Du VatiSchpountz

Le geste se fait plus lent. Si le regard n’a rien perdu de son acuité, ni de la braise qui fait rosir les joues des jeunes filles et soupirer les femmes plus mûres, le réflexe est émoussé, je dois bien vous l’accorder. J’ai trop longtemps laissé ma cape bénie et mon blanc panty au placard. Après les semestrii horribilii de 2009 et 2010, 2011 avait été inhabituellement calme sur le front vaticanesque. Le jeté de cape a perdu de sa fluidité naturelle. Et pourtant, la flamme est là, le geste se précise. Sous les alertes mail « Vatican », des entrailles de mon repaire,  fidèle Défenseur du Pape ®, dans un jaillissement de lumière, fringant et repassé de près, je tonitrue de nouveau : « Par Saint Georges et Saint Michel, par Sainte Jeanne et par Saint Dominique, à moi les légions du Pape !« .

On le dit atteint, l’Eglise déstabilisée. Son printemps serait difficile. Les temps seraient graves. Il y a une fuite.

Oh oui je sais, vous dîtes : « il minimise, l’irresponsable !« . Mais enfin, compagnons, l’Eglise est-elle donc en jeu ? L’autorité morale suprême est-elle ternie ? Si je consens à revêtir une fois encore ce costume immaculé mais terriblement serré, c’est bien parce qu’une télé italienne a voulu parler de larmes du Pape. Des larmes de mon Benoît ?! Enfin, selon une télé. Italienne.

Bien sûr, la Curie. Mais enfin, la Curie, quoi. Pas un spécialiste de l’Eglise qui ne vous conseille, d’un air mi-amusé, mi-scandalisé, mi-moi je suis informé (la troisième demie, oui) d’en rester prudemment éloigné.

Alors qu’apprendrait-on dans ce Vatileaks ? Que la Curie serait le lieu de joutes de pouvoirs. Qu’il y aurait des querelles intestines. Que certains reprochaient à celui-là de ne pas être à la hauteur. Qu’un autre aurait prophétisé la fin proche du pape. Bref, qu’à la Curie, ce ne sont pas des anges. Et si j’entends bien, avec le Père Bergeret, que « nous ne sommes pas censés être des anges, mais des saints« , on se prend à craindre que même, des saints …

Mais l’Eglise est-elle ébranlée ? Vous me trouverez à cet égard sur une ligne très padreblogique (et d’un, et de deux) : l’Eglise est confiée à des pêcheurs, et ça n’est pas nouveau. Si Pierre est un prénom que j’affectionne tout particulièrement, c’est pour ce condensé d’hommerie et de sainteté qu’il représente. Dans l’Evangile, il est l’apôtre gauche, l’impulsif. Il est aussi celui qui proclame les plus grandes vérités. Il est celui qui dit « Vers qui irions-nous, tu as les paroles de la vie éternelle ! » pour se prendre un « Passe derrière moi, Satan, (…) tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes » (sur une autre réplique, il est vrai). Il est cet être faible, pourtant instrument de l’Esprit. Il est celui qui tranche l’oreille du garde (celui de ses actes qui plaît le plus à mon fils, à mon grand désespoir), celui qui renie le Christ par trois fois. Et celui pourtant auquel Il remet les clés de l’Eglise. Alors, vous pensez s’il faut en avoir, de la confiance, et si l’Eglise en a vu des pires et des pas mûres depuis. Et cette confiance en l’homme malgré sa grande faiblesse, voire jusque dans sa faiblesse, cela aussi, c’est la grande beauté de la foi, et de l’Eglise.

Alors non, rassurez-vous : moi, ça va.

J’ajouterais que l’Eglise, pour moi, ça n’est pas ça. Ou pas que ça. L’Eglise, c’était surtout 25.000 jeunes à Lorient ce week-end de Pentecôte. L’Eglise, c’est surtout le Père Ceyrac, dont le rappel à Dieu sonne comme un clin d’oeil (et non, un saint prêtre n’est pas un prêtre mort). Plus près, c’est notre petit groupe de pères qui préparions le pèlerinage de dans un mois. Et c’est encore cet ami, la quarantaine, qui demande la confirmation, et m’a demandé d’être son parrain. Comme dirait l’autre : « nous sommes l’Eglise« . Et ça va.

