De la réelle politique de Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy est un homme courageux, c’est indéniable. Khadafi, Poutine, Jibao, Ben Ali, il faut avoir les cojones politiques bien accrochées pour aligner ainsi les visites (ou signes) sensibles. Tout juste a-t-il inséré, pour le repos des français et celui de ses soutiens, une visite à la Queen Elisabeth qui, pour britannique qu’elle soit, n’en reste pas moins à la tête d’un État démocratique. Ceci étant dit, on lui suggérerait bien une visite d’Etat dans un pays bien consensuel, bien reposant. Comme dirait l’autre, on ne sache pas que l’on ait reproché une quelconque atteinte aux droits l’homme à l’Islande. De surcroît, les paysages islandais se prêtent, et de bonne grâce, aux plans magnifiques et aux laïi opportuns sur la fonte de la calotte glaciaire.

Isolément, on pourrait argumenter sur la visite de Khadafi, les protocolaires félicitations à Poutine. Collectivement, il n’est guère contestable que cela ne donne pas une impression de grande cohérence avec les propos autrefois affirmés, et dont on ne saurait reprocher à Guillermo l’opportun rappel :

« Je ne passerai jamais sous silence les atteintes aux droits de l’homme au nom de nos intérêts économiques. »

Le fait est qu’il semble falloir retenir une interprétation stricte du propos pré-présidentiel : il ne les passera pas sous silence, tout en veillant à nos intérêts économiques.

Pour autant, on relèvera un parfum d’inconsistance dans l’agrégat que constituent les oppositions diverses : on entend facilement les mêmes fustiger l’arrogance occidentale, la ridicule présomption française, et exiger que la France se fasse le héraut universel des droits de l’homme. Et l’on notera que ceux, vils néo-cons, qui prônent d’apporter vigoureusement la démocratie à quelque régime moyen-oriental autoritaire n’ont pas davantage leurs faveurs.

Aussi, au parfum d’inconsistance se mêlent les effluves amères de la bonne conscience à bon marché, privilège des opposants qui, au pouvoir, recevaient le Général Jaruzelski ou El Jefe Castro (François Hollande et Ségolène Royal doivent s’en souvenir, qui regardaient cela de leurs bureaux de conseillers élyséens, tout en – n’en doutons pas – le désapprouvant farouchement, mais silencieusement).

Revenons rapidement à nos cas chinois et tunisiens.

En Chine, donc, après l’épisode olympique enflammé, deux missi dominici, dont Jean-Pierre Raffarin, sont allés rappeler au pouvoir chinois la préférence accordée au dialogue sino-français.

Et ce dernier semble rapporter de Chine quelques enseignements, relevant notamment que si « la Chine n’est pas une « démocratie occidentale », c’est une évidence qui n’échappe à personne, (…) l’esprit démocratique ne lui est pas, pour autant, indifférent. Le paradoxe n’est, en fait, qu’apparent puisque chacun sait que le développement économique et social repose in fine sur la liberté individuelle« . Il souligne aussi que l’amitié dont il a toujours fait preuve à l’égard de la Chine a pu lui permettre d’évoquer les questions des droits de l’homme et de la démocratie en face à face avec les plus hauts personnages de l’Etat…

Alors, dialogue et initiative, ou protestation et boycott ? De fait, avez-vous, pour votre part, une conviction établie sur la meilleure stratégie pour faire progresser les droits de l’homme en Chine comme ailleurs ? Etes-vous intimement convaincus que les protestations, et la manière dont elles se sont déroulées, ont eu un impact positif ? Ou développez-vous, comme je peux le faire parfois, le sentiment que, inutile pour inutile, dans un cas, au moins vous aurez ouvert votre gueule ?

Jean-Pascal Picy, conseiller de Jean-Pierre Raffarin, a développé à cet égard un concept qui n’a qu’un défaut : être assez lié à la personne du Maire de Paris.

Au sujet de l’initiative de Bertrand Delanoë, nommant le Dalaï-Lama citoyen d’honneur de la ville de Paris, tandis que Jean-Pierre Raffarin tentait sur place de renouer les fils du dialogue, il évoque l’émergence d’une nouvelle forme de diplomatie, la diplomatie du Velib’.

« Qu’est-ce que la diplomatie du velib ? C’est d’abord une diplomatie sympathique qui vise à donner satisfaction à ses électeurs, une diplomatie électorale. Elle est gratuite en apparence mais assez coûteuse en réalité : en amitié avec les Chinois, pour notre économie, pour notre crédibilité avec la prochaine grande puissance du XXIème siècle… Elle ne traite pas les vrais problèmes : elle ne résout pas plus la question de nos relations avec la Chine et l’avenir du Tibet que le vélib n’améliore les transports dans l’agglomération parisienne. Elle s’adresse surtout à une minorité, celle des donneurs de leçons et des habitants des quartiers chics. Elle a d’abord pour objectif de se faire plaisir et, si possible, de donner une bonne image de son concepteur. En fait, c’est surtout de la communication à usage interne, intramuros, à l’intérieur du PS s’entend. Alors que le Responsable politique se devrait d’être responsable et donc de faire la part des choses, de voir plus loin, de porter des jugements nuancés, le responsable à la mode vélib regarde d’abord son intérêt propre, sa côte de popularité et cherche à rester dans le vent des bons sentiments. Qu’importe si le gouvernement devra payer les pots cassés des frasques parisiennes en Chine, le maire de Paris n’a pas plus d’égards pour les banlieusards qui s’agglutinent le matin aux portes de Paris ; pour lui nous sommes tous des Chinois !

(…)

La diplomatie du vélib n’est pas une relation avec les autres, c’est d’abord une relation avec soi-même, un miroir réconfortant de ses propres certitudes. La diplomatie du velib souhaite que le monde ressemble à sa propre image, ignorant la réalité de l’ailleurs, la complexité de la diversité. La diplomatie du vélib traduit à la fois une ignorance certaine des réalités internationales et un manque de curiosité attristant. »

Me revient aussi à l’esprit ce propos d’Hubert Védrine, dénonçant

« la tendance à ne plus juger une politique étrangère qu’en fonction de critères moraux stricts, « la question, n’étant plus : est-ce utile ? mais : est-ce scandaleux ? Si c’est jugé scandaleux, la machine à s’indigner couvre toute réflexion de son vacarme » »

Sur la Tunisie, de même, les medias ayant pris soin de
ne retenir qu’une phrase – « Aujourd’hui, l’espace des libertés progresse » – la machine à s’indigner s’est emballée, prêtant moins d’attention au paragraphe qui suit, si ce n’est pour en extraire de nouveau un court extrait :

« Ces signaux, ces réformes s’inscrivent sur un chemin, étroit et difficile, mais essentiel, celui de la liberté et du respect des individus sans lesquels un pays n’est pas un grand pays. Ce chemin, aucun pays ne peut prétendre l’avoir parcouru entièrement et personne ne peut se poser en censeur. Je viens d’un continent dont l’Histoire, y compris l’Histoire récente, recèle des tragédies abominables et je ne vois pas au nom de quoi je me permettrais, dans un pays dans lequel je suis venu en ami et qui me reçoit en ami, de m’ériger en donneur de leçons. J’ai pleinement confiance dans votre volonté de voir continuer à élargir l’espace des libertés en Tunisie. Nous en avons parlé vous et moi« 

Nicolas Sarkozy tiendrait-il ce discours en Allemagne ? En Italie ? Le fait même de le tenir suppose de reconnaître que la situation des droits de l’homme est inatisfaisante en Tunisie. Le fait même d’évoquer un chemin étroit et difficile à parcourir souligne que la Tunisie a encore du chemin à faire.

Certains, qui peuvent se payer de mots à peu de frais, auraient souhaité le discours plus véhément, plus bruyant. À la suite d’Hubert Védrine, disons que la question devrait être : « est-ce utile ?« .

Au-delà de ces cas sino-tunisiens, Chantal Delsol tenait ce lundi une chronique au titre évocateur, dans Le Figaro : Faut-il boycotter les pays qui ne nous ressemblent pas ?.

Pour elle, l’Occident développe une tendance – peut-être quelque peu néo-colonialiste – à juger le monde selon des critères « ethno-centrés ».

« Il vaudrait la peine de se demander s’il est juste de vouloir contraindre la Chine à changer. Nous avons pris la mauvaise habitude de loger à la même enseigne tous les régimes qui nous ressemblent trop peu. À force de se considérer comme le parangon du monde, l’Occident a fini par tout mélanger dans sa désapprobation. La différence entre la Chine d’aujourd’hui et l’ancienne Union soviétique marque bien cette confusion des esprits. On ne peut pas identifier un totalitarisme à une autocratie ordinaire. La différence est même de nature.

(…)

Au fond, la spécificité de l’Occident, ce n’est pas la défense des droits de l’homme, mais la défense des droits de l’homme comme individu. Et les convictions anthropologiques chinoises, et aussi musulmanes d’une autre manière, sont enracinées dans le holisme, ou vision de la société comme communauté : l’individu n’y existe vraiment comme valeur que dans son groupe, sans lequel il perd sa signification. Les Occidentaux ont une tendance, pernicieuse et sotte, à mettre dans le même sac le holisme et le totalitarisme : ils sont si obsédés par l’individu souverain qu’ils confondent un homme inscrit dans sa communauté et un homme dénaturé. »

Comme elle le souligne, nous devrions passer plus de temps à nous soucier de la situation à Cuba et en Corée du Nord « qui règnent sur des antimondes« . Curieusement, il est vrai, on semble faire preuve d’autant plus d’activisme que le pays paraît évoluer lui-même, et se montrer dans une certaine mesure[1], sensible à nos préoccupations.

