ressources personnelles. Avant même la logique des échanges à parité et des formes de la justice qui les régissent, il y a un certain dû à l’homme parce qu’il est homme, en raison de son éminente dignité. Ce dû comporte inséparablement la possibilité de survivre et celle d’apporter une contribution active au bien commun de l’humanité.

    Les objectifs énoncés par Rerum novarum pour éviter de ramener le travail de l’homme et l’homme lui-même au rang d’une simple marchandise gardent toute leur valeur dans le contexte du Tiers-Monde, et, dans certains cas, ils restent encore un but à atteindre : un salaire suffisant pour faire vivre la famille, des assurances sociales pour la vieillesse et le chômage, une réglementation convenable des conditions de travail.

    1. Tout cela constitue un champ d’action vaste et fécond pour l’engagement et les luttes, au nom de la justice, des syndicats et des autres organisations de travailleurs qui défendent les droits de ces derniers et protègent leur dignité, alors qu’ils remplissent en même temps une fonction essentielle d’ordre culturel, en vue de les faire participer de plein droit et honorablement à la vie de la nation et de les aider à progresser sur la voie de leur développement.

    Dans ce sens, on peut parler à juste titre de lutte contre un système économique entendu comme méthode pour assurer la primauté absolue du capital, de la propriété des instruments de production et de la terre sur la liberté et la dignité du travail de l’homme . En luttant contre ce système, on ne peut lui opposer, comme modèle de substitution, le système socialiste, qui se trouve être en fait un capitalisme d’Etat, mais on peut opposer une société du travail libre, de l’entreprise et de la participation. Elle ne s’oppose pas au marché, mais demande qu’il soit dûment contrôlé par les forces sociales et par l’Etat, de manière à garantir la satisfaction des besoins fondamentaux de toute la société.

    L’Eglise reconnaît le rôle pertinent du profit comme indicateur du bon fonctionnement de l’entreprise. Quand une entreprise génère du profit, cela signifie que les facteurs productifs ont été dûment utilisés et les besoins humains correspondants convenablement satisfaits. Cependant, le profit n’est pas le seul indicateur de l’état de l’entreprise. Il peut arriver que les comptes économiques soient satisfaisants et qu’en même temps les hommes qui constituent le patrimoine le plus précieux de l’entreprise soient humiliés et offensés dans leur dignité. Non seulement cela est moralement inadmissible, mais cela ne peut pas ne pas entraîner par la suite des conséquences négatives même pour l’efficacité économique de l’entreprise. En effet, le but de l’entreprise n’est pas uniquement la production du profit, mais l’existence même de l’entreprise comme communauté de personnes qui, de différentes manières, recherchent la satisfaction de leurs besoins fondamentaux et qui constituent un groupe particulier au service de la société tout entière. Le profit est un régulateur dans la vie de l’établissement mais il n’en est pas le seul ; il faut y ajouter la prise en compte d’autres facteurs humains et moraux qui, à long terme, sont au moins aussi essentiels pour la vie de l’entreprise.

    On a vu que l’on ne peut accepter l’affirmation selon laquelle la défaite du « socialisme réel », comme on l’appelle, fait place au seul modèle capitaliste d’organisation économique. Il faut rompre les barrières et les monopoles qui maintiennent de nombreux peuples en marge du développement, assurer à tous les individus et à toutes les nations les conditions élémentaires qui permettent de participer au développement. Cet objectif requiert des efforts concertés et responsables de la part de toute la communauté internationale. Il convient que les pays les plus puissants sachent donner aux plus pauvres des possibilités d’insertion dans la vie internationale et que les pays les plus démunis sachent saisir ces possibilités, en consentant les efforts et les sacrifices nécessaires, en assurant la stabilité de leur organisation politique et de leur économie, la sûreté dans leurs perspectives d’avenir, l’augmentation du niveau des compétences de leurs travailleurs, la formation de dirigeants d’entreprises efficaces et conscients de leurs responsabilités.

    Actuellement, sur les efforts constructifs qui sont accomplis dans ce domaine pèse le problème de la dette extérieure des pays les plus pauvres, problème encore en grande partie non résolu. Le principe que les dettes doivent être payées est assurément juste ; mais il n’est pas licite de demander et d’exiger un paiement quand cela reviendrait à imposer en fait des choix politiques de nature à pousser à la faim et au désespoir des populations entières. On ne saurait prétendre au paiement des dettes contractées si c’est au prix de sacrifices insupportables. Dans ces cas, il est nécessaire — comme du reste cela est entrain d’être partiellement fait — de trouver des modalités d’allégement, de report ou même d’extinction de la dette, compatibles avec le droit fondamental des peuples à leur subsistance et à leur progrès.

    1. Il convient maintenant d’attirer l’attention sur les problèmes spécifiques et sur les menaces qui surgissent à l’intérieur des économies les plus avancées et qui sont liés à leurs caractéristiques particulières. Dans les étapes antérieures du développement, l’homme a toujours vécu sous l’emprise de la nécessité. Ses besoins étaient réduits, définis en quelque sorte par les seules structures objectives de sa constitution physique, et l’activité économique était conçue pour les satisfaire. Il est clair qu’aujourd’hui, le problème n’est pas seulement de lui offrir une quantité suffisante de biens, mais de répondre à une demande de qualité : qualité des marchandises à produire et à consommer ; qualité des services dont on doit disposer ; qualité du milieu et de la vie en général.

    La demande d’une existence plus satisfaisante qualitativement et plus riche est en soi légitime. Mais on ne peut que mettre l’accent sur les responsabilités nouvelles et sur les dangers liés à cette étape de l’histoire. Dans la manière dont surgissent les besoins nouveaux et dont ils sont définis, intervient toujours une conception plus ou moins juste de l’homme et de son véritable bien. Dans les choix de la production et de la consommation, se manifeste une culture déterminée qui présente une conception d’ensemble de la vie. C’est là qu’apparaît le phénomène de la consommation. Quand on définit de nouveaux besoins et de nouvelles méthodes pour les satisfaire, il est nécessaire qu’on s’inspire d’une image intégrale de l’homme qui respecte toutes les dimensions de son être et subordonne les dimensions physiques et instinctives aux dimensions intérieures et spirituelles. Au contraire, si l’on se réfère directement à ses instincts et si l’on fait abstraction d’une façon ou de l’autre de sa réalité personnelle, consciente et libre, cela peut entraîner des habitudes de consommation et des styles de vie objectivement illégitimes, et souvent préjudiciables à sa santé physique et spirituelle. Le système économique ne comporte pas dans son propre cadre des critères qui permettent de distinguer correctement les formes nouvelles et les plus élevées de satisfaction des besoins humains et les besoins nouveaux induits qui empêchent la personnalité de parvenir à sa maturité. La nécessité et l’urgence apparaissent donc d’un vaste travail éducatif et culturel qui comprenne l’éducation des consommateurs à un usage responsable de leur pouvoir de choisir, la formation d’un sens aigu des responsabilités chez les producteurs, et surtout chez les professionnels des moyens de communication sociale, sans compter l’intervention nécessaire des pouvoirs publics.

    La drogue constitue un cas évident de consommation artificielle, préjudiciable à la santé et à la dignité de l’homme, et, certes, difficile à contrôler. Sa diffusion est le signe d’un grave dysfonctionnement du système social qui suppose une « lecture » matérialiste et, en un sens, destructrice des besoins humains. Ainsi, les capacités d’innovation de l’économie libérale finissent par être mises en oeuvre de manière unilatérale et inappropriée. La drogue, et de même la pornographie et d’autres formes de consommation, exploitant la fragilité des faibles, cherchent à remplir le vide spirituel qui s’est produit.

    Il n’est pas mauvais de vouloir vivre mieux, mais ce qui est mauvais, c’est le style de vie qui prétend être meilleur quand il est orienté vers l’avoir et non vers l’être, et quand on veut avoir plus, non pour être plus mais pour consommer l’existence avec une jouissance qui est à elle-même sa fin . Il est donc nécessaire de s’employer à modeler un style de vie dans lequel les éléments qui déterminent les choix de consommation, d’épargne et d’investissement soient la recherche du vrai, du beau et du bon, ainsi que la communion avec les autres hommes pour une croissance commune. A ce propos, je ne puis m’en tenir à un rappel du devoir de la charité, c’est-à-dire du devoir de donner de son « superflu » et aussi parfois de son « nécessaire » pour subvenir à la vie du pauvre. Je pense au fait que même le choix d’investir en un lieu plutôt que dans un autre, dans un secteur de production plutôt qu’en un autre, est toujours un choix moral et culturel. Une fois réunies certaines conditions nécessaires dans les domaines de l’économie et de la stabilité politique, la décision d’investir, c’est-à-dire d’offrir à un peuple l’occasion de mettre en valeur son travail, est conditionnée également par une attitude de sympathie et par la confiance en la Providence qui révèlent la qualité humaine de celui qui prend la décision.

  • @Liberal, là c’est vous qui faites une faute de logique :
    Ouverture plus importante => hausse de prix
    n’est pas équivalent à
    ouverture moins importante => baisse des prix.
    Je m’attriste que pour tacler un adversaire idéologique qu’une personne de votre culture face cette erreur au combien courante.

