Il faut faire du FN, c’est ce qui marche

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Les lendemains de déroute offrent toujours ce même tableau. En cas de victoire, l’interprétation est simple : ça a marché. Et pourquoi ça a marché ? Parce que c’est ce qu’il fallait faire. Mais en cas d’échec, les interprétations varient entre ceux qui l’imputent à la stratégie suivie et ceux qui l’attribuent à l’insuffisante ardeur à la suivre. « Il faut faire autrement » contre « il faut faire pareil, mais plus fort ». Comme le relève un ami poète et amateur de citations, « les avis, c’est comme les trous du cul, on a chacun le sien » (Woody Allen).

Et, de fait, vous aurez relevé que chacun tire systématiquement la couverture à lui. Le politique étant peu enclin à la mouler, il l’ouvre nécessairement pour dire que, si ça n’a pas marché, c’est parce qu’on n’a pas fait ce qu’il dit. La bonne stratégie, celle qui s’impose d’évidence, selon ce commentateur, a la bonne idée de coïncider heureusement avec ses convictions. Ainsi, pour certains, à droite, si ça n’a pas marché, c’est parce que l’on n’a pas été assez à droite. On aurait dû… parler des arabes, de la Nation, et critiquer l’Europe. On aurait dû faire du FN, c’est ce qui marche.

Posons ici trois précautions d’analyse :

  1. L’échec est tout de même relatif. Si l’UMP, trop bonne, a offert à la gauche l’occasion inespérée de masquer son incroyable déroute, elle a tout de même remporté 20% des suffrages, soit six points de plus que le parti socialiste.
  2. Considérer que si cela n’a pas marché, c’est à cause de ce que l’on a fait, qu’on l’ait trop fait ou pas assez, supposerait déjà que l’on ait fait quelque chose. Qui donc a fait une campagne européenne dans ce pays ? Qu’a fait l’UMP pour ces élections européennes ? Quel projet a-t-elle porté ? Bref, « ce qu’on a fait » et qui n’aurait pas marché est-il ce que l’on a fait pour ce scrutin, ou ce que l’on fait depuis deux ans ? Depuis sept ans ?
  3. Je ne vais pas échapper totalement au travers dénoncé plus haut. Il n’est pas improbable que je considère que la voie du succès coïncide grandement avec ce que je crois. Je nuancerai toutefois : une part amère et désabusée de moi-même ne peut pas exclure que mes idées me condamnent à l’échec en démocratie.

Pour autant, cette idée qu’il faille adopter le programme du Front National, en version molle, pour l’emporter, c’est évident, ne me convainc pas.

On pourrait, déjà, nuancer un peu l’exploit du Front National : en suffrages exprimés, il a perdu 1.700.000 voix. Et l’on peut penser que l’électeur FN, par nature revendicatif et engagé, est moins porté à l’abstention. Malheureusement, la réalité semble rechigner à cadrer avec mon analyse, ce qui est contrariant. L’IPSOS, dans une enquête menée entre le 22 et le 24 mai, et l’IFOP, dans une enquête menée du 5 au 15 mai, soulignent que le FN est touché par l’abstention dans des proportions comparables aux autres partis (exception faite des électeurs de François Hollande, qui seraient restés chez eux à 58% contre 50% des électeurs de Marine Le Pen). Je n’exclue pas, toutefois, de continuer de penser un peu contre les instituts de sondage, dans la mesure où je ne me rends pas totalement à l’idée qu’un sondage décrive nécessairement une réalité.

Alors, peut-être, oui, faut-il penser que, pour l’emporter, il faudrait faire du FN. Mais je voudrais aussi envisager l’hypothèse que si ça ne marche pas, c’est précisément parce qu’on fait du FN.

Le premier à avoir tenté cette stratégie d’une « droite décomplexée » était Nicolas Sarkozy. Mais, comme je l’écrivais il y a deux ans, cette stratégie était un pistolet à un coup. Ok, cela semble avoir marché une fois (encore faudrait-il faire le tri des autres facteurs de réussite en 2007) mais cela a systématiquement foiré à chaque scrutin postérieur. Certains fantasment sur les 15 jours en plus qui auraient permis de l’emporter en 2012, et sur les couilles molles qui ont empêché d’aller plus loin encore que le panneau de douane en arabe du clip de campagne. Il reste que, factuellement, la droite n’a pas emporté un seul scrutin sur cette stratégie depuis 2007.

Prenons aussi le cas de la liste Force Vie. L’analyse est certes compliquée par la faiblesse de l’échantillon et par son caractère singulier. Mais le fait est que Christine Boutin s’est adressée de façon quasi-exclusive à la frange catho-FN tout au long de sa campagne. Et alors qu’elle avait recueilli 1,19% des voix en 2002, elle en a recueilli entre 0,5 et 0,7 cette fois et ce alors que son électorat, après les manifs de l’an dernier, aurait dû compter parmi les plus mobilisés. Un signe que faire du FN n’est pas un gage d’efficacité.

Il semble bien au contraire que la droite prétendument décomplexée n’ait fait que troquer un complexe pour un autre. Elle se serait décomplexée à l’égard du PS, elle est en fait complexée vis-à-vis du FN. Mal à l’aise, constipée. Elle aimerait dire la même chose, mais elle peut point. Alors, elle est systématiquement un cran en-dessous et ne fait passer qu’une idée à l’électeur : la vraie politique qui marche, c’est celle du FN, simplement, l’UMP n’ose pas le dire. Progressivement, ce complexe du FN n’a fait que lui transférer les électeurs de droite[1]. La stratégie menée n’a fait que crédibiliser le Front National. L’électeur, peu enclin à la nuance, vote pour le discours assumé.

Faire du FN[2] a tous les attraits d’une fuite en avant, qui ne s’arrêtera que le jour où un FN dominant absorbera enfin la droite complexée de ne pas en être.

Que peut-on, toutefois, mettre au crédit du FN ? Outre le fait de s’adresser à des territoires négligés, la lisibilité. Un électeur sait ce que pense le FN. Qui sait ce que pense l’UMP ? L’UMP est-elle seulement en mesure de penser quelque chose ? Le FN s’est constitué autour d’une ligne, l’UMP s’est constituée autour d’un calcul. Si elle s’appelle désormais Union pour un Mouvement Populaire – ce qui est risible : soit il s’agit de s’unir pour bouger, et c’est con, soit c’est un parti qui s’est uni pour faire un mouvement, et on tourne en rond – elle n’était initialement constituée que pour obtenir une majorité, présidentielle.

Rachida Dati expliquait dimanche dernier qu’il fallait redéfinir les valeurs de l’UMP, ses convictions. Aujourd’hui, elle rejette publiquement l’ouverture au Centre faite par Alain Juppé. François Bayrou dit sensiblement la même chose[3]. Et il se peut bien qu’ils aient raison. L’UMP doit d’abord, et urgemment, savoir ce qu’elle pense, avant d’imaginer une alliance (sauf à refaire une union pour une majorité). Peut-être en est-elle incapable. Peut-être ne peut-elle pas persister dans sa forme actuelle. Peut-être l’implosion est-elle au bout de la clarification. Et peut-être n’est-ce pas un drame.

  1. et ce n’est pas qu’une considération personnelle, il semble que nous ayons quelques éléments statistiques pour l’étayer []
  2. ou, selon ce que l’on m’a soufflé : une politique vraiment de droite, c’est-à-dire souverainiste, anti-euro et qui parle d’immigration. Du FN, quoi []
  3. se prononçant, aussi, pour une alliance lors de présidentielles car nous avons suffisamment payé les affrontements RPR/UDF []

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65 commentaires

  • Et si le problème était en fait l’existence même de l’UMP, mariage de la carpe UDF et du lapin RPR ? Quoi que fasse l’UMP elle déçoit une frange de son électorat. En carburant à l’eau tiède, elle remplit d’un côté l’UDI, de l’autre le FN.

  • Vous trouvez que Force Vie a « fait du FN » ? Bigre, elle est raide celle-là !

    Si j’avais voulu faire du FN j’aurai pris ma carte (ou milité ou voté) FN.

    Or c’est précisément parce que le FN s’adresse de moins en moins aux catho, ce qui apparemment vous échappe, avec une doctrine de plus en plus païenne et strictement « républicaine », que nous avons voulu, avec Madame Boutin, dire avec force qu’il y a d’autres choix que Charybde UMP et Scylla FN.

    Néanmoins, comme les positions catholiques (que l’on pourrait résumé par l’expression « Doctrine sociale de l’Eglise ») sont aujourd’hui mieux défendues par le FN que l’UMP, certains catho, qui auraient pu voter Force Vie ont préféré un vote utile : faire passer le FN devant l’UMP. Ça se défend.

    Bien à vous,

    Olivier Le Brun
    colistier Force Vie IDF

  • Dommage que ce billet soit construit sur une caricature. Qui donc a décrété que les électeurs de droite souhaitaient « faire du FN », quand bien même seraient-ils tentés par les thèmes de l’immigration ou traversés par des doutes quand à la direction qu’a prise la construction européenne… Pour rappel, le FN est profondément d’extrême gauche sur toutes les thématiques économiques, dès lors qui donc à droite souhaiterait vraiment « faire du FN »? Cet amalgame est d’autant plus regrettable qu’à l’arrivée ce billet semble diviser là où le consensus et l’union devraient prévaloir…

    Peut-être certaines valeurs « de droite » monopolisée parfois par le FN (l’identité de la nation, son histoire, certaines valeurs éthiques ou familiales) et visiblement rassembleuses, gagneraient à être assumées par la droite modérée qui se doit en revanche de conserver un positionnement économique ouvert sur l’Europe et sur le Monde pour ne pas se renier. Peut-être qu’une droite de type « chrétienne-démocrate » qui fait ses preuves en Allemagne sur des valeurs assumées et des positionnements économiques modérés a-t-elle plus d’avenir qu’une droite-FN ou qu’une droite-UDI qui se fera dans un cas comme dans l’autre surclasser, les français préférant (à raison) l’original à la copie!

    Je partage donc en revanche et en conclusion l’analyse sur la lisibilité du positionnement des partis, qui nuit gravement à la santé de la droite modérée. En souhaitant que les changements qui s’annoncent ne soient effectivement pas un drame, mais l’occasion de retrouver une unité autour d’une droite moins affairiste et politicienne mais plus affairée à répondre au légitime besoin de représentation du peuple de droite.

  • Je pense que ton analyse est juste et qu’elle montre que la question « que doit-on faire pour gagner ? » n’a pas vraiment de réponse cohérente pour l’UMP. Ce que dévoile ton analyse, c’est l’impasse. Bien vu. Impasse très liée à ta question « L’UMP est-elle seulement en mesure de penser quelque chose ? », qui me semble être une question rhétorique : la réponse est dans la question, et c’est non.

    Un tel constat laisse dubitatif sur les chances de voir naître ce dont rêvent certains catholiques : une droite conservatrice et morale. Mais combien même cela arriverait-il à la faveur des recompositions à venir, reste la question : une droite conservatrice et morale pour quoi faire ? Pour conserver quoi précisément ? Je crois que les problèmes que rencontre notre pays vont au-delà des conditions d’une alternance classique en 2017. Ces problèmes sont tels que la question « que doit-on faire pour gagner » apparaît vaine voire indécente. Que doit-on faire pour que mon clan, ou ma fédération de clans, gagne en 2017 ?

    La vraie question me semble plutôt « que doit-on faire pour la France ? ». La première urgence me semble être une recomposition, non pas des jeux partisans, mais de la substance politique elle-même, mise en lambeaux par les partis. Je souhaite donc à l’UMP et aux partis une décomposition accélérée afin qu’ils cessent de préempter la chose publique pour la ruiner. C’est bien parti : ils sont à 13 % d’indice de confiance Cevipof et les taux d’abstention, y compris aux municipales, sont forts.

    Ainsi, quand tu conclues que l’implosion ne serait pas un drame, j’applaudis des deux mains. Non seulement ce ne serait pas un drame, mais encore serait-ce de salubrité publique.