• • •

De ces derniers évènements, appelés probablement à ne pas être les derniers de leur espèce, on peut retenir quelques éléments de réflexion et autres interrogations :

1) Il est assurément plaisant[2] de se faire le porte-voix des droits de l’homme, auxquels nous sommes tous attachés. Faute de certitudes sur la méthode la plus efficace pour les faire progresser, celle-ci offre l’avantage de s’être exprimé. Mais, « est-ce utile » ?

Avec la diplomatie du velib’ (© Picy 2008), me vient une autre formule : « ces bonnes consciences que l’on polit sur l’infamie des autres me font horreur »[3];

2) On pourrait presque trouver, à leur grande stupeur, quelque parfum de néo-conservatisme, voire de néo-colonialisme, au messianisme dont certains font preuve;

3) On pourrait, aussi, faire observer aux protestataires de gauche – et en particulier au Parti Communiste Français, qui n’a pas eu le bon goût de se taire – (i) que le régime tunisien est socialiste et le régime chinois communiste (tout comme Cuba et la Corée du Nord) et (ii) qu’en fin de compte, les droits de l’Homme n’y évoluent qu’au rythme de leur ouverture aux échanges, qu’au rythme de leur… libéralisation.

4) On entend peu parler d’un projet, l’Union Pour la Méditerranée, que nul n’a été forcé d’accepter et dont on pourrait escompter quelque amélioration des droits de l’Homme dans ce pourtour méditerranéen, de la même manière que la construction européenne a apporté/consolidé la paix.

Reste, pour en revenir à Nicolas Sarkozy, que l’on s’étonne encore de la fréquence avec laquelle le débat revient. Deux raisons, peut-être : la première, évidente, est la rupture qu’il n’avait qu’à pas promettre, la seconde, hypothétique, serait que l’on trouve davantage de marchés à ouvrir dans les régimes autoritaires. Et Nicolas Sarkozy aurait, dit-on, la conviction que l’on jugera son quiquennat à ses résultats économiques…

On pourra dés lors envisager deux explictions, plus ou mois favorables à Nicolas Sarkozy, en ce qui concerne sa politique étrangère : soit l’absence de vision, soit l’absence de pédagogie.

Absence de vision non parce qu’il ne serait pas apte à en avoir une, mais parce que ce sujet serait en dehors de son champ de vision. Son intérêt premier réside dans l’état économique de la France… et tant mieux si la recherche de grands contrats se conjugue avec une vision réaliste de la politique étrangère. Le progrès par l’échange économique, l’ouverture, la libéralisation ont juste la bonne grâce de correspondre à sa nature profonde.

Absence de pédagogie parce qu’il enverrait des signaux brouillés : il afficherait tous les indices d’une politique que le bon peuple appelle de ses voeux parce qu’elle polit sa bonne conscience, tout en en appliquant une autre. C’est le discours rappelé en introduction, c’est Kouchner, c’est Rama Yade et son Secrétariat d’Etat dont l’affichage fait bien. Mais c’est une politique en laquelle il ne croit pas fondamentalement. Ce n’est d’ailleurs pas le seul domaine dans lequel il me semble possible de percevoir un discours de surface tenu pour le bon peuple médiatique que Nicolas Sarkozy ne suit guére, faute d’y croire. Une façon de gérer l’ingérable société mediatico-démocratique.

Malheureusement, le bon peuple démocratico-sondagier s’avère, ces derniers temps, modérément convaincu.

Alors, impopulaire pour impopulaire, ne devrait-il pas assumer un discours et une politique qui n’ont rien d’illégitimes ? Car, au bout du compte, ne serait-ce pas surtout ce décalage que les français[4] semblent sanctionner ?

  1. indéniablement améliorable []
  2. j’y ai furtivement et très légèrement goûté []
  3. H. de Saint-Marc. En l’occurrence, « horreur » est quelque peu excessif mais, s’il ne s’agit que de se polir la bonne conscience… []
  4. à tout le moins ceux qui sont sondés []

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61 commentaires

  • Superbe texte auquel j’adhère à 99%, d’autant que je suis très admiratif de la claivoyance d’un des seuls socialistes à avoir la carrure d’un homme d’état : Hubert Védrine.
    Le 1% est pour le courage de Sarkozy.
    Quand un homme va chez Arcelor en Lorraine pour dire que l’état à tout intétêt à remettre de l’argent dans l’entreprise pour la moderniser (vu encore hier par des millions de Français sur « C dans l’air »), plutôt que d’avoir à payer des chômeurs et que trois mois après il laisse tomber… le courage prend la forme de l’inconscience !

  • Mon cher Koz,

    Merçi de m’avoir accueilli dans ton blog de qualité.
    Qualité de tes papiers principalement, car tes « lecteurs » sont très « conventionnels » pour rester correct.
    Au revoir donc, puisque les blogs « contrôlés » me rappellent trop la Chine.
    Salut à toi !

  • A la politique du vélib’, pour faire plaisir aux gentils électeurs, selon toi, j’accoterai la politique du portefeuille, qui elle, fait plaisir aux amis.

    Faut-il boycotter les pays qui ne nous ressemblent pas ? Non, bien sûr, mais on peut tout de même effectuer un petit tri car dans les pays qui ne nous ressemblent pas il y a une vaste palette à l’extrémité de laquelle on trouve les Bongo, Kadhafi, Hu Jintao, Poutine et autres bienfaiteurs de l’humanité.
    Où s’arrête la nécessité de pincer un peu le nez ? Je dirai que c’est plus au niveau de la conscience personnelle que des intérêts économiques qui, de toutes façons, n’attendent pas les états d’âme des « politiques » pour faire leurs petites affaires.

  • « la diplomatie du velib’ (© Picy 2008) »,pour moi cela s’appelle démagogie; et concernant le résultat économique en fin de sep quinquennat je frémis à l’idée que la gauche revenant au pouvoir avec des slogans genre: » après cinq années de privations etc… etc… » elle ne mette pas six mois à ruiner toutes ces réformes pour ensuite, bien sûr accuser l’héritage, comme d’habitude.

  • En relativisant, en creusant on finit également par polir non « les bonnes consciences sur l’infamie des autres », mais une politique étrangère qui non seulement renie les principes autoproclamés que personne ne demandait mais pêche et moralement, et par son absence d’efficacité.

    Moralement, car pendant que non envoyons des ambassadeurs sucer la b. des dirigeants chinois et cracher sur Delanoë dans les quotidiens officiels chinois, tout cela pour défendre les interêts de Carrouf vaguement menacé par quelques centaines de connards nationalistes comme il en existe partout, Merkel a reçu le Dalai Lama et Brown attend sa visite. Quel besoin d’aller s’humilier ainsi ? Idem pour la Tunisie, Ben Ali n’en demandait pas tant à la tête de son camp de voleur.

    Et en terme d’efficacité : les chinois font parfaitement la différence entre la politique et le commerce – d’où les gestes de nos amis européens, qui osent séparer les choses, ce qui tranche largement avec nos atermoiements.

    Alors s’il faut que Delanoë fasse de la diplomatie Vélib, tant mieux pour nous ; s’il doit faire l’idiot utile alors qu’il ne fait, en sorte, que de reconnaître le Dalai Lama comme le leader qu’il est, merci à lui.

    Enfin bravo pour le retournement, l’argument du néocolonialisme plaira à Melenchon : s’il n’est pas possible de dire dignement ce qui nous pose problème tout en reconnaissant que les choses ne se font pas en un jour, cela revient aussi à nous renier nous même.

    Donc, oui c’est facile de donner des leçons, mais en l’espèce – du coté de sarko – y’a matière, je trouve.

  • « Et ce dernier semble rapporter de Chine quelques enseignements, relevant notamment que si “la Chine n’est pas une « démocratie occidentale », c’est une évidence qui n’échappe à personne, (…) l’esprit démocratique ne lui est pas, pour autant, indifférent. Le paradoxe n’est, en fait, qu’apparent puisque chacun sait que le développement économique et social repose in fine sur la liberté individuelle“. Il souligne aussi que l’amitié dont il a toujours fait preuve à l’égard de la Chine a pu lui permettre d’évoquer les questions des droits de l’homme et de la démocratie en face à face avec les plus hauts personnages de l’Etat… »

    Delanoë n’ a pas fait d’inimitié à la Chine en faisant citoyen d’honneur de Paris le Dalaï-Lama. la Droite n’ a pas fait de connerie en envoyant ses représentants en Chine.

    Basta.

    Article très interessant quand même !

    PS : « le développement économique et social repose in fine sur la liberté individuelle »

    La liberté individuelle est encadrée par un REGIME POLITIQUE.
    Les US sont différents de la France.
    La France est différente des US ( enfin… avant NS … du moins ).
    La France est différente de la Chine.

    Donc, on ne perd pas le nord svp.

  • Oh, Mélenchon, il est hors débat… Si tu savais comme je m’en fous…

    Quant à la distinction que feraient si bien les chinois, je crains que les appels au boycott des produits français ne soient pas le fait que de quelques centaines de personnes. Par ailleurs, bonne idée, la dissociation. Peut-être n’y parvenons-nous pas précisément parce qu’à chaque visite, on exige que de grandes déclarations soient faites sur les DDH ? Peut-être n’y arrivons-nous pas parce que la France est le phare de l’humanité, la patrie des droits de l’homme (c’est vrai : c’est chez nous qu’ils sont nés).

    Pour le reste, je ne te demande pas d’accorder à Raffarin le crédit que je lui accorde, mais je ne suis pas certain que la vulgarité soit indispensable pour paraître rebelle et populaire.

    Quant au Dalaï-Lama, tu penses sérieusement qu’il avait besoin du hochet de Delanoë ? Et tu crois sincérement que cette initiative a une once d’intérêt et d’utilité ?

