Rocard, du clan des MacLeod

Sont-ce les landes vertes ou les romantiques highlands ? Michel Rocard l’Immortel fait preuve, dans un article publié sur scotsman.com (vu via Politique) d’un recul et d’une distance qui ne manqueront pas de faire de nouveau grincer des dents ceux que les contingences politiciennes en privent : « le dynamisme est de retour dans la politique étrangère française, et c’est une bonne nouvelle pour la France et pour l’Europe » !

« After the relative lifelessness of president Jacques Chirac’s final years in office, dynamism has returned to French foreign policy. That is a welcome development, and not only for France, because Sarkozy’s activism also promises to boost Europe’s political influence around the world »

En bref et à main levée : après les années d’apathie qui ont marqué la fin de mandat de Chirac, le dynamisme est de retour dans la politique étrangère française. C’est un développement bienvenu, et pas seulement pour la France, car l’activisme de Sarkozy promet également de renforcer l’influence politique de l’Europe autour du monde.

Une conclusion qui ne l’envoie pas dire.

Et qui ne fait que conclure un article florilège, dans lequel Michel Rocard salue l’action de Nicolas Sarkozy pour sortir l’Europe de l’impasse, noant au passage que le sujet était suffisamment épineux pour que l’on ait pu comprendre qu’il attende deux à trois ans avant de mettre sa réputation en jeu sur ce sujet. « But Sarkozy took the risk« , « France has not given up its demand for a « political » Europe that is more than merely a single market » (la France n’a pas abandonné son exigence d’une Europe politique, qui est davantage qu’un simple marché).

Salut aussi pour la libération des infirmières et du médecin bulgare. Michel Rocard balaie toutes les polémiques entretenues par le PS et souligne que les négociations en cours avec l’Union Européenne depuis plus d’un an ne débouchaient pas parce que Kadhafi n’avait pas confiance en ses interlocuteurs, ce que Nicolas Sarkozy a compris et ce à quoi il a remédié en envoyant son épouse. On est loin des critiques sur une prétendue récupération – déjà écartée par le Président Bulgare – ou des polémiques entretenues sur le rôle de Cécilia Sarkozy.

Il n’est pas jusqu’au choix de présenter la candidature de Dominique Strauss-Kahn au poste de directeur du FMI que Michel Rocad n’approuve, relevant en outre l’importance de ce choix dans le cadre des débats économiques mondiaux : « Sarkozy is announcing that he is an economic « regulator », not a global liberal convinced that today’s balance of market forces is optimal, and thus that no intervention is needed » (Sarkozy annonce qu’il est un « régulateur » en matière économique, et non un libéral global – ?- convaincu que les équilibres actuels des forces du marché sont optimaux et qu’aucune intervention n’est, donc, nécessaire).

Enfin,

« The government’s preparation to take the lead in international talks on climate change is another sign that Sarkozy intends to revive France as a global force« 

En somme, une pleine et entière approbation de la politique étrangère menée à ce jour.

‘es un killer, Michel. Et ceux qui te célébraient hier vont devoir expliquer longuement en quoi ils ont en fait toujours entretenu avec toi de profondes divergences, comme ils ont été contraints de le faire pour d’autres avant toi.

Billets à peu près similaires

11 commentaires

  • [quote comment= »41489″] »Global liberal » = libéral mondialiste, par apposition au liberal tout court qui en américain désigne une personne de gauche.[/quote]
    Pareil, libéral apôtre de la mondialisation, qui chasse le démon gauchiste se cachant sous le nom de « liberal » (désolé, c’est l’apposition 🙂 )

  • [quote comment= »41489″] »Global liberal » = libéral mondialiste, par apposition au liberal tout court qui en américain désigne une personne de gauche.[/quote]
    … et qui est à peu près autant un gros mot là-bas que ne l’est libéral ici, mais pour des raisons opposées.

  • Grincer des dents ? Pas moi, je suis admiratif, c’est un vieux malin ce Michel Rocard !

    Ayant compris qu’aucune objection n’est audible pendant l’état de grace médiatique et populaire, il dit aujourd’hui ce qu’il trouve bien chez Nicolas Sarkozy (en politique extérieure en plus c’est pas trop compromettant), se forgeant ainsi un peu plus une image de compétence et de non sectarisme qu’il pourra retourner à l’evoyeur demain quand il s’agira de dire ce qui ne lui plait pas du tout.

    Si on veut faire un peu de prospective, j’imagine que le point de retournement sera le retour des brevets logiciels souhaités par Sarkozy alors que Michel Rocard était à la pointe du combat visant à leur imposer des limites strictes.

