Haro sur le mérite !

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Alors que le sort des « bourses au mérite » va connaître prochainement les feux de l’actualité judiciaire, puisque la décision de suppression de l’aide au mérite est contestée devant le Conseil d’Etat, l’histoire de Guillaume, brillant élève qui n’a pu s’inscrire en classe prépa que grâce à une aide privée, est venue illustrer davantage encore l’aberration d’une décision nuisible et incompréhensible par un esprit normalement câblé.

Najat Vallaud-Belkacem s’est dite « agacée » par la polémique à ce sujet. Façon de surjouer pour tenter de masquer le débat et d’imposer le silence. Comme je suis joueur, notez que pour ma part, je ne « décolère pas » et que je tiens sa réaction pour « malhonnête » et « mensongère« . Nous y reviendrons.

Que s’est-il donc passé ?

Le Ministre de l’Education Nationale a supprimé les bourses au mérite à compter de cette rentrée. Rappelons que

l’aide au mérite vise à promouvoir l’excellence tout au long des études, quel que soit le domaine dans lequel elle s’exerce.

Voilà clairement ce que l’on cesse de faire : promouvoir l’excellence.

Cette décision n’est pas une lubie soudaine d’un ministre ou d’une administration, c’est un choix dont la persistance souligne les ravages de l’idéologie dans les rangs de la gauche. En effet, elle avait d’abord été évoquée pour la rentrée 2013 et reportée en raison des protestations. C’est donc une décision tout d’abord initiée par Vincent Peillon sous le gouvernement Ayrault, puis portée par Benoît Hamon sous le gouvernement Valls I, et enfin assumée par Najat Vallaud-Belkacem dans le gouvernement Valls II.

Or cette décision est aussi contestable dans son principe que ses modalités sont provocatrices d’idéologie et de bêtise ce qui, certes, va souvent de concert.

Il faut déjà se figurer que des politiques ont eu l’idée étrange de supprimer une incitation à l’effort une récompense pour le travail. Ces ministres de l’Education Nationale qui se piquent de bourrer les têtes blondes et brunes de nos chers enfants de théories variées font en revanche l’impasse sur le goût de l’effort, et sa récompense.

Une telle décision aurait encore pu être compréhensible, à tout le moins dans une perspective de gauche…

  1. si l’aide au mérite avait bénéficié à des jeunes de milieux aisés, dont certains estiment qu’ils bénéficient par là-même d’un environnement favorable – ce qui est d’ailleurs contestable, tant l’argent ne fait pas l’éducation – et qui, surtout sont susceptibles d’être aidés par toutes sortes de cours particuliers;
  2. si le budget avait été supprimé. Le choix d’une telle suppression aurait certes déjà été marqué du sceau de l’idéologie mais, en l’état des finances publiques, le gouvernement aurait pu tenter de le mettre sur le compte des sacrifices nécessaires de la Nation;
  3. si le choix avait été fait de remplacer l’aide au mérite par un dispositif alternatif efficace.

Au lieu de cela,

  1. l’aide au mérite n’était accordée qu’aux jeunes qui satisfaisaient déjà aux critères sociaux (source). Il ne s’agissait donc en aucun cas de jeunes issus de milieux aisés. Ces jeunes étaient deux fois méritants, par leur réussite, et par le fait qu’ils obtenaient de tels résultats sans bénéficier d’un environnement a priori favorable;
  2. le budget a été maintenu. Il ne s’agit donc pas d’une question d’économie mais d’idéologie;
  3. le budget maintenu a été éparpillé sur l’ensemble des étudiants bénéficiaires d’une aide sur critères sociaux. C’est donc très précisément la seule notion de mérite qui disparaît du dispositif.

Et surtout, le gouvernement a choisi la voie de l’inefficacité la plus patente, la plus connue, la plus identifiée, dénoncée comme telle pour toutes les aides sociales : le saupoudrage des aides sur un nombre tel de bénéficiaires qu’elles n’ont plus aucun impact.

Ainsi cette bourse permettait d’aider 7.000 jeunes à hauteur de 1.800€ par an. Non seulement elle était ainsi une vraie récompense du mérite, mais elle permettait à ces jeunes de payer des frais de scolarité ou de s’équiper pour les études. Mais le gouvernement a choisi de disperser cette aide sur l’ensemble des 650.000 boursiers annuels. Le calcul est vite fait : chacun disposera ainsi de 18,4€ par an, 5 centimes par jour ! Et Najat Vallaud-Belkacem a le front d’affirmer que ce système serait « plus efficace » !

Bien évidemment, il y a une refonte totale du système. Mais le point d’achoppement reste bien le mérite, ou plutôt l’excellence. C’est bien le mérite qui n’est plus récompensé, l’excellence qui n’est plus promue, et le choix est fait de supprimer une aide qui avait un réel impact pour un petit nombre de boursiers sociaux méritants pour la disperser en montants insensibles et insignifiants pour tous. Choix aussi inique qu’inepte.

Je reste totalement incrédule à l’idée qu’il puisse seulement passer par l’esprit de qui que ce soit et d’un gouvernement en particulier de supprimer spécialement l’encouragement  à l’effort et la récompense de l’excellence. D’autant plus de la part d’un ministère qui est précisément chargé de l’Education, Nationale de surcroît. Quelle est donc la conception de la vie qui prévaut chez des gens qui posent de tels choix ? Je suis naturellement allergique à la répétition irréfléchie des expressions toutes faites de droite que sont « égalitarisme » et « nivellement par le bas » mais elles trouvent ici une triste illustration.

On murmure que, pour la gauche, tout le monde est méritant, celui qui essaie et échoue comme celui qui essaie et parvient. Ce serait d’ailleurs le sens du discours de Benoît Hamon qui, alors ministre, avait expliqué aux lauréats du Concours Général qu’ils n’étaient pas plus méritants que ceux qui avaient échoué – beau discours en vérité !

Mais, ce faisant, nos ministres de gauche placent désormais tout le monde à la même enseigne : celui qui a travaillé et réussi, celui qui a travaillé et échoué comme celui qui n’a rien tenté et a également échoué. Ce dernier, comme les autres, bénéficie de ces 18,4€ annuels. Pour ne pas récompenser spécialement le brillant méritant, ce gouvernement de gauche en vient à gratifier tout autant le feignant médiocre.