    Merkel a reçu le DL ? Brown l’attend ? Oui. Nicolas Sarkozy aussi. Comme pour les deux autres, sa visite était prévue. En ce qui concerne la France, elle aura lieu pendant les JO.

    « Ben Ali n’en attendait pas tant »… Pas tant que quoi ? Les medias et les blogueurs objectifs-degauche (ceux qui refont Le Monde en blog) n’ont retenu qu’une phrase, oubliant de relever que le propos de Sarkozy supposait que le chemin est encore long.

    Et puis, hein, surtout, c’est pas un blogueur post-maoïste arborant l’étoile rouge qui va me donner des leçons sur les droits de l’homme en Chine !

    Ulpien : non.

  • Ce qui me dérange chez les donneurs de leçons de la gauche, c’est qu’ils semblent enfiler les vêtements de l’indignation pour mieux masquer leur inconsistance. Ils s’indignent, ils sont les bons, CQFD, ils n’ont donc plus rien à démontrer. Et en plus, ça marche, ils auraient tort de se priver…

  • Bonjour à tous tout d’abord, je constate que le décor a changé ! Si je peux me permettre, on sent un peu à l’étroit…

    Par ailleurs, c’est dingue comme tout le monde baigne dans ses certitudes ici ! Effigy répond complètement à côté de la plaque (au fait, ce sera 10 et pas 5 ans de bilan mon cher) tandis que Koz comme Delphine Dumont renchérissent sur les « donneurs de leçons » qui ne seraient qu’à gauche.

    Plusieurs points donc :
    – Le débat sur le Tibet traverse totalement les clivages. L’un des députés les plus actifs en matière de défense inconditionnelle du Tibet est Lionnel Luca, député (UMP) des Alpes-Maritimes, président du groupe parlementaire France-Tibet et qui, je vous assure, est loin d’être un « gôôchiste ». Luca a pour autant salué l’initiative de Delanoë. Comment vous dire, en matière d’alliance de la carpe et du lapin. De l’autre côté, Mélenchon et Raffarin partagent un peu les mêmes convictions, en ayant des deux côtés un discours pro-chinois absolument caricatural, que même l’Ambassade de Chine en France n’ose pas reprendre. Alors, ne simplifions un débat bien plus complexe que cela.

    D’ailleurs, le texte du conseiller du phoenix du Haut Poitou, sans doute l’un des grands exégètes des raffarinades, aurait pu être signé des deux mains par l’autre excité sénateur PCC de l’Essonne.

    – Sur le fond de la politique de Sarkozy, je partage assez certaines de vos analyses et vous êtes honnête en reconnaissant les promesses de campagne.
    Pour ma part (et malheureusement), je penche franchement pour l’amateurisme. On peut critiquer la politique étrangère de Chirac et de Mitterrand par exemple mais l’on savait identifié certains points saillants comme la politique arabe de la France, la politique africaine (ô combien critiquable), ou encore certains points plus précis comme l’attitude à l’égard de la Syrie (une belle connerie de Chirac, mais que l’on comprenait)… Aujourd’hui, on ne comprend plus rien :

    En Afrique par exemple, discours de Dakar effectivement scandaleux, on essaie de contrebalancer par les déclarations de Bockel (justes) sur la Francafrique. On parle ensuite de renégociation des accords militaires puis on vire Bockel, on envoie Guéant et Joyandet faire les bons toutous devant Bongo tout en livrant du matériel au Tchad. On discute avec la Syrie (Levitte et Guéant) puis on ne discute plus… C’est le flou, l’improvisation, la cacophonie qui dominent. Et ne revenons pas sur la Chine, où je suis persuadé que les atermoiements ridicules des autorités ont contribué à envenimer le débat (à quoi sert le politique aussi sinon de catharsis collective ?) et à exposer, en définitive, davantage la France (qui avait une position mesurée) que les autres pays (qui avaient une position plus dure).

    Ensuite, sur la « bonne conscience » Koz que chercherait via Sarkozy le peuple français, je crains malheureusement que ces mauvais sondages que vous évoquez n’ont pas grand chose à voir avec la politique étrangère…

    Enfin, je suis toujours stupéfait par cette assertion sur les « grands contrats » que je lis souvent y compris dans les journaux dits de « droite » ou en tout cas libéraux. Pour prétendre connaitre un tout petit peu la question, et d’ailleurs tout le monde peut s’en apercevoir en creusant un peu, l’Etat a effectivement un rôle à jouer dans ces grands contrats. Mais non seulement ils ne représentent pas une source de croissance interne réelle (pour la France : les gains en termes d’emplois, sont souvent minimes), mais en outre ce n’est certainement pas parce que vous allez dire que l' »espace des libertés a progressé en Tunisie » que votre espace commercial va s’amplifier.

  • Je vais commencer par les néocons: un beau jour de 1996 dans les colones du Washington Post, Billy Kristol, éminent membre de ce groupe et fils de « père fondateur » du néoconservatisme a déclaré « Il y a eu […] trop de bienveillance à l’égard du «peuple», après tout, nous sommes du côté des seigneurs et des barons […] nous remontons le pont-levis face aux paysans »
    Koz, franchement, tu crois que des types pareils, qui rêvent tout haut de « présidence impériale », qui affirment que le président des USA (à la condition qu’il soit de droite) se doit de posséder des « pouvoirs quasi-dictatoriaux » (sic) ont quelque chose à voir avec la démocratie? Ils n’ont jamais voulu apporter la moindre démocratie au moyen-orient: ils ont « juste » souhaité remplacer des dictateurs en place par d’autres dictateurs plus soumis à leur volonté, tout en utilisant les guerres qu’ils voulaient déclencher comme instrument de propagande électorale: bonjour le progrès.

    En fait, ce qui définit surtout le néo-conservatisme, c’est un mélange d’élitisme exacerbé et de malhonnêteté record. On ne peut même pas les classer à gauche ou à droite, étant donné que dans leur vision du monde, les discours politiques ne sont que des contes de fées, des instruments de contrôle du peuple, tenu à l’écart des décisions prises par les « seigneurs et barons ».

    Mais le pire, c’est que cette vision du monde est extraordinairement proche de celle de régime du PCC: que ce soit l’idée de Mao selon laquelle le monde et ses habitants appartiendraient à un petit groupe de « Grands Héros » ou le développement « scientifique et harmonieux » de Hu Jintao, on a à la base la même logique: un petit groupe d’hommes de pouvoir décrètent que le commun des mortels est intellectuellement inapte à la pensée politique et que seul le petit groupe de surdoués auto-proclamés est apte à diriger la plèbe.

    Cela fait 60 ans que la Chine est dirigée par les néocons, aussi il n’y a aucune incohérence à voir ceux qui ne supportent pas les néocons US avoir les mêmes difficultés à supporter leurs prédécesseurs chinois.

    De fait, la Chine n’a jamais été dirigée par des zélotes du marxisme-léninisme (Mao s’est appliqué à se débarrasser de ceux là très tôt), mais par une aristocratie corrompue, qui dévore plus de la moitié de la croissance du pays pour son propre profit, et dont le but premier est de se survivre. Le développement économique et social de la population chinoise n’est pas, n’a jamais été, et ne sera jamais le but de la mafia des héritiers de Mao: il existe (comme c’était le cas en URSS) une antinomie entre la caste dirigeante et le reste de la population: si la première prospère, la seconde soufre, si la seconde progresse trop, la première est certaine de perdre son pouvoir, son rang, son confort. Tout ceci n’a rien à voir avec la pensée de Confucus ou le « holisme » (notion imaginée par un premier ministre d’Afrique du Sud adepte de l’apartheid et de la suprémacie européenne, c’est dire si elle a à voir avec la culture chinoise…) cher à miss Delsol (qui néglige d’ailleurs le nombre important de grèves, de manifestations, voir d’émeutes, souvent réprimées dans le sang, qui se multiplient en Chine: les meutes tibétaines ne sot d’ailleurs que la partie émergée, médiatisée, de l’Iceberg).
    Or, dans cette affaire, Raff et consort ont clairement cherché à complaire à la classe dirigeante, et certainement pas à la Chine en temps que peuple, Ce n’est pas faire là preuve d’amitié envers la Chine: au contraire, il s’agit là de faire clairement comprendre aux dirigeants chinois qu’entre eux et leur peuple, le gouvernement français avait, à l’encontre de sa propre opinion publique, clairement choisi le camp des « seigneurs et barons ».

    Quant à la « diplomatie vélib », à l’heure actuelle, ce n’est pas Delanöe qui la pratique, mais Sarko himself.
    Le titre de citoyen d’honneur donné au Dalaï-Lama, c’est un hochet?
    Alors dis moi: le diplôme de littérature honorifique que Harvard décerna à Soljenitsyne, c’est un hochet?
    Faire de Salman Rushdie un commandeur de l’ordre des arts et des lettres, ou l’anoblir comme le fit la reine d’Angleterre c’était des hochets?
    Il ne s’agissait pas là seulement de récompenser des auteurs pour leurs œuvres, mais de faire des symboles, d’envoyer des messages à des régimes qui avaient pris pour cible ces individus, de montrer que le pays qui les félicitait ne se soumettait pas aux diktats d’une tyrannie et ne se montrerai pas complaisant juste pour permettre à ses dirigeants de garder la face.
    Par contre, partir à Tunis faire un discours édulcoré correspond au contraire tout à fait à la description de la « diplomatie vélib »: la cible du discours est le public français, pas le régime Tunisien, qui prendra les minuscules piques du discours comme une concession à accepter de bonne grâce pour que le « partenaire » français garde la face. Heureusement, cela n’a pas fonctionné, aussi, la terre entière parlera d’un air entendu de la faiblesse de caractère du président, mais n’en tirera pas la conclusion que la population française est à son image.

  • Il y a un élément que je voudrais souligner dans notre positionnement par rapport à un pays comme la Chine.