  • Si on pouvait m’éclairer sur  » les notables complaisances  » du Figaro depuis une certaine nomination ? ( ce n’est pas ironique, je ne sais pas de quoi et de qui il est question… )

    Sur le fond, que les représentants de l’Eglise Catholique viennent donner leur avis sur un projet de loi visant à autoriser l’ouverture des magasins le dimanche, ma première réaction est  » pourquoi ne devraient-ils pas le donner ? « 

    Selon l’éditorialiste du Figaro, parce qu’il s’agit là d’une organisation de la vie sociale qui dépend du libre-arbitre de chacun et que l’Eglise vient peser pour que cette liberté ( selon elle destructrice de vie collective ) ne l’emporte pas sur le repos dominical qui organise le rythme des sociétés imprégnées par le christianisme, sans argument proprement religieux.

    Je n’ai pas lu le discours de Mgr Vingt-Trois, son argumentation n’est-elle que  » sociale  » visant à montrer les dangers pour tous ( ce qui gomme le côté religieux-chrétien-catholique de la réflexion ) qu’il y a à éparpiller le temps commun de liberté à faire autre chose que travailler ?

    Si c’est le cas, j’en déduis une certaine hypocrisie, car je ne crois pas une seconde que l’Eglise Catholique accepterait sans broncher que le repos hebdomadaire obligatoire passe par exemple du dimanche au vendredi ou au samedi.

    Soucieuse du bien commun soit, mais soucieuse de sa place institutionnelle et de son influence, et il n’y a rien de criticable là dedans quand c’est clair…

    Pourquoi quand on est catholique, ne pas rappeler d’abord la force symbolique et religieuse du dimanche et ensuite les éventuelles conséquences néfastes du travail dominical ?

    Paradoxalement, moi qui ne suis pas de cette Eglise, c’est sur le symbolique que je lui reconnais un rôle essentiel, pour l’implication dans la vie ordinaire, elle a de la concurrence.

    Sa véritable influence n’est pas de peser sur des lois mais d’amener l’Homme à réflechir, à s’interroger, à s’extraire du matériel, à s’élever spirituellement.

    Pour s’élever spirituellement il ne faut pas crever de faim ni de peur, il y a donc une place naturelle de l’Eglise à côté de ceux qui peinent à survivre mais c’est un peu comme l’éducation des enfants, le but n’est pas de les conditionner mais de développer leur capacité à réfléchir.

  • egdltp,

    L’argument est recevable, mais il faudra alors expliquer pourquoi l’ouverture 6 jours sur 7 de 10h à 22h est justement l’optimal en terme de coûts.

    Dit autrement, si Askenazy avait présenté des arguments expliquant que passer de 6 à 7 jours d’ouverture augmentait les coûts (il ne l’a pas fait, il a essentiellement parlé de l’ouverture la nuit), il aurait fallu qu’il explique pourquoi ces mêmes arguments ne démontrent pas que passer de 5 à 6 jours augmente les coûts.

    Mon opinion est que ce qui coûte cher, c’est la disparité des affluences. Un magasin qui est dimensionné pour servir 1000 clients à l’heure aura une structure de coût inadaptée à une heure où ne passent que 25 clients. C’est pour ça qu’ouvrir la nuit est inefficace (c’est l’argument d’Askenazy). C’est aussi pour ça qu’ouvrir le dimanche est efficace, car ça désengorge le samedi qui est le jour de pic d’activité. Ouvrir la nuit renforce la disparité des affluences en élargissant les creux; ouvrir le dimanche réduit la disparité des affluences en rabotant le principal pic.

    Pour finir, je suis surpris que vous montriez moins d’exigence dans la rigueur du raisonnement envers une chronique publiée par Le Monde qu’envers un commentaire de 5 lignes d’un billet sur un blog (même si c’est koztoujours). Je n’imagine pas qu’une telle disparité de traitement puisse provenir d’un quelconque biais idéologique 🙂

  • Franc belge a écrit:

    Rhooo… Les Protestants ne sont jamais contents, surtout quand on est d’accord avec eux ? Le troll est subtil

    Disons que les quelques protestants que je connaissais avant d’ouvrir mon blog, ça allait. Mais depuis, quand je parle des chrétiens, et même s’ils n’ont pas de divergence sur le sujet abordé, ils tiquent. J’ai pris peur, du coup.

    fdo a écrit:

    Ni le président, ni les députés n’ont pourtant été élus pour faire cette loi. Ils abusent de la démocratie représentative pour faire passer des lois favorables aux intérêts privés plus qu’à l’intérêt général.

    Je ne te suis pas complètement sur ce coup-là. Je ne suis pas certain qu’ils le fassent pour les intérêts privés. J’ai davantage le sentiment qu’ils essaient d’employer toutes les manettes, en espérant que la conjonction des actions finira par avoir un effet significatif, le tout mâtiné d’un peu de : « mais au nom de quoi, je vous prie, pourrait-on interdire à quelqu’un qui veut travailler de le faire ?« 

    Ce que je trouve un peu désespérant, c’est que l’on en vienne à actionner ce volet. C’est certain, si on accroît les plages de temps travaillé, on a des chances d’augmenter la production. Il reste certainement la possibilité de libéraliser le travail de nuit, et puis supprimer les articles L3132-1 et suivants du Code du travail qui prévoient un repos hebdomadaire, parce que, là aussi, c’est une question de liberté individuelle. Pourquoi impose-t-on aux salariés de se faire chier chez eux une journée par semaine, s’ils ont envie de bosser ?

    carredas a écrit:

    Si on pouvait m’éclairer sur ” les notables complaisances ” du Figaro depuis une certaine nomination ? ( ce n’est pas ironique, je ne sais pas de quoi et de qui il est question… )

    Disons que, depuis qu’Etienne Mougeotte a remplacé Nicolas Beytout, Le Figaro développe une tendance à passer du journal d’opinion au journal partisan. Le pire étant bien entendu les editos d’Etienne Mougeotte, qui sont souvent d’une grande pauvreté et d’un défaut de nuances certain. Au final, je trouve cela tout à fait contreproductif.

    carredas a écrit:

    Je n’ai pas lu le discours de Mgr Vingt-Trois, son argumentation n’est-elle que ” sociale ” visant à montrer les dangers pour tous ( ce qui gomme le côté religieux-chrétien-catholique de la réflexion ) qu’il y a à éparpiller le temps commun de liberté à faire autre chose que travailler ?

    Si c’est le cas, j’en déduis une certaine hypocrisie, car je ne crois pas une seconde que l’Eglise Catholique accepterait sans broncher que le repos hebdomadaire obligatoire passe par exemple du dimanche au vendredi ou au samedi.

    Non, son discours n’est pas que « sociale ». Le discours de Monseigneur Vingt-Trois est disponible ici. Il concerne aussi bien d’autres sujet, mais son développement sur le travail dominical (pour autant qu’il soit possible de l’isoler des considérations précédentes) est le suivant :

    La gestion sociale du temps est confrontée elle aussi aux limites humaines. Les projets de dérogations nombreuses et légales au repos dominical s’inscrivent dans la perspective des mutations de notre société vers une norme du rendement maximum sans mesurer assez les coûts humains des changements envisagés. Nous n’oublions pas que déjà un nombre importants de nos concitoyens sont astreints au travail dominical, notamment dans certains services publics. Mais précisément, il s’agit d’une astreinte en faveur du service de tous. Etendre cette astreinte par une possibilité laissée au « libre choix » se réfère à un autre mobile : développer le rendement d’un certain nombre de secteurs d’activités économiques et miser sur l’appât du gain pour convaincre. Gagner plus doit-il devenir le principal objectif de l’existence ?

    Que les chrétiens ne soient pas favorables à une extension du travail le dimanche ne surprendra personne. Pour eux, le Jour du Seigneur n’est pas un jour férié comme les autres. C’est le Jour de la Résurrection qu’ils célèbrent dans la joie et la fraternité. Cette obligation du repos dominical suppose de renoncer à d’autres activités, fussent-elles très rémunératrices. Le dimanche est aussi le jour d’une vie familiale plus intense et plus riche. Comment peut-on souhaiter que le tissu familial soit plus riche et plus structurant pour la vie sociale, si chacun des membres de la famille est retenu ailleurs par son travail ? Est-il normal que pour gagner honnêtement sa vie on soit invité à renoncer à la qualité de la vie ? Si des dispositions législatives généralisaient le champ du travail dominical, les dommages humains et sociaux qui en découleraient seraient sans commune mesure avec le profit économique qui peut en résulter. Ce serait une mesure supplémentaire dans la déstructuration de notre vie collective qui ne toucherait pas seulement les chrétiens.

    Le refus du travail dominical ne s’appuie pas, pour l’Eglise, que sur des motifs purement religieux mais bien humains et sociaux.

