Les oeufs de la poule

Debout dans le carré strapontins du RER, là, sous les seins de Rihanna, une fulgurance m’assaille, fruit d’une connexion synaptique inédite entre les nichons en silicone et le rite tridentin. Je lisais en effet dernièrement qu’au cours d’un colloque sur la réception en France du rite tridentin (aka la messe de toujours depuis qu’elle a remplacé celle de toujours d’avant), un participant fit la remarque que forcément, sans offre, il ne pouvait y avoir de demande. Raisonnement imparable qui m’avait également marqué par sa logique en cours de marketing. A l’époque, toutefois, le professeur le présentait un peu différemment puisqu’il affirmait que l’objet du marketing n’était pas de répondre à la demande, mais de créer une demande pour l’offre qu’il avait en rayon.

Pour les nichons, c’est à peu près le même principe. En cette charmante compagnie, je me demandais soudain d’où venait ma réticence sur la chirurgie esthétique. Certes, au contact, j’ai la ferme (sic) conviction qu’un nichon en silicone ne remplacera jamais l’authenticité d’une poitrine naturelle. Mais, puisqu’il est très improbable que je touche un jour la poitrine de Rihanna… Et je pensais à cet habituel refrain des Ca se discute et autres C’est mon choix :

Ami, entends-tu le vol noir des limandes sur la plaine ?

Ami, entends-tu les cris sourds de la planche qu’on dédaigne ?

A côté des œufs de Rihanna, sur la couverture, la question plane : « refaite ou parfaite ? »

Mais la jeune fille au buste éternellement pré-pubère, précisément, veut être refaite pour être parfaite. La souffrance, Jean-Luc, la souffrance, Evelyne, n’est-elle pas davantage fille de l’offre que fruit de la demande ? La jeune enfant au teint diaphane ne pleure-t-elle pas surtout à la vue de ces jeunes femmes en papier glacé, refaites puis retouchées, parfaites en dénudés ? Jean-Luc, Evelyne, la chirurgie esthétique, c’est la cause, pas le remède.

Toujours, toujours et en tout, se demander qui fait la poule, qui fait l’œuf…

Vous me pardonnerez je l’espère la légèreté de ce billet.

Sinon, on peut parler de la crise financière.

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38 commentaires

  • De Pie à Rihanna, des saints aux seins.

    Tu n’as pas peur des grands écarts, toi !

    D’un autre côté, c’est aussi pour ça que je viens. Pas les poitrines, l’éclet l’élclé la diversité des sujets.

    Est-ce que le photoshopage de papier glacé tend à compenser le photoshopage live ?

    Grave question qui mérite que je me penche sur les sujets.

  • Ton prof de marketing était un incapable.
    Créer une demande pour l’offre disponible n’est pas l’objet du marketing, c’est l’objet de la publicité.

    L’objet du marketing, c’est de déterminer l’offre qu’il faudra avoir dans 2 ans pour répondre à une demande qui ne sera même pas consciente à ce moment-là. Exemple : l’iphone.

    Sinon, les photos de nichons sur koztoujours, c’est la poule ou l’oeuf?

  • C’est excellent!
    Et pas si léger que ça : Paris a proposé Rihanna pour faire le ticket avec elle, dans sa vidéo de candidature à la maison blanche.
    Mais bon, je voterai pas pour elle, parce qu’elle ment : soi-disant qu’elle serait « hot » et que ce serait son argument face à Mc Cain qui est vieux. Je veux bien pour le vieux, mais je la trouve pas hot.
    La jolie cuisse, ça fait pas tout pépètte.

    Alors bon, la jolie cuisse et le nichon vainqueur, c’est clair que ça peut le faire, mais… toujours mensonge, vl’a t-y pas que Koz le juge refait.

    PS : Koz, si tu trouves des pré-pubères qui ont ce buste-là, c’est que ce ne sont pas des pré-pubères et que tu t’es fait arnaquer.

  • Lib, je crains que le fait de répondre à ton propos puisse apparaître blessant pour Rihanna la riante. Sinon, il m’a semblé que nombre de directions marketing géraient la pub. Bon, tu me diras que c’est une organisation opérationnelle pas forcément respectueuse de la distinction théorique.

    Guinea Pig, y-a-t-il un jeu de mots sur « Pie » ? Sinon, oui il y a grand écart, et j’aime ça. Et puis, dans l’inspiration, pas tant que ça…

    Lisette, non point, je ne me suis pas trompé. Je parle de la jeune fille au buste éternellement pré-pubère, ie celle qui restera toujours « plate« , garçonne (c’est mignon aussi, ça).

  • Ah non pas de jeu de mots, c’est pas le genre de la maison.

    Mais diantre, j’aurais aimé y avoir pensé !

    Refaire pour parfaire. Il n’y a bien qu’un magasine (et une ou deux personnalités politiques de votre choix) pour nous indiquer ce qu’est la perfection. Moi, je cherche encore, et grand bien m’en fasse.

    Surtout qu’en terme de plastique (comme en terme de tunique, et ne parlons plus politique, on va encore se facher), j’ai tout de même l’impression que la perfection est fluctuante, ce qui est tout de même un comble. Remplacez « parfaite » par « à la mode » est ça colle déjà beaucoup mieux.

  • Passer d’un futur Saint aux seins montre un bel éclectisme ou peut-être que Koz veut tout simplement démontrer qu’il est presque humain après tout.

  • Y’a des études sociologiques qui montrent qu’après 30s d’exposition à un magazine féminin, ta perception de toi même se dégrade…

  • Ah je pensais que tu parlais de la fermeté de l’adolescence, et de son défi courageux aux lois de la pesanteur.

  • J’ai eu bizarrement plus de facilités à lire ce billet que le précédent…

    Pour poursuivre sur les profs de marketing, j’avais posé un jour la question à l’une d’entre eux sur cette histoire de création de la demande. Elle m’avait répondu que la demande ne se créé pas, il y a des besoins préexistants, auxquels on répond de façons différentes. Personne n’a créé de demande pour les téléphones portables par exemple, les gens avaient de toute façon besoin de communiquer, de se parler, et les téléphones portables donnent la possibilité de faciliter cela. Pas faux, pensais-je alors.

    La façon dont cela s’applique à la chirurgie esthétique m’échappe un peu, je dois le dire. Mais rappelons que les belles femmes existaient avant la chirurgie esthétique, de même que le désir d’être beau : j’invoque sans honte la mythologie grecque (Hélène, Aphrodite, Héra et leurs amis) pour justifier mon propos.

  • « Koz, si tu trouves des pré-pubères qui ont ce buste-là, c’est que ce ne sont pas des pré-pubères et que tu t’es fait arnaquer. »

    Faudrait remettre le prix de l’humour Kozien 2008 à Lisette pour cette phrase.

    Bon sinon, sur le fond, (parce que c’est bien de s’amuser et tout ça, mais le fond, c’est ça qui compte), c’est toute l’ambiguïté du maquillage (du fond de teint jusqu’aux faux seins).

    C’est un outil de séduction mais qui peut être source de graves désillusions le matin au petit-dej ou lorsque l’homme s’aperçoit que ses perspectives érotiques fantasmées se réduisent dans la réalité à tripoter des prothèse en silicone.

  • d’abord il faudrait savoir si c’est une photo de face ou de dos
    je remarque que la gente féminine n’hésite pas à faire la pub de ses arguments ,alors que nous si on se lance dans cette voie on va immédiatemment etre traité d’exhibitionniste douteux ,,,la parité ,la parité c’est pour quand?

  • Voici un billet qui respecte cette règle de Voltaire sur la composition d’une êpitre morale.

    « Se hâter d’aller à la fin de son sujet, y entraîner son lecteur par la route la plus courte; ne peindre d’un objet que ce qui est nécessaire à votre dessein principal; ne pas trop s’appesantir sur les détails, quand les masses suffissent pour faire les impressions que vous désirez produire; finir toujours, s’il est possible, par quelque morceau brillant et d’effet. »

  • @azerty

    Je pense que dans ce domaine, c’est aussi une question d’offres et de demandes. Néanmoins à la lecture de certains e-mails de type publicitaire proposant des produits probablement de hautes qualité promettant d’agrandir certains attributs masculins, je pense que nous nous approchons de cette parité tellement revendiquée.

  • Mais on n’est pas loin de la finance !

    1) L’investissement donne certes du volume
    2) mais on s’aperçoit vite que l’offre est gonflée
    3) et le support est toujours moins ferme que prévu.
    4) En outre cela n’empêche pas les hauts et les bas
    5) Il est plus difficile de joindre les deux bouts
    6) et la tendance lourde est toujours à la baisse

    Moralité:
    Un bon soutien est toujours supérieur à l’inflation rampante.

  • Epo a attiré mon attention sur les connexions synaptiques koziennes.

    Je ne vais pas m’appesantir sur qui de l’œuf, qui de la poule, la question est réglée depuis longtemps… c’est le poisson.

    Comme chacun le sait, le rite tridentin remonte à bien avant le catholicisme et même le christianisme puisqu’il s’agit bien sur d’un rite antique pratiqué sur les plages de Grèce en l’honneur de Poséidon. Ces festivités consistaient en de jeunes filles dansant nues dans les eaux, tout en chantant telles les sirènes. Nous ne parlons bien évidemment pas ici de leurs pâles cousines celtes, moitié Pamela, moitié Flipper. Non, il s’agit bien de la sirène antique, moitié Castafiore, moitié Titi.

    Bref, quoi de plus naturel que d’associer le Trident à la poule chantante? Mais pourquoi s’attacher autant à ses silly cones? Les femmes n’en feraient pas tout un plat si les hommes n’en faisaient pas une montagne. De la taille, de la façon d’en parler… c’est un sujet sur lequel ces messieurs en connaissent un morceau.

    Alors, à qui la faute? Elle? Lui? Marilyn ou ses producteurs? Le publicitaire ou la consommatrice? Le manque d’amour de soi ou le manque d’amour de l’autre?

    Peut-on parler dans le même paragraphe de chirurgie esthétique, de « limande » et de « planche ». Quand est-ce que cela devient de la chirurgie réparatrice? N’est-ce pas dans ces cas extrêmes qui touchent les femmes de tous âges? Puisque tu parles de souffrance, en quoi l’acte chirurgical (réversible) ne pourrait-il pas faire partie de l’arsenal thérapeutique au même titre que la psychothérapie ou les médicaments?

    Bel idéal que celui où chacun s’aime tel qu’il est et accepte l’autre comme il se présente. Ça commence peut-être par ne plus poser la question en ces termes: “refaite ou parfaite ?“

    PS: Koz, petite note d’anatomie: les œufs de Rihanna se situent un peu plus bas.

  • Je ne sais pas qui est Rihanna mais ce que je sais c’est que ceux qui rigolent quand on parle de « nichons » qu’elles qu’en soient les raisons (comparaisons, métaphores, constats…) seraient les premiers choqués que l’on parle des « nichons » de leur propre compagne. Quand il s’agit des autres c’est de la rigolade, quand cela nous touche, le mot devient vulgaire.
    Désolé pour le HS par rapport au fond du billet…

  • Les femmes n’en feraient pas tout un plat si les hommes n’en faisaient pas une montagne.

    C’est bien le problème, ça : certains femmes en font un plat, alors que les hommes préfèrent… allez, les collines, pas les montagnes, tout de même.

    Ça commence peut-être par ne plus poser la question en ces termes: “refaite ou parfaite ?“

    Yeap. Et je répondrais à Xerbias, plus haut que, si les belles femmes existaient avant la chirurgie esthétique, les femmes qui l’étaient moins avaient peut-être plus de chances de le vivre bien, puisqu’elles n’avaient pas d’alternatives.

    PS: Koz, petite note d’anatomie: les œufs de Rihanna se situent un peu plus bas.

    Je n’avais pas de photos.

    seraient les premiers choqués que l’on parle des “nichons” de leur propre compagne

    Ah non, ce n’est pas une question de mots. Si on parle des « seins » de ma femme, ça me dérange aussi.

  • Je remarque que personne ne parle des seins de Ségolène Royal. Qui sait, des implants pourraient être prévus pour bientôt dans son nouveau programme. Elle aurait du y penser avant et elle serait peut-être aujourd’hui à l’Elysée. (Désolé François, mais ce n’est plus votre femme, que je sache)

  • Quand il s’agit des autres c’est de la rigolade, quand cela nous touche, le mot devient vulgaire

    Sans doute. Mais dans la série « c’est pas moi qu’ai commencé », comment qualifier le fait d’utiliser sa poitrine comme produit d’appel à exposer en vitrine dans toutes les bonnes crèmeries ?

    Tiens, ça sonne un peu réac, ça, comme phrase.

    Bon, disons donc « tant pis, un peu de vulgarité n’est pas pour me déplaire », et hop, y en a un peu plus, je vous le mets quand même ?

  • mon sort est entre vos mains (cherchez le contrepet)… merci de (traire) traiter de ce sujet sans trop de matières grasses

  • Un peu de poésie est tout de même préférable :

    Pierre Perret, 1967

    Les Seins

    Quand j’en trouve une comme ça je la retiens tout de suite
    Je lui achète des bonbons je lui fais prendre une cuite
    Je lui donne mes sous je lui donne le bras
    Je lui file même des tartes si elle aime ça
    Quand j’en trouve une comme ça
    je deviens lâche et mesquin
    Je renierais mes amis je me ferai teindre en rouquin
    Je me ferais casque bleu quand je suis amoureux
    J’en avais une comme ça
    et j’étais amoureux

    {Refrain:}
    Elle avait des seins comme des violons
    Et moi j’en jouais comme du piston
    Mes airs mélodieux faisaient jaillir de ses yeux ronds
    De gros sanglots longs sur ses violons
    Elle avait ses seins comme des oiseaux
    Dès que je lui fracassais le museau
    Mais dès qu’elle s’éloignait
    De mes puissants pectoraux
    Elle avait des seins comme des poireaux

    Quand j’en trouve une comme ça qui a la super tétine
    La bouche ouverte je calcule son tour de poitrine
    J’aime qu’ils soient gonflés en muscles de docker
    Et non comme ces minables en oreille de cocker
    Et je ne déteste pas lorsque je les caresse
    Qu’ils deviennent subitement aussi gros que ses fesses
    J’aime que tout comme ses seins elle soit dodue fessue
    Et j’offre un porte-clefs quand j’en trouve une bossue

    {Refrain:}
    Elle avait des seins comme des violons
    Et je lui jouais le vol du bourdon
    Elle battait des mains c’était la fête à la maison
    Elle avait ses seins comme des lampions
    Elle avait des seins comme des drapeaux
    Patriotes et vaillants à l’assaut
    On les voyait pour les fêtes de le libération
    Qui claquaient au vent sur son balcon

    J’en ai vu dans ma vie des seins de toutes classes
    Du pauvre sein glin-glin au sein cyrien de race
    Des seins sièges relax ou je me suis endormi
    Par contre au lit j’ai vu des seins barthélémy
    J’ai vu des grosses teutonnes au cœur de la Bavière
    Avec des seins germains qui moussaient comme de la bière
    La femme imprésario et ses deux seins pour cent
    J’ai connu le sein lazare ou tout le monde descend

    {Refrain:}
    Elle avait des seins comme des violons
    Et chacun jouait sa partition
    L’un prenait la mélodie l’autre le contre-chant
    C’était un duo vraiment touchant
    C’est ainsi que je suis devenu fou
    Et qu’ils m’ont bouclé sous les verrous
    J’ai dit au psychiatre quand il voulut savoir tout
    Elle avait des seins partout partout

  • @eponymus : je suis peut-être rabat joie mais je vois ce qui se passe autour de moi et c’était un moyen d’en parler autrement c’est tout !et dans une ambiance festive…ciao

  • « La souffrance n’est-elle pas davantage fille de l’offre que fruit de la demande ? »

    C’est ce que j’ai retenu de ce billet que tout le monde prend plutôt légèrement.
    Cette question ne l’est pas, légère; j’avais appréhendé la réponse il y a longtemps en voyant la détresse des épouses d’afro-commercio-diplomates, essayant de faire face à la concurrence des blondes caucasiennes prisées par leurs conjoints.

    La réponse à leur souffrance, en toute désespérance, c’était du décolorant, du défrisant, du dépigmentant, du regonflant, du dépoilant, du dégraissant, etc…l’offre du marché est vaste en la matière; pour toutes les femmes, toutes cernées par des standards. Poule et oeuf, offre et demande, question et réponse, souffrance et acceptation.
    Et le nid, dans tout ça, avec la chaleur et l’amour ??

  • Je veux bien assumer le fait qu’il y ait davantage dans ce billet qu’une histoire de nichons.

    Je n’ai pas eu l’occasion de connaitre l’exemple que vous citez, mais il me semble signifiant également

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