    Quand les bonnes consciences, façon vélib, comprendront-elles que pour être audible, il faut que notre pays soit nettement en meilleure santé économique ?

    Nos marges de manœuvre et notre latitude à pouvoir faire partager notre idéal – Les droits de l’homme – dépendent, à mon sens, de notre aptitude à créer de la vigueur et de la solidité dans l‘économie de notre pays.

    Tant que notre pays sera plombé par nos modes d’organisation trop inadaptés à la mondialisation, alors se positionner comme B. Delanoé sera, non seulement, sans intérêt, ni utilité, mais aggravera notre impuissance à affirmer notre tradition humaniste.

    Faisons d’abord le choix de ne pas être vulnérable, comme nous le sommes économiquement, alors nous serons plus efficaces pour dire à La Chine qui nous sommes. Ainsi nous aurons les moyens de notre ambition. Nous deviendrons, je pense, un interlocuteur qui comptera et qui, de cette manière, aura beaucoup plus de chances d’être pris en compte.

    ps: je ne suis une spécialiste, loin de là de l’économie. Mais c’est ainsi que je vois les choses.

  • Cette formule de diplomatie, la diplomatie du velib mériterait d’être popularisée comme « président bling-bling » a été popularisé et a fait mouche dans l’opinion. Elle est tellement vraie dans les faits et dans la conception idéologique de la diplomatie que la gauche pronne quand elle est dans l’opposition.

    Cela dit Sarkozy s’est largement exposé et a tendu le baton pour se faire battre, premierement en campagne avec des phrases tres fortes sur ces sujets mais surtout dans la composition du gouvernement avec uns ecrétariat d’Etat aux droits de l’Homme qui ne sert à rien objectivement (je veux pas dire que R.Yadé ne sert à rien mais que le fait même de faire un secretariat aux droits de l’homme ne sert à rien, comme si demain on faisait un secretariat à la realpolitik pour compenser) mais surtout en ayant choisi Kouchner comme ministre des affaires étrangères, le chantre du droit d’ingérance, de cette diplomatie droits de l’hommiste. Si Sarkozy voulait faire l’ouverture sur ce sujet, il aurait largement du prendre Védrine, personnage bien plus consistant et qui aurait défendu les intérêts de la France au prix d’une politique réaliste et sans la mascarade médiatique À chaque déplacement à l’étranger et sans le cirque médiatique et les attaques permanentes de Libération. Des fois, certaines personnes représentent, font corps avec la politique qu’il pronne et ne sont pas séparables des idées qu’ils ont défendu, c’est pourquoi il y a un tel décalage avec Kouchner entre ce qu’il fait et ce qu’il « est ».

    Et puis, un dernier mot sur le style des réactions que suscitent le président. Le président est un personnage qui fascine tellement que les réactions ne sont plus normales. Harcelement permanent de la part des médias et de la gauche sur tous les sujets, pas une journée sans que le présient soit attaqué, remis en cause, tout y passe, tout est de sa faute ou à cause de lui, on en revient toujours à lui sur tous les sujets. Comme si le président avait lancé et gagné un défi contre la gauche, la bataille des médais et des salons parisiens censés faire l’opinion, qu’il a gagné la présidentielle grace à cela (pas que mais cela y a joué) et maintenant, la gauche veut sa revengeance, veut laver l’affront subie dans ces domaines.

  • sarkozy ne pouvait prendre vedrine comme ministre des affaires étrangères car au delà des personnalités, des images, il y ales idées: vedrine est un défenseur intransigeant du monde multipolaire, kouchner comme sarko, une partisan d’un alignemeny beaucoup plus constant sur les USA…

    la presse écrite de gauche attaque sarko.. c’est normal, c’est son travail, celui-ci le lui rend bien, cf son comportement avec laurent joffrin, lors de la conférence de presse de janvier, mais il y a aussi des médias bien partisans pro sarko comme le figaro, figmag…le plus gros tirage des quotidiens,
    et le média le plus puissant TF1, sans compter elkabach, patron d’europe1, pas vraiment un ennemi…

  • ayant lu avec beaucoup d’intérêt votre billet, je rejoins pleinement votre conclusion, que Sarkozy gagnerait à épouser.
    j’ai remarqué, chez les machines à s’indigner et leurs hauts parleurs inlassables, la mémoire sélective dont ils font preuve quand il s’agit de retranscrire ce qu’a dit Sarkozy; On focalise systématiquement sur un bout de phrase choc, répétée en boucle et séparée du contexte. amis de l’objectivité, bonjour!
    billet plein de sagesse et merci de nous citer le clairvoyant Védrine.

  • Koz, je ne pense pas à une absence de vision, ni à un manque de pédagogie. Pendant la campagne électorale il a souvent parlé d’un G8 qui devrait s’élargir à la Chine.
    NS ne suit aucune idéologie, c’est un pragmatique, un négociateur qui ne cherche ni à dominer, ni à donner des leçons à son partenaire du moment, mais à traiter d’égal à égal, quelque soit la puissance ou pas de celui-ci et les griefs du moment.
    Il désarçonne probablement considérablement les adeptes de la grandiloquence franchouillarde, hypocrites aux envolés lyriques de façade mais qui négocient en cachette.
    C’est comme sa vie privée affichée honnêtement sans fard alors que les français sont habitués à « pour vivre bien, vivons cachés » …
    Ce pragmatisme et cette honnêteté me séduit, mais probablement suis-je d’une nature et d’une éducation plus proche des anglo-saxons que de beaucoup de français …

  • Cher Francis, toujours ce même souci pédagogique en toute objectivité…

    Mais qu’est-ce donc qu’une presse de gauche ?
    Si un journaliste exprime une opinion politique et non un fait, qu’il le dise sans ambiguïté, mais ce n’est pas le cas, la grande majorité des journalistes comme la grande majorité des enseignants sont imprégnés par une culture de gauche qui n’est pas remise en cause et qui devient la  » vérité étalon  »
    et aux journalistes s’ajoutent tous les animateurs-commentateurs qui sévissent à la télé et qui se prennent pour l’élite intellectuelle.

    N.Sarkozy fait donc l’objet d’attaques tous azimuts comme aucun président avant lui.
    Soit…

    Ce qui me dérange plus, c’est la tiédeur de ceux qui pensent que la voie qu’il choisit est la seule possible, que les réformes qu’il entreprend sont nécessaires.
    Est-ce ce caractère bien français qui consiste à critiquer ce qui ne va pas et à oublier le but et le temps nécessaire pour l’atteindre ?
    Il doit y avoir également quelque chose de très français dans la propension à donner des leçons aux autres.

    Ah ! le Tibet, le dalaï-lama, les chinois…
    Ce qui est super aujourd’hui, c’est que n’importe qui, moi y compris, peut donner son avis sur n’importe quel sujet qu’il ne connait pas ou si peu.

  • Concernant la Tunisie et les reproches fait à NS concernant son discours par tous les « bien-pensants gauchistes », je m’interroge ! Car ce pays est le lieu privilégié de vacances et villégiature de beaucoup de bobos-gauchos-caviar ! Delanoë y possède une magnifique demeure, Marie-Ségolène Royal,(tout de suite après l’élection présidentielle) l’a choisi comme destination de vacances etc..
    Personnellement, je trouve extrêmement indécent d’aller faire du farniente dans les palaces luxueux d’un pays qui ne respecte pas les droits de l’homme, mais nous ne sommes pas à une contradiction près…

    Hors sujet, mais en réponse à Niko :
    effectivement Nicolas Sarkozy est responsable de tout ! Voici ce que j’ai entendu de mes propres oreilles dernièrement :
    dans ma petite ville, une dame s’est fait attaquer par un dogue argentin, tenu en laisse mais dont la maîtresse n’a pu maitriser la force ; le chien s’est jeté sur la dame la faisant tomber et la mordant cruellement au bras ; j’ai accompagné cette personne à la mairie afin de demander au maire quel arrêté il comptait prendre suite à cet accident ; il s’est mis en colère et nous a dit :
    « Tout ça, c’est la faute à Sarkozy, il nous oblige avec ses logements sociaux à faire venir n’importe qui dans le village ! » Les bras m’en sont tombés, car le maire (ancien prof) est de gauche.
    On en revient au sujet : entre leurs utopies et la réalité…

  • @carredas

    Cher Francis, toujours ce même souci pédagogique en toute objectivité…

    merci de le reconnaître…

    N.Sarkozy fait donc l’objet d’attaques tous azimuts comme aucun président avant lui.
    Soit…

    d’autres ont été aussi largement critiqués:
    NS par son attitude « décomplexée » , volontiers agressive verbalement, s’attire des réponses à sa hauteur…

    j’ai aussi l’impression qu’il ne manque pas de suppôts, pardon de supporters dans sa majorité, dans la presse, et même parmi ses adversaires politiqies d’hier, voire d’aujourd’hui pour le défendre (lang dernièrement)…
    je ne le vois pas comme un agneau esseulé au milieu de la meute de loups…
    que ses phrases maladroites soient relevées c’est la loi du genre…mais la presse n’est pas trop dure: il a menti en disant qu’il n’avait pas employé le terme collaborateur pour fillon, cela a été à peine noté, il a dit que jospin avait fixé lui-même son traitement: démenti clair de celui-ci, peu repris…
    l’histoire de l’inscription tardive sur la liste électorale, qui dans d’autres pays aurait fait le bonheur de la presse: éteignoir, etc…

  • @mary

    Personnellement, je trouve extrêmement indécent d’aller faire du farniente dans les palaces luxueux d’un pays qui ne respecte pas les droits de l’homme, mais nous ne sommes pas à une contradiction près…

    si delanoe et Sr boycottaient la tunisie, notrea liiée traditionnelle, j’en connais à droite qui ne manqueraient pas de dénoncer vigoureusement cette politique un comportement antidémocratique (ben ali est élu), contraire aux intérêts de la France, etc…

  • Personnellement je suis plutôt un adepte de la realpolitik, et les déclarations enflammées sur les droits de l’homme pendant la campagne m’avaient gênées, car c’était s’exposer au genre de situations et de renoncements que l’on voit actuellement. Surtout que dans les actions de Sarkozy, il y a des excès qui n’étaient pas utiles, comme les félicitations à Poutine ou la longueur du voyage de Kadhafi.