Bien sûr, au-delà de tout ceci, il serait bon que ces tristes épisodes entraînent une prise de conscience. Faut-il que « tout change » (« pour que tout reste comme avant » ?) ? Il faut probablement que le Vatican se ré-organise au plus vite, pour adapter son organisation au monde, avec plus d’un demi-siècle de retard. Et pour que les affaires d’Etat ne deviennent pas des affaires d’Eglise.

 

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36 commentaires

  • Je partage beaucoup de vos réflexions. Cela étant, il y a vraiment un gros travail de « mise à jour » à effectuer dans l’Eglise, en commençant par son administration qui date un peu…
    Sinon, juste une question : vous avez écrit « l’Eglise est confiée à des pêcheurs ». L’accent circonflexe est intentionnel ? Vu que Pierre relevait des deux accents 🙂

  • Mon cher Koz, tu as raison de lire « aussi » ces événements avec recul, détachement et un rien d’humour. Bien sûr que l’essentiel est ce que nous vivons dans nos communautés et le visage d’Evangile que nous offrons à ceux que nous cotôyons. Mais comment te dire l’avalanche ( c’est mon côté méridional) de messages que je commence à recevoir, suite à mon dernier blog que tu as mis en lien dans ton texte (et je t’en remercie), venant de prêtres « tenus par un devoir de réserve » qui se retrouvent dans l’analyse non pas masochiste mais douloureuse que je brosse de la situation. Alors oui il faut aimer l’Eglise malgré cela, oui il faut prier pour Benoît XVI. Mais y a-t-il péché contre l’Esprit à suggérer aussi que Rome puisse écouter et le souffle d’air frais et la complainte que nourrit le peuple des croyants ?

  • A propos de la ligne « padreblogique », dont tu t’inspires ici largement: elle est de fait à mes yeux la plus sage: L’Eglise n’est pas un gouvernement d’Etat. MAIS un point me pose problème, lorsque l’on dit (je cite padreblog) que « Ce n’est ni notre rôle ni de notre compétence. » (ndlr: d’émettre des hypothèse)

    Je veux bien que l’Eglise ne se construit pas uniquement à la force du poignet; (« qu’elle ne repose pas sur la force des hommes, mais sur celle de Dieu. ») il n’empêche, faudrait voir à pas nier la capacité des laîcs et de ses membres.
    Alors bien sûr, on ajoutera toujours: « l’Eglise, c’est chacun de nous ». N’empêche que de « pas notre compétence » à « y a ton clergé qui connait, et toi qui prie et qui agit », il y a un pas que certains semblent bien tentés de franchir, même de bonne foi. Et ca pose question.

    D’ailleurs, le simple fait que ce discours ne suffise plus, peut être pris aussi comme un appel à une implication plus grande des laîcs dans l’Eglise. Un Pape seul, avec environ 2500 collaborateurs, à la tête d’une Eglise d’1 milliard de personnes, à un moment il faut être humain: Non est possibile.

  • J’aime beaucoup « Si Pierre est un prénom que j’affectionne tout particulièrement, c’est pour ce condensé d’hommerie et de sainteté qu’il représente ». J’ai aussi une grande affection pour Saint Pierre, pour les mêmes raisons et apprécie en particulier ce magnifique terme qu’est l’hommerie.
    Cela dit, pour moi l’hommerie n’est pas que le côté gaffeur, pécheur, mais regroupe les deux aspects : cette capacité à la sainteté malgré une tendance à « se planter »…

  • Il y a, effectivement, cette façon de prendre l’affaire, le recul est nécessaire parfois; mais aussi, c’est parce qu’on aime l’Eglise qu’on est exigeant, nous d’abord, mais pas seulement. Comme je le mets dans mon billet d’hier « Ca fait désordre », il y a effectivement un paradoxe, réjouissant d’une certaine manière, entre ces dizaines de milliers de catholiques heureux (« Saint Denis » était 3000 ce dimanche) et l’affaire. Le chemin sera rendu plus difficile quand d’un côté on propose une voie exigeante et que, d’un autre côté il y a Vatileaks. On ne peut qu’attendre que toute la vérité soit faite. Pour le reste, mon billet développe.

  • @ René POUJOL : nul péché, René, sinon je l’aurais dûment fustigé, tu penses bien, au lieu de le citer. Comme je le dis en commentaire sous ton propre billet, je partage l’essentiel de ton propos, sous une seule réserve.

