Ne les croyez pas

Eh bien ça non plus, ça ne nous rajeunit pas… Il y a près de vingt ans[1], je remettais un mémoire sur la désinformation, les rumeurs, les phénomènes de légendes urbaines. En vrac, il y avait la propagande soviétique et ses photos officielles artisanalement retouchées, l’enfant piqué par un serpent exotique caché dans un régime de bananes, les enlèvements de jeunes filles pour alimenter la traite des blanches.

Il y avait aussi la rumeur, le plus vieux média du monde, selon le titre de l’ouvrage de Jean-Noël Kapferer, qui analyse si bien ces phénomènes.

Il y a vingt ans, un monde donc. Celui d’avant Internet. Avant Internet et son fameux « effet démultiplicateur ». Avant Internet et ses chaînes de mails. Avant ces avertissements, terrifiants et comminatoires : « si vous ne diffusez pas cet e-mail, Ségolène Royal sera élue présidente », entre autres variantes.

Un monde d’avant, et pourtant. Pourtant, ce sont souvent les mêmes rumeurs qui reviennent, plus ou moins adaptées. Les mêmes rumeurs, et les mêmes mécanismes, puisque ce sont les mêmes ressorts humains. Ainsi lorsque, classiquement, on attribue le fait objet de la rumeur à un proche, pour le crédibiliser, pour se crédibiliser, pour ne pas sembler colporter un simple bruit. Dans le cadre des chaînes de mails, on croit tenir l’origine de l’information. Au besoin, l’un des « colporteurs » ajoutera une recommandation. D’ailleurs, si elle n’y est pas, on l’ajoutera peut-être, sous votre nom.

Et les sujets sont les mêmes. Il y a dix ans déjà circulait ce mail concernant une offre promotionnelle d’une caisse de bouteilles de champagne Veuve Cliquot si l’on transférait le mail en mettant en copie une adresse contact au sein de la maison. Ce hoax est reparu au début de cette année, après avoir été actif durant trois ans, et Veuve Cliquot a pu recycler son message d’alerte vieux lui-même d’il y a huit ans. Dans cette interview – vieille elle-même de dix ans mais qui, déjà, décryptait remarquablement bien les effets d’Internet[2] – Jean-Noël Kapferer évoquait :

« la convergence entre les vieilles et les nouvelles rumeurs. Prenons le cas d’une chaîne pour faire circuler un document sur Internet : une entreprise propose des cadeaux si beaucoup de personnes cliquent sur un lien hypertexte. Ca nous rappelle des vieilles rumeurs du type : si vous collectionnez des bagues de cigares, la Seita offrira des chaises roulantes à des paralytiques. »

Pourquoi ce billet maintenant ? Parce que depuis quelques jours, je reçois de plusieurs côtés un même mail, faisant circuler ce document (pdf). Il y est affirmé qu’Hervé Ghesquières et Stéphane Taponier, les deux journalistes otages en Afghanistan, n’ont pas été capturés dans l’exercice de leur métier mais à l’issue d’une virée touristique ou militante (c’est selon) visant à assurer les talibans du soutien de la presse et de la gauche françaises. Rien de moins.

Loin de moi l’intention de réfuter l’idée que la presse française soit un nid de trostkistes ennemis de la Nation, mais on pourrait déjà s’interroger sur la raison pour laquelle la presse française soutiendrait les talibans.

Or, il s’avère que les propos rapportés sont faux. Le général Roudeillac, dont l’intervention fournit la base de la théorie, dément avoir tenu les propos qu’on lui prête et se dit « très remonté contre l’utilisation abusive d’un coup de gueule qui n’avait rien à voir avec les deux journalistes pris en otage en Afghanistan ». La deuxième personne citée, Gérard Liebenguth, a également réfuté ces propos et affirme qu’ils ont été ajoutés à un message dans lequel il se contentait de transmettre ledit « coup de gueule » du général.

Ces envois font suite à bien d’autres, par lesquels on me fait part de tant d’informations prétendument exclusives, nécessairement cachées par la presse. Parce qu’Internet permet effectivement de transmettre des informations que les medias ne diffusent pas, parce que le web fournit ainsi une forme de contre-pouvoir médiatique, ces « informations » trouvent facilement leur public.

Mais je dois bien avouer que ces envois me hérissent, et que je trouve également très inconfortable de devoir dire aux proches[3] qui me les envoient qu’ils auraient pu se livrer à quelques vérifications élémentaires, d’autant que, les recevant, c’est à moi que revient ensuite cette tâche. Aussi, je me permets de pointer ici de façon impersonnelle quelques questions que chacun devrait se poser avant de transmettre un mail de ce type, et quelques premiers réflexes à adopter.