  • « Le problème, c’est que le sujet du travail dominical n’est pas une question de rendement maximal, de gain optimal, ou d’un néostakhanovisme, voire d’une société rongée par le matérialisme. Non, cette question, c’est justement celle qui constitue le fil rouge des Écritures, c’est celle de l’homme et de sa liberté. »

    (….) Il s’agit de permettre à ceux qui veulent profiter de telle situation géographique ou de telle opportunité sectorielle, de créer plus d’activité, donc plus d’emplois, et in fine plus de richesse pour la collectivité. »

    N’y aurait il pas contradiction entre ces 2 extraits du Figaro qui pourtant se suivent de pres ?

  • Blogblog a écrit:

    Dans l’encyclique Centesimus Annus,l’Eglise par la voix du pape en 1991, a donné son avis sur le meilleur système économique de son point de vue…

    Je me dois de faire amende honorable et de citer ton commentaire, puisque, malheureusement, il était retenu en liste de modération…

    N’y aurait il pas contradiction entre ces 2 extraits du Figaro qui pourtant se suivent de pres ?

    Il est certain que la cohérence du propos ne sauter pas aux yeux.

  • Pour ce qui est des évêques, je dirais qu’on doit pouvoir critiquer leur avis et leur légitimité à s’exprimer sur des sujets dont ils ne connaissent vraiment pas grand chose, y compris lorsque l’on est catholique (c’est mon cas). Les évêques, disons le, racontent beaucoup de conneries. Il y a un mélange d’ignorance, de bien pensance convenue très « prions en église » dans leurs propos. Mais de grâce, qu’on leur oppose des arguments et certainement pas des oukases ridicules comme le fait Kerdrel, avec une condescendance tout à fait singulière : « que le journaliste ou l’éditoraliste qui ne s’est jamais trompé leur jette la première pierre ».

    Mr. de Kerdrel a tort sur le fond du débat. Le problème du travail dominical, c’est celui du vivre-ensemble. C’est une composante de la sphère économique, qu’on le veuille ou non. Par ailleurs, le travail dominical n’entrainant qu’à la marge une augmentation du pouvoir d’achat, on voit évidemment qui en serait le seul bénéficiaire : la grande distribution.

  • Un billet très drôle Koz, pour un éditorial qui l’est beaucoup moins. Je voulais juste signaler que les semaines sociales de France tiennent leur congrès à Lyon ce week-end, et que je regrette bien de ne pouvoir y aller. Trois jours de réflexion autour du thème religions et société, avec comme outil la doctrine sociale de l’Eglise.
    C’est toujours d’un excellent niveau.

  • @Carredas: Je ne sais pas si c’est par hypocrisie ou prudence (pour ne pas se faire taper sur la gueule avec « ces cathos y font encore chier à vouloir imposer leurs convictions aux autres »), que les évêques n’invoquent pas en première raison la raison religieuse pour justifier du repos du dimanche… Mais Koz répond en partie en citant le texte de Mgr Vingt-Trois.

    Ce que je sais c’est qu’indépendamment d’eux pour avoir bossé le dimanche avec un salaire de misère, je préfère et je ne suis pas le seul, quitte à de toute façon mal gagner ma vie, me reposer le weekend (car le temps c’est de l’argent).

    Honnêtement, je comprends que certains commerces veulent être ouverts le dimanche (zones touristiques, etc), mais qu’on arrête le foutage de gueule en disant que c’est une volonté libre des gens de vouloir travailler le dimanche pour gagner plus…

    Quiconque ayant travaillé en entreprise sait très bien le rapport de force qui existe entre employeur et employé, et les pressions implicites qui peuvent s’exercer pour pousser au volontariat…

    Ceux qui veulent réellement librement le travail le dimanche, sont surtout ceux qui ne seraient pas appelés à travailler ce jour là car gagnant suffisamment leur vie…
    Payez une employé de boutique plus que le SMIC (salaire courant dans la profession soit 900 euros nets/mois) et vous verrez s’il aura envie de bosser le dimanche!!

    Franchement je vous dis, quel foutage de gueule…

    Sinon pour compléter mon précédent post, (cette fois Koz je vasi essayer de t’épargner un copier coller trop touffu de l’Encyclique!Bien que si je le fais c’est parce que je me dis, et c’est pas bien hein 😉 , que la majorité des lecteurs ne cliqueront jamais sur le lien que je mets pour lire le texte et argumenter dessus),
    y a une autre encyclique assez bien vue qui parle du travail et éclaire aussi pas mal le débat!

    Décidemment comme dit un copain prêtre, le problème avec l’Eglise c’est qu’elle pond plein de bon textes mais personne ne les lit!! 😉

    L’encyclique: Laborem Exercens (1981) qui traite entre autre du rapport travail/capital et des syndicats (y sont Marxistes au Vatican? ;-))

    http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_14091981_laborem-exercens_fr.html

    « Dans le contexte actuel, il n’y a pas de manière plus importante de réaliser la justice dans les rapports entre travailleurs et employeurs que la rémunération du travail. Indépendamment du fait que le travail s’effectue dans le système de la propriété privée des moyens de production ou dans un système où cette propriété a subi une sorte de «socialisation», le rapport entre employeur (avant tout direct) et travailleur se résout sur la base du salaire, c’est-à-dire par la juste rémunération du travail accompli.

    Il faut relever aussi que la justice d’un système socio-économique, et, en tout cas, son juste fonctionnement, doivent être appréciés en définitive d’après la manière dont on rémunère équitablement le travail humain dans ce système. Sur ce point, nous en arrivons de nouveau au premier principe de tout l’ordre éthico-social, c’est-à-dire au principe de l’usage commun des biens. En tout système, indépendamment des rapports fondamentaux qui existent entre le capital et le travail, le salaire, c’est-à-dire la rémunération du travail, demeure la voie par laquelle la très grande majorité des hommes peut accéder concrètement aux biens qui sont destinés à l’usage commun, qu’il s’agisse des biens naturels ou des biens qui sont le fruit de la production. Les uns et les autres deviennent accessibles au travailleur grâce au salaire qu’il reçoit comme rémunération de son travail. Il découle de là que le juste salaire devient en chaque cas la vérification concrète de la justice de tout le système socio-économique et en tout cas de son juste fonctionnement. Ce n’en est pas l’unique vérification, mais celle-ci est particulièrement importante et elle en est, en un certain sens, la vérification clé. »

    « A côté du salaire, entrent encore ici en jeu diverses prestations sociales qui ont pour but d’assurer la vie et la santé des travailleurs et de leurs familles. Les dépenses concernant les soins de santé nécessaires, spécialement en cas d’accident du travail, exigent que le travailleur ait facilement accès à l’assistance sanitaire et cela, dans la mesure du possible, à prix réduit ou même gratuitement. Un autre secteur qui concerne les prestations est celui du droit au repos: il s’agit avant tout ici du repos hebdomadaire régulier, comprenant au moins le dimanche, et en outre d’un repos plus long, ce qu’on appelle le congé annuel, ou éventuellement le congé pris en plusieurs fois au cours de l’année en périodes plus courtes. »

    Cà a le mérite d’être assez clair non?

    Allez chui sympa, je vous file même le lien gratos vers la doctrine sociale de l’Eglise que cite Koz! Y même pas besoin d’enrichir le Vatican pour la lire et avoir une idée de ce que pense cette Eglise si archaïque! 😉

    http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/justpeace/documents/rc_pc_justpeace_doc_20060526_compendio-dott-soc_fr.html

    Alors m’sieurs dames, lisez donc et comme çà vous pourrez facilement démontrer rationnellement et de façon irréfutable que l’Eglise, elle est vraiment à l’ouest de la modernité!! 😉

    @Le Conservateur: tu avoue ton ignorance, donc tu es absout, lit donc quelques encycliques disponibles gratuitement sur le net (et que je pense que les évèques ont lues) et tu verras que finalement ce que dit l’Eglise est assez sensé!! 😉

  • Koz a écrit:

    C’est certain, si on accroît les plages de temps travaillé, on a des chances d’augmenter la production. Il reste certainement la possibilité de libéraliser le travail de nuit, et puis supprimer les articles L3132-1 et suivants du Code du travail qui prévoient un repos hebdomadaire, parce que, là aussi, c’est une question de liberté individuelle. Pourquoi impose-t-on aux salariés de se faire chier chez eux une journée par semaine, s’ils ont envie de bosser ?

    Tu vois, tu y viens ;o))

    Le jour de repos n’a pas eu besoin de loi pour exister dans les faits, et ceux qui s’abstiennent de se reposer ce jour-là ne se sont pas non plus pliés pour autant à la loi depuis lors.

    Bon, pluus sérieusement, je ne comprends pas en quoi cette « liberté individuelle » presque dépeinte comme un comportement égoïste, serait contradictoire avec une certaine harmonie sociale.

    Comme le dit Econoclaste, un quart des Français travaillent déjà le dimanche (alimentaire, culturel, …). Leur(s) jour(s) de congé tombent un autre jour de la semaine. Sont-ils des exclus sociaux pour autant ?

    La vie sociale exige aussi de laisser cette flexibilité exister. Nous ne sommes pas des robots formatés pour un mode de vie unique, mais des êtres humains qui peuvent envisager de participer à la vie collective tout en travaillant ce jour-là plutôt qu’un autre. Aurions-nous tous nos « acquis sociaux », ces principes tabous que chacun de nous veut absolument imposer aux autres ?