    Et mon billet ne se veut aucunement une leçon de morale quelconque à qui que ce soit. C’est plus une réaction à ce que je lis de part et d’autres et dans divers medias. A les lire – et jusqu’à ce que les uns et les autres me confirment mon impression sur le fait que ces documents sont importants mais ni très nouveaux ni absolument terribles – l’Eglise est ébranlée. Ca n’est pas le cas. C’est très désagréable parce que l’on aimerait vraiment que les cardinaux et autres membres de la Curie ne soient qu’entièrement empreints de la sainteté de leur mission. Mais c’est une crise de gouvernance, pas une crise spirituelle.

    Cardabelle a écrit ::

    Sinon, juste une question : vous avez écrit « l’Eglise est confiée à des pêcheurs ». L’accent circonflexe est intentionnel ? Vu que Pierre relevait des deux accents

    Non, c’est nue faute d’orthographe récurrente chez moi. Il n’y en a pas tant que ça mais y a quelques mots comme celui-là, sur lesquels je bute systématiquement. Et je suis spécialement mauvais en accents.

    @ Alb_B : je ne lis pas du tout ce « pas de notre compétence » comme vous. D’ailleurs, le Père Grosjean se compte dans le « nous ». Il refuse de rentrer dans le jeu des hypothèses sur les intentions cachées de ceux qui font fuiter des documents.

    En revanche, je suis d’accord avec vous : il est difficile de continuer à gérer l’Eglise de cette manière-là. Le monde a changé et, comme l’explique René dans son billet, l’Eglise a différé sa réforme. J’ai entendu ailleurs également le point qu’il évoque, à savoir le fait que les diocèses ont besoin de leurs meilleurs éléments et ne peuvent plus les envoyer au Vatican. Dans un premier temps, le Vatican pourrait au moins s’ouvrir largement à un certain nombre de laïcs consacrés (je pense notamment à l’exemple de Joaquim Navaro-Valls, qui remplissait très bien son office, et semble-t-il mieux que le Père Lombardi).

  • Isabelle a écrit ::

    Cela dit, pour moi l’hommerie n’est pas que le côté gaffeur, pécheur, mais regroupe les deux aspects : cette capacité à la sainteté malgré une tendance à « se planter »…

    Je vous le concède volontiers.

  • Koz a écrit ::

    je suis spécialement mauvais en accents.

    Je confirme 🙂

    Autrement, pas grand-chose à dire sur ce billet avec lequel je suis en total accord. Si ce genre de truc se produisait dans l’État français dont nous sommes les contribuables et les électeurs, il y aurait de quoi en faire tout un plat. Mais cela se produit au dans une Église dont nous sommes les fidèles, nous catholiques. Sa gouvernance est une question importante bien sûr, mais sa mission va bien au-delà de ce genre de problème.

  • Gwynfrid a écrit ::

    Si ce genre de truc se produisait dans l’État français dont nous sommes les contribuables et les électeurs, il y aurait de quoi en faire tout un plat

    Et, à vrai dire, des documents confidentiels qui fuitent, c’est pas dans notre bon Etat que ça se verrait, hein ?

    On n’en fait un plat que parce que l’on a, légitimement, des attentes supérieures à l’égard du Vatican.

  • A Koz: Pour l’instant aucun cardinal n’a été mis en cause. Donc évitons de spéculer trop vite sur la non sainteté de nos cardinaux…

    De plus, vous parlez d’une réforme de la gestion du Vatican. Je ne doute pas qu’il y ait des choses à changer dans le fonctionnement de la curie, mais je ne suis pas sûr qu’un grand chambardement soit nécessaire. Les institutions modernes qui régissent les pays du XXIème ne me semblent pas être des modèles en matière de luttes de pouvoirs… Nous pouvons aussi nous réjouir dans cette histoire: l’Eglise peut voir sans rougir ses secrets révélés! Chez elle, secret ne rime pas avec compromettant.