  1. Quelle est le support de l’information ? Ici, il s’agissait d’un blog. Si tout ce que dit Le Monde n’est pas vrai et tout ce que disent les blogs n’est pas faux, dans la majeure partie des cas, une rédaction presse fournit une information dont elle a un minimum vérifié la crédibilité. S’agissant d’un blog, si le blogueur ne fournit pas des garanties spécifiques, vous êtes le filtre.
  2. Qui s’exprime ? Non mais, sérieux, qui avait entendu parler de Jean-Patrick Grumberg ? On n’accepte pas les bonbons d’un inconnu : on n’accepte pas non plus ses informations. En l’occurrence, le personnage en question apparaît comme un polémiste douteux, aux positions ultras. Une petite recherche permet aussi de voir que le monsieur (et le(s) site(s) qu’il anime) est spécialement prisé dans les milieux identitaires. Certes, ce n’est pas parce qu’un identitaire dit que le ciel est bleu qu’il ne l’est pas, mais ce n’est pas une raison suffisante pour le croire s’il vous dit qu’il est rouge. Or ces milieux sont assez friands de thèses conspirationnistes et d' »on vous cache tout, on vous dit rien », de sorte qu’une vigilance accrue est de mise;
  3. L’information est-elle sourcée ? Ce mail évoquait des déclarations mais n’en fournit aucune source. Aucune source pour les prétendues déclarations du général, aucune source pour les propos de Liebenguth. Il n’y a aucune précision sur le média (qu’il s’agisse de la presse ou même d’un forum internet) dans lequel elles auraient pu être tenues, aucun lien pour les accréditer;
  4. Qu’en dit Hoaxbuster ? « Hoaxbuster tu consulteras » pourrait être le premier commandement de l’internaute avant de retransmettre un mail (surtout pour les hoaxes « du quotidien »). Hoaxbuster, qui fournit presque une mission de salut public, possède une base de données très complète et très ancienne, puisque le site existe depuis onze ans (récompensé par le clic d’or… 2001). Les hoaxes sont répertoriés, et les informations sont vérifiées.
  5. Et qu’en dit Google ? Entrez au moins certains éléments de l' »information » dans Google (vous savez, le moteur de recherche). Vous vous apercevrez parfois qu’elle est démentie depuis de longues années, voire que, comme dans un exemple récent relatif à la Mairie de Paris, les personnes citées n’exercent pas les fonctions qu’on leur prête, ou les ont quittées depuis longtemps. Entrez quelques-uns des termes et des noms qui figurent dans le message dans Google. Cela prend 5 minutes, et ce sont 5 minutes d’économisées pour la personne à laquelle vous envisagiez d’adresser le mail.

Ces quelques questions et réflexes ne sont évidemment pas les seuls, et ils n’offrent pas une garantie absolue. Ils permettent toutefois d’effectuer un premier tri, et relèvent de l’esprit critique dont nous sommes heureux que les autres nous créditent.

Pour le reste, comme le disait aussi Jean-Noël Kapferer, et à condition de bien se comprendre, « il n’y a pas de fumée sans feu ».

Oui, entendons-nous bien, car les diffuseurs ne se laisseront pas aisément démonter. Après que vous leur aurez démontré que l’information qu’ils vous transmettent est fausse, ils vous soutiendront néanmoins – outre le fait que les services secrets / les juifs / l’Opus Dei ont inséré les articles que vous citez dans les résultats Google – que cela ne signifie pas que le fond est faux puisque… il n’y a pas de fumée sans feu.

Mais le « feu » doit être bien identifié. Il dit quelque chose de nous, et quelque chose des faits. Il y a, d’une part, des raisons troubles qui nous amènent nous-mêmes à accréditer le message : est-on vraiment si facilement prêts à croire que des journalistes français soutiendraient les talibans ? D’autre part, le fait qu’un tel document circule si abondamment est une information en lui-même. Comme le laisse entendre justement Jean-Dominique Merchet, il témoigne aussi du sentiment que les otages français ne reçoivent pas tous le même traitement. Quand, pour certains, on répète que « dans ces affaires, moins on en parle mieux c’est », le cas des autres est rappelé quotidiennement. Ceci est bien humain, mais c’est peut-être le meilleur enseignement à retenir de cette campagne par ailleurs mensongère, et assez odieuse.

