Pensée profonde n°1 : vanité, capitalisme, euthanasie, et "amendement ADN"

Sommaire de cette première livraison hebdomadaire : (i) vanité, (ii) capitalisme, (iii) euthanasie, (iv) « amendement ADN« 

Serait-ce, pour Muriel Barbery, une façon de se protéger ? Glisser la philo sous la dérision ? Ses réflexions, ses observations sous le journal de bord de Paloma, douze ans, précoce certes, mais douze ans tout de même, et de Renée, concierge ? A-t-elle, elle aussi, subi l’humiliation terrible de voir sa pensée profonde en un tournemain qualifiée de poncif ? Voilà ce que Muriel Barbery me rapportait du journal de Paloma :

« Non, ce qui était intéressant, c’étaient les deux humaines au bout des deux laisses. Parce que, en ville, ce sont les chiens qui tiennent leur maître en laisse, quoique personne ne semble comprendre que le fait de s’être volontairement encombré d’un chien qu’il faut promener deux fois par jour, qu’il pleuve ou qu’il neige, revient à s’être soi-même passé une laisse autour du cou »

Je pensais à ces bourgeois raisonnables de l’Avenue de Breteuil contraints d’abdiquer leur dignité chaque soir lorsqu’à l’autre bout de la laisse leur cabot, l’arrière-train baissé, l’avant-face impavide, extirpait la merde molle qu’il leur incomberait ensuite de déposer dans la prochaine poubelle. « Bonsoir Monsieur » me serais-je fait un plaisir de leur lancer, qu’ils croient donc avoir croisé une connaissance.

Confiant, je… confiais, en cette soirée de lecture mardinicale, cet étonnant moment de convergence de pensée entre Muriel Barbery – ou Paloma – et moi, à mon épouse, ma femme, ma complice, mon soutien. « Ah ben, justement, c’est vraiment un poncif« . Sa soeur, en cinquième, avait fait un dessin là-dessus. Et moi ? Moi, depuis que cette pensée m’avait traversé l’esprit, je l’avais gardée, pas peu fier de l’image. Tant d’années de fierté, pour un poncif. Humiliation.

Un peu plus tôt, Paloma faisait part de son rejet de la vanité de toute existence. C’est un peu long mais nous avons la semaine devant nous, alors…

« Il y a des cyniques dans ce genre qui dînent à la table de papa : « que sont nos rêves de jeunesse devenus ? » demandent-ils d’un air désabusé et satisfait. « Ils se sont envolés et la vie est une chienne« . Je déteste cette fausse lucidité de la maturité. La vérité, c’est qu’ils sont comme les autres, des gamins qui ne comprennent pas ce qui leur est arrivé et qui jouent aux gros durs alors qu’ils ont envie de pleure.

C’est pourtant simple à comprendre. Ce qui ne va pas, c’est que les enfants croient aux discours des adultes et que, devenus adultes, ils se vengent en trompant leurs propres enfants. « La vie a un sens que les grandes personnes détiennent » est le mensonge universel auquel tout le monde est obligé de croire. Quand, à l’âge adulte, on comprend que c’est faux, il est trop tard. Le mystère reste intact mais toute l’énergie disponible a depuis longtemps été gaspillée dans des activités stupides. Il ne reste plus qu’à s’anesthésier comme on peut en tentant de se masquer le fait qu’on ne trouve aucun sens à sa vie et on trompe ses propres enfants pour mieux se convaincre soi-même. »

Gageons qu’il y a des semaines pour lire L’élégance du hérisson, et des semaines pour regarder Prison Break. Cette semaine était une semaine à regarder Prison Break, et j’ai lu L’élégance du hérisson. Enfin, j’ai commencé. Le reste du temps, je lisais des documents tellement plus barbants qu’ils ne font qu’accentuer le questionnement sur le sens de l’existence.

Passer une semaine avec cette conscience bien prégnante de l’absurdité de la vie, l’absurdité de toute pensée, de tout mouvement, l’absurdité de seulement penser, cette conscience si présente que vous criez en vous-mêmes, que seules votre éducation et l’espoir d’un sens malgré tout vous empêche de briser effectivement cette chaise, ce meuble, de vous lever et hurler… L’éducation, surtout.

Le sens de l’absurdité – si j’ose dire – est encore plus pénible en ville. Plus pénible dans les transports. Ceux-là, qui s’agitent et vous poussent, pour sortir du wagon, pourquoi ? Ce costume gris, cet uniforme de sécurité, à quoi bon ? Pour s’occuper ? Prolonger dans les meilleures conditions possibles une existence certes absurde mais c’est la seule que l’on ait ?

Les Anciens n’étaient pas stupides. Nous nous enorgueillissons d’être dotés de conscience mais qu’y avons-nous gagnés ? Et qu’apportons-nous de neuf à cette question depuis la Genèse ? Métaphorique ou strictement exact, qu’importe : nous avons goûté au fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal et de là viennent tous nos malheurs. Notre consicence est inutile, strictement inutile. Où est la supériorité de l’homme sur l’animal ? Dans la dérisoire activité qu’il déploie, dans son inutile réflexion sur sa condition, condamnée d’avance ?

Combien sommes-nous à chercher un sens à notre vie ? Et si nous le cherchons, n’est-ce pas aussi parce que, à première vue, elle en est dépourvue ?

… Restent ce fond de sens des responsabilités, cet espoir subsistant, ces instants qui vous suprennent à vous prendre au jeu de la vie, et vous interdisent, tout de même, de professer l’absurdité de la vie…

Paloma, elle, a douze ans. Elle a une excuse, pour asséner des poncifs. Pour tenir un journal de ses « pensées profondes« . Quant à moi, suis-je resté bloqué sur un poncif post-pubère, sur un sentiment de l’absurdité de la vie, meilleur gage de ne jamais lui donner un sens ?

* * *


« Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent« . Dimanche dernier, vous avez, je n’en doute pas, entendu comme moi, cette parole qui clôt une parabole que je ne suis toujours pas parvenu à comprendre, malgré une homélie captivante. En bref, un maître a un gérant, probablement incapable, qui laisse dépérir son bien. Il le congédie. Et ce dernier, dans l’espoir de se concilier quelques bonnes volontés pour ses jours de disette, remet aux débiteurs de son maître des dettes qu’ils n’ont pas payé. De l’abus de confiance, en somme. Et le maître de le féliciter…

Faute de comprendre la nuance, je pense avoir saisi le message : ne voir en l’Argent qu’un moyen, aucunement un but. Ne le tenir que pour ce qu’il est. A supposer que l’on soit sortis vaillants du précédent questionnement, voilà manifestement une autre source d’interrogations.

Cette parabole a fourni l’occasion pour Benoît XVI de réitérer, dimanche dernier, une ferme mise au point quant au capitalisme.

« L’urgence de la faim et l’urgence écologique dénoncent avec une évidence croissante que la logique du profit, lorsqu’elle prévaut, augmente la disproportion entre riches et pauvres, et la ruineuse exploitation de la planète. Lorsque, au contraire, prévaut la logique du partage, et de la solidarité, il est possible de corriger la route et de l’orienter vers un développement équitable et durable

(…)

A l’échelle mondiale, faisait observer Benoît XVI, deux logiques économiques s’affrontent : la logique du profit et celle de la distribution équitable des biens, qui ne sont pas en contradiction l’une avec l’autre, à condition que leur rapport soit bien ordonné. L’enseignement social catholique a toujours soutenu que la distribution des biens est prioritaire. Le profit est naturellement légitime, et dans une juste mesure, nécessaire au développement économique »

Benoît XVI citait notamment l’encyclique de son prédécesseur, Jean-Paul II, l’incontournable Centesimus annus,

« Dans ce sens, on peut parler à juste titre de lutte contre un système économique entendu comme méthode pour assurer la primauté absolue du capital, de la propriété des instruments de production et de la terre sur la liberté et la dignité du travail de l’homme. En luttant contre ce système, on ne peut lui opposer, comme modèle de substitution, le système socialiste, qui se trouve être en fait un capitalisme d’Etat, mais on peut opposer une société du travail libre, de l’entreprise et de la participation. Elle ne s’oppose pas au marché, mais demande qu’il soit dûment contrôlé par les forces sociales et par l’Etat, de manière à garantir la satisfaction des besoins fondamentaux de toute la société.

L’Eglise reconnaît le rôle pertinent du profit comme indicateur du bon fonctionnement de l’entreprise. Quand une entreprise génère du profit, cela signifie que les facteurs productifs ont été dûment utilisés et les besoins humains correspondants convenablement satisfaits. Cependant, le profit n’est pas le seul indicateur de l’état de l’entreprise. Il peut arriver que les comptes économiques soient satisfaisants et qu’en même temps les hommes qui constituent le patrimoine le plus précieux de l’entreprise soient humiliés et offensés dans leur dignité. Non seulement cela est moralement inadmissible, mais cela ne peut pas ne pas entraîner par la suite des conséquences négatives même pour l’efficacité économique de l’entreprise. En effet, le but de l’entreprise n’est pas uniquement la production du profit, mais l’existence même de l’entreprise comme communauté de personnes qui, de différentes manières, recherchent la satisfaction de leurs besoins fondamentaux et qui constituent un groupe particulier au service de la société tout entière. Le profit est un régulateur dans la vie de l’établissement mais il n’en est pas le seul ; il faut y ajouter la prise en compte d’autres facteurs humains et moraux qui, à long terme, sont au moins aussi essentiels pour la vie de l’entreprise. »

Il me semble que certains, forcenés dans leur critique de l’Eglise, ont néanmoins quelques difficultés à en appréhender ce petit côté alter-mondialiste. Patrice de Plunkett le souligne : « (…) le pape appelle à une régulation et à un rééquilibrage. Qui peut opérer cela ? Certes pas la machine si on la laisse à elle-même. Donc il faut réinventer le politique, hors du théâtre d’ombres qui se pare de ce nom aujourd’hui. »

* * *


Puisque l’on parle de l’auteur de Centesimus annus, évoquons aussi cette tentative de surgissement d’une polémique sur la mort de Jean-Paul II. Consciencieusement relayée, notamment par un somme toute assez complaisant Figaro, on ne trouve guère de medias qui aient tenté de dépasser le paradoxe apparent. Sauf, « forcément« , La Croix. Mais sans que l’existence d’une autre analyse ne perturbe le panurgisme des autres.

Il s’agissait, en fait, de pointer une contradiction entre l’enseignement de l’Eglise, et sa position réitérée vis-à-vis du cas de l’américaine Terri Schiavo, et le traitement réservé à Jean-Paul II. Avec, en filigrane, la question d’une Eglise qui professerait une chose et s’en appliquerait une autre…

La polémique repose sur le fait que le Vatican a réaffirmé que, dans le cas d’un malade en état végétatif, le nourrir et l’hydrater constituait un « moyen ordinaire de prolonger la vie » dont on ne pouvait s’abstenir. Ceci serait, selon un médecin anesthésiste de renom italien, en contradiction avec le traitement réservé à Jean-Paul II, qui n’aurait notamment pas bénéficié et ce, selon ce qu’elle affirme elle-même, avec son assentiment, des traitements nutritifs dont il aurait eu besoin pour, précisément, prolonger sa vie.

Passons, mais point trop vite, sur le fait que ces controverses mettent toujours en avant des cas extrèmes pour amener à l’abandon d’un principe. Est-il si difficile de concevoir qu’il existe une différence entre une volonté affirmée en conscience par un malade de ne pas s’engager dans un traitement prolongeant la vie et la décision prise par des tiers quant à la poursuite du traitement d’une personne inconsciente ?
Y-a-t-il véritablement contradiction avec ce que Jean-Paul II lui-même proclamait, dix ans avant sa mort, dans cette autre encyclique (je m’occupe de la culture doctrinale de mes lecteurs, aujourd’hui), Evangelium Vitae ?

« Il faut distinguer de l’euthanasie la décision de renoncer à ce qu’on appelle l’« acharnement thérapeutique », c’est-à-dire à certaines interventions médicales qui ne conviennent plus à la situation réelle du malade, parce qu’elles sont désormais disproportionnées par rapport aux résultats que l’on pourrait espérer ou encore parce qu’elles sont trop lourdes pour lui et pour sa famille. Dans ces situations, lorsque la mort s’annonce imminente et inévitable, on peut en conscience « renoncer à des traitements qui ne procureraient qu’un sursis précaire et pénible de la vie, sans interrompre pourtant les soins normaux dus au malade en pareil cas ». Il est certain que l’obligation morale de se soigner et de se faire soigner existe, mais cette obligation doit être confrontée aux situations concrètes; c’est-à-dire qu’il faut déterminer si les moyens thérapeutiques dont on dispose sont objectivement en proportion avec les perspectives d’amélioration. Le renoncement à des moyens extraordinaires ou disproportionnés n’est pas équivalent au suicide ou à l’euthanasie; il traduit plutôt l’acceptation de la condition humaine devant la mort. »

Concédons, toutefois, que les cas précis de Terri Schiavo et de Jean-Paul II – exception faite, si l’on peut seulement se permettre de la faire, de la conscience du malade – ont une relative proximité et qu’en fin de compte, cette controverse pose surtout la question de la définition de l’acharnement thérapeutique, du seul acharnement thérapeutique, auquel s’oppose clairement l’Eglise (depuis Pie XII, nous dit La Croix). Alimenter et hydrater, bref employer des « moyens ordinaires » (par opposition aux « moyens extraordinaires ou disproportionnés » mentionnés dans l’encyclique), peut-il se muer en un « moyen extraordinaire » ? L’écoulement du temps et la perte quasi-totale d’espoir peut-elle transformer l’utilisation d’un moyen ordinaire en acharnement thérapeutique ?

Là peut-être se trouve la vraie question mise en lumière par cette controverse, et à laquelle l’Eglise a apporté sa réponse.

La question n’est pas celle de l’euthanasie. Jean-Paul II, dans cette encyclique, affirmait : « Pour porter un jugement moral correct sur l’euthanasie, il faut avant tout la définir clairement. Par euthanasie au sens strict, on doit entendre une action ou une omission qui, de soi et dans l’intention, donne la mort afin de supprimer ainsi toute douleur. « L’euthanasie se situe donc au niveau des intentions et à celui des procédés employés »« . Peut-on, en comparant cette attitude avec des cas d’euthanasie connus, considérer que, à supposer que les constatations du médecin italien – qui sont contestées – soient exactes, le fait de ne pas avoir, avec son consentement, fourni à Jean-Paul II tous les traitements nécessaires pour prolonger sa vie, constituait « de soi et dans l’intention » une « action ou une omission » qui lui a « donn[é] la mort » ?

Bref, non, la question n’est pas celle de l’euthanasie. Et, sur cette question, on lira l’article de Corinne Pelluchon – agrégé et docteur en philosophie (ça vaut bien un sociologue de l’INRA) – publié, dans le même temps, dans Le Monde, L’euthanasie, un choix de société.

* * *

Autre choix de société, qui a considérablement animé la semaine : cette question des tests ADN… Comme le regrettaient fortement certains, cette seule question aura suffi à masquer l’ensemble du débat. Avec l’amendement relatif aux tests ADN, l’amendement restreignant le délai de recours contre les décisions de l’OFPRA (dont nous nous entretenions dernièrement) a été également rejeté par la Commission des lois du Sénat. Qui le sait ? Et qui sait ce que ce texte prévoit d’autre ? Qui – pas moi, je l’avoue – a lu le projet de loi ? N’est-ce pas un peu ironique que le grand public ne connaisse de ce texte qu’un amendement ?

Et pourquoi cet affolement autour de cet amendement ? On en viendrait à se demander si les mots ADN et génétique ne sont pas nos nouveaux tabous, s’il n’y aurait en certains le sentiment que se cache dans notre ADN notre identité secrète, notre clé intime, si le seul fait que des gènes soient en cause doit nécessairement susciter le grief, à peine sous-jacent, de racisme…

On dit que cette disposition sera contraire à l’article 16 du code civil. De fait, l’article 16-10 alinéa 1 prévoit que « l’examen des caractéristiques génétiques d’une personne ne peut être entrepris qu’à des fins médicales ou de recherche scientifique« . Est-ce donc à dire que les motifs éthiques qui ont conduit à considérer qu’il conviendrait impérativement de restreindre le recours à l’examen des caractéristiques génétiques ne vaudraient pas pour les étrangers ? Bref que l’on aurait une éthique à deux vitesses et que l’étranger ne bénéficierait pas de notre conception du corps, de la vie privée, de l’intimité, de la dignité humaine ? L’article 16-11 prévoit quant à lui que l’identification d’une personne ne peut avoir lieu qu’ordonnées par un juge, ou à des fins médicales ou de recherche scientifique, ou pour l’identification d’un militaire… ou l’établissement ou la contestation d’un lien de filiation.

Sur le principe, où est donc le traitement différent de l’étranger et du français ? Seule la modalité change, puisque l’amendement prévu fait exception à l’article 16-11 et donc à la nécessité d’une décision de justice. On peut discuter de ce choix d’y faire exception mais il me semble que l’on se trouve sur un registre éthique un peu inférieur, et qu’il y a sur ce point moins matière à brandir tous les étendards disponibles de la République.

Au demeurant, si l’on poursuit, cet amendement prévoit que l’établissement du lien de filiation est fait, sur proposition des autorités, à la demande de l’intéressé. La démarche volontaire de l’intéressé est-elle vraiment compatible avec une décision judiciaire, de surcroît par un juge français alors qu’a priori l’une au moins des personnes concernées ne devrait pas se trouver sur le sol français ?

Surtout, il faut garder à l’esprit que ce recours aux tests ADN est une faculté laissée aux intéressés, non une obligation, non une procédure imposée, et que le refus de s’y soumettre n’entraîne pas d’autres conséquences que de renforcer des doutes par hypothèse existants sur le lien de filiation avancé.

On avance également que le droit français, que la France, ne reconnait pas le sang comme seule « source » de filiation. Certes. Mais l’amendement prévoit-il le contraire ? Il prévoit que, lorsque des doutes peuvent exister sur la réalité du lien de filiation avancé, il est possible de recourir à l’établissement du lien de filiation par la voie des examens génétiques. Il ne dit pas qu’aucun autre lien de filiation ne saurait être reconnu.

Enfin, on souligne que, si le père ou la mère a fauté, il serait malvenu de mettre à mal la paix des ménages en amenant l’un ou l’autre à refuser le test de filiation pour tenter de couvrir ses incartades. On pourrait, en toute rigueur, considérer que le législateur n’a pas à se soucier des infidélités conjugales des candidats au regroupement familial. Ce serait oublier d’une part qu’il s’en soucie effectivement pour les français, et ce serait oublier aussi que, dans nombre des pays concernés, c’est aussi voire davantage du fait de violences que des enfants « illégitimes » peuvent être conçus.

Bref, il me semble surtout que, plus que scandaleux, cet amendement sur les tests ADN est susceptible d’être un bien grand sacrifice symbolique pour une disposition ineffective.

Sous votre contrôle et votre amicale attention, je me demande si cet amendement ne serait pas de la race de ceux qui font grand bruit pour un maigre bénéfice. En fin de compte, je me demande s’il n’est pas précisément de nature à n’être que théoriquement utile aux demandeurs susceptibles de lever effectivement les doutes qui pèsent sur les actes d’état-civil présentés, sans permettre, pour autant, de lutter contre les fraudeurs ?

Car le fraudeur (i) pourra faire valoir que le droit français reconnaît d’autres liens de filiation que les seuls liens du sang et que l’on ne saurait lui imposer une conception discriminatoire de la filiation, (ii) pourra refuser de se soumettre audit test en faisant valoir qu’il y a là l’utilisation d’un moyen disproportionné et attentatoire à sa dignité et (iii) verser au laboratoire d’analyse local l’équivalent de ce qu’il aura auparavant versé à l’administration pour obtenir de faux certificats d’état civil.

L’honnête demandeur, lui, pourrait certes lever toutes les suspicions susceptibles de peser sur sa demande. Mais il reste que cela fera justement peser sur les plus honnêtes une démarche dont on peut penser qu’elle risque fort, dans les pays concernés (disons-le : dans nombre de pays d’Afrique), d’être très malaisée à accomplir, faute probablement de laboratoires susceptibles de réaliser les tests, et pour un montant certainement dissuasif pour des candidats à l’immigration qui cherchent précisément à échapper à la misère.

Une telle disposition devra-t-elle, dès lors, être rangée parmi celles qui, à l’encontre de leur objectif premier, avantagent les fraudeurs et, par voie de conséquence, encouragent la fraude ?

Ceci étant posé, on pourrait regretter, si je ne fais pas fausse route, que l’opposition à un tel amendement procède davantage de l’agitation frénétique d’épouvantails, du recours aux cris d’orfraie que de la démonstration raisonnée de l’ineffectivité de la disposition. Ce jeu de rôle de l’opposition frontale, de l’indignation vertueuse, n’a-t-elle pas pour conséquence de radicaliser ceux qui, dépeints en fascisants, seront surtout disposés à persister dans leur volonté initiale, pour ne pas crédibiliser la caricature ? Les candidats à l’immigration auront-il, in fine, bénéficié de cette mise en scène nombriliste ?

Il me restait une Pensée Profonde sur les sénateurs, la démocratie… mais, outre que les considérations précédentes l’invalident partiellement, je pense plus sage de nous l’épargner

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55 commentaires

  • J’ai bien conscience du caractère surdimensionné de ce billet. Mais n’oubliez pas qu’il a une vocation hebdomadaire.

    Il faudra certainement que je prenne davantage mes marques.

  • Je suis ravie que l’amendement concernant l’OFPRA soit rejeté, j’ai presque l’impression que mon billet et mes mails ont servi.

    Pour l’euthanasie, je pense à ma grand-mère qui était condamnée et inconsciente, dont le cœur s’est arrêté trois fois et qui a été réanimée trois fois, avant qu’enfin, on la laisse partir. Je pense à André Gorz, à Terry Schiavo, à Vincent Humbert et à beaucoup d’autres. Rien n’est simple, on ne peut pas avoir de règle générale, il n’y a que des histoires particulières, mais on ne pourra pas toujours éviter un débat.

    Reculer devant celui-ci ne fait qu’augmenter les souffrances des malades et de leurs familles, et les risques que des euthanasies « sauvages » ne soient pratiquées.

    En ce qui concerne l’argent ou la richesse, j’ai été élevée dans l’idée que l’argent n’était pas une bonne ou une mauvaise chose, juste un outil qu’il faut apprendre à utiliser. Il n’est pas une valeur de référence, ni une chose sale. Les propos de Benoit XVI ressemblent donc, pour moi, à la ré-invention de la roue, mais je reconnais être très mal placée pour juger. ; )

    Enfin, le passage sur le chien maître de son maître m’étonne un peu. Ce point de vue est tellement partiel, il y manque tout ce que le chien donne à son maître (amour, obéissance, vénération,…). La « sortie-crottes » n’est que le prix à payer pour ces dons. Quand on est esclave, on ne reçoit rien de bon en retour et surtout, on ne peut pas décider de changer de condition.

    (c’est une réponse longue, mais c’est pour qu’elle te fasse la semaine ; ))

  • [quote comment= »49261″]Parce que ? Je vous ai noyés pour la semaine ?[/quote]

    Pas exactement…. j’avais pensé aussi à une autre astuce, c’était d’inviter un nommé Zok a faire des billets pendant la semaine à ta place. 😉

  • [quote comment= »49262″]Rien n’est simple, on ne peut pas avoir de règle générale, il n’y a que des histoires particulières, mais on ne pourra pas toujours éviter un débat.

    Reculer devant celui-ci ne fait qu’augmenter les souffrances des malades et de leurs familles, et les risques que des euthanasies « sauvages » ne soient pratiquées.[/quote]

    Mais le débat, on l’a en permanence : combien de billets y ai-je consacré en seulement deux ans de blog et ce, en relation avec l’acutalité ? On ne cesse de l’avoir. Il s’est d’ailleurs conclu dernièrement sur l’adoption de la loi leonetti, d’avril 2005, une loi sage.

    Sauf que les partisans de l’euthanasie ont une tendance certaine à considérer qu’il n’a pas eu lieu tant qu’il ne s’achève pas sur leur réponse. Que seule leur position est admissible. Peut-on encore parler de débat, de dialogue, dans ces conditions ?

    [quote comment= »49262″]En ce qui concerne l’argent ou la richesse, j’ai été élevée dans l’idée que l’argent n’était pas une bonne ou une mauvaise chose, juste un outil qu’il faut apprendre à utiliser. Il n’est pas une valeur de référence, ni une chose sale. Les propos de Benoit XVI ressemblent donc, pour moi, à la ré-invention de la roue, mais je reconnais être très mal placée pour juger. ; )[/quote]

    On s’en félicitera, mais jen’ai pas l’impression qu’il soit malvenu de le ré-affirmer à intervalles réguliers. Ni malvenu de rappeler à un certain nombre les positions véritables de l’Eglise.

    [quote comment= »49265″][quote comment= »49261″]Parce que ? Je vous ai noyés pour la semaine ?[/quote]

    Pas exactement…. j’avais pensé aussi à une autre astuce, c’était d’inviter un nommé Zok a faire des billets pendant la semaine à ta place. ;)[/quote]

    Ce serait pas bon pour moi, ça… Pas bon du tout…

  • Première semaine de pénitence, première pensée profonde…J’ai un peu de mal à ne saisir qu’une seule et même pensée profonde dans tout ce billet (je suis limitée moi) mais je voudrais réagir uniquement et rapidement sur la première partie qui semble bien morose.
    Tout le monde se pose à tout moment de sa vie la question du sens de son existence.C’est je pense normal mais insuffisant car si les pauses « réflexion » sont importantes elles peuvent si elles sont nombreuses générer de l’inaction, du nombrilisme source de non sens.
    Juste un exemple : Quand je vois mes enfants rire, je me dis qu’un jour quelques années auparavant, j’ai pris une bonne décision et agit en conséquence…
    Donner du sens pour moi c’est agir et s’émerveiller…

    Bonne chance pour cette deuxième semaine de pénitence…

  • koza ecrit:
    Sauf que les partisans de l’euthanasie ont une tendance certaine à considérer qu’il n’a pas eu lieu tant qu’il ne s’achève pas sur leur réponse.
    l’emploi du verbe achever etait-il bien approprie dans ce contexte ?

  • [quote comment= »49287″]Première semaine de pénitence, première pensée profonde…J’ai un peu de mal à ne saisir qu’une seule et même pensée profonde dans tout ce billet (je suis limitée moi) mais je voudrais réagir uniquement et rapidement sur la première partie qui semble bien morose.
    Tout le monde se pose à tout moment de sa vie la question du sens de son existence.C’est je pense normal mais insuffisant car si les pauses « réflexion » sont importantes elles peuvent si elles sont nombreuses générer de l’inaction, du nombrilisme source de non sens.
    Juste un exemple : Quand je vois mes enfants rire, je me dis qu’un jour quelques années auparavant, j’ai pris une bonne décision et agit en conséquence…
    Donner du sens pour moi c’est agir et s’émerveiller…

    Bonne chance pour cette deuxième semaine de pénitence…[/quote]

    J’ai une commentatrice qui veille sur moi, j’ai de la chance.

    Pour ce qui est de la seule et même « pensée profonde » (les lecteurs de Barbery auront reconnu l’intitulé du premier chapitre du journal de Paloma), je te l’accorde, il y a plus d’un thème. Mais il y a néanmoins des moyens de les raccrocher.

    En ce qui concerne la première partie, j’apprécie ta réponse, notamment lorsque tu dis que ces « pauses « réflexion » » peuvent générer de l’inaction et du nombrilisme source de non-sens. J’ai d’ailleurs terminé cette partie sur ceci : « Quant à moi, suis-je resté bloqué sur un poncif post-pubère, sur un sentiment de l’absurdité de la vie, meilleur gage de ne jamais lui donner un sens ? »

    En fin de parcours, effectivement, j’ai pensé, en lisant un article, au conseiller diplomatique de Sarko, Levitte (ce fut lui, ç’aurait pu être un autre) en me disant que, si la question l’a certainement atteint, il pourra au moins constater qu’il a accompli un certain nombre de choses, et que ce n’est probablement pas en restant fixé sur la seule question du sens de l’existence qu’il y est parvenu.

    Il est clair qu’il restera toujours une « meta-incertitude », mais qu’en fin de compte, la vie n’aura que le sens que l’on se décarcassera à lui donner. Cela fait probablement partie de ces questions que l’on peut se poser – ne serait-ce que pour se fixer des objectifs et discerner ce qui est essentiel pour soi – mais sur lesquelles il est finalement stérile de s’attarder.

    Et puis, d’accord avec toi, aussi, sur les enfants : il suffit de les regarder pour, en quelques instants, mettre de côté ce questionnement.

  • cher koz,
    avez-vous des nouvelles du petit Gabriel, de son frère et de son père ?
    amicalement,
    Valère et Tourbillon.
    PS si vous avez les enfants, les joies et les soucis qui vont avec, méfiez vous, un jour vous aussi, vous aurez le bon gros chien antistress, et une maison avec jardin dans la petite couronne. c’est tout ce que je vous souhaite …Les détails logistiques se gèrent à leur tour (y compris les petits soucis canins), et n’ont finalement pas une grande importance.
    VT

  • C’est intéressant de prendre l’exemple du regard sur les enfants, qui permet d’oublier nos questionnements existentiels.

    Est-ce seulement le fait qu’ils rient sans arrières pensées qui nous fait penser que nous devrions les imiter et laisser de côté la sinistrose des réflexions existentielles? seulement le fait qu’ils soient beaux et que cela est déjà formidable en soi?

    J’aurais tendance à penser que le fait que ce soit ‘nos’ enfants compte pour beaucoup. Nous voyons en eux notre suite, le cycle de la vie. Nous pouvons investir leur vie et leur devenir. Nous pouvons louer le cycle de la vie (un cycle a-t-il un sens pour l’individu ou juste pour l’espèce?). Au lieu de prendre aussi le temps de nous interroger sur le sens de la notre.

    Que se passe-t-il si les enfants « tournent mal »? que nous restera-t-il?

    Je suis d’accord sur la difficulté à tirer de l’action d’une contemplation effrayée du vide de notre existence. Mais n’est-ce pas trop facile de détourner la tête en s’étourdissant de la vie de notre progéniture? d’investir le sens de notre ‘vie génération plus 1’?
    Il me semble normal d’avoir des moments transitionnels dans la vie où la question du sens s’impose. Pour pouvoir idéalement s’arrêter, réfléchir à la suite et savoir pourquoi nous continuons de faire ce que nous faisons; ou pourquoi nous décidons de changer voire de tout bouleverser.

    Nous ne sommes pas sur terre pour si longtemps, le capital s’effrite et je n’aimerais pas finir ma vie en me disant que je l’ai suivie…même à contempler mes enfants

    Oui c’est du poncif aussi. Mais le poncif n’est pas forcément faux, il est juste connu!

  • “Il y a des cyniques dans ce genre qui dînent à la table de papa : “que sont nos rêves de jeunesse devenus ?” demandent-ils d’un air désabusé et satisfait. “Ils se sont envolés et la vie est une chienne“. Je déteste cette fausse lucidité de la maturité. La vérité, c’est qu’ils sont comme les autres, des gamins qui ne comprennent pas ce qui leur est arrivé et qui jouent aux gros durs alors qu’ils ont envie de pleure.

    C’est pourtant simple à comprendre. Ce qui ne va pas, c’est que les enfants croient aux discours des adultes et que, devenus adultes, ils se vengent en trompant leurs propres enfants. “La vie a un sens que les grandes personnes détiennent” est le mensonge universel auquel tout le monde est obligé de croire. Quand, à l’âge adulte, on comprend que c’est faux, il est trop tard. Le mystère reste intact mais toute l’énergie disponible a depuis longtemps été gaspillée dans des activités stupides. Il ne reste plus qu’à s’anesthésier comme on peut en tentant de se masquer le fait qu’on ne trouve aucun sens à sa vie et on trompe ses propres enfants pour mieux se convaincre soi-même.”

    C’est ce passage lu rapidement à la fnac qui m’a donné envie de lire le bouquin mais j’ai été déçu.Ce livre est un peu trop manichéen à mon goût.D’un coté les snobs et les riches qui ne comprennent rien à la vie et de l’autre la concierge qui comprend tout sur tout mais qui se garde bien de le montrer car dans ce monde pourri il faut savoir rester à sa place…Bof!
    Je préfère Prison Break c’est nettement plus drôle .

    Sinon Koz tu n’as jamais pensé à changer de boulot? Tu serais un excellent journaliste et tu pourrais continuer à t’interroger à haute voix sans culpabiliser et pour notre bonheur à tous.

  • L’euthanasie, le débat existe effectivement sur ton blog, mais pas dans la société, rien n’est réglé. La loi Leonetti est une énorme avancée mais elle est loin de répondre à toutes les questions. Je ne suis pas une partisane acharnée de l’euthanasie (pas plus qu’une opposée), mais j’ai lu nombre de témoignages bouleversants et j’ai l’impression que les familles et les malades attendent toujours une réponse.

    Pour l’argent, effectivement, tant mieux si cela est redit. Tu parlais de poncifs, ajoutons-y les évidences ! ; )

  • Ah, le sens de la vie… Bizarrement, c’est sur ce genre de questions que j’aimerais trouver des réponses dans la religion. Je ne manque d’ailleurs pas de poser la question du sens de la vie aux témoins de Jéhovah qui viennent régulièrement m’apporter la bonne parole, et qui sont à vrai dire, les seules personnes avec qui j’ai l’occasion de parler de religion. Elles (puisque tous les témoins que j’ai rencontrés ont toujours été des femmes) me répondaient que Dieu nous a créé puisqu’il nous aime. Ce qui ne répond pas vraiment à mon interrogation existentielle.

    Cela ne m’empêche pas de continuer à chercher la réponse sans que cela me pousse à l’inaction pour autant en attendant (comme tout le monde j’imagine). Je me pose toutefois guère la question dans le métro, je suis bien trop occuppé à faire le zombie somnolant. Et si je n’ai pas la foi, j’ai toutefois une espèce d’espérance que quelqu’un trouve un jour la réponse, et légitime du coup tout ce qui se sera passé avant. Car si l’on se pose moins la question lorsque l’on regarde ses enfants, je me dis que c’est peut être parce que ce sera leur tour de plancher dessus, jusqu’à ce qu’ils aient eux aussi des enfants à leur tour. Ce serait d’ailleurs ça qui en ferait un « poncif post-pubère ».

    Pour l’heure, nombreux sont ceux qui ont tenté, que ce soit les Monty Python, l’ordinateur du guide du voyageur galactique (qui s’appelait justement Pensées Profondes) ou plus classiquement, les philosophes, en ayant du mal à dépasser la question :

    [quote post= »480″]Car enfin qu’est-ce que l’homme dans la nature ? Un néant à l’égard de l’infini, un tout à l’égard du néant, un milieu entre rien et tout. Infiniment éloigné de comprendre les extrêmes, la fin des choses et leur principe sont pour lui invinciblement cachés dans un secret impénétrable, également incapable de voir le néant d’où il est tiré, et l’infini où il est englouti.[/quote]

  • [quote comment= »49309″]L’euthanasie, le débat existe effectivement sur ton blog, mais pas dans la société, rien n’est réglé. La loi Leonetti est une énorme avancée mais elle est loin de répondre à toutes les questions. Je ne suis pas une partisane acharnée de l’euthanasie (pas plus qu’une opposée), mais j’ai lu nombre de témoignages bouleversants et j’ai l’impression que les familles et les malades attendent toujours une réponse.[/quote]

    Une « avancée » ? Vers quoi ? Une juste prise en compte de la souffrance, une bonne prise en compte de l’acharnement thérapeutique et des soins palliatifs ? Ou une « avancée » vers la légalisation de l’euthanasie.

    Non, le débat n’a pas lieu que sur mon blog, fort heureusement. Je ne suis pas certain que la société s’investisse comme elle le devrait, dans un tel débat. Dans ces conditions, en réclamer un autre parce que l’on n’a pas suivi le précédent, c’est sans fin. La loi Leonetti est toute récente : elle n’a que deux ans. Quels sont donc les éléments nouveaux qui justifieraient qu’un autre débat débouche sur une solution différente ?

    Je le soulignais ici : « Fin de vie : le débat a déjà eu lieu. Il faudrait commencer par apprendre à connaître cette loi, et à la mettre correctement en oeuvre avant d’envisager d’en adopter une autre sur un sujet aussi fondamental que notre rapport à l’agonie. Il faudrait aussi se donner les moyens d’appliquer cette loi, plutôt que de constater que, bah dame oui, c’est pas facile, ça demande des moyens, peut-être que la légalisation de l’euthanasie, après tout…

    Le sujet même du débat est bouleversant et douloureux. Faut-il relancer le débat chaque fois qu’un témoignage bouleversant est connu ? Ce n’est pas de l’insensibilité de ma part, ni du mépris pour ces cas personnels mais on ne peut pas toucher à notre rapport à la mort tous les deux ans.

    [quote comment= »49297″]C’est ce passage lu rapidement à la fnac qui m’a donné envie de lire le bouquin mais j’ai été déçu.Ce livre est un peu trop manichéen à mon goût.D’un coté les snobs et les riches qui ne comprennent rien à la vie et de l’autre la concierge qui comprend tout sur tout mais qui se garde bien de le montrer car dans ce monde pourri il faut savoir rester à sa place…Bof!
    Je préfère Prison Break c’est nettement plus drôle .

    Sinon Koz tu n’as jamais pensé à changer de boulot? Tu serais un excellent journaliste et tu pourrais continuer à t’interroger à haute voix sans culpabiliser et pour notre bonheur à tous.[/quote]

    Je n’en suis qu’à la moitié du livre. Pas faux, il est vrai, que le livre est un peu socialement manichéen. Cela dit, il ne me semble pas généraliser. Il s’agit de la situation d’un immeuble donné. Enfin, pour le moment, c’est une lecture qui me convient. Et je trouve que Prison Break perd en qualité, en revanche. Les invraisemblances et rebondissements artificiels se multiplient.

    Et si, j’ai pensé à changer de boulot. Mais l’aventure est… aventureuse. Et je ne suis pas seul dans cette galère.

    [quote comment= »49296″]Il me semble normal d’avoir des moments transitionnels dans la vie où la question du sens s’impose. Pour pouvoir idéalement s’arrêter, réfléchir à la suite et savoir pourquoi nous continuons de faire ce que nous faisons; ou pourquoi nous décidons de changer voire de tout bouleverser.

    Nous ne sommes pas sur terre pour si longtemps, le capital s’effrite et je n’aimerais pas finir ma vie en me disant que je l’ai suivie…même à contempler mes enfants[/quote]

    Certes, mais il faut que le moment soit le plus transitionnel possible, qu’il débouche sur une décision. Autrement, ce n’est que contempler l’abîme, et c’est, il me semble, un peu inhibant.

    [quote comment= »49319″]Elles (puisque tous les témoins que j’ai rencontrés ont toujours été des femmes) me répondaient que Dieu nous a créé puisqu’il nous aime. Ce qui ne répond pas vraiment à mon interrogation existentielle.[/quote]

    Ca me fait mal au cul de dire ça, mais des cathos me disent globalement la même chose. L’argument développé consiste à souligner que l’amour entraîne nécessairement (ou presque) une fécondité : qu’il s’agisse des enfants ou d’une fécondité sociale. Que, lorsque l’on est Amour, on a bien besoin d’un sujet sur lequel porter cet amour.

    C’est une réponse. Probablement insuffisante et qui ne me convainc moi-même qu’imparfaitement : un ptit côté de « bah quoi, il s’embêtait, tout seul, c’est ça ?« . Mais peut-on imaginer une réponse pleinement convaincante ?

    Sans abdiquer totalement, n’y a-t-il pas lieu de considérer que nous ne pouvons, par hypothèse, répondre à une telle question ? Voir, si je peux me permettre de me citer : L’Homme, la cerise griotte, et l’irréductible à la raison.

  • [quote comment= »49283″]
    Sauf que les partisans de l’euthanasie ont une tendance certaine à considérer qu’il n’a pas eu lieu tant qu’il ne s’achève pas sur leur réponse. Que seule leur position est admissible. [/quote]

    C’est un peu comme pour la constitution Europeenne, vous ne trouvez pas ?

    Elle a ete rejetee, on met un autre nom dessus, mais la on ne nous demande plus notre avis.

    Comme ca on a le bon resultat. Mais ca vous choque moins.

  • ‘Sûr que la pertinence du rapprochement entre le débat sur l’euthanasie et le débat sur le Traité européen m’apparaitra claire comme de l’eau de roche après une longe nuit de sommeil. Mais j’aurais du mal à cacher mon scepticisme, pour le moment.

    Mais soit, pour ne pas répondre uniquement ainsi, on pourra peut-être souligner que le Traité qui devrait être adopté tient compte des supposées motivations des opposants au TCE (quoiqu’il y ait presqu’autant de motivations que d’opposants, souvenez-vous du slogan hautement constructif de Villiers : « on a tous une bonne raison de dire non« … oui, et aussi de se rouler par terre et de trépigner) et est notamment amputé de toute sa partie III dont on avait cru comprendre qu’elle focalisait les oppositions.

    Ceci étant dit, je peine toujours à voir la pertinence du rapprochement. Mais je n’ai pas dormi, aussi.

  • Vanité
    @ Koz et Anna,
    J’espère ne pas être désagréable, mais ce passage est justement de nature à me faire fuir l’élégance du hérisson. Je trouve infiniment prétentieux et condescendants ces gens qui s’abritent derrière un cynisme blasé pour ériger leur insatisfaction en vérité immanente. Ainsi Paloma ne trouve pas de sens à sa vie. C’est donc qu’il n’y a pas de Sens à la Vie. Ceux qui l’ont trouvé doivent être des gentils crétins ou des sales menteurs.

    J’ai une autre idée. Et si c’était le contraire? Si les cons étaient les autres, les sinistres désabusés qui ne trouvent pas de sens à leur vie? Peut être n’ont ils pas assez cherché? Si c’étaient eux les salauds, qui masquent leur incompétence à être heureux en affirmant que c’est impossible? N’est il pas odieux de dire à ses enfants que la vie est vaine de crainte qu’ils réussissent là où on a échoué?

    Capitalisme
    Delphine s’est déjà exprimée, je vais en rajouter.
    Cet espèce de faux procès du capitalisme est assez agaçant chez les cathos.

    « L’urgence de la faim et l’urgence écologique dénoncent avec une évidence croissante que la logique du profit, lorsqu’elle prévaut, augmente la disproportion entre riches et pauvres, et la ruineuse exploitation de la planète.

    Quelqu’un au Vatican a-t-il remarqué qu’environ 3 milliards d’êtres humains en Asie (Chine, Inde…) qui crevaient de faim il y a un demi siècle sont en train de s’extraire à marches forcées de la misère depuis qu’ils ont rejoint le capitalisme? Quelqu’un a-t-il remarqué que l’Afrique sub-saharienne qui reste engluée dans la misère est totalement en marge du capitalisme?

    Sait on que la Silicon Valley investit massivement dans les cleantechs? Que le temple noir de l’ultracapitalisme est en train de trouver les solutions au problème environnemental gigantesque créé par l’accession à la prospérité de milliards d’êtres humains qui veulent leur bagnole comme tout le monde?

    Si on peut reprocher quelque chose en la matière au capitalisme, c’est de permettre aux pauvres de s’enrichir trop vite, plus vite qu’il n’est capable de trouver les solutions à leur pollution.

    Si on veut vraiment flinguer la planète, il faut virer les capitalistes de l’environnement. S’il n’est pas profitable de nettoyer, il n’y aura pas assez de monde pour le faire.

  • Non monsieur, non monsieur, non monsieur, vous n’avez pas raison. Ce n’est pas une raison pour fuire le livre de Barbery – il y en a surement d’autres et notamment le fait qu’il est insuffisamment snob, mais pas celle-là.

    Ce propos, elle le place sous la plume d’une jeune fille de douze ans, mal dans sa peau, prête au suicide pour démontrer ce qu’elle prend pour l’acte ultime, le seul acte valable, de maîtrise de sa vie, tout le reste n’étant que déterminé. Ca n’emporte pas approbation par l’auteur.

    Au demeurant, même Paloma méprise cette attitude des pseudos cyniques pleinement engagés dans la vie. Même si les conséquences qu’elle en tire sont à l’opposé des tiennes.

    Ce qui m’amusait aussi un peu d’ailleurs, c’est de retrouver ce que je peux penser être de grandes fulgurances sous la plume (ou en tout cas est-ce là que barbery les place) d’une gamine. Peut-être suis-je donc encore immature.

    [quote comment= »49344″] Si c’étaient eux les salauds, qui masquent leur incompétence à être heureux en affirmant que c’est impossible? [/quote]

    Je veux bien être d’accord. Au demeurant, mes moments de grandes pensées profondes alternent avec des instants de bonheur simple.

    [quote comment= »49344″]Cet espèce de faux procès du capitalisme est assez agaçant chez les cathos.[/quote]

    Faux procès, ta mère. Oh l’autre, eh.

    D’abord, c’est çui qui dit qu’y est. Et c’est toi qui fait un faux procès au Vatican.

    Si tu reprends ce que dit l’Eglise sur le rôle du marché libre (ce qui n’est pas très exactement le capitalisme mais bordel on va pas finasser inutilement), cela me semble assez bien équilibré.

    « a) Rôle du marché libre

    347 Le marché libre est une institution socialement importante en raison de sa capacité de garantir des résultats suffisants dans la production de biens et de services. Historiquement, le marché a prouvé qu’il pouvait lancer et soutenir à long terme le développement économique. Il existe de bonnes raisons d’estimer qu’en de nombreuses circonstances « le marché libre soit l’instrument le plus approprié pour répartir les ressources et répondre efficacement aux besoins ». La doctrine sociale de l’Église considère positivement les avantages sûrs qu’offrent les mécanismes du marché libre, aussi bien pour une meilleure utilisation des ressources que pour la facilitation de l’échange des produits; « surtout, ils [les mécanismes] placent au centre la volonté et les préférences de la personne, qui, dans un contrat, rencontrent celles d’une autre personne ».

    Un vrai marché concurrentiel est un instrument efficace pour atteindre d’importants objectifs de justice: modérer les excès de profit des entre- prises; répondre aux exigences des consommateurs; réaliser une meilleure utilisation et une économie des ressources; récompenser les efforts des entreprises et l’habileté d’innovation et faire circuler l’information de façon qu’il soit vraiment possible de confronter et d’acquérir les produits dans un contexte de saine concurrence.

    348 Le marché libre ne peut être jugé sans tenir compte des fins qu’il poursuit et des valeurs qu’il transmet au niveau social. De fait, le marché ne peut pas trouver en lui-même le principe de sa propre légitimation. Il revient à la conscience individuelle et à la responsabilité publique d’établir un juste rapport entre les fins et les moyens.Le profit individuel de l’agent économique, bien que légitime, ne doit jamais devenir l’unique objectif. À côté de celui-ci, il en existe un autre, tout aussi fondamental et supérieur, celui de l’utilité sociale, qui doit être réalisé non pas en opposition, mais en cohérence avec la logique du marché. Quand il remplit les importantes fonctions rappelées ci-dessus, le marché libre sert le bien commun et le développement intégral de l’homme, tandis que l’inversion du rapport entre les moyens et les fins peut le faire dégénérer en une institution inhumaine et aliénante, avec des répercussions incontrôlables. »

    Personnellement, tout ceci me semble difficilement contestable. Et cela ne me semble pas faire de l’Eglise une institution aux positions économiques caricaturales. Je suis bien sûr d’ailleurs que ces positions heurtent plus d’un vil gauchiste. Comme elles choquent peut-être quelque odieux droitier.

  • Cher koz,

    Tu as conscience de la longueur de ton billet, mais penses-tu que tu pourrais éventuellement, je en sais, l’installer en pdf, ou en document imprimable, enfin quelque chose qui permette de lire ton article (on n’en est plus à l’articulet…) sans que les yeux finissent d’exploser devant tant d’érudition mais aussi de petits, petits caractères (et je ne parle pas que de nos cerveaux 😉 )

  • Le rapprochement n’est pas avec l’euthanasie.

    C’est juste que vous semblez deplorer que les partisans de l’euthanasie veulent continuer le debat jusqu’a ce qu’ils obtiennent « leur verite », alors que dans le cas de la constitution, vous ne deplorez pas que le debat n’est plus lieu puisque c’est « votre verite ».

    Personellement, je vis l’Europe (vit a Londres depuis des lustres, avec une femme allemande et 2 enfants trilingues), mais je ne crois plus a ce que les fonctionnaires de Bruxelles et les politiciens en general essayent de nous imposer.

    Il me semblait juste qu’il y avait une contradiction suivant le cote ou votre verite se trouve.

    Evidemment, je ne me base pas uniquement sur ce billet (je lis votre blog regulierement), et il est aussi possible que j’ai mal compris votre opinion sur le traite « simplifie ».

  • [quote comment= »49377″]Cher koz,

    Tu as conscience de la longueur de ton billet, mais penses-tu que tu pourrais éventuellement, je en sais, l’installer en pdf, ou en document imprimable, enfin quelque chose qui permette de lire ton article (on n’en est plus à l’articulet…) sans que les yeux finissent d’exploser devant tant d’érudition mais aussi de petits, petits caractères (et je ne parle pas que de nos cerveaux 😉 )[/quote]

    J’ai eu un plugin pour permettre l’impression. Il ne fonctionnait pas. Et j’avais tendance à trouver un peu prétentieux de croire que des gens pourraient avoir envie d’imprimer mes billets. A voir.

    [quote comment= »49464″]Le rapprochement n’est pas avec l’euthanasie.

    C’est juste que vous semblez deplorer que les partisans de l’euthanasie veulent continuer le debat jusqu’a ce qu’ils obtiennent « leur verite », alors que dans le cas de la constitution, vous ne deplorez pas que le debat n’est plus lieu puisque c’est « votre verite ».

    Personellement, je vis l’Europe (vit a Londres depuis des lustres, avec une femme allemande et 2 enfants trilingues), mais je ne crois plus a ce que les fonctionnaires de Bruxelles et les politiciens en general essayent de nous imposer.

    Il me semblait juste qu’il y avait une contradiction suivant le cote ou votre verite se trouve.

    Evidemment, je ne me base pas uniquement sur ce billet (je lis votre blog regulierement), et il est aussi possible que j’ai mal compris votre opinion sur le traite « simplifie ».[/quote]

    J’ai bien compris où vous faisiez le rapprochement. Mais il ne peut pas être détaché comme vous le faites du sujet auquel il se rapproche. Sans pour autant penser que, sur l’euthanasie, les positions puissent être simples, on identifie assez bien les oppositions.

    L’opposition au TCE en revanche est plus que protéiforme. Vous avez ceux qui n’en voulaient pas en raison des politiques économiques qu’il contenait, ceux qui n’en voulaient pas parce qu’ils ne voulaient plus d’Europe, ceux qui n’en voulaient pas pour les deux à la fois, ceux qui n’en voulaient pas parce qu’ils n’aiment pas la bureaucratie et qu’ils conchient les fonctionnaires etc etc…. Faut-il dans ce cas satisfaire tous les Non, répondre à une synthèse des Non, ou quoi ?

    Alors soit, ce mini-traité ne vous convient pas. Mais, même si, certainement, ce n’est pas allé jusqu’à ce que vous escomptiez, no ne peut pas prétendre que le résultat du référendum n’ait pas été pris en considération.

    Maintenant, je persiste : répondre TCE à un débat sur l’euthanasie (pour autant, au demeurant, que l’euthanasie soit véritablement concernée ici) me paraît… décalé.

  • A titre personnel, le fait que l’église puisse avoir une « doctrine sociale » me choque profondément. Le langage de dieu à travers la religion catholique, et c’est cela même qui en fait son originalité, s’adresse à l’individu, en lui reconnaissant un aspect sacré. Elle exhorte cet individu, doté on le sait depuis peu d’un altruisme naturel, à améliorer celui-ci par la pratique individuelle de la charité, du respect du prochain etc
    Je pense qu’elle outrepasse son rôle en donnant une opinion sur l’organisation des sociétés humaines. Ses grotesques enfantements laïques qu’on a pu voir au siècle dernier ont été parmi les plus sanguinaires. La religion étant du domaine de l’absolu, il donne des catastrophes absolues. Rendez à César…

  • Lili, la doctrine de l’Église est susceptible d’applications dans le domaine social, aussi bien que philosophique, esthétique, étique…

    Il y a même des passages de l’ancien testament susceptibles d’applications culinaires.

  • Lili, voilà une objection que j’ai déjà entendue, que je veux bien comprendre, de la part de personnes extérieures à l’Eglise mais qui ne me semble pas recevable : comment accorderiez-vous le fait de croire en l’existence de Dieu et de ne pas en tirer de conséquences ? De croire en l’enseignement du Christ, spécialement social, et de ne pas en tirer de conséquences ? Le camp laïc affirme souvent que tout cela devrait relever de la sphère intime. Mais il me semble parfaitement inconcevable, incohérent et inconséquent de croire en Dieu et de poursuivre sa petite vie comme si de rien n’était. De croire en Dieu, de croire en une foi qui professe l’amour du prochain, l’accueil du pauvre, le souci du prisonnier, le souci de l’étranger et de ne pas avoir de message pour la société ?

    Libre à chacun de faire ce qu’il veut de ce message.

    On a parfois le sentiment soit que des non-croyants finiraient par se sentir impactés par le message de l’Eglise, ce qui est paradoxal (après tout, je ne dénie pas aux bouddhistes, aux musulmans, le droit d’avoir un message sur la société, simplement, je ne le partage pas (ou pas nécessairement)), soit que les non-croyants sont intimement convaincus de la faiblesse d’esprit des croyants, qui en viendraient à adopter les positions de l’Eglise sans raisonner par eux-mêmes, ce qui est caricatural et quelque peu méprisant. Bien sûr, les croyants sont influencés, ne serait-ce que parce que le message de l’Eglise les amène à se remettre en question, mais j’en connais des deux bords qui cultivent une certaine distance avec ce que dit l’Eglise.

    Bref, j’ai du mal à comprendre que l’on en vienne à dénier à l’Eglise le droit d’avoir une « doctrine sociale », au demeurant plutôt équilibrée. Je vois mal aussi quels peuvent être les « grotesques enfantements laïques » de l’Eglise du siècle passé. En revanche, il ne serait guère difficile d’évoquer l’influence de l’Eglise à travers les siècles pour pacifier les moeurs.

  • [quote comment= »49377″] sans que les yeux finissent d’exploser devant tant d’érudition mais aussi de petits, petits caractères (et je ne parle pas que de nos cerveaux 😉 )[/quote]

    Pour les longs textes de Koz qui demandent concentration, je mets dans « affichage, taille du texte, la plus grande » c’est tout de suite mieux ! 🙂

  • koz,
    J’affirme au contraire qu’à titre individuel et seulement à ce titre, l’influence de sa croyance sur ses moeurs va de soi. Ce qui me choque c’est que l’église et son représentant le pape puisse délivrer une façon sociale d’être chrétien. Quand je parlais de ses représentations laïques, j’évoquais tout ceux qui se sont donnés pour tâche de faire le paradis sur terre : marxistes et dérivés, mais aussi utopies naturalistes,en général : toutes communautés basées sur l’adhésion plus que la raison. Ceci dit koz, très sincérement je ne crois pas en dieu, mais je suis prête à le défendre.

  • [quote comment= »49470″]A titre personnel, le fait que l’église puisse avoir une « doctrine sociale » me choque profondément. Le langage de dieu à travers la religion catholique, et c’est cela même qui en fait son originalité, s’adresse à l’individu, en lui reconnaissant un aspect sacré. Elle exhorte cet individu, doté on le sait depuis peu d’un altruisme naturel, à améliorer celui-ci par la pratique individuelle de la charité, du respect du prochain etc
    Je pense qu’elle outrepasse son rôle en donnant une opinion sur l’organisation des sociétés humaines. [/quote]

    Ci-joint un exemple de la doctrine sociale de l’église au quotidien. http://www.croire.com/illustrations/Multimedia/Croire/2003/Debat/QuestionsActuelles/QA08_p25-29.pdf

    Vous voyez que l’église à travers sa doctrine sociale ne donne pas une opinion sur telle ou telle organisation. Cette lettre a juste vocation à faire réfléchir le croyant sur sa « position » de catholique par rapport à la société. C’est remettre en perspective ce à quoi il croit, par rapport à la réalité quotidienne. C’est réaffirmer que le fait de croire n’est pas état de fait, une sorte de carte de visite avec écrit « catholique » mais que cette notion renvoit à des devoirs et à des exigences par rapport à soi et par rapport aux autres. Ceci étant, cette doctrine n’est pas imposée comme étant un catalogue exhaustif de propositions. Chaque croyant est invité à réfléchir et à faire preuve de discernement…

  • En lisant cela chère Thaïs, ce que vous mettez en ligne, ma colère a redoublé. Où, dans quel lieu qui m’aurait échappé y-a-t-il :
    Des Droits à l’existence décente et non pas un devoir?
    Des droits à l’éducation et non pas la volonté d’aquérir un enseignement?
    Des droits au travail et non pas un devoir?, des droits de réunion …etc
    On croirait le catalogue du parti « socialiste »
    Et, chère Thaïs si ce sont des droits, sont-ils opposables et à qui?
    Décidément les catholiques me fâchent encore, occupez-vous de dieu, non de dieu!
    Je veux dire par là, que, par exemple, la décence d’une vie c’est pas à l’état de vous la procurer mais à vous même et sur quel critère vous vous basez pour en juger?
    à demain

  • [quote comment= »49470″]A titre personnel, le fait que l’église puisse avoir une « doctrine sociale » me choque profondément. [/quote]

    C’est un point intéressant et que je trouve souvent mal compris et parfois même intentionellement mal compris par certains qui jugent l’Eglise Catholique d’un point de vue extérieur (ça me rappelle le débat sur le préservatif par exemple).

    Pourtant, il est quand même utile de rappeller qu’une église est une église – une communauté de croyants réunis sur la base d’une même foi, des mêmes idées, des mêmes objectifs.

    Ensuite, que cette église lorsqu’elle interprète un fait de société, ou donne même des conseils à ses membres sur le type de société ou d’organisation sociétale qui permettrait à ce croyant de vivre plus en accord avec sa foi, elle s’adresse à ses fidèles.

    Lorsqu’elle entends par pure prosélythisme, conseiller les non croyants, je vais peut être en choquer certains, mais là encore elle joue pleinement son rôle qui consiste aussi à annoncer par exemple, la Bonne Nouvelle, qui n’est pas seulement l’avènement du Messie mais également de la philosophie qu’il professe pour le monde.

    A partir du moment, où il existe une claire séparation de l’Eglise et de l’Etat qui ote à cette église (ou aux églises dans le sens large), la possibilité d’imposer par des moyens coercitifs ou réglementaires son point de vue, elle est libre de professer ce qu’elle veut (dans le respect des lois bien sur).

    Lorsque l’on trouve choquant qu’une religion puisse avoir une doctrine sociale, cela veut tout simplement dire que l’on n’est pas en accord avec ce point de vue, et donc on décide par là même de ne pas adhérer à cette organisation. Il existe des religions qui n’ont pas de doctrines sociales, il est aussi possible de ne pas adhérer à une religion. Il est possible de cesser d’adhérer. Il est même possible de se considérer en léger désaccord sur certains points et continuer à adhérer. Il est même toujours possible de décider d’adhérer de façon inconditionnelle à absolument tout en vouant à la doctrine un caractère transcendant sur son propre jugement. Dans chacun de ces cas, je ne vois pas l’absence de la raison. Dans tout les cas, même en cas d’adhésion absolue, il s’agit toujours d’une décision – qui plus est, réversible.

    Bref je ne suis pas choqué du tout par la doctrine sociale. Je trouverait même paradoxale qu’une église n’en ait aucune même dans une forme tacite puisqu’il s’agit seulement de mettre en pratique un corps de croyances qui est très rarement dans les religions confiné à la seule relation entre les fidèles et Dieu.

    A titre plus personnel, je pense qu’en fait, les églises embarassent sur bien des points – leur caractère transnational n’a jamais tellement plus aux régimes fascistes par exemple. Parfois, elles gènent certaines idéologies qui voient d’un mauvais oeil une commauté sur laquelle ils n’auront jamais un controle parfait.

  • Je suis assez d’accord avec lili, même si je le présenterais de façon un peu moins provocante.

    L’Eglise a bien sur parfaitement le droit d’avoir une doctrine sociale ou économique ou dans quelque domaine que ce soit. Je trouve juste que ça brouille le message et en fait disparaître une composante essentielle, la composante individuelle.

    Quand je dis individuel, je ne pense pas égoïste, au contraire.

    [quote comment= »49476″]de croire en une foi qui professe l’amour du prochain, l’accueil du pauvre, le souci du prisonnier, le souci de l’étranger[/quote]

    Ma compréhension est que le message du Christ veut que chacun, à titre individuel, aime son prochain, accueille le pauvre, pense au prisonnier, reçoive l’étranger etc… C’est un magnifique message, un commandement à la fois exigeant et tellement gratifiant quand on y répond.

    Mais quand on se met à transposer ces commandements à la société ou à l’Etat, l’image se trouble sensiblement, car si l’Etat c’est moi, c’est aussi tous les autres. Alors qu’auparavant, on réalisait une bonne action, on se met à exiger des autres qu’ils en fassent autant. Quelques exemples :

    – Générosité : je suis généreux (je au sens générique, je ne suis pas en train de me vanter). Je donne à diverses oeuvres, j’aide mes amis, mes proches, je me préoccupe sincèrement du sort de mes contemporains et fais (raisonnablement) mon possible pour rendre leur vie plus facile. Bravo, super, je vis en accord avec les commandements chrétiens. Si maintenant je demande que l’Etat soit aussi « généreux » que moi, j’exerce tout à coup une contrainte sur les autres. Je leur demande de donner autant que moi, ou plus. Est ce conforme au message du Christ? Quand je prends autant (ou plus) que ce que je donne, suis-je toujours généreux?

    – Immigration : j’ai rencontré un immigré en situation irrégulière, son sort m’a ému et j’ai eu envie de l’aider. Je lui ai donné du travail, il a su gagner ma confiance, je pense que c’est quelqu’un de valeur, honnête et travailleur. Quelqu’un de bien. Je voudrais qu’il soit autorisé à s’installer sur le territoire, mais je sais, puisque nous avons un Etat « généreux », que la régularisation s’accompagne d’un ensemble de droits et prestations à la charge de la collectivité. Suis-je fondé à exiger de la communauté qu’elle prenne en charge mon ami? Et si je m’étais trompé sur son compte? Est il altruiste de vouloir imposer mon hospitalité à mes voisins?

    Pour moi, les valeurs chrétiennes sont des valeurs humaines qui s’appliquent aux humains, pas aux constructions froides et abstraites que sont les Etats et les administrations. La charité est très vite humiliante, si elle ne s’accompagne pas d’un geste d’encouragement, d’un sourire.

    De façon générale, nous avons tendance à nous passionner pour des grandes causes bien abstraites et lointaines (la faim dans le monde, l’environnement, la solidarité…) qui sont souvent d’utiles diversions pour nous aider à oublier qu’on pourrait faire le bien de façon beaucoup plus concrète et proche.

    Le message du Christ nous ramène aux dures réalités : il faut aimer son prochain, pas signer une pétition en ligne contre la faim dans le monde.

  • Sur l' »amendement ADN », j’avoue ma surprise sur certains points. Clairement, il n’est pas spécialement question pour moi de prendre fait et cause pour cet amendement. Je ne sais rien de sa nécessité et son efficacité me parait plus que douteuse, ce qui fait que je ne vois pas vraiment la nécessité de bousculer, même légèrement, les convenances, avec ce texte.

    Mais je m’étonne tout de même de lire, par exemple :

    « « Je ne suis pas convaincu par le texte. Il ne règle pas le problème de fond », a déclaré Hugues Portelli, un des irréductibles UMP. « Ce texte, même remanié, créée une discrimination entre les étrangers et les Français en matière de droit de la filiation. Le recours à des tests génétiques n’est pas prévu par le code civil pour établir un lien de filiation. » »

    Alors que l’article 16-11 alinéa 2 du Code civil prévoit que :

    « En matière civile, cette identification ne peut être recherchée qu’en exécution d’une mesure d’instruction ordonnée par le juge saisi d’une action tendant soit à l’établissement ou la contestation d’un lien de filiation, soit à l’obtention ou la suppression de subsides. »

    Est-il vraiment utile de faire peser sur le gouvernement, et sur la France, le soupçon d’instituer une pratique discriminatoire à l’égard des étrangers ?

    Que l’on s’oppose à cet amendement, soit, mais que l’on ne cherche pas à tout crin un motif d’infamie.

    Manifestement, il y a derrière cet épisode davantage que le sort de l’amendement.

    [quote comment= »49507″]Je suis assez d’accord avec lili, même si je le présenterais de façon un peu moins provocante.

    L’Eglise a bien sur parfaitement le droit d’avoir une doctrine sociale ou économique ou dans quelque domaine que ce soit. Je trouve juste que ça brouille le message et en fait disparaître une composante essentielle, la composante individuelle.

    (…)

    Le message du Christ nous ramène aux dures réalités : il faut aimer son prochain, pas signer une pétition en ligne contre la faim dans le monde.[/quote]

    J’aime particulièrement la fin de ton commentaire. Signer des pétitions soulage la conscience d’un certain nombre mais donner réellement à manger à quelqu’un qui a faim, c’est une autre affaire. Et je le dis sans intention de donner de leçons à quiconque, n’étant pas moi-même un modèle en la matière.

    Sur le reste de ton commentaire, je comprends ce que tu veux dire mais ne le ressens pas de la même manière. Il ne m’apparaît pas choquant que l’Eglise souhaite qu’au niveau des structures aussi une certaine conception prévale.

    Au demeurant, il faut aussi souligner que l’Eglise, en proposant sa « doctrine sociale » ne vise pas à imposer un modèle précis d’institutions ou de société, même si le vocabulaire prête à confusion (comme un peu trop souvent dans les documents d’Eglise, qui ont parfois tendance à se référer à la racine latine sans trop prendre garde à l’évolution de la compréhension d’un terme). Dans son introduction, le Compendium (encore un truc incompréhensible) précise à plusieurs reprises qu’il s’agit surtout d’un guide de réflexion.

    « Ce document se propose comme un instrument au service du discernement moral et pastoral des événements complexes qui caractérisent notre époque; comme un guide pour inspirer, au niveau individuel et collectif, des comportements et des choix qui permettent de regarder vers l’avenir avec confiance et espérance; comme une aide aux fidèles au sujet de l’enseignement de la morale sociale. Il peut en découler un engagement nouveau, capable de répondre aux exigences de notre temps, en fonction des besoins et des ressources de l’homme, mais surtout un désir ardent de mettre en valeur, sous de nouvelles formes, la vocation propre aux différents charismes ecclésiaux en fonction de l’évangélisation du social, car « tous les membres de l’Église participent à sa dimension séculière ». Enfin, ce texte est proposé pour encourager le dialogue avec tous ceux qui désirent sincèrement le bien de l’homme.« 

  • @lili :je comprends tout à fait votre réaction, peut-être n’ai-je pas été assez claire !
    Ce que je veux dire, c’est qu’être chrétien, ce n’est pas seulement s’affirmer en tant que tel, ce n’est pas non plus uniquement aller à la messe le dimanche et faire un sourire à son voisin. C’est une dimension personnelle qui doit être au coeur de la vie de tous les jours. Par cette doctrine, l’Eglise ne veut pas faire un catalogue de droits et de devoirs. Elle nous invite uniquement à réfléchir ou à nous faire prendre conscience de notre rôle en tant que chrétien dans la société et je le redis dans notre vie de tous les jours que ce soit dans la sphère familiale, dans le travail, dans la politique ou dans le monde associatif. A la limite, nous n’aurions pas besoin de cette doctrine, si notre vie était calquée sur celle proposée dans l’Evangile. Pour ma part, je ressens cette doctrine comme une proposition de discernement et de toute façon je suis libre d’y « adhérer » ou pas et le seul juge de mes actes, c’est Dieu !
    Cette proposition ne doit pas être complètement farfelue puisque même des non croyants sont proches de cette doctrine sans la connaître !

    [quote comment= »49507″]
    De façon générale, nous avons tendance à nous passionner pour des grandes causes bien abstraites et lointaines (la faim dans le monde, l’environnement, la solidarité…) qui sont souvent d’utiles diversions pour nous aider à oublier qu’on pourrait faire le bien de façon beaucoup plus concrète et proche.
    [/quote]

    J’ai longtemps pensé cela et vous avez certainement raison mais je ne permettrais pas de juger ceux qui agissent en ce sens ! Le « prochain » peut être en bas de chez soi ou à 10000 kms et il a toujours faim ! pourquoi l’ignorer ? je ne veux pas rentrer dans une hierarchie des bonnes actions !

  • à Koz
     » …encourager le dialogue avec ceux qui désirent sincérement le bien de l’homme »
    Par essence, je me méfie de ceux qui veulent faire le bonheur des autres malgré eux, ensuite je me demande bien comment on fait pour écarter ceux qui ne seraient pas sincères…
    Je lis votre blog depuis la campagne électorale, non pas parce que je veux connaître l’avis des catholiques, mais pour la qualité de votre réflexion, je respecte d’autre part le fait que vous le soyez et même je me  » battrais pour que vous puissiez l’ être »
    Libéral a, en gros parfaitement exprimé ma pensée. Mais je vais aller plus loin : je pense qu’en plus en donnant des lecons de morale politique, l’église depuis un demi siècle brouille son message essentiel, et fait fuir les bonnes volontés.
    Si je ne suis pas catholique, ce n’est pas essentiellement à cause de dieu, mais à cause des catholiques. A chaque fois me revient en mémoire l’image de l’hypocrisie de ceux qui délivrent la bonne parole…
    Il faudrait sans doute à l’image des socialistes revoir le logiciel

  • lili, je vous remercie de votre bonne volonté à vouloir vous battre, le cas échéant, pour que je puisse être catholique. En revanche, fondamentalement, je crains que le débat ne soit un peu stérile. Lorsque, comme vous, on en vient à trouver quelque chose à redire à une phrase aussi neutre et difficilement contestable que celle qui affirme que l’Eglise souhaite « encourager le dialogue avec ceux qui désirent sincérement le bien de l’homme« , c’est que les préventions et a priori sont trop présents pour permettre encore un débat véritable.

    A l’impossible nul n’est tenu.

  • @]libéral : ton post, qui rejoint celui de lili, est fort intéressant et je puis dans une large mesure souscrire à l’idée que tu développes.
    Il faut toutefois admettre que le christianisme n’est pas seulement une croyance et une pratique religieuse.
    C’est au moins tout autant une règle de vie en commun.
    John Donne disait « no man is an island ».
    Dans la mesure où le christianisme est aussi « un vivre ensemble » il est normal qu’il y ait une doctrine sociale de l’Eglise pour rappeler aux croyants leurs devoirs et inciter l’ensemble des citoyens à ne pas transiger sur les questions essentielles comme la dignité de l’homme.
    Si ce message, cette doctrine, était mieux compris, mieux appliqué, il y aurait moins de régimes où la dignité de l’homme reste lettre morte.
    Quand JPII critique la corruption lors de son discours à Port-aux-Princes, il ne sort pas de son rôle pastoral.
    Il rappelle simplement que les croyants ont des devoirs dans la société et que s’ils pouvaient aussi inspirer les non-croyants le monde n’en serait que meilleur.

  • @Koz : l’amendement sur les tests ADN déchaîne les passions. On finit par se demander si la France n’est pas prisonnière d’un excès de zèle droitsdel’hommiste. Bien sûr que le respect du droit et de la vie privée sont des principes intangibles mais dès que l’on parle de caméra de surveillance, de tests ADN, de fichiers de délinquants sexuels etc… il y a toujours une levée de boucliers comme si la France était le dernier rempart de la démocratie.
    Dans le cas de l’amendement qui nous intéresse j’ai entendu à « C dans l’air » un spécialiste des flux migratoires affirmer que le test ADN permettrait de débloquer des situations inextricables et de permettre des regroupements familiaux empêchés par l’administration depuis des années.
    Il craint même que ce test ne provoque un appel d’air pour l’immigration et le regroupement familial.
    Si cette crainte s’avère, le test va subitement devenir très populaire dans les « associations ».

  • Ah. Première réaction sur l’amendement sur les tests ADN, au demeurant remanié depuis mon billet, dans un sens qui lève quelques préventions.

    J’ai effectivement un peu le sentiment que nombreux sont ceux qui cultivent leur ego, leur bonne conscience sur cette question, au prix parfois de mensonges caractérisés, comme celui qui figure plus haut.

    Je notais aussi qu’un groupe Facebook s’est constitué pour s’opposer à cette question, et qui affirme également que la loi française ne permet de recourir aux tests génétiques qu’à des fins scientifiques ou médicales. Ceux qui affirment cela ne savent pas lire. L’article 16-11 alinéa 2 du Code civil prévoit clairement, en toutes lettres (c’est rare d’ailleurs que ce ne soit qu’en demi-caractères), que le recours aux tests génétiques peuvent intervenir pour l’établissement d’un lien de filiation. La seule différence qui existait avec le régime prévu par l’amendement était la nécessité de passer devant un juge. Elle a disparu avec la nouvelle rédaction.

    Je trouve vraiment très regrettable que certains se complaisent à donner, en interne, une image du gouvernement et, à l’international, une image de la France, raciste, discriminante, quasi-fasciste.

  • Voilà Doudou qui s’en mêle : « « Si j’étais parlementaire, ce que je ne suis plus d’ailleurs, je ne la voterai pas pour des raisons essentiellement morales », a déclaré l’ancien député sur France-Info. « L’idée de tests ADN obligatoires (…) est une idée qui, personnellement, me choque profondément sur le plan moral« .

    Je coince. Je veux bien que l’on s’oppose à cet amendement. Personnellement, je ne suis pas en mesure d’en apprécier clairement la nécessité. Mais je ne comprends que l’on oppose doctement des arguments erronés. Entre celui de Hugues POrtelli (voir plus haut) et celui des « tests obligatoires » alors même qu’ils sont facultatifs, j’avoue que je m’interroge.

    Est-ce un manque de courage politique ? Est-ce qu’il s’agit d’une volonté de ne pas se mouiller politiquement pour un truc qui n’en vaut pas la peine ? Est-ce que cela cache une volonté de fronde plus large, éventuellement dirigée contre Hortefeux ? Ou suis-je moi-même dépourvu de tout sens moral et devrais-je, moi aussi, trouver tout cela abject ?

  • [quote comment= »49614″]L’amendement sur les tests ADN déchaîne les passions. On finit par se demander si la France n’est pas prisonnière d’un excès de zèle droitsdel’hommiste.[/quote]

    Trop de droits de l’homme tue les droits de l’homme c’est ça ?
    Vous voyez des courbes de Laffer partout, c’est inquiétant.

    Puisque le test ADN vous agrée, que pensez-vous de la problématique éponyme (pas eponymus) posée par le groupe Facebook qui vient de se créer:

    Pour l’identification génétique des enfants du couple Sarkozy ?

  • jm, il me semble que certaines vraies questions se posent, sur cet amendement. Pourquoi leur préférer des questions stupides et si pathétiquement formulées ?

    Si l’on discutait des oppositions véritables au texte, et de leur motivation. Le débat est ouvert, je ne demande qu’à comprendre, et ne suis pas spécifiquement partisan de cet amendement.

    Vous retrancher derrière une telle intervention ne vous ressemble pas, hein, dites-moi…

  • Je ne me retranche pas, j’ _illustre_ l’absurdité de cette mesure (pardonnez ma formation de matheux, j’ai appris très tôt la validité des raisonnements par l’absurde).

    Pour mieux l’assumer, je peux vous donner cette explication de texte détaillée:
    [quote]« En France, les législateurs ont souligné l’importance du fait que le lien de filiation ne pouvait en aucun cas se réduire à sa dimension biologique. L’importance de ce principe est évidente lorsque l’on songe aux enfants adoptés ou aux familles recomposées. Ce principe cesserait-il d’être important pour ceux qui ne sont pas nés en France ? Le droit à vivre en famille, reconnu par la convention européenne des droits de l’homme, serait-il réservé aux Français ou à ceux qui ont les moyens de payer des tests génétiques, présentés avec une hypocrisie certaine comme non obligatoires, mais qui deviendraient vite indispensables ? Ignore-t-on que ce contrôle supplémentaire engendrerait immanquablement des trafics de documents et autres irrégularités ?

    En contribuant une fois de plus à stigmatiser les candidats à l’immigration et sous prétexte de réduire un désordre, cette disposition en créerait un autre, infiniment plus grave, car il entamerait pernicieusement des principes éthiques, et ouvrirait la porte au fichage génétique de certaines catégories de la population. L’histoire nous a appris à quels désastres s’exposent les peuples qui acceptent de rogner peu à peu leurs principes éthiques, de banaliser l’inacceptable. »

    « Collectif sauvons la recherche »
    [/quote]

    Pas grand chose à ajouter.

    Si insistons juste sur un point : la France n’est pas seulement en train de se déshonorer en honorant de moins en moins le droit d’asiile et le droit de vivre en famille, elle est aussi en train d’assurer son déclin économique à force de multiplier les mesquineries administratives qui font fuire jusqu’aux travailleurs très qualifiés que le discours officiel prétend attirer comme le montre ce brillant témoignage »

    A lire de bout en bout en notant bien le passage
    [quote]La France souhaite attirer des travailleurs qualifiés mais elle ne sera pas attractive. Toutes ces politiques d’immigration sont très vite connues de tous les immigrants.

    Des immigrants comme moi et mon épouse ne s’intéressent pas en premier lieu à la gastronomie raffinée, aux musées mais a l’accueil qui nous recevons de la part des autorités du pays où nous immigrons, des possibilités qui nous serons offertes et de la façon dont nous serons traités. Or dans ces domaines, la France ne fait pas envie et j’ai pu le constater à travers de nombreux échanges que j’ai eu avec des étudiants et chercheurs chinois, indiens, coréens et de plusieurs autres parties du monde. Cela fait partie a mon sens de l’arrogance française que de prétendre que les travailleurs qualifiés voudront tout de même venir en masse en France malgré les conditions dégradées que la France leur offre par rapport à l’Amérique du Nord, l’Australie ou certains pays d’Europe autant au niveau des salaires, de l’avenir de leurs enfants que de la simplicité et de la visibilité des procédures administratives.[/quote]

  • Ca peut être très bien, un raisonnement par l’absurde mais l’idéal, avant de le mener, c’est totu de même d’avoir commencé par un raisonnement normal.

    En quoi cet amendement ouvre-t-il la porte au fichage génétique ? Si telle est l’inquiétude, et si tel n’est pas encore le cas, il suffit de prévoir que les tests sont détruits après utilisation. Par ailleurs, vu la population concernée (celle des pays dans lesquels l’état-civil n’est guère fiable), quel objectif aurait le fichage génétique en question ? Distinguer les personnes d’origine africaine ou asiatique des autres ? A la différence des juifs, si un pouvoir raciste et criminel se mettait en place, il me semble qu’il aurait quelques autres indices de l’origine de ces personnes qui permettraient de se dispenser de tels tests…

    Bref, ça, ce n’est plus du domaine du raisonnement par l’absurde mais du raisonnement absurde.

    En quoi cet amendement porte-t-il atteinte aux autres formes de filiation que la filiation biologique ? Comme le soulignait Dang dans le commentaire auquel vous avez préféré répondre par le sarcasme, si effectivement, aujourd’hui, de nombreux dossiers de demande de regroupement sont bloqués et qu’un tel amendement permettrait de débloquer ceux pour lesquels il ne saurait y avoir de doute sur la filiation, est-ce odieux ?

    Ceux qui, en outre, pourront prouver une adoption au moyen d’un acte d’état-civil fiable, n’auront pas davantage de difficultés. J’ai bien compris que, dans certains pays, il n’était pas habituel de dresser des actes d’état-civil. Ben, faudrait peut-être s’y mettre, ça a tout de même quelques avantages.

    Cet amendement n’est peut-être pas rédige de façon optimale, il n’est peut-être même pas efficace, peut-être pas nécessaire. Mais les griefs soulevés me semblent bien excessifs. Quand ils ne sont pas simplement mensongers. En revanche, je veux bien que l’on conteste la nécessité d’un contrôle du regroupement familial, ou que l’on conteste la nécessité de restreindre l’immigration mais il n’est pas nécessaire, poru cela, de traiter les adversaires de pesudo-nazis.

  • Génial votre lien, jmfayard. Je suis surpris de voir que vous êtes devenu un admirateur de l’Amérique de George Bush.

    Si vous n’avez pas trop oublié votre formation de matheux, vous devez vous souvenir que les conclusions d’un théorème ne sont valables que si la totalité des hypothèses sont vérifiées.

    Donc, si on veut améliorer l’immigration en France sur le modèle Américain, il faut :
    1. une véritable discrimination en faveur des plus diplomés,
    2. des transferts sociaux faibles,
    3. une économie libérale, un droit social light,
    4. des dépenses publiques à 30% du PIB,
    5. des frais de scolarité élevés dans les universités,

    Je me marre. Quand on se met à chercher des neo-conservateurs américains à passeport français, on en trouve partout 🙂

  • Compte tenu du fait que les tests ADN sont établit sur la base d’un volontariat, qu’ils sont détruits après que leur authenticité a été établie, qu’ils ne sont pas le seul élément sur lequel la décision de regroupement se décide puisqu’il existe et qu’il est reconu en droit français d’autre modes de filiations que la filiation dite sanguine, le vrai raisonnement par l’absurde consisterait à formuler une loi qui dirait en substance :

    « Il est interdit à tout étranger ayant immigré en France et souhaitant bénéficier des dispositions du regroupement familial de présenter un test ADN comme élément de preuve des liens familiaux existants entre cet étranger et sa famille si cette preuve vise à accéler la procédure de regroupement ».

  • Et pour faire dans le tout répressif, pourquoi pas faire une modification du code pénal qui établirait que :

    Délit de tests ADN

    Article 16543 – 1

    « Le délit de présentation du test ADN consiste pour tout étranger ayant immigré en France et souhaitant bénéficier des dispositions du regroupement familial à présenter un test ADN comme élément de preuve des liens familiaux existants entre lui-même et sa famille si cette preuve vise à accéler la procédure de regroupement ou pour tout fonctionnaire à contribuer à cette démarche ou à accepter ce test comme élément de preuve »

    Article 16543 – 2

    « Toute personne ayant commis le délit de test ADN est susceptible d’être condamnée à 6 mois de prison et 15 000 € d’amende ».

  • à Libéral

    Et bien oui, j’assume, en matière d’immigration l’Amérique de Bush est en avance sur l’UE et en particulier la France, société profondément travaillée par les idées xénophobes de l’extrême-droite. A long terme cela assure la prédominence des Etats-Unis.

    Eponymus, vous connaissez la célèbre histoire de la grenouille dans la marmite d’eau chaude ?

    Imaginez une marmite remplie d’eau froide, dans laquelle nage tranquillement une grenouille. Le feu est allumé sous la marmite. L’eau se chauffe doucement. Elle est bientôt tiède. La grenouille trouve cela plutôt agréable et continue de nager. La température commence à grimper. L’eau est chaude. C’est un peu plus que n’apprécie la grenouille ; ça la fatigue un peu, mais elle ne s’affole pas pour autant. L’eau est maintenant vraiment chaude. La grenouille commence à trouver cela désagréable, mais elle est aussi affaiblie, alors elle supporte et ne fait rien. La température de l’eau va ainsi monter jusqu’au moment où la grenouille va tout simplement finir par cuire et mourir, sans jamais s’être extraite de la marmite.
    Plongée dans une marmite à 50°, la grenouille donnerait immédiatement un coup de pattes salutaire et se retrouverait dehors.

    Cette expérience (que je ne recommande pas) est riche d’enseignements. Elle montre que lorsqu’un changement négatif s’effectue de manière suffisamment lente, il échappe à la conscience et ne suscite la plupart du temps pas de réaction, pas d’opposition, pas de révolte.

    Cette petite histoire édifiante à l’appui, allez lire cet article du Monde : l’ADN, la biologie et l’éthique

    (Pff, avoir à rappeler à des supposés libéraux qu’il faut se méfier de l’Etat, c’est le monde à l’envers…)

  • La xénophobie n’est pas que d’extrême droite, la psychose contre les plombiers polonais venait de l’extrême gauche. La porosité électorale entre FN et extrême gauche est très forte et les idéologies sont elles-mêmes très similaires : il s’agit d’expliquer aux gens que leurs malheurs sont causés par les autres. On accuse les riches ou les étrangers, selon l’étiquette.

    Enfin, vous avez raison de nous rappeler de nous méfier de l’Etat. Votre métaphore de la grenouille vient à point nommé nous expliquer comment on a pu accepter de voir le taux de prélèvements obligatoires prendre 10 points en 30 ans.

  • @jm

    L’article du Monde n’est pas un exposé des faits, mais une analyse dans laquelle l’auteur fait prédominer son préjugé sur ceux-ci. Par conséquent il est n’est pas très utile à la discussion. De même que les préventions du comité sauvons la recherche ne sont que des opinions qui semblent plus motivées par un combat politique que par l’exactitude des faits.

    Je vous rejoins sur le fait que la liberté est un combat constant, que chaque citoyen doit faire l’objet d’une vigilance absolue et que cette vigilance doit dans certains cas se traduire par l’interdiction pure et simple d’une mesure ou par l’établissement de suffisamment de garde-fous pour prévenir toute utilisation pernicieuse de la mesure en question. Ce n’est malheureusement pas le cas de nombreuses lois naguère établie aussi bien par les gouvernements d’union de gauche que ceux de droite. Je ne vais pas donner des listes d’exemples ici, ça serait trop long et hors sujet. Mais Libéral a raison à propos de la grenouille et des prélèvements – combien d’impôts stupides et contre productifs ont été établis de cette façon. Même les mesures prises à titre exceptionnelles comme pour la lutte contre le terrorisme par exemple (si tenté qu’elles devraient être prises), doivent être accompagnées de garde-fous extrêmement pénalisants pour le contrevenant – exemple : si le gouvernement souhaite autoriser une caméra pour identifier un terroriste, des peines de prison devraient être possibles contre le fonctionnaire qui se serait livré à l’utilisation de la caméra pour une autre fin. Le Patriot Act américain est un bel exemple d’escroquerie gouvernementale.

    Pour revenir plus précisément au sujet, le problème d’un domaine comme l’immigration – le problème liés aux sujets sur lesquels sont plaqués une étiquette droite et gauche en particulier – c’est que la présence de l’étiquette obscurci le débat plus qu’elle ne le clarifie et exacerbe les prises de positions manichéennes. C’est le cas des débats « prévention vs répression » par exemple. Il suffirait de dire qu’une bonne solution à la criminalité serait un harmonieux équilibre de prévention, de répression et de réhabilitation. Mais non, le débat est volontairement opaque car pour les partisans d’un des tenants, il s’agit d’utiliser l’argument comme un levier politique et populaire pour déstabiliser l’autre partie. Au final, cela donne des solutions comme « engager un fonctionnaire pour raccompagner un fonctionnaire » et autres absurdités. Sur l’immigration, le phénomène est encore aggravé parce que c’est un cheval de bataille de l’extrême droite. Vient la notion de tabou qui ne fait pas qu’obscurcir le débat mais qui, par définition, interdit le débat. Le mot « génétique » n’est pas loin d’en être un. Bref, Koz l’exprime très bien dans ces remarques précédentes.

    C’est bien pourquoi, je me suis amusé à pousser dans le post précédent le raisonnement jusqu’à l’absurde. Et surtout que j’ai établit, avant, quels pourraient être les garde-fous : 1. finalité visant à accélérer la procédure de regroupement familial et de limiter les fraudes et abus (« importation » d’enfants esclaves par exemple). 2. démarche volontaire. 3. application du droit français par exemple en reconnaissant d’autres types de filiation. 4. destruction du test une fois celui-ci pris en compte dans la procédure. Et l’on pourrait ajouter 5. gratuité du test réalisé par les services consulaires (afin d’en éviter le trafic). 6. Caractère non discriminatoire de la mesure car elle s’appliquerait à quiconque dans cette position. 7. Maintient bien entendu de la possibilité de présenter d’autres moyens de preuve. 8. Il serait délictuel de violer les dispositions ci-dessus.

    Dans ce cas, nous avons une grenouille qui peut ou ne pas sauter dans une marmite. Cette marmite est située dans un consulat pour accélérer l’autorisation de pénétrer dans une autre mare. La non utilisation de la marmite n’entraîne pas un refus car la grenouille peut prouver qu’elle est propre par d’autres moyens. Cette marmite est chauffée avec une température de 28° maximum. Le dispositif de chauffage est conçu pour qu’il ne puisse pas chauffer l’eau à une température supérieure. La marmite et son dispositif sont scellés afin de ne pouvoir être déplacés sur un autre réchaud. L’eau est jetée après le bain. Celui qui garde l’eau peut être condamné.

    Si j’oublie quelque chose, je compte sur vous jm, ou sur Pasqua et autres De Villepin pour enrichir les moyens de protection des libertés individuelles dans ce cadre.

    Vous parlez d’une vision libérale…. Il est tout à fait possible que l’immigration (et non le droit d’asile qui est un problème encore différent) doive être libre et sans limite. Par contre, il n’est pas non plus idiot d’imaginer un système dans lequel, l’immigré devrait adhérer aux devoirs et aux lois du pays d’accueil et des systèmes devraient mis en place dès l’arrivée de l’immigré afin de lui en donner les moyens. Où l’aide devrait être apportée en matière de logements sociaux ou autre, en priorité à ceux qui ont contribué auparavant par leurs impôts ou autre à l’établissement de ces systèmes. Que ces systèmes dans leur construction et application ne devraient pas être attribués sans contreparties et que les aides apportées aux immigrés devraient faire l’objet de contreparties. La présence de cette immigration sur le sol du pays d’accueil devrait être optimisée afin d’apporter un plus. Un service ou un Ministère pourrait être créé afin de gérer tout cela en collaboration avec d’autres secteurs concernés.

    Néanmoins, cette immigration devrait connaître une limite sur la base de critères préalablement établis dans le cas ou celle-ci génère un problème sanitaire, sécuritaire, démographique ou/et économique grave dans le pays d’accueil. De plus, si les conditions économiques des pays responsables de ces flux migratoires générateurs de ces problèmes sont la cause principale de ces flux, un représentant du gouvernement de ce pays devrait siéger en permanence au Ministère de l’Immigration afin d’améliorer la coopération entre les deux pays non seulement en matière migratoire mais également en matière d’aide au développement. Ces efforts devraient être coordonnés au niveau européens voire au niveau de l’ONU afin de prévenir et de résoudre les flux migratoires générateurs de problèmes importants. Sur la base que l’immigration économique n’est, dans certain cas, plus une liberté mais une nécessité vitale pour l’immigré et s’il s’avère que les dirigeants du pays d’origine ont favorisé cet état de fait par des moyens criminels, ou que les dirigeants d’un autre pays aient favorisé ces conditions, ces dirigeants devraient pouvoir faire l’objet de sanctions prises par la communauté internationale.

    Ce qui est particulièrement chagrinant c’est que dans tous les débats politiques dont j’ai été le témoin, encore une fois, le parti pris engendre de l’opacité. Il serait souhaitable un jour d’avoir des chiffres clairs sur les capacité d’accueil en France, sur le coût de ces capacités d’accueil, sur les sources de financement, sur l’importance exacte du flux, sur la comparaison entre ces capacités et le flux, sur les origines et la nature des flux, sur les mesures de développement entreprises et sur les vraies causes qui freinent ce développement, sur les incidences indirectes exactes en matière d’éducation, de criminalité, etc. Sur le coûts des mesures à mettre en œuvre afin de résoudre ces incidences. Sur l’état actuel des lieux afin de déterminer s’il existe déjà des disproportions entre la capacité d’accueil et de flux et sur ce que cela génère (habitations insalubres, etc.) etc., etc., etc.

    Autrement dit, et c’est juste en exemple théorique, s’il existe une liste d’attente composée d’habitants immigrés ou non en demande de logements sociaux de 500 000 foyers, si les capacités de construction sont limité dans le cadre d’un budget équilibré à la construction de 200 000 logements sociaux par an et si le flux migratoire est de 300 000 foyers par an, il y a déjà un problème économique grave qui doit être pris à bras le corps. Sans parler des incidences indirectes. Sauf que ces chiffres ne sont jamais clairement établis ou sont caricaturés par les extrêmes.

    En fait, au niveau du citoyen, nous sommes pris entre notre désir d’aider les individus en difficultés et les limites indubitablement existantes de cette charité – entre les aspects positifs apportés par les flux migratoires et les conséquences de ceux-ci lorsqu’ils ne sont pas ou mal gérés – entre la liberté de se déplacer sur cette planète en tant que citoyen du monde et le déplacement forcé des populations du fait de la criminalité de quelques uns. Et en plus, nous n’avons aucun chiffres pour nous faire une réelle opinion, mais seulement le manichéisme et les caricatures.

  • A noter que pour les tests ADN, de nouvelles restrictions ont été adoptées, à savoir la gratuité et la limitation des tests aux mères.

  • Hier soir en rentrant de mon travail, j’ai voulu répondre au long billet de Koz.
    Au moment de poster, pfut….plus rien !
    Je ne sais pas ce qui s’est produit !
    Et j’avais mis une bonne heure à peaufiner mon écrit, sans le protéger.
    Bref, du coup, ce matin, je vois que certains commentaires ressemblent tellement aux miens qu’il ne me sera pas nécessaire de recommencer à tout rédiger.…
    Je vais donc tenter de mettre mon grain de sel sur les différents points abordés dans ce billet :

    – Tests ADN votés par le Sénat :
    La réponse de Koz correspond totalement à ce que j’avais écrit hier soir : « A la différence des juifs, si un pouvoir raciste et criminel se mettait en place, il me semble qu’il aurait quelques autres indices de l’origine de ces personnes qui permettraient de se dispenser de tels tests…Bref, ça, ce n’est plus du domaine du raisonnement par l’absurde mais du raisonnement absurde. (Koz) »
    La phrase rapportée par Jmfayard, par contre m’interpelle :
    « En France, les législateurs ont souligné l’importance du fait que le lien de filiation ne pouvait en aucun cas se réduire à sa dimension biologique. L’importance de ce principe est évidente lorsque l’on songe aux enfants adoptés ou aux familles recomposées. Ce principe cesserait-il d’être important pour ceux qui ne sont pas nés en France ? » (Collectif Sauvons la recherche, rapporté par jmfayard)
    Y a-t-il tant de familles recomposées et d’enfants adoptés (hormis dans le cas de la polygamie, réprouvée par la loi française) chez les émigrés illégaux ?

    – Le raisonnement de « Paloma »
    Ciel, les jeunes filles de 12 ans philosophent elles de cette manière à notre époque ? Décidément, comme aurait dit ma grand-mère, il n’y a plus d’enfants !

    – L’euthanasie.
    Ce sujet est un sujet qui m’est cher, car les Soins Palliatifs sont la clé de voute de mon travail.
    La loi Léonetti peut être lue sur le site de http://www.sfap.org/content/view/16/41/
    Elle est commentée ici : http://www.sfap.org/pdf/VI-A2a-pdf.pdf
    Elle permet de cadrer la prise en charge des personnes douloureuses en fin de vie et de préciser certains points du code de la santé publique sur les Soins Palliatifs.
    Un excellent site :
    http://www.cdrnfxb.org/index.php
    Permet de lire tout sujet concernant l’accompagnement des personnes en fin de vie et leurs familles.
    A la suite de ces lectures, vous pourrez constater combien Jean Paul II avait une grande ouverture sur ces soins, (encyclique reproduite par Koz) et que, hydrater ou nourrir un patient en fin de vie ne lui prolonge pas forcément la vie.
    Il semblerait même que l’hydratation du malade soit plutôt le placebo « donné » à la famille en détresse.
    Jean Paul II a écrit : selon le texte que nous rapporte Koz :
    “Pour porter un jugement moral correct sur l’euthanasie, il faut avant tout la définir clairement. Par euthanasie au sens strict, on doit entendre une action ou une omission qui, de soi et dans l’intention, donne la mort afin de supprimer ainsi toute douleur. « L’euthanasie se situe donc au niveau des intentions et à celui des procédés employés »“.
    Or, il s’avère qu’Euthanasie, qui signifie « bien mourir » (ou « la bonne mort ») a eu au cours du temps bien des définitions différentes.
    Elle fut au temps des Grecs, synonyme de « mourir au combat », puis « mourir sans péché sur la conscience », « mourir en regardant la mort en face », jusqu’à « mourir sans souffrir ».
    Aujourd’hui, il s’agit non seulement de mourir sans souffrir » voire « mourir sans s’en rendre compte » – donc aux antipodes du bien mourir grec – mais aussi mourir gracieusement, je dirais même mourir de façon esthétique, propre…
    Il s’agit de donner la mort, ou demander qu’on nous donne la mort avant que notre image ne soit dégradée, avant que notre image ne soit plus celle , idéale, d’un homme ou d’une femme en bonne santé, aux mensurations et aux caractéristiques définies par la mode du moment !
    L’acharnement thérapeutique quant à lui, cherche à reculer les limites de la mort au-delà du possible et sous-entend que la mort ne puisse être naturellement logique.
    En fait les deux positions, bien que paraissant opposées se rejoignent : dans notre société, l’homme s’imagine être un Dieu ayant maîtrise sur la vie ou la mort, selon ses désirs ou les codes du moment : pouvoir de garder la vie dans un cas ( jamais obtenu et menant souvent à des souffrances tant physiques que psychologiques importantes , avec un sentiment de culpabilité prenant lorsque la mort, inéluctablement intervient ) retirer la vie lorsqu’elle devient difficile à voir et non conforme à l’idéologie présente ( là, effectivement, le pouvoir humain est possible, mais quid des problèmes psychologiques sous jacents qui seront rencontrés dans le long travail de deuil )
    La douleur, hormis dans certains cas extrêmes où seule une sédation bien dirigée et bien comprise est possible pour éviter la douleur– le malade peut être réveillé à tout moment, jusqu’au moment de sa mort naturelle – la douleur donc, est à notre époque bien prise en charge ou devrait l’être,

    Je poserai quelques questions, néanmoins :
    – Qu’est ce que la dignité ? Est-ce donc d’être beau, bien portant ?
    Un mourant, un vieillard ne sont ils donc plus dignes de vivre ?
    Ne pensez vous pas que si notre regard sur eux changeait, leur accompagnement nous permettrait de donner un sens à la vie, à notre vie ?
    Pour ma part, je n’ai jamais accompagné de mourant, mais des vivants…jusqu’à la dernière minute de cette vie ici bas.
    Je remercie ici, tous ces « patients », tous ces hommes et toutes ces femmes, qui par leur regard, leur beauté intérieure, la chaleur de leur cœur m’ont montré que la vie est belle, respectable jusqu’au bout.
    Je remercie ces personnes, qui malgré leur souffrance étaient, sans le savoir dans le don, dans le partage d’une expérience sans nom. Ce sont dans ces moments là que la beauté, le merveilleux de la vie apparaît. Il y a là la notion du Divin, de l’Essence même de la vie.
    Décharnés, la peau grise, les yeux mangeant leur visage émacié, et pourtant beaux !
    (Non, je ne suis pas une adepte du morbide, simplement une amoureuse de la vie)
    Leur dignité, ils la lisent dans nos yeux, dans notre attitude. Trouvons les dignes de cette vie qu’ils ont vécu et qu’ils vivent encore quelques instants avec nous, et ils se sentiront dignes, jusqu’au dernier souffle !
    Le regard de l’Autre…. Tout un programme, toute une démarche…

  • @Tara : l’euthanasie passive se pratique déjà dans nos hôpitaux. Un proche, merveilleux vieux monsieur, après avoir été opéré du fémur, a fait un infarctus probablement parce qu’une infirmière débordée l’a laissé étouffer de longues heures avant d’appeler l’interne de garde. Le médecin-réanimateur l’a ramené à la vie puis a demandé à son fils quel genre d’homme il était, et a beaucoup insisté pour savoir s’il faisait ses courses tout seul (sic). Ce n’était pas le cas et il l’a laissé dans le service où il avait été opéré au lieu de le placer en soins intensifs. Il est mort le lendemain. Peut-être serait-il décédé en soins intensifs mais si on est vieux et si on ne fait pas ses courses tout seul on n’a guère de chance de recevoir les meilleurs soins.

  • Ca y est. Le Conseil consultatif national d’éthique, en se prononçant contre l’instauration de tests ADN pour le regroupement familial des immigrés, vient de de mettre des mots définitifs sur le déni de réalité collectif du gauchisme français.

    Un gauchisme passablement oecuménique, puisqu’il englobe une bonne partie de la « droite » et jusqu’à Charles Pasqua, qui lui aussi s’oppose à ces tests.

    Le Conseil consultatif national d’éthique «attire l’attention sur la dimension profondément symbolique dans la société de toute mesure qui demande à la vérité biologique d’être l’ultime arbitre dans des questions qui touchent à l’identité sociale et culturelle».

    On rappellera, pour appréhender à sa juste valeur l’effarante absurdité de cette phrase, que le débat dont il est question concerne les moyens d’assurer le respect d’une loi qui autorise, dans certaines conditions, des immigrés à faire venir leurs enfants en France.

    Il s’agit donc, tout simplement, de savoir si les enfants du demandeur sont oui ou non les siens.

    Cette question devrait être simple. Elle l’a été pendant des millénaires. C’est terminé. Il faut désormais toute la classe politique, intellectuelle, scientifique, plus des « conseils d’éthique », pour trancher un débat qui était jadis à la portée de la moindre paysanne illettrée et à peu près idiote.

    Et ce conseil d’éthique de mes deux arrive à cette conclusion scandaleuse et atterrante: « Toute mesure qui demande à la vérité biologique d’être l’ultime arbitre dans des questions qui touchent à l’identité sociale et culturelle » (c’est à dire, en l’occurrence, de savoir si oui ou merde Mamadou est l’enfant d’Aziz et d’Aïcha, ce qui me paraît assez éloigné du « culturel ») possède une « dimension profondément symbolique » à laquelle il faut faire super « attention ».

    En d’autres termes, oulàlà, terrain miné, sensible, pas touche à mon bobo, ça y’en a être politiquement correct et faire très très mal si on appuie dessus, mieux vaut ne strictement rien faire (comme d’hab), sinon on va fâcher tout rouge le Dieu des droits-de-l’hommistes (et des immigrationnistes).

    Vous aurez bien noté que le « Conseil consultatif national d’éthique » trouve tout à fait anormal, et visiblement extrêmement dangereux, que la « vérité biologique » soit « l’ultime arbitre » pour décider si Durand est le fils de Dupont.

    On ne saurait mieux exprimer, avec autant de naïveté et de fraîcheur involontaire, le credo constant des gauchistes qui nous gouvernent (je ne parle pas là spécifiquement des hommes politiques, bien entendu): la famille n’a rien à voir avec la biologie. L’homme n’a rien à voir avec la biologie. L’homme ne naît pas, ne meurt pas, ne se sert pas de ses organes sexuels entretemps pour engendrer des êtres vivants soumis aux lois de la biologie.

    Non: la biologie, c’est « profondément symbolique ». C’est dangereux. Ca rappelle les-heures-les-plus-sombres-de-notre-histoire. En d’autres termes, la biologie, c’est fasciste.

    L’homme de gauche, citoyen, solidaire, droit-de-l’hommiste, à roulettes, bref: Festivus festivus, c’est une entité vaporeuse et virtuelle, qui ne s’autorise que de lui-même, qui est issu de sa propre cuisse, et qui ne saurait, naturellement, accepter d’être soumis à de basses forces matérielles, indépendantes de sa volonté, telles que la biologie ou la sexualité.

    Oulàlà, non. Tout ça est terriblement « social » et « culturel », nous rappelle le Conseil consultatif national d’éthique. Social et culturel, ça, c’est bon. C’est de gauche.

    C’est pas comme cette horrible biologie fasciste, qui fait qu’on peut savoir à coup sûr, désormais, si Machin est fils de Truc, si untel est un homme ou une femme, et autres vieilleries réactionnaires.

    C’est tout de même la première fois qu’un prétendu comité d’éthique émet un avis qui, littéralement, nie l’humanité de l’homme, nie des vérités d’évidence qui ont structuré, depuis l’apparition de l’homme sur terre, la vie de chacun — sans parler de celles des sociétés.

  • Pingback: » “Amendement ADN”, ce que je pense en penser

  • Bah plus besoin de tests ADN, le processus de naturalisation va être profondément simplifié :
    « Chaque fois que quelqu’un est humilié, est persécuté, est opprimé, il devient automatiquement français ».
    Nicolas Sarkozy, Sofia (Bulgarie), 04/10/2007

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