    Je pense qu’il y a eu dans le milieu médiatique une très grande spéculation autours de cette affaire.
    Je me permets de citer Benoit XVI: « Ceci dit, les conjectures multipliées par certains media sont totalement gratuites, allant bien au-delà des faits réels et offrant une image du Saint-Siège sans rapport avec la réalité. » [citation de la conclusion de l’audience générale du 30 mai].
    Le fait est que nous n’avons pour le moment que trop peu d’éléments pour pouvoir avoir un avis. Je pense que les cathos doivent garder une certaine réserve, à quoi cela sert-il de brasser du vent en imaginant tous notre petit Vatican idéal?

  • Sur le fond je te donne entièrement raison Koz. Pour les personnes qui vont prendre le temps de s’asseoir sur un banc, les trains sont nombreux et respectueux des horaires. La pastorale française (c’est celle que j’ai l’impression de connaître la mieux) poursuit son bonhomme de chemin, avec une certaine lucidité sur l’avenir, sans avoir trop de solution. Mais c’est un autre débat n’est-ce pas ?

    Mais plus que le fond, parce que finalement j’ai l’impression que les dossiers secrets-confidentiels-top-défense ne révèlent pas grand chose. En revanche, la mobilisation cathodique nous rappelle combien le « monde » est en attente de témoins et donc combien il y a une extrême urgence à ce que nos modes de fonctionnement soit plus révélateur de l’Amour de l’Évangile.

    Après le couplet « après-tout-nous-ne-sommes-que-de-pauvres-pêcheurs », si vraiment l’Évangile ne transforme pas dans la profondeur nos vies, à quoi bon ? Si nous avons la même saveur, les mêmes intrigues, que pouvons-nous donc offrir au monde d’autre qu’une morale ?

  • Ca c’est le truc génial avec les médias, ils ne s’attachent pas au contenu des « fuites » mais au fait qu’il y ait eu des fuites. Ce qui en soit nous importe peu, il faut bien l’avouer.
    C’est du niveau des tabloïds :

    « – T’as vu, elle a l’air triste sur cette photo !

    • Qu’est-ce qu’elle a ? Chagrin d’amour, décès, divorce ?

    • On s’en tape ! On fait un papier sur le fait qu’elle a l’air triste et on on développe sur le thème « c’est terrible pour elle ». Les raisons on a pas besoin d’en parler. Si ca se trouve il n’y en a pas et c’est juste une photo mal prise. Mais on va pouvoir faire un papier là-dessus. »

    Ben là c’est pareil. On ne voit pas trop ce qui devrait affliger Benoît XVI, mais nos médias nous répètent à l’envie qu’il est affligé. Sûrement par la bêtise desdits médias 😀

  • Bonsoir,

    j’ai été choqué que l’église traite ces fuites comme une affaire d’états, et poursuive judiciairement leur auteur, alors qu’il est probablement manipulé et pas le principal responsable. Certes, l’église est un état, et c’est son droit strict de réagir comme cela, mais je m’attendais à mieux.

  • Merci pour cette note, je suis bien d’accord avec vous.

    1) Déjà oui c’est une bien triste histoire mais bon l’ampleur des « révélations » n’est vraiment pas impressionnante. Le journaliste qui a écrit que c’était le plus difficile printemps de l’Eglise sous Benoît XVI devait soit être de mauvaise foi, soit avoir passer les printemps 2009 et 2010 dans une caverne sous-terraine, les yeux fermés et les index profondément enfoncés dans ses oreilles.

    2) Ensuite, l’Eglise est sainte mais elle est composée de pécheurs. Enorme scoop. Ca fait pédant, mais pour ceux qui causent l’anglais ça me rappelle quand même cette citation de Chesterton (vous devriez apprécier puisque vous aimez Pierre autant que moi) : « When Christ at a symbolic moment was establishing His great society, He chose for its corner-stone neither the brilliant Paul nor the mystic John, but a shuffler, a snob, a coward – in a word, a man. And upon this rock He has built His Church, and the gates of Hell have not prevailed against it. All the empires and the kingdoms have failed, because of this inherent and continual weakness, that they were founded by strong men and upon strong men. But this one thing, the historic Christian Church, was founded on a weak man, and for that reason it is indestructible. For no chain is stronger than its weakest link. »