********** Diffusez ce message à tous vos contacts en copiant [email protected]. Si vous le faites, les Nations-Unies sauveront les langoustes des galapagos. *************

crédit photo : bert8k

 

  1. ouais, j’avais encore du lait qui me sortait du nez quand on le pressait []
  2. j’ai même douté de la date donnée, mais Kapferer y fait mention de la COB, qui a disparu en 2003 []
  3. nécessairement des proches []

28 commentaires

  • J’ai lu un jour que « il n’y a pas de fumée sans feu » pourrait se traduire par « il n’y a pas de rumeur, si malveillante ou peu crédible qu’elle soit, sans personnes assez idiotes ou mauvaises pour la faire circuler ».
    (Je pensais que c’était dans une chronique de Orson Scott Card, mais je n’arrive pas à la retrouver.)

  • Ouaip. Ca joue dans les deux sens. Le « il n’y a pas de fumée sans feu » servira à la fois à crédibiliser la rumeur, et à maintenir le doute lorsqu’elle aura été suffisamment démentie, ce qui est détestable.

    Et, en même temps, il n’est pas inutile de faire l’effort de voir au-delà de cela, les raisons qui ont permis à cette rumeur de prospérer, sans toutefois tomber dans le piège d’accorder trop facilement du crédit aux « infos » qu’elle contient, ou à l’état d’esprit qui la motive.

  • Mais je dois bien avouer que ces envois me hérissent, et que je trouve également très inconfortable de devoir dire aux proches qui me les envoient qu’ils auraient pu se livrer à quelques vérifications élémentaires, d’autant que, les recevant, c’est à moi que revient ensuite cette tâche.

    Pareil. J’ai parfois l’impression de faire l’éducation de certains. Les signaux révélateurs de hoax sont pourtant presque toujours les mêmes, et Hoaxbuster les répertorie dans 99% des cas. Alors je ne devrais plus en recevoir ? Pensez-vous… Il est des personnes qui par défaut préfèrent croire une rumeur qu’un démenti, même solidement étayé. La vigueur de la rumeur dépend plus du préjugé de celui qui la propage que de son contenu.

  • Très bon billet, les thèses conspirationnistes m’ont toujours donné l’impression de perdre mon temps. Voire même de reculer

    Elles peuvent même gagner du terrain chez de professionnels de l’information, surtout lorsqu’elles alimentent leur agenda.

    Très peu de gens y échappent en fait dans l’exercice de leur travail quotidien. A moment donné ou un autre, on est tenté par ce genre de sucreries empoisonnées.

  • Il y a 2 types d’envois pénibles:

    • les Hoax sus-cités que je ne relaie plus parce que j’ai le réflexe Hoaxbuster (mais je le signale à celui qui me l’a envoyé pour son édification personnelle); quand ce n’est pas référencé ou quand c’est vrai, je relaie parfois selon le sujet…

    • les diaporamas avec photos, musique, paroles de paix (et fautes d’orthographe) que je relaie rarement (faut que ce soit vraiment au dessus du lot) assortis de demande de transfert à 5 ou 10 personnes (avec menaces éventuelles)

    [Sans parler des gags, histoires drôles (ou pas) et antisarkozysme primaire qui hantent le web…]

    En plus, je reçois parfois les mêmes à plusieurs mois d’intervalle et quelquefois avec des variantes. C’est quand même moins pénible que les pubs pour le viaggrrra ou les montres qu’on recevait à raison de 10 par semaine avant que les fournisseurs d’accès renforcent leurs filtres anti-spam. Et ça révèle effectivement bien des choses sur celui qui vient de nous l’envoyer.

  • Très bonne note, j’approuve d’autant plus que j’ai moi-même essayé à plusieurs reprises de casser ce genre chaîne dont je devenais ainsi un maillon faible. « Hoaxbuster is your friend ».
    Et je confirme qu’il est malaisé de répondre à un ami : « non, mais là, tu t’es fais avoir, tu racontes vraiment n’importe quoi, et je te mets le nez dans ta … ».
    Voilà, c’est tout ce que j’avais à dire, pas grand chose, mais j’étais obligé parce qu’il paraît que si on ne laisse pas de commentaires chez Koz, le monde disparaîtra en 2012, la Marine sera quand même au second tour et y aura plus de croissants chez mon boulanger après 8h00.

  • Before a écrit : :

    j’approuve d’autant plus que j’ai moi-même essayé à plusieurs reprises de casser ce genre chaîne dont je devenais ainsi un maillon faible. « Hoaxbuster is your friend ». Et je confirme qu’il est malaisé de répondre à un ami : « non, mais là, tu t’es fais avoir, tu racontes vraiment n’importe quoi, et je te mets le nez dans ta … ».