C’est en outre et surtout, au vu de la finalité même de ces bourses – qu’il eut été préférable de qualifier de « bourses d’excellence » – l’excellence qui n’est plus récompensée. Je ne peux pas, depuis que ce sujet est apparu, m’ôter de l’esprit les images de « La Gloire de mon père« , de cet instituteur, de gauche et anticlérical, mais au moins convaincu des bienfaits de l’école du mérite, et du travail, convaincu et apte à convaincre les enfants que l’effort peut payer, et que la République leur en saura gré. Certains y ont vu une fiction, mais une « fiction nécessaire« . Fiction nécessaire ou roman national car oui, un pays a besoin de ce discours, a besoin de cet effet d’entraînement collectif. Nos hommes de gauche actuels ont bien trahi leurs aïeux, dont ils invoquent pourtant volontiers les mânes et les heures glorieuses. Ils n’ont plus rien en commun avec eux. Et leur politique est néfaste.

Le comble serait encore que cette mesure, comme on peut le lire[1], ait été suscitée par la forte augmentation du nombre mentions Très Bien, symptôme de la dévalorisation du baccalauréat, autre fruit des étranges idées que peut porter la gauche…

  1. et comme j’en reçois la confirmation par ailleurs []

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42 commentaires

  • Bonjour,

    Je suis globalement d’accord avec vous (surtout pour la dilution de l’aide dans un trop grand nombre de bénéficiaire) mais j’ai passé mon bac en 2008 (avant l’élection de la gauche) et on entendait déjà cette rengaine de la dévalorisation du baccalauréat (très motivant d’entendre que le diplôme que tu vas passer n’a plus de valeur au passage). J’ai donc un peu de mal à saisir en quoi cette dévalorisation serait le fait d’une idéologie de gauche ?

    Merci pour vos articles,
    Une lectrice habituellement silencieuse (mais là je n’ai pas réussi à comprendre avec l’aide de Google)

  • Lya a écrit :

    j’ai passé mon bac en 2008 (avant l’élection de la gauche)

    Eh bien, en fait, après : elle est arrivée en 1981. Et, fondamentalement, quels que soient les ministres, les options de l’administration de l’Education Nationale ne changent guère et puisent à la même source.

  • Que Joseph soit anticlérical, n’est certes pas à démontrer ! Mais qu’est-ce qui vous fait affirmer qu’il est de gauche ? (je suis curieux)

  • Votre article Koz résonne très justement avec notamment une « anecdote » familiale. Dans la classe de CE1 de ma nièce, la maîtresse utilise le système des bons points. Jusque là pourquoi pas. Mais le hic c’est le mode de distribution!!! Ses camarades chahuteurs les collectionnent car dès qu’ils se comportent un peu mieux, ils ont un bon point… par contre ma nièce n’en a presque jamais car c’est une bonne élève qui de toute façon se comporte toujours bien et a toujours la bonne réponse 🙁
    « Pour ne pas récompenser spécialement le brillant méritant, ce gouvernement de gauche en vient à gratifier tout autant le feignant médiocre.  » C’est tout à fait cela!!! et on prend le risque de décourager les méritants, les bons élèves…ils iront voir ailleurs où on aime les bons et où on les encourage à donner le meilleur d’eux-mêmes…

  • @Koz

    C’est vrai que 1981 c’est un peu loin pour que j’y pense spontanément ! (oui je sais, c’est le privilège de la jeunesse)
    Merci pour votre réponse

  • Tellement d’accord! Dans un collège du 77, les notes sont supprimées « pour ne pas nuire aux élèves qui n’ont pas leur maman à la maison qui ne sont donc pas aidés pour les devoirs », lesquels sont de moins en moins nombreux pour les mêmes raisons.
    Donc les élèves qui travaillent n’y sont pas incités, les parents qui veulent faire progresser leurs enfants et qui déjà ramaient pour lutter contre toutes les séductions « petitepoucettesques » à la c.. ne même sont plus soutenus par l’école dans l’idée qu’il faut travailler pour apprendre, ceux qui ne s’occupent pas de leurs enfants sont déculpabilisés ( alors qu’ils sont en faute!) et les professeurs peu sérieux ou nuls, de plus en plus nombreux, sont encouragés à continuer dans la démagogie pédagogiste qui leur épargne de connaître, voire d’apprendre ce qu’ils ont à enseigner.
    Parents et enfants se plaindront cependant un jour (parce que la sélection arrive toujours) mais trop tard, qu’on leur aura menti; car , alors qu’on ne cesse de parler de traumatisme scolaire ( j’excepte les cas particuliers, il y a des fous chez les profs), l’école sans l’école est la vraie violence scolaire, non pas l’école travailleuse, qui aide les élèves… à s’élever.
    En 1987, dans un article qui faillit paraître, je criais dans le désert. Maintenant, rien n’a changé si ce n’est que c’est à la mode de tenir mes propos mais surtout pas de lutter contre les faits et surtout pas dans l’éduc nat. Et, à mon désespoir, les profs du privé catho ne sont ni meilleurs ni plus acharnés que les autres.
    Les livres de Brighelli et consorts se succèdent en vain pour critiquer un système qui n’est pas du tout en perdition parce qu’ il serait « inégalitaire », comme on n’arrête pas de nous le dire. En fait, l’école n’est pas élitiste, elle n’est plus l’école, tout simplement. Elle sécrète de l’ignorance: ayant renoncé à sa mission, apprendre à lire écrire, compter et transmettre l’amour des grands textes, l’enseignement s’est calqué sur l’idéologie consumériste au lieu de la combattre. On voit tant de profs renoncer à faire découvrir la grande littérature ( oui, ça existe, comme la nullité littéraire), ne manifester aucune curiosité esthétique, se contenter de copier leurs cours de français du bac sur internet que c’en est écoeurant.
    Alors, la suppression du mérite, c’est tout simplement la promotion de l’ignorance qui continue. Le pire, c’est de voir que c’est sous un gouvernement de gauche…et que je ne vois personne qui, à droite, soit vraiment soucieux de ces questions.

  • @ Marie Coulon:
    De toute façon, quand on voit ce que l’on fait dans le monde du travail, l’école ne sert pas à grand chose, si ce n’est de garderie pour faire de nous des futurs esclaves. Non franchement, car envoyer des mails, monter des sites Internet ou faire des tableaux Excel, tout ça avec des Bac + 5, on finit par se demander à quoi cela à servi d’avoir appris Rousseau et Voltaire, d’avoir appris à faire des intégrales et autres fonctions.
    @koz Quant à dire que c’est depuis 1981 que l’école ne va plus bien, là on est dans l’idéologie et j’aimerai bien que vous le prouviez. Perso, ça fait vingt ans que j’entends toujours les mêmes choses, les mêmes débats et les mêmes arguments avancés entre les uns et les autres. Je pense qu’un des maux français est aussi de toujours regarder vers le passé en disant que c’était mieux avant. Les crises – de toute sorte: éducative, morale, économique – cela fait quarante ans que l’on en entend parler.

  • Merci Koz pour ce billet. Je ne peux qu’être d’accord.

    Simplement, au delà de l’indignation nécessaire, que peut-on faire concrètement? Quel projet politique crédible existe-t-il, qui soit de nature à remettre sur pied l’Education Nationale, avec tout son poids de corporatisme, d’idéologie et de conservatisme?

    Je lance la question, et j’aimerais bien savoir ce que des gens qui connaissent bien de l’intérieur pourraient dire là-dessus. Il me semble en effet que ce n’est qu’avec la participation active des enseignants qui veulent vraiment que ça change, mais également des parents qu’on peut espérer que cela puisse changer effectivement un jour.

  • Ca fait bien longtemps que j’ai compris que le Mérite, et plus encore le Mérite personnel, est l’objet d’une haine féroce des politiques de notre ex-beau pays.

    Le Mérite, ca n’existe pas, puisque que tout est social

    Vous êtes travailleurs, vous faites des choix difficiles de probité et d’effort, vous n’avez aucun mérite puisque « votre milieu social vous oblige à ces choix »

    Vous êtes un fainéant, délinquant, ce n’est pas de votre faute. C’est à cause des « difficultés socials » de votre famille, et si on vous donne suffisament d’argent gratuitement, vous deviendrez magiquement un bon petit gars

    Au niveau scolaire, la suppression de la bourse au mérite est une étape, mais celle de la suppression du redoublement aussi, tout comme la suppression des notes, et la enieme allegement des programmes

    Pareillement, les gentils Manifs pour Tous, qui ne cassent pas de voiture sont ininteressants, la preuve ils sont pacifiques.

    Cassons comme les Bonnets rouges, ou bien quotidiennement comme les délinquants, et vous serez récompensés, car la violence est preuve de souffrance, et la retenue preuve d’embourgeoisement.

    Rien de nouveau dans le fond, la violence fascine depuis l’aube du commencement (cf René Girard)

    Je rajouterais un sentiment bien plus polémique, lié à l’incohérence profonde de nombre de décisions completement contradictoires comme :

    -> GPA vs condamnation de l’esclavage,

    ->GPA vs condamnation de la prostitution

    -> promotion des diversités et des « guyanais de souche » vs français de souche (qui eux n’existent pas hein !)

    ->bienveillance envers l’islam vs malveillance envers le catholicisme en contradiction avec toutes les « valeurs humanistes »

    Ce sentiment, c’est l’absence de certitude quant à la question « combien parmis tous ces politiques, veulent consciement la mort de la civilisation française, blanche, patriarcale, hétérosexuel, colonialiste et esclavagiste »

  • je plussoie, et votre article, et divers commentaires: la nièce d’Elizabeth Chamié n’est pas la seule à souffrir de ce genre d’aberration, et j’ai à la maison une révoltée de 5 ans qui crie à l’injustice de ne pas jamais rentrer à la maison avec la peluche de sa classe, le stupide Kimamila ( machin qui accompagne les méthodes « un monde à dire », « un monde à lire », formant de futurs lecteurs de Harlequin) , alors qu’elle serait toujours sage…
    Je serais toutefois plus nuancée que Marie Coulomb et Nathalie: le bac ne manifeste que le passage d’une étape, mais pas un niveau, et simultanément la catégorie socio-professionnelle des cadres ne signifie plus, sauf exception, grand chose à part « a le devoir de travailler à la tâche et non au temps ». La lecture des grilles de classifications des ouvriers qualifiés et contre-maîtres de la métallurgie, fleurant bon les technologies 1950, laisse rêveur quand à « l’ascenseur social » : il est pour moi évident qu’un ouvrier P3 ou un technicien en 1970 avait plus d’autonomie et de capacité de prise de risque qu’une partie de nos jeunes « cadres » sortant d’école !
    Je ne pleure pas le passé, j’attends seulement de voir plus clair sur les nouveaux marqueurs de l’élite, et le niveau d’études ad hoc : doctorat ? Refusant d’écarter le réel pour bâtir de belles hypothèses, je ne crois pas à une société sans phénomène élitiste.

  • Les pédagogues de gauche vomissent le mérite pour la simple et bonne raison qu’ils savent qu’eux-mêmes n’en ont aucun.

  • Koz a écrit :

    Et, fondamentalement, quels que soient les ministres, les options de l’administration de l’Education Nationale ne changent guère et puisent à la même source.

    Je ne saurai mieux dire. Lire à cet effet les commentaires instructifs de Laurent Lafforgue sur les raisons de sa démission éclair du haut conseil de l’éducation .

    Les grands pontes de l’éducation nationale continuent à se gargariser de « réussite pour tous », « collège unique », etc. Il faut baisser les exigences pour envoyer tous les élèves dans le supérieur, car la France a besoin d’ingénieurs (dixit une inspectrice générale). Du coup, les élèves qui ont vraiment des aptitudes scientifiques prennent l’habitude de ne pas les exploiter, quel gâchis…

    Je profite de l’occasion pour vous remercier pour tous vos articles, mais aussi pour le fil de lien « Ils Koz ailleurs », que j’apprécie beaucoup. Continuez ! (En espérant que votre projet mystère vous en laisse le loisir). Bien à vous.

  • Bonsoir,

    Merci pour ce bel argumentaire

    Ainsi cette bourse permettait d’aider 7.000 jeunes à hauteur de 1.800€ par an. Mais le gouvernement a choisi de disperser cette aide sur l’ensemble des 650.000 boursiers annuels. Le calcul est vite fait : chacun disposera ainsi de 18,4€ par an, 5 centimes par jour ! Et Najat Vallaud-Belkacem a le front d’affirmer que ce système serait « plus efficace » !

    C’est typique de la mentalité du tableur Excel, ou de celle du jeu vidéo de stratégie. Sur le papier ça marche, et si la vie était gérée par un algorithme ça pourrait marcher réellement. Par bonheur on ne vit pas dans le rêve d’un théoricien : les gens sont contradictoires, peu informés, aberrants même ! D’où l’importance du symbole capable d’être compris par tous dans son essence à défaut de l’être dans ses raffinements techniques.

    Certes je suis toujours énervé par cette tendance des idéologues de croire que tout est problème d’apparence et de discours, je suis le premier à critiquer Sarkozy (par exemple) pour sa complaisance dans le bla-bla et le symbole creux, mais je sais aussi reconnaitre lorsqu’un symbole a du sens, lorsqu’il est articulé avec un propos universellement compréhensible (l’effort c’est bien) et un effet marquant dans le quotidien (de l’argent). La défiscalisation des heures supplémentaires était un bon exemple de ces symboles significatifs et par là bien plus efficaces qu’une mesure technocratique marginale.

    Votre passage sur les fictions nécessaires me fait vraiment plaisir, j’ai l’impression d’avoir dit cela toute ma vie.

    @ Lya : La baisse de niveau du bac par le nivellement sert à nous adapter à la destruction des emplois non qualifiés. C’est une conséquence de la mondialisation. Ça a été dit clairement dans la stratégie de Lisbonne (2000). Ce n’est pas une question droite-gauche, ni même d’idéologie, c’est plus profondément une erreur anthropologique.

  • L’éducation nationale est irréformable en l’état.

    Prenez le pouvoir dans l’enseignement privé, faites y du hors contrat, promouvez le chèque scolaire… sortez vos enfants de ce système devenu fou de la maternelle au collège.
    Il y a encore de bons lycées, mais les places y sont chères, il faut souvent jouer de l’option « grec » ou « chinois » pour les intégrer.

    Et si vous avez la chance de pouvoir le faire, apprenez à vos enfants à lire, écrire et compter à la maison. On peut même se regrouper entre familles .

  • exilé a écrit :

    La baisse de niveau du bac par le nivellement sert à nous adapter à la destruction des emplois non qualifiés. C’est une conséquence de la mondialisation.

    Cette thèse mériterait d’être considérée si tous les pays de l’OCDE allaient dans le même sens. D’autres pays font d’autres choix, la mondialisation a ici bon dos.

    Personnellement je n’ai pas d’objection de principe à ce que le bac devienne un symbole de la fin des études, mais il faudrait alors en tirer les conséquences à deux niveaux.

    D’abord réformer profondément la procédure de son attribution, l’organisation d’un examen national n’ayant plus aucun sens et ne justifiant plus son coût direct et indirect (désorganisation des lycées pendant un mois). Ensuite en mettant en place un système sensé de sélection pour l’accès aux études supérieures.

  • @ exilé:

    Je ne comprends pas pourquoi ma réponse à pierra, dont je cite quelques lignes, apparaît comme une réponse que je vous adresserais.

    J’en suis désolé mais n’en peux mais…

  • @ GG:
    Dans « le chateau de ma mère » les commentaires de Joseph sur le bon emploi des propriété qu’ils traversent montrent clairement ses sympathies pour les socialistes de l’époque.
    Mais la paresse et la médiocrité n’ont pas place dans sa vision du monde.

  • Si j’étais mauvaise langue, je dirais qu’en récompensant la médiocrité, ils gèrent leur propres intérêts…
    Mais passons. Une fois de plus, on peut voir que l’idéologie égalitariste même au désastre. Mme Belkacem oublie d’où elle vient et se permet de cracher sur un système auquel elle doit tout.
    Belle récompense pour la France vraiment.

  • « la crise de l’enseignement n’est pas une crise de l’enseignement ; il n’y a pas de crise de l’enseignement ; il n’y a jamais eu de crise de l’enseignement ; les crises de l’enseignement ne sont pas des crises de l’enseignement ; elles sont des crises de vie ; elles dénoncent, elles représentent des crises de vie et sont des crises de vie elles-mêmes ; elles sont des crises de vie partielles, éminentes, qui annoncent et accusent des crises de la vie générale ; ou si l’on veut les crises de vie générale, les crises de vie sociales s’aggravent, se ramassent, culminent en crises de l’enseignement, qui semblent particulières ou partielles, mais qui en réalité sont totales, parce qu’elles représentent le tout de la vie sociale ; c’est en effet à l’enseignement que les épreuves éternelles attendent, pour ainsi dire, les changeantes humanités ; le reste d’une société peut passer, truqué, maquillé, l’enseignement ne passe point, quand une société ne peut pas enseigner, ce n’est point qu’elle manque accidentellement d’un appareil ou d’une industrie ; quand une société ne peut pas enseigner, c’est qu’une société ne peut pas s’enseigner ; c’est qu’elle a honte, c’est qu’elle a peur de s’enseigner elle-même ; pour toute humanité, enseigner, au fond, c’est s’enseigner ; une société qui ne s’enseigne pas est une société qui ne s’aime pas ; qui ne s’estime pas ; et tel est précisément le cas de la société moderne. » Charles Péguy 1873/1914

  • Il y a des années, j’ai obtenu une bourse de 3ème cycle universitaire « au mérite », puisque les années précédentes, la situation financière de ma famille ne m’ouvrait droit à RIEN.

    Nous vivions à 5 sur le seul salaire de mon père, salaire qui une fois le loyer (plein pot) les charges payées ne nous permettait même pas de partir en vacances, d’avoir de l’argent de poche, d’aller au cinéma ou d’avoir une activité de loisir régulier… Pour obtenir une bourse à cette époque il fallait vraiment être dans la dèche!!!

    Je passe sur le fait que ma famille n’avait pas pris en charge mes études et que je devais me débrouiller seul pour payer mes frais d’inscriptions (heureusement que j’avais pu dégoter une place en fac… les BTS privés, écoles de commerce et autre filières prestigieuses payantes m’étaient inacessibles), les 20 ou 25 livres « spécialisés » (compter entre 25 et 50 euros l’ouvrage) que je devais avoir lus (évidemment jamais dispo en bibliothèque universitaire) sans compter le reste des fournitures… Les photocopies-reliures pour les mémoires à rendre… l’investissement dans un traitement de texte… etc… Ce qui m’a conduit à renoncer à toute vie sociale pendant 3 ans puisque je devais travailler tous les weekends, jours fériés et vacances (pas possible de sortir le soir le weekend) pour faire face seul à mes frais.

    La seule aide de ma famille était de me permettre de continuer à vivre chez elle et à y diner.

    La perception de cette bourse au mérite… après 4 années sans aides d’aucune sorte et qui n’était pas non plus si énorme que ça (je n’aurais certainement pas pu me nourrir, me loger ou payer mes transports avec sur l’année universitaire) était d’ailleurs subordonnée à l’engagement de n’avoir AUCUNE ACTIVITE SALARIEE en parallèle. Heureusement… Depuis la 4ème année de fac, mes stages (non rémunérés précisons le) et la lourdeur du travail m’avaient obligé à arrêter de travailler pour vivre sur les économies que j’avais dû faire pendant mes trois premières années de licence en passant de la fac la semaine à un job très physique le reste du temps… Je ne travaillais « plus que » les vacances…

    Parti au service national pendant 13 mois (comme aspirant), avant même d’avoir les résultats de mes derniers examens, j’ai dû m’inscrire à l’ANPE à mon retour… Et ai appris que toutes ces années à côtiser et l’année passée à servir le pays… ne m’avaient ouvert aucun droit auprès des assedics… Et que j’étais bien trop jeune encore pour prétendre au RMI…

    On nous parle de temps en temps dans les médias de la situation inquiétante des étudiants… Qui ne peuvent pas payer certains frais de santé (lunettes, dents…) et qui en arrivent parfois à manger d’une façon nocive pour leur santé… Et bien je me rends compte que rien n’a changé depuis mon époque sauf qu’on en parle un peu… Et qu’on se le dise… tous ces étudiants qui vivent dans une relative précarité ne sont pas nécessairement dans des situations leur ouvrant droit à des bourses ou à des aides particulières de l’état.

    Les bourses de l’état, même si c’est mieux que rien, sont ridicules quand on se rend compte des sommes réelles dont les étudiants doivent pouvoir disposer. Surtout quand on sait qu’un boursier n’est pas censé travailler en marge de leurs études!!!!!

    La réalité c’est qu’aujourd’hui pour faire des études supérieures il faut appartenir aux classes aisées. Ceux qui viennent des classes moyennes n’ont aucune aide et doivent faire face à des galères qui font que beaucoup jettent l’éponge… Et ceux des classes les plus défavorisées, même avec ces aides minimalistes ont encore moins de chance de s’en sortir.

    Les travaux de Bourdieu sur le système éducatif qui montrent comment celui-ci ne fait pas autre chose que de reproduire les classes sociales et assurer la suprématie des classes dominantes en prétendant donner une égalité de chances, sont toujours d’actualité.

  • Bonsoir

    Je vais répéter un peu (beaucoup) ce que j’ai déjà écrit ici https://www.koztoujours.fr/les-irresponsables#comment-76005.

    Vous avez écrit :

    « Je reste totalement incrédule à l’idée qu’il puisse seulement passer par l’esprit de qui que ce soit et d’un gouvernement en particulier de supprimer spécialement l’encouragement à l’effort et la récompense de l’excellence. D’autant plus de la part d’un ministère qui est précisément chargé de l’Education, Nationale de surcroît. »

    Vous semblez donc continuer à croire, ainsi que certains commentateurs, que la vermine rose (le terme est très fort, je sais) qui nous gouverne aurait un quelconque intérêt pour le bien commun. (je mets les khmers verts dans le même sac)
    Et bien non : ce sont de purs idéologues, bornés et méchants, prêts à envoyer les ennemis du peuple en camps de rééducation.

    Quant à l’UMP, on est mal barré :

    entre Sarkozy qui n’a rien fait en ce qui concerne l’éduc nat et qui a laissé son ministre introduire l’idéologie du genre au lycée

    et Juppé qui a créé à Bordeaux un observatoire de lutte contre les discriminations dirigé par le fondateur du collectif LGBT local dont une des missions consiste à dénoncer aux services municipaux les associations mal pensantes

  • PhD a écrit :

    Juppé qui a créé à Bordeaux un observatoire de lutte contre les discriminations dirigé par le fondateur du collectif LGBT local

    J’avais du mal à vous croire.

    J’ai vérifié.

    C’est vrai.

  • Une décision de plus : inepte, absurde, injuste, arbitraire.

    Aucune sanction, aucune excuse. Un reproche plutôt : « Fi manants, vous osez protester? »

    Lentement mais sûrement, la vérité fait son chemin : « le léviathan n’est pas notre ami. »

  • je suis ravi que l’on parle d’un sujet qui me semble plus important que les péripéties autour de la « manif pour tous ». En effet, je pense que notre avenir dépend en grande partie de la façon dont nous éduquons notre jeunesse, et en particulier des savoirs et du « savoir vivre » que nous lui inculquons.

    Je partage entièrement votre avis sur les bourses au mérite, la décision est pour moi ridicule, et effectivement assez symbolique d’une gauche idéologique dont la carricature est M Mélenchon.

    Je pense par contre qu’il y a un vrai débat sur l’accès de l’éducation en France aux personnes de milieu modeste, car il semble qu’au total, notre système est un des plus inégalitaires, plus même que par exemple le système américain.

    Ainsi, la carte scolaire a l’effet pervers de proposer aux enfants des beaux quartiers une école de qualité et gratuite. Le contenu de l’enseignement et les modes de sélection sont aussi probablement plus biaisés que nécessaire. L’accent sur la culture générale est ainsi semble-t-il une façon déguisée d’exclure les personnes de milieu modeste qui n’auront pas les « manières culturelles » qui se transmettent beaucoup dans le cadre de la famille, et de « surfavoriser » les enfants d’enseignants et de professions libérales. L’accent mis sur les devoirs et le travail à la maison favorise aussi de façon évidente les milieux aisés.

    Enfin, le contenu, très académique, ne prépare pas au monde professionel. Cela a d’immenses conséquences sur notre productivité (par exemple, les français sont très mal formés au travail en équipe), et rajoute encore une inéquité au moment de chercher un travail, puisqu’il faut souvent des contacts en plus de son diplôme pour rentrer dans la vie active.

    Bref, de nombreux beaux sujets, mais c’est sûr que ce n’est pas avec la gauche idéologique que l’on va résoudre cela.

  • Mesure incompéhensible doublée d’une faute de communication élémentaire. Il y a peut-être une justification derrière mais comme le gouvernement ne se donne pas la peine de la mettre en avant, je n’ai pas envie de la chercher. Après tout, s’ils veulent faire des cadeaux à l’opposition, c’est leur problème.

    PhD a écrit :

    Vous semblez donc continuer à croire, ainsi que certains commentateurs, que la vermine rose (le terme est très fort, je sais) qui nous gouverne aurait un quelconque intérêt pour le bien commun.

    Ce n’est pas un langage fort: c’est un langage inacceptable, et si vous ne le savez pas, vous devriez.

    Le reste de votre commentaire est hors sujet.

  • Cette mesure semble effectivement très contestable a priori (j’avoue ne pas connaître les arguments avancés pour la justifier). De là à en déduire des généralités du type « la gauche est contre le mérite, contre l’effort et contre l’excellence… pour l’égalitarisme et le nivellement par le bas »… Et de lui mettre sur le dos toutes les tares supposées de l’Education nationale… Peut-on se contenter d’un tel simplisme ?

    Le fait que ceux qui prennent ces mesures (« contre le mérite et l’excellence ») soient eux-mêmes les purs produits de l’élitisme français (qui reste bien présent malgré le soi-disant « nivellement par le bas ») doit nécessairement inciter à nuancer ce type de généralités, me semble-t-il.

    Si l’on veut regarder sérieusement l’évolution de l’éducation depuis un demi-siècle (ou même depuis un siècle, c’est très intéressant), il faut, à mon avis, d’abord regarder l’évolution du monde, de la société, des technologies, donc aussi des individus (qu’ils soient élèves ou étudiants, professeurs ou parents), avant d’invoquer un quelconque clivage droite / gauche.

    Il faut aussi garder à l’esprit que l’éducation des individus est un atout pour la compétitivité d’un pays, sans doute le plus important, et aussi pour la tenue de notre démocratie. Plus nous avons de bacheliers, mieux c’est ! Plus nous avons d’ingénieurs, de chercheurs, de managers, de financiers, de hauts fonctionnaires de haut niveau, mieux c’est aussi ! Les deux ne sont pas incompatibles, ils doivent même aller de pair.

    Et quoi qu’on en dise, je ne pense pas que la France soit si mal lotie que cela en la matière, que ce soit sur le plan de l’éducation générale ou des filières d’élite. Le gros problème, qui plombe les performances de notre système, c’est les quelque 20% de jeunes qui quittent l’école sans aucun bagage ni qualification. Et statistiquement, force est de constater que ces jeunes en échec scolaire viennent en grande majorité des quartiers dits « sensibles ». Est-ce si surprenant ? Et surtout, le fait de constater cela, à la seule lecture des chiffres, que l’on soit de droite ou de gauche, avec ou sans idéologie, n’incite-t-il pas à concentrer les efforts sur ce point faible, sans bien sûr négliger les points forts ? Pour ce qui est de la méthode miracle, à ce jour, personne ne semble l’avoir encore trouvée. C’est comme pour le chômage ou l’insécurité. C’est pas facile, comme dirait l’autre.

  • @ Gwynfrid:
    Vu la qualité de leurs oeuvres à la tête de mon pays, j’estime que le terme vermine leur convient plutôt bien.

    Quant au reste de mon commentaire, il souhaitait seulement indiquer que ceux d’en face ont autant de responsabilités dans ce désastre de l’éducation nationale : j’ai simplement oublié de préciser que l’observatoire créé par juppé est également chargé de faire de la promo dans les écoles ou de l’encourager.
    Désastre dont la suppression des bourses au mérite n’est qu’une des péripéties.

  • Juppé a quand même traité Benoît XVI d’autiste sur la base d’une citation tronquée du Pape. C’est bien sûr l’AFP, qui a tronqué la citation, qui est le première fautive et sans doute intentionnellement. Mais avant de traiter Benoît XVI d’autiste, Juppé aurait pu vérifier ses sources.

    Mais qu’attendre de l’héritier spirituel de Chirac ?

    NB. Je ne roule pas pour NS dont je ne souhaite pas le retour, ni pour MLP !

  • @ PhD : c’est effectivement un vocabulaire inacceptable et que, par conséquent, je n’accepte pas. Logique. C’est également absurde et contraire à mes convictions fondamentales dans mon rapport à l’autre. Oui, certainement, il y a parmi les socialistes des idéologues bornés et sectaires. La droite en est également bien dotée. Mais oui, je continue de croire, et je continue fermement de croire, qu’il y a parmi es socialistes des personnes authentiquement soucieuses du bien commun. Le fait que je ne partage pas les propositions qu’elles peuvent éventuellement émettre ne signifient rien de leurs intentions. Je pense en outre que votre réaction vous classe assez bien également dans cette catégorie de personnes que vous fustigez. On ne peut pas comprendre l’autre, même pour s’opposer à lui, en refusant toute bienveillance à son égard.

  • La dévalorisation du bac a commencé sous Giscard , véritable inventeur dans son concept du bac pour tous puis de la fac pour tous avec le « collège unique », dont c’était la finalité. Un type pas spécialement de gauche comme Finkie l’explique à longueur de livres. Le 80 pour cent de réussite au bac de JL en a été le fruit, cueilli après maturation. Ne soyez pas aveuglé par vos déterminations. L’ensemble de la classe politique est responsable du nivellement par le bas (on se souvient de l’inoubliable sortie sur la Princesse de Clèves…).

  • @ Koz:

    Excusez moi si ces termes vous ont choqué
    Je ne visais que l’équipe qui nous gouverne et par extension les « ténors » de ces partis (PS et EELV) et je reconnais qu’il existe des militants et élus de base sincères comme il pouvait en exister au parti communiste français pendant la bonne époque de Staline.

    J’avoue que j’ai beaucoup de mal à accorder un peu de bienveillance à des personnes dont l’objectif (affiché et poursuivi parfois, en filigrane sinon) ainsi que les actions menées ont pour but la destruction de tout ce qui me tient à coeur.

    Maud, ci dessus, a fort bien résumé le début de la dégringolade de l’éduc nat commencé sous Giscard avec le collège unique de René Haby, poursuivie avec la prise en main du ministère par les pédagogistes genre Philippe Meyrieu (élu EELV comme par hasard), sans qu’aucun ministre, quelle que soit son appartenance politique, ne s’oppose à la destruction de cette école.

    Ceci me met d’autant plus en colère que cette école m’a tant apporté ; ayant passé mon bac en 1978, j’ai eu en effet la chance de n’avoir jamais été rattrapé par ces différentes réformes et j’ai toujours bénéficié d’un corps enseignant dévoué qui, tout en aidant les élèves en difficulté mais motivés, encourageait les meilleurs avec l’aide d’un système qui savait les orienter vers les filières « d’excellence ».

    Issu d’un milieu très modeste, j’ai réussi des études prépa + grande école, grâce à la qualité de cette école de la république que tous ces incapables ont cassée. Résultat, le même cursus que le mien est devenu quasi impossible et on assiste à une chute vertigineuse du nombre d’enfants issus des classes populaires dans l’enseignement supérieur. Fin de l’ascenseur social.

  • Jeff a écrit :

    Le fait que ceux qui prennent ces mesures (« contre le mérite et l’excellence ») soient eux-mêmes les purs produits de l’élitisme français (qui reste bien présent malgré le soi-disant « nivellement par le bas ») doit nécessairement inciter à nuancer ce type de généralités, me semble-t-il.

    Je n’en suis pas certain. Les exemples sont nombreux de ceux qui rejettent ce dont ils ont bénéficié eux-mêmes et, malheureusement, je ne suis pas frappé par le grand sens de la cohérence personnelle des politiques.

    Je termine un ouvrage – que vous avez peut-être aperçu dans la barre latérale – dans lequel l’auteur évoque notamment la question de l' »ingratitude » (je ne développe pas, mais faites-lui le crédit d’aller au-delà de « c’est pas cool »). Il relève ainsi comment de grands penseurs, philosophes, intellectuels, comme Descartes, Rousseau, Bourdieu ou Barthes, développent le rejet de la culture, le rejet des livres, la condamnation de la langue (« fasciste ») alors qu’eux-mêmes ne sont bien en mesure d’articuler leurs raisonnements que parce qu’on leur a donné les outils culturels, intellectuels et linguistiques pour le faire. Alors, franchement, que des politiques passés par les plus grands lieux de l’excellence rejettent sa promotion ne me paraît pas inconcevable.

    Jeff a écrit :

    Plus nous avons de bacheliers, mieux c’est ! Plus nous avons d’ingénieurs, de chercheurs, de managers, de financiers, de hauts fonctionnaires de haut niveau, mieux c’est aussi ! Les deux ne sont pas incompatibles, ils doivent même aller de pair.

    Certainement. Mais cela ne peut évidemment pas se faire en disant : « hop, tous ingénieurs ! Polytechnique pour tous ! ». Pour arriver au bac pour tous, d’une façon qui ait un sens, il faut le faire en tentant d’élever tout le monde, et récompenser l’excellence.

    Jeff a écrit :

    t quoi qu’on en dise, je ne pense pas que la France soit si mal lotie que cela en la matière, que ce soit sur le plan de l’éducation générale ou des filières d’élite. Le gros problème, qui plombe les performances de notre système, c’est les quelque 20% de jeunes qui quittent l’école sans aucun bagage ni qualification.

    Ce qui ne nous rend tout de même pas très bien lotis.

    Les quelques données que je retrouve rapidement là ne montrent pas une évolution glorieuse. Ainsi, concernant les enquêtes menées lors des JAPD :

    La première enquête signalait qu’ un peu moins de 10 % des jeunes avaient de réelles difficultés de compréhension à l’écrit (4 % ne possèdent pas « les connaissances indispensables à l’acte même de lire », à savoir la maîtrise des mécanismes de base de la lecture et la connaissance des codes élémentaires de l’écrit et sont dans une situation pouvant déboucher sur l’illettrisme). Ils étaient 9 % l’année suivante en 1999-2000 (dont 5 % proches de l’illettrisme) 10, plus de 11 % en 2000-2001 (dont 6,5 % proches de l’illettrisme) 11 et 12 % en 2001-2002 (dont 6 % proches de l’illettrisme).

    Augmentation de 3 points en trois ans, pour un passage de 9 à 12%…
    Je n’ai pas le temps maintenant de chercher des infos plus récentes mais nous n’avons pas vraiment progressé.

    Jeff a écrit :

    Et statistiquement, force est de constater que ces jeunes en échec scolaire viennent en grande majorité des quartiers dits « sensibles ». Est-ce si surprenant ? Et surtout, le fait de constater cela, à la seule lecture des chiffres, que l’on soit de droite ou de gauche, avec ou sans idéologie, n’incite-t-il pas à concentrer les efforts sur ce point faible, sans bien sûr négliger les points forts ?

    Avez-vous vraiment le sentiment que, par cette décision de suppression des bourses au mérite, le gouvernement ait, d’une quelconque manière, concentré un quelconque effort sur un point faible sans négliger de points forts ?

    Gwynfrid a écrit :

    Mesure incompéhensible doublée d’une faute de communication élémentaire. Il y a peut-être une justification derrière mais comme le gouvernement ne se donne pas la peine de la mettre en avant, je n’ai pas envie de la chercher.

    Les explications que je parviens à trouver sont :

    (1) Ce n’est pas parce que l’on échoue que l’on n’est pas méritant;
    (2) Il vaut mieux faire profiter tout le monde de plus d’aides;
    (3) Ca coûtait trop cher avec l’accroissement du nombre de mentions « Très bien » (et je ne peux pas vous dire d’où je tire la confirmation de cette explication, mais elle est assumée dans des documents officiels).

    C’est peu dire que je ne suis pas convaincu.

    Maud a écrit :

    L’ensemble de la classe politique est responsable du nivellement par le bas (on se souvient de l’inoubliable sortie sur la Princesse de Clèves…).

    C’est relativement vrai. Mais je vous concède volontiers que cette sortie sur la Princesse de Clèves relevait de la plus haute démagogie.

    Le Pécheur a écrit :

    Les travaux de Bourdieu sur le système éducatif qui montrent comment celui-ci ne fait pas autre chose que de reproduire les classes sociales et assurer la suprématie des classes dominantes en prétendant donner une égalité de chances, sont toujours d’actualité.

    De même que la démocratie est le pire des systèmes mais qu’on n’en a pas inventé de meilleurs, je crains que l’école soit le pire des systèmes mais qu’on n’en ait pas inventé de meilleurs pour apprendre.

    Comme je le soulevais plus haut, pour être capable d’articuler cela, Bourdieu, fils d’ouvrier agricole devenu facteur-receveur, n’est-il pas passé par l' »école de la République », dont la khâgne de Louis-le-Grand ?

  • @ Gwynfrid:
    Quand un gouvernement prend des décisions qui vont toute à l’encoutre de l’intérêt du pays qu’il dirige, qui n’hésite pas à imposer une vision de l’Homme dégradée et dégradante, qui s’attaque aux libertés individuelles dès qu’il le peut, ce n’est pas un hasard, ce n’est plus de la maladresse, c’est de la trahison.
    Le terme vermine indique bien la répulsion qu’inspire ce type de personnes. Et ce rejet est salutaire.

    Quand à Juppé, entre sa position face au mariage homosexuel, sa posture très « terra-novesque » sur l’immigration de remplacement et sa déclaration pour l’arrêt de la dissuasion nucléaire, on peut se demander dans quel camps il se situe…
    S’il doit représenter l’UMP, ça ne laisse plus beaucoup de choix disponibles pour les prochaines élections.

  • Il me semble avoir écrit plus haut que je n’acceptais pas ce vocabulaire. Ce n’est pas pour le voir cautionner plus bas. Si ça vous déplaît, dîtes-vous que vous êtes ici chez moi, ça passera.

  • Koz a écrit :
    De même que la démocratie est le pire des systèmes mais qu’on n’en a pas inventé de meilleurs, je crains que l’école soit le pire des systèmes mais qu’on n’en ait pas inventé de meilleurs pour apprendre.

    Comme je le soulevais plus haut, pour être capable d’articuler cela, Bourdieu, fils d’ouvrier agricole devenu facteur-receveur, n’est-il pas passé par l’ »école de la République », dont la khâgne de Louis-le-Grand ?

    Certes… Et comme je m’évertuais à le dire longuement moi-même plus haut, je suis bien placé pour le savoir : Mes propres parents avaient un BEP pour l’un et un CAP pour l’autre… Et j’ai validé un Bac+5 avec mention et une spécialisation post Bac+5 en passant par l’école de la république moi aussi vu que les établissements privés plus prestigieux m’étaient financièrement innacessibles… J’avais un petit avantage cependant… Le Ciel m’avait donné quelques facilités intellectuelles (que des tests à l’armée faisaient entrer dans la case « surdoué »).

    Il est vrai que grâce à ce petit don du Ciel, le peu de temps que la recherche de l’argent nécessaire pour étudier, puis pour dormir, suivre mes cours et faire mon travail personnel était bien rentabilisé. Tout le monde n’a pas cette chance… Tout le monde n’a pas le génie de Bourdieu ou les capacités de ces quelques autres exemples si rares de personnes qui échappent à leur prédestination sociologique.

    Au cours de mon cursus, et aujourd’hui là où il m’arrive d’intervenir comme formateur, je me rends compte que l’ascenseur social est en panne et que les étudiants des classes moyennes ou défavorisés n’arrivent pas au but de leurs études à cause de problèmes d’argent envahissants.

    Je pensais juste, que c’était leur rendre justice que de le rappeler au moment où cette bourse au mérite est menacée… Mais bon… Après tout… Si on veut être cynique… On pourra se dire que ces pauvres qui réussissent à finir leur cursus ont déjà leur récompense et devraient se confondre en reconnaissance éternelle d’être autorisés à chercher du travail et à fréquenter des gens d’un monde auquel ils n’apprtiendront jamais… Alors… avoir un petit bout d’aide financière pour leur faciliter les choses en vertu de leurs bonnes notes… Ils en demandent trop!

    Bourdieu n’avait pas oublié d’où il venait… Moi non plus.

  • Koz a écrit :

    Oui, certainement, il y a parmi les socialistes des idéologues bornés et sectaires. La droite en est également bien dotée.

    Bonsoir,

    il y a aussi, à gauche et à droite des gens très intelligents qui défendent de façon parfaitement rationnelle les lobbies qui les élisent. Sur cet aspect, la droite me semble assez bien dotée.

  • C’est bien ce que je pensais, il m’est impossible de commenter ce billet car le langage qui me vient à l’esprit pour qualifier cette réforme et Madame le Ministre n’est pas acceptable dans ce blog.

  • PhD a écrit :

    Excusez moi si ces termes vous ont choqué

    Je vous suggère le terme « tyran ». Il est beaucoup plus proche de la réalité et a le grand mérite de ne pas porter les connotations déshumanisantes qui rendent celui que vous avez choisi impropre à une discussion sereine.

  • @ Marie Coulon:
    si, il ne faut pas tout rejeter il y a des prof qui bosse énormément notamment lors des nouveaux programmes mes professeurs avaient fourni un travail du diable pour nous préparer comme il se doit.
    Dans les privés catho on reste globalement ultra privilégiés.

  • Koz a écrit :

    Comme je le soulevais plus haut, pour être capable d’articuler cela, Bourdieu, fils d’ouvrier agricole devenu facteur-receveur, n’est-il pas passé par l’ »école de la République », dont la khâgne de Louis-le-Grand ?

    Et alors??? En quoi le fait que Bourdieu soit lui-même issu des classes poulaires et ait fait un beau parcours remettrait il en question la pertinence de ce que ses études ont démontrées? Il n’a simplement pas oublié d’où il venait… D’autres après lui, et récemment encore ont bien démontré que l’ascenseur social est en panne et que les jeunes issus des classes populaires ou moyennes ont moins de chances que les autres de venir au bout d’un cycle d’études parce qu’ils doivent passer presque autant de temps à travailler pour les financer qu’à étudier. Ceux qui s’en sortent le mieux dans ce cas là sont ceux… Dont les capacités intellectuelles leur permettent de travailler efficacement en peu de temps. Et à QI égal on sait que c’est le milieux social d’origine qui fait la différence… Croyez moi… Quand vous devez changer une paire de lunette pour arriver à lire quand vous êtes un étudiant peu aisé et que vous n’avez donc pas les moyens d’avoir une bonne mutuelle… Ce n’est pas une mince affaire! Même quand on essaie de passer par l’école de la République.

    Enfin… de toute façon je ne vois pas pourquoi on finasse comme ça… Dans l’absolu on est d’accord pour dire que cette suppression des bourses au mérite est injuste… Je ne fais juste que dire que pour certains étudiants peu aisés (mais pas assez pauvres pour avoir els autres) c’est la seule qu’ils ont pu avoir et que ça suppression va seulement contribuer à accroître encore plus les inégalités sociales…

  • c’est dramatique de constater l’ineptie abyssale que l’idéologie peut secréter . Je hais les riches ,je méprise les édentés , je vomis les familles, je coince les méritants je ……….je……Et si ce n’était pas de l’idéologie mais tout simplement de la bétise . Mais je leur fait peut être trop d’honneur.

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