    Il n’y a qu’une chose intéressante dans l’UMP, à mon avis : certains hommes, pris individuellement. Qu’ils prennent le risque de quitter ce gourbi pour faire de la vraie politique hors partis, et j’applaudirai des deux mains, là encore…

  • Je ne suis pas d’accord sur ce que vous dites. Je pense que le FN a gagné pour deux raisons. D’abord, parce qu’il a recueilli les voix des déçus de l’UMP et PS. Il en a même gagné certaines parce que les présidents de certains mouvements ne se sont pas représentés aux élections européennes. Par exemple, dans mon département de la Vendée, Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France (MPF) ne s’est pas représenté donc ses électeurs ont été attirés vers un parti qui a des convictions sensiblement proche des leurs. Pourquoi voteraient-ils pour un autre parti politique ? Ensuite, parce qu’il a joué sur ce qui agaçait les Français le plus, à savoir l’immigration et la laïcité. Certes, on pourrait critiquer la manière de faire pour ce dernier sujet. Mais il faut tout de même rappeler que 67 % des Français pensent que l’immigration n’est pas une chance pour la France, selon un sondage IFOP pour Valeurs Actuelles. L’UMP était prise entre deux feux parce qu’elle ne voulait pas que le PS (alias de quoi je me mêle ?) lui reproche de chasser sur les terres de ce parti.

    Concernant la liste de Mme Boutin, je pense qu’il y a échec pour trois raisons. Premièrement, les médias se sont simplement focalisés sur les gros partis politiques et le FN. De ce fait, ils n’ont pas pris en compte les autres petites listes qui avaient aussi de bonnes idées. Deuxièmement, Mme Boutin n’avait pas une attitude claire vis à vis de l’Union européenne. Contrairement à vous Koz, je pense que l’UE est responsable de la dérive idéologique que nous vivons. La preuve est que 24 % des députés européens appartiennent au lobby Inter-LGBT. De même, sur le plan économique et institutionnel, elle ne pouvait faire grand chose parce que les députés européens n’ont pas de prérogative législative alors que c’est le cas dans les institutions nationales. Troisième et dernièrement, il faut voir la réalité en face. Oui, elle a fait des bourdes qui ont pu choquer et donc éloigner certains qui ont préférer voter pour le FN alors que la défense du christianisme est totalement absente. Par exemple, il est favorable a des cours de morale. Je peux comprendre que ses propos sur l’homosexualité ont choqué certains mais je me battrais pour qu’elle puisse le dire. D’ailleurs, je vous avait envoyé mon argumentaire par courriel et vous ne m’avez toujours pas répondu sur ce sujet.

  • @ Hubert Houliez : l’UMP a été conçu pour un résultat électoral et après un résultat électoral. Il fallait éviter les guerres UDF-RPR (et je me souviens, en 1989, d’avoir assister à une convention avec des « rénovateurs » qui voulaient réunir les deux) et il fallait donner une majorité à Chirac. Autant d’objectifs purement circonstanciels, qui ne permettent pas une expression à long terme.

    @ Olivier Rueil Malmaison : quand je dis que Nicolas Sarkozy « fait du FN », je n’affirme pas non plus qu’il avait sa carte. Mais ce ne sont pas les co-listiers locaux qui impriment leur marque à une campagne européenne. Or, depuis le choix de Martinez comme tête de liste, jusqu’aux tweets de Christine Boutin (twittant et retwittant des propos extrêmes), au choix des responsables de campagne, à la lettre à l’électeur FN, au mailing « où est Marine ? », l’intention a été manifestement de chercher son électeur dans les réserves du FN.

    @ Guillaume de Prémare: Guillaume, le roi ne reviendra pas 😉 . C’est comme ça. Et quand bien même il reviendrait, il ne ferait pas mieux. En attendant, il faut faire avec le réel.

    Quant à faire de la politique hors des partis, c’est légitime et c’est complémentaire mais, si c’est à titre exclusif, cette vision s’échoue sur la dure réalité de l’Assemblée Nationale.

  • Ah merci pour le clin d’oeil, mais je ne te parle pas du roi 🙂
    Je te parle d’une question réelle qui se pose aujourd’hui : celle de la décomposition de la chose publique et du rôle (pas exclusif) des partis dans ce processus. Je pense que, dans la situation actuelle, une politique hors partis peut damer le pion aux partis, à condition que quelques personnalités déjà connues franchissent le pas et mettent un coup de pied dans la fourmilière. Par ailleurs, je pense que si l’on établit la règle « un homme, un mandat, renouvelable une fois », la donne s’en trouvera radicalement changée… Pas sûr que les partis y survivraient, car le plus grand attrait des partis pour les médiocres qui se bousculent aux portillon électoral, c’est que le parti peut quasiment garantir leur carrière. Mais s’il n’y a plus de carrière possible…

    Donc, fi du conservatisme et de l’audace !

  • Je n’y crois pas, Guillaume. Je suis tout à fait d’accord pour penser que la politique n’est pas l’objet exclusif des partis mais, dès lors que l’on veut une représentation politique, un législateur, alors on aura une structure. Qu’elle s’appelle parti ou association ou mouvement ou ligue ou courant, elle fonctionnera de la même manière. Je ne suis pas non plus convaincu du bénéfice d’une règle « un homme, un mandat, renouvelable une fois ». Je suis, comme toi (et tout le monde, non ?) rétif au carriérisme, et dubitatif sur ces « plus jeunes députés » que l’on nous vante si souvent, mais je pense que la politique suppose aussi de l’expérience. Le mandat unique non plus ne me convainc pas.

  • Comme vous dites, Koz : avant de parler alliance, il faut penser.
    Finir par arriver enfin à penser par soi-même.
    En fonction de ce en quoi on croit, de ce pour quoi on vit.
    Et pas en fonction de « ce qui marche ».
    Vous kozez juste.

  • Ce d’autant plus que, si l’on se remet facilement de gagner sur les convictions des autres (ce qui se révèle inconfortable à la longue), il est rageant de perdre sur des convictions qu’on ne partage pas.

    Mon naturel optimiste me laisse croire également que le fait d’être véritablement habité par les convictions que l’on défend les rend nécessairement plus crédibles. A la longue, d’ailleurs, et en considération de l’évolution de notre système médiatico-numérique, les personnes qui se laissent aller à trop de revirements ne sont-elles pas condamnées au discrédit ?

    Le FN a aussi cela pour lui : même s’il s’est renié sur certains points, passant notamment du libéralisme économique à un certain étatisme, ce n’est pas sur ses convictions fondamentales (ses électeurs n’en ayant rien à talquer du débat libéralisme/étatisme), ce qui lui permet aussi d’afficher (i) de la constance (ii) sur un programme lisible.

  • Le FN s’est constitué autour d’une ligne, l’UMP s’est constituée autour d’un calcul.

    C’est beau comme un camion, ça 🙂

    Le tout, dans un système politique, c’est de décourager les ambitions personnelles. La royauté pourrait être pas mal, mais vouée à l’échec par Dieu lui-même (Samuel 8).

    Le modèle actuel de la démocratie me semble bien perturbé par les progrès de la communication qui nous fait tellement efficacement prendre des vessies pour des lanternes que nous sommes devenus incapables de distinguer les unes des autres. On pourrait peut-être agir dessus, mais il me semble qu’il faut avant tout s’occuper de décourager les ‘chercheurs de pouvoir’ selon la bientôt célèbre citation du regretté Dumbledore : « C’est une chose curieuse à dire, Harry, mais peut-être que les plus aptes à exercer le pouvoir sont ceux qui ne l’ont jamais recherché ».

    Trois systèmes me semblent inspirants : les Juges d’Israël, les Doges de Venise et les Papes.

    Le problème avec les Juges c’est qu’ils sont suscités par Dieu, et on a un peu perdu la martingale.

    Le principe des Doges me semble plus exploitable : dotés de pleins pouvoirs en terme de gouvernement, ils n’ont aucune liberté personnelle. À la mort du doge, sa famille a une semaine pour quitter le palais… Dès là, personne ne semblait envier cette si prestigieuse responsabilité, d’autant que les sanctions étaient rudes : ayant essayé de tirer la couverture à lui, Faliero fut destitué et décapité, et son portrait laissé accroché mais effacé… Une République qui dura un millénaire, seul Napoléon ayant pu interrompre la succession. Les élus prennent ça comme un honneur, mais surtout comme une lourde responsabilité.

    Quant aux papes bimillénaires, pas de candidature, un principe parfaitement opaque, et l’appel omni-présent à la confiance et à l’Esprit Saint. Et les élus prennent leur charge comme une croix.

    Dans un premier temps on pourrait déclarer un conflit d’intérêt rédhibitoire entre un mandat public et le salariat par l’état. Puis interdire les pantouflages et autres parachutes. Puis exiger 10 ans de vie professionnelle pour toute candidature. Puis… pfff… yen a beaucoup 🙂

  • Mais l’ UMP est un parti catastrophique (pour la FRANCE, qui va mal) : pas de doctrine métapolitique, pas de doctrine politique, pas de chef, pas d’échelons hiérachiques et de discipline.
    C’est un parti de notables, comme on disait en sociologie politique, balayant trés large, une coalition électorale de candidats livrés à eux-mêmes, une étiquette vague comme une marque, un néant entre deux élections sauf des déclarations d’élus livrés à leur subjectivité.
    L’électeur sollicité par ce parti se désole d’être à la remorque de ce machin.
    Réclamons de la loyauté et de la qualité.
    Qu’au moins deux partis différents émergent et s’expliquent sur leur métapolitique, en simple: ceux qui sont sensibles à l’anthropologie classique et aux valeurs traditionelles (côté LMPT pour parler actuel) et ceux qui sont des libéraux ou libertaires.
    Ils verront ensuite quelles aliances sont éthiquement et prudentiellement possibles.

  • La Révolution française et ses suites au XIXème ont empêché l’émergence en France d’un parti conservateur, soucieux des libertés « classiques », notamment économiques, mais réticent devant les « innovations » sociétales. Bref, le parti du bon sens.

    Et aujourd’hui, sauf à être complètement fêlé, qui peut sérieusement envisager de mener sur la durée la vie qui permet, avec de la chance, d’avoir un destin politique national ?

    Le diagnostic est préoccupant, pas tellement en raison du score du FN qu’en raison de l’épuisement du modèle démocratique, qui ne fonctionne plus, un peu comme la monarchie a un jour cessé de répondre aux nécessités de l’époque.

    Si quelqu’un dispose d’une boule de cristal….

  • Koz< a écrit :

    Elle aimerait dire la même chose, mais elle peut point. Alors, elle est systématiquement un cran en-dessous et ne fait passer qu’une idée à l’électeur : la vraie politique qui marche, c’est celle du FN, simplement, l’UMP n’ose pas le dire.

    C’est l’analyse « les Français préfèrent l’original à la copie », et j’ai toujours pensé différemment. Pourquoi la stratégie Sarkozy n’a pas fonctionné plusieurs fois ? Parce que son discours sur la rupture (plus à droite que Chirac, mais bien moins à droite que Le Pen) n’a pas été suivi dans les faits. Pas de grande réforme économique à la Shroeder, pas grand chose de différent sur l’immigration, on s’est beaucoup pris le chou sur des réformes de petite ampleur, quand ça aurait valu le coup si elles étaient plus conséquentes. L’orientation droitère, elle restait dans le blabla, comme avec le si décrié débat sur l’identité nationale. Du coup, les gens ils considèrent que si le type qu’on faisait passer pour très à droite fait une politique qui change pas grand chose, ils se disent que l’extrême droite fera une politique probablement pas si extrême que ça, mais plus marquée (probablement à tort, j’en conviens).

    Et puis il faut aussi voir que PS et UMP ont fait pire que ne pas faire campagne, ça fait un an qu’on dirait qu’ils font activement campagne pour le FN, pas par les thèmes déployés mais par l’aspect lamentable de ce qu’ils disent ou font. Le score du FN était parfaitement prévisible avant que la campagne des européennes commence. Le message des électeurs n’est peut-être pas très subtil, mais a le mérite d’être clair : « Y EN A MARRE ! ».