    Eh oui. Dès lors, soit on se tait, mais on sait qu’une fausse information continue de circuler, soit on répond et on l’indique au risque de froisser son interlocuteur.

    J’espère que chacun me sera gré de ce billet, parce que pour le coup, c’est moi qui risque de me froisser avec les proches concernés 😉

  • y ‘en a même qui prétendent que Jésus n’est pas le fils de Dieu !
    Bon d’accord c’est pas le sujet mais je n’ai pas pu résister, pas taper Aïe !

  • J’ai un algorithme mental efficace qui m’évite de perdre 2min sur hoaxbuster: si le message contient « faites suivre à votre carnet d’adresse » -> {move to trash, répondre « c’est bidon, ne fais jamais suivre ce genre de c******* »}.

    J’ai probablement déçu quelques bonnes volontés avec cette méthode, mais elles s’en remettront.

    L’inconvénient, c’est que le jour où ce sera vraiment la fin du monde et qu’il faudra faire suivre, je risque de passer à côté…

  • D’un côté la rumeur on l’a tous rencontré et parfois même participé. Les hoax en sont une forme moderne. Comme elle ils peuvent détruire une réputation ou faire gober n’importe quoi. Cela montre que les peurs d’une société existent toujours malgré notre siècle de progrès. Quand on se penche sur les rumeurs qui ont courues nous rigolons doucement en se disant qu’ils étaient bien bête à l’époque, encore sous des obscurantismes divers et que heureusement nous nous sommes rationalistes et à l’abri de ce genre de bêtises. Vive les hoax qui nous apprennent l’humilité d’une certaine manière.

  • Koz a écrit : :
    J’espère que chacun me sera gré de ce billet, parce que pour le coup, c’est moi qui risque de me froisser avec les proches concernés

    Je croyais avoir laissé un commentaire, mais on dirait qu’il n’est pas passé…

    Je disais en substance :

    1) Chacun me saura gré 😉

    2) La façon la plus diplomatique à mon sens de traiter ce genre de problème : jouer les innocents. « Ton mail me semblait un peu bizarre, du coup j’ai cherché sur (google, hoaxbuster) et figure-toi que… »

    En général, ça passe.

  • @ Anna :

    1 – Exact. (J’ai vérifié sur hoaxbuster : on dit bien « savoir gré » ; faites tourner à TOUS vos contacts.)
    2 – Marre de jouer les innocents, parce que ce sont quand même assez toujours les-mêmes qui envoient ces conneries ; alors je froisse et re-froisse sans remords, avec les formes (je dois encore avoir quelques exemples de savoureux froissages en bonnet difforme (si si, j’ai vérifié, ça se dit, faites tourner) dans mes archives mails…). Et il faut reconnaître que ça marche, je ne suis plus dans leurs mailing-list.

    @ Koz : sont-ce mes nombreux froissages ou le fait que je ne sois ni sur facebouc et autres touitteurs, qui seraient devenus les nouveaux moyens de propagation de ces rumeurs, mais je n’en reçois quasiment plus… ?

  • PMalo, je vous sois gré de votre 1.
    Pour le reste, cela me gêne, de froisser… Et sinon, vos parents ont-ils l’âge de redécouvrir le Net. Si oui, vous allez bientôt recevoir de nouveaux les ppt et hoaxes d’il y a 10 ans 😉

  • Bonjour Koz,

    ce genre de hoax est au moins intéressant pour une chose: il montre quels sont les sujets qui intéressent / préoccupent un groupe de personnes au point de propager et faire survivre la rumeur en question.

    j’en déduis donc que les catholiques en veulent beaucoup à la presse « gauchiste ».

    Dans le même style, il me semble qu’il y a eu des mails expliquant pourquoi les attentats du 11 septembre avaient été commis par les israéliens. Ceux-ci avaient eu un grand succès parmi les jeunes diplômés d’origine nord africaine que je connaissais.

  • Moi non plus je n’aime pas froisser, notamment les gens de la génération de mes parents, ou bien ceux qui ont juste moins d’expérience que moi sur le Net. Je n’ai aucune raison d’être désagréable avec des personnes sincères, auxquelles on ne peut reprocher qu’un peu trop d’enthousiasme avec leur ordinateur.

  • @ Koz : « je vous sois gré de votre 1 ». Ben, euh… comment dire… Merci quand même. (Anna, dites quelque chose.)

    @ gwynfrid : si la sincérité excuse tout, soyez assuré de la plus grande sincérité de mes froissages.

    Petite remarque complémentaire sur le froissage : je ne me le permets qu’avec les personnes avec qui je peux me le permettre, bien sûr, cela va sans dire. Et les formes peuvent varier, sans trop altérer le fond.

    Petit exercice pratique : Je ne résiste pas à vous faire part de ce truc que je viens de lire (on ne me l’a pas envoyé par mail) ; qu’en pensez-vous ? (Personnellement je n’ai rien vérifié, mais ça m’a tout l’air d’en être un beau.)

    « Un décret oblige désormais les FAI à mettre à disposition de la police ou du fisc l’ensemble des données personnelles des internautes, qui seront conservées pendant un an.

    La publication du décret au Journal Officiel a immédiatement provoqué une levée de boucliers des défenseurs de la liberté sur le web.
    Sites de commerce en ligne, fournisseurs d’accès à Internet, gestionnaires de comptes e-mail ou plateformes de vidéo (YouTube, Dailymotion…) doivent désormais conserver pendant un an l’intégralité des informations renseignées par l’internaute sur les sites concernés.

    Obligation de communiquer les mots de passe.

    Les données en question sont notamment: les nom, prénom et raison sociale; adresses postales; pseudonymes utilisés et mots de passe; adresses électroniques et mot de passe associé; numéros de téléphone; adresses IP; heures et dates précises de connexion et de déconnexion.
    En clair, l’ensemble des informations personnelles des internautes, y compris les plus confidentielles, sont désormais mises à disposition des autorités.
    Un gestionnaire de boîtes e-mails (Yahoo, Hotmail, Gmail par exemple) est dorénavant dans l’obligation de conserver la totalité des informations données par l’internaute lors de son inscription, y compris son mot de passe, ainsi que « les données permettant de le vérifier ou de le modifier ». Autrement dit la fameuse « question » à laquelle une réponse a été attribuée.

    Police, fisc, URSSAF, douanes…

    Sont également concernés par ce pistage les commentaires postés sur des forums de discussion, les billets publiés sur des blogs ou encore les vidéos ou photos mis en ligne sur les grands sites spécialisés.

    Cet ensemble de données devra être rendu disponible, pour les besoins d’enquêtes diverses, à tout un ensemble de services. Et officiellement pour des besoins précis. La police et la gendarmerie en tout premier lieu. Mais également les services du fisc, lorsqu’ils mènent des investigations sur les contribuables. Ceux de l’URSSAF, en cas notamment de suspicion de fraude. Ceux de la répression des fraudes également, concernant essentiellement les ventes sur Internet. Ou encore les agents des douanes.
    Le décret élargit ainsi le champ d’application de la loi du 21 juin 2004 qui ne préconisait l’utilisation de ces données que par la police et la gendarmerie et « afin de prévenir les actes terroristes ».

    « C’est Big Brother ! »

    Sa publication provoque déjà une levée de boucliers de la part d’associations d’usagers d’Internet, mais aussi des opérateurs concernés par cette obligation. Nombreux soulignent les risques d’atteinte à la vie privée.
    Pour Jérôme Thorel, président de l’ONG Privacy France, « cela va à l’encontre des principes fondamentaux d’une démocratie. C’est disproportionné, c’est sans commune mesure avec le Big Brother qu’avait pu imaginer George Orwell ».
    Pour sa part, l’Association française des Services Internet communautaires (ASIC, regroupant notamment les branches françaises de Google, Facebook, PriceMinister, Dailymotion ou encore Ebay) envisage de saisir le Conseil d’Etat pour faire annuler le décret. Selon l’ASIC, « stocker certains mots de passe ou contenus est interdit par la loi ». »

  • Merci pour ce billet salutaire, tout autant que l’est effectivement Hoaxbuster !

    @Claribelle : Le problème avec les powerpoint et autres blagues anti-sarkozystes qui circulent sur le web c’est que généralement les gens innocents qui les font circuler utilisent la fonction « transférer » sans prendre la peine d’effacer les adresses au-dessus… Les spammeurs se réjouissent de ce genre de pratique !!

    D’ailleurs pour l’anecdote, j’ai eu une fois le malheur de transférer une connerie dans le genre à mon beau-frère qui est ingénieur informatique (sans prendre la peine d’effacer les adresses au-dessus, mais c’était celles de personnes qu’il connaissait). En réponse, et de façon absolument pas diplomatique, il m’a renvoyé grâce à un petit script de sa conception un mail en 150 exemplaires…

    J’ai retenu la leçon !

    @Koz : Je dois dire qu’au départ depuis le flux RSS avec le titre et le début de l’introduction j’ai cru que le billet parlait de Tchernobyl et ce nuage qui s’est arrêté à la frontière française…

    1/ fallait pas les croire

    2/ ça fait 25 ans cette année

  • donner du crédit à ce qui vous semble possible, voire utile, c’est ce que les américains appellent le « wishful thinking ». on en a eu une belle démonstration avec les armes de destruction massive en Irak ou, plus récemment, avec l’étude de l’INSEE sur la comparaison des coûts horaires en Allemagne et en France…

    par ailleurs, les hoax étant le pendant moderne des rumeurs, nous sommes responsables de la même manière de ne pas propager celles qui nous paraissent absurdes ou malveillantes….de même pour les blagues…les nouvelles et les drôles ne sont pas les plus fréquentes…

    par contre recevoir des messages de paix, c’est nouveau, et, pour moi, finalement plutôt bienvenu…

  • Personnellement, je fais régulièrement savoir à mes contacts que la fonction « copie cachée » est conçue pour que je ne sois pas inondée de mails de personnes que je ne connais absolument pas.

    Sans compter une gentille chaine pour la défense du patrimoine qui se transforme, par la grâce du ‘répondre à tous » en utilisation à des fins politiques…

    Le Hoax a effectivement encore de beaux jours devant lui…quoique…ce n’est pas la fin du monde le 21 décembre 2012 ? 😉

  • @Pmalo

    vous devriez lire avec attention le « Décret n° 2010-236 du 5 mars 2010 relatif au traitement automatisé de données à caractère personnel autorisé par l’article L. 331-29 du code de la propriété intellectuelle dénommé « Système de gestion des mesures pour la protection des œuvres sur internet » récemment modifié (11 mars 2011), notamment son article 4 et ses annexes.

  • Un mien oncle, que j’aime beaucoup par ailleurs, a du faire suivre une bonne trentaine d’hoax à son carnet d’adresse, dont je suis, depuis 10 ans. De surcroît en ne masquant pas les destinataires, ce qui permet si certains de son carnet on fait suivre, d’avoir à l’arrivée des mails avec 200 adresses répertoriées. Une aubaine pour les spammeurs, fabricants d’hoax, etc…

    A chaque fois, hoaxbuster a été mon ami, je l’ai informé, d’abord « innocemment » (cf Anna), puis « humoristiquement » (cf moi-même) puis « tumelescassement » (censuré).

    Et là miracle, j’ai reçu, justement pour cette histoire de ces journalistes « militants », un mail de sa part me demandant ce que j’en pensais ! Et même, suite à mon démenti de l’info, une réponse en date du 14/03/2011 dont je ne résiste pas au plaisir de vous faire un copié-collé : « Rappelle-moi, stp, le site où l’on peut vérifier les hoax. Merci. Bises. »

    Comme quoi, avec un peut d’acharnement et la pédagogie marteau chère aux militaires, on finit par résoudre le problème de fond. Et plutôt que de taper sur les fabricants d’hoax, dont la nature est ainsi faite que cons ils sont et cons il resteront, il vaut mieux taper sur les transmetteurs.

  • « Il n’y a pas de fumée sans feu : je déteste cette expression elle acrédite toutes les idioties. »

    Sinon, c’est un bon rappel, je m’en sers souvent lorsque des amis veulent m’alerter d’un truc pas possible. Je m’engueule souvent sur le WTC et sur des tas de gens qui veulent me convaincre que OUI, les Illuminatis existent et qu’il y a un grand complot pour fonder « le nouvel ordre mondial ».

    Bref, a droite comme à gauche, on a chacun nos casse-couilles et ils utilisent les même méthode.

  • Sujet intéressant. Intéressant d’observer si c’était possible dans quels réseaux tel type de rumeur se propage. Un peu comme certaines mauvaises herbes prolifèrent dans certains sols mais pas dans d’autres.

  • « Il n’y a pas de fumée sans feu », « mais un tas de fumier chaud fera l’affaire ».

    (Roda Roda, écrivain, cité par Paul Watzlawick, justement à propos de « la rumeur d’Orléans » concernant la « traite des blanches »,
    dans « La réalité de la réalité – confusion, désinformation, communication », Éd du Seuil, 1978, titre original « How real is real ? », Éd Random House, 1976)

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