Serait-ce le Moment ?

Selon Jean-Claude Guillebaud, l’Occident passe la main. Plus exactement, « le monde « nouveau » qui naît sous nos yeux (…) correspond à l’émergence d’une modernité radicalement « autre ». Elle ne se confond plus avec l’Occident comme ce fut le cas pendant quatre siècles. Une longue séquence historique s’achève et la stricte hégémonie occidentale prend fin » (Le commencement d’un monde, èd. Seuil).

Sur sa revendication d’universalisme, Guillebaud souligne ce que les pays non-occidentaux ont eu tout loisir de considérer comme la duplicité occidentale : les droits de l’Homme apportés l’arme à la main, les Lumières autoritairement imposées. Les derniers efforts des Etats-Unis pour apporter joie, bonheur et démocratie en Irak n’ont pas manqué de corroborer ce sentiment de profonde duplicité (qu’elle soit réelle ou perçue). S’ajoute à cela la dégénérescence de l’Occident. Quelles sont en effet les valeurs que propose aujourd’hui l’Occident ? Que porte-t-il ? Quel est le spectacle auquel chaque non-occidental est exposé, sur ses écrans ?

« Emancipation ? Civilisation ? Culture ? La seule lumière qu’émettent encore l’Europe et l’Amérique s’apparente trop souvent à l’enseigne d’un supermarché »[1]

Cette passation de pouvoirs[2] est peut-être en train d’intervenir sous nos yeux. Nous vivons peut-être ce basculement historique, dans un moment de crise symbolique.

La « crise ». Nous en parlons depuis plusieurs semaines, voire depuis l’an dernier. Et je me demandais récemment si la crise ne pouvait pas être symptôme, jusqu’à ce que ma femme attire mon attention sur le fait que la crise est, aussi, le moment d’une maladie où celle-ci se révèle. C’est l’éruption des boutons, la montée de la fièvre. C’est le moment où l’on peut nommer la maladie. La crise expose les symptômes, elle est révélation.

On peut alors s’interroger sur cette révélation. Que dit la crise de notre société, et du monde ?

*

« Is USA still a giant ? » Il y a moins d’un mois, à l’Université d’Eté du Medef, chacun a répondu assurément : oui. On croyait alors être seulement en train de gérer les répercussions de la crise des subprimes, éclatée l’an passé. Quelles seraient les réponses aujourd’hui ?

Francis Fukuyama  a évoqué « la chute d’America Inc. » dans les colonnes du Monde. Si ses états de service passés ne garantissent pas nécessairement son extra-lucidité, il reste notable qu’un intellectuel américain de renom pose ainsi le problème. La chute de la marque « Amérique« … Le titre est magnifique, en ce qu’il révèle : la marchandisation totale de la société, jusqu’au nom du pays, et la dévalorisation de l’image de marque.

Lors de l’atelier du Medef, Christine Lagarde soulignait qu’il fallait encore mettre sur le compte de la puissance des Etats-Unis leur capacité à exporter la crise. Mais si la démonstration de leur capacité à exporter la crise est faite, celle de leur incapacité à la résoudre, aussi. La faute est clairement localisée. Le monde a constaté que la faute venait des Etats-Unis, que les Etats-Unis l’ont plongé tout entier[3] dans la crise, et que les solutions qu’ils ont ébauchées n’ont pas permis de la juguler.

On regarde toujours vers les Etats-Unis : on en attend la croissance, on en craint la récession. Or on constate aujourd’hui que les actions conjuguées du Président des USA, du Président de la FED, du Secrétaire d’Etat au Trésor ont eu un impact quasi-nul. Il existe probablement des explications techniques parfaitement recevables. Mais on aura toujours raison de rappeler, même avec un triste sourire, qu’en politique, ce qui compte n’est pas la réalité, mais ce qui en est perçue. Quel est à ce jour le crédit des Etats-Unis ?

Fukuyama parle de la fin de l’ère Reagan. L’idée est reprise. Quoiqu’on en dise, cette crise sonne la fin de l’idée selon laquelle les Etats ne sont pas la solution, mais le problème. Qu’a-t-on pu observer (une fois encore : quelle que soit la réalité) ? Que le problème est venu des marchés, et la solution, des Etats. Disons, à tout le moins, pour ne pas préjuger de la suite, que les marchés ont appelé les Etats au secours. Si c’est la fin de l’ère Reagan, c’est la fin de trente années d’un modèle américain après lequel nous avons tous couru.

Il n’était au demeurant pas peu révélateur, symbolique, et historique, d’assister dimanche soir à la conférence de presse commune des autorités européennes (président de la BCE, président de la Commission, président du Conseil et président de l’Eurogroupe). Hier soir était peut-être aussi le moment de l’Europe[4].

La tonalité de la conférence était bien au constat que la solution ne viendrait pas des Etats-Unis. Nicolas Sarkozy himself, en tant président du Conseil, a distingué un modèle anglo-saxon d’un modèle européen qu’il reprenait pleinement à son compte. Et, au-delà encore, il évoquait d’indispensables changements à venir, un système à revoir. Le ton sonnait comme un avertissement : ce ne serait pas les Etats-Unis qui en dicteraient la nature. A voir, bien sûr. Mais c’est notable. Tout comme était notable la volonté d’aller chercher les responsabilités où elles sont, outre-Atlantique.

Nous vivons donc peut-être le moment du passage de relais de Etats-Unis. A tout le moins pour ce qui est du soft power. A qui le relais incombera-t-il ? Union Européenne, Chine, Asie ? Le leadership va-t-il prendre une nature plus diffuse ?

Insensés, qui croyez qu’ils ne sont pas vous. Certes, les traders et, plus généralement, les banquiers d’affaires ont fait la preuve collectivement de leur âpreté certaine au gain, sans considération pour le bien commun, considération probablement jugée incongrue. Mais n’est-il pas trop facile d’affirmer les plus nobles principes lorsque nous ne sommes pas en situation ? Combien de ceux qui s’élèvent aujourd’hui agiraient différemment s’ils avaient les mêmes moyens, les mêmes opportunités ? Combien agissent de la même manière sur les petites choses ?

La vérité est que cette crise est bien, à cet égard également, une éruption révélatrice. C’est aussi la révélation d’un monde dévalorisé, dans lequel la puissance économique, la richesse, à défaut d’être les seules valeurs, sont devenues prédominantes.

Alors, le libéralisme est-il fondamentalement fautif ? Il est un processus, mais un maigre système de valeurs. Et c’est peut-être bien, d’ailleurs, le fait de promouvoir un processus au rang de système de valeurs qui est en cause. Au demeurant, le libéralisme des « pères fondateurs » ne se départissait pas d’un système de valeurs majoritaire.

« Le XXIème siècle sera spirituel ou ne sera pas », aurait dit Malraux. Ne nous attardons pas sur l’exactitude de la citation : il a en tout état de cause dit que « l’humanité du [XXIème siècle] devra trouver quelque part un type exemplaire de l’homme » et que « la civilisation de la science et des machines peut presque tout apporter à l’homme, sauf une raison de vivre« .

Il est, effectivement, urgent de… réinjecter de la valeur.

Paradoxalement, le moment a semblé le bon pour faire passer le travail du dimanche. Les raisons économiques sont certainement toutes valables. Cela fera plus de chiffre d’affaires. Plus de revenus. Plus de consommation. Certains trouvent tout de même la logique ubuesque. Qu’on ne s’y trompe pas, je ne défends pas un quelconque avantage acquis de l’Eglise en la matière. Au demeurant, alors que Manuel Valls répétait qu’il fallait « s’adapter » – une ambition de feuille morte – c’est la réflexion d’un délégué CGT, hier soir sur France 2, qui m’a paru la plus sensée. Relever que nombre de salariés souhaitent travailler le dimanche pour bénéficier de davantage de pouvoir d’achat n’est pas pertinent. La question qu’il faut se poser est de savoir s’il est bien normal… de se la poser. Comment ne pas s’étonner que, dans un pays aussi riche que le nôtre, on en soit à envisager de travailler le dimanche pour gagner davantage ?

Sur cette question, je vois que Le Chafouin et moi sommes de nouveau sur la même longueur d’ondes : « Marre de voir des gens se promener en famille dans les centres commerciaux ! Ils seraient aussi bien en forêt à cueillir des champignons »[5].

A quoi cela rime-t-il de tirer comme conclusion de cette crise qu’il est urgent d’envoyer les familles dans les supermarchés ? On revient à la remarque de Guillebaud sur les Lumières de l’Occident. Au demeurant, n’est-ce pas un cercle vicieux : une fois dans le supermarché, que faire d’autres, sinon chercher à gagner davantage pour dépenser plus ? Et les 67 % de français qui y seraient favorables n’auraient-ils pas adopté un « raisonnement de traders », individualistes, âpres au gain[6], et peu soucieux du bien commun ?

Faut-il raisonner encore exclusivement en termes économiques ? Faire passer l’économie, la consommation, avant l’Homme, la rencontre, la convivialité, la « pause commerciale » (évoquée par Le Chafouin), qui permet, un jour par semaine, de rappeler que le but de l’Homme n’est pas de consommer.

Ce serait peut-être le moment de l’admettre. On y reviendra sûrement.

  1. il ajoute : « L’Europe et l’Amérique clignotent de toutes leurs promesses tarifées et de leurs « marques » que l’homélie publicitaire promeut jusqu’à l’autre bout du monde. Elle invite les autres peuples à rejoindre le global shopping center. C’est un peu court » []
  2. sous une forme au demeurant plus compliquée que la passation de pouvoir d’une zone à une autre, Jean-Claude Guillebaud évoquant une modernité métisse []
  3. ou presque []
  4. lire à cet égard le billet de Pierre Bilger []
  5. d’ailleurs, j’y étais, moi, en forêt, hier ! []
  6. car je ne pense pas que 67% de ces sondés soient dans un état de nécessité []

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71 commentaires

  • C’est intéressant de s’interroger sur ce que révèle cette crise mais ce qui m’a surtout frappée c’est quand JCG parle (enfin parlait car ce n’est pas récent) que ce que nous sommes entrain de vivre et ses conséquences, nous ne sommes pas capables de les formuler et il nous manque certainement les concepts pour l’envisager…

  • Je n’ai fait que rebondir sur ma lecture en cours, je n’ai pas eu l’intention de faire un billet sur le livre (au demeurant, Guillebaud s’attarde bien davantage sur la dimension culturelle que sur la dimension économique).

    Il est en tout cas bien probable que nous n’ayons pas les concepts nécessaires pour appréhender le nouveau monde. Ce serait au demeurant logique puisque l’on ne conceptualise souvent que ce que l’on a pu observer.

    Ce ne peut de toutes façons pas être une raison pour renoncer. Au demeurant, Guillebaud cite aussi Keynes, disant grosso modo que la difficulté n’est pas d’intégrer les nouvelles idées, mais de se défaire des anciennes.

    En tout état de cause, ce billet est bien un billet de blog : c’est un « réflexion en cours ». Je n’ai pas l’ambition et/ou la prétention de poser une analyse définitive. Mais les indices m’ont semblé suffisamment forts pour penser que la période actuelle pouvait avoir ce sens.

  • La seule voie possible à suivre en ce moment est celle d’un modèle économique et social respectueux de l’environnement et des ressources de la planète. Il n’y a rien de plus clair que cela, sauf que les gens ne sont pas prêts à intégrer cette idée de manière sérieuse. Je ne serais pas surpris si, en fin de comptes, les Etats Unis ne seront pas les premiers à changer de paradigme. Parce que sinon, qui ?

  • Mais si la démonstration de leur capacité à exporter la crise est faite, celle de leur incapacité à la résoudre, aussi. La faute est clairement localisée. Le monde a constaté que la faute venait des Etats-Unis, que les Etats-Unis l’ont plongé tout entier3 dans la crise, et que les solutions qu’ils ont ébauchées n’ont pas permis de la juguler.

    Minute papillon, ça ne se résoud pas en deux coups de cuillère à pot, ces choses là, faut tout de même laisser du temps au temps.

    Quant à la passation de pouvoirs, oui, c’est bien possible, mais en même temps, ça fait 30 ans qu’on en parle, et les USA sont toujours là, bien en tête. En fait, ça arrivera quand le successeur aura la carrure de remplacer les USA. Et pour le moment, la Chine n’a pas encore cette carrure. Ça viendra probablement, mais ce n’est pas encore pour tout de suite.

    Et effectivement, je ne vois pas bien ce que vient faire le travail du dimanche, ce n’est pas vraiment un sujet. Le jour où les salariés seront obligés de retourner bosser le week-end sans compensation, m’est avis qu’ils feront la gueule.

  • Polydamas a écrit:

    Minute papillon, ça ne se résoud pas en deux coups de cuillère à pot, ces choses là, faut tout de même laisser du temps au temps.

    Non certes, et l’on pourra aussi me répondre qu’ils ne peuvent la résoudre seuls, mais le fait est que les plans qu’ils ont mis en place n’ont certainement pas régler la crise.

    Il reste tout de même (même si je fais un peu mon ignorant péremptoire sur ce coup) que pour beaucoup, ils nous ont « foutu dedans », et ils ne nous en sortent pas. Et là, cela ressemble fort au plantage du système lui-même.

    Polydamas a écrit:

    Quant à la passation de pouvoirs, oui, c’est bien possible, mais en même temps, ça fait 30 ans qu’on en parle, et les USA sont toujours là, bien en tête. En fait, ça arrivera quand le successeur aura la carrure de remplacer les USA. Et pour le moment, la Chine n’a pas encore cette carrure. Ça viendra probablement, mais ce n’est pas encore pour tout de suite.

    Oui, pour le début : c’est ce que répondaient les intervenants au Medef. Les USA ont une capacité de résilience particulière. Nous verrons. Mais il ne me semble pas malvenu de trouver dans cette crise un parfum particulier.

    Pour le reste, je n’ai pas fini le livre de Guillebaud, mais ce qui me semble en ressortir et qui me paraît intéressant, c’est qu’il ne faut pas forcément s’attendre à une reprise identifiée de leadership.

    Polydamas a écrit:

    Et effectivement, je ne vois pas bien ce que vient faire le travail du dimanche, ce n’est pas vraiment un sujet. Le jour où les salariés seront obligés de retourner bosser le week-end sans compensation, m’est avis qu’ils feront la gueule.

    Pour le moment, heureusement, il n’est pas question de ne pas donner de compensation.

    Sinon, on a tout de même un peu le sentiment qu’il s’agit de profiter d’une fenêtre de tir. « Allez, c’est le moment ou jamais ! »

  • Je suis heureux de lire cela sous ta plume, Koz (en dehors du fait que j’étais moi même en forêt hier, tiens tiens on aurait pu se croiser ;)! Tiens, Koz en forêt!)

    Sur le travail du dimanche, je suis un exemple vivant du contraire de ce que dit polydamas : on va sortir un journal le lundi (actuellement, c’ets un journal du dimanche-lundi), et donc bosser le dimanche, et je peux vous assurer de deux choses :

    1/ on n’a pas eu le choix, on ne nous a pas demandé notre avis
    2/ on en sera pas payé un liar de plus. Rien. Que dalle.

  • « Guillebaud souligne ce que les pays non-occidentaux ont eu tout loisir de considérer comme la duplicité occidentale : les droits de l’Homme apportés l’arme à la main »

    C’est marrant : si j’avais écrit la même chose dans un commentaire, vous me seriez tombé dessus à bras raccourci. M’accusant de pacifisme bêlant, d’exaltation de la honte de la France, ou de je ne sais quoi encore, comme d’autres ont sorti l’artillerie lourde anti-laïcard dès que j’ai formulé une critique sur le Vatican dans un commentaire précédent.

    Un jour, peut-être, je comprendrai pourquoi, en attendant je m’accroche au comptoir…

    Sur le travail le dimanche, je vous rejoins. Je tempèrerais cependant votre analyse des enquêtes d’opinion.

    Pour ma part je retiens que, à la question (trop alambiquée pour être honnête) : « Travailler le dimanche est payé davantage qu’en semaine. Si votre employeur vous proposait de travailler le dimanche, accepteriez-vous? », seulement 17% répondent oui (*), et 33% répondent non.

    En revanche, à la question « Etes-vous favorable à l’ouverture des magasins le dimanche? », 52% répondent oui. (source : un encart sur la page du JDD liée çi-dessus)

    Suivez la logique : « je suis pour que LES AUTRES travaillent le dimanche, pour que JE puisse faire mes courses ».

    (*) : 50% répondent « oui de temps en temps ». Autrement dit, les dimanches pluvieux, j’appelle mon patron le matin : « hé coco, prépare l’oseille, je viens glandouiller cet après-midi ». Or, comme il est surtout question de la distribution, et que c’est bien le dernier secteur où les employés décident de leurs horaires, le « de temps en temps » sonne comme une sympathique utopie, qu’il est trompeur de classer avec les « oui ».

    Dans la même veine, les sondeurs auraient pu proposer les réponses :

    1) « oui, toujours »

    2) « non, pas toujours »

    3) « non, jamais »

    Comme il n’y a aucune différence entre « oui, de temps en temps » et « non, pas toujours », on peut s’attendre à des réponses réparties à peu près de la même façon…

    Conclusion, avec les mêmes chiffres et la même approximation dans l’analyse : 83% des francais seraient contre le travail dominical!

  • Plus qu’une crise économique, ce qui se passe me semble le révélateur d’une crise du politique. Non pas le politique en tant qu’offre, mais en terme de rôle, de mission, de responsabilité. Un sentiment gonfle en ce moment, celui que la dette pour l’investissement humain est un objet systématiquement soumis à négociation et contraction, alors que la dette pour nourrir l’ogre financier, c’est bien et illimité. C’est un peu populiste, mais loin d’être complètement faux ; une illustration de la déshumanisation du politique et de sa dépendance à la finance. Au fond, un peu comme si le politique était devenu un sous-traitant de « mère croissance », et dont la mission serait de faire tourner la machine à voter sans incidents.

    Le grand malade de notre époque me semble la fonction politique, avec deux remèdes chocs à prescrire :

    1. Couper le lien de soumission du politique à la finance. Casser ce lien ne veut pas dire tout passer par dessus bord. La liberté d’entreprendre, l’accès à la solidarité via le crédit où le libre échange sont autant d’éléments souhaitables dans un monde meilleur. Mais interdire l’usage de l’argent pour en faire des produits dérivés; recentrer les banques sur leur métier de base, financer le développement choisi démocratiquement et porté par la force politique aux manettes; imaginer des séances d’ouverture de bourse hebdomadaires comme du temps du maquignon qui choisissait le bestiaux, au lieu d’entretenir un tourbillon permanent et irrationnel, qui de plus accapare le temps de cerveau disponible de ceux qui « construisent » demain. Autant de moyens de recréer un espace pour le politique, qui a largement abdiqué face à l’économique et au financier.

    2. Concevoir un système garantissant un meilleur respect des engagements pris auprès de ses « clients », les citoyens : quitte à leur procurer des pouvoirs de sanction plus coercitifs sur les engagements non tenus. Il y a dérapage car il n’y a pas de cliquet anti-retour démocratique. Le seul pouvoir de dire non à la prochaine élection n’a pas d’effet réel sur le grand malade. On ne fait même plus de bilans dans nos campagnes électorales, on y distribue des icônes. Cette absence de contrat démocratique fort a pour conséquence la dérive du navire vers une espèce de gouvernance mondiale économico-financière, pas vraiment démocratique, convenons-en.

    Dès lors, le politique reprenant son rôle, les questions de civilisation reprendraient plus de sens, et celles de leadership mondial perdraient un peu de leur substance.

    Pour nous, européens, peut-être faudra-t-il détricoter Maastricht. Je comprends mieux aujourd’hui ce que Philippe Seguin voulait nous dire alors.

  • Entièrement en accord avec ce contenu. Dans le spectacle, on travaille tous les dimanche et je n’ai jamais reçu un franc ou un euro supplémentaire. Et si toutes les familles sont dans les supermarchés, quand viendront-elles voir nos spectacles ? Quid aussi de la garde et de l’éducation des enfants ?

  • @ Gatien:

    Votre analyse du sondage, Gatien, est assez convaincante. Et, même si cela doit donner de l’eau au moulin à d’autres, je trouve remarquable que le jdd ait justement entendu commander un sondage pour ce dimanche, sur un sujet qui n’était pas à l’ordre du jour. Visionnaire. Mais on peut se demander si le résultat n’était pas téléphoné.

    En ce qui concerne l’Occident, et les droits de l’Homme, je reprends ce que dit Guillebaud, je ne l’écris pas moi-même. Mais je le comprends parfaitement, et comprend que l’Occident soit perçu ainsi. Si vous avez lu certains de mes billets, vous aurez compris que je ne suis pas un admirateur inconditionnel de notre bel Occident.

    Mais pour vous expliquer la différence de réaction, disons que nous sommes tous humains, et que le caractère systématique, permanent, de la critique, à l’occasion parfois de billets au sujet éloigné peut créer comme une crispation, voyez ?

    @ Michel B.:

    Intéressant. Je n’aurais pas vu les choses de la même manière. Au lieu de la « crise du politique », je le perçois davantage comme le « retour du politique ».

    @ Enée:

    A la réserve près, Enée que, dans votre activité, le travail le WE est tout de même un peu une obligation. Comme on voit mal le restaurateur fermer le dimanche (quoiqu’on en voie).

    Sinon, indeed, ne pas renvoyer les familles dans les linéaires le dimanche est notamment une occasion de leur permettre de faire ce qu’elles ne font pas la semaine. Ou en tout cas, de ne pas les empêcher de le faire.

    Je profite de ce commentaire pour soumettre ceci à ceux que seule l’argumentation économique intéresse : quelle conséquence aura cette ouverture sur les commerces de proximité ? C’est bien beau, aussi, de libéraliser le commerce le week-end, mais cela arrange surtout les grands centres commerciaux qui ont fait le choix de s’installer à la périphérie, et qui pourront fermer tranquillement en semaine, durant laquelle, de ttes façons, ils ne font pas bcp de CA.

  • il n’y a pas besoin d’être un chinois pour voir la duplicité et l’hypocrisie du français actuel.

    Il n’y a qu’à voir les greves des cheminots (pour ne prendre qu’eux) pour conserver leurs énormes avantages indus, tout en clamant officiellement que c’est pour le bien de tous.

    Il n’y a qu’à voir la position des agriculteurs, pharmaciens, notaires…. qui bien que votant à Droite majoritairement, ont la majorité de leur gros revenus qui provient de l’impot.

    Il n’y a qu’à voir le français moyens qui réclament la même chose et son contraire, incapable d’assumer ses propres choix.

    Il n’y a qu’à voir aussi les valeurs que montre (en action et au delà desparoles vertueuses) l français moyen: la retraites à 60 ans voire moins, les 39 h les congés payés, les RTT, le chomage de masse mais payés. Et tout ça en étant parfaitment informé que ca détruit l’avenir des futurs français

    Alors oui , les chinois et autres n’ont plus de complexes d’infériorité par apport à nous. Et oui, depuis quelques temps, ils ont aussi des dollars à proposer à ceux qui vendent des matières premières.

    Et oui, les chinois, indiens, arabes, russes et autres, vont ramasser un paquet d’actions sous évaluées, parce que nos économies (à nous) déjà bien maigres viennent de fondre au soleil de la crise, et qu’ils seront les seuls à avoir des liquidités.

    Enfin, pour nous français, ca va peut êre pas faire beaucoup de différence. Au lieu d’exporter les bénéfices de nos entreprises vers les retraités américains, nous alons le faire vers les chinois

  • L’argument « les familles feraient mieux d’être dans les bois que dans les centres commerciaux » m’étonne pas mal : celles qui feraient leurs courses le dimanche verraient leur samedi libéré, libre à elles d’aller dans les bois le samedi. Si l’idée c’est qu’elles devraient être dans les bois à la fois le samedi et le dimanche, sachant que tous les magasins ne sont pas ouvert jusqu’à 22h en semaine, il faut bien que les achats soient réalisés à un moment ou à un autre.

    Si les commerces ont la possibilité d’ouvrir le dimanche, les consommateurs ne consommeront deux fois plus, comme s’ils allaient racheter le dimanche ce qu’ils ont acheter la veille. La hausse de la consommation que l’on peut attendre est celle résultant des achats d’opportunité, c’est à dire où soit on l’achète maintenant, dimanche (par exemple, besoin d’un livre pour reconnaître les champignons), ou soit on ne l’achètera jamais. C’est sans doute faible comme hausse globale, mais si les salariés sont payés deux fois plus ce jour-là, le gérant du commerce se posera rapidement la question de savoir si vaut le coup de le faire ou non.

    Quant au déclin américain, j’attends de voir, vu qu’on en parle depuis si longtemps. Par contre je suis heureux de voir que l’Europe agit de façon autonome sur la crise actuellement, et sur la Georgie hier.

  • Faire croire aux travailleurs qu’ils vont gagner plus s’ils travaillent le dimanche est une escroquerie.

    Acte 1 : les premiers magasins à ouvrir le dimanche drainent une clientèle plus importante et peuvent se permettre de payer une prime aux travailleurs du dimanche.

    Acte 2 : un nombre croissant de magasins ouvrent le dimanche, l’ouverture le dimanche n’est plus un avantage concurrentiel.

    Acte 3 : les consommateurs n’ayant pas plus de sous qu’auparavant, le chiffre d’affaires hebdomadaire des magasins qui ouvrent le dimanche rejoint le niveau d’avant l’ouverture dominicale.

    Acte 4 : le CA rejoint le niveau précédent, la marge brute aussi, alors que l’on a consenti une prime aux travailleurs du dimanche ; pour se récupérer, il faut bloquer le niveau des salaires de base.

    Conclusion : Pour maintenir leur niveau de rémunération, les travailleurs de la grande distribution n’ont plus d’autre choix que d’accepter de travailler le dimanche. Ils se sont vendus pour des nèfles. Au passage, on a fusillé quelques commerces de proximité et rendu plus difficile la vie familiale, associative, etc.

    Bien à vous.

  • Nous dirons que cet argument est « viscéral » autant que symbolique. Pourquoi faudrait-il donc tant que les français puissent aller faire leurs courses le dimanche ? Est-ce vraiment une souffrance insupportable ? Un truc qui nous rongeait depuis des années et que l’on n’osait pas exprimer ? Les reportages d’hier étaient assez explicites : on y voyait des familles qui déambulaient sous les néons d’un centre commercial. Mais, certes, qui suis-je pour penser qu’ils auraient mieux à faire ?

    Pourquoi les centres commerciaux ouverts le dimanche fonctionnent-ils actuellement, xerbias ? Ils sont pourtant ouverts le samedi ? Et les gens ne vont pas y racheter ce qu’ils ont acheté la veille.

    Et puis, si tel est le cas, pourquoi faire une réforme pour constater qu’elle n’a pas d’intérêt ? Au passage, des petits commerces auront peut-être bien, eux, été inutilement fragilisés (cf. plus haut) et l’on aura cassé l’opportunité d’une journée de « convivialité » commune, pour les associations qui se regroupent le dimanche, les clubs de sport, et pour toutes les familles dans lesquelles l’un des parents travaillera le dimanche et l’autre non. Tout cela, donc, inutilement ? Et tout cela pourquoi ? Pas juste pour libérer les français de ce carcan insupportable dont ils ignoraient qu’il les enserrait, mais pour permettre aux gens de « faire des courses ». Quel noble combat.

    Et à lire Aristote, on ne se demande plus où se trouve le dogmatisme.

  • Comme par hasard, je viens de lire un article sur ce livre, par JC Guillebaud himself.
    J’ai du mal à comprendre certains paradoxes,comme le fait que « la modernité sera métisse » parce que les cultures qui seront dominantes « renoueront avec leur culture d’origine »

    les civilisations ont actuellement un grands rendez vous les unes avec les autres, et cela créee une situation à risques. certes c’est une période d’inquiétude. La fin d’un monde qui a duré 4 siècles, pendant lesquels la culture occidentale -européenne puis américaine- a régné sans partage sur le monde, en s’affirmant seule détentrice de la modernité.
    Il faut s’habituer à l’idée que la modernité ne sera plus synonyme d’Occident. D’autres accès apparaissent, en Chine, en Inde, dans les pays émergents.
    La modernité métisse garde des traces occidentales fortes. la Chine ou l’Inde sont beaucoup plus occidentales que nous le pensons. Mais renouant avec leur culture d’origine, elles renouvellent la modernité, en créent d’autres versions

    (In nouvelles clés N°59, p9)

    Par ailleurs il estime que la religion catholique « devient une religion mondiale », ce qui, au vu des statistiques, n’est pas franchement une nouveauté!
    (chrétiens 32,8% en 2007, 30% en 2005, Musulmans 19,6% en 2007 15% en 2005, hindouistes 12,8%, bouddhistes 6%)

    Il espère « un Islam européen sans doute plus ouvert, moins dogmatique, qui jouera un rôle positif pour l’Islam entier ». Dieu l’entende!

    Bref, ce bref article 😉 dont le chapeau indique  » JC Guillebaud voit une civilisation mondiale métisse émerger, patchwork de modernités singulières », ne m’a pas convaincue.

    Quant aux magasins ouverts le dimanche, bien que je ne vois pas le rapport avec le livre de Guillebaud (il est vrai que je ne l’ai pas lu), je trouve ça bien.
    Bien dans la mesure où le travail le dimanche se fait sur la base du volontariat.
    travailler le dimanche, le samedi, la nuit, je connais.
    C’est usant, épuisant, mais « on » ne m’a jamais demandé mon avis. dans mon métier, c’est ainsi.
    Mais, c’est vrai, nous gagnons un peu plus.

    Et du moment que nous pouvons nous reposer quelques jours d’affilée ensuite -ce n’est pas toujours le cas-, pourquoi pas?

    Qui n’a jamais eu à se creuser les méninges pour savoir où faire ses courses le dimanche après avoir bossé 10 jours d’affilée (eh oui, ça arrive…j’avais fini par voir des barreaux à mes fenêtres, même ouvertes…), n’imagine pas le ouf de soulagement que l’on peut faire devant un magasin ouvert!

    Quant au commerce de proximité « yaka » leur permettre d’ouvrir aussi!
    Pourquoi ne pas ouvrir le dimanche et chômer le mercredi? (ou le jeudi, c’est en général un jour creux, je ne sais d’ailleurs pas pourquoi)

  • Tara, mon billet ne faisait que « rebondir » sur le livre de Guillebaud, qui aborde bien d’autres sujets qui ne sont pas l’objet de ce billet.

    En ce qui concerne l’ouverture des magasins le dimanche, oui, bien sûr, il y a des professions, comme la tienne ou celle d’Enée, dans lesquelles le travail le dimanche est indispensable. Il y a aussi les pompiers, les policiers, les gendarmes etc. Mais bon, est-ce que l’on peut s’accorder sur le fait que l’énorme majorité des français ne travaille pas le dimanche ?

  • Que font les français ( et les autres) dans les magasins le Dimanche ?

    Mais ils tuent le temps comme ils peuvent pour la majorité d’entre eux !

    Aller cueillir des champignons dans la forêt, c’est déjà un acte volontariste « engagé » qui correspond à une richesse d’âme intérieure que notre civilisation ne promeut guère.
    D’ailleurs est ce vraiment raisonnable sur le plan de l’écologie ?
    Il n’y en a pas assez pour tout le monde, c’est bien connu.

  • Et surtout, Tara, le papier du Figaro cité plus haut par Koz montre que les commerces de proximité, eux, n’auraient pas les moyens d’ouvrir le dimanche car il n’y aurait pas assez de vente supplémentaire par rapport à la masse salariale que cela représenterait…

  • Quelle fougue sur ce sujet, Koz !

    L’avantage pour l’économie de l’ouverture des commerces le dimanche est assez faible à mon avis, cela ne saurait vraiment le justifier. Le principal bénéfice est d’abord pour les consommateurs : cela leur permettrait d’organiser plus facilement leurs week-ends (après tout, le samedi aussi est déjà l’occasion de faire des événements conviviaux comme des réunions associatives), et permettrait de répartir la foule sur deux jours, plutôt que concentrer presque tout le monde au même endroit sur une seule journée. Pour les magasins, outre la hausse relativement modérée de CA, cela peut s’inscrire dans une stratégie de différenciation (c’est certainement le cas actuellement pour les centres commerciaux le pratiquant), mais il y a également tellement d’autres critères de différenciation (comme l’offre de produits) que ce ne sera pas forcément la grande transformation sociale redoutée.

    Au final, il faut voir qui s’y retrouve. Dans une bonne partie des cas, ce n’est pas possible, et on continue comme avant. Dans les autres, si cela rend la vie plus facile au consommateur, si le gestionnaire de commerce trouve que c’est rentable malgré les coûts salariaux supplémentaires, si l’employé est payé davantage, a le choix, et a des jours libres dans le reste de la semaine, pourquoi empêcher quelque chose qui ne fait que des heureux ?

    Et c’est en effet à ce moment là qu’intervient l’argument « cueillette des champignons » avec lequel j’ai du mal. Pourquoi forcément organiser une « pause commerciale » alors que personne n’est obligé de faire des achats chaque jour de la semaine ? Dieu merci, j’arrive sans peine à m’extraire du consumérisme le lundi comme le dimanche pour penser à mon développement personnel.

  • xerbias a écrit:

    Quelle fougue sur ce sujet, Koz !

    Avoue que ça t’épate.

    xerbias a écrit:

    Pourquoi forcément organiser une “pause commerciale” alors que personne n’est obligé de faire des achats chaque jour de la semaine ? Dieu merci, j’arrive sans peine à m’extraire du consumérisme le lundi comme le dimanche pour penser à mon développement personnel.

    Oui mais (i) toi, tu es Xerbias et (ii) ce n’est pas parce qu’une idée n’est pas strictement démontrable qu’elle n’est pas recevable. Et l’idée qu’une journée par semaine ne soit, grosso merdo, pas « économique » (je sais que tout l’est, comme tout est juridique, mais bon, on se comprend).

    xerbias a écrit:

    après tout, le samedi aussi est déjà l’occasion de faire des événements conviviaux comme des réunions associatives

    Oui mais non, monsieur. Le dimanche – mis à part le chafouin, Enée, et Tara – on sait que tout le monde est disponible.

    Et l’on aura sacrifié cela, pour mieux répartir la foule dans les centres commerciaux. Ca sonne un peu comme une question de priorités…

  • Dans les entreprises qui ont des horaires « souples », on préserve des plages horaires « obligatoires », parce qu’il faut bien pouvoir organiser des réunions. Si, si, si ,si, il y a des réunions utiles.

    Une famille, une association, que sais-je, et même une église, ont besoin de plages horaires pour réunir ceux qui y appartiennent. Et pour mieux répartir la foule dans les centres commerciaux, il faudrait dénier cette possibilité aux autres collectivités que les entreprises, pourtant oh combien plus riches de sociabilité ?

    Le retour du politique, d’accord, mais pour quoi faire ????

    Bien à vous.

  • @Koz

    cela dit, je suis parfois « disponible » quand même (on dirait un candidat) donc si tu veux me proposer une cueillette des champignons un dimanche de cet automne, n’hésite pas.

    @Xerbias

    Au fond, si les avantages économiques sont si faibles (contrairement aux arguments complètement hors sujet de bertrand et chatel), je ne vois pas l’intérêt de prendre un risque de déstabilisation de la société pour répondre uniquement à un besoin de désaturation des centres commerciaux…

    On en a déjà discuté chez toi mais le vois-tu seulement, ce risque? Et dans ta balance, pèse-t-il plus ou moins que l’intérêt particulier de ceux qui veulent faire leurs courses peinards, sans foule autour d’eux?

  • Chafouin, je suis moi aussi, je dois l’avouer, souvent ému par cette belle communion de pensée entre toi et moi. Mais je suis marié, tu sais, j’ai des enfants, et je reste farouchement hétérosexuel. Donc, non, désolé, je n’irai pas cueillir des champignons dans la forêt avec toi. En plus, c’est un peu loin.

  • C’est clairement le moment, là dites donc. On s’absente et ça devient la fête du slip ici.
    Bon, je viens de trouver un super saïte, via les semaines sociales de France : voici voilà « Eglise catholique et société » http://www.penseesociale.catholique.fr/ un site sur la pensée sociale de l’Eglise, avec des bouts de gaudium et spes à l’intérieur dedans, et des clés pour mettre fin à la crise, par un évêque américain (et des phrases choc, comme « des mesures efficaces sont nécessaires » j’adore).

  • La grande majorité des français ne travaille pas le dimanche soit…

    Que font-ils de leur dimanche ?

    la question aurait pu être posée après  » êtes-vous prêts à travailler un dimanche  » et  » êtes-vous favorable à l’ouverture des magasins le dimanche « 

    Et ils auraient menti, ou du moins travesti la vérité, en répondant qu’ils vont se promener ou voir leur famille ou faire du sport, parce qu’il existe une façon valorisante et politiquement correcte de passer son temps libre et une façon ringarde égoïste et stérile.

    Les gens éduqués, les parents responsables, les citoyens engagés ne gâchent pas leur temps libre devant la télé ou dans un centre commercial, ils déjeunent en famille, profitent de la nature, visitent des musées et s’ils sont cloués chez eux par une sciatique, ils lisent.

    Nous vivons déjà dans une société de consommation.
    Nous consommons aussi les voitures, les livres, le cinéma, les médias, la culture.

    Le rôle des parents est de donner un sens à cette société, à en montrer les avantages, parce qu’ils existent, et les inconvénients qui existent aussi comme dans tout système, à expliquer aux enfants le prix de ce qui n’a pas de prix etc…

    Pour ma part, je suis hostile à une forme de paternalisme qui consiste à soustraire les » esprits faibles  » aux tentations par l’interdit.
    L’éducation, l’information, la réflexion font appel à l’intelligence, au raisonnement, à la responsabilité, l’interdit déresponsabilise.

    Je ne sais pas comment s’organise la famille kozienne, mais pour beaucoup d’autres, monoparentales souvent, faire les courses fait partie des obligations incontournables et de préférence dans un supermarché parce que c’est plus rapide, plus pratique et moins cher, et force est de constater que c’est le vendredi soir ou le samedi au milieu des autres qui ont les mêmes contraintes.

    Là aussi, les situations diffèrent selon qu’on habite la ville, la banlieue, la province…

    Faire ses courses hebdomadaires le dimanche au lieu du samedi, c’est disposer d’un choix supplémentaire et pas nécessairement acheter deux fois plus comme a écrit xerbias et faire des consommateurs potentiels du dimanche des traders âpres au gain et peu soucieux du bien commun relève plus à mon avis de la démonstration que du constat objectif.

  • le chafouin a écrit:

    on va sortir un journal le lundi (actuellement, c’ets un journal du dimanche-lundi), et donc bosser le dimanche

    beh oui mon bon chafouin tu vas aller pêcher la « coquille » et traquer l' »ours ». Quel beau programme du dimanche !
    Sans vouloir remettre en cause tout ce qu’a dit Koz puisque je suis en gros d’accord sur tous les inconvénients, cependant je suis partagée :
    – je trouve que c’est un peu hypocrite car dans pas mal de métiers, les salariés (branche service) doivent travailler le samedi et/ou le dimanche pour être à jour et respecter les dead-line. (Et vive le portable qui a permis cela)et bien sûr sans avoir un poil de penny en plus.
    – maintenant je crois que la vie est tellement dure pour certains, qu’ils sont prêts à travailler n’importe quand.

  • @thaïs

    je donne mon exemple pour ce qui est de la rémunération mais effectivement, en toute bonne foi, il est évident qu’un journaliste, comme un boulanger, doit pouvoir bosser le dimanche…

    La question est : les prêtres sont-ils payés double le dimanche? 🙂

  • @ chafouin :
    enfin c’est bien connu ils ne travaillent que le dimanche 🙂
    (c’est pour éviter de futurs arguments à la con d’anti-catholiques primaires)

  • Bonjour à tous,

    Alors, là, je n’ai qu’un seul mot à dire : dans ce billet, il n’y a rien à jeter! (Bon d’accord, ça fait plus d’un mot mais vous avez saisi l’idée…)

    C’est vraiment dommage qu’il me manque la culture générale de Koz mais j’aurais bien voulu écrire moi-même cet article. Excellent, rien à (re)dire.

    J’adore la conclusion : « Faire passer l’économie, la consommation, avant l’Homme, la rencontre, la convivialité, la “pause commerciale” (évoquée par Le Chafouin), qui permet, un jour par semaine, de rappeler que le but de l’Homme n’est pas de consommer. » Pas avec le même feed back, j’imagine, mais je partage ce point de vue. Merci.

    a+

  • Il m’arrive aussi, comme le Chafouin , d’être disponible le Dimanche.
    Ce qui me permet de faire mes courses au Ca…du coin le matin et de faire fonctionner l’assoce dont je suis présidente l’après midi.
    Fatalement, c’est le dimanche que j’ai le plus de bénévoles…à faire travailler…et gratis en plus!
    Et ce en plus des quelques heures que j’arrive à leur extirper en semaine!

    Alors les champignons… Heureusement qu’il en pousse dans mon jardin.

    Aussi ai je résolu d’essayer de faire mes courses sur Internet.
    Certaines enseignes livrent, enfin, moyennent quasi rien de frais de livraison, dans nos campagnes.

    Tant pis pour les petits commerçants, que voulez vous. je peux difficilement me passer de manger ou de faire la lessive (oui, je suis suffisamment écolo pour ne pas m’habiller en vêtements jetables, et puis de toute façon, il faudrait bien que je les achète et même mieux rémunérée lorsque je travaille hors horaires et jours normaux, je n’en ai pas pour autant les moyens)

  • Pingback: De la liberté de travailler » Expression Libre

  • Camarades lecteurs, je ne vous oublie pas.

    Je répondrai dans le courant de la journée à certains commentaires, et à certaines incompréhensions. En revanche, il semble que Nicolas Sarkozy ait prévu de s’exprimer aujourd’hui, et de détailler la proposition de travail le dimanche, aussi je crois que je reviendrai sous (très) peu sur le sujet, pour mieux expliquer ma position.

    edit : j’ai remplacé « chers amis » par « camarades lecteurs ». Le « chers amis » sent trop son notable de droite. On va penser que je m’y crois. Alors que « camarades », au moins, je suis tranquille

    ps : ce pourrait être l’occasion de s’intéresser aux autres parties du billet. Je dis ça comme ça, et sans vouloir vous brider

  • le chafouin a écrit:

    je ne vois pas l’intérêt de prendre un risque de déstabilisation de la société pour répondre uniquement à un besoin de désaturation des centres commerciaux…
    On en a déjà discuté chez toi mais le vois-tu seulement, ce risque? Et dans ta balance, pèse-t-il plus ou moins que l’intérêt particulier de ceux qui veulent faire leurs courses peinards, sans foule autour d’eux?

    Bah, il y a deux possibilités :

    Soit effectivement le travail le dimanche se généralise et endommage gravement le lien social, mais puisque c’est si rentable, on en tire donc bien des bénéfices économiques. Les gens ne sont plus fichus de se parler, et en même temps, le PIB de la France est multiplié par 7/6èmes. Bon, moi, j’en doute.

    Soit mon anaylyse s’avère être juste, et l’ouverture des magasins le dimanche se révèle être un phénomène limité. Cela veut dire que la grande majorité des gens continuera à ne pas travailler le dimanche (car après tout, la grande majorité des gens ne travaille pas le samedi). Et tous ceux qui continueront à vouloir se donner rendez-vous le dimanche pourront toujours le faire : ils n’auront qu’à faire leurs courses le samedi, comme avant. Les courses doivent être faites, mais c’est rarement l’occupation la plus fixe dans un agenda.

    Et pour répondre à Koz, d’après mon expérience personnelle, il n’est pas forcément plus facile de réunir des gens le dimanche que le samedi. Déjà parce qu’il peut y avoir d’autres occupations que faire ses courses/travailler qui sont d’ores et déjà planifiées. Mais aussi parce que les transports en commun tournent encore plus au ralenti le dimanche que le samedi et compliquent les choses. Bon après, c’est vrai que c’est moi, comme le fait justement remarquer Koz !

    Pour parler des petits commerces, puisque le sujet est abordé, la question ne m’avait pas traversé l’esprit, puisque boulangerie, boucherie, marchand de journaux et même les deux marchés les plus proches de chez moi sont tous en activité le dimanche matin. J’essaye de voir quel autre type de commerce souffrerait de la concurrence de grandes surfaces ouvertes le dimanche…

    Et chafouin, puisque tu fais référence à notre précédente discussion sur le sujet l’an passé, j’y avais mentionné l’exemple des combinis japonais. Il sert mon propos : on trouve au Japon 50 000 des ces mini supérettes ouvertes 24h/24, et où l’on trouve tout ce dont on a besoin. En contrepartie, les prix sont un peu plus chers que dans les autres magasins. Eh bien malgré leur succès, cela ne change pas le fait que la norme sociale reste de dormir la nuit et de ne pas travailler le dimanche.

  • « j’ai remplacé “chers amis” par “camarades lecteurs”. Le “chers amis” sent trop son notable de droite. On va penser que je m’y crois. Alors que “camarades”, au moins, je suis tranquille »

    D’un autre côté, on peut observer une facheuse tendance à te voir adopter des thèses de gauche ces derniers temps… régulations des milieux financiers, demande de sens et de morale dans le capitalisme, allignement sur la position de la CGT et des gauchistes vigilants sur le travail dominical… Maintenant, camarades… Fais attention quand même.

  • cher(s)camarade kozien,

    quand je lis cela :
    « S’ajoute à cela la dégénérescence de l’Occident. Quelles sont en effet les valeurs que propose aujourd’hui l’Occident »
    Depuis le début de la crise, enfin plutôt de la dégringolade des marchés (car les prémices existaient) je me demandais si certains pays n’avaient pas eu quelques intérêts à générer un tel état. Bien sûr, il a les subprimes mais n’est-il pas possible d’orchestrer une crise de non confiance…
    Et ce qu’écrit Koz plus haut me fait penser à certains arguments employés par certains fondamentalistes me semble-t-il.De plus, les américains sont out because élection et comme par hasard c’est maintenant que ça tombe.
    Et bien, même si je redoute la crise éco qui va suivre, j’ai encore plus peur d’autres choses, une forme de guerre.

  • Thaïs a écrit:

    Et ce qu’écrit Koz plus haut me fait penser à certains arguments employés par certains fondamentalistes me semble-t-il.

    Gauchiste et fondamentaliste, mon compte est bon !

    S’il est bien évident que je n’adhère pas à ce qu’ils disent (et j’ai bien sais que ce n’est pas ce que tu prétends, Thaïs), il ne faut pas négliger le fait qu’un discours qui fonctionne s’appuie toujours (enfin, je crois) sur une base vraie. Et que la critique de la société occidentale n’est pas l’apanage des fondamentalistes.

  • Bonjour à tous,

    la critique de la société occidentale n’est pas l’apanage des fondamentalistes.

    Á part que je ne comprends pas bien ce que les « fondamentalistes » (c’est qui ces gens ? ils défendent le(s) fonds de quoi – ou qui, ce sont des extrémistes ? de quel bord ? etc.) viennent faire là-dedans, je confirme : la société occidentale est non seulement critiquable mais, et c’est là sans doute l’une de ses principales qualités, doit être critiquée.

    a+

  • Koz a écrit:

    edit : j’ai remplacé “chers amis” par “camarades lecteurs”. Le “chers amis” sent trop son notable de droite. On va penser que je m’y crois. Alors que “camarades”, au moins, je suis tranquille

    Il faudra aussi songer à changer ta tenue vestimentaire quand tu prends le RER pour ne pas être pris pour un concepteur de produits dérivés.

  • Ben moi, je vais m’intéresser aux autres parties du billet. C’est carrément le moment. Non? Je veux dire, l’Europe vient de changer le contexte, et vient de changer son propre contexte. Et Sarkozy a été à son meilleur, son meilleur de politique et de négociateur je crois. Bon ok ça a un peu tardé parce qu’il s’était un peu fâché avec Merkel mais c’est tout autant de la faute de Merkel. Et l’initiative de Gordon Brown permet de faire un trio de tête en Europe, à la place du duo. Quasiment au même moment, l’Islande est en faillite. Qui l’aurait imaginé???
    C’est de nouveau le moment de faire l’Europe les aminches. Alors on sait pas ce que va devenir le monde, de toute façon la crise est pas finie, il y aura encore certainement des chutes, les USA sont dans une merdouille insondable, et chez nous les anglais et les espagnols vont faire la gueule un bon moment, pis la France va en baver sec en raison de sa gestion budgétaire lamentable sur les 14 dernières années. Mais on va s’en tirer, et on aura au moins une avancée positive dans tout ce merdier.

    On va s’en tirer parce qu’on aura pas fait comme les autres jusqu’ici, qu’on n’a pas une « nation de propriétaires » financée à n’importe quel prix, qu’on est bon an mal an en capacité de s’endetter pour faire face à des situations exceptionnelles sans que les possibles acheteurs de nos bons du Trésor se bidonnent en pensant aux emprunts russes. on va s’en tirer économiquement, donc, mais aussi moralement je pense : j’espère que de tout ça on tirera un espoir nouveau en l’Europe, et dans le modèle de société que nous y construisons. Personnellement ça me donne un enthousiasme délirant pour les élections européennes à venir.

  • maria-d. a écrit:

    et c’est là sans doute l’une de ses principales qualités, doit être critiquée.

    J’ajouterais aussi au titre des qualités qu’elle PEUT être critiquée – ce qui est impossible avec d’autres types de régimes.

  • Pepito a écrit:

    Il faudra aussi songer à changer ta tenue vestimentaire quand tu prends le RER pour ne pas être pris pour un concepteur de produits dérivés.

    Attention : Koz, depuis son passage à la radio – depuis qu’il est devenu un « people » profitant d’une hyper-médiatisation – a déjà changé son look pour adopter une tenue business like (pour pouvoir passer dans son milieu professionnel où l’extravagance n’est pas très prisée), mais teintée de fantaisie (permettant ainsi de mettre en valeur son physique avantageux et d’attirer l’attention dans un monde où l’apparence compte plus que tout). Ce savant mélange lui permet d’arborer un éventail plus large d’idées allant de la droite décomplexée au gauchisme vigilant en fonction des sujets sans pour autant heurter ses interlocuteurs par sa tenue vestimentaire.

  • L’hyper consommation. Celle qui, entre autres dégâts, nous fait devenir obèses en tous domaines..

    Le dimanche, je vais dès que je peux faire des vide-grenier. Ce sont des lieux qui me font penser qu’on n’est pas encore f…us. Lieux où on lutte contre les gaspillage. Qui permettent de s’équiper à bas prix de ce qui autrement nous serait interdit quand on n’est pas Crésus. Autant pour l’indispensable que le facultatif : tous mes vêtements et les quatre cinquièmes de mon millier de livres viennent de là.

    Lieux de convivialité entre classe sociales de plus en plus séparées : le stand de la famille « Groseille » va voisiner celui de la famille « Le Quesnoy », qui vont parfois acheter les uns chez les autres. Même convivialité entre vendeurs et acheteurs : on discute le prix, on s’informe, on fait le curieux sur tel objet inconnu, c’est même parfois le vendeur qui vous interroge, comme ce jeune homme me demandant sur quel critère j’achetais mes livres, lui qui n’en lisait pas. Résultat : non seulement j’ai répondu mais je lui ai donné deux sites internet de pros du livre pour qu’il fasse mieux ses prix, et j’ai conseillé à sa copine de lire Le Dernier des Justes, qu’elle vendait sans savoir qu c’était un des plus beaux Goncourt de l’après-guerre. Voilà, un truc tout bête : on avait échangé.

    Lieux qui permettent à des familles vivant dans la précarité de boucler leur fins de mois. En vendant, pourquoi pas, des affaires récupérées à la déchetterie, la plus grande brocante et aussi le plus grand gaspillage de France. Je suis heureux d’avoir affaire à elles, de les voir ensemble faire société, jouer et manger au grand air, plutôt qu’à pousser un caddy dans un endroit où attraper des envies impossibles satisfaire, où à satisfaire en tombant dans le gouffre du surendettement.

    Surtout qu’ils le feraient dans des magasins avec des vendeurs dont plus d’un a laissé ses propres enfants seuls devant une télé, un ordi, une console de jeux ou pire, à traîner dans le quartier.

  • PMB voilà ce que j’appelle un commentaire plein de bons sentiments…

    Faire les vide-greniers permet de

    1) faire la chasse au gaspi

    2) se vêtir et lire pour trois fois rien

    3) oser se mélanger entre classes sociales

    4) se parler entre humains

    5) arrondir ses fins de mois

    6) encourager les financièrement précaires à rester entre eux au grand air plutôt que de succomber à l’attraction de la consommation mère du surendettement

    7) fustiger les parents indignes qui pour travailler le dimanche laissent leurs enfants devenir obèses devant leur télé

    Vous êtes sincère et beaucoup de vos observations sont justes mais il y a de la leçon de morale dans tout ça et décidément je n’aime pas.

  • Le travail le dimanche : je ne vois AUCUNE bonne raison pour l’autoriser, par bonne j’entends autre que consumériste effectivement.

    Les raisons économiques sont fallacieuses. On a pas plus d’argent à dépenser sous prétexte qu’on peut aller le dépenser le dimanche dans plus de magasins. Le pouvoir d’achat en plus? Ben voyons. On financerait donc plus de salaire alors que les chiffres d’affaires seraient les mêmes (passé un possible effet d’aubaine, tant que le pouvoir d’achat ne bouge pas, les chiffres d’affaire non plus)

    Comme il n’y a pas de bonne raison, et que je suis attachée au principe du repos hebdomadaire, je dis merde au travail le dimanche.
    Comme il n’y a pas de bonne raison, je pense que l’étape suivante, tout aussi dénuée de raison, c’est l’ouverture la nuit des magasins. Ben oui, pourquoi pas?
    Je déteste l’idée d’une société où sous prétexte de fournir du consommable tout le temps, il faut déstructurer l’organisation sociale dont la famille constitue le noyau de base.

    Je suis pour les ouvertures plus tardives le soir, jusqu’à 21h ou 22h, ou jusqu’à la fin des transports en commun quand il y en a. Ca permet des souplesses dans les emplois du temps des uns et des autres. Si on travaille tard le soir un jour, on peut le récupérer un autre jour. C’est plus facile à vivre pour tout le monde aussi, et, pour les familles, ça permet de lisser les rush du week-end dans les supermarchés sur plus de jours, une fois que les enfants sont couchés. (en revanche, c’est un peu la cata pour les caissières dont les emplois du temps sont plein de trous, c’est scandaleux le traitement des caissières est un esclavage moderne.. je rappelle que l’ouverture du dimanche c’est pour leur pomme, avec no choice parce que si tu travailles pas le dimanche tu travailles pas non plus en semaine)
    Mais qu’on fiche la paix au dimanche un peu.

  • Oui, Lisette, bien d’accord.
    je pense que Sarkozy a été le facilitateur-promoteur, qu’on peut admirer Gordon brown pour l’intelligence dans l’analyse et la construction efficace dans l’économique et le politique et que Merkel témoigne d’un pragmatisme certain tout en se révélant la moins Européenne du lot.

    Maintenant cette histoire américaine montre bien qu’on ne peut pas subventionner l’accession à la propriété en s’appuyant sur le seul système financier privé ni viser une rentabilité des capitaux de 10 / 15 points supérieure à la croissance du PIB mondial sans se prendre en bon coup de retour dans les gencives.

    Oui,il y a de quoi vouloir le succès d’une Europe qui se cherche dans le libéralisme  » éclairé » .
    Il va falloir bosser dur pour payer l’ardoise mais cela valait sans doute le coup pour remettre en question le modèle régnant.

    Pour revenir donc sur l’autre aspect du billet: oui nous vivons une deuxième étape de taille après la fin du communisme.
    Pas d’angélisme, ce n’est pas demain que les américains laisseront filer leur position dominante réelle avec tous les avantages que cela procure. En tout cas pas avec des européens aussi peu dynamiques ,un Japon toujours absent, et une Russie, une Chine qui digèrent à marche forcée les règles du capitalisme sauvage.

    Si nous pouvions comprendre et assimiler la force que l’Europe représente quand elle dépasse les nations historiques !

  • Carredas me dit, au bout d’un post qui suinte la condescendance ! « Vous êtes sincère et beaucoup de vos observations sont justes mais il y a de la leçon de morale dans tout ça et décidément je n’aime pas. »

    Me reprocher une leçon de morale (que je ne vous fais pas) sur un blogue tenu par quelqu’un qui se souci, à juste titre, de morale, il y a une connexion que je n’arrive pas à faire.

    Dans votre alinéa 6, on voit que vous m’avez mal lu : ils sont justement en situation de mixité sociale.

    Votre alinéa 7 est extrêmement déplaisant en ce qu’il pervertit mon propos : la majorité des parents qui travaillent le dimanche a-t-elle vraiment le choix ?

    Bon, n’étant pas venu ici pour polémiquer, même si on sait que la chose ne m’effraie pas, je m’en tiendrai là.

  • Eponymus a écrit:

    Ce savant mélange lui permet d’arborer un éventail plus large d’idées allant de la droite décomplexée au gauchisme vigilant en fonction des sujets sans pour autant heurter ses interlocuteurs par sa tenue vestimentaire.

    Tout à fait d’accord. Je me permets de mentionner en passant de privilégier les matières naturelles (coton, laine, cachemire, cuir) plutôt que le tout synthétique à base de combustible fossile.

  • Bonjour, réaction au billet lui-même :

    L’analyse économique et technologique de Michel Volle est assez convergente avec cette analyse sociale et morale de J.-M. Guillebaud. Pour Volle ( http://www.volle.com/travaux/crise.htm ), nous vivons une « crise de l’informatisation » au sens où : 1) les technologies informatiques ont profondément transformées nos métiers, particulièrement celui de la finance (en la globalisant), 2) la société, le politique n’ont pas de « doctrine d’emploi » de ces technologies (comme l’armée française d’avant-1937 n’avait pas de doctrine d’emploi des blindés).

  • Merci pour ce billet très intéressant. Je viens de découvrir ce blog par le biais de celui de PdC où vous y mettiez un lien.
    Je crois que je vais « Favoris »-er votre blog.

  • Pingback: Koztoujours, tu m’intéresses ! » Non mais oh, touche à… ton dimanche !

  • PMB

    Je n’avais pas lu votre réponse.

    Exprimer ses valeurs, dire ce qui semble important pour soi est toujours intéressant et incite à la reflexion y compris de ceux qui ne les partagent pas.

    Dire ce qui est bien pour les autres relève selon moi de la morale qui s’imposerait d’elle-même à tous, par conviction pour les esprits forts, par contrainte pour les esprits faibles.

    Votre description des bénéfices à participer aux vide-greniers m’a fait penser à certaines lectures édifiantes recommandées aux jeunes filles de la fin du XIXe siècle et m’a sans doute fait réagir.

    Mais si vous avez ressenti de la condescendance dans mes propos, je le regrette vraiment.

  • A Lisette
    il y a un intérêt économique pour l’ouverture du dimanche, voir mon article hier sur le sujet

    je ne vois pas en quoi ouvrir tard le soir serait mieux que le dimanche, sauf peut être que cela vous arrange vous, mais ce n’est pas forcément mieux pour la vie de famille des salariés !
    Je peux vous assurer qu’il y a de la résistance à celà chez les salariés
    réaction notamment des caissières à Paris : peur de prendre tard les trains de banlieue

  • Que le travail le dimanche soit économiquement fondé ou non, la question devrait relever avant tout de la libre décision de chacun. Je trouve que la cueillette des champignons est bien plus agréable le samedi, et je préfèrerais faire mes courses dimanche. Et ma fille aimerait bien travailler dimanche, c’est mieux payé et cela la remet dans les clous après une semaine de fêtes (eh oui, les écoles de commerce sont assez festives en semaine. Le week-end sert à travailler).

    Pourquoi vouloir absolument nous imposer à tous des normes aussi artificielles que ce fameux dimanche fermé ? La vie sociale, déjà peu reluisante, ne repose pas sur ce principe, même s’il est fixé dans de saintes écritures.

    @koz, ta lecture de la crise me semble un peu rapide. Pour ne pas dire simpliste et déformée. La bulle du crédit et la bulle immobilière, l’obligation d’octroyer des crédits hypothécaires aux ménages à faible revenus, l’accélération de la dépréciation des actifs, l’achat de produits titrisés pour avoir un meilleur rendement par des municipalités, etc. De nombreux banquiers ont mal agi, certes, mais ils ne constituent qu’un maillon dans la chaîne d’erreurs qui ont abouti à ce « cygne noir ».

  • Tu confirmes une chose, Aurel, dite par JPO comme par Lomig : à vous lire, il faut donc se désintéresser de l’impact de la mesure. C’est une étonnante disposition que je ne suis, clairement, pas prêt à partager. Outre le fait que c’est un peu court. En fin de compte, votre libéralisme est-il seulement compatible avec l’idée de gouvernement ?

    Vous avez aussi en commun de vouloir à tout prix introduire dans ce débat la variable religieuse, que je n’ai pas introduite, probablement dans l’idée que cela pourrait disqualifier l’argumentation. C’est un truc que je commence à supputer : doit pas y avoir vachement de croyants chez vous. Ce doit être jugé antinomique, non ? Si ça ne l’est pas, je me demande si ça ne devrait pas l’être.

    Quant à ma « lecture de la crise », je reconnais qu’elle n’est pas très économique, mais plutôt tripale et culturelle. Je sais quelles en sont les limites. Mais je trouve aussi dans les positions des libéraux que je lis, qu’ils ont un peu de mal à considérer avec autant d’exigence la « liberté individuelle » et la « responsabilité individuelle ».

    Et au demeurant, réjouis-toi. Seule la conscience de ce que j’ignore beaucoup de choses me retient d’être plus virulent.

  • Ton analyse met en avant la responsabilité de banquiers qui ont failli, et tu vois juste. Comme tout le monde aujourd’hui. Il faut aller un peu plus loin pour bien comprendre comment de nombreuses erreurs ont abouti à ce désastre. C’est en analysant cette responsabilité partagée que nous trouverons de bonnes réponses.

    Concernant le travail du dimanche, je comprends la crainte de voir une construction sociale se déliter. Cette vision me semble trop réductrice, particulièrement dans notre pays qui voit le repli sur soi gagner à cause de cet encadrement inadapté de nos modes de vie.

    Prenons la vie associative. Elle n’est pas à l’arrêt samedi parce qu’on peut travailler ce jour-là. Même chose pour la vie de famille. Je ne vois pas la menace pour les institutions qui régissent nos vies ou nous animent. L’anticonsumérisme primaire (et parfois un peu trop intellectualisé) ne me semble pas suffisant pour bloquer ce changement heureusement inéluctable.

  • Carredas me dit : « Mais si vous avez ressenti de la condescendance dans mes propos, je le regrette vraiment. »

    Les gens capables d’exprimer des regrets sont trop rares pour que je n’apprécie pas.

    Donc, si vous passez devant mon stand à mon prochain vide-grenier (livres anciens et d’occasion, verres de collection ou vieux pots à confiture), je vous ferai des prix !

  • Aurel a écrit:

    Ton analyse met en avant la responsabilité de banquiers qui ont failli, et tu vois juste. Comme tout le monde aujourd’hui. Il faut aller un peu plus loin pour bien comprendre comment de nombreuses erreurs ont abouti à ce désastre. C’est en analysant cette responsabilité partagée que nous trouverons de bonnes réponses.

    Disons que j’ai, fort heureusement, conscience de mes limites, et que ce billet n’a jamais eu la prétention d’être une analyse exhaustive de la crise.

    Aurel a écrit:

    Prenons la vie associative. Elle n’est pas à l’arrêt samedi parce qu’on peut travailler ce jour-là. Même chose pour la vie de famille.

    Pour ceux qui travaillent, si, je le crains, elle est à l’arrêt. L’exemple que cite Tara sous mon autre billet est assez édifiant. Ses amies sont ravies parce qu’elles peuvent s’occuper des enfants le mercredi quand leur mari bosse, et leur mari le fait le dimanche quand leur femme bosse. C’est génial, donc, la véritable vie de famille est restreinte à 1 journée par semaine. Et il faudrait s’en satisfaire ?

    Tu me diras : libre à ceux à qui cela suffit de s’organiser ainsi. Mais je crains que cela fasse bon marché de l’intérêt des enfants, exprimé ou non exprimé.

    Je crains aussi que cela ne relève d’une conception éthérée de la liberté et des relations professionnelles. Même avec des syndicats professionnels, on n’empêchera pas la pression diffuse qui s’exercera pour considérer que le bon salarié, le salarié vraiment impliqué, c’est celui qui accepte de travailler le dimanche. Tu me diras : tant pis pour ceux qui sont faibles psychologiquement. Pour ma part, je considère qu’il faut mettre des bornes, et que cette pression diffuse ne doit même pas avoir l’occasion de s’exercer.

    Travaillant comme collaborateur libéral, n’ayant donc pas la protection du statut de salarié – comme d’autres – et n’ayant pas encore les avantages de la profession pleinement libérale (ie n’étant pas indépendant), je crois au demeurant être en mesure d’apprécier ce que peuvent être des relations de travail « dérégulées ». Elles contribuent à entretenir mon doute sur la dérégulation.

    Et si l’on en revient à l’activité associative, il me semble pour le moins utile à la société de ne pas restreindre ses possibilités de développement. Il ne sera pas à l’arrêt ? Non, effectivement, probable qu’une activité associative se maintiendra, ne serait-ce parce que tout le monde ne travaillera pas le dimanche. Mais il est évident que le travail dominical lui nuira, et c’est encore une bonne raison d’être plus que réticent à cette « évolution inéluctable ».

  • Koz a écrit:

    Je crains aussi que cela ne relève d’une conception éthérée de la liberté et des relations professionnelles. Même avec des syndicats professionnels, on n’empêchera pas la pression diffuse qui s’exercera pour considérer que le bon salarié, le salarié vraiment impliqué, c’est celui qui accepte de travailler le dimanche. Tu me diras : tant pis pour ceux qui sont faibles psychologiquement. Pour ma part, je considère qu’il faut mettre des bornes, et que cette pression diffuse ne doit même pas avoir l’occasion de s’exercer.

    Il faut quand même avouer que c’était exactement et mots pour mots l’argument des socialistes contre les heures supplémentaires du TEPA et la réformes des heures sup antérieures dans le cadre des 35h.

  • Eponymus a écrit:

    Il faut quand même avouer que c’était exactement et mots pour mots l’argument des socialistes contre les heures supplémentaires du TEPA et la réformes des heures sup antérieures dans le cadre des 35h.

    Bravo. Pour reprendre l’expression de PMB: les gens capables d’honnêteté intellectuelle sont trop rares pour que je n’appécie pas.

  • Peut-être. Mais l’important reste le stade auquel tu l’appliques. On peut aussi considérer intolérable la pression qui t’amène à venir bosser chaque matin. Mais ce n’est pas ce que je dis, ni ce que disent les socialistes.

  • Eponymus a écrit:

    Oui justement. Est-ce le bon stade ?

    ça va faire jazer

    Sègolène chante à Bercy, Epo jaze au Stade… et on est à deux doigts d’avoir Koz en guest star à la fête de l’Huma.

    Y sont pas un peu hallucinogènes, ces champignons?

  • Koz a écrit:

    Oui. Mais bon, au moins la question se pose, et tu ne me traites plus de socialiste !

    N’empêche, l’argument que vous employez à propos de la pression qui s’exerce sur les salariés est le même que celui des socialistes sur la question du dimanche aussi bien que sur celle des heures supplémentaires. Mais bon, ce n’est pas d’aujourd’hui que vous avez découvert qu’un socialiste pouvait avoir, de temps en temps, un argument valable 🙂

    On peut se demander, toutefois, pourquoi l’objection viscérale porte sur le dimanche, plus que sur les heures sup, ou (comme le note Verel) sur le travail de nuit. Liberal, sous l’autre billet, souligne cruellement que cette préoccupation est celle de CSP+ qui n’ont pas besoin d’un coup de pouce salarial. Il n’a pas tort. Pour les CSP+ en question, le temps est plus rare et donc plus précieux que l’argent. En général, ils ne comptent guère leurs heures sup, faute de les voir rémunérer. Et le travail posté de nuit n’aurait que peu de sens pour eux. Reste le dimanche, moment de liberté et de vie familiale potentiellement menacé par une réforme. Je fais ici le parallèle avec les jours de RTT, qui avaient grandement été appréciés par les cadres (là, je parle pour moi, au moins lorsque je travaillais encore en France).

    Tout cela est parfaitement légitime. Toutefois, je rejoins Liberal (ce qui n’arrive pas tous les jours): ce sont principalement ceux qui ont un bon boulot qui défendent leur bout de gras, aux dépens de ceux qui ont un petit salaire ou pas de job du tout.

    Quant au problème de la pression, il est réel. Mais sa solution réside, comme d’hab, dans la baisse du chômage plus que dans la réglementation. Si votre patron vous force à bosser le dimanche, c’est pénible, sauf si le marché du travail vous permet de lui claquer la porte au nez pour trouver mieux ailleurs.

  • Oui Gwynfrid, je suis parfaitement d’accord pour considérer que, dans un marché du travail fluide, la pression de l’employeur pourrait difficilement s’exercer. Cependant, à une ou deux éclaircies près, est-ce que je me trompe si je dis que cela fait 40 ans que nous sommes dans une situation où le risque de chômage est suffisamment menaçant pour dissuader de démissionner ?

    On pourra me répondre que c’est dû, donc, à l’absence de fluidité du marché, qu’il faut donc plus de flexibilité, et que donc, le pb n’est pas le travail le dimanche… Mais alors, que l’on commence par ça. On verra plus tard pour le travail du dimanche.

    Et puis, ben oui, je dois l’avouer, mais mon expérience d’un boulot non salarié, sans les garanties du salariat donc, sans quasiment de droit du travail, sans ASSEDIC en cas de chômage etc. tempère quelque peu l’idée que j’ai pu avoir d’un marché du travail fluide via l’expérience de mon frère en Angleterre, qui a retrouvé – mais dans une période faste – un job en une semaine. Quand je constate en revanche que certaines entreprises on un délai quasi incompressible de 6 mois pour embaucher, je veux bien penser que l’on peut trouver une voie moyenne. Je ne sais pas si cela fait de moi un socialiste. Mais j’avoue que l’étiquette me soucie moins que le bien-fondé de la position.

  • Gwynfrid,
    Ce n’est pas si rare que ça 🙂

    Koz,
    Oui, il y a un coté cercle vicieux (ou vertueux) dans tout ceci. Et en France, TOUS les éléments de protection sociale sont à la charge des employeurs ce qui renforce encore l’effet circulaire. On contraint les employeurs qui répugnent à embaucher ce qui augmente la précarité et justifie de nouvelles mesures coercitives à l’encontre des employeurs.
    Au Danemark, ils ont cassé le cercle vicieux. Les charges sociales sont plus basses mais les impôts (sur le revenu et TVA) plus hauts. Les entreprises sont libres de licencier et la protection des chômeurs est prise en charge par l’Etat. En gros, ils ont compris qu’il était absurde de faire porter la charge du non-emploi uniquement sur ceux qui emploient. Résultat, 3% de chômeurs, un taux d’emploi supérieur de 10 points au nôtre, un excédent budgétaire de 3% du PIB (contre un déficit de 3% en France). Au Danemark, on supprime des postes de fonctionnaires non seulement pour faire des économies, mais surtout pour libérer des gens pour remplir les emplois privés.
    Mais bon, tout ceci nous éloigne du sujet…

  • Ce qui pourrait nous ramener au sujet, c’est: peut-on espérer que le travail du dimanche ait un effet positif sur l’emploi ? A la lecture de Verel, il me semblerait que oui: les entreprises y gagnent grâce à une meilleure utilisation de leurs investissements, en échange de quoi elles doivent embaucher des gens pour travailler le dimanche (et/ou les payer davantage).

    Il fut un temps où l’entreprise pour laquelle je travaillais avait négocié un accord de passage en 32 heures afin de faire tourner les équipements 7 jours sur 7: des équipes travaillaient 8h par jour du lundi au jeudi et d’autres faisaient 10h par jour du vendredi au dimanche. Ca a marché quelques années, et c’était économiquement très valable car les amortissements étaient de loin plus coûteux que les salaires. Malheureusement la boîte a fini par se casser la figure pour d’autres raisons, mais c’est une autre histoire.

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