    Au bout du compte, j’aimerais que l’on ait pas besoin de se servir de l’expression « la France, pays des droits de l’homme » pour se prouver quoi que ce soit. Déjà parce que les droits de l’homme sont universels, d’autre part par ce que ce n’est pas en criant dans les oreilles chinoises qu’ils suivront mieux le chemin que l’on souhaiterait pour eux, ça a plutôt tendance à les rendre sourds.

    si delanoe et Sr boycottaient la tunisie, notrea liiée traditionnelle, j’en connais à droite qui ne manqueraient pas de dénoncer vigoureusement cette politique un comportement antidémocratique (ben ali est élu), contraire aux intérêts de la France, etc…

    Eh bien qui aurait cru que Delanoë et Royal sacrifiaient la cohérence de leurs discours et de leurs actes pour faire plaisir à la droite ?

  • @Fx_Perreti

    tandis que Koz comme Delphine Dumont renchérissent sur les “donneurs de leçons” qui ne seraient qu’à gauche.

    J’ai expliqué ce qui me dérangeait chez les donneurs de leçons de gauche, je n’ai pas dit qu’il n’y en avait qu’à gauche. Les certitudes inébranlables des donneurs de leçons de droite m’agacent énormément, mais au moins, ça ne donne pas ce sentiment de masquer un vide, d’occuper un espace en friche. C’est pour cela que je n’ai mentionné que les donneurs de leçons de gauche.

    Merci de ne pas me faire dire des choses que je ne dis pas. ; )

  • la presse écrite de gauche attaque sarko.. c’est normal, c’est son travail,

    Tiens , c’est curieux, je croyais que le travail de la presse, écrite, audio et visuelle était de nous informer.
    Suis je bête tout de même !
    Leur travail n’est pas de nous informer, mais de nous désinformer en attaquant l’opposant, même s’il a raison !

    Avec cette précision, je comprends mieux pourquoi je ne m’y retrouve pas dans ce que je croyais être des informations.
    Je sentais bien qu’il y avait manipulation quelque part. Mais je pensais être un chouïa parano.
    Eh bien , non.
    je n’avait pas compris le profil de poste des journalistes ( je généralise, car des journalistes de droite, il n’y en a pas des quantités, ce sont eux même qui le disent d’ailleurs? mais je n’ai pas le courage de rechercher le lien)
    Merci Francis

  • Bon (avec retard) : Sarkozy va recevoir le DL ? Tant mieux ! Alors pourquoi envoyer Raffarin cracher dessus dans un journal de propagande chinois ?

    Sur le boycott, il semble bien que ce ne soit pas sérieux (cf http://www.nytimes.com/2008/05/02/world/asia/02china.html?_r=1&hp&oref=slogin ). Mais peu importe : le vrai probleme, c’est « sommes nous des donneurs de leçon ou pas », et « pouvons nous nous permettre de l’etre ? »

    Si l’on donne des leçons, c’est bien parce que cela influe sur le gouvernement chinois. Pour atteindre la respectabilité qu’il cherche, il est obligé de faire des concessions sur ce point ; parfois ce sont les plus voyantes et surtout des symboles, comme tel ou tel dissident qu’on libere de prison, mais au fond toute les fois que ça coince la dessus du fait des donneurs de leçons, on favorise une amélioration de la situation car la répression doit prendre en compte son impact sur la scene internationale. Donc, ouvrons là – et laissons d’ailleurs nos amis chinois nous donner des leçons sur la Corse, aucun pb.

  • 2) On pourrait presque trouver, à leur grande stupeur, quelque parfum de néo-conservatisme, voire de néo-colonialisme, au messianisme dont certains font preuve;

    Tiens, j’ai pensé à Kouchner, en lisant ça moi. Le Kouchner d’avant, hein, celui qui disait pas « Monsieur » à la fin de chacunes de ces phrases.

    Une question, les gars les filles, laisser sa secrétaire d’état au droits de l’homme poser des conditions à sa présence à la cérémonie d’ouverture pour les nier ensuite, c’est de la démocratie :
    a – utile ?
    b – pragmatique ?
    c – intéressante ?
    d – assumant avec dignité la grande tradition diplomatique française ?
    (sondage opinionway)

    (L’est tout beau vot’ blog Koz, bravo)

  • Cette affaire me laisse des sentiments mitigés. Qu’on aille s’excuser auprès des Chinois, c’est une chose. Reconnaissons tout simplement que l’image de l’athlète handicapée assaillie par les manifestants était indéfendable. Que Delanoë se fasse une bonne conscience à peu de frais, ce n’est pas glorieux. Pour le parallèle avec le Vélib, bof: où donc voyez-vous un rapport ?

    Là où je ne suis plus d’accord du tout, c’est avec ceci:

    « Au fond, la spécificité de l’Occident, ce n’est pas la défense des droits de l’homme, mais la défense des droits de l’homme comme individu. Et les convictions anthropologiques chinoises, et aussi musulmanes d’une autre manière, sont enracinées dans le holisme, ou vision de la société comme communauté : l’individu n’y existe vraiment comme valeur que dans son groupe, sans lequel il perd sa signification. Les Occidentaux ont une tendance, pernicieuse et sotte, à mettre dans le même sac le holisme et le totalitarisme : ils sont si obsédés par l’individu souverain qu’ils confondent un homme inscrit dans sa communauté et un homme dénaturé.”

    Je suis surpris de voir Koz reprendre ce genre de verbiage à son compte. Sous des termes pseudo-scientifiques dont l’auteur abuse jusqu’au non-sens (le holisme « vision de la société », ou, encore plus fort, les « convictions anthropologiques »… plus c’est gros, plus ça passe), se dissimule à grand-peine une classique opération de relativisme. Ces gens-là sont si différents de nous, vous comprenez, ma bonne dame, les droits de l’individu pour eux ça ne veut rien dire… Ben voyons. Allez dire ça aux journalistes emprisonnés et aux manifestants tibétains condamnés à perpète. Soyez contents les gars, c’est pour le bien de la communauté dans un esprit holistique de compréhension entre les cultures !

    Non, inutile de rajouter une couche de cirage sur les bottes du gouvernement chinois en allant lui chercher des justifications tirées par les cheveux. Une position pragmatique, style Védrine, suffit largement. Bon, ça oblige Sarkozy à manger son chapeau, mais sur ce thème-là, il n’est pas le premier et sans doute pas le dernier (à retenir si jamais Delanoë parvient à l’Elysée).

  • @tara

    Tiens , c’est curieux, je croyais que le travail de la presse, écrite, audio et visuelle était de nous informer.
    Suis je bête tout de même !
    Leur travail n’est pas de nous informer, mais de nous désinformer en attaquant l’opposant, même s’il a raison !

    personnellement il ne m’avait pas échappé qu’il y avait des médias de droite tant dans la partie éditoriale que dans la présentation de l’information (titre, hiérarchisation…) que même, insidieusement, parfois, dans le contenu même de l’info…

    quant au terme diplomatie du velib, elle est plutôt celle d’un opposant parisien en mal d’idées (et qui se trompe de cible, le velib est un succés plébiscité…) qu’une vraie percéee conceptuelle, avec toujours cette tentative dérisoire d’opposer parisiens et banlieusards…

  • personnellement il ne m’avait pas échappé qu’il y avait des médias de droite tant dans la partie éditoriale que dans la présentation de l’information (titre, hiérarchisation…) que même, insidieusement, parfois, dans le contenu même de l’info…

    Bien sûr, cela ne m’a pas échappé non plus, figurez vous.
    Prenez donc la peine de me lire jusqu’au bout, même si je suis, encore au bout d’un an, une « sarkolâtre », ou plutôt une « sarkophile » ou une « sarkozette » qui néanmoins reconnaît ne pas aimer à 100% ce que fait mon « héros »! ( référendum sur l’entrée d’autres pays dans l’EU par ,exemple et le recul fréquent devant l’opposition conservatrice)
    ci dessous ce que j’avais écrit:

    je n’avait pas compris le profil de poste des journalistes ( je généralise, car des journalistes de droite, il n’y en a pas des quantités, ce sont eux même qui le disent d’ailleurs? mais je n’ai pas le courage de rechercher le lien)

    Vous écrivez :

    si delanoe et Sr boycottaient la tunisie, notre alliée traditionnelle, j’en connais à droite qui ne manqueraient pas de dénoncer vigoureusement cette politique un comportement antidémocratique (ben ali est élu), contraire aux intérêts de la France, etc…

    Voyez vous, les critiques sur SR, n’ont pas été aussi relayées que cela, encore aujourd’hui, tant sur la justice chinoise, que sur sa condamnation pour non paiement des salaires de ses employées, que du montant des voyages qu’elle s’est offert – ou plutôt fait offrir aux frais de sa région, pour celui en Inde – à l’étranger !
    Je ne sais pas si SR fait de la diplomatie « vélib », mais il lui manque le permis A (code de la route)!
    Très proche du milieu bouddhiste( bien que chrétienne), j’ai l’impression que le Dalaï Lama (qui viendra en France cet été, mes amis ont retenu leur place depuis près d’un an), je pense que la base est désorientée, entre leur désir de voir boycotter les jeux olympiques pour défendre leurs amis tibétains et le respect qu’ils ont de la parole de leur représentant religieux qui ne veut pas du boycott.
    Lorsqu’on se penche un peu sur la profondeur de la philosophie bouddhique, on est bien loin de la diplomatie vélib.
    On est beaucoup plus proche de la notion de karma, dharma,et travail sur la suppression des causes de la souffrance : l’ignorance. Ignorance due à l’ensemble de nos croyances philosophiques, de nos croyances religieuses, de nos vues et de nos opinions; à l’ensemble de nos attachements, de nos désirs, de nos fascinations;à notre orgueil, à la colère.