    Sur le fond,
    * je comprends qu’il soit content de voir ses amis Dominique Strauss-Kahn et Bernard Kouchner a des postes importants. A eux de faire leurs preuves ! DSK surtout est devant un sacré mur vu le passé et le passif du FMI.
    * sur l’affaire des infirmières lybiennes, tout à fait d’accord qu’il est stupide de gloser sur le rôle de Cécilia (au pire ça relève de la thérapie de couple, c’est pas bien grave) et quand au fait de s’arroger au finish l’essentiel d’un mérite qui revient largement à l’Union Européenne qui préparait l’affaire de longue date, ça relève d’une tradition monomaniaque française de s’arroger les victoires qui est largement partagée. Donc pas la peine de la ramener.
    *** par contre l’histoire des contrats d’armement et la fourniture du feu nucléaire à un dictateur quasi-terroriste, ça c’est c’est du lourd ! (de l’eau lourde même !).
    * sur le maxi-traité. Pas d’accord avec lui, on ne va pas nous refaire le coup de Nice qui était formidable sur le coup d’après Chirac, Jospin et Védrine, alors qu’en réalité c’était un terrible recul. Comme l’a dit Giscard, le critère pour savoir si on peut parler de succès ne sera pas qu’il y ait un accord, ce sera de savoir si cet accord est bon. On a déjà des indices mais il y a beaucoup de points qui peuvent évoluer d’ici la fin de la CIG. Donc wait and see. (ou Act and See d’ailleurs).

  • On avait quitté notre ami Rocard agonisant en Inde, et non, ouf, grace à Koz, j’apprends que le bougre est toujours vivace. Il serait en Ecosse.
    Il a vu tous ses potes socialistes rafler des postes prestigieux dans des sous commissions de brassage de vent, donc, ce bon Rocard songe aussi à reprendre un peu du service. Et fatalement, il convient de flatter le monarque.
    Lang n’a fait que ça pendant 3 semaines, et le voilà dans une pseudo commission de reflexion sur la reforme des institutions.
    Surtout qu’avec Royal, les socialos ne sont pas prêts de reprendre du service. Et Michel n’a plus 30 ans à vivre.
    Là, Rocard semble se voir dans une commission de reflexion sur l’Europe.

    Merci en tout cas pour cette revue de presse britanique. Elle m’a l’air très selective cette revue de presse mais bon, quand on fréquente le blog de Koz, on sait ce qu’on va y lire 🙂

  • Concernant le rôle de Cécilia dans la libération des infirmières, une amie d’origine algérienne, bien qu’anti-sarkozyste, m’a confirmé l’entière vraisemblance de la thèse gouvernementale sur son rôle.

    Dans ces pays, dit-elle, envoyer sa femme comme négociateur en guise de témoignage de bonne foi est l’arme atomique en cas de conflit insoluble: l’adversaire est quasiment obligé de tenir compte de ce geste hyper-personnel, tellement il a du poids, tellement il est exceptionnel, tellement il témoigne de confiance et d’estime envers l’autre. La tactique peut aussi, cependant, avoir l’effet inverse et se retourner contre celui qui l’utilise.

    Mais il semble, bien, ici, que cela ait marché.

    Sarkozy semble donc bien avoir fait, une fois de plus, la preuve de son pragmatisme, de son inventivité dans des situations de conflit, de sa capacité à se sortir de situations indémerdables par des biais que personne n’avait envisagés auparavant.

    Ce n’est pas un mince talent. Pourvu qu’il le mette à profit sur d’autres dossiers critiques.

  • [quote comment= »41500″]Ayant compris qu’aucune objection n’est audible pendant l’état de grace médiatique et populaire, il dit aujourd’hui ce qu’il trouve bien chez Nicolas Sarkozy (en politique extérieure en plus c’est pas trop compromettant), se forgeant ainsi un peu plus une image de compétence et de non sectarisme qu’il pourra retourner à l’evoyeur demain quand il s’agira de dire ce qui ne lui plait pas du tout.[/quote]

    Ca s’appuie sur quelque information ou c’est juste la formalisation d’un espoir ?

    [quote comment= »41489″] »Global liberal » = libéral mondialiste, par apposition au liberal tout court qui en américain désigne une personne de gauche.[/quote]
    [quote comment= »41491″]
    Pareil, libéral apôtre de la mondialisation, qui chasse le démon gauchiste se cachant sous le nom de « liberal » (désolé, c’est l’apposition 🙂 )[/quote]
    [quote comment= »41497″]… et qui est à peu près autant un gros mot là-bas que ne l’est <i>libéral</i> ici, mais pour des raisons opposées.[/quote]

    C’est noté !

    [quote comment= »41494″]Et pourtant… Souvenez-vous, c’était le 21 février dernier :

    http://www.lexpress.fr/info/france/elysee_2007/elys07_entretiens/dossier.asp?ida=455788%5B/quote%5D

    Et pourtant, l’expérience des diabolisations de campagne successives n’a pas empêché les partisans socialistes et UDF de donner à plein dans le registre.

  • Bah voilà, je lis dans le canard que rocard s’est dit sarkocompatible … c’est donc bien ça, il cherche son petit poste douillet comme Lang et tant d’autres.

  • Ce doit être ça. Arrivé au seuil de la mort, l’ayant vue de près, dans ce pays lointain, si lointain qu’on y trouve encore des tigres, il s’est dit qu’il dirigerait bien une commission à la con. De totues façons, moi, Rocar, il m’a jamais inspiré confiance. Il n’a jamais vraiment renié son protestantisme, preuve qu’il n’est ni un vrai républicain, ni un vrai socialiste. En plus, il est petit. Comme Sarkoléon. Les sociaux traîtres ne font que sortir du bois. Pouah, ça me dégoûte.

Les commentaires sont fermés