  • @ Koz:

    Je crains que vous partiez sur une fausse piste.

    Le FN est bel et bien en train de monter, je le constate chez un certain nombre de jeunes gens.
    Surtout, je ne suis pas sûr qu’ils puisent surtout dans la droite, mais plutôt dans une sorte de « gauche », ou en tout cas chez certains antilibéraux anticapitalistes qui votaient jusqu’alors plutôt à Gauche.

    Il semble bien, en tout cas, que le FN vampirise la Gauche plus qu’on ne pouvait l’imaginer. J’ai en mémoire des données aperçues au moment de législatives partielles (à Villeneuve-sur-Lot il me semble) semblant tendre vers cette conclusion.

  • Bonsoir,

    il me semble qu’il faut d’abord se réjouir d’une chose saine en démocratie: l’UMP a été médiocre ces X dernières années, il s’est pris une branlée considérable pour un parti d’opposition qui avait un boulevard devant lui. Bien fait et malheur aux vaincus.

    Se pose ensuite la vraie question de l’alternance. Pour que la démocratie fonctionne, il faut deux partis alternant le pouvoir, et présentant suffisament de différences pour que les gens ne s’ennuient pas. Aujourd’hui, l’UMP et le PS sont deux partis sociaux-démocrates, avec juste des nuances sur des sujets secondaires: le PS favorise ainsi certaines corporations (profs, fonctionnaires), l’UMP en favorise d’autres (professions libérales, agriculteurs…).

    L’alternance idéale pour moi est entre une droite libérale économiquement et conservatrice sur les moeurs d’un côté, et un parti social-démocrate progressiste sur les moeurs, car la meilleure politique est un équilibre, à la fois sur les questions économiques et sociétales.

    Ce que nous pourrions par contre avoir à défaut, c’est un parti centriste raisonnable (une consolidation des restes de l’UMP et du PS) opposé à un grand parti populiste auquel le front national ressemble de plus en plus. Ce ne serait pas le retour aux « heures les plus noires de notre passé », mais juste un retour 40 ans en arrière. A l’époque, le PS était le parti populiste, opposé à un centre-droit raisonnable

  • Aristote a écrit :

    Le diagnostic est préoccupant, pas tellement en raison du score du FN qu’en raison de l’épuisement du modèle démocratique,

    Je ne sais pas si notre modèle démocratique est épuisé. Même le scénario le pire, qu’une alliance de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélanchon prenne le pouvoir par les élections, me semble bien moins dangereux que les coups d’états et dictatures que vivent de nombreux pays. Et peut-être que ce serait un électrochoc pour enfin réorganiser notre vie politique.

  • Koztoujours…
    Je trouve dommage cette « analyse » qui s’arrête en (si bon) chemin et qui, à ce titre d’une certaine manière, rejoint la plus part des analyses des partis dis « démocratiques » qui comme arguments rabâchent à qui veut l’entendre qu’:  » il ne faut pas faire du FN »

    Tout d’abord c’est au vote UMP
    (http://fautpaspousser-fpp.tumblr.com/post/84444624864/ee2014-cp-forcevie2014-le-vote-ump-impossible)
    que sont allés les 1ères mises en garde de ForceVie aux électeurs
    Ensuite, depuis longtemps , chacun se cache derrière la diabolisation du FN pour ne pas entendre les quelques vérités d’on il s’accoutre pour paraître crédible, on lui a laisser une sorte de monopole sur des thèmes comme la « Nation « ou la « souveraineté », sur la « Famille » (même si ce n’est justement plus tout à fait vrai), et depuis l’ Europe des traités européens sur la possible même de la voir autrement, plus subsidiaire …
    Mais le logiciel fondateur du FN ce n’est pas cela, sa nation c’est le Nationalisme, sa « famille » c’est « Je préfère ma fille [ou ma famille] à mes amis, mes amis à mes voisins, mes voisins à mes compatriotes, mes compatriotes aux Européens. »(J.M Lepen), et l Europe ? Elle arrive à la fin inversement hiérarchique de cette citation !
    A continuer à refuser de parler de Nation (dans un monde tjrs plus globalisé et ou l’homme devient tjrs plus une « variable d’ajustement ») , à refuser de se poser la question de la révision des traités Européens alors que les politiques ont envoyés paître la souveraineté des citoyens au travers du non référendaire…, bref à exaspérer le peuple, il ne faudra pas s’étonner.. l’ initiative undenous en est le dernier exemple (ainsi que la prise de parole de Bruno Gollnisch
    https://twitter.com/brunogollnisch/status/454300658813132801)

    J’ai moi même eu du mal à « avaler mon chapeau » (https://twitter.com/fautpaspousser/status/461924468936675329) par moment, tout d’en ForceVie ne me convient pas (et je ne parle pas de la com parfois « adolescente ») , mais il y a une analyse qui me semble juste et peut être pas encore ajustée ? 😉
    Je reste pour ma part dans l’espérance de cette vision, qui n’en n’a pas pour la cause qu’ il défend ….
    Quand à Christine Boutin, je ne crois pas crédible de la taxer de Nationaliste (quoi qu’on puisse penser d’elle par ailleurs), pour la simple raison qu’elle ne hiérarchise pas la dignité de l’Homme …
    J’espère avoir éclairer un peu ce que ton billet oublie
    Sans ambigüité, ces photos (https://twitter.com/ForceVieIdF/status/464680505191841793 + https://www.facebook.com/CentreIslamiqueAssalamNantes/photos/a.123819297776545.26600.123422154482926/309306692561137/?type=1&theater) ne donne pas l’impression de courir après le FN
    A trop vouloir mettre les courants dans des cases on ne comprend plus ce que c’est que de parler en vérité !
    L’ enjeu civilisationnel dépasse maintenant notre vision étriquée des partis …

  • Il y a un autre travers tout aussi grand que celui qui pousse à identifier la voie du succès dans celle en laquelle on croit : c’est celui qui vise à identifier comme étant « de droite » ce en quoi l’on croit, et comme étant « d’extrême-droite » ou « frontiste » ce en quoi l’on ne croit pas. Et on en vient au présupposé du titre : qu’est-ce que « faire du FN » ?

    Parler de la nation et critiquer la dynamique d’intégration toujours plus fédéralisante de l’UE, est-ce que ce serait « faire du FN » ?

    Le souverainisme a toujours été (pas que, pas uniquement, mais tout de même) une valeur de droite. Pas le souverainisme ultra et réducteur du FN certes. Mais la défense d’une certaine idée de la nation, de l’Etat, et de l’Etat-nation France semble bien devoir être un marqueur de droite. Cela n’est d’ailleurs nullement incompatible avec la construction européenne, mais commande que celle-ci conserve un équilibre réellement défini qui respecte le cadre d’une union d’Etats souverains librement associés, sans verser dans le fédéralisme contenu dans ce slogan d’une intégration toujours plus poussée.

    Or il ne s’agit pas tellement ici de « faire du FN » que de reprendre un thème dont l’exclusivité n’aurait jamais dû être laissée au FN. La création de l’UMP et l’union avec les centristes a amené le discours de la droite parlementaire en matière d’Europe à se calquer sur celui du centre-droit (à savoir sur une ligne fédéraliste héritée de la pensée démocrate-chrétienne, mais plus éloignée de l’orthodoxie gaulliste). A tel point qu’il n’y a désormais pratiquement rien entre les partis exigeant plus d’Europe et ceux qui prônent la déconstruction (de l’euro, de l’Union, etc…). Entre ces deux positions, il y a pourtant bien de la place pour une droite défendant un équilibre raisonnable entre construction européenne et maintien de l’Etat-nation (dans une volonté de concilier l’existant qui a d’ailleurs tous les traits du conservatisme, ce qui est assez cohérent pour une droite).

    De Gaulle pratiquant la politique de la chaise vide en 1965 faisait-il du FN ? Seguin faisant campagne contre le Traité de Maastricht en 1992 fait-il du FN ? Henri Guaino défendant une ligne moins européiste que celle de Lamassoure fait-il du FN ?

    Alors certes, il ne faut pas « faire du FN ». Mais ne pas non plus laisser ce dernier pervertir indûment des thèmes qui méritent mieux. A bien des égards, c’est depuis longtemps le FN qui ne fait plus du FN (Philippot ne se revendique-t-il pas comme un gaulliste ?).

    J’ajoute une dernière remarque plus factuelle : quoi que l’on pense de la « droite décomplexée » et autres slogans sarkozystes, il n’est pas exact de dire que la « stratégie » a « systématiquement foiré » après 2007. Aux élections européennes de 2009, l’UMP était à 27%, et le FN à… 6%. C’est bien dommage de ne pas le mentionner car, après tout, n’est-ce pas justement d’élections européennes que l’on parle ici ?

  • Aristote a écrit :

    e diagnostic est préoccupant, pas tellement en raison du score du FN qu’en raison de l’épuisement du modèle démocratique, qui ne fonctionne plus,

    Bonjour,

    une autre raison de ne pas être trop inquiet: Le parlement européen est une institution bancale et coûteuse dont beaucoup ne comprennent pas l’utilité – vu de loin, le pouvoir en Europe est à la commission et au conseil des ministres. Cette élection est donc très propice soit à l’abstention, soit à un « vote plaisir ». J’ai parfois pratiqué les deux, cette fois, c’était l’abstention.

    Ce que la démocratie dit, aussi, sur les élections européennes, c’est qu’il faudra un jour réformer ou supprimer ce parlement de guignols. Elle n’a pas tort, sur ce coup-là, la démocratie.

  • Juridis quo a écrit :

    Aux élections européennes de 2009, l’UMP était à 27%, et le FN à… 6%. C’est bien dommage de ne pas le mentionner car, après tout, n’est-ce pas justement d’élections européennes que l’on parle ici ?

    Je ne suis certain que tout le monde ait un souvenir très précis de la campagne de 2009. De mémoire, elle ne me semble clairement pas avoir été marqué par ce type d’inflexion, bien au contraire. Et je vous remercie de cet exemple qui a plutôt tendance à aller dans mon sens. 2009, ça vient surtout après la présidence française de l’Union européenne, à un moment où l’Union Euiropéenne, grâce à Nicolas Sarkozy, a véritablement pu s’incarner. Il ne s’agissait pas de rejeter l’UE. Et mon souvenir le plus marquant, c’est celui d’un meeting régional fait chez moi, à Rueil-Malmaison, au cours duquel Michel Barnier et des ténors de l’UMP, ont développé un vrai propos sur l’Europe. Bref, le seul exemple d’une élection non perdue est précisément celle où la droite a existé en elle-même, sans courir après un autre parti.

    @ fautpaspousser : je veux bien concéder une maladresse de rédaction. Quand je dis « faire du FN », c’est une facilité de style, façon d’évoquer ce que certains disent de façon facile eux-mêmes, ou sous-entendent. C’est peut-être malvenu dans ce billet et, à tout le moins, mal compris. Il m’a semblé que le fait que cette expression soit en italique comme le ça marche suffisait à le souligner.

    Quand je dis que Force Vie a fait du FN, je ne veux évidemment pas dire qu’elle a adopté tous les thèmes du Front National. Je dis simplement qu’elle a déporté son centre de gravité politique, qu’elle a employé le ton, qu’elle a tissé des liens avec la frange la plus « à droite », pour ne pas dire FN elle-même, de l’électorat catholique. C’était déjà perceptible dans le choix de quelqu’un comme Martinez, signal on ne peut plus clair à l’électorat FN. Ca l’était encore dans ce que Christine Boutin choisissait de tweeter ou de retweeter. Ca l’était dans la façon d’aller chercher de façon explicite ses voix parmi les électeurs FN. Et le fait de dénoncer le vote UMP n’est pas spécialement contradictoire avec ce que j’écris là (sans compter qu’il est postérieur à d’autres initiatives de drague au FN). Soit dit en passant, le fait de mettre la Turquie au centre de la discussion, dans le mailing que vous citez, ne va pas franchement dans le sens de votre argumentation.

    Et puis, tout de même, quand Christine Boutin se met à clamer que l’homosexualité est une « abomination », on ne me fera pas croire qu’elle ne sait pas ce qu’elle fait. Et je ne peux pas m’empêcher de retrouver là les facilités stratégiques d’un Le Pen pour faire parler de lui, à base de déclarations outrancières et/ou scandaleuses.

    @ Flash : si le FN rameutait surtout à gauche, ce serait plutôt une pierre de plus à mon argumentation. Pourquoi « faire du FN » dans ce cas, plutôt que d’exister par soi-même ? Si l’on se met à complaire à la gauche en croyant plaire à l’extrême-droite, on va choper le tournis.

    Mais je ne crois pas qu’il soit pertinent de dire que le FN rameute à gauche. Il se trouve que ses électeurs peuvent aussi voter à gauche, mais ce n’est pas parce qu’ils seraient « de gauche » qu’ils votent FN. C’est parce qu’ils sont inquiets, revendicatifs et qu’ils veulent d ela protection. Le FN d’une certaine manière leur offre la protection qu’ils attendent, des syndicats comme de la gauche, avec une protection sociale dont ils commencent peut-être à douter.

    Vieil imbécile a écrit :

    C’est beau comme un camion, ça

    Arrête, je vais rougir.

  • Je ne sais pas si c’est vraiment « faire du FN » qui marche ? Il me semble semble que c’est plutôt l’attitude du système qui favorise un FN qui engrange passivement en se frottant les mains.

    Il suffit pour s’en convaincre de regarder ces trois derniers jours :
    – la « majorité » qui continue, comme si de rien n’était,
    – l’UMP prise dans un scandale retentissant qui éjecte son président en 24 h,
    – la Commission européenne qui éconduit l’initiative « Un de nous » dans la plus pure tradition du CESE !

    Ouf, les européennes sont passées, mais ça rapportera quand même au FN la prochaine fois, car il y a un phénomène de sédimentation du « ras le bol » et de l’écœurement ! Les gens se demandent : qui et comment mettre fin à cette spirale ?

  • lol ?

    Le chiffre le plus important est l’abstention. Non parce qu’ils auraient pu faire basculer d’un coté ou de l’autre (mega lol le sursaut républicain contre le fascisme), mais simplement qu’avec une augmentation du niveau d’éducation, un accès à l’information hors les canaux de propagandes verrouillées entre copains bien plus aisés, la réalisation que la politique ouverte à tous est un mensonge éhonté car il y a de nombreuses tentatives et les gens comprennent que ce n’est pas possible dans l’état actuel du pouvoir ; mais parce qu’il y a une prise de conscience que la démocratie est bien loin de ce qu’on leur apprend à l’école.

    Les gens ont compris que cette élection ou l’on peut choisir entre un pourri ou un pourri ou encore un pourri (les 3 partis qui ont une potentialité d’être élus – pouvoir financier, pouvoir médiatique, pouvoir du clan) ne sert pas à grand chose. Car la construction politique de la société et de l’europe est fait pour verrouiller le citoyen en dehors, une sorte de spectateur payeur.

    Il faut juste espérer qu’après la résignation ne vienne pas la révolte

  • On a connu, il n’y a pas si longtemps, un petit gars plutôt souple sur le plan intellectuel et idéologique, d’allure active et volontariste, et très talentueux pour parler au peuple avec des mots et des idées simples, qui a réussi à faire le grand écart entre le centre et l’extrême droite. Cela a marché la première fois (avant l’exercice du pouvoir), cela a échoué la deuxième (après l’exercice du pouvoir). Est-ce que cela peut marcher la troisième fois ? Sans doute pas vraiment (surtout quand on pense au « destin tragique » de certains des principaux tenants de cette ligne, comme Buisson, Guéant ou Copé)… Mais cela peut néanmoins suffire pour gagner (dans une logique inversion des rôles) face à un président sortant très impopulaire… Sachant qu’un positionnement plus classique au centre droit doit aussi, dans le contexte, être une stratégie gagnante, voire même plus sûre.

    Reste que la vraie question, c’est pour faire quelle politique alternative ? Avec quel projet d’alternance ? Avec quelles nouvelles solutions aux grands problèmes économiques et sociaux de notre pays ? Avec quelle vision pour l’Europe ? De ce côté-là, rien. Pour le programme, comme d’habitude, on attendra l’homme providentiel qui, pour l’emporter, saura bien improviser au dernier moment quelques mesures chocs qui imprimeront dans l’opinion.

    Quant à ceux qui appellent ici de leurs vœux une droite libérale sur le plan économique et conservatrice sur les questions sociétales, je crois que c’est justement la définition de la droite. Certains ne la trouvent sans doute pas assez libérale sur le plan économique et pas assez conservatrice sur les questions sociétales. Mais est-il possible d’aller plus loin, en France aujourd’hui, dans le libéralisme économique et dans le conservatisme sociétal sans susciter le rejet ? Pour l’instant, les leaders de la droite (et même de l’extrême-droite) semblent avoir clairement répondu non à cette question.

    Quant à Christine Boutin, 95% des Français ont dû ignorer qu’elle avait présenté une liste aux élections européennes et avait fait effectivement une campagne à l’extrême-droite. Et compte tenu de la multiplication de ses sorties pathétiques, c’est sans doute mieux ainsi.

  • Même si cette analyse semble surtout s’inscrire dans un contexte de réflexion sur l’état des forces à droite, et que je fais partie de ces gens de gauche pour qui, franchement, sans les militants de l’UMP, ça ferait bien longtemps que l’UMP se serait allié au FN, j’ai envie de commenter.

    Parce qu’il y a une chose qui me chiffonne. Dès que le FN fait un score notable (soit disons au-dessus de 15%) on parle « d’échec des partis de gouvernement » « d’écouter la voix des Français » bref: on analyse comme si une majorité de gens avaient voté pour le rejet du « système » (j’en ris encore de l’anti-système par Marine Le Pen), alors que ce n’est pas le cas.

    Le plus haut score -en voix- du FN est d’un peu plus de 6 millions de voix. Sur 44 millions d’électeurs environ, dont 80% ont participé.

    Et d’associer ceci à la montée de l’islam en France conjuguée à l’euro, la crise, Marine-qui-est-plus-mignonne-avec-les-arabes-que-son-père, etc… Ce faisant, on dit d’un problème qu’il est massif, qu’il faut le résoudre absolument puisque les Français le veulent etc etc, conclusion: immigration (enfin immigration africaine évidemment…) plus schengen plus « mort de notre identité » (mais je gage que je n’ai pas la même définition de la République que mon voisin) = Front National.

    Seulement, 10% de l’électorat n’ont jamais fait « les Français ». D’ailleurs, 15% non plus.

    Seulement, en 1995, quand il n’y avait ni euro, ni Al-Qaeda, ni intifada, ni réforme de la garde à vue, que Schengen n’était pas aussi présent dans le débat public, environ 4 million 500 000 personnes votaient pour Jean-Marie Le Pen, qui donc est censé être pire que sa fille.

    Ne peut-on pas formuler l’hypothèse suivante: il y a un noyau dur composé de 10% de l’électorat pour qui la priorité politique est l’immigration. Parce que je suis désolé, mais le point commun entre Jean-Marie et sa fille c’est bien ça, l’immigration, notre identité, tout ça tout ça.

    Il y a une fraction significative de l’électorat de l’UMP qui est sensible aux mêmes thématiques, mais ne franchit pas le rubicon pour des raisons qui sont probablement variables en fonction des individus. Et s’il ne l’a pas franchi avec les guignols actuels qui dirigent le parti, je pense qu’il ne le franchira jamais.

    Mais il y a la majorité de l’électorat qui, lui, réagit plus vigoureusement sur d’autres thèmes, qui, malgré la crise, malgré l’islam supposé vouloir nous conquérir (ah ah), malgré « l’immigration qui vole notre travail et notre identité » continue de voter soit pour les partis « traditionnels » soit pour d’autres forces politiques minoritaires. Et ces gens-là, tout le monde s’en fout. Le tour de force, en fait, c’est même que le discours frontiste les qualifie de « bobos » sans qu’on sache s’il s’agit de ceux qui le combattent ouvertement ou carrément de l’ensemble de ceux qui se content de ne pas l’aimer (auquel cas tout le monde accepte sans broncher d’entendre que la majorité des Français sont des « bobos », dans la même bouche qui dit que la paupérisation touche la moitié de la population).

    Pourtant, ce sont eux qui élisent et font élire, pas les électeurs du Front National. Ces derniers, il faut accepter qu’ils existent, qu’ils soutiennent ce qui est devenu le troisième parti politique de France, et il faut donc arrêter de vouloir les « conquérir » en tous cas pas tant qu’on a pas conquis tous ceux qui veulent voter ailleurs et qui désespèrent tout autant.

    Je ne m’explique pas que 10% de l’électorat monopolise ainsi le débat public.

    Quant aux sondages sur l’immigration…ouais, demandez par sondage si « vous êtes favorable au développement durable et trouvez que l’on n’en fait pas assez pour le protéger » et vous aurez 80% de oui. Demandez ensuite « si vous seriez prêts à consentir des sacrifices financiers pour participer à l’essor d’une économie éco-durable » et vous n’en aurez plus que 10%. Et là, vous pourrez conclure ce que vous voulez selon que vous êtes productiviste ou décroissant. La pertinence d’un sondage est souvent dans la question.

    PS: pour Koz, je suis encore d’accord avec vous. Merci de refaire un post sur la manif pour tous que je puisse me rappeler que je ne suis ni de droite, ni catholique 😉 (évidemment, c’est une blague, si je devenais de droite, je couvrirais mon visage de cendres et irait brûler des pains au chocolat pour m’exorciser).

  • @Koz a écrit:

     » Christine Boutin qui se met à clamer que l’homosexualité est une abomination. On ne me fera pas croire qu’elle ne sait pas ce qu’elle fait. »

    Personne ne dit le contraire mais il faut mettre ça en lien avec l’idéologie du genre qui est expérimentée dans les ABCD de l’égalité. Dans une tribune au Figaro, le philosophe Thibaud Collin a décrypté trois critères de cette idéologie. Le premier est le critère psychiatrique. Il a été établit dans les années 1950-1960 par les psychiatres et les psychologues. C’est simple: un homme se sent femme et une femme se sent homme. Cette expérience a été mise en pratique par le docteur en médecine John Money en 1966 sur des jumeaux Brian et David. Les parents ont voulu les faire circoncire mais la circoncision de David a échoué et Brian ne l’était pas encore. C’est là que notre personnage intervient. Il réussit à convaincre les parents que le sexe biologique n’est qu’arbitraire dont il peut être émanciper par l’éducation. Ainsi, David devient une fille et est appelé Brenda. Son frère n’est pas au courant. IL est traité comme une fille : habillé comme telle et le médecin lui hôte les testicules. A 6 ans, aucune modification se fait et cela semble confirmer la pensée de John Money qui affirme que le sexe est déterminé par la société. Malheureusement, ça ne durera pas longtemps et déjà les professeurs de Brenda et ses parents se rendent compte que quelque chose ne va pas. A son adolescence, Brenda se met à muer et aime les filles. Elle arrête son traitement et ses parents lui révèlent enfin la vérité. En conséquence, elle redevient David et il se marie avec une femme. Hélas ! Ce bouleversement identitaire a profondément marqué les deux garçons. En 2002, David se suicide et son frère jumeau fait de même en 2004. Malgré ce destin tragique, John Money persiste et signe sur sa pensée.

    Le deuxième sens est le sens féministes. Il a été repris dans les années 1970 par les féministes dont la plus connue est Judith Bluter. Le but des études sur le genre est d’affirmer que c’est la société qui répartit les rôles entre l’homme et la femme et que ces derniers ont la même place. S’ils ont la même place, alors ils sont identiques et donc pareils. Ainsi, leur combat à mener est la lutte contre le sexisme qui refuse toute distinction sociale entre l’homme et la femme. Par exemple, une femme qui décide de rester à la maison pour éduquer ses enfants est considérée comme anormale parce qu’elle ne travaille pas comme les hommes. Comme si c’était un crime de ne pas travailler, étant donné que l’éducation des enfants prend autant de temps, voire plus que le travail des hommes. Certaines iront plus loin en disant que le mariage est l’aliénation de la femme à l’homme.

    Le troisième et dernier sens est le sens homosexualiste. Il est reprit par les association Inter-LGBT. Il a la volonté de remplacer ce qu’il nomme « la norme hétérosexuelle » par la leur: l’homosexualité. Ainsi, en promouvant le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels, la gauche n’a pas promu le mariage mais veut détruire l’idée que celui – ci soit fondé sur l’alliance entre un homme et une femme. Ils sont donc en train d’opposer les personnes homosexuelles aux personnes hétérosexuelles et créent une discrimination envers les personnes hétérosexuelles. Concernant, les propos de Mme Boutin, ils interdisent toute critique du comportement homosexuel en accusant les autres d’homophobies. Par ailleurs, Judith Bluter étant favorable au mariage homosexuel avait elle même affirmé que les gens qui s’y opposaient étaient homophobes parce qu’ils ne voulaient pas que les normes évoluent. Ainsi, l’homophobie est la critique de l’homosexualité et le refus du mariage homosexuel. Par ailleurs, le mot « abomination » vient du latin abomination qui signifie repousser avec horreur. Je met en valeur un paradoxe: on a le droit de critiquer l’hétérosexualité mais pas l’homosexualité à cause de la raison que j’ai évoqué au-dessus.

  • Je tente ici une « troisième voie », car je m’exaspère d’une constante de tout bord à propos du FN, qui prive finalement de beaucoup de clairvoyance et de spontanéité en politique.

    Car ce qui m’exaspère dans votre article, ce n’est pas les propos qui, comme souvent, cherchent à être mesurés, dans une situation qui l’est de moins en moins.

    Ce qui m’exaspère, c’est qu’il reste dans le gloubi-boulga de la politique contemporaine. Celle-ci, désormais, interdit la parfaite indifférence vis-à-vis du FN.

    La question n’est absolument pas (ou ne devrait pas être) de faire ou non du FN. Que ce soit ce qui traîne dans la tête des politiques, c’est une chose. Que ce soit dans cette fausse question qu’on cherche la clé pour sortir de l’impasse, c’est plus que très illusoire.

    Non, la question est de savoir ce que peut et doit faire le politique, et de ce qu’on doit faire de la politique.
    Mon credo est que je me fiche du FN. J’ai mes idées, mes analyses, que j’essaie de baser sur ce que je comprends des situations, et que je porte quand elles me semblent pertinentes et bonnes. Que le FN s’exprime ou non, le politique est au service des idées qu’il défend, qu’il juge elles-mêmes au service du Bien Commun. Ainsi, il m’importe peu que le FN dise la même chose que ce que je pense, ou bien qu’il en dise le contraire.

    Je m’exaspère donc d’analyses, de discours, de communication et même tristement d’idées de fond qui s’articulent autour de ce qu’en dit le FN, ou du comment cela permettrait de le contrer. Ceci est vrai pour ceux qui s’y oppose, et mais aussi pour ceux qui les rejoignent.

    Si le FN pense comme moi, tant mieux pour lui. Mais qu’on ait systématiquement à recadrer sa pensée dans la perspective de ce qu’en dit le FN, de la crainte d’y être assimilé, ou de la volonté de s’en distinguer, c’est déjà qu’on a capitulé en politique.

    Et amicalement, cher Koz, c’est ce que vous faites dans cet article.

    Se ficher du FN, se contreficher du FN, et encore se moquer du FN.
    Voilà pourquoi j’estime que quand je m’exprime sur l’immigration, sur l’Euro, sur tout un tas d’autres sujet, je ne fais pas du FN. Et je guette, toujours en vain à ce jour, des politiques qui fassent de la politique. Et qui donc ont un projet qui n’est pas là pour les faire élire, mais pour montrer une voie qui doit fondamentalement conduire à notre bien à tous.

  • Merci koztoujours pour cette clarification, par les temps qui courent les analyses politiques mériteraient à beaucoup plus de prudence, l’électorat étant assez désorienté et exaspéré par le niveau « zero » de certains de ses représentants.
    Pour la seconde partie, je porte la même analyse que toi, te laissant le « pour ne pas dire FN »:
    « Je dis simplement qu’elle a déporté son centre de gravité politique, qu’elle a employé le ton, qu’elle a tissé des liens avec la frange la plus « à droite », pour ne pas dire FN elle-même, de l’électorat catholique. C’était déjà perceptible dans le choix de quelqu’un comme Martinez, signal on ne peut plus clair à l’électorat FN. Ca l’était encore dans ce que Christine Boutin choisissait de tweeter ou de retweeter. Ca l’était dans la façon d’aller chercher de façon explicite ses voix parmi les électeurs FN. Et le fait de dénoncer le vote UMP n’est pas spécialement contradictoire avec ce que j’écris là (sans compter qu’il est postérieur à d’autres initiatives de drague au FN). »
    Cela a effectivement été la raison de mon « attentisme » au début de sa campagne, j’avais besoin de clarification, et, pour tout dire, de comprendre la vision …
    Ensuite tu parles, non plus de « faire du FN », mais « de la frange la plus « à droite », de l’électorat catholique », ce qui soit dit en passant n’ est pas étranger à l’analyse IFOP (après coup) du vote catholique. Au lieu d’être tenté de pousser des cris d’orfraie, ne vaudrait il pas mieux se demander là encore pourquoi ? Car ces derniers (Les plus pratiquants) votent normalement le moins à l’ extrême droite que l’ensemble des Français, et mettre justement le pied à l’étrier, dans ce cas là, c’est déjà se corrompre d’une certaine manière, Marine Le pen la bien compris en proposant d’ « essayer le vote FN ».
    Les raisons, on peut en trouver justement dans ce fameux CP du 15 Avril dont tu fais mémoire:
    « faire croire aux français qu’il peut défendre la famille, la nation, le patriotisme, et donc une juste économie, sans tenir l’exigence première de la défense de la vie et de la primauté de la dignité de toute personne humaine. C’est une incohérence qu’il faut dénoncer … sur la défense du mariage, sur la protection de toute personne humaine en début ou fin de vie, sur la définition de la laïcité devenue pour eux laïcisme, Marine Le Pen et Florian Philippot, contrairement à quelques trop rares personnalités de ce parti, épousent les travers qu’ils ne cessent pourtant de dénoncer… De surcroit, le Front National siège dans le même groupe qu’un parti ayant fait tomber l’objection de conscience aux Pays-Bas… Les prétentions du FN à faire croire que la nation, la protection des travailleurs, le patriotisme décomplexé, thèmes affichés et surlignés, peuvent s’affranchir du combat premier pour la dignité de toute personne humaine sont vaines. Ne pas défendre de tels principes, c’est entrer comme l’a fait et le fera le FN « Bleu Marine » dans un système partisan prêt à toutes les compromissions sur les principes fondamentaux. Sans défense de la Vie, Nation et Patriotisme disparaitront. Sans reconnaissance et défense de l’humanité dans ce qu’elle a de plus sacré, aucun parti politique ne pourra être sérieux dans ses propositions. C’est cette impasse qui rend le « logiciel » des UMP, PS et FN obsolète.
    Élus, les députés Force Vie porteront à Bruxelles une vision cohérente basée sur des principes clairs. Parce que seul le respect intégral de la vie dans toutes ses dimensions permettra d’éviter la crise de civilisation qu’on nous prépare. Sans cela, on poursuivra les mêmes illusions vouées aux mêmes terribles échecs. »

    Pour ma part j’adhère sans problèmes à cette analyse, et le fait qu’elle utilise un certain vocabulaire, patriotisme, Nation (appropriat°d’ailleurs fallacieuse que justement le FN est entrain de perdre) ne fait pas d’eux des mots honnis. Ils conservent plein de sens pour beaucoup et nous gagnerions à ce qu’on leur redonne leurs titres de noblesse. (Je ne suis pas non plus Royaliste, mais là comme ailleurs, le royalisme (et les royalistes) aussi a quelque chose à nous dire de l’honneur, de notre identité, et peut-être même de la Foi …ouvrons grand notre cœur )
    Pour ce qui est de la Turquie, on peut avoir une opinion diverse, mais je ne vois pas en quoi être contre son adhésion à l’ UE serait une position extrême et non de simple bon sens ?
    Pour la fin de ta réponse, je n’ai rien à en dire, j’ avale mon chapeau … ça aussi il faut
    parfois savoir le faire (soupir), l’utopie évince l’incarnation, donc quid ?
    Je finirai par le « N’ayez pas peur » de JP II au risque de le compromettre !
    Oui n’ayons pas peur de nous confronter à certaines écluses, certaines digues, qui sécurisent-elles ? Pourquoi ? Oui osons le Pourquoi ?
    Sans RIEN perdre de la dignité humaine

    #ForceVie paix et joie du devoir accompli on continue http://t.co/tmVi07rlGA

    — Christine Boutin (@christineboutin) 26 Mai 2014

  • En marge un peu de la discussion en cours, les remarques suivantes: les bons résultats de Marien Le Pen aux municipales et aux européennes accélèrent une crise à droite qui couvait depuis Giscard d’Estaing. Je me demande s’il y aura effet domino? Et si la gauche ne va pas finir par être atteinte aussi?

  • Bonjour,

    La première chose que ce scrutin démontre surtout c’est la méconnaissance de nos concitoyens par rapport à la chose européenne (on ne peut pas dire que les médias et les pouvoirs publics fassent grand chose pour informer les français sur ces questions…), et leur intense déception par rapport à la politique.

    La victoire du FN n’est en réalité que trèèèèès relative, quoi qu’ils en disent pour s’en féliciter… Et quoi qu’en disent certains médias qui aiment bien jouer avec les peurs du public pour doper les audiences (l’anghoisse fait vendre, elle tient le « spectateur » d’infos en haleine), faisant ainsi le jeu d’une gauche qui a toujours veillé à faire en sorte que le FN soit médiatisé afin de mieux diviser la droite (les hasards de calendriers en matières d’affaires impliquant des membres de l’UMP ne cessent également de me questionner…). C’est une technique connue depuis Mitterrand, et dont on use encore… Mais revenons en aux élections…

    Si on part du principe que seul 4 électeurs sur 10 ont voté (je ne compte même pas les bulletins blanc ou nuls impossibles à décompter), les 25% de votes FN de 40% de votants… Et bien en réalité ça ne fait potentiellement et au mieux… que 10% des électeurs qui ont voté FN…

    10% d’inscrits qui ont effectivement voté FN… dont une bonne partie plus par « protestation » que par conviction aux « valeurs » du FN… Voilà qui remet les choses à sa place. Vous me direz qu’on peut appliquer ce principe aux autres partis, et c’est vrai… Sauf que les sympathisants FN s’abstiennent moins que les autres lorsqu’il s’agit d’aller voter. Ils tiennent plus que les autres à se faire entendre et à voir « leurs champions » progresser…

    Le FN a certes placé ses députés au conseil de l’Europe… Mais pas parce qu’il a vaincu et convaincu!

    Seulement parce que 60% de nos concitoyens ne se sentent pas concernés par l’Europe… Ou parce qu’ils se désespèrent de voire leur suffrages avoir une quelconque influence sur leur avenir… Et parce qu’un nombre conséquent de votants se sont imaginés qu’en votant FN à ce scrutin (sachant qu’il ne le ferait jamais pour un scrutin national dont ils verraient plus directement les conséquences dans leur quotidien) ils feraient peut être réagir les autres hommes politiques et les forceraient à proposer de vrais changements…

    Bref… Ce qui est vraiment inquiétant c’est le désespoir des français… Pas les 25% du FN qui n’en sont qu’un épiphénomène, et qui ne traduisent certainement pas la réalité du taux d’adhésion aux idées de ce parti.

    C’est inquiétant aussi pour l’image de la France et des français dans le monde aussi… Parce que ces subtilités électorales ne vont peut être pas sauter aux yeux des autres citoyens européens ou aux yeux de nos partenaires économiques ou politiques… Et là on peut avoir peur des conséquences…

  • @ Uchimizu:

    Mais je n’appelle pas à la dictature ! Je ne fais que constater ma perplexité. Si j’avais une solution dans ma poche, je ne manquerais pas de la partager avec vous.

    Mais je ne vois pas pourquoi le moment « démocratique » aurait plus la promesse de la vie éternelle que par exemple le moment « monarchique », qui pendant des siècles a été considéré comme « naturel », allant de soi, indépassable…

    La « démocratie » n’est pas en tant que telle la réponse à tout. Des décisions prises « démocratiquement » peuvent aboutir à la mort de la démocratie.

  • Je ne comprends pas ce billet, et mon incompréhension vient du flou qui entoure le concept de « faire du FN »

    C’est quoi faire du FN ?
    – s’interroger sur la maitrise de l’immigration ?
    – sur le « sentiment d’insécurité » ?
    – sur le pouvoir oligarchique et antidemocratique de « l’Europe » ?
    – sur l’incompétence manifeste de nos élites ?

    Est ce la question ou la réponse qui fait frêmir ?

  • A la lecture de ce billet et de ces commentaire, je comprends que la lecon n’a toujours pas ete comprise. Tel des enfants recollant vainement les morceaux d’un vase brise, vous n’acceptez pas la realite.
    Votre surmoi postmoderne finement cisele par la television vous enseigne encore ce grand commandement : « Le FN, c’est mal, c’est con. »
    Il y aura d’autres elections, d’autres victoires pour le FN, et vos analyses d’aujourd’hui ne permettront pas de l’expliquer.

  • Un sondage intéressant dans la Croix.

    Plus de 80 % des catholiques pratiquants sont allés voter, le double de la moyenne ! La foi et l’espérance… 🙂

    Ils ont un peu moins voté pour le FN que les autres. La charité ? 🙂

  • @ fautpaspousser : je crains qu’il n’y ait dans tout cela une excessive fidélité, qui ne pousse pas à la lucidité. Christine Boutin n’est pas aller chercher les électeurs FN pour les ramener au bercail. Elle a fait alliance avec l’extrême-droite. Ce n’était pour moi jusque-là qu’une impression étayée par nombre de signaux mais, voyez, j’ai manqué d’attention.

    On vient de me faire remarquer qu’elle n’a pas juste débauché un gars, Martinez, ex-FN. Non, elle a donné la tête de liste d’une région à cette personne et, dans une autre, elle a accueilli plusieurs membres du parti qu’il a rejoint, le Parti de la France, qui leur a accordé un soutien officiel. Faut-il rappeler ce qu’est le Parti de la France ? Qui est son fondateur, Carl Lang ? Qui gravite autour de ce parti ? On y trouve les Jeunesses Nationalistes et l’Oeuvre Française, deux organisations désormais dissoutes, notamment en raison de la propension élevée de leurs membres à saluer le bras tendu ! (illustration avec cette photo, qui a valu au célèbre Alexandre Gabriac, en chemise bleue de l’Oeuvre Française, d’être exclu du FN)

    Et c’est avec ces gens-là que Christine Boutin noue des alliances ? A quel degré de désespoir politique en arrive-t-elle pour faire ce genre de choses ? Comment ose-t-elle mêler les catholiques à ces mouvances, et entraîner des personnes que je sais de parfaite bonne foi (j’en connais personnellement et, sans vous connaître, je vous compte parmi elles) et très éloignées de ces idées, mais disposées à la suivre sur la foi de ce qu’elle a pu être, et notamment d’une image démocrate-chrétienne.

    Comment peut-on venir de l’UDF et passer une alliance avec le Parti de la France ?! Il ne s’agit même plus de « faire du FN ». Le « Parti de la France » est juste plus à l’extrême-droite que le FN.

    Bref, pour reprendre une figure biblique, puisque nous serons dans la tonalité, Christine Boutin a tous les atours du « mauvais pasteur » quand elle met des catholiques dans les bras de Carl Lang.

  • Aristote a écrit :

    La « démocratie » n’est pas en tant que telle la réponse à tout. Des décisions prises « démocratiquement » peuvent aboutir à la mort de la démocratie.

    Bonjour,

    vous avez raison, les démocraties peuvent se suicider, même si cela à mon avis plus dur aujourd’hui, où il n’existe plus de vrais modèles alternatifs, depuis les échecs communistes et fascistes.

    Mais je crois que l’on présente à tort comme des « suicides de la démocratie » des situations où le résultat démocratique est simplement contraire à ce que l’on souhaite personnellement.

    Ainsi, souhaiter un démontage de l’union européenne, pratiquer le protectionnisme économique, souhaiter stopper l’immigration, souhaiter nationaliser les banques ou que sais-je encore sont des opinions qui sont différentes du consensus actuel, mais qui, en soi, ne remettent pas en cause la démocratie.

    De plus, sur chacun de ces sujets, le monde politique actuel n’a pas su expliquer correctement quels étaient les enjeux. Peut-être est ce la seule solution de partir un certain temps dans la mauvaise direction, pour ensuite revenir, plus motivé, vers la politique que l’on appliquait au départ. Il faut ainsi peut-être que nos grandes industries exportatrices (luxe, aéronautique…) licencient des milliers de personnes devant les caméras suite à une application de la préférence nationale, pour qu’une génération soit vaccinnée contre l’illusion de l’isolement économoque.

    je ne trouve rien de malsain à tout cela, d’autant que je crois qu’on sous-estime grandement les effets délétères d’une politique imposée par des experts, et peut-être juste, mais pas partagée par l’opinion. J’y vois un parallèle avec l’éducation des enfants, où la transmission du savoir en entreprise: même si c’est dommage, il faut que chaque génération refasse certaines erreurs pour comprendre ce que savent déjà les anciens.

  • Cher Koz, comme certains des commentateurs, je ne suis pas sûr de bien comprendre ce que signifie « faire du FN ». A vous lire, je me suis demandé si l’on pouvait être anti-UE et républicain. Dans un autre billet, vous évoquiez l’apport de l’Europe, mentionnant l’atout de l’Euro dans les déplacements au sein de la zone. Pour paraphraser un ami, « une fois que vous vous êtes mis d’accord sur la devise et le drapeau, si vous ne partagez pas la même définition de l’homme, de la femme et du couple, votre société est bancale ».Or, qu’en est-il dans cette UE qui régente 80% des aspects légaux qui nous impactent? Voyez le veto de la Commission sur One of us. Et vous voudriez que nous prêtions crédit à ce machin?Oui, le FN propose un message simple, voire simpliste, qui peut faire mouche. Et oui, Force Vie a sans doute cherché à récupérer une partie de la dynamique FN.Pour autant, j’ai l’optimisme de croire qu’une grande partie de ces déçus de la politique politicienne qui votent FN ne partagent guère qu’une partie de la trame simpliste du message dudit parti.Et sur les Européennes, pourquoi ne pas penser que derrière un tel vote, il s’agit de réfuter la construction européenne telle qu’elle prend forme ces dernières années : technocratie et règne des lobbies idéologues?Enfin, à défaut d’être un fervent admirateur de Madame Boutin, j’ose penser qu’elle cherche davantage à proposer une nouvelle voie à des électeurs radicalisés, qu’à se faire récupérer par des bas de plafonds. PS : quelle est la balise pour passer à la ligne?

  • Après quelques jours de réflexion: Du calme. 1/ si quelqu’un veut sortir l’Europe, l’élection à cibler, c’est la présidentielle. 2/ Peut-être que la France est restée, au fond, une aristocratie, que le pouvoir est là où on arrive avec du réseau, certes, mais également en ayant fait polytechnique, mines, ENA. HEC pas trop. C’est formé et cela se renouvelle par les concours qui sont un mode de recrutement plutôt intelligent. Ceci permet d’avoir une vie politique où, à mon sens, il y q beaucoup trop d’idées et pas assez de partis. Car, dans les pays manquant une technostructure à la française, ces partis sont le lieu où l’expérience et le savoir faire de la chose politique est transmise et qui fournissent une structure pour la discipline, la prise de décision etc. Comme il a été mentionné, un gars comme Schroeder, ou Kohl, ou encore comme Mme Thatcher a appris la politique, l’art du compromis et du conflit, du combat et de la victoire, de la mise à mort et de la galanterie au regard du vaincu, au parti. Je me demande si en France, il n’y a pas quelques terrains de jeux ou moins prisés par la technostructre, le sociétal, où les politiques ont le droit de s’amuser. Mais les vrais intérêts de la France, du nucléaire au programme d’armement militaire, c’est exclu.

  • Une réflexion courte mais venue des entrailles.

    Ce recours aux partis est peut-être le signe que l’homme a intrinsèquement et vitalement besoin de s’en remettre à plus grand que soi. Révolutionnaires compris, qui affectent de ne dépendre de rien qui soit transcendant mais ne font que remplacer une religion (religere) par une autre, un Dieu par des idoles.
    Les mouvements d’extrême droite comme d’extrême gauche ne font-ils pas que rejoindre et solliciter en chacun l’insatisfaction et la révolte fondamentales qui habitent le cœur de l’homme ? Qui n’a des comptes à régler avec la vie ?

    La Politique peut-elle sauver l’Humanité ? Et comment ?

    Et enfin Je me pose la question : comment la Politique, entendue comme « sens du gouvernement », peut-elle préparer (à) la venue du Christ, hâter la Parousie ? (Je découvre à l’instant ces mots de Teilhard de C. « Le Seigneur Jésus ne viendra vite que si nous l’attendons beaucoup. C’est une accumulation de désirs qui doit faire éclater la Parousie. »)

    La Politique appartient-elle à la chair, ou l’Esprit veut-il reposer sur elle pour propager son feu ?

    Merci.

  • Comme beaucoup de commentateurs, j’ai un peu de mal à saisir ce que tu entends par « Faire du FN ». Si j’en juge aux déclarations de Marine Le Pen, faire du FN c’est :
    1. Ne pas aimer les étrangers
    2. Combattre le libéralisme
    3. Ne pas aimer les Américains
    4. Dénoncer le libéralisme
    5. Ne pas aimer les patrons
    6. Souligner la dérive ultralibérale
    7. Vouloir punir les délinquants
    8. Etre protectionniste
    9. Accuser l’Europe et l’euro
    10. Promouvoir le contrôle étatique de l’économie
    11. Vouloir utiliser l’appareil d’Etat pour promouvoir ses idées/croyances
    12. Traiter ses adversaires d’ultralibéraux
    13. Soumettre les libertés individuelles au bien collectif
    14. Prétendre incarner le bien collectif
    15. Faire appel au patriotisme

    Bref, très exactement le socle idéologique du PCF au début des années 80 (à l’exception bien sûr de la soumission à une dictature sanguinaire dotée d’armes nucléaires), à l’époque où le parti socialiste lui offrait des ministères.

    On note qu’à l’exception notable des point 7 et 15, le PS « Fait du FN » sur l’intégralité des critères. Eh oui, même sur le point 1, Valls expulse autant que Guéant, la seule différence est que Hollande parvient en plus à s’humilier devant Leonarda. Quant à savoir pourquoi le PS choisit de ne s’opposer au FN que sur un point où ce dernier n’a pas totalement tort (la délinquance), ou en insultant régulièrement des millions de citoyens (le patriotisme) je me perds en conjectures.

    Bien sûr l’UMP est très largement coupable de « faire du FN », mais c’est tout de même un peu édulcoré par rapport aux autres. Par exemple, ils ne sont pas anti-américains, modérément anti-euro et assument mal leur anti-libéralisme (à part les plus cyniques, type Wauquiez). Bref, même si ce parti mérite 10 fois de faire faillite, je ne comprends pas bien pourquoi tu choisis de lui faire un procès en lepénisme quand sa proximité idéologique ne me paraît pas plus forte que celle du PS. Surtout au lendemain d’une élection qui a tourné à la déroute pour le PS et montré la porosité de son électorat avec le FN.

    Depuis le virage étatiste décidé par Marine Le Pen, le FN respecte de plus en plus la définition du fascisme donnée par Mussolini (qui s’y connaissait un peu) : « Tout par l’Etat, rien hors de l’Etat, rien contre l’Etat ». A une époque où des ministres passent des décrets protectionnistes ad hoc ou lancent des campagnes de propagande dans les maternelles, il y a effectivement lieu d’être inquiet.

  • Une remarque, d’abord, vis-à-vis de l’envie qu’on peut avoir de relativiser la déroute de l’UMP et/ou la victoire du FN (personne ne relativise la déroute du PS mais on y fait moins attention à cause de l’absence de surprise).

    • Les graphiques sont jolis, mais la comparaison avec la présidentielle ne vaut guère. Et puis, dire que le FN perd 1,7 million de voix depuis 2012, c’est bien beau, à condition de ne pas oublier que la droite a perdu la moitié des siennes et la gauche les deux tiers !

    • En 2009, l’UMP a remporté la première place avec 4,8 millions de voix et le FN a fait 1,1 million. En 2014, avec une participation similaire (c’est-à-dire très basse), le FN a 4,7 millions de voix. Alors, bon, l’expression « premier parti de France » est certainement excessive… mais quand même.

    Je comprends que pour l’UMP, la question d’aller ratisser sur le terrain de plus en plus large qu’on a concédé au FN est grande. Cela ne résout rien, à mon avis. D’abord parce que cela divise la droite, comme on le voit nettement aujourd’hui, il y a un monde entre « la droite forte » ou « décomplexée » (plus facile à dire qu’à faire) et celle qui cherche le rapprochement avec l’UDI (manque de bol, ce dernier parti, pas fou, ne tient pas à se raccrocher à une ambulance).

    Mais il y a une raison pour laquelle « faire du FN » ne résout rien. Pour l’expliquer, je suggère d’analyser le vote sous un autre angle, non plus idéologique, mais économique. Les partis représentent des idées, certes, en vitrine. Mais sur le fond, ils représentent avant tout des catégories sociales et économiques, et l’évolution de ces catégories est au moins aussi déterminante que les variations de positionnement politique des partis.

    Qui le FN représente-t-il? En simplifiant: les perdants de la mondialisation. Cela se voit aussi bien dans la répartition sociologique que dans la répartition géographique du vote Front National.

    À l’opposé, le PS comme l’UMP représentent soit les gagnants de la mondialisation (les urbains actifs) ou ceux qui en sont protégés par leur statut (les fonctionnaires pour le PS, les retraités pour l’UMP).

    Or, depuis 10-15 ans mais surtout depuis 2008, le nombre des perdants, et de ceux qui sont menacés par la mondialisation, n’a cessé de croître. Il ne faut pas chercher plus loin, je crois, les explications de la montée du FN.

    Quelles sont, pour le PS ou pour l’UMP, les solutions? Soit faire en sorte que les perdants le soient moins, mais cela exige le retour de la croissance, dont on a désormais compris qu’elle ne se décrète pas; ou bien essayer de représenter aussi les intérêts de cette catégorie de population. On peut mettre à leur crédit d’avoir essayé: le PS, avec le concept de partage du temps de travail… mais ça n’a pas marché, et depuis, la gauche a de facto renoncé; et l’UMP avec le volontarisme sarkozien… mais malheureusement, il n’y avait pas grand-chose au-delà des mots. De ce fait les deux partis ont perdu le peu de crédibilité qu’ils avaient dans ce segment de l’électorat.

    La question du sort du micro-parti de Mme Boutin est intéressante pour ceux qui se sont passionnés pour le débat sur le mariage. Pour le reste du monde, déjà moins: la rareté des commentaires de la presse en témoigne. Même chez les catholiques pratiquants, elle ne fait pas 10%. Conclusion: manifester et voter sont deux activités très différentes… l’électorat prêt à se décider sur le critère unique du conservatisme social reste confidentiel. La danse du ventre de Mme Boutin face aux électeurs FN est peu honorable, mais n’y a rien changé. Les préoccupations des électeurs sont ailleurs.

    @ Lib: c’était prévisible de ta part, ce qui t’inquiète chez Marine Le Pen, c’est l’étatisme. Je ne suis pas d’accord avec ton analyse de ce qu’est « faire du FN ». Le FN c’est 1) non aux étrangers (immigrants) 2) non aux étrangers (produits importés) 3) non aux étrangers (fonctionnaires à Bruxelles même s’ils sont Français) 4) non aux étrangers (délinquants) 5) non aux étrangers (Américains) 6) non aux étrangers (européens, sauf s’ils restent chez eux). L’histoire l’a montré: tout le reste du corpus idéologique du FN, notamment l’étatisme et le conservatisme social, est jetable en fonction des circonstances politiques.

  • @ Jean-Marie Achéritéguy:
    Monsieur, le Seigneur nous garde des politiques, même au sens que vous l’entendez, qui veulent hâter la Parousie. Qu’ils limitent à organiser le matériel, de créer conditions où les habitants de l’État peuvent prospérer et qui ne les empêchent pas d’espérer l’Esprit Saint. Je pense qu’il y a des éléments qui permettent de penser que ni le horreur matériel, ni la volonté de prendre en charge le salut des âmes hâterait Son avènement. Et c’est pourquoi la préséance donnée à des ressorts à mission (p.e. l’environnement) sur des ressorts régaliens, comme dans le gouvernement actuel, est plutôt mauvais.

  • La toute-puissance étatique est pourtant bien un désir très fort chez nos politiques. Cela rend pour moi très difficile la distinction entre le FN, le FG, le PS et l’UMP.
    Alors oui, l’emballage diffère.
    Mais franchement, les roms sont-ils mieux traités avec le PS qu’avec l’UMP?
    Un dossier comme Arcelor-Mittal aurait-il été traité différemment? Avec loi impérative, intervention de l’administration et tutti quanti?

    Le but de chacun d’eux est de régenter la famille, l’éducation, l’entreprise, le travail, chaque petite parcelle de la vie de chacun.

    Imposer les méchants, faire des cadeaux fiscaux aux gentils : voilà l’arme ultime. L’impôt, une arme de moralisation, permettant de « corriger les comportements », une « saine pédagogie » pour le peuple.

    Je ne me fais aucune illusion sur le FN. Mais je n’oppose pas le FN, avatar suprême du camp du Mal, au FG et au PS, les aimables représentants du camp du Bien. Le FN fait partie de la République, et même son arrivée au pouvoir peut être parfaitement démocratique. La « démocratie libérale » est une convergence plutôt récente, et rien n’indique que cette convergence soit naturelle, nécessaire ou définitive.

  • Marco, sous-commandant auto-dissout a écrit :

    Enfin, à défaut d’être un fervent admirateur de Madame Boutin, j’ose penser qu’elle cherche davantage à proposer une nouvelle voie à des électeurs radicalisés, qu’à se faire récupérer par des bas de plafonds.

    C’est à vrai dire soit une coupable indulgence, soit un manque troublant de lucidité. Lorsque vous vous alliez à un parti qui se trouve être à « la droite » du Front National, vous ne pouvez plus prétendre faire oeuvre de salubrité publique en tentant prétendument de ramener à la raison les brebis égarées. Non, vous êtes devenus le mauvais pasteur. Plus prosaïquement, c’est surtout le signe que Christine Boutin s’accommode de n’importe quelle alliance qui aurait du lui permettre de dépasser les 3%, au mépris de la cohérence personnelle et de la foi dont elle affirme s’inspirer. Passer de Robert Schuman à Carl Lang signe une totale errance politique et intellectuelle. Et Carl Lang et ses petits copains aux bars tendus, c’est incompatible avec le catholicisme.

  • @ Gwynfrid:

    La différence entre Jean-Marie et Marine, c’est bien un peu moins de plaisanteries douteuses et un virage marqué vers les thèses économiques du Front de gauche.

  • Impressionné par l’analyse de Gwynfrid, à laquelle je souscris à 100%.

    La période de crise politique actuelle révèle aussi, me semble-t-il, sous un jour plutôt cru le côté quelque peu factice des partis et des majorités de conquête (de droite et de gauche) qui se forment pour gagner les élections (présidentielles et législatives), dans un affrontement qui prend parfois des allures de guerre civile (2007, 2012)… Pour finir par appliquer une politique quasiment identique, imposée par les incontournables données européennes et mondiales. Et la marge de distinction devenant de plus en plus faible, elle est d’autant plus mise en avant. Sans parler des luttes fratricides qui se jouent à l’intérieur même de ces partis ou de ces majorités, plus pour des ambitions personnelles que pour des idées, une vision ou des solutions.

    Il me semble aussi, pour rebondir sur les excellents propos de Gwynfrid, que si les perdants de la mondialisation sont de plus en plus nombreux, avant de sombrer vers le pire, il faudra bien faire quelque chose. Mais quoi ? Dans le monde, aujourd’hui, personne ne semble avoir la réponse. Aucune alternative crédible ne se dessine. Et aucun dirigeant sensé ne prendra le risque d’aller seul contre la marche du monde.

    Quant au FN, au-delà de la tradition historique et des idées d’origine qui flottent toujours autour de ce parti malgré la dédiabolisation, ce qui distingue le FN du PS ou de l’UMP, c’est aussi son incapacité à gouverner, faute d’un réseau d’élus et de cadres suffisant, même à l’échelon local. Et c’est aussi (pas seulement) pour cela que l’escroquerie cynique du ni PS – ni FN en vigueur à l’UMP depuis les cantonales de 2011 est, de mon point de vue, totalement irresponsable (et sans doute aussi au final vraiment contreproductive pour ses initiateurs).

  • @ Aristote:
    Vous exagérez : le FN n’en est pas arrivé à proposer le SMIC à 1700 euros et la fixation d’un revenu maximum. Néanmoins, il s’est adapté aux circonstances, afin de rencontrer les aspirations de la population qu’il cherche à représenter, en vendant l’illusion selon laquelle la protection contre tout ce qui est étranger permettra de donner à tous les Français un emploi et la retraite à 60 ans pour tous par-dessus le marché. Rien de très étonnant à cela.

    De même, le FN a discrètement abandonné le conservatisme social qu’il défendait par le passé, car cela pourrait déranger une portion de son public.

  • Oui, faire passer le FN pour les chantres des libertariens ou de l’ultralibéralisme -comme certains articles de presse ont pu le laisser entendre- m’a laissé pantois.

    Un libertarien qui milite pour une intervention forte et massive de l’Etat, je ne vois même pas comment on peut gober ça.

    Le FN a un programme très « à Gauche » si par « à Gauche » on entend interventionniste, étatiste, centralisé, rigide.

  • Vous n’aurez pas de mal à me faire admettre que le programme du FN est aussi démagogique et dangereux sur le plan économique qu’il l’est sur le plan social. Tout ceci vise à plaire, non pas aux électeurs de gauche (vu du FN, la gauche et la droite n’existent plus), mais bien aux électeurs qui sont économiquement perdants des évolutions des 30 dernières années. D’où un « plan » qui consiste principalement à faire rêver au doux passé, celui avec le franc, les douaniers, le Plan, le contrôle des changes, le Ministère de l’Information, etc. Bref, tout ces éléments viennent à l’appui de la thèse que je présentais dans mon commentaire initial.

  • Jeff a écrit :

    Dans le monde, aujourd’hui, personne ne semble avoir la réponse. Aucune alternative crédible ne se dessine. Et aucun dirigeant sensé ne prendra le risque d’aller seul contre la marche du monde.

    Bonjour,

    certains pays ont essayé l’isolationisme, et cela a toujours été un échec.

    Pour moi, il n’existe pas de solution miracle, mais on doit tenter de mener une politique intelligente, et savoir, avec des réformes qui feront crisser des dents à gauche comme à droite, rendre notre pays plus compétitif et plus vivable.

  • â bon, vous appelez ça un programme, vous? Le débat politique me fait soudainement penser à la rénovation d’appartement. Il faut une belle décoration, celle qu’on a vue quelque part. Et puis, le mari/la femme n’aime pas et il faut faire autrement, et même quelque chose d’un mauvais goût patent et quand on a fini, on a oublié le factuel (les trappes de visite c’est moche, mais devoir refaire toute la salle de bain parce que le cumulus, qu’on a bien entendu pas changé, trop cher, bien qu’il date d’avant guerre, se met à fuir une fois les travaux terminés?).
    Eh bien en politique, c’est pareil, comme on ne peut pas divorcer ou expulser les 90% qui ne sont pas exactement d’accord, il faut faire des compromis et puis le factuel s’impose. Personnellement, l’élection sert surtout a choisir quelqu’un qu’on pense capable de trouver le compromis pas trop mauvais et de ne pas oublier le factuel sans se mettre les ouvriers (Les Etrangers, L’UE, la CEDH qui n’est pas organe de l’UE etc. à dos). On peut être contre le LBGT et tout ça mais, en vie réel on se retrouve un jour avec les enfants procréés clandestinement à l’étranger par des français, et alors, vous aurez le courage de dire: à l’orphelinat russe avec eux?

  • @Gwynfrid, merci de m’avoir résumé la position officielle sur le FN. Il suffit d’ouvrir un journal subventionné ou d’allumer la télé d’état pour se faire expliquer que le FN se résume à la xénophobie.

    Malheureusement, cette thèse ne résiste pas à l’analyse. Elle est totalement incapable d’expliquer pourquoi des immigrés votent FN. Elle est prise à contre-pied quand, dans ce qui a été largement présenté comme une nouvelle preuve de la lepenisation des esprits, des millions de personnes ont « liké » une page Facebook soutenant un commerçant immigré qui avait tué un voleur « de souche ».

    Cette thèse est extrêmement séduisante intellectuellement et surtout moralement. Elle permet de se donner bonne conscience, de s’acheter une image irréprochable tout en faisant ce qu’il faut pour qu’il n’y ait pas trop de racailles dans le quartier ou à l’école des enfants.

    Ta thèse sur les victimes de la mondialisation est moins perverse, mais elle tombe tout de même à côté. Beaucoup de gens pourtant protégés votent FN. Beaucoup de retraités, de plus en plus de syndicalistes, de fonctionnaires… Elle a par ailleurs l’énorme défaut de justifier nombre de positions de FN en légitimant la demande sous-jacente.

    Non, le FN est la conséquence logique d’une conception devenue ultra-majoritaire selon laquelle on peut définir le « bien commun » et donc l’imposer légitimement par la force. Ainsi la société se soumet totalement à l’état qui decide la morale, l’économie, l’éducation, le mérite, l’innovation, les relations humaines etc. Ce pacte faustien où les citoyens achètent une sécurité illusoire au prix de leur liberté aboutit inexorablement au fascisme. La convergence des partis politiques sur l’essentiel en est un terrible augure.

    Tant qu’on continuera de concevoir la res publica comme une tentative d’imposer ses vues à ses concitoyens par le moyen de la loi, on poursuivra sur ce funeste chemin. A contrario, c’est en revenant aux lumières, à une éthique du respect de la liberté de l’autre, à un rôle du souverain restreint à la sauvegarde de l’état de droit, qu’on conjurera cet avenir effrayant.

  • Lib a écrit :

    Non, le FN est la conséquence logique d’une conception devenue ultra-majoritaire selon laquelle on peut définir le « bien commun » et donc l’imposer légitimement par la force.

    Il me semble légitime de vouloir rechercher un « bien commun », ce qui oblige à en chercher une définition. Mais là où je vous rejoins, c’est que « le bien commun », c’est comme la vérité. On s’honore à le (la) chercher, on se trompe gravement quand on pense que sa vision personnelle du bien commun (de la vérité) est le bien commun (la vérité), on devient un fasciste (un Grand Inquisiteur) quand on veut l’imposer à autrui.

  • Uchimizu a écrit :

    Jeff a écrit :

    Dans le monde, aujourd’hui, personne ne semble avoir la réponse. Aucune alternative crédible ne se dessine. Et aucun dirigeant sensé ne prendra le risque d’aller seul contre la marche du monde.
    Bonjour,

    certains pays ont essayé l’isolationisme, et cela a toujours été un échec.

    Pour moi, il n’existe pas de solution miracle, mais on doit tenter de mener une politique intelligente, et savoir, avec des réformes qui feront crisser des dents à gauche comme à droite, rendre notre pays plus compétitif et plus vivable.

    Entièrement d’accord avec vous sur le fait que l’isolationnisme ne peut être qu’une impasse. Le système qui régit actuellement le monde (disons, pour simplifier, « la mondialisation libérale », sans connotation négative a priori) est sans doute le moins mauvais que les hommes aient pu trouver jusqu’ici. Le problème, c’est qu’il génère des inégalités et un nombre de « perdants » dont l’extension menace l’existence même du système. Mais les correctifs et les changements à apporter (lesquels ?) pour rendre ce système plus vertueux et donc viable ne peuvent l’être qu’à l’échelle mondiale. Comme en matière de changement climatique, il est fort probable que l’on attende, comme d’habitude, d’être au bord du précipice pour agir… en espérant qu’il ne soit pas trop tard.

  • Uchimizu a écrit :

    Bonsoir,

     » …
    L’alternance idéale pour moi est entre une droite libérale économiquement et conservatrice sur les moeurs d’un côté, et un parti social-démocrate progressiste sur les moeurs, car la meilleure politique est un équilibre, à la fois sur les questions économiques et sociétales.
    … »

    Incohérence.
    « une droite libérale économiquement et conservatrice sur les mœurs », c’est contradictoire, parce que le libéralisme économique et le progressisme sur les mœurs sont deux surgissements de la même source. Si on est libéral, impossible d’être conservateur, et vice-versa.

  • J’ai un peu de mal à voir tant de bonnes volontés relire les résultats d’une élection européenne très grave à l’aune d’une seule question: « quel parti représente vraiment les catholiques francais? »

    La montée de l’extrême droite (et des eurosceptiques) est un phénomène européen, il y a peut être un message que le peuple veut faire passer, à droite comme à gauche, à nos dirigeants européens et nationaux.

    L’Europe telle qu’elle fonctionne maintenant se fait au détriment des peuples; j’ai bien peur qu’assez rapidement, elle conduise à multiplier les frictions (cf la Grèce).

    Commencons par avoir un Parlement européen qui soit un Parlement, voire un Bundesrat permettant de défendre les Etats membres contre les intrusions de la Commission et du Conseil (Où est passé le principe de subsidiarité?).

    Continuons en révisant les Traités et en arrêtant, systématiquement, de faciliter les décisions dans le domaine de la libre circulation des biens et des personnes (le fameux premier pilier).

    Et terminons en établissant un équilibre des pouvoirs clairs et efficace entre le niveau européen et les niveaux nationaux.

    Voilà le fonds du problème qui place le FN, les eurospectiques et l’abstention au delà de 50%

  • Pierrot a écrit :

    parce que le libéralisme économique et le progressisme sur les mœurs sont deux surgissements de la même source.

    Non. Peut-être vrai du libéralisme anglo-saxon, encore que les républicains ou le Tea Party aux US, les conservateurs en Angleterre combinent libéralisme économique et conservatisme sur les moeurs, mais clairement faux de l’école autrichienne.

    Le libéralisme n’est pas né libertaire au sens d’un dogmatisme des droits de l’individu. Il est né d’une réaction à l’absolutisme politico-religieux des monarchies triomphantes (Louis XIV !), à l’alliance du trône et de l’autel qui le mettait en oeuvre (et à tant contribué à déchristianiser les élites). Il a une branche « libertaire », mais, il ne s’identifie pas à celle-ci.

  • Aristote a écrit :

    Mais là où je vous rejoins, c’est que « le bien commun », c’est comme la vérité.

    Nous sommes bien d’accord. Ce qui est d’ailleurs frappant, c’est que les plus prompts à invoquer « le bien commun » pour imposer leurs vues à leur prochain sont souvent les mêmes qui prêchent le relativisme.

    Pierrot a écrit :

    parce que le libéralisme économique et le progressisme sur les mœurs sont deux surgissements de la même source

    Non. La source du libéralisme, c’est le refus d’imposer ses choix aux autres par la violence ou la menace. Ce qui n’empêche pas d’avoir une opinion et de la professer.

    Notre société très illibérale tend à éroder cette distinction essentielle entre ce qu’on autorise et ce qu’on approuve, ce qu’on interdit et ce qu’on tolère à regret. L’espace de ce qui est permis mais réprouvé tend à disparaître. Dans les sociétés libérales il est (ou était) occupé par la politesse et la bienséance (notions méprisées par beaucoup de progressistes).

    Pour illustrer, un libéral sera favorable à ce que les humains puissent s’associer avec qui ils souhaitent, dans la forme qu’ils souhaitent et qu’ils donnent à leur association le nom qu’ils veulent. Tout ceci indépendamment de l’opinion positive, négative, neutre ou inexistante qu’il a sur l’homosexualité. Par contre il s’opposera à ce qu’on utilise la force (publique ou non) pour tripatouiller les zizis des gamins de maternelle.

    En conclusion, un libéral peut être conservateur, tant que ça n’implique pas d’empêcher les gens de faire ce qu’ils veulent avec leur cul; ou progressiste, tant que ça n’implique pas de forcer ses névroses sur des enfants (ni des adultes d’ailleurs).

  • @ Lib:
    Je parlais de libéralisme économique, basé sur la croissance, cherchant à obtenir la marchandisation de tout ce qui existe. Ce libéralisme économique a besoin du libertarisme de la gauche pour dissoudre toutes les valeurs non monétaires, et le libertarisme de gauche a besoin du libéralisme économique qui est le seul système écologique lui permettant de se développer. Libéralisme économique (ultralibéralisme) et libertarisme sont liés: l’un ne peut exister sans l’autre, ils font système et je crois bien que ce système libéral-libertarien est incompatible avec les Évangiles.

  • @ Pierrot:

    Mon problème avec votre commentaire est le suivant. Il est certes possible de trouver des partisans d’une société qui marchandise tout, y compris les relations humaines les plus intimes.

    Mais enfin, si on lit les classiques du libéralisme, de Benjamin Constant à John Rawls, en passant par Tocqueville, Aron, Hayek, von Mises, Leo Strauss, etc., on est bien en peine d’y trouver une défense de telles thèses.

    C’est comme s’en prendre au socialisme de la social-démocratie au nom des excès des thèses de Trotsky.

    Non, un libéral n’est pas quelqu’un qui prône la marchandisation du monde.

    Considérons cependant ce libéralisme économique (ultralibéralisme ?) que vous vitupérez. Quand un physicien veut faire la théorie de la chute des corps, il considère une masse, un centre de gravité, prend ou non en compte les frottements… De ce point de vue, il ne fait pas de différence entre une pierre et le corps d’une personne humaine. Et pourtant, il ne conteste pas qu’il existe une différence entre une pierre et un être humain.

    L’homo oeconomicus de l’économiste est bien sûr une abstraction qui ne tient pas compte de la totalité de la personne humaine. Reste que cette abstraction est raisonnablement efficace pour analyser le fonctionnement de bien des marchés. Une personne ne se réduit pas plus à l’homo oeconomicus qu’elle ne se réduit à être une masse susceptible de chuter. Mais il est aussi dangereux d’ignorer la mécanique des marchés que d’ignorer la loi de la gravitation universelle.

  • Aristote a écrit :

    Mais il est aussi dangereux d’ignorer la mécanique des marchés que d’ignorer la loi de la gravitation universelle.

    Sauf que la loi de la gravitation universelle est scientifiquement établie, indiscutable, un statut auquel ne peut prétendre « la mécanique des marchés ». L’économie n’est pas une science comparable à la physique. C’est une science dite « humaine », avec son cortège de théories, de contre-théories et de prévisions erronées. Il suffit de comparer le discours de certains économistes avant 2008 et le propos des mêmes économistes après 2008 pour relativiser cette « science ». La confiance dans le rôle bienfaisant de la fameuse « main invisible du marché » relève à mon avis plus de la croyance (ou de la religion) que de la science.

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