    Le Bouddha donne le chemin à suivre, grâce à ce qu’il appelle LES QUATRE NOBLES VÉRITÉS
    – Pensée juste; renonciation, bonne volonté et absence de cruauté.
    – Paroles justes; ne pas mentir, ne pas calomnier, éviter les paroles méchantes et le commérage
    – Action juste;
    – Moyen d’existence juste;
    – Effort juste
    – Attention juste
    – Concentration juste
    http://www.buddhaline.net/spip.php?article696
    http://www.buddhaline.net/spip.php?article375

    La plus complète tolérance est pratiquée envers toutes les religions et philosophies, car nul homme n’a le droit d’intervenir dans la marche de son prochain vers le but.

    http://www.buddhaline.net/spip.php?article235

    Le Bouddhisme […]considère l’homme comme seul créateur de sa vie présente et seul ordonnateur de sa destinée.

    ibid

    Le lendemain, 17 octobre, Samdhong Rinpoche donna une conférence de presse au Bureau du Parlement européen, à Paris. On lui posa cette question :
    Rinpoche, pensez-vous que la compassion puisse désarmer la Chine et sauver le Tibet ?
    Samdhong Rinpoche : Oui, si les Tibétains arrivent à développer en eux une compassion authentique. Si les majorité des Tibétains avaient de la compassion pour les Chinois, après trois mois on verrait une évolution positive. Mais c’est très difficile. Le peuple tibétain a énormément souffert, de multiples façons. Notre cœur a été meurtri très profondément. C’est un effort extrêmement difficile auquel Sa Sainteté le Dalaï-Lama nous exhorte continuellement.

    http://www.buddhaline.net/spip.php?article56
    Cet article date de…8 ans. Là, le rinpoché parlait de trois mois, en précisant que le temps était … approximatif !

    J’ai, depuis le début, soutenu l’idée que la Chine devrait avoir l’occasion de recevoir les Jeux Olympiques. Comme de tels événements sportifs internationaux, et spécialement les Jeux, mettent en avant les principes de liberté d’expression, d’égalité et d’amitié, la Chine devrait prouver la qualité de son accueil en accordant ces libertés. C’est pourquoi, en envoyant ses athlètes, la communauté internationale devrait rappeler ces devoirs à la Chine.

    Discours du D Lama le 10 mars 2008

    Que je sache, JP Raffarin, malgré ses raffarinades ( en réf à certains com ci dessus ) été dans le sens du D Lama.
    Tout en rappelant ses devoirs à la Chine, il a tenté de renouer le dialogue.
    Cessons de raisonner en occidentaux.
    Chacun voit, et surtout vit, la souffrance différemment.
    Bien sur soutenir les Tibétains, mais en comprenant leur façon de le faire, en comprenant leur ambivalence aussi, face à cette souffrance.
    Que la Chine en profite est une évidence. Néanmoins, je ne suis pas certaine qu’un pays oriental utilise les mêmes méthodes pour parvenir à ses fins.
    Rappelons nous les arts martiaux : utiliser la force de l’adversaire pour le mettre à terre, utiliser son agressivité pour le faire plier.
    Peut être, plutôt que de prendre un vélib quand il en reste d’utilisable à l’endroit précis où on en a besoin- soit dit en passant Paris n’a pas innové, mais a plutôt copié la province – faudrait il réapprendre le maniement de ces arts martiaux?

  • Je ne vais pas me faire d’amis mais… sur la « diplomatie du velib' », je ne sais pas si vous manquez d’humour ou de capacité d’abstraction.

    Il n’est évidemment pas question, ni dans mon esprit ni très certainement dans celui de Jean-Pascal, de prétendre que le vélo parisien et les émeutes au Tibet, c’est le même sujet.

    C’est une formule, que je trouve en elle-même amusante, et dont le fond me paraît assez exact. Dans chacun des cas, l’initiative remporte un franc succès à l’interne (Paris pour le Velib’, la France pour le Dalaï-Lama) mais elle fait bon marché de la complexité du sujet. Et aux marges des préoccupations du Maire de Paris, les pbs s’accumulent. Le velib’ est agréable, il fait plaisir aux parisiens, fait plaisir aussi aux bobos, tout comme l’indignation exacerbée sur le sujet du Tibet.

    Qu’on se comprenne bien : je ne suis pas en train d’affirmer qu’il ne faille pas protester ni « s’émouvoir » de ce qui intervient là-bas, mais comme souvent, j’ai un peu de mal avec les réactions trop unanimes, trop consensuelles. Trop souvent, elles masquent la réelle complexité du sujet.

    __

    Guillermo,

    Bon (avec retard) : Sarkozy va recevoir le DL ? Tant mieux ! Alors pourquoi envoyer Raffarin cracher dessus dans un journal de propagande chinois ?

    T’as toujours ton étoile rouge sur ton blog ? C’est ton badge de solidarité avec les Tibétains ?

    Sinon, Raffarin n’a pas à proprement parler cracher sur le Dalaï-Lama [et qui a une certaine liberté d’expression, au demeurant], il dit qu’il est à la tête d’un système féodal et que nous devrions prendre davantage en compte les données du pb dans sa globalité.

    Raffarin écrit la même chose que Mélenchon ? C’est clair, ça interpelle. Maintenant, l’essentiel est plutôt de savoir s’ils ont tort ou raison. Ce n’est pas une critique que je connaissais, et je ne suis pas un expert en Histoire tibétaine. Mais ça vaut la peine d’être vérifié.

    Si l’on donne des leçons, c’est bien parce que cela influe sur le gouvernement chinois.

    Je voudrais simplement en être sûr. Et je pense qu’il y a des nuances, des graduations dans la réponse.
    ____

    Gwynfrid,

    Je suis surpris de voir Koz reprendre ce genre de verbiage à son compte. Sous des termes pseudo-scientifiques dont l’auteur abuse jusqu’au non-sens (le holisme “vision de la société”, ou, encore plus fort, les “convictions anthropologiques”… plus c’est gros, plus ça passe), se dissimule à grand-peine une classique opération de relativisme. Ces gens-là sont si différents de nous, vous comprenez, ma bonne dame, les droits de l’individu pour eux ça ne veut rien dire… Ben voyons. Allez dire ça aux journalistes emprisonnés et aux manifestants tibétains condamnés à perpète. Soyez contents les gars, c’est pour le bien de la communauté dans un esprit holistique de compréhension entre les cultures !

    Désolé que « holisme » et « anthropologie » vous dépassent (ce que je ne crois pas, au demeurant). Il faut parfois utiliser des concepts. A tout le moins, si l’on cherche sincèrement à comprendre.

    En l’occurrence, lisez son papier : elle ne donne pas de blanc-seing au régime chinois. Elle précise bien, également, que l’on peut chercher à influencer des régimes de cette sorte, mais que le boycott n’est pas une solution qui lui paraît adaptée.

    ____

    Fx_Perretti

    Par ailleurs, c’est dingue comme tout le monde baigne dans ses certitudes ici ! Effigy répond complètement à côté de la plaque (au fait, ce sera 10 et pas 5 ans de bilan mon cher) tandis que Koz comme Delphine Dumont renchérissent sur les “donneurs de leçons” qui ne seraient qu’à gauche.

    Je suis sûr qu’avec un peu de concentration, vous seriez tout à fait le genre de types capables d’éviter ces introductions systématiquement négatives et péremptoires. Notez que vous ne m’avez pas spécialement donné l’impression, jusqu’ici, de quelqu’un qui manquerait de certitudes préétablies. Donc, voyez, évitez ce genre d’intros, ça éviter à tout le monde de se répondre inutilement sur le même ton.

    mais en outre ce n’est certainement pas parce que vous allez dire que l’”espace des libertés a progressé en Tunisie” que votre espace commercial va s’amplifier.

    ni en leur disant qu’ils ont du chemin à parcourir dans le respect des droits de l’homme.

    _______

    Laurent Weppe,

    Mais le pire, c’est que cette vision du monde est extraordinairement proche de celle de régime du PCC: que ce soit l’idée de Mao selon laquelle le monde et ses habitants appartiendraient à un petit groupe de “Grands Héros” ou le développement “scientifique et harmonieux” de Hu Jintao, on a à la base la même logique: un petit groupe d’hommes de pouvoir décrètent que le commun des mortels est intellectuellement inapte à la pensée politique et que seul le petit groupe de surdoués auto-proclamés est apte à diriger la plèbe.

    Cela fait 60 ans que la Chine est dirigée par les néocons, aussi il n’y a aucune incohérence à voir ceux qui ne supportent pas les néocons US avoir les mêmes difficultés à supporter leurs prédécesseurs chinois.

    Que des néo-cons et les communistes chinois partagent un même mépris pour le peuple, ce qui reste à prouver, ne ferait de toutes manières pas des communistes chinois des néo-conservateurs.

    Votre petit sophisme est peut-être rassurant, en ce sens qu’il permet d’identifier les méchants et les gentils – les méchants communistes chinois se retrouvant, par un étonnant miracle, assimilés aux américains honnis – mais il finit par exhaler un parfum d’Axe du Bien / Axe du Mal. La différence entre vous et Bush étant la répartition des uns et des autres dans les divers axes.

