« Quand on met de la merde dans un ventilateur, il faut s’attendre à ce que tout le monde soit éclaboussé. »
Jacques Chirac avait une certaine prédilection pour les images d’une élégance perfectible mais d’une clarté remarquable.
Ce serait donc sagesse que de se tenir loin du ventilateur, à l’écart de cette affaire Preynat qui voudrait devenir l’affaire Barbarin, auquel on reproche de ne pas avoir dénoncé des faits commis au minimum seize ans avant qu’il en ait connaissance. Trouver une position juste, pour autant que l’on soit un peu informé (ce que je suis un peu), est particulièrement malaisé. Il ne s’agit pas de trouver une position médiane entre les victimes et le cardinal – ainsi que ceux qui sont, bien étrangement voire bien abusivement, mis en cause avec lui dans la plainte déposée. La Justice n’est pas « au milieu ». Être aux cotés des victimes, au minimum en pensée, ne veut pas dire abandonner l’homme Barbarin. Et vouloir prendre la défense du cardinal ferait courir le risque, si l’on n’y prend garde, d’oublier les victimes. Certains choisissent une discrétion à toute épreuve[1]. Soit dit en passant, s’il est détestable de sacrifier la vérité à l’institution en restant à distance des victimes, lâcher Mgr Barbarin et ses co-mis en cause sans un minimum d’attention pourrait aussi être une façon de préserver l’institution au détriment de la vérité.
Mais je comprends on ne peut mieux la colère des victimes. Et quand je dis que je la comprends, ce n’est pas pour exprimer habilement une forme de compassion mièvre qui m’exonèrerait par la suite. Découvrir que l’homme qui a détruit votre vie exerce encore en tant que prêtre, en paroisse, qu’il peut encore se permettre de consacrer les hosties, d’invoquer le Christ, qu’il peut lire encore l’évangile selon Saint Matthieu – « Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, il est préférable pour lui qu’on lui accroche au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’il soit englouti en pleine mer » – puis prêcher ensuite sur ce texte avec l’approbation et l’écoute attentive des paroissiens, me remplirait probablement de dégoût, et de la colère que je ressens même en l’écrivant.
Mais tout ceci rassemblé ne me convainc pas que je devrais taire les réserves que m’inspire le traitement actuel de cette affaire. Le prêtre concerné aurait-il dû être retiré immédiatement de toute paroisse ? C’est certain. Au minimum à l’époque des faits, en 1991. L’attitude de l’archevêché à l’époque n’était pas responsable, elle ne serait plus la même aujourd’hui. Devait-il être écarté en 2007, quand Mgr Barbarin apprend les faits ? C’est bien possible. En 2014, quand pour la première fois une victime de l’époque se signale au diocèse ? Certainement. Mais c’est pour le coup ce qui a été fait, avec le tort semble-t-il d’avoir attendu quatre à six mois le moment des nouvelles affectations dans l’ensemble du diocèse pour donner effet à la décision prise[2].
Pour autant, la consultation des quelques articles et des réseaux sociaux me donne vraiment le sentiment que l’opinion, peu attentive aux faits et complaisamment assistée en cela par quelques militants revanchards, plaque sur le cas présent un schéma qui ne lui correspond pas. On plaque Spotlight, on plaque l’affaire Pican. Réflexe d’avocat peut-être, mais il me semble que la responsabilité de Mgr Barbarin doit être évaluée au regard des seuls faits qui lui sont propres, et non d’un quelconque contexte. Au demeurant, quel que soit le sort judiciaire qui lui sera réservé, il restera toujours la responsabilité morale. A cet égard, que l’on se « rassure » : que le cardinal ait bien ou mal agi, son nom restera lié à cette affaire et il en paiera le prix, juste ou injuste[3].
Mais précisément, l’affaire Pican comme Spotlight traitent de cas dans lesquels des évêques ont gardé sous silence des faits quasi-contemporains et se sont contentés de déplacer d’une paroisse à une autre des prêtres ayant commis des actes de pédophilie. Mgr Pican a été condamné pour ne pas avoir dénoncé des faits récents ayant donné lieu à l’interpellation du prêtre, et alors qu’il s’était borné à imposer un séjour de trois mois dans un couvent au prêtre concerné[4]. Faut-il rappeler que ce traitement est atterrant ? Manifestement oui.
Mais en l’occurrence, il importe de prendre en compte la chronologie des faits :
- Le dernier fait de pédophilie connu, commis par le Père Preynat, est intervenu en 1991;
- Mgr Barbarin est nommé archevêque de Lyon onze ans plus tard, en 2002;
- Informé par la rumeur publique en 2007/2008, il s’entretient avec le Père Preynat, soit seize à dix-sept ans après les faits. Au cours de cet entretien, le Père Preynat reconnaît une nouvelle fois son passé et assure qu’aucun autre acte n’a plus été commis depuis;
- Mgr Barbarin est contacté par une victime en juillet 2014, vingt-trois ans après les faits. La décision est prise en 2015 de retirer le Père Preynat de sa paroisse. Elle est effective à l’été 2015.
Mgr Barbarin n’a pas « couvert des cas de pédophilie », ni déplacé un prêtre d’une paroisse à une autre.
Lorsqu’il arrive à Lyon, cela fait onze ans que le Père Preynat a été déplacé. Lorsqu’il est informé de sa réputation, cela fait seize ans qu’il est de nouveau en paroisse. Aucun acte nouveau n’a été signalé.
A dire vrai, je doute que la plainte pour non-dénonciation soit promise à un quelconque avenir judiciaire, pour des raisons proches de celles évoquées ici et, accessoirement, parce qu’au final on reprocherait au cardinal de ne pas avoir dénoncé des actes qui ne pouvaient déjà plus être poursuivis quand il les a appris, puisque vraisemblablement prescrits au moins pour la plupart d’entre eux[5] – sans compter l’argument avancé par certains, selon lequel ces faits étaient très largement et mieux connus par la population lyonnaise depuis 1991 sans que quiconque n’ait songé à les dénoncer.
La question qui demeure est celle de son maintien en paroisse à partir de 2007. Mais ce n’est pas pour cela qu’il est poursuivi. Je me permets de rappeler qu’outre une politique de vérité et transparence qu’il a personnellement impulsé dans plusieurs communautés religieuses, en 2010, alors qu’une journaliste, se faisant passer pour une victime, va le rencontrer en personne à la basilique de Fourvière, il lui conseille clairement de porter plainte, ne serait-ce que pour sa propre reconstruction. A la question de savoir si elle doit « se taire pour ne pas faire de mal à l’Eglise », il répond par la négative et ajoute notamment : « tant pis si c’est une honte supplémentaire pour l’Eglise ! ». Le portrait d’un prélat qui négligerait ces affaires, anxieux de la réputation de l’institution, ne tient pas.
En outre, lorsqu’il laisse le prêtre en paroisse, et d’après les informations que l’on m’a communiquées, en l’absence de plainte, le cardinal :
- consulte néanmoins un spécialiste pour évaluer le risque de récidive, seize à dix-sept ans après les faits, d’une personne qui les reconnaît,
- s’assure qu’aucun fait nouveau n’ait été évoqué durant ces seize ans,
- s’assure de la supervision d’un autre prêtre dans la même paroisse pour éviter que le père Preynat soit au contact d’enfants.
Mgr Barbarin a pris un risque. On peut répondre que le plus infime risque ne peut être couru. On peut répondre aussi qu’en près de vingt ans, un homme peut changer et qu’à ce jour, aucun nouvel acte n’a été révélé malgré la publicité de cette affaire et plusieurs mois d’enquête. Dans le cas contraire, son appréciation en serait évidemment bouleversée. En tout état de cause, cette affaire est suffisamment sérieuse pour que son périmètre ne soit pas abusivement étendu.
- ce billet rédigé, je prends connaissance de l’entretien donné par Mgr Dubost au Parisien. In fine, il pose une question certes bien difficile à évoquer, car la faute des uns n’excuse évidemment jamais celle des autres, mais qui commence à m’échauffer. Car l’Eglise a pris de nombreuses mesures, elle se remet en cause régulièrement sur ce sujet, et reste pointée du doigt comme si elle ne faisait rien. Dans le même temps les quinze derniers jours ont mis en lumière une affaire particulière dans l’Education Nationale, qui concerne un professeur condamné pour pédophilie et que l’Education Nationale a remis en poste. L’affaire a pourtant bien peu retenu l’attention des medias. L’Eglise a un devoir d’exemplarité tout particulier,c’est une évidence, mais ne confie-t-on pas nos enfants à l’Education Nationale, dont c’est le seul objet ? Le hiatus entre l’exigence envers l’Eglise et l’indulgence envers l’Education Nationale finit par lasser, autant que d’être inexplicable [↩]
- et le retour de la consultation romaine de la congrégation pour la doctrine de la foi [↩]
- et certainement injuste pour certains mis en cause, dont la position sur cette affaire précise n’a jamais pu souffrir la moindre critique [↩]
- S’ajoute certes à cela la question du secret de la confession [↩]
- mes confrères pénalistes me rappellent toutefois que la prescription en la matière est des plus compliquées à calculer : la loi ayant évolué à plusieurs reprises, le délai de prescription n’est pas le même selon la date de la commission des faits [↩]
Je profite de l’occasion pour une question sur un point connexe, puisque vous en parlez à nouveau dans la première note : vous mentionnez deux cas récents dans l’EN. Sur tiwtter le 7 mars vous avez donné 2 liens
https://twitter.com/koztoujours/status/706891391964684290
mais a priori les 2 articles concernent un seul et même cas. Aviez vous un autre cas en tête ?
Ah non, vous avez raison, je me suis trompé, en regardant les localisations en tête d’article. Je corrige.
Merci de mettre de la clarté là où tout devenait, devient confus. Est confus car, c’est le principe même de ce genre de transgression que de créer, de révéler de la confusion (Ferenczi, « la confusion des langues »). Que le « Père » Barbarin n’ait pas tenu un rôle totalement protecteur, même
ayant pris les précautions que vous dites, ne peut que rallumer la souffrance de ceux
qui ont été « abusés ». Quant à la colére des autres, ceux qui s’identifient, parce que cela vient toucher quelque chose en soi, oui, je les comprends. Il n’y a qu’une Loi posée qui puisse rassurer. Défaire la confusion.
Je ne parle pas pour ceux qui en profitent
une fois encore pour faire feu de tout bois contre l’Eglise. Il s’agit d’un tout autre phénomène, qui ne tient pas du tout compte de la souffrance de l’enfant dans l’adulte devenu.
Merci de clarifier ce débat. Je constate que attaquer l’Eglise est devenu LE sport « laïque et national », et dans cette affaire , en plus, « Qui veut la peau de Philippe Barbarin? » Merci Koz
Merci de vous avancer à poser une réflexion mesurée. Je n’ai pas dit tiède. Mais cette douloureuse « affaire » met en perspective nos propres faiblesses de parents, de paroissiens, de prêtres et d’évêques quant au discernement le plus ajusté. Effectivement on ne peut plus dire de l’Eglise qu’elle est une grande muette mais elle doit continuer à s’éduquer à demeurer sans cesse dans la vérité en gardant intacts ses propres charismes, ce qui la distingue du monde, en charité, patience, prudence etc. Diocésaine de Lyon, j’espère de tout cœur que les victimes retrouvent, par la justice exercée à tous les niveaux, la paix et puissent se reconstruire. Diocésaine de Lyon et engagée en Eglise, j’espère que celle-ci saura tirer les leçons les plus fécondes de cette affaire Preynat. C’est douloureux et cela nous laisse sans voix, de peur d’être à côté de la plaque ou dans une colère sourde. Et pourtant loin de moi l’enthousiasme de voir notre cardinal puni. Sa voix manquerait trop à l’Eglise.
Pardon pour la longueur du commentaire.
Merci de ce commentaire éclairant et du lien vers le blog de Judge Marie.
Mais éclairez-moi aussi sur ce point : Si les parents des enfants concernés et les personnes de leur entourage, quand ils ont été au courant des faits, n’ont pas eux-mêmes porté plainte, ne peuvent ils pas être eux-aussi visés par une action pour non-dénonciation de crime ? Car cela pouvait permettre à l’époque de prévenir d’autres faits ultérieurs éventuels. Pourquoi viser seulement le cardinal Barbarin, et pas tous les autres ceux qui étaient à l’époque fondés à agir auprès de la justice ?
Merci de cette mise au point. On voit bien que le cardinal n’a pas agi à la légère. Il a pris ses responsabilités.
On recherche toujours un prétexte pour dire que la religion est mauvaise. Comme si on voulait se déculpabiliser de ne pas être Chrétien
Antoine a écrit :
Je ne me permets pas d’exclure que sa décision de 2007 n’ait pas été bonne. Mais en effet, je ne pense absolument pas qu’il ait agi à la légère. Et l’ensemble de son action compte aussi : il a dû gérer plusieurs affaires de ce type, et n’a jamais fait preuve de la moindre tolérance, loin de là (cf aussi ce que rappelle Jean-Marie Guénois).
Je trouve que le sort qui lui est réservé pour UNE décision discutable sur les nombreuses bonnes décisions qu’il a prises, toujours dans le sens de l’intransigeance, est bien excessif – et pas dénué d’esprit de revanche.
@ Franck : les parents notamment mais, d’après ce que j’ai appris du contexte lyonnais, beaucoup de monde. Personne n’a jugé utile de dénoncer les faits et les premières plaintes ont attendu tout de même 26 ans.
Après l’argument n’emporte pas totalement ma conviction. L’évêque est la hiérarchie, je comprends donc qu’il soit spécialement visé. Mais cela devient tout de même moins pertinent quand il arrive tant de temps après les faits, et quand on centre l’action sur lui seul, sans rien reprocher à tous ceux qui en savaient bien plus long depuis bien plus longtemps.
Nathalie Danest a écrit :
Ce n’est pas ncéessaire 😉
@ Koz:
C’est fort possible en effet. Sachant que certains vont se permettre de s’ingérer dans une affaire de justice alors qu’ils ne connaissent rien au sujet. C’est navrant.
Billet méritoire mais je crains qu’il ne cible pas la source du problème. Aucun argument juridique ou moral ne portera car le combat est culturel.
J’ai pris conscience de la gravité de la situation il n’y a pas très longtemps en découvrant par hasard, dans un journal américain, le drame de Rotherham. Au moins 1400 gamines blanches violées, échangées, torturées, menacées de mort pendant 15 ans par des Pakistanais musulmans dans une petite ville du nord de l’Angleterre. Et personne n’en a entendu parler. Une faillite massive de la police et des services sociaux; une enquête qui a clairement établi que l’origine ethnique et religieuse des suspects a été un facteur d’inaction des autorités craignant l’accusation de racisme; une des premières personnes ayant tiré la sonnette d’alarme dès 20012 (en vain bien sûr) sanctionnée et forcée de suivre un stage d’ouverture à la diversité.
Ce n’est pas parce que l’Eglise a un devoir d’exemplarité que la meute l’accable. Si tel était leur souci, ce n’est pas l’Eglise qui ne signifie rien pour eux qu’ils voudraient purifier mais bien l’Education Nationale, creuset du vivre ensemble républicain.
Tu ne t’expliques pas l’indulgence envers l’EN, j’ai une explication, mais elle est difficile à accepter.
L’idée de justice est morte dans notre société. L’idée qu’il faut juger les actes et non les personnes ne constitue plus la fondation universellement acceptée de la vie en société.
Le dogme égalitariste l’a supplanté. Dorénavant la société doit activement traiter différemment les mêmes actes et situations selon que les personnes concernées font partie d’une catégorie réputée privilégiée/persécutrice ou victime/salvatrice.
Un prêtre est ontologiquement persécuteur; donc Barbarin. Un bourgeois est ontologiquement privilégié; donc Outreau. Un Pakistanais est ontologiquement une victime; donc Rotherham. L’EN est ontologiquement salvatrice; donc blackout sur la pédophilie.
Merci pour cette contribution à la fois bien documentée et très éclairante.
La Vérité vous rendra libre.
Lib a écrit :
Bien aimable 😉
Que l’Eglise ait ontologiquement le mauvais rôle, ça m’a un peu traversé l’esprit. Tout de même.
Merci pour votre argumentation très claire. Une affaire similaire a lieu en ce moment en Australie, celle de Mgr Pell, Cardinal actuellement en poste au Vatican et qui a été interrogé très recemment dans le cadre d’une commission royale sur sa non dénonciation d’un prêtre pédophile dans une affaire remontant à 40 ans en arrière. Lib pense que la notion de justice a disparu dans notre société, moi je pense que c’est la notion de pardon qui est sérieusement remise en cause par les affaires de ce type, notamment au sein une culture populaire qui met de plus en plus en valeur l’esprit de vengeance pour résoudre tout conflit. Finalement le plus grand reproche fait à l’Eglise dans ces affaires, n’est ce pas celui d’avoir cherché à pardonner » l’impardonnable »? Et c’est maintenant à l’Eglise qu’il n’est plus rien pardonné, quelques soient ses excuses…
On peut se poser beaucoup de questions. Et le procès permettra espérons le de comprendre comment une communauté entière a pu ignorer ce qui se passait en son sein pendant plus de vingt ans. La paroisse était dynamique, probablement beaucoup de laïcs engagés. La troupe de scouts était importante, sûrement beaucoup de cadres, jeunes adultes et parents. Personne n’a jamais rien su, rien vu ? Et le curé,quel rôle a t il joué ? On était dans la période post concile et post 68, période de grande effervescence et de remise en cause de l’autorité et tout le monde à Saint Luc dans la dévotion à Preynat ? Et pourquoi la troupe qui se réclamait des valeurs du scoutisme n’était elle affiliée à aucun mouvement scout, seulement à l’UFCV pour pouvoir organiser les camps ? Aucun parent ne s’est posé de questions ?
une fois de plus, juste merci. (je peux ainsi envoyer cet article à mes contacts mail qui n’ont pas accès par les journaux à ces données)
Merci pour cet article.
Il est cependant malheureux et profondément décevant de constater que seuls les médias et les plaintes font bouger le diocèse de Lyon. Quand on dénonce un dysfonctionnement concernant un prêtre sur ce diocèse, aucune action suffisante n’est entreprise pour que les faits en question ne se reproduisent pas. J’en ai fait l’amère expérience avec d’autres et je le constate de nouveau avec l’affaire Preynat. Il faut que cela cesse et que chacun prenne ses responsabilités.
J’ai eu dans mon entourage des réactions outrées de personnes qui n’avaient fait que lire les titres de l’AFP et qui dès qu’elles ont eu pris connaissance des faits se sont fort calmées. Il faut relayer l’info, on imagine mal à quel point des personnes sensées peuvent être sous-informées.
Erwan ,
Un tres grand merci pour cet Article enfin à décharge sur notre cardinal cela fait du Bien.
Mais je suis triste que tu ne saisisses pas l enjeu du débat . Toi qui a 40 ans , catholique , avocat la protection des enfants devrait être une bataille irrépressible et l’omerta des institutions quelque qu’elles soient ( laïque ,
religieuses école club de sport , Armée….). C
Est l’occasion de montrer notre détermination d’une espérance nouvelle .
As tu rencontré au moins une victime ?.
Ta fidélité est dans l institution et tu la protège mais La seule véritable Eglise est ce Règne de Dieu en germe, instauré par Jésus, lui, la victime innocente persécutée.
Je prie pour le cardinal pour les victimes et pour ce prêtre . Je prie pour que nous ayons du courage et pour que nous soyons cette génération qui dit non à ce mal qu’on veut banaliser
Tres bon carême
Existe-t-il des scandales « sexuels » d’une telle ampleur chez les protestants, les juifs, les musulmans? Ou n’est-ce le fait que de l’Eglise catholique et de l’Education nationale? Que peut-on faire pour que ça ne se reproduise plus?
Je n’ai pas de statistiques sur d’autres religions mais, en 2010 déjà, Newsweek avait sorti un article qui soulignait que les prêtres ne commettaient pas plus d’abus que les autres hommes – et même, fort heureusement, moins – et qui mentionnait le fait que bien d’autres « dénominations » avaient le même problème.
Jean philippe a écrit :
J’ai bien du mal à saisir, aussi, le lien logique entre vos deux phrases. Ni en quoi je ne saisirais pas l’enjeu du débat.
Aristote a écrit :
Il faut dire aussi que le traitement est tout de même très à charge – et que les propos du cardinal lui-même ne sont pas toujours des plus prudents et ajustés. Je ne suis pas moi-même un inconditionnel de la décision prise en 2007, mais elle ne relève pas des schémas habituels, et n’est en aucun cas la marque d’un évêque indifférent ou négligent. A la rigueur, pour les besoins du raisonnement, considérons même qu’il a pris la mauvaise décision : il reste que, dans des situations comparables, il a systématiquement pris et promu les bonnes décisions. C’est le cas dans l’interview « cachée »
que je cite, mais on me rappelle aussi qu’il y a eu deux autres cas de pédophilie depuis 2002, dans lesquels les prêtres ont été suspendus avant qu’une enquête judiciaire soit lancée. Il me semble que c’est au minimum un élément de contexte à prendre en compte.
Marc a écrit :
Je me méfie des affaires dites « similaires ». Même si je note bien que cela ne signifie pas « identique », chaque affaire a ses spécificités.
@ Colibri:
Il n’y a aucun indice que la prévalence de tels scandales soit plus élevée chez les prêtres catholiques que chez les autres adultes régulièrement en contact avec la jeunesse.
Mais l’Église catholique est la seule institution « internationale » pour laquelle on fait remonter des affaires qui datent de trente ans et plus. Si le prof d’une école américaine a abusé d’un élève en 1995, vous ne le saurez jamais. Si un scandale qui a eu lieu dans un pensionnat catholique espagnol en 1990 est découvert en 2016, vous serez informé !
Mais comme a dit Benoît XVI, on peut trouver cela injuste, mais le vrai problème c’est le mal toléré dans l’Église.
Dans le seul pays où à ma connaissance on dispose de données à peu près vérifiées, les US, il apparait aussi (1) que le gros des faits dits pédophiles sont des faits d’abus homosexuel sur des mineurs qui ne sont plus des enfants et (2) que la fréquence des faits a explosé dans les années 1970-80 (un effet mai 68 ?) pour diminuer très fortement par après.
La source est un rapport du John Jay College of criminal justice à New York, disponible en ligne sur Internet (en anglais).
@ Aristote:
Merci de votre commentaire. J’ai vu un petit peu ce matin en parcourant quelques blogs qu’effectivement les indignations sont parfois ciblées et sélectives. Je veux espérer que le silence de mon enfance et de mon adolescence sur un tel sujet n’existera plus mais je veux espérer aussi qu’il n’y aura pas d’abus médiatique. Le bruit médiatique ne fait pas toujours de bien non plus aux victimes.
Cher Koz,
Vous parlez de faits « vraisemblablement » prescrits au moment t où Mgr Barbarin en a connaissance.
Mais quid de la responsabilité du cardinal dans le cas où un juge considérerait les manoeuvres du diocèse (de Decourtray à aujourd’hui) comme constitutives d’un « obstacle insurmontable » à l’engagement des poursuites ?
Il se pourrait bien qu’aucun des faits ne soit prescrit.
Je ne suis pas pénaliste et, de surcroît, pas bien partant pour formuler un avis sur une question de prescription, particulièrement spécifique en ce domaine. Mais d’une part, il faudrait qualifier ce que vous appelez des « manœuvres ». D’autre part, il faudrait savoir en quoi cela aurait pu faire obstacle à l’engagement de poursuites. Le fait que le Père Preynat soit déplacé dans une autre paroisse en 1991 n’est pas un obstacle en soi. Encore moins insurmontable. En outre, à ma connaissance la notion d' »obstacle insurmontable » a été retenue, en matière criminelle, dans l’hypothèse d’un crime resté totalement inconnu de tous : l’infanticide d’enfants à leur naissance, par une mère dont la grossesse avait été ignorée de ses proches. Je ne vois pas vraiment là quelque chose de transposable en l’espèce. Les victimes, leur famille, leurs proches, d’autres responsables pouvaient tout à fait porter plainte. Aller chercher dans ce sens finit par laisser penser que l’objectif est moins la justice que la tête du cardinal.
Bon je me suis fait bloquer par la Parole « libérée » sut Twitter pour avoir dit que le lynchage du cardinal n’allait pas aider la recherche de la vérité et de la justice
Sans compter qu’avec les plaintes qu’ils déposent en rafale contre tous les responsables actuels du diocèse, çà ne va pas aider ceux qui ont su qqch à l’époque ã venir le raconter !
On peut se demander s’il n’y a pas ici un effet « Spotlight ». J’ai vu le film qui n’est certes pas complaisant envers l’Église, c’est le moins qu’on puisse dire, mais va quand même au-delà du pur procès à charge.
Les journalistes de Spotlight ont eu un réel courage. Je suis moins convaincu de celui de ceux qui s’acharnent contre Barbarin.
Qu’on ait des problèmes de conscience à dénoncer quelqu’un à la justice, ça peut à la limite se comprendre (et encore, là j’ai du mal).
Mais qu’on ne vienne pas trouver des excuses du genre « on a su très tard », « il a pu changer », alors que l’institution dans son ensemble n’a rien fait ni pour empêcher, ni pour le faire changer, et ce pendant 30 ans. 30 ANS !!!!
Mon frère faisait partie de ce groupe de scouts à Saint Luc (la bien nommée), à la fin des années 70. Il a été témoin, et failli être victime, ça s’est limité à quelques caresses déplacées. Tout le monde savait, les parents sont allés demander des comptes, et qu’on fait ses supérieurs ? ils l’ont muté de quelques dizaines de kilomètres, suspendu quelques mois pour que les parents ne portent pas plainte puis l’ont remis en charge d’enfants. C’est juste inadmissible et les circonvolutions pitoyables de cet article ne peuvent rien contre la réalité implacable des faits.
La moindre des choses aurait été de l’éloigner des enfants. Déjà ça. Rien que ça !!!
S’acharner et focaliser sur Barbarin est peut-être idiot certes, mais ce serait oublier tous les responsables précédents qui ont été au courant avant lui et qui n’ont rien fait. L’institution dans son ensemble est coupable, et vous pourrez crier tant que vo voudrez que c’est la religion qu’on attaque, cela ne changera rien et ne rachètera pas les péchés. On agite un mouchoir d’une main pendant qu’on balance grossièrement de l’autre main la poussière sous le tapis. Pauvre Barbarin bouc émissaire… Versons une larme.
Pour être pardonné, il faut déjà reconnaître ses péchés. Un vocabulaire qui vous parlera peut-être puisque vous semblez vous placer au dessus de la justice des simples mortels.
Cette absence totale de remise en question me stupéfie. Je vais vomir et je reviens.
(ça y est ça va mieux… ah non il en reste encore un peu)
Et puis cette manière de minimiser les faits, de sous-entendre « s’ils n’ont rien dit pendant 30 ans c’est que ça ne devait pas être bien grave », de mettre « abusés » entre guillemets comme si on pouvait remettre la parole de dizaines de personnes en doute ….
Et vos commentaires.
« les musulmans ont fait bien pire »
« encore un prétexte pour attaquer la religion »
« il y a bien eu des cas dans l’éducation nationale et on n’a rien dit » (WTF ?)
ou encore, summum de l’ignominie « les homos sont plus pédophiles que la moyenne »
Je crois que ça revient. Beuarrrrgh…..
@ Koz:
Mon propos n’est pas de dire que le cardinal doit être condamné. Je dis simplement que cela n’est pas impossible. Personnellement je ne speculerai pas sur une relaxe probable. Je n’en ferai même pas un argument.
Toutefois on est bien d’accord c’est uniquement la non dénonciation qui pourrait être reprochée au cardinal.
– il n’est en aucun cas complice de Preynat (pour Decourtray c’est autre chose)
– on ne peut juridiquement lui reprocher d’avoir cru le P. Preynat quand celui-ci affirme ne pas avoir réitéré le moindre fait. La présomption d’innocence c’est pour tout le monde.
En cela la comparaison de Mgr Barbarin et le cardinal Law est plus que douteuse et parfaitement inexacte.
Cela c’est le plan juridique. Sur le plan moral la démission m’apparaît nécessaire.
Agir en tant que chrétien ce n’est pas agir en juriste.
@ Bidib : je crains que votre propension à vomir ne vous aide pas à faire preuve de nuance. Pendant qu’on vomit, on ne réfléchit pas. Vous écrivez que « s’acharner et focaliser sur le cardinal Barbarin est peut-être idiot » et je ne peux que vous suivre en cela. C’est bien l’objet de ce billet, quand tout le monde le traite comme s’il était un abuseur lui-même, ou s’il avait déplacé un prêtre venant de commettre des actes pédophiles pour le soustraire à la justice. Si, entre deux vomissures, vous voulez bien en reprendre posément la lecture, vous lirez que je ne dis pas que la décision soit bonne, je dis également qu’il est évident que ce prêtre aurait dû être retiré de toute fonction dès 1991, que l’attitude d’un évêque comme Mgr Pican – qui est malheureusement aussi celle de Mgr Decourtray – est atterrante, je dis simplement que l’attitude de Mgr Barbarin n’est pas celle que l’on dépeint : celle d’un évêque qui traiterait ce sujet à la légère, qui étoufferait les choses qui n’aurait pris aucune assurance. Il y a contre lui un acharnement qui n’est pas simplement motivé par le souci de la justice.
@ CastorCL : de fait, mon billet ne s’achève pas sur une appréciation juridique. Dans cette situation dans laquelle il lui semblait qu’aucun mal n’avait plus été commis, dans laquelle aucune victime n’avait porté plainte, aucun proche n’avait dénoncé – dans des affaires dans lesquelles la prescription est particulièrement longue – il a semble-t-il pensé qu’il ferait plus de mal que de bien. C’était peut-être une erreur de sa part, et une prise de risque qu’il n’avait pas le droit d’assumer. Mais c’est bien différent de ce que l’on essaie de lui faire porter, comme s’il était le dernier des salauds.
Assez d’accord avec Lib.
Par ailleurs, quand on va faire un tour sur le comte twitter et sur le site de « la parole libérée », l’impression qui se dégage est que le but est moins de défendre les victimes que de se payer le Cardinal, histoire de lui faire payer son engagement en particulier au moment de loi sur le « mariage gay »…
Erreur : Le cardinal est informé depuis 2011 !
Son bras droit Brac de la Perrière m’a reçu le 24 juin 2011 à 10h00 à l’initiative de Régine Maire.
Et que me dit-il ? »Nous avons Preynat à l’œil ; il n’est plus au contact d’enfants »
Les éléments l’attestant sont entre les mains de la justice.
Je n’imagine même pas qu’un tel rendez-vous ne soit pas parvenu aux oreilles du Primat des Gaules…
Je veux juste que tous ces gens soient enfin un peu sincères.
Nous avons été victimes de faits tout de même très graves…
Le cardinal a déclaré de lui-même dans La Croix, alors que personne ne pouvait le savoir et que cela ne joue pas en sa faveur, qu’il était informé par le Père Preynat en 2007/2008 (cf le pt 3 de la chronologie que j’ai indiquée). Il lui serait plus favorable d’affirmer qu’il a été informé, trois ans plus tard, en 2011. Il me semble qu’en terme de sincérité, on doit pouvoir le retenir en sa faveur.
Laissons la justice juger de la responsabilité du cardinal. Cela ne sert à rien de se déchirer sauf à croire que les jugements sont rendus selon le traitement médiatique des affaires à scandale.
Et si le cardinal est condamné, (ce serait avec sursis, non ?) en quoi est-ce grave si son exemple conduit l’Eglise à être intransigeante sur ses mauvais bergers ? Elle en sera salie ? Elle paye à retard sa complaisance. Elle en sera détruite ? Bien sûr que non.
Que l’Education nationale soit touchée par des scandales similaires et que la presse en parle peu n’est pas un argument. Dans la dernière affaire, le fait que les condamnations ne soient pas transmises au ministère a provoqué une bronca. Les parents entendent et protestent, que cela soit médiatisé ou pas. La sévérité de la justice vis à vis de l’Eglise entraînera forcément la même sévérité vis à vis de l’EN et de toutes les institutions qui étouffent les cas de pédophilie.
Enfin, que le cardinal paye son soutien à LMPT est évident mais contre un adversaire politique, tout moyen est bon, non ?
@ C.C.:
Je ne suis pas du tout d’accord. Ce groupe est constitué de personnes dont certaines sont catholiques pratiquants.
Leur vindicte est la hauteur de leur douleur et de leur stupeur. Le nombre de faits commis par le P. Preynat et la négligence du diocèse de Lyon ne leur fait pas plaisir.
Je vous invite à lirea rubrique « les valeurs du scoutisme trahies ». C’est édifiant et cela résume, je crois, tout leur combat.
Bertrand Virieux, un des trois représentants de l’association s’est exprimé dans l’émission » c’est à vous » de canal +. A la question « Et la foi dans tout cela? », il répond, sans hésitation: » la foi est toujours là ! ». Il mentionne alors l’engagement du pape François. À cela son confrère François Devaux (qui n’est pas croyant) précise que cette ligne n’est pas nouvelle. Il rappelle que c’est Benoît XVI qui a, le premier, forcé la mise en oeuvre cette exigence de transparence en matière d’abus sexuels commis dans l’église.
Je suis partiellement d’accord avec vous, @ CastorCL, mais je ne suis pas certain que les motivations soient univoques au sein de l’association, ni que les buts affichés correspondent tant que cela aux buts poursuivis.
Il y a, ensuite, la résonance de cette affaire, qu’ils ne maîtrisent pas, pour le coup. Et là, sans conteste, pour beaucoup il s’agit de se payer le cardinal et de lui faire payer ses prises de position passées. Il suffit de regarder, sur Twitter, notamment, les comptes les plus actifs pour dénoncer Barbarin pour se faire une idée.
Le site des accusateurs du Père Preynat est extrêmement bien tenu par des gens qui ne sont pas tous des bouffeurs de curé, loin de là. Le dossier qu’ils ont constitué est, à mon avis, accablant. Je vous invite à y faire un tour. Certes, il y a des commentaires haineux contre l’Eglise mais ils n’émanent pas des animateurs de l’association.
http://www.veritegroupesaintluc.fr/le-dioc%C3%A8se-de-lyon/
Pour ma part, je prie pour que Mgr Barbarin reconnaisse humblement sa part d’erreurs…
@ Physdemon:
site très bien fait, oui
Accablant oui mais uniquement à charge puisque c’est le site des victimes. Vu de Lyon, beaucoup de non dits, d’approximations et d’interprétations abusives
Il faut savoir que Preynat qui était un type brillant a été expédié au fin fond de la campagne roannaise d’où il n’est jamais revenu. Pourquoi là bas ? Probablement parce qu’il n’y avait pas de troupes scoutes à des km ã la ronde et qu’il était plus facile de le surveiller.
On ne sait pas exactement ce que le cardinal a appris en 2007. Çà m’étonnerait que Preynat lui ait lâché tout ce qu’il a avoué en garde à vue. Ensuite, comment évaluer la dangerosité de qqn qui ne nie pas et qui n’a pas récidivé depuis 1991 ?
Les victimes se focalisent beaucoup sur le fait qu’il ait été « promu » doyen. Un doyen n’a pas autoritė sur ses confrères, il fait le lien avec le diocèse, C’est surtout du travail en plus et les candidats ne se bousculent pas en général.
Bidib a écrit :
Non, ce n’est pas cela qui est dit.
Un abus sexuel sur un garçon prépubère n’est pas de la pédophilie. Cela reste un acte homosexuel. Et le gros des actes dits pédophiles du clergé est de cette nature.
Quand la première enquête du John Jay College of criminal justice a rendu son rapport sur la situation aux US, ce constat était tellement évident qu’on a cherché une explication qui dédouane la communauté homosexuelle. On a donc décidé que la seule raison de cet état de fait était que les prêtres étaient plus en contact avec les garçons qu’avec les filles…
Une autre explication est possible. La prêtrise a toujours attiré des hommes peu attirés par les femmes. Beaucoup ont fait d’excellents prêtres. Mais au début des années 70, quand tous les verrous ont lâché, les prêtres hétéros dont la vocation était fragile sont partis se marier. Dans ces années-là, sortir du placard était de l’ordre de l’impossible pour les prêtres à tendance homosexuelle. Ils sont restés et certains, pas tous loin de là, ont failli.
La tempête soixante-huitarde est passée, les séminaires sont plus attentifs à l’équilibre affectif des candidats à la prêtrise, on peut espérer non qu’il n’y ait plus jamais de scandale, mais que leur fréquence devienne très faible.
Les victimes et les proches sont en colère et je les comprends, mais ça ne peut justifier la vengeance.
Observateur très attentif de comptes Twitter de sympathisants et militants LGBT, j’ai été témoin d’un déchaînement anti-Barbarin très précoce par rapport aux médias mainstream, devenant très explosif, revanchard et souvent haineux. Il ne s’agit plus de défendre l’intérêt des victimes, au contraire.
On perçoit une volonté de profiter de l’effet Spotlight. En particulier: jouer les médias, course judiciaire, impliquer Rome, trouver des coupables, trouver les contradictions.
Je ne parviens pas à retrouver la vidéo caméra cachée que vous citez dans le billet, pourriez-vous mettre le lien svp?
Merci!
à Florence,
Moi qui suis aussi de Lyon, j’avais un préjugé favorable à l’égard de Mgr Barbarin jusqu’à ce que j’en apprenne un peu plus que ce sur quoi insistent les médias. Pour ma part, je ne lui reproche pas de n’avoir pas dénoncé à la justice le Père Preynat. Je lui reproche d’avoir pris le risque en 2007 de le laisser poursuivre une carrière normale en paroisse à proximité de servants d’autel et d’enfants catéchisés. Vous dites que Mgr Barbarin ne savait sans doute pas tout. J’en déduis qu’il était bien peu curieux: cela faisait des années qu’une rumeur insistante poursuivait le Père Preynat dans le clergé lyonnais. Mgr Barbarin s’est donc conduit avec beaucoup de légèreté s’il s’est contenté des aveux du Père Preynat sans approfondir l’enquête. N’oublions pas que nous avons affaire à un prêtre qui a utilisé sa fonction pour s’offrir des câlins hebdomadaires pendant treize ans. Treize ans, toutes les semaines, vous vous rendez compte ? Treize ans à se faire les petites cochonneries que vous imaginez avant la messe du samedi soir…. Certains le soupçonnent même d’avoir utilisé le sacrement de confession pour se faciliter la tâche, ce qui est une clause de suspense. Et Mgr Barbarin ne s’est même pas posé la question en 2007 ? C’est de l’incompétence car il est contraire au droit canonique de prendre le risque de laisser en paroisse un prêtre qui, du fait de tels actes, ne peut plus exercer sa fonction. De plus, je suis en colère parce que Mgr Barbarin est en train de solliciter ses fidèles et ses confrères de prendre sa défense alors que tous ses problèmes viennent de ce qu’il a pris trop de libertés avec le droit canonique. C’est pour cela que j’interviens sur ce blog. Je voulais avertir Koz qu’il prendrait des risques énormes pour sa réputation s’il allait trop loin dans la défense d’un prélat qui est d’abord victime de ses propres erreurs d’appréciation, en dépit de toutes les qualités humaines ou autres qu’on peut lui reconnaître. Depuis des années, l’Eglise fait de gros efforts pour que les fidèles puissent confier sans crainte leurs enfants à des prêtres. C’est pour cette raison que Mgr Barbarin s’est montré tellement ferme avec deux autres cas plus récents de soupçons de pédophilie, de simples soupçons je précise puisque l’un des prêtres incriminés a déjà été blanchi par la justice, son honneur ayant déjà été totalement compromis par ledit Barbarin qui l’a jeté en pâture aux médias pour prouver sa fermeté dans la répression de la pédophilie. Je pense que cette fermeté est tout à fait justifiée pour le bien de l’Eglise : celle-ci doit pouvoir assurer aux fidèles qu’aucun pédophile en acte ou en puissance n’officie au milieu leurs enfants. Je pense donc que Mgr Barbarin doit appliquer à soi-même la discipline qu’il veut imposer à ses prêtres : il doit admettre que s’il n’a pas eu par le passé une action conforme aux règles très strictes que l’Eglise s’est imposée sur ce sujet, il doit donner l’exemple et démissionner, afin que le diocèse de Lyon reparte sur des bases plus saines. Je ne pense pas que Mgr Barbarin soit complice de crime. Mais son imprudence et son application peu scrupuleuse du droit canon suffit à mes yeux à justifier sa démission. Comment voulez-vous qu’après un tel scandale, il puisse continuer de resserrer la discipline dans son diocèse ? Qu’il se rappelle que selon la parole du Christ il est au mieux « un serviteur inutile ». Si un autre peut mieux que lui assurer ce service, qu’il cède la place.
@ Bloguequipeut : ce n’est pas une caméra cachée, c’est l’article que vous pouvez lire en cliquant sur la miniature.
@ Physdemon : Koz n’a pas franchement besoin d’avertissement. Il sait ce qu’il a à faire. Il pense aussi que le cardinal a quelque notion de droit canonique et, by the way, que si donc le Tout-Lyon savait depuis longtemps et dans les détails que vous évoquez et bien avant que Mgr Barbarin soit nommé évêque… peut-être ne devrait-il pas trop la ramener, le Tout-Lyon, et se poser la question de son propre silence coupable ?
Par ailleurs, vous partez du principe, ou imaginez, que le cardinal n’a pas poussé ses investigations en 2007. Comme je l’ai écrit, sur la base d’informations assez directes, ce n’est pas le cas.
Je note au demeurant que vous n’avez vraiment aucune indulgence pour Mgr Barbarin. S’il maintient un prêtre en place, il est inexcusable. S’il retire un prêtre, il le « jette en pâture aux medias » et compromet son honneur.
Le Tout-Lyon n’est pas concerné qui ne savait rien de tout cela. Je ne parle que du clergé lyonnais, dont je ne fais pas partie, qui savait qu’il y avait eu des problèmes graves sans en connaître l’exacte teneur ni le degré de gravité, et qui n’était pas en position de prendre les décisions qui s’imposaient. A son pasteur d’assumer ses responsabilités.
Si par ailleurs Mgr Barbarin a poussé plus loin dès 2007 les investigations concernant le père Preynat, c’est assez inquiétant… Vous voulez l’accabler ou le défendre ? Voulez-vous dire qu’il a laissé sciemment le soin d’une paroisse, au mépris du droit canonique, à un prêtre convaincu de pratiques pédophiles étalées sur plus de 12 longues années ? Je l’accusai de légèreté et de naïveté, je vois que vous l’accusez de choses bien plus graves… Ses deux prédécesseurs immédiats avaient au moins l’excuse de n’avoir pas eu le temps de prendre la mesure de l’extrême gravité des choses.
Je veux bien avoir de l’indulgence pour Mgr Barbarin : soyons clair, je fais le voeu qu’il démissionne pour sa gestion imprudente du dossier, pas qu’il aille en prison pour non-dénonciation de faits délictueux et criminels… Sur ce point, je suis tout prêt à prendre sa défense. Mais concernant la gestion du dossier, c’est autre chose : nous avons besoin d’un évêque qui prêche par l’exemple en matière de discipline ecclésiale : « vous serez jugés de la mesure dont vous jugerez les autres ». Or, quant à songer à une démission , où est le mal pour lui ? Il restera évêque, sacramentellement parlant, et même cardinal, et continuera de vivre du Denier du culte pour le restant de ses jours. L’opération n’est mauvaise pour lui que si l’on considère que ce serait un grand malheur pour un prélat de ne plus l’être, comme si le pouvoir d’un ecclésiastique était chose digne de convoitise… Pour ma part, j’estime qu’un évêque doit d’abord servir son diocèse et que s’il n’est plus en mesure de le faire correctement, il doit renoncer à sa charge. Or je crains que l’affaire ne soit déjà tellement pourrie que le diocèse en pâtira si Mgr Barbarin ne prend pas soin de mettre de la distance entre sa personne et sa fonction.
Un dernier mot sur l’affaire du prêtre dont l’honneur a été compromis : il s’agit d’un prêtre qui a commis une faute au regard de la morale et du droit de l’Eglise (une relation homosexuelle avec un jeune homme) mais pas au regard du droit pénal (il ne pouvait pas se douter que le jeune homme était mineur). Cela n’est certainement pas très reluisant. Mais je constate que Mgr Barbarin mentionne ce cas pour assurer qu’il est très strict dans la gestion des dossiers de pédophilie. Prenons en acte : il applique désormais un « principe de précaution » qui peut l’amener à atteindre une cible qui n’était pas visée. Mais qu’il reconnaisse alors qu’il n’a pas toujours appliqué un tel principe et qu’il est donc particulièrement mal placé pour incarner la politique de fermeté exigée par le Pape François car, ayant été lui-même impliqué dans les désordres passés, il la décrédibilise. S’il veut vraiment que les écuries d’Augias soient lavées, qu’il passe la main à un autre mieux placé que lui pour accomplir cette tâche.
De plus, comme il a un bon fond, en dépit de tous ses défauts bien connus des Lyonnais, je pense qu’il peut se laisser convaincre de l’utilité de partir… En attendant, lui apporter un soutien trop appuyé n’est pas forcément lui rendre service, ni à lui ni à l’Eglise. C’est sur ce point que je voulais éveiller votre attention.
Mon attention se porte à merveille et mon discernement vous salue. J’espère qu’il en est de même en ce qui vous concerne lorsque vous imputez un cynisme manifeste au cardinal en insinuant qu’il se sert du cas d’un homme. Il pourrait aussi vous apparaître que les investigations menées ne l’ont pas conduit à constater ce que vous tenez pour acquis. Les jours qui viennent nous en diront peut-être plus long sur le contexte de cette affaire.
Cynique Barbarin ? Non, ce n’est pas ce que je voulais dire. Autoritaire et brouillon, oui : c’est même une évidence. A côté de cela, il de vraies qualités évangéliques, sait se montrer simple et direct; de même, ce qui est extrêmement rare, il sait reconnaître ses torts et ne pas garder rancune à ses adversaires. Puissions-nous l’un et l’autre partager avec lui le meilleur de ses vertus…
Physdemon a écrit :
De 1991 à 2007, 16 ans. À ce jour, mais l’avenir le démentira peut-être, pas de récidive. Entre Courtray et Barbarin, deux autres archevêques de Lyon qui en savaient autant sinon plus que Barbarin parce que plus près des faits et qui n’ont pas juger nécessaire de revenir sur la décision de Courtray.
Je comprends qu’on questionne le jugement de Barbarin. L’imputer à des motivations peu reluisantes ?
Physdemon
Il y a beaucoup de souci à se faire sur votre discernement en effet. Je ne peux vous laisser dire que le cardinal a jeté en pâture un pauvre prêtre et compromis son honneur. Ce prêtre s’est malheureusement flingué tout seul puisqu’il a été pris en flagrant délit de détournement de mineur. Une plainte a été déposée contre lui. Son évêque l’a suspendu. Pouvait il faire autrement ? Il y a eu un non lieu mais on voit mal comment remettre dans le circuit un type qui drague sur des sites homos et s’expose par là même à d’autres aventures scabreuses
J’ai lu les quarante cinq commentaires et je découvre une affaire que je ne connaissais pas. Je vis loin du tumulte de la ville et de ses affaires. Pour moi il est évident que les victimes doivent être entendues et aidées à faire face aux épreuves subies. Mais ensuite ça se complique dans ma tête et dans mon coeur. L’Eglise condamne le pêché mais pas le pêcheur et accorde à chacun de nous la possibilité de se racheter Faut-il revenir sur ce principe? Suis-je responsable des fautes de mes parents? de mes enfants majeurs? de mes collègues de travail? de mes voisins? Suis-je responsable des fautes des femmes et des hommes pour qui j’ai voté? Suis-je responsable des fautes des cathos mes frères, des prêtres, des évêques, des cardinaux, des papes? Et enfin dernière question, la plus importante à mon avis: ce prêtre a-t-il demandé pardon pour ce qu’il a fait?
Ce n’est pas le lieu, ici, pour évoquer les diverses éventuelles affaires ayant pu intervenir, ceci sans savoir précisément de qui l’on parle, ni quelle est la connaissance du dossier des uns et des autres. Deux points de vue se sont exprimés, je pense préférable d’en rester là et modèrerai en conséquence.
Très bon travail Koz ! Merci.
Koz nous rappelle que :
« En outre, lorsqu’il laisse le prêtre en paroisse, et d’après les informations que l’on m’a communiquées, en l’absence de plainte, le cardinal : consulte néanmoins un spécialiste pour évaluer le risque de récidive, seize à dix-sept ans après les faits, d’une personne qui les reconnaît, s’assure qu’aucun fait nouveau n’ait été évoqué durant ces seize ans, s’assure de la supervision d’un autre prêtre dans la même paroisse pour éviter que le père Preynat soit au contact d’enfants. »
La dernière ligne rapporte une information essentielle, car le seul reproche qu’on aurait pu faire au cardinal, est bien celui de ne pas avoir veillé à ce que le père Preynat ne soit à nouveau en contact d’enfants.
Ce qui m’étonne c’est que le cardinal ne l’ai pas lui même rappelé lors de ses interviews en lien avec cette affaire ?
à Aristote,
Les douze ou treize années auxquelles je pense correspondent aux dates limites des faits relatés dans les témoignages réunis par le groupe La Parole libérée: soit des années 1978 à 190-1991.
à Florence et Koz,
Je regrette d’avoir pu laisser entendre que Mgr Barbarin aurait cyniquement « jeté en pâture » l’honneur d’un de ses prêtres. Ce n’était pas son intention, c’est évident, mais cela a été le résultat involontaire du traitement de cette affaire… qui n’avait rien à voir avec une affaire de pédophilie.
Encore une fois, je n’accuse pas Mgr Barbarin d’ignominies mais seulement d’imprudence. Je pense qu’il a commis des erreurs dans l’administration de son diocèse : pour votre part, si vous appreniez que votre évêque a laissé un prêtre qui a le lourd passé du Père Preynat (12 ans de pratiques pédophiles régulières) s’occuper de préparer vos enfants à leur première communion ou à leur profession de foi, ne trouveriez-vous pas que sa miséricorde est bien imprudente à l’égard de vos enfants ? Le Père Barbarin n’a commis aucune faute depuis 2014, moment où l’affaire a pris sa tournure judiciaire, je vous le concède. Mais entre 2007 et 2013, il a pris un risque non négligeable pour les enfants de certains des fidèles du diocèse. Cette façon de faire courir des risques aux autres me paraît le genre même de pratique dont il convient que l’Eglise se purifie à l’avenir. Mgr Barbarin peut-il mener dans son diocèse une politique allant dans ce sens ? je pense que non : il est trop tard pour lui.
Et je ne vois pas en quoi le penser ferait de moi un plus mauvais paroissien que les autres.
@ Physdemon:
J’aurais le plus grand malaise avec la décision de Decourtray.
Mais quand Barbarin est mis au courant en 2007 (jusqu’à quel point ?), on n’en est plus là.
Depuis 16 ans, plus rien. Preynat, qui a pris de l’âge, est-il alors à l’évidence plus dangereux qu’un de ses confrères plus jeune qui n’a pas encore affronté l’épreuve ?
On peut juger que oui. Cela ne justifie pas la chasse à l’homme déclenchée contre Barbarin pour des raisons qui n’ont rien à voir avec la protection de l’enfance. Il suffit de noter la différence avec le traitement de l’affaire récente où l’EN a nommé un professeur condamné pour abus sexuel. On en a parlé, un jour.
Je me répète, avec Benoît XVI : on peut trouver cela injuste, mais le problème c’est le mal toléré dans l’Église.
Nonobstant, je me refuse à me joindre à la chasse au Barbarin et au sacrifice du bouc émissaire.
Bonjour,
merci pour ces précisions.
Mais il me manque un élément : quel âge avaient les victimes du Père Preynat ?
On parle dune autre affaire où la victime avait 17 et 19 ans au moment des faits. A cet âge, on n’est plus dans la pédophilie.
Ce n’est pas la même affaire. C’est une affaire évoquée hier, dans laquelle les faits se sont produits en 1990 quand la victime avait 16 ans, et en 1993. Elle a porté plainte en 2009 et s’est heurtée à la prescription, acquise depuis sept ans.
Au demeurant, on ne comprend pas bien l’objet de la plainte. Cela ne peut pas être de la non-dénonciation, puisqu’il y a eu enquête. On parle de mise en danger de la vie d’autrui, ce qui n’a pas de sens (c’est « le fait d’exposer directement autrui à un risque immédiat de mort ou de blessure ») et de provocation au suicide, ce qui est assez profondément ridicule.
Juste une question à propos de cette nouvelle affaire. Comment des journaux peuvent ils balancer le nom d’une personne à propos de faits prescrits et d’une plainte classée alors que l’accusateur bėnéficie de l’anonymat ?
à Koz
La colère est mauvaise conseillère…
Concernant, le droit canon, je retire ce que j’ai dit dans le com du 13 mars à 13h00. Je dois reconnaître qu’en la circonstance, je n’ai aucune raison objective de soupçonner Mgr Barbarin d’avoir pris des libertés sur le sujet dans le traitement de l’affaire Preynat en 2007-2008, les règles de l’Eglise ayant varié selon les époques ce qui m’a trompé. Cela dit, il a une autre affaire actuellement dans le diocèse pour avoir pris trop de libertés avec le droit canon : mais la procédure est en cours et il y a présomption d’innocence. Quoi qu’il en soit, je me suis imprudemment avancé sur le respect ou non du droit canon dans le traitement de l’affaire Preynat. Mea culpa. Mais je maintiens mon accusation d’imprudence. Imprudence par rapport aux enfants. Imprudence par rapport à la réputation de l’Eglise : la preuve…
à Aristote,
L’erreur de Barbarin de 2007 ne mérite certainement pas ce déchaînement médiatique : c’est démesuré, assurément. Mais il a quand même commis une imprudence qu’il doit assumer personnellement au lieu de la faire assumer par son Eglise, dont il a la garde… Et puis ne pensez-vous pas qu’il y aurait un peu moins de déchaînement médiatique s’il démissionnait ?
Enfin, dernier mot: quant on parle de bouc émissaire, il ne faut rien exagérer. Démissionner n’est pas en soi chose déshonorante et cela peut être une façon efficace et élégante de hâter la fin de la crise qui n’a déjà que trop d’ampleur et risque de s’aggraver encore…
à Koz,
Relisant votre billet, suite à la remarque de Cristeros, je me fais la réflexion que, oui, le point décisif est le troisième que vous avancez : Mgr Barbarin a-t-il bien mis le Père Preynat sous la tutelle d’un autre prêtre, informé du dossier, entre 2007 et 2015 ? En ce cas, difficile de lui reprocher d’avoir exposé des enfants au risque d’être victimes d’un prêtre pédophile, celui-ci demeurant surveillé en permanence et étant écarté de tout contact physique avec des enfants.
J’aurais dû faire plus attention à ce point. C’est le noeud de toute l’affaire, la crête autour de laquelle se fait le partage des eaux entre prudence et imprudence. Je reconnais qu’en ce cas, si la chose est avérée, je retirerai tout ce que j’ai dit sur les « imprudences » de Mgr Barbarin. Au temps pour moi. Mais j’attends confirmation de ce point et plus ample information avant de me rétracter totalement.
Quant à lui reprocher de ne pas avoir mesuré l’étendue et la gravité des actes pédophiles commis par Preynat , il m’est difficile de maintenir ce reproche, sachant que les victimes elles-mêmes n’en ont pris conscience que depuis la création de la Parole libérée.
Maintenant, j’attire votre attention sur le fait qu’une bonne partie du presbytérium de Lyon n’a pas grande confiance en la gestion de beaucoup de dossiers plus ordinaires par leur évêque. Son principal travers, aux yeux de ses subordonnés, est de gouverner souvent de manière autoritaire et imprévisible, au jour le jour, en étant beaucoup trop sensible au traitement médiatique des affaires qui lui sont soumises. La plainte est récurrente et étayée par de nombreux faits de toute sorte. D’où la crainte qu’il se soit fait avoir sur ce dossier beaucoup plus grave en suivant ses mauvaises habitudes d’administration à la hussarde. D’où leur tiédeur à le défendre, et la mienne aussi qui ne suit qu’un simple laïc, pour avoir eu vent de pas mal d’affaires qui n’ont rien de spectaculaire mais ont suffi à entretenir un sentiment persistant de malaise et d’esprit frondeur. D’où aussi leur indignation, et la mienne, en voyant qu’il excluait de démissionner alors qu’il en a poussé à la démission pour beaucoup moins que ça par précaution et crainte du scandale médiatique.
Mais tous ces reproches ne valent évidemment pas le lynchage médiatique actuel de Barbarin.
En revanche, je persiste à penser qu’il a tout intérêt à démissionner pour calmer le jeu et protéger son Eglise. Par exemple, je suis choqué qu’il ait tenté lourdement de faire reporter la faute sur Mgr Decourtray : c’est juste sur le plan juridique mais, sur le plan moral, c’est beaucoup moins évident. Car Decourtay a agi comme le faisaient, hélas, tous les évêques de son temps; Mgr Barbarin lui a agi postérieurement aux grands scandales américains et aux réformes internes engagées depuis 2002 à peu près et savaient que l’institution lui demandait la plus grande fermeté en la matière. En attaquant Decrourtray, il a mis en avant la défense de sa personne au détriment de la défense de sa fonction. On attend de lui qu’il montre qu’une page a été tournée et qu’il restaure la confiance en l’Eglise ,et pas seulement en Philippe Barbarin, concernant la répression de la pédophilie. Pour le moment, c’est raté. D’où la conviction qu’il ferait mieux de passer la main, sa personne devant passer après sa mission.
Au passage, sur la nouvelle affaire du prêtre de l’Immaculée Conception, évoquée depuis hier par les médias, ce n’est manifestement pas un problème de pédophilie mais l’histoire d’un prêtre homosexuel qui, à l’âge de 31 ans, a fait des tentatives de drague traumatisantes pour une de ses ouailles de plus de quinze ans mais qui s’était déjà rangée bien des années avant que Mgr Barbarin n’en soit informé alors que l’affaire était déjà prescrite. Cette affaire est donc d’un tout autre ordre si du moins, comme je l’espère, on ne met pas sur le même plan homosexualité et pédophilie.
Physdemon a écrit :
Je ne l’ai évidemment pas constaté par moi-même. Je le tiens en revanche de collaborateurs directs de Mgr Barbarin qui, sur d’autres points qui lui auraient été favorables, ont refusé de me les confirmer, en me disant qu’ils n’en savaient rien.
C’est évidemment un point important et qui a été essentiel pour me conduire à écrire ce billet. On peut continuer de penser que sa décision n’était pas la bonne – et comme il le dit : il a pu se tromper – mais ce n’est pas une décision à la légère, ce qui m’aurait tout de même étonné. Si le cardinal s’est contenté de laisser le père Preynat en poste sans autre précaution, c’est effectivement une autre histoire.
De fait, je trouve aussi que Mgr Barbarin a fait preuve d’une certaine sincérité dans cette affaire. Quand il dit dans La Croix qu’il est informé depuis 2007/2008, rien ne l’y oblige. Mais il le dit parce que c’est la vérité. En revanche, était-il informé de tout, à cette date ?
Physdemon a écrit :
Permettez-moi de penser que cela n’a pas grand-chose à voir avec le traitement de cette affaire. Je conçois que cela crée une certaine retenue, un certain attentisme, si c’est avéré, mais cela ne signifie pas que cela soit justifié.
Physdemon a écrit :
Là aussi, je veux bien que vous soyez sans indulgence pour le cardinal mais vous permettre d’instiller le soupçon avant d’invoquer la présomption d’innocence ne me paraît guère recevable. Au demeurant, les informations que j’ai contredisent ce que vous dites, à tout le moins sur des affaires de même nature que l’affaire actuelle.
Physdemon a écrit :
C’est vous, là, qui relativisez étrangement. Mgr Decourtray a commis une faute morale évidente. Se contenter de déplacer un prêtre qui vient de commettre des actes pédophiles est inacceptable. Et oui, en effet, les évêques de son temps commettaient exactement la même faute morale, qui n’en reste pas moins une. Et je ne suis pas d’accord avec vous pour prétendre qu’il aurait « tenté lourdement de faire reporter la faute sur Mgr Decourtray » – décidément… Quand, dans Le Parisien / Aujourd’hui en France, on l’interroge sur le sujet, il répond qu' »il y a 25 ans, on n’était pas dans le même état d’esprit à l’égard de la pédophilie », soit très exactement ce que vous dites. Et il s’en est pris plein la gueule pendant une semaine pour avoir dit ça. Alors oui, hier, il a dit plus clairement que c’était une faute. Mais j’ai parfois l’impression que ceux qui ne l’aiment pas, de tous bords, ne lui passeront décidément rien.
Florence a écrit :
La réponse est simple : en raison de leurs sympathies, pas de leur déontologie. Quand en plus l’accusateur était sur les mêmes bancs d’école que la plupart d’entre eux, vous imaginez bien que le traitement ne risque pas de gagner en impartialité.
Je vous remercie, Koz, de cet article pondéré comme vous savez si bien les faire. J’ai lu que certains, tout en reconnaissant que Barbarin n’a pas violé la loi, demandent tout de même sa démission, et j’en viens à croire que le problème le plus grave est l’hypocrisie fielleuse de certains catholiques qui jettent de l’huile sur le feu pour des raisons n’ayant pas grand chose à voir avec cette affaire.
Si Barbarin démissionne, les médias en concluront qu’il admet sa culpabilité -même si son innocence est prouvée plus tard-. Ce sera une tâche indélébile pour l’église lyonnaise. La seule position digne est de faire valoir la vérité, courageusement, en mettant de côté les autres différents que nous pourrions avoir avec cet évêque.
Merci pour ce billet qui apporte des éléments qu’on ne trouve pas ailleurs et certainement pas dans les media habituels.
@physdemon : comptez par curiosité les occurrences du mot « démission » dans vos commentaires. Ça relèverait de trouble obsessionnel compulsif.
Par ailleurs vous qui paraissez si sourcilleux du droit canonique, depuis quand un tribunal civil ou le tapage médiatique se substituent-ils au tribunal ecclésiastique ? Parce que en définitive à vous lire, ce qui reste de ce scandale orchestré, c’est un désaccord de certains membres de cette Eglise locale sur la façon générale de gouverner de leur évêque.
Il apparaît de plus en plus clairement par vos commentaires que ces vieilles affaires de pédophilies ne sont qu’un prétexte à règlement de compte interne particulièrement odieux.
Mon cher Confrère,
Je me permets des précisions sur votre note 4 à propos du secret de la confession.
Dans son jugement du 4 septembre 2001 dans l’affaire PICAN, le Tribunal correctionnel de CAEN répond par une motivation de deux pages à l’argument de défense tiré de ce que les informations reçues relevaient du secret professionnel, ce qui ouvrait donc une option de conscience permettant ou non de dénoncer les faits sans que ce choix puisse revêtir une qualification pénale.
Après avoir rappelé que les termes du second alinéa de l’art 434-3 du Code pénal exceptaient de l’obligation à dénoncer les personnes pouvant se prévaloir du secret professionnel de l’art 226-13 du Code pénal et admis que le prévenu, évêque de son état, ressortissait à cette catégorie, le Tribunal a écarté le moyen en constatant que le prévenu avait eu connaissance des faits d’agressions sexuelles par des canaux autres que la confidence spontanée de leur auteur.
Il relève en effet que les soupçons de l’évêque provenaient de la confidence d’un tiers faite à un vicaire général, lequel l’avait alerté. Qu’ensuite de quoi il avait demandé au même vicaire général de convoquer l’intéressé pour recueillir ses déclarations, de sorte que l’évêque ne pouvait être considéré comme le confident du prêtre fautif, « la notion même de confidence supposant une démarche spontanée de celui qui se confie envers celui qui la reçoit ».
En d’autres termes, le Tribunal a considéré que le secret professionnel ne s’appliquait pas à l’espèce.
Si les faits avaient été révélés à l’évêque dans le cadre d’une confession, il n’est pas douteux que la décision eût été toute autre.
Encore qu’à l’époque, un Père Dominicain de la Catho de Paris, canoniste de son état, avait expliqué dans la presse (je ne retrouve plus l’article) qu’il était en principe déconseillé aux évêques d’entendre en confession les clercs relevant de leur autorité, sauf nécessité absolue.
Et si le cardinal Barbarin avait moralement raison d’avoir agi ainsi ?
La ministre de l’éducation nationale nous a informé qu’elle avait radié tous les professeurs convaincus d’abus sexuels sur enfants. Que vont devenir ces gens ? Probablement qu’un certain nombre trouveront un nouveau métier « à leur goût » et continueront à commettre le même type d’actes en tant que directeur de colo, animateur de centre aéré ou entraîneur de l’équipe cadet de l’équipe de foot locale. Et que dira la ministre ? Elle dira : je m’en fiche qu’ils tripotent des gamins, l’important c’est qu’ils ne soient plus profs et que ces affaires ne nuisent pas à ma réputation et à ma carrière.
On n’en attend pas mieux d’un politicien, mais on en attend mieux d’un évêque. Alors oui, bien sûr, un prêtre pédophile, ça fait tâche. Que le foutre dehors serait mieux pour l’image de l’Eglise. Mais qu’est-ce qui est vraiment important ? L’image de l’Eglise ? Ou le fait qu’aucun enfant n’ait plus à subir d’actes destructeurs de la part de ces personnes ?
Le Cardinal Barbarin, dans l’affaire numéro 2 où la justice a prononcé un non-lieu pour cause de prescription, se retrouve avec un prêtre qui est juridiquement innocent. Que doit-il faire ? Le mettre dehors ? Il a choisi de le garder. De lui imposer des soins psychiatriques alors que la justice ne l’impose pas, puisqu’il est juridiquement innocent. De lui imposer de n’avoir aucune activité où il peut se retrouver seul avec des enfants. De le faire surveiller pour vérifier qu’il s’en tient à ces principes. Mais que serait devenu cet homme s’il avait été viré de l’Eglise ? Quel nouvelle activité aurait-il exercé ? Qui l’aurait surveillé ? Aurait-il récidivé ? Sachant qu’il est juridiquement innocent et avec un casier vierge, avec une image d’ex-prêtre en rupture de ban de cette vielle institution ringarde, toutes les portes lui étaient ouvertes …
A mon avis le vrai choix moral est là : qu’est ce qui est le plus important ? Son image médiatique et sa réputation ? Ou de se mouiller pour éviter que des pédophiles commettent de nouvelles agressions ?
Reconnaissons au moins au Cardinal une réussite : sur les trois cas répercutés par la presse, aucun n’a récidivé. Et c’est peut-être grâce aux actions du Cardinal. N’est-ce pas là le plus important ?
Bonjour Koz, et bonjour à tous.
J’ai lu ce billet peu de temps après sa publication, il n’y avait pas encore de commentaires. J’y suis revenu avant-hier tout en parcourant la presse et les différentes déclarations de chacun. Le temps de digérer, assimiler et penser, me voici. Je salue tout d’abord ce billet et la discussion qui le suit pour son ton posé, les propos calmes et réfléchis de chacun (mis à part quelque souffreteux des boyaux…).
Il me semble que plusieurs points, qu’il me paraît raisonnable de distinguer, sont soulevés par cette affaire. Le fond de l’affaire d’une part, la forme d’autre part qui ne sont à mon sens pas à mettre sur le même plan. Enfin, un certain nombre d’idées générales ont aussi été abordées.
Le fond.
Il est reproché au Cardinal Barbarin la manière dont il a géré le cas d’un prêtre ayant commis des actes pédophiles il y a plusieurs lustres. La question de la faute pénale devra être tranchée par la Justice. Par conséquent, la question de culpabilité ou non devant la loi n’est pas à être discutée ailleurs que dans un tribunal. Il en va, selon moi, du respect de la Justice, du secret de l’instruction, de la confiance faite à l’Institution et aux juges de la République.
L’aspect moral et affectif est autre chose. Que les victimes pensent tel qu’elles le font est une chose. Elles ont leurs raisons, leur histoire et je ne peux pas penser, sauf par hypocrisie, ce que j’aurais fait ou dit à leur place. Cependant, il me semble que la chose morale reprochée au Cardinal, comme d’autres l’ont soulevé avant, d’avoir accordé son pardon. D’avoir fait preuve de miséricorde envers un repenti. Ne pas vouloir mettre de l’autre côté du mur ceux qui ont gravement fauté, qui ont avoué et qui se sont repentis, ne me semble pas absurde sur le principe. Chacun peut faire des erreurs, même grave. Mais chacun doit être en mesure de voir des bras accueillant, miséricordieux, s’il fait l’effort de reconnaître ses erreurs et de demander pardon. Sans cela, le raisonnement est une condamnation perpétuelle pour chacun. Je laisse aux autres le soin de jeter la première pierre.
Sur les éléments en nôtre connaissance, ici et ailleurs dans les médias, il me semble que le Cardinal Barbarin a pris une décision réfléchie. Peut-être est-elle malheureuse, mais elle été réfléchie. Et je ne doute pas qu’il l’ait prise en âme et conscience, au regard de ce en quoi il croit.
La forme.
Encore une fois, je m’étonne de voir tant d’informations sortir ainsi dans la presse. Je ne suis pas sûr de comprendre la démarche. Il y a d’une part la question du secret de l’instruction qui ne me semble pas tellement respecté. Il y a également l’intérêt de chacun que je ne comprends pas.
De la part des plaignants, c’est mine de rien une défiance vis-à-vis de la Justice. Ils pensent, justement, leurs plaintes fondées. C’est pourquoi il se tourne vers la Justice pour qu’elle soit rendue. Mais en déballant leur vision de l’affaire dans les médias, ils ne peuvent ignorer ce qui s’en suit. Par conséquent, ils se disent soit que le lynchage médiatique (appelons un chat un chat) est un dommage collatéral regrettable, soit c’est justement le but de leur action. S’ils considèrent que c’est un dommage regrettable, j’aimerais avoir leurs raisons, car je n’en vois aucune évidente. Si c’est le but de leur action, alors quand bien même les accusations qu’ils portent seraient vraies ou même plus graves, ce ne serait rien de plus que de la basse vengeance à mettre au même niveau qu’un règlement de compte à OK Corral. Ils passeraient alors par la voie judiciaire uniquement pour la forme, mais ils voudraient rendre la justice eux-mêmes, selon leurs lois et leur bon plaisir. Je vous laisse imaginer le fond de ma pensée sur de tels agissements.
De la part des médias, je comprends bien qu’ils font leur beurre, mais il y a quand même un truc qui me dérange. Cela pose la question du pouvoir médiatique comme quatrième pouvoir qui devrait selon moi être institutionnellement reconnu. Mais c’est un autre sujet. Néanmoins, leur traitement du sujet n’est pas optimal. L’équilibre n’est clairement pas là, le conditionnel non plus. Ils sont l’instrument premier du lynchage médiatique. Je ne pointe pas ici tel ou tel journaliste, mais la machine médiatique dans sa globalité. Le problème est donc beaucoup plus difficile à cerner et à corriger que des cas individuels. Les réseaux sociaux ont je pense amplifier le phénomène. Il y a, à mon avis, un problème général de fonctionnement dans ce système, mais je n’ai pas eu, vu, entendu, d’idée pour corriger tout cela. Il y a du boulot…
La discussion dans les commentaires a également soulevé un certain nombre de sujets annexes.
Lib a écrit :
Marc a écrit :
La Justice en tant qu’institution est là, et globalement, je ne doute pas de la probité des juges. L’idée de justice c’est effectivement autre chose. Et comme le rappelle très bien Lib, il s’agit d’une justice des actes et non des Hommes. De fait, cette distinction est liée à l’idée du Pardon. Nous jugeons des actes et condamnons les responsables de ces actes. Mais une fois la peine effectuée, la personne est libre et retrouve sa place dans la société. Elle a été pardonnée. De fait, les institutions font que c’est comme cela sur le papier. Dans la société, la compréhension de cela est différente et fait plus appel à l’affect qu’autre chose. Mais je pense que c’est plus par ignorance qu’autre chose. Nous pouvons accuser la masse d’être ignorante et par conséquent de réagir n’importe comment sans se servir de sa tête. Mais quel accès facile cette masse a-t-elle à la connaissance ? Ce n’est, je ne pense pas, par Cyril Hanouna. C’est encore une fois l’appareil médiatique qui est à mettre à l’index, classe politique comprise (je reviendrais sur le cas du Premier Ministre). Eux ne peuvent ignorer l’esprit des institutions. Par conséquent, en omettant de faire le travail pédagogique nécessaire, ils favorisent cette réaction de masse qui juge les hommes avant les actes.
J’ai particulièrement apprécié l’intervention du Premier Ministre sur le sujet dans le fait que, particulièrement lui, a totalement omis volontairement l’idée de Justice. Je dis volontairement étant donné le choix des mots qu’il a fait. Il pourra tout son saoul se défendre d’une quelconque accusation parce qu’il a pris toutes les précautions de formulation. Mais, in fine, il appelle le Cardinal à « prendre ses responsabilités ». C’est une blague ? Le Premier Ministre de la République, chantre de la laïcité, se permet d’intimer à un Cardinal de démissionner ? C’est cela la laïcité selon le gouvernement ? L’État devrait décider de qui devrait occuper telle ou telle fonction dans l’Église ? Le Premier Ministre veut-il lui-même avoir pouvoir de nomination des évêques ? Est-ce l’expression d’un sentiment plus dictatorial encore, dans le sens où le fond de la pensée du Premier Ministre est qu’une France parfaite serait celle où la seule religion autorisée serait celle d’État ? La seule réponse que j’ai à lui donner est : de quoi je me mêle ? !
Un dernier point, mon avis sur ce que devrait faire le Cardinal Barbarin. (Je sais, je viens d’expliquer qu’il ne fallait surtout pas le donner…)
Ferrante a écrit :
Je rejoins assez ce point. Démissionner maintenant, c’est plié sous les coups et laisser penser que l’on plaide coupable (cf l’ignorance massive de la notion de justice). Ne pas démissionner, c’est continué à prendre des coups et même fournir les cailloux aux lapideurs. Rester jusqu’à la fin de l’affaire, jusqu’à ce qu’elle soit jugée, faire face avec responsabilité, ce serait l’acte le plus courageux. Ensuite, et quel que soit le dénouement, il sera temps de partir. C’est du moins mon humble avis.
Merci à tous, ça fait du bien de penser !
ps: Je m’excuse pour la longueur…
koz,
Suite à un entretien avec mon confesseur, je souhaite me rétracter de toutes les accusation d’imprudence que j’ai portée à l’encontre de Mgr Barbarin. La qualité de mes informations n’était pas suffisante pour que je me sente autorisé à porter publiquement des accusations aussi graves. Et la colère m’a incliné à interpréter de façon malveillante des conduites qui pouvaient s’interpréter de façon plus favorable à mon évêque.
Maintenant je tiens à exprimer également ma très haute considération pour Bertrand Virieux et Alexandre H., accusateurs du Père Preynat. J’invite tous les lecteurs de ce blog à ne pas nourrir à leur égard des soupçons aussi imprudents que ceux que j’ai entretenu à l’égard de Mgr Barbarin.
Je vous laisse par ailleurs juger si vous préférez supprimer mes commentaires précédents ou les maintenir pour ma plus grande honte, qui sera l’occasion d’expier mes propres imprudences.
Fabrice a écrit :
Faux : la ministre a dit que dans tous les métiers au contact d’enfant les recruteurs devront s’assurer de l’absence de passé douteux en termes de pédophilie. Des directeurs de colonies sont poursuivis pour ne pas l’avoir fait avec leurs animateurs. Donc ces personnes devront cesser de travailler au contact d’enfants.
Autre sujet, la remarque de Lib est assez juste quoique un peu idéaliste. A-t-on déjà jugé des actes et non des personnes? Au sein de l’institution judiciaire, oui, certes. Mais le public n’a jamais, collectivement, su appliquer cette distinction. La vindicte populaire, le lynchage public, ont toujours existé. Mais il est vrai que, sans doute aussi du fait de la déchristianisation de la société, cette distinction est de moins en moins pratiquée ou même comprise. Les ex-taulards n’ont pas de 2e chance, les politiciens véreux devraient être inéligibles à vie, tous les cathos qui croisent des personnes éloignées de l’Eglise lors des obligatoires réunions de préparations au mariage voient avec effarement que le pardon dans le couple n’est pas un sujet ou alors qu’il est très limité (Dieu merci la vie se charge de mettre de l’eau dans le vin de ces couples si intransigeants), et lors de la Manif pour Tous le thème « on n’a rien contre les homos mais on ne souhaite pas qu’ils puissent se marier » a échoué, l’opinion publique considérant qu’on ne peut prétendre aimer quelqu’un sans lui donner les mêmes droits.
Bref, dans notre société libérale où tout est de notre responsabilité personnelle, jusqu’au choix de notre pain (bio ou pas?), actes et personne se confondent. Je suis ce que je fais. C’est une exigence de cohérence qui a ses bons cotés, mais qui ne permet plus de distinguer actes et personnes, et partant de juger l’un et pas l’autre (et encore moins de pardonner, notion souvent confondue avec l’oubli ou « on fait comme si rien n’était arrivé », ce qui est une vision erronée du pardon, en tout cas chrétien, me semble-t-il).
@ Lili:
Il y a une autre dimension.
Il y a bien longtemps, une partie non négligeable de la population partageait la foi chrétienne qui laisse attendre en fin de parcours un jugement par un Dieu certes miséricordieux, mais un jugement quand même. Avec quelque part l’idée que si on se montre sans pitié pour l’autre qui a commis une faute, peut-être le dit juge pourrait-il nous traiter comme nous avons traité notre prochain.
L’idée d’interroger notre propre moralité a disparu de l’horizon. Il y a maintenant les salauds et les autres, et bien sûr nous ne faisons pas partie des salauds.
Alors, contre les salauds, tout est permis.
Aristote a écrit :
Certes, je n’avais pas pensé à ça. Ca fait un peu « religion opium du peuple » (Dieu seul juge et celui-là ira en enfer et l’injustice que je subis me sera réparée au Paradis et tutti quanti), mais c’est vrai, merci.
C’est le réflexe assez général de qualifier les fauteurs de « monstre » (valable aussi pour les terroristes de Daech) afin de leur nier une humanité qui en ferait des gens qui ont quelque chose de commun avec nous, ce qui nous est insupportable.