    3) Le seul truc que je ne comprends pas bien, c’est votre dernier paragraphe. Qu’il faille réformer la Curie, en profondeur, ça semble nécessaire. Et quoique cela pose des problèmes matériels énormes, cela a l’avantage de ne poser aucun problème théologique ou ecclésiologique. La Curie est une invention purement humaine qui n’a jamais prétendu être autre chose qu’une invention purement humaine : un moyen de gérer matériellement la moitié « humaine » de cette institution divino-humaine qu’est l’Eglise. On pourrait la supprimer du jour au lendemain ou la révolutionner complétement, cela poserait d’énormes problèmes stratégiques mais cela ne remettrait aucunement en cause le mystère divin de l’Eglise, confiée aux apôtres et à leurs successeurs les évêques, dans la communion avec Pierre et ses successeurs les Papes, pas plus que supprimer un Conseil Paroissial ne remettrait en cause le sacerdoce du curé local.

    Mais je ne comprends pas : « Il faut probablement que le Vatican se ré-organise au plus vite, pour adapter son organisation au monde, avec plus d’un demi-siècle de retard. » En quoi la réforme de l’administration du Vatican devrait prendre pour modèle les évolutions des administrations du monde depuis 50 ans ? Quels progrès énormes ont été accomplis dans les administrations depuis 50 ans ? Faut-il une LOLF vaticane, une RGPP vaticane ? Ne pas remplacer un cardinal sur deux partant à la retraite ?

    Mais peut être votre phrase avait elle un autre sens qui m’échappe complètement et je suis complètement à côté de la plaque. Ca m’arrive.

  • @ Thibaud: Je ne vais pas me faire l’exégète de Koz, mais sur la réforme de la Curie, justement cela pose des problèmes théologiques et ecclésiologiques. A priori, je suis assez d’accord avec vous, cela ne devrait pas. Mais il y a au moins deux questions derrière une réforme de la Curie. D’abord la collégialité, un des sujets importants du Ratzinger peritus au Concile Vatican II qui visiblement n’intéresse pas Benoît XVI. Car remettre en valeur le synode des Évêques ou des réunions des Cardinaux qui dépassent les frontières de l’Italie serait déjà une façon de mieux répartir le poids des responsabilités. A condition néanmoins de ne pas rédiger à l’avance l’exhortation apostolique post-synodale, comme c’est le cas aujourd’hui. Problème ecclésiologique.

    Deuxième soucis, une certaine conception de la vérité. Dans la réalité, loin des micros, de nombreux Cardinaux italiens romains considèrent les Évêques des provinces comme de simples Préfets qui ne sont là que pour exécuter. La vérité ne serait être dans les campagnes françaises ou sur les terres Africaines. Les dernières nominations des Cardinaux sont la meilleur preuve de cette vision avec un poids des italiens totalement injustifiable.

  • Bonjour,

    J’ai apprécié votre billet, mais il y a un point d’ordre théologique qui me chiffonne.

    Ok, l’église a été confiée à des pêcheurs.

    Mais le pape n’est-il pas sensé être infaillible ?

    Comment concilier cette infaillibilité avec sa nature humaine ?

  • @ Avocatweet: Non le pape n’est pas infaillible, heureusement pour lui d’ailleurs !! L’infaillibilité est un dogme. Elle engage la parole du pape sur les domaines de la Foi et de la morale uniquement quand celui-ci le décide avec des conditions très très précises.

    Cela ne s’est produit qu’une seule fois pour le dogme de l’Assomption de la Vierge Marie en 1950. On considère même que pour l’impossibilité de l’ordination des femmes prêtres par Jean-Paul II il ne s’agit pas de l’expression ex cathedra bien que sur cette dernière question les avis théologiques divergent.

  • Merci pour vos réponses.

    Le pape n’est donc infaillible que sur des points très précis, et encore, quand il déclare, dans sa décision, qu’il parle dans le cadre de son infaillibilité.

    Je comprends mieux.

  • Marc a écrit ::

    Après le couplet « après-tout-nous-ne-sommes-que-de-pauvres-pêcheurs », si vraiment l’Évangile ne transforme pas dans la profondeur nos vies, à quoi bon ? Si nous avons la même saveur, les mêmes intrigues, que pouvons-nous donc offrir au monde d’autre qu’une morale ?

    Je suis en grande partie d’accord avec toi. C’est vrai pour les cardinaux de la Curie comme pour chaque chrétien.

    J’ai moi-même été, au fur et à mesure, attristé d’apprendre certains faits sur le comportement de membres de la Curie. Non que ce soit des faits « délictueux », mais des faits que je n’estime pas très élégants ni totalement évangéliques.

    Est-ce que, pour autant, ces faits qui nous choquent de la part d’Hommes d’Eglise, sont vraiment représentatifs de leur action ? Est-ce qu’ils invalident ce qu’ils font d’autres ?

    Je n’ai pas une réponse toute faite à ça.

    Cedric G a écrit ::

    On ne voit pas trop ce qui devrait affliger Benoît XVI, mais nos médias nous répètent à l’envie qu’il est affligé.

    J’imagine, tout de même, que le fait que son majordome soit de ceux qui ont cru bon de faire fuiter des documents l’afflige. Mais, pour le reste, je suis d’accord.

    @ Canard sauvage : s’il n’est ni le principal auteur ni l’unique responsable, il est à tout le moins complice, et il est légitime que le Saint-Siège cherche à en savoir davantage.

    C’est tout de même une personne qui a un des accès les plus directs au pape et qui a – quelles que soient ses intentions, que j’ignore – manqué de fiabilité.

    Thibaud a écrit ::

    Ca fait pédant, mais pour ceux qui causent l’anglais ça me rappelle quand même cette citation de Chesterton (vous devriez apprécier puisque vous aimez Pierre autant que moi) : « When Christ at a symbolic moment was establishing His great society, He chose for its corner-stone neither the brilliant Paul nor the mystic John, but a shuffler, a snob, a coward – in a word, a man. And upon this rock He has built His Church, and the gates of Hell have not prevailed against it. All the empires and the kingdoms have failed, because of this inherent and continual weakness, that they were founded by strong men and upon strong men. But this one thing, the historic Christian Church, was founded on a weak man, and for that reason it is indestructible. For no chain is stronger than its weakest link. »

    J’apprécie le propos, en effet.

    Thibaud a écrit ::

    En quoi la réforme de l’administration du Vatican devrait prendre pour modèle les évolutions des administrations du monde depuis 50 ans ? Quels progrès énormes ont été accomplis dans les administrations depuis 50 ans ? Faut-il une LOLF vaticane, une RGPP vaticane ? Ne pas remplacer un cardinal sur deux partant à la retraite ?

    Il ne s’agit pas de prendre modèle sur d’autres administrations. Le demi-siècle de retard que j’évoque vient du fait qu’il me semble qu’elle a gardé un fonctionnement adapté au monde d’avant tous les bouleversements de l’information que l’on connaît, et à un monde dans lequel l’Eglise était perçue d’une façon tout à fait différente.

    Il n’y a évidemment aucune nécessité que l’Eglise vienne se calquer sur le rythme trépidant d’institutions obsédées par l’actualité en temps réel. Il n’est pas absolument indispensable que l’Eglise cède au jeunisme. Mais dans un cas comme dans l’autre, elle a de la marge.

    Chaque observateur que j’aie pu rencontrer me décrit une curie presqu’attendrissante de par son manque de moyens et son fréquent amateurisme. Mais l’attendrissement n’est possible que de la part de personnes bienveillantes. Et les affaires de l’Eglise méritent une gestion plus rodée. A titre d’exemple, je ne veux pas jeter la pierre au Père Lombardi, mais son prédécesseur, de l’avis de tous, s’acquittait mieux de sa tâche. Il était laïc, certes (consacré, je crois), mais ça ne l’empêchait pas d’être tout à fait loyal. Au demeurant, on voit aussi que le fait d’être religieux n’est pas un gage de loyauté…

    @ Avocatweet : l’athée Yogui vous a renvoyé sur une bonne référence, dont les premières lignes vous apportent la réponse à votre question, et Marc a fort justement complété.

    J’ajouterais juste que, d’ailleurs, dans ce cas, on n’a rien à reprocher au pape. Peut-être une absence de volonté de réforme de la Curie, mais ça n’est pas une faute.

  • @ Koz: cette réflexion me rappelle un des débats du livre d’Olivier Le Gendre « Confession d’un cardinal » : Le Cardinal va au Rwanda sur la demande Jean-Paul II juste après le génocide. Et là il constate que malgré les missions, une présence catholique importante, il y a eu néanmoins l’horreur des massacres ethniques. C’est d’ailleurs le début d’une « conversion » pour la promotion d’une présence catholique qui ne reste pas à la lettre mais devienne des actes.

    Comme toujours, cela n’invalide pas le travail des cardinaux, membres de la Curie, des prêtres et des laïcs. Comme disait l’autre l’homme est plus grand que l’homme.

  • C’est vrai, tout ceci n’est que du sordide banal dans une administration jamais aussi sainte qu’elle ne le devrait, et qui plus est passablement archaïque. La Curie quoi. Et donc, rien ne s’oppose à ce que l’on décrasse un peu tout ça, avec un peu de courage réformateur, ou du moins que l’on s’attaque aux abus les plus criant.

    Sauf que non, pas tout à fait, non plus. On invoque d’autant plus facilement que l’administration du Vatican est formée d’hommes comme les autres que ça merde de manière pas très évangélique, là, et sans contestation possible. N’empêche que l’Eglise reste très forte pour surfer sur l’ambiguité que constitue une institution formée de pécheurs, mais bénéficiant d’une inspiration divine en vue de sa mission. Dans des circonstances plus favorables, l’Eglise prendra nettement moins de pincettes pour paraitre pénétrée de la conscience de son imperfection, et utilisera plus volontiers l’invocation à une autorité qui dépasse largement ce qu’ose s’arroger normalement « des hommes ordinaires ». Puisque effectivement, ils prétendent représenter quelque chose qui les dépasse, ces hommes ordinaires.

    On dit volontiers que l’Eglise en prend plein la tête parce que l’on attend plus d’elle que de n’importe qui, et c’est vrai, mais ce n’est qu’une facette de la médaille, et la plus reluisante. L’Eglise en prend aussi plein la tête parce qu’elle prétend plus, et à plus, que d’autres. A nous tous de voir si c’est toujours nécessaire, justifié, et surtout, sage.

    Même si on est bien d’accord, hein: ça va. Merci pour l’hommage au père Ceyrac, et bravo pour votre nouveau filleuil.

    Sinon, pour votre fils, quand j’étais petit, je rêvais que je vivais à l’époque de Jésus, et que je menais une opération commando pour le délivrer au moment de la Passion, en cassant du Romain et du pharisien au passage. Ca aurait envoyé de la viande sur les murs, c’est moi qui vous le dit. J’ai évité de désespérer mes parents en leur racontant, mais j’en suis revenu, si ça peut vous rassurer un peu…

  • HS: la dernière lettre mensuelle de la fondation Jérôme Lejeune sur http://genethique.org/?q=content/lettre-mensuelle-davril-2012 , on y trouve un article (le premier) extrêmement intéressant sur le droit à la vie, où les auteurs, 2 philosophes, justifient l’élimination possible de bébés. C’est terrifiant au point de vue des possibilités ouvertes, mais d’un certain côté rassurant, intellectuellement j’entends, dans le sens où ils vont au bout de la logique de l’avortement et sortent de l’hypocrisie du « droit de faire ce que je veux de mon corps ». (désolé je ne savais pas où mettre ce commentaire ^^)

  • Thibaud a écrit ::

    En quoi la réforme de l’administration du Vatican devrait prendre pour modèle les évolutions des administrations du monde depuis 50 ans ?

    En lisant cette phrase de Koz sur le retard, j’ai surtout pensé que l’Église était en retard de 50 ans sur elle-même. Il y a 50 ans, c’était Vatican II: une profonde réforme de la façon dont l’Église se présente au monde, et aussi de son fonctionnement intérieur, sauf au sommet, la Curie, où pas grand-chose n’a été touché.

  • Koz a écrit ::

    Mais c’est une crise de gouvernance, pas une crise spirituelle.

    Pour moi ça ressemble plus à de l’espionnage international…
    C’est un non-évènement: malgré l’accès à tous les documents secrets et une attitude on ne peut plus anti-église des médias, il y a pas le moyen de sortir le moindre vrai scandale…
    Ils baissent!!

  • Avocatweet a écrit ::

    Mais le pape n’est-il pas sensé être infaillible ?
    Comment concilier cette infaillibilité avec sa nature humaine ?

    Il s’agit d’une infaillibilité doctrinale qui ne s’attache qu’à certains types de déclaration dans des circonstances précises…
    Seulement tout le monde, catholiques commme ennemis de l’Eglise, font dire à ce point théologique intervenant dans un contexte particulier (la perte du pouvoir temporel du Pape) une sorte de règle générale visant à faire du pape une sorte de Dieu sur terre…

  • Cedric G a écrit ::

    Ca c’est le truc génial avec les médias, ils ne s’attachent pas au contenu des « fuites » mais au fait qu’il y ait eu des fuites

    Tu parle!! Pour moi ils ont bien regardé pour voir s’il y avait quelque chose d’exploitable pour un beau scandale qui fait vendre dans les-dits documents. Comme il n’y a rien, ils disent « il y a des documents, ils sont TRES importants, un GROS nid à scandale »; et le temps qu’on aille vérifier, pour ceux qui iraient le faire, ils seront déjà passés à autre chose, et les c… auront déjà acheté leurs journaux pour lire ce truc inventé de toute pièce.
    Pour croire « Que la Curie serait le lieu de joutes de pouvoirs. Qu’il y aurait des querelles intestines. Que certains reprochaient à celui-là de ne pas être à la hauteur. Qu’un autre aurait prophétisé la fin proche du pape. Bref, qu’à la Curie, ce ne sont pas des anges », j’attends encore des éléments vérifiables. Et vu l’affaire de la capote brésilienne, et de la grosse déformation médiatique du discours (et aussi celle Recife: elle est OU l’interwiew scandalause en question???), la seule info que je retiens, c’est que le Vatican ne dispose pas forcément d’un service de contre-espionnage à la hauteur de la CIA
    On s’en fout!!!

    @ Vivien:

    Avec ce que vous dites, ça veut dire qu’au fond les gens sont d’accord avec cette prétention de l’Eglise de prétendre à plus, et qu’ils en tirent les conséquences. C’est plutot encourageant non? C’est mieux s’ils n’en attendaient rien du tout…

  • OK, merci pour vos explications : je comprends et j’approuve.

    Mais vous mentionnez un élément auquel personne ne pense et qui est pourtant essentiel dans la réforme de la Curie : le manque de moyens. Puisque, contrairement à ce que beaucoup pensent (en particulier dans les pays de tradition protestante, comme les Etats-Unis, qui restent la puissance culturelle dominante), le plancher de la basilique Saint-Pierre ne recèle pas un mécanisme secret permettant de révéler un coffre-fort géant rempli de pièces de monnaies dans lequel le Pape pourrait prendre sont bain d’or quotidien comme l’Oncle Piscou. En fait, le Vatican a des problèmes de pognon récurrent, avec un déficit structurel tous les ans. Bien sûr, une partie du problème financier vient de la gestion « amateur » de la Curie mais le principal problème demeure que le Vatican n’a tout simplement pas énormément de ressources. Un élément à prendre en compte pour espérer des réformes, mais pas de miracles.

    Et pour répondre à votre interrogation, Joaquin Navarro-Valls (un lien de parenté avec le ministre ?) était effectivement un laïc consacré (un numéraire de l’Opus Dei).

  • panouf a écrit ::

    @ Vivien:
    Avec ce que vous dites, ça veut dire qu’au fond les gens sont d’accord avec cette prétention de l’Eglise de prétendre à plus, et qu’ils en tirent les conséquences. C’est plutot encourageant non? C’est mieux s’ils n’en attendaient rien du tout…

    Pas que, c’est justement ce que je voulais dire. Certains attendent vraiment plus de l’Eglise, et sont sincèrement décus. D’autres s’irritent cette prétention, et donc se réjouissent de voir l’Eglise remise à sa place… Ils ne sont pas d’accord avec cette prétention, ils en ont pris note, et la trouve prétentieuse, justement.

  • Koz a écrit ::

    l’athée Yogui vous a renvoyé sur une bonne référence

    Tant de connaissances sur la question, d’une part, et d’honnêteté intellectuelle à en faire état plutôt que de sortir les bon vieux lieux communs sur le sujet font remonter Yogui dans mon estime. Très haut même. S’il s’avère finalement qu’il est honnête et de bonne foi , il va lui falloir faire attention à ne pas virer politiquement et/ou religieusement 😀

  • @ Avocatweet:

    Dommage que le concile œcuménique de 1870 n’ait pas jugé utile d’élargir le champ d’application de l’infaillibilité papale à la gestion interne du V 🙂

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