    ______

    Véronique,

    Faisons d’abord le choix de ne pas être vulnérable, comme nous le sommes économiquement, alors nous serons plus efficaces pour dire à La Chine qui nous sommes. Ainsi nous aurons les moyens de notre ambition. Nous deviendrons, je pense, un interlocuteur qui comptera et qui, de cette manière, aura beaucoup plus de chances d’être pris en compte.

    De prime abord, j’ai trouvé que votre raisonnement mêlait à tort économie et DDH. Mais, en fin de compte, il est plutôt réaliste de constater que l’on est d’autant plus convaincant que l’on est économiquement puissant.

    Dans le meilleur des mondes, le plus convaincant devrait être le plus pertinent. Mais tant que nous vivrons dans le monde réel, il faudra faire avec, effectivement.

    _______

    Pascale,

    j’ai remarqué, chez les machines à s’indigner et leurs hauts parleurs inlassables, la mémoire sélective dont ils font preuve quand il s’agit de retranscrire ce qu’a dit Sarkozy; On focalise systématiquement sur un bout de phrase choc, répétée en boucle et séparée du contexte.

    Oui, effectivement, on extrait une phrase et on s’indigne. Il faudrait d’ailleurs que je lise le discours de Dakar, qu’il est un peu trop facile de présenter comme évidemment scandaleux.

    On en a eu une autre illustration sur le propos de Nicolas Sarkozy disant que la Tunisie « a beaucoup de main d’oeuvre qui ne demande qu’à être formée et nous avons beaucoup d’intelligence et de formation« . Le terme « intelligence » était peut-être malvenu mais ces termes ont été applaudis par 500 chefs d’entreprise français et tunisiens. Mais parce qu’en France on sait mieux que les tunisiens, on trouve une polémique à faire mousser.

    ____

    Mary,

    Car ce pays est le lieu privilégié de vacances et villégiature de beaucoup de bobos-gauchos-caviar ! Delanoë y possède une magnifique demeure, Marie-Ségolène Royal,(tout de suite après l’élection présidentielle) l’a choisi comme destination de vacances etc..

    Ah oui, tiens, amusant. Mais ne doutez pas qu’avant d’aller se baigner, l’un et l’autre protestent contre la situation des droits de l’homme en Tunisie.

    ____

    Désolé de ne pas répondre à tous, spécialement à ceux avec lesquels je suis d’accord : le gnou, le gnou…

  • @ Francis
    J’aimerais bien trouver un jour un bilan sur le coût des velibs. Passés la propagande et l’engouement des premiers mois j’aimerais trouver un bilan « honnête » sur le coût des installations, de l’exploitation et last not but least une étude sur la santé des utilisateurs bouffeurs de gaz d’échappements.
    Entre l’aménagement des installations, vols, casse du matériel et la nécessité d’engager maintenant des frais pour remonter les vélos laissés en bas des côtes j’imagine le coût de cette « superbe idée » …
    http://www.velib-pourri.com/
    Donc pour moi une « diplomatie du velib » c’est un coup de pub individuel payé par la communauté …

  • Désolé que “holisme” et “anthropologie” vous dépassent (ce que je ne crois pas, au demeurant). Il faut parfois utiliser des concepts. A tout le moins, si l’on cherche sincèrement à comprendre.

    Moi non plus, je ne crois pas être dépassé, merci. Je n’ai rien contre les concepts, à condition qu’on ne s’en serve pas à tort et à travers. Le holisme n’est pas une « vision de la société » qu’on pourrait opposer au totalitarisme, même avec une grande imagination conceptuelle. Quant à l’expression « conviction anthropologique », c’est un collage dépourvu de sens entre une notion politique et une notion scientifique.

    Je conteste la forme, qui mêle préciosité et poudre aux yeux, mais surtout le fond. La thèse essentielle est que la Chine et l’Islam ayant une autre vision de la société, nos principes basés sur les droits de l’individu ne sont pas une grille de lecture pertinente. On croirait presque entendre « qui sommes-nous pour juger »…

    En l’occurrence, lisez son papier : elle ne donne pas de blanc-seing au régime chinois.

    En tout cas, il n’y a pas une phrase qui puisse être vue comme une condamnation. L’auteur définit la Chine comme une autocratie, et se lance dans une joyeuse défense et illustration de ce type de régime. Quelques extraits: « Il [le régime chinois] considère le gouvernant comme un père, les gouvernés comme des gens immatures qu’il faut mener à la vertu préalablement définie, avec bonté et fermeté. » Ou encore « Là où les totalitarismes ourdissent un rapt d’être, les autocraties nourrissent une autre image de l’être. » Un dernier pour la bonne bouche: « La Chine est un monde culturel, fondé sur des convictions morales souvent bien proches des nôtres ». Quel bonheur que d’apprendre ça!

    Elle précise bien, également, que l’on peut chercher à influencer des régimes de cette sorte, mais que le boycott n’est pas une solution qui lui paraît adaptée.

    Le boycott est peut-être une mauvaise méthode (taper sur les porteurs de torche n’était pas très subtil non plus). Mais on n’est pas obligé, pour autant, de jouer aux bisounours.

  • L’auteur définit la Chine comme une autocratie, et se lance dans une joyeuse défense et illustration de ce type de régime.

    Je ne vois pas, dans ce que vous relevez, de défense de la Chine. Dire qu’elle considère les gouvernés comme des gens immatures n’est pas un jugement de valeur, c’est un constat. Au demeurant, on pourrait même déduire de cette formulation que Chantal Delsol désapprouve.

    Par ailleurs, je ne pense pas qu’il faille concevoir son argumentation comme étant simplement un décalque du : « ils ne sont pas prêts pour la démocratie ». Elle plaide pour une prise en compte de la spécificité du système politique chinois mais, à mon sens, nullement pour en excuser les débordements.

    Il y a tout de même des nuances de gris, qu’il s’agisse des régimes ou des réponses à apporter à des violations des droits de l’homme.

    Quitte à adopter la même conclusion sur le mode de réaction à adopter, il ne me semble pas inutile de chercher à y voir plus clair.

  • J’ajoute, pour qu’il n’y ait pas de méprise sur les positions de Chantal Delsol, sa fiche wikipedia (succincte), dans laquelle on lit notamment :

    « La pensée de Chantal Delsol, influencée notamment par Aristote, Hannah Arendt, José Ortega y Gasset, Julien Freund et le catholicisme, se déploie à partir d’une idée-force centrale : la singularité. »

    Et puis aussi cette tribune sur l’affaire redeker, d’où j’extrais :

    « Nous avons sur notre sol une querelle de cultures qui peut se terminer en guerre sanglante si nous continuons de récuser l’évidence de la différence. Tenir l’autre pour le même, comme nous le faisons constamment, c’est perdre les chances de pouvoir lui parler, et laisser venir tout doucement le moment de cette « guerre des civilisations » dont nous ne voulons pas. L’accepter différent, c’est enclencher déjà un processus de parole par lequel seulement nous pourrons tenter de vivre ensemble sans heurts dans la même société. Mais pour cela, il faut laisser la parole ouverte. Et un débat dans une démocratie ne se contrôle pas. Si l’on peut parler de la différence, il y aura des excès de langage. Il y aura aussi des discours sereins qui mettront en conflit les interprétations. »

    Ceci pour dire qu’elle ne me semble pas spécialement femme à se résigner. Et que la différence, chez elle, ce n’est pas le relativisme.

  • „Votre petit sophisme est peut-être rassurant, en ce sens qu’il permet d’identifier les méchants et les gentils – les méchants communistes chinois se retrouvant, par un étonnant miracle, assimilés aux américains honnis – mais il finit par exhaler un parfum d’Axe du Bien / Axe du Mal.“

    Le discours axe du bien/du mal de Bush était basé sur une classification des pays et non des régimes. Ce type de discours était non seulement manichéen, mais il était également hypocrite (non seulement il s’agissait essentiellement de réduire au silence les opposants de Bush en les accusant d’être les complices des „ennemis des USA“, mais ce discours ne collait même pas à la réalité: il fut prononcé quelques jours à peine après que le gouvernement Iranien -pas encore passé sous la direction d’Amadinejad- ai fait savoir à l’administration Bush, via la diplomatie Suisse, qu’ils acceptaient toutes les revendications américaines, notament sur le nucléaire), et surtout ignorait complètement les populations des pays pris pour cible.

    Ho, bien sûr, il y eu quelques figures de réthoriques pour prétendre le contraire (du genre „on va libérer les gentil Cht’Irakiens du méchant Sadam“), mais la suite des évènements a largement démontré le contraire:
    http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2006/10/10/AR2006101001442.html

    Et il n’y a là ni sophisme ni „étonnant miracle“: quand Chantal Delsol écrit: „Il considère le gouvernant comme un père, les gouvernés comme des gens immatures qu’il faut mener à la vertu préalablement définie, avec bonté et fermeté.“ elle décrit le justificatif des néocons: „l’immaturité“ supposée des gouvernés justifiant d’après eux les mensonges qu’ils emploient pour prendre (et éventuellement conserver) le pouvoir.

    Et il est un peu facile de lancer des comparaisons avec Bush à son contradicteur: il y a encore quelques mois, on pouvait trouver sur ce blog pas mal d’attaques contre le „relativisme“, mais tout à coup, quand on parle de régimes à la corruption avérée, là, quiconque ne fait pas du relativisme (tout à coup rebaptisé „différence“) est considéré comme bushiste? Il ne faudrait donc pas dire du mal non plus de la Junte Birmane, de la dictature des Kims, de la démence du régime de Mugabe, parce que tout cela à un „parfum“ d’axe du mal, voir, honte suprême, de „néo-colonialisme“? Diantre, ce site aurait-il été hacké par un informaticien d’extrême gauche? À moins que mon „crime“ dans cette affaire est d’affirmer qu’il existe, au sein de la classe politique des démocraties occidentales, des individus ayant des sympathies envers le régime chinois actuel précisément parce qu’il s’agit d’une dictature?