  • Je ne suis pas vraiment surpris. J’ai été, par tradition familiale, un lecteur régulier du Figaro. Le Figaro Littéraire m’a longtemps paru un espace beaucoup plus libre que Le Monde des Livres. Sous la direction de Beytoux, j’ai même vu le journal faire des progrès en rigueur et en contenu, défendant une vision libérale du monde avec un minimum de recul, notamment par rapport au gouvernement.

    J’ai voté Sarkozy, je n’en reste pas moins scandalisé dans la façon dont le journal, depuis une certaine nomination, est devenu un médiocre support de l’agenda élyséen.

    J’ai cessé de le lire, je lui prédis l’avenir de Jours de France.

    Bien à vous

  • @Liberal: Ton calcul de désengorgement des magasins grâce à l’ouverture du dimanche part du postulat que le flux vont s’équilibrer naturellement.
    Si on ouvre les magasins les clients du samedi se reporterons le dimanche de façon équitable, ce qui a priori semble du bon sens.
    Venant d’un libéral la croyance en la main invisible ne me surprend pas!
    Mais il semblerait que quelques éléments d’actualité mondiale récents viendrait entraver cette main!! 😉

    Je serait toi, pour « verrouiller » ton calcul de désengorgement, pratiquement parlant j’instaurerais une régulation sinon ton calcul parfait sur le papier il va un peu foirer!!
    Réguler pour un libéral, un comble non? 😉
    Et tu suggèrerais quoi pour aider la main invisible à répartir les flux de clients entre dimanche et samedi?

    Les riches le samedi les pauvres le dimanche?
    Selon la 1ère lettre du nom de famille?

    Bon si on peut pas rigoler alors!! 😉

  • Blogblog,

    C’est terrible ce besoin de tout réguler. Fais confiance aux gens. Les clients sont bien assez grands pour comprendre tous seuls qu’il est plus agréable/économique de faire ses courses quand les magasins sont moins bondés.

    En régulant, on risquerait de créer des engorgements artificiels. Imaginons par exemple qu’on force les gens à prendre leurs congés le samedi et le dimanche mais qu’on interdise aux magasins d’ouvrir le dimanche. Cette saine régulation pensée dans l’esprit du bien commun forcerait tout le monde à s’entasser dans les magasins le samedi. Avoue que ce serait ballot.

    Tout le monde sauf les riches bien sur. Ceux qui sont peu sensibles aux prix et qui achètent sur Telemarket ou Ooshop parce que le sourcoût de 20% leur déplaît moins que de se flinguer un samedi après-midi.

    Mais bon, dans ce beau pays de France, l’objectif exclusif de la régulation est de faire chier les riches (ici les patrons d’hypermarchés). Tant pis si on doit pourrir la vie des pauvres pour atteindre ce noble objectif. On ne fait pas d’omelette sans casser des oeufs. 🙂

  • Aurelien a écrit:

    Comme le dit Econoclaste, un quart des Français travaillent déjà le dimanche (alimentaire, culturel, …). Leur(s) jour(s) de congé tombent un autre jour de la semaine. Sont-ils des exclus sociaux pour autant ?

    Tu veux le leur demander ? Il ne s’agit pas d’affirmer qu’ils sont exclus de la société. En revanche, qu’ils ne puissent partir en week-end avec leur conjoint qui, lui, ne travaille pas le dimanche mais travaille un autre jour, qu’ils ne puissent participer à certaines activités associatives et/ou sportives qui ont lieu le dimanche (et/ou le samedi, si on pense à la restauration), qu’ils ne voient leurs enfants qu’une journée par semaine etc. etc., oui, ça me semble assez probable (et probant).

    Certaines activités le nécessitent et c’est ainsi, il faut bien l’accepter, mais je doute fort que ce soit l’aspect qu’ils préfèrent de leur vie professionnelle (à la réserve près bien sûr qu’il y a toujours ceux qui préfèrent ne pas voir leurs enfants, et ceux qui préfèrent ne pas voir les gens, sans oublier ceux qui sont contents de ne pas voir leur conjoint).

  • On peut aussi le voir différemment, Koz.

    Il y a des gens qui ne partent quasiment jamais le week-end.

    Il y a des gens qui ne se reposent pas le week-end parce que les enfants, c’est fatigant. Il y a des gens qui ont le sentiment de ne jamais avoir un moment pour eux. Il y a des gens qui du coup passent leur dimanche à s’engueuler avec leurs enfants et/ou leur conjoint.

    Il y a des gens qui préfèrent avoir une journée de semaine au calme où ils peuvent se reposer, s’occuper d’eux, faire les multiples démarches qu’on ne peut faire qu’en semaine, et être frais et dispos pour récupérer leurs enfants à la sortie de l’école et passer avec eux une bonne fin de journée/soirée.

    Il y a des gens qui pensent que ne pas voir ses enfants de la semaine et être sur leur dos / les avoir sur le dos non-stop le week-end n’est pas équilibré. Il y a peut-être des gens qui pensent que si quelqu’un travaille le mercredi après-midi, c’est forcément qu’il préfère ne pas voir (ses) enfants.

  • Koz, je comprends fort bien que tu sois désemparé en constatant que tout le monde ne vit pas au même rythme que toi, n’a pas forcément les mêmes attentes ni les mêmes exigences. Moi-même, j’ai eu un choc lorsque je me suis rendu compte de cette cruelle vérité.

    Après les pubs et les messages préventifs pour avoir une vie saine, peut-être faudrait-il installer des hauts parleurs dans les rues pour enseigner au bon peuple comment vivre mieux. Après mangerbouger.fr, sereposerledimanche.fr ?

  • @Liberal: J’éprouve pas le besoin de tout réguler, il ne fallait pas prendre au premier degré mon propos! 😉

    Je voulais vraiment voir si tu était un vrai libéral! Effectivement ta foi en la main invisible est solidement ancrée! I’m impressed! 😉

    Moi aussi je préfère faire confiance aux gens, mais en matière de rationnalité économique j’ai remarqué que la somme des intérêts particuliers ne s’additionne pas spontanément en intérêt commun!!!

    Dans un monde idéal n’existant que dans les équations des économistes le libéralisme non régulé fonctionne sans problème.Et les gens se répartiraient de façon égale et naturelle entre le dimanche et le samedi après un temps d’adaptation!
    Mais çà c’est la théorie ou au pays de Ouioui, ou Bisounours land! 😉

    Faut quoi pour te convaincre que la main invisible et un chèque en blanc basé sur la confiance en la rationnalité des agents économiques, çà ne marche pas, sans règles du jeu pour « cadrer » les dérives?
    Un chômage à 10%? La faillite des fabricants d’automobiles en plus de milliers de milliards évaporés sur les marchés grâces aux CDS non régulés?
    Moi j’accompagne tous les jours des chômeurs en train de couler donc je dis stop! Excuse moi mais le contact du réel me vaccine d’un libéralisme idéologique!
    Je reste néanmoins adepte du marché mais tel que présenté par la doctrine sociale de l’Eglise (cf posts précédents), considérant l’homme comme plus qu’une variable d’ajustement(je n’ai pas dit que c’était ton cas)

    Quand j’écris régulé, je ne pense pas planifié je pense avec des règles pour éviter les excès dus à l’irrationnalité des agents économiques…

  • Je crains que tu ne restes dans un raisonnement bien théorique, Aurélien. Oui, bien sûr, il y a des gens qui vivent différemment et qui trouvent cela très bien. Il y en a une multitude et on pourra certainement trouver LE mec qui trouve génial de pouvoir bosser le dimanche mais aussi tous les autres jours de la semaine et un peu la nuit aussi et bordel de merde pourquoi est-ce qu’on restreint sa liberté.

    Mais (i) des personnes qui bossent dans la restauration et que cela gonfle particulièrement, même s’ils aiment leur métier, de ne jamais pouvoir participer à un WE entre amis, j’en connais personnellement et (ii) il faut bien sûr respecter la liberté de chacun mais il serait un peu hypocrite de nier qu’il est préférable de disposer de temps pour la vie en famille. Je veux bien considérer que la caissière de Tara (cf. l’autre billet sur le sujet) a le droit de trouver formidable que son mari et elle se relaient pour être présents auprès des enfants une journée par semaine seuls, et de ne voir son conjoint qu’une seule journée entière. Mais je considère aussi qu’il n’y a pas lieu de bouleverser la société pour favoriser ces comportements qui, au demeurant, ne seront pas tous choisis.

  • Je ne vois pas ce qu’il y a de théorique à parler de la vie de Français qui se reposent seuls, ou en famille lorsqu’ils ne sont pas célibataires et/ou qu’ils ont des enfants, un autre jour que dimanche. Nous en connaissons tous.

    Certains d’entre eux se plaignent de leur condition de la même manièque que ceux qui se reposent le dimanche le font pour la fermeture inappropriée des commerces. Ces gens-là n’ont rien de « théorique ». Leur vie et leurs préoccupations sont bien réelles. C’est trop facile de les écarter d’un revers de la main.

  • Tu connais vraiment beaucoup de français qui se reposent en famille (ie parents + enfants) un autre jour que le dimanche ? Si oui, je crains que ton entourage soit guère représentatif. Quelle heureuse conjonction, en effet, que les deux parents aient leur jour de congé hebdomadaire le mercredi…

  • Effectivement, je connais davantage de célibataires que de couples dans ce cas. Mais pourquoi ne veux-tu considérer que les familles couple+enfant dans ce scénario ?

  • Liberal a écrit:

    Pour finir, je suis surpris que vous montriez moins d’exigence dans la rigueur du raisonnement envers une chronique publiée par Le Monde qu’envers un commentaire de 5 lignes d’un billet sur un blog (même si c’est koztoujours). Je n’imagine pas qu’une telle disparité de traitement puisse provenir d’un quelconque biais idéologique

    Cette exigence est bien naturelle. Elle est due à un phénomène bien connu: l’élévation des attentes du client satisfait. Autrement dit, si vous vous faites ainsi corriger, c’est en raison de la haute tenue de ce blog et des contributions que vous y faites. Vos lecteurs attendent de vous un niveau constant ou en hausse, et aucune approximation n’échappera à leur vigilance 😉

    Taquinerie mise à part, j’ai moi aussi trouvé l’argumentation de Philippe Askenazy un peu courte. « Les études nord-américaines sont unanimes », dit-il, mais sans les citer ni donner une idée de leur nombre. J’ai cherché le secours de Google, mais ce que j’ai trouvé ne relève pas de la vulgarisation, et je dois avouer que je n’y comprends goutte.

  • @ Libéral

    Il y a quand même des effets de système. L’alternative n’est pas seulement voir mes enfants ou bosser.

    Koz a raison de dire qu’il y a encore quelques familles avec père et mère et qu’il est sans doute souhaitable qu’ils aient au moins un jour libre en commun.

    Mais il n’y a pas que la famille. Essayez donc d’organiser les répétitions d’un orchestre d’amateurs, le calendrier des rencontres amicales du club de foot, les réunions de l’association d’entraide du quartier. Pour faire société, il faut préserver un petit bout de l’agenda.

    Combien, personne ne sait, mais un jour par semaine, est-ce vraiment trop ?

    Hors vous le savez aussi bien que moi, généraliser la possibilité de travailler le dimanche ce sera pour beaucoup l’obligation de travailler le dimanche.

    Eh puis oui, il y a une dimension symbolique, l’activité économique n’est pas le tout d’une société humaine. Sacrifier cette dimension pour un bénéfice économique au mieux très mince, cela voudrait dire quelque chose…

    Bien à vous.

  • Blogblog,

    Je veux bien rigoler mais là c’est toi qui invoque la théorie alors que je ne te parle que de pratique. Tu es le seul à parler de main invisible, de somme d’intérêts particuliers, allant jusqu’à expliquer que si l’industrie automobile est en crise, c’est parce qu’elle est dérégulée. Moi je ne te parle que de pratique : si tu forces tout le monde à faire ses courses le samedi, faut pas t’étonner que les magasins soient bondés.

    Koz,

    Je reconnais que quelqu’un qui bosse le dimanche ET le samedi va sans doute avoir du mal à mener une vie familiale équilibrée. Peut être qu’autoriser l’ouverture le dimanche en interdisant qu’un salarié puisse travailler à la fois le samedi et le dimanche serait un compromis acceptable pour tout le monde.

    Gwynfrid,

    Je n’osais envisager cette hypothèse, merci de l’avoir fait pour moi 🙂

    Aristote,

    On n’est pas en train de parler de faire travailler tout le monde le dimanche. On parle d’autoriser le commerce de détail qui doit employer au grand max 2% de la population à ouvrir le dimanche.

    Tous,

    En fait, ce qui me chiffonne dans ce débat, c’est la différence de traitement entre ouverture des magasins le dimanche et ouverture des usines la nuit. Je peux me tromper, mais il me semble que travailler la nuit est beaucoup plus destructurant que travailler le dimanche. Pourtant, personne ne semble n’avoir rien à secouer des gens qui bossent la nuit alors que le travail dominical fait l’objet d’un combat farouche.

    J’y vois deux explications principales. La première est religieuse. La deuxième est quasi-philosophique : en France, l’industrie c’est bien et le commerce c’est mal. Un job sur une chaîne d’emboutissage par 110dB et 40°C c’est un emploi, livrer une pizza c’est un petit boulot.

  • « Une doctrine sociale qui défrise à gauche quand il s’agit d’avortement, qui défrise à droite quand il s’agit d’immigration tant certains peinent à accepter qu’elle constitue un ensemble cohérent de foi en l’Homme et en sa dignité. »

    Très joliment dit. Voilà qui résume en bonne partie pourquoi j’ai le plus grand respect pour le catholicisme (et, j’ajouterais, pour le communisme… histoire de ne pas partir sans en faire hurler quelques uns…), voilà aussi pourquoi la parole des évêques, comme plus largement celle de la « société civile », doit être écoutée.

    @Polymadas
    « Les évêques prennent la parole quand bon leur semble, parfois à raison, comme lors du Téléthon, parfois moins, comme sur les clandestins (ce n’est pas inhumain que de ramener quelqu’un chez lui) « 

    C’est marrant, moi j’aurais dit exactement l’inverse. Le téléthon est une énorme arnaque auto-satisfaisante. Les évèques, comme les sportifs, et autres vedettes, y sont les dindons de la farce. Sur les clandestins, au contraire, je trouve salutaire que certains empêcheurs de persécuter en rond (en dehors des organisations de défense des droits de l’homme plus classiques, inaudibles pour certains car supposées à gauche, allez comprendre pourquoi les droits de l’homme sont « de gauche ») rappellent quelques principes élémentaires.
    Polymadas, examinez des cas concrets, des familles décomposées, des gens sans histoire expulsés sans raison, la maltraitance et les suicides en centre de rétention, des gens dont la vie se décide derrière un petite porte au fond du couloir d’une administration et qui n’ont accès ni à un téléphone ni évidemment à un avocat. Tout çà pour que, le nombre d’expulsés soit supérieur à celui de l’année précédente, et pour prouver à l’électorat le plus (extrême-)droitier que Sarkozy tient promesse.
    Si après tout çà, vous continuer à parler de « ramener quelqu’un chez lui »… j’espère que vous ne ramenez pas trop souvent vos invités chez eux après le thé.
    D’ailleurs, vous êtes vous avisé que pour beaucoup d’expulsés, « chez eux » c’est la France?

    Je ne cherche pas à déplacer le débat vers une (ici, vaine) discussion du bien fondé de l’expulsion. Je demande juste qu’un chat soit appelé un chat. Je salue les évêques car c’est ce qu’ils font.

    Apparté en lien avec de précédentes discussions : la France continue sa guérilla contre le gouvernement rwandais, notre diplomatie est décidemment indécrottable…

    « Manifestations de masse au Rwanda contre l’arrestation de Rose Kabuye
    http://fr.news.yahoo.com/3/20081119/twl-rwanda-allemagne-france-justice-kabu-1be00ca.html

    Des dizaines de milliers d’hommes et de femmes, jeunes pour la plupart, ont manifesté mercredi à travers tout le Rwanda contre l’arrestation en Allemagne et le transfert en France de Rose Kabuye,

    A Kigali, la capitale, les manifestants se sont rassemblés devant l’ambassade d’Allemagne et les locaux de la radio allemande Deutsche Welle. Ils brandissaient des pancartes où l’on pouvait lire « Pourquoi l’Allemagne livre-t-elle les guerres sales de la France? » […]

    « En tant que rescapée, je suis ici pour soutenir ma libératrice », confiait dans la foule Marie-Claire Kaycesi, 29 ans. Rose Kabuye faisait partie du mouvement rebelle qui a renversé les extrémistes hutus ayant perpétré le génocide de 1994. […] »

    En tant que soutien des extrémistes hutus ayant perpétré le génocide de 1994, la France est ici pour quoi?

  • J’en vois une troisième, Liberal : nous n’en sommes pas à instaurer le travail de nuit, qui existe depuis belle lurette, alors que nous en sommes à instaurer le travail dominical. Cela ne génère nécessairement pas la même mobilisation.

    Mais c’est effectivement une suggestion que l’on peut examiner, Liberal. 😉

    Liberal a écrit:

    On parle d’autoriser le commerce de détail qui doit employer au grand max 2% de la population à ouvrir le dimanche.

    Et l’on parlait, aussi, d’ouvrir les crèches, pour pouvoir accueillir les enfants de ceux qui travailleront le dimanche. Quoi de plus normal ?

    Liberal a écrit:

    Peut être qu’autoriser l’ouverture le dimanche en interdisant qu’un salarié puisse travailler à la fois le samedi et le dimanche serait un compromis acceptable pour tout le monde.

    On peut en discuter, faut que je vois ça avec les camarades syndiqués. Mais je crains que les libéraux ne nous tombent sur le râble : pourquoi interdire de travailler aussi le samedi ? Pourquoi un jour de repos hebdomadaire ?

  • Tiens, je viens de proposer cet article à Rue89. Je serais curieux de voir les lecteurs résoudre l’équation consistant à donner tort à Kerdrel et à Sarko, sans donner raison à l’Infâme.

  • Je ne partage pas l’avis de koz sur l’ouverture dominicale des magasins, qui est économiquement rentable pour les raisons évoquées par Libéral (dés engorgement du samedi qui permet d’améliorer la productivité du capital et celle du travail)

    Ceci dit, l’article incriminé est effectivement du grand n’importe quoi
    J’attends des évêques qu’ils parlent à temps et surtout à contretemps
    S’il faut rendre à Dieu ce qui est à Dieu, n’est ce pas justement le dimanche, jour du Seigneur?

    Pour finir, je me permets de signaler sur la parabole des talents une interprétation assez différente de celle de Kerdrel
    http://verel.typepad.fr/verel/2008/02/entre-dans-la-j.html

  • Moi, la parabole des talents, j’ai souvenir que le maître attendait de ses serviteurs qu’ils lui rendent des talents à proportion de ce qu’ils avaient reçu. Que donc il n’était pas plus pas moins satisfait de celui qui en rapportait cinq pour cinq que de celui qui en rapportait dix pour dix.

    (J’ai bon ?)

    M’est avis que si Yves de Kerdrel avait travaillé chez ce maître (et à supposer qu’il l’ait embauché), celui-ci n’aurait pas pris le risque de lui confier le moindre talent.

  • Tu as sans doute raison sur la 3e explication. Mais elle est très déprimante quant au degré de conservatisme qu’elle suggère dans la société française. Finalement, qu’une chose soit bonne ou mauvaise, il n’y a que le changement contre lequel on arrive à se mobiliser…

    Pour le reste, je trouves que tu exagères quand tu utilises l’argument de la pente savonneuse.

  • @Liberal: On est d’accord moi aussi je parle de pratique! Simplement comme je ne vois pas comment pratiquement les clients vont s’autorépartir entre le samedi et le dimanche, et désengorger les magasins, je me disais que tu faisais confiance à une mystérieuse main invisible du marché (sauf à supposer que 50% se faisait chier le samedi et demandaient qu’à y aller le dimanche, et cela partout, c’est statistiquement possible bien que la probabilité statistique soit faible!
    Mais comme tu as l’esprit plus pratique que moi, tu vas m’expliquer comment pratiquement çà va se mettre en place tout seul et je vais t’écouter… Et je suis rassuré tu n’es pas libéral idéologique fanatique de la main invisible!Ouf!

    Au fait je vois pas qui force les gens à faire leur courses le samedi, ils n’ont pas le choix à l’heure actuelle de travailler le samedi et prendre un jour de repos en plus du dimanche pour faire leur courses ce jour là? On les force à bosser en semaine?

    Sinon pour l’industrie automobile c’est simple tu me relis (ok j’ai fait un raccourci)!
    Crise des CDS, entrainant l’asséchement des crédits interbancaires, les difficultés de financement des BFR des Big 3 Us auprès des banques pour payer fournisseurs/salaires/financer concessionnaires, risques graves de faillite! C’est plus clair? 😉

    Enfin pour le commerce petite précision chiffrée: en 2007 çà concernait chiffre INSEE 1 663 000 salariés pour 22 300 000 salariés soit 7,5% de la population active.
    Je ramène pas à la population tout cours car c’est plus parlant, çà veut dire que çà concernerait quasiment 1 personne sur 10 qui travaille çà n’est pas rien!!

  • Blogblog a écrit:

    @Liberal: On est d’accord moi aussi je parle de pratique! Simplement comme je ne vois pas comment pratiquement les clients vont s’autorépartir entre le samedi et le dimanche, et désengorger les magasins, je me disais que tu faisais confiance à une mystérieuse main invisible du marché…

    Pas besoin de main invisible pour pousser les clients dans le dos. Il suffit d’imaginer un magasin qui commence juste à ouvrir le dimanche. Au départ, il est vide. Parmi les clients qui font la queue le samedi, un certain nombre (pas forcément 50%) sont libres le dimanche et en profitent pour faire leurs courses plus tranquillement et plus rapidement. L’engorgement du samedi se réduit d’autant.

    On peut aussi regarder comment ça se passe dans les pays qui ouvrent déjà le dimanche – chez moi, par exemple, les supermarchés ouvrent 7 jours sur 7, jusqu’à 21 ou 22 heures en semaine, 18 ou 19 heures le week-end. Je ne fais jamais plus de 3 minutes de queue (y compris le samedi). Le parking n’est jamais plein à 100%. Et il n’y a jamais de bouchon pour entrer ou sortir des zones commerciales. Donc, empiriquement, ça marche. Après, on peut se poser la question de l’intérêt de la chose pour les salariés des magasins en question. Je reconnais bien volontiers que mon expérience personnelle ne recouvre que le point de vue du client.

  • Gatien,

    Sur le Téléthon, le procès du Dr Villette a montré que le Téléthon et œuvres affiliées ne cherchent pas à soigner les malades mais à les éradiquer, en les repérant le plus tôt possible et en les éliminant, dès le sein de leur mère. Belle médecine en effet.

    Polymadas, examinez des cas concrets, des familles décomposées, des gens sans histoire expulsés sans raison, la maltraitance et les suicides en centre de rétention, des gens dont la vie se décide derrière un petite porte au fond du couloir d’une administration et qui n’ont accès ni à un téléphone ni évidemment à un avocat.

    Et alors ? Évidemment que c’est dramatique pour les personnes concernées, qu’elles ne peuvent être qu’en désaccord. Mais il faut arrêter de croire que l’immigration n’a pas d’impact sur les pays d’accueil comme si des masses aussi importantes n’avaient aucune incidence sur la population. Il faudrait être bien naïf pour le croire. On ne peut pas accueillir tout le monde, on prend déjà suffisamment notre part.

    Et vous oubliez les dégâts sur les populations d’origine, comme le constate Wade plus haut. Les immigrés ne reviennent jamais ou presque.

  • @Polymadas

    « Mais il faut arrêter de croire que l’immigration n’a pas d’impact sur les pays d’accueil comme si des masses aussi importantes n’avaient aucune incidence sur la population. »

    Pas d’impact… positif ou négatif?
    Je pense que vous sous-entendez négatif. C’est un point de vue qui n’a rien d’évident. En pratique, l’immigration a un impact positif sur mon activité professionelle et sur mes relations amicales, mais ce n’est que mon exemple personnel.

    « Il faudrait être bien naïf pour le croire. On ne peut pas accueillir tout le monde, on prend déjà suffisamment notre part. »

    Comme dirait Deleuze*, « tout ça est affaire de perception », c’est pourquoi j’ai dit que la discussion serait vaine.
    Dans ma perception il n’y a juste pas « eux » et « nous ». L’idée que « on en prend suffisament notre part » m’est totalement étrangère, non seulement parceque être un pays d’immigration n’est pas un fardeau (qui construit nos routes et nos habitations depuis 50 ans?), mais surtout parceque je ne connais pas ce concept de eux/nous. Je ne vois pas du tout quel serait le correct équilibre entre le bien-être des francais de souche et le bien-être du reste de la planète.
    L’expulsion d’un grand-père chinois dont toute la famille vit en France devient « humaine » si elle augmente suffisament le pouvoir d’achat de madame Michu?

    « Et vous oubliez les dégâts sur les populations d’origine, comme le constate Wade plus haut. Les immigrés ne reviennent jamais ou presque. »

    Et enfin l’argument massue…
    On expulse les immigrés pieds et poings liés, mais vous comprenez, c’est pour leur bien. Comme ils sont trop bêtes, ils ne comprennent pas et ils résistent!

  • @Polymadas

    Merci pour le lien vers le Dr Villette. Je ne connaissais pas cette affaire, et ma critique du téléthon tient à d’autres raisons. Essentiellement, le fait que c’est une la vitrine médiatique d’un loby, qui sert essentiellement à financer quelques équipes de recherches (mais si c’est si important, pourquoi n’est-ce pas financé par le circuit normal de la recherche publique?) et surtout quelques industriels spécialistes en technologies de pointes.

    Des domaines de recherche qui ont besoin d’argent, il y en a beaucoup. Et surtout, il y en a qui ont des besoins bien mieux identifiés et des retombées d’une toute autre autre ampleur. Un exemple : le virus du sida…

    L’acharnement judiciaire contre ce pisse-froid de docteur Villette apporte un peu d’eau à mon moulin. Il s’agit bien d’un groupe de pression caché sous un argument altruiste. Quand je pense à tous les gens qui participent à çà de bonne foi…

  • L’Eglise n’a de toute manière pas vocation à plaire. La séduction est une oeuvre humaine. Un travail conjoncturel.
    Les commandements de l’Eglise sont intemporels. Ils doivent être dits et redits quand bien même l’esprit conjoncturel ne les comprend pas. Que ce soit sur la vie, l’accueil de l’autre, la prière ou autre.
    Toutes ces valeurs fondamentales peuvent être difficiles à accepter. Si difficile qu’on trouve des contre-arguments. Le droit à la vie contré par la liberté n’est-il pas un égoïsme ou un manque de responsabilité? Le droit des étrangers contré par une real-politik n’est-il pas une peur de l’autre ou la protection d’un cocon? Le repos dominical contré par un réalisme économique n’est-il pas le signe d’une société dominée par l’argent ou l’oubli que notre propre bien-être passe aussi par des temps de sagesse?
    L’Eglise a des arguments que nous n’entendons pas assez. Des journalistes parlent pour elle et c’est dommage. Un proverbe africain dit : tant que l’histoire de la chasse sera racontée par le chasseur, le lion sera toujours vaincu. Mais le lion va se réveiller !

  • Koz a écrit:

    Tiens, je viens de proposer cet article à Rue89. Je serais curieux de voir les lecteurs résoudre l’équation consistant à donner tort à Kerdrel et à Sarko, sans donner raison à l’Infâme.

    Le test n’aura pas lieu.

  • Koz a écrit:

    Amusant comme Le Figaro entend traiter cette question en y intégrant systématiquement la donne religieuse. Pour mieux décrédibiliser (eh oui, c’est malheureux) la position de ceux qui sont opposés au travail dominical ?

    Il me semble pourtant que cet article reprend assez bien les différents aspects de la question y compris la donne religieuse mais sans en faire le point essentiel…

     » pour mieux décrédibiliser la position de ceux qui sont opposés au travail dominical ? « 

    C’est un procès d’intention à peine masqué par un point d’interrogation, je ne partage pas ton analyse.

  • Du retard, dans mes visites sur ce blog à l’insu de mon plein gré mais toujours la même satisfaction. Si vous n’existiez pas Koz il faudrait vous inventer.
    J’ai beaucoup ri sur le billet du 25 novembre « le pire tout pire « , et rire est parfois la meilleure solution de peur d’être obligé d’en pleurer !
    Sur ce billet du 18 novembre, j’avoue avoir bu du petit lait et pourtant je suis favorable à la liberté de pouvoir travailler le dimanche ce qui ne veut pas forcément dire que je suis pour le travail le dimanche.
    Franchement il n’est pas seulement question de travailler ou pas le dimanche mais bien de pouvoir encore oser dire que : oui, on peut entendre sinon écouter d’autres voix s’exprimer et surtout le débat s’instaurer en omettant pas les « détails » d’une pensée fusse-t-elle inspirée par le fait religieux!
    Merci de rappeler les fondamentaux à ceux qui nous bassinent avec leur bonne conscience. Ils vont encore apprécier au Figaro…Merci pour eux et moi la catho pas toujours très catho……….

  • @Koz,

    Guillermo s’y met à son tour : http://www.radical-chic.com/?2008/11/26/877-contre-l-ouverture-des-magasins-le-dimanche. Chez lui aussi on retrouve cette (plus ou moins sourde) hostilité au commerce qui serait une activité sinon abrutissante du moins un peu déshonorante.

    @blogblog,

    Et moi qui pensais que les problèmes de l’industrie automobile étaient dus au fait que les gens n’achetaient plus leurs bagnoles… Blâmer les banques pour la crise automobile c’est un peu comme blâmer Boeing pour le 11 septembre.

    Sinon, 660000 c’est 3% de 22 millions, pas 7,5%.

  • L’épouvantail ne me fait pas assez peur.
    Je reste sur mes positions.
    Guillermo ou pas Guillermo.
    De toutes façons, la gauche ne fait que reprendre le catholicisme, en y ajoutant du marxisme, une absence totale d’éthique et un épouvantable sectarisme. Pas étonnant que de temps en temps, elle ait des faiblesses et que nous tombions d’accord.

  • Liberal : Tu as raison !
    Tu me confirmes bien le fait que tu es un vrai libéral au sens idéologique du terme, c’est-à-dire que ton adhésion à un système de pensée te fait zapper la réalité quand elle ne rentre pas dans le dogme, malgré ton intelligence supérieure…
    660 000 font bien 3% de 22 millions !

    Au fait, relis mon post (c’est simple c’est le numéro 61) « chiffres INSEE 1 663 000 salariés pour 22 300 000 salariés”, çà fait bien 7,5%! Ok je me suis trompé c’est 7.559% en fait mea culpa…

    Tu me diras tu as raison on n’est pas à un million près! 😉

    Et là, d’un coup, j’ai un commencement d’indice sur la légèreté de la manière dont les financiers imprégnés de libéralisme et d’autorégulation naturelle du marché, déconnectés de la réalité, traitent les chiffres qui impactent le réel, car fondant des analyses entraînant elles même des décisions.
    Tu démontres par ton post qu’un agent économique (que nous sommes tous) n’est pas parfaitement rationnel (il peut commettre des erreurs) ce qui fausse le marché et le rend structurellement instable au niveau macro…
    Sur l’instabilité structurelle des marchés, je te conseille un bon bouquin qui vient de sortir :

    « The Origin of Financial Crises : Central Banks, Credit Bubbles and the Efficient Market Fallacies » de George Cooper ;
    http://www.amazon.com/Origin-Financial-Crises-Central-Efficient/dp/1905641850

    Oh, le gars c’est un ignare comme moi, il a juste été analyste à la City ! 😉

    Sinon je ne vois pas le rapport avec Boeing et le 11 septembre pour la crise des constructeurs automobiles, ton intelligence est décidemment trop supérieure… 😉

    Comme tu as de bonnes notions d’économie et de gestion (enfin je suppose), tu n’ignores pas que fonction commerciale et fonction financière çà n’est pas la même chose dans une boîte!

    Une entreprise qui vend bien ou mal (fonction commerciale), est quand même tributaire des banques pour gérer sa trésorerie, qui doit couvrir son besoin en fond de roulement, constitué entre autre des liquidités à sortir pour payer salaires, factures fournisseurs et autres frais (fonction financière). Mais bon c’est de la gestion financière de base, je comprend que çà te semble du détail… 😉

    Tu as vu comme moi, que lors de leurs auditions avec le Congrès américain, les CEO des 3 majors US ont essayé de faire pression pour obtenir 25 milliards de dollars sans trop accepter de reconnaitre leurs erreurs de stratégies produits, qui si ils ne les avaient pas commises, les auraient effectivement rendu moins vulnérables à la crise financière…

    Cà ne change rien au fait que la crise à asséché le marché interbancaire et donc rendu plus difficile la couverture par GM&Co de leur BFR et a donc indirectement précipité leur chute…

    J’dis çà j’dis rien, et je m’incline devant la rationalité parfaite dont tu fais preuve dans le réfutation de ma modeste tentative, au combien scandaleuse, et outrecuidante, je le reconnais, de prendre à défaut le dogme de la tendance naturelle du marché à aller vers l’équilibre, l’harmonie, la joie, la paix universelle et la richesse pour tous, et tout çà sans que y ait besoin de l’intervention de ces sales régulateurs socialisants qui font que l’empêcher de fonctionner… 😉

  • Koz,

    Oh, je ne voulais pas en faire un épouvantail, je souhaitais seulement faire ressortir mon argument du post 53. Une grande partie de l’opposition à l’ouverture des magasins le dimanche tient à une forme d’hostilité au commerce. Si on proposait l’ouverture dominicale des salons de coiffure ou des menuiseries, tout le monde s’en foutrait. Mais le commerce, c’est mal.

    blogblog,

    My mistake, j’avais raté le 1 sur la ligne précédente. Mais pour le coup, 1,6 million de salariés de la grande distribution, ça me parait très élevé. Le chiffre intègre vraisemblablement tous les commerces de centre ville (lesquels ont déjà le droit d’ouvrir le dimanche).

    Je vais te laisser parler de théorie des marchés financiers avec ceux que ça intéresse.

    En revanche, je pense que tu te fourvoies sur les problèmes concrets des constructeurs automobiles. Leur problème n’est pas que leurs ventes augmentent ce qui entraîne un souci de financement de BFR. Il est que leurs ventes ont chuté (ce qui aurait dû baisser le BFR et soulager la tréso). Mais comme ils ont très mal anticipé ces baisses, ils se retrouvent avec des stocks colossaux qui ne valent pas grand chose. Et bien sûr, ils demandent aux banques de financer ce surstock de bagnoles invendues. Et bien sûr, les banques leur disent qu’elles ne sont pas là pour financer des pertes.

    Alors bien sûr, on peut reprocher aux banques de faire leur métier. On peut leur reprocher de sélectionner leurs risques tout en leur reprochant de ne pas les sélectionner. On peut dire que les banques ont tort parce qu’elles sont libérales/capitalistes/riches (rayer la mention inutile)

    On retrouve l’allégorie du 11 septembre. 100% des faillites d’entreprises auraient été évitées si des banques n’avaient pas refusé de financer les pertes sans limite. 100% des tours du WTC seraient encore debout si Boeing n’avait pas fabriqué des avions qui volent.

  • @Liberal:
    Où ais je écrit que 1,6 millions étaient la grande distribution? C’est l’emploi du commerce détail en France (dans le commerce de détail tu as l’alimentaire et le non alimentaire, comme les fringues par exemple).
    Je suis heureux d’apprendre que les commerces détails de centre villes non alimentaires peuvent ouvrir le dimanche, çà n’est pas le cas à Paris, sauf 7 dimanches si ma mémoire est bonne, sur autorisation de la préfecture…
    Niveau commerce de détail, je suis pas expert mais je connais un peu ses réalités, j’ai été acheteur pour la centrale nationale de Leclerc et j’ai eu également à m’occuper pendant 3 ans des chômeurs sur Paris dans le secteur du commerce de détail , boutiques et MSA…

    Où ais je écrit que le soucis du financement du BFR venait de l’augmentation des ventes des constructeurs US?
    Nulle part!
    Au passage à court terme une baisse des vente entraîne une hausse du besoin en BFR car moins de liquidités rentrent et il faut quand même payer les salaires et les fournisseurs pour le stocks produits et non vendus….
    Ensuite après effectivement çà baisse quand des mesurees de réduction de la production sont prises…
    Mais la production précède toujours (même de peu) la vente il faut donc la financer avec des lignes de crédit en attendant l’entrée de cash…

    J’ai écrit, je me re cite:
    « Tu as vu comme moi, que lors de leurs auditions avec le Congrès américain, les CEO des 3 majors US ont essayé de faire pression pour obtenir 25 milliards de dollars sans trop accepter de reconnaitre leurs erreurs de stratégies produits, qui si ils ne les avaient pas commises, les auraient effectivement rendu moins vulnérables à la crise financière…

    Cà ne change rien au fait que la crise à asséché le marché interbancaire et donc rendu plus difficile la couverture par GM&Co de leur BFR et a donc indirectement précipité leur chute… »

    Je rajoute que le Congrès US a eu raison de ne pas financer un plan de sauvetage inconditionnel sans changement de choix stratégiques, mais je mets ma main à couper au couteau qu’on aura un plan dans les prochaines semaines…

  • Koz,

    Tu as vu leur méthodologie? Ils ont demandé aux gens s’ils achèteraient plus si les magasins étaient ouverts le dimanche et les gens ont répondu non. C’est un peu court tu ne crois pas? Avec la même démarche, tu demandes aux gens s’ils sont influencés par la pub, ils répondent non et tu conclues que la pub ne sert à rien.

    blogblog,

    On essaie de déterminer la population concernée par la mesure, c’est à dire les gens qui pourront travailler demain alors qu’ils ne le peuvent pas aujourd’hui. Or, l’interdiction du travail dominical ne touche qu’une fraction de l’effectif du commerce de détail. En effet, à ma connaissance, la loi n’interdit pas d’ouvrir, elle interdit de faire travailler un employé, c’est très différent. Du coup, tous les petits magasins peuvent déjà ouvrir le dimanche si c’est le patron et/ou la patrone qui tiennent la boutique. A l’époque (pas si lointaine) où j’investissais dans la distribution spécialisée, la plupart des enseignes présentes dans les périphéries des villes avaient mis en place des statuts de gérant-mandataire non salariés pour le couple qui dirigeait chaque magasin. Du coup les petits magasins (parfois jusqu’à 500m²) peuvent déjà ouvrir le dimanche. Bref, la mesure ne concerne vraiment que les moyennes et grandes surfaces (hypers, supers, GSS…) qui sont les enseignes les plus connues mais pas forcément celles qui emploient le plus de monde.

    Pour les constructeurs automobiles, pardon de plonger dans les détails, mais je pense que leur problème de financement est tout sauf une histoire de BFR. Payer des employés, consommer des matières premières, faire tourner des usines pour fabriquer des produits dont personne ne veut, qu’on ne pourra vendre (si on y arrive) qu’au prix de remises massives lesquelles plomberont durablement le marché; ce n’est pas faire du stock, c’est faire de la perte. Réaliser quasiment du jour au lendemain qu’on est adapté pour produire des SUV alors que le marché demande des minis, ce n’est pas une difficulté de trésorerie passagère, c’est annonciateur de pertes massives et constitutif d’un risque de faillite important. Et ça ne date pas d’hier, GM a perdu 70 milliards depuis 2005. Financer les pertes, ce n’est pas le job d’un banquier, c’est celui d’un actionnaire. Si GM n’arrive pas à lever du capital, il est absurde d’essayer de trouver de la dette. Alors je comprends que les patrons des big 3 aient essayé de surfer sur la vague de l’hostilité envers les banques pour obtenir du congrès qu’il leur mette la pression, mais ce n’est pas louable pour autant.

  • Liberal a écrit:

    Ils ont demandé aux gens s’ils achèteraient plus si les magasins étaient ouverts le dimanche et les gens ont répondu non.

    Je n’ai pas le sentiment qu’ils se soient limités à cela, dans leur étude.

  • Liberal, Koz a raison, cette étude n’est pas juste un sondage. La première partie est en effet une enquête d’opinion à un moment donné, et reflète juste les perceptions de différents groupes de population par rapport à leurs intérêts dans l’affaire.

    La seconde partie est un exercice de simulation économique qui semble tout à fait sérieux, basé sur des hypothèses assez modérées, et appuyé en partie par les expériences d’autres pays. Je ne suis pas assez compétent pour juger de la méthodologie, mais l’étude me paraît crédible.

    Par contre, j’en ai une lecture différente de celle, disons, légèrement orientée, de Koz: les auteurs prédisent des effets allant de légèrement négatifs à légèrement positifs (mais seulement pour le commerce non alimentaire) en termes d’emploi, en fonction des hypothèses choisies – des effets assez faibles, en fait, pour rester dans la marge d’erreur de ce type de simulation. Ils parlent de l’impact sur le commerce lié au tourisme, et l’estiment mineur en termes macro-économiques. Ils font référence à des études étrangères qui indiquent une hausse des prix à court terme et une baisse à moyen terme. Enfin, ils prédisent, comme à peu près tout le monde, un gain de part de marché des grands commerces au détriment des petits.

    La conclusion ne se résume donc pas en un simple « c’est naze ». Je dirais plutôt: c’est plus compliqué que ce que prétendent politiciens et commentateurs (surprise!) mais économiquement, le pour et le contre s’équilibrent à peu près.

  • @Liberal : Excuses moi, mais tu réponds à côté ! 😉
    Tu parles de commerce de périphérie dans ton présent post N° 79, alors que tu invoquais l’autorisation d’ouverture des commerce de centre ville dans ton post N°76 , je veux bien débattre faut savoir de qui tu parles si tu changes à chaque fois çà deviens compliqué pour faire avancer le schmilblick !! 😉 ?
    En centre ville du moins à Paris, on ne compte plus toutes les boutiques de marques (Zara, H&M, Jules, etc) employant des salariés au SMIC (déjà essaye de vivre avec un SMIC, moi a 1400 euros nets sur Paris c’est chaud).
    Je sais de quoi je parle j’ai recruté pour nombre d’entre eux… Jusqu’à maintenant ces boutiques n’ouvrent pas le dimanche.
    Désolé mais ton argument ne tiens pas là…
    Sois dit en passant si tu as investi je suppose que tu peux te payer une certaine qualité de vie. Essaye de vivre une vie de salarié au SMIC en boutique, debout toute la journée à passer ta vie à remballer les fringues, tu te rendras compte rapidement qu’entre gagner une cinquantaine d’euros de plus par mois si on compte double le dimanche et faire le sacrifice d’un jour de repos partagé avec famille, amis, etc, le jeu n’en vaut pas forcément la chandelle.
    Tu sais je suis pas socialiste ni marxiste (l’insulte !!) j’ai pas mal de potes chefs d’entreprise, simplement y en a qui ont plus ou moins le soucis de leurs salariés.
    Alors que je constate qu’un salarié heureux est un salarié plus productif, y a quand même pas mal de chefs d’entreprises qui en sont encore au management essoreuse ou presse citron…

    Pour les bagnoles US je pense qu’on a un terrain d’entente, je suis d’accord avec toi que leurs soucis viennent d’erreurs de stratégie produit et je l’ai écrit (mais peux être me lis tu trop vite ?).
    Mon point c’est que la crises financière a été un catalyseur/révélateur de ces erreurs et du risque de faillite massive.
    Et excuse moi d’avoir le soucis des salariés (mon foutu côté socialisant), mais en quoi sont ils responsables des erreurs de leurs dirigeant ? Par contre ils ont une famille à faire vivre et des emprunts à payer… Et tant qu’ils sont payés ils peuvent vivre.
    J’y peux rien, je trouve qu’il y a une injustice là, et même çà me choque !!
    Je sais les banques n’ont pas à faire du social. Mais soyons terre à terre quand tu mets face à face les bonus astronomiques des gars gérant les CDS et le salaire d’un ouvrier, moi j’y peut rien mais je m’inquiète plus pour l’avenir de l’ouvrier…
    Et le gérants de CDS me rappellent les joueurs de Monopoly. Ce ne sont pas tous des salauds loin de là mais beaucoup son déconnectés du réel et de l’impact indirect de leurs actions sur le sort des millions de gens.
    Je connais un peu par potes interposés le milieu de la banque d’affaires et crois moi les hommes derrières les chiffres c’est pas leur premier soucis, leur premier soucis c’est leur bonus de fin d’année !! 😉

  • « rendez à César… »

    Bon, je suis sûrement un peu bête, comme garçon, et mon argument ne vaut pas tripette, mais, précisément, le dimanche…Il est à Dieu, non ?

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