    Je note quand même une chose assez amusante que j’avais remarqué avec le cas Khadafi et qui se répète aujourd’hui avec les héritiers de Mao: tant qu’ils étaient présentés comme „socialistes“ ou „communistes“, ils étaient présenté (à juste titre) comme des tyrans, des ordures rabaissant leurs peuples à un état de servitude indigne du monde moderne. Et quand il fut démontré qu’ils étaient effectivement des ordures, mais qu’ils n’avaient pas cru une seule seconde aux idéologies qui justifiaient leurs régimes, ils sont cessé d’être des tyrans totalitaires pour devenir des autocrates fréquentables. Comme si la „valeur“ d’un régime dépendait plus de son étiquette que de sa réalité.

  • Je crains malheureusement, Laurent, que le chemin soit très long pour une véritable discussion. Vous semblez penser que « la droite » est satisfaite de pouvoir enfin avoir à faire à des dictateurs normaux, c’est-à-dire pas de gauche, que les néo-cons (dont je ne me réclame pas mais qu’il est aussi stupide de caricaturer que d’autres courants de pensée) n’ont de cesse que de justifier leurs mensonges pour prendre le contrôle de la Terre etc.

    Jean-Pierre Raffarin aurait des sympathies pour la Chine précisément parce que c’est une dictature.

    Pour vous, nécessairement, un dictateur socialiste ou communiste ne l’est plus, dès lors qu’il est dictateur.

    Considérer que le peuple est immature suffit à faire de vous un néo-conservateur.

    Je suis désolé, vous allez me trouver sommaire et imbuvable, mais il y a un stade à partir duquel je considère qu’une réponse serait une perte de temps.

  • la démocratie est un exercice difficile ,on le voit bien avec 60 millions de français qui en usent et en abusent depuis des siecles.Imagine -t-on un seul instant ,nous les donneurs de leçons à la planète entiere, ce que represente gouverner plus d’un milliard d’individus. Ce n’est pas une excuse mais c’est un aspect à prendre en considération

  • La question des Relations Internationales est bien entendu d’une grande complexité. La question de l’utilité et surtout de l’efficacité doivent se poser (mais pas à n’importe quel prix) pour chacune des mesures / réponses envisagées. Ce qui est sûr, c’est que plus un pays se développe économiquement, du fait de la mondialisation et du modèle occidental dominant (État de droit et libéralisme économique), plus il fera des progrès politiques et sociaux : séparation des pouvoirs, pluralité politique, etc.

    Je pense qu’il est normal de faire pression sur la Chine maintenant qu’elle s’est ouverte au monde et qu’elle tient une place particulière sur l’échiquier international. Parce que cette pression devient, de fait, plus efficace.

    Et sur les moyens de parvenir à une résolution du conflit, je pense que les JO sont un moyen pour l’opinion publique, les mouvements populaires, mais que le politique doit, lui, rechercher des solutions politiques, notamment encourager la reprise du dialogue (ici entre les dirigeants chinois et le DL).

    Maintenant, pour finir sur la politique étrangère de Sarkozy, on ne peut éluder les maladresses (ah ! l’inénarrable visite de Kadhafi, le discours de Dakar…) et contradictions (le cas particulier de la Françafrique, le limogeage de Bockel) d’un Président qui donne parfois l’impression de tâtonner, de ne pas savoir. Il y a dans la vision de Sarkozy, certainement, cette idée selon laquelle il faut surtout favoriser le développement économique (cf. l’union de la méditerranée) pour résoudre la question des DDH.

    Je ne pense pas que la politique étrangère de Sarkozy soit ce qu’il y a de plus critiquable (sa politique économique et sociale, par contre…). Un intervenant notait ici, sur ces pages, que NS ne croit pas vraiment à la politique des DDH et c’est, à mon sens, très juste. D’où ces contradictions et faux pas que l’on relève. Effectivement, pour traiter avec des puissances étrangères, il faut savoir être diplomate pour obtenir, in fine, ce que l’on veut. Et ce n’est pas forcément en ruant dans les brancards, en jouant au papa, que l’on y parvient…

    En donnant à un pays les moyens de son développement économique et social, on agit au mieux pour les DDH et la liberté. Une fois que ce pays est engagé sur cette voie, il devient plus facile de lui donner des indications, recommandations, etc. (d’où le projet du G8 avec la Chine, par exemple).

    Maintenant, je ne donne pas un blanc-seing à l’action de NS, je pense qu’il peut certainement parvenir à se montrer plus ferme sur la question des DDH (je pense surtout à l’Afrique, et aux cadeaux que l’on dispense encore à ses dirigeants corrompus). Tout n’est pas parfait.

  • Sinon, Raffarin n’a pas à proprement parler cracher sur le Dalaï-Lama [et qui a une certaine liberté d’expression, au demeurant], il dit qu’il est à la tête d’un système féodal et que nous devrions prendre davantage en compte les données du pb dans sa globalité.

    Raffarin écrit la même chose que Mélenchon ? C’est clair, ça interpelle. Maintenant, l’essentiel est plutôt de savoir s’ils ont tort ou raison. Ce n’est pas une critique que je connaissais, et je ne suis pas un expert en Histoire tibétaine. Mais ça vaut la peine d’être vérifié.

    J’avais raté le passage où Raffarin critique le système tibétain traditionnel. Pour ma part, si tous les Tibétains veulent une théocratie et que personne n’est martyrisé sous ce régime, je ne me vois pas m’élever contre ça. Parce que si on commence à considérer que la Chine a libéré le Tibet d’une emprise féodale, on reprend le leitmotiv utilisé par l’URSS pour envahir l’Afghanistan, ou pour maintenir les régimes communistes dans les « démocraties populaires ». D’ailleurs je n’ose même pas imaginer ce qu’il se passera le jour où la Chine voudra vraiment récupérer Taïwan.

    Quant au discours de Dakar, puisqu’il est mentionné dans un commentaire précédent, j’ai encore du mal à voir la faute majeur, mais c’est hors sujet par rapport au post initial.

  • Bon, après avoir lu les nombreuses interventions sous cet (excellent) billet, je pense qu’il y a un concept qu’il faut absolument prendre en compte dans l’évaluation et l’appréciation que l’on peut porter au respect des droits de l’homme dans un pays particulier. Ce concept c’est celui de l’amélioration.

    Je me souviens d’une intervention d’un ancien ministre africain démocrate invité dans l’émission C dans l’Air qui justement portait sur la « politique africaine » de Nicolas Sarkozy. Il souleva justement une des problématiques reprise par de nombreux commentateurs ici à propos des droits de l’homme à savoir (la discussion était assez animée et longue, donc, je résume, mais en gros cela revenait à poser les deux questions suivantes):

    1. est-ce que l’occident est parfaitement placé pour donner des leçons du fait de situations inévitablement pas idéales sur son propre territoire (en effet, quel pays peut se targuer de parfaitement respecter les droits de l’homme – la perfection n’est pas de ce monde semble-t-il) et du fait de l’influence passée de ce même occident dans la situation du continent africain (colonialisme par exemple, mais pas uniquement – la politique passée à l’époque de la guerre froide visait dans un camp comme dans l’autre à favoriser des régimes durs moins susceptibles d’être influencés par des revers électoraux et donc plus « stables » dans un sens) ?

    2. Est-ce que les pays africains peuvent se permettre, dans l’état actuel du niveau d’éducation et d’éducation citoyenne et politique de ses habitants, de reproduire à l’identique les modèles de démocratie occidentaux compte tenu de l’indéniable fait que les dits pays occidentaux ne sont des démocraties (avec tout ce qu’il y a de relatif aussi dans cette définition – est-ce qu’une démocratie n’est pas une sorte de compromis : par exemple, on pourrait penser qu’une démocratie idéale serait un vote référendaire pour chaque décision gouvernementale – mais il est évident aussi que beaucoup de ses décisions dépassent le seuil de compétence et de compréhension de la plupart d’entre nous (moi le premier dans beaucoup de domaines) et que le pays serait ingouvernable) que depuis, pour la plupart, une cinquantaine d’années seulement ?

    A ces questions, dont les réponses varient pour chaque pays, chaque régime, chaque situation économique et sociale, il préférait répondre de manière beaucoup plus pragmatique en utilisant une autre question que ne se posent que trop rarement les donneurs de leçons : en matière de droits de l’homme, est-ce que la situation s’améliore ou empire ? Et lui, demandait, en tant qu’africain et même en tant que politicien africain, en dehors de tout clivage, que les occidentaux reconnaissent une chose primordiale : l’amélioration quand elle existe et les encouragements lorsqu’une bonne direction est constatée.

    Si nous examinons une civilisation et une culture comme celle des Masaï par exemple dans laquelle toute femme qui se respecte est excisée, où les parents envoient des gosses de 14 ans à la chasse au lion après les avoir fait boire du sang coulant d’un bovin vivant, il est clair que tout modèle de démocratie imposé par une puissance occidentale, enverrait n’importe quel parent de cette ethnie en tôle pour maltraitance à enfants, mise en danger d’autrui, actes de torture et de barbarie à l’égard des femmes ou des animaux. Il est à peu près certain que la culture Masaï disparaîtra un jour, que ces fiers guerriers deviendront des employés de bureau avec attache case, des traders ou des patrons de multinationales florissantes, mais en attendant, on fait quoi ?

    Comme le soulignait cet intervenant, la démocratie est intimement liée à l’éducation des peuples. Il serait inutile – et au fond, méprisant – de demander à un guerrier masaï de 18 ans son avis sur la gestion économique des ressources minières de la Tanzanie. Certains de ces pays ne sont pas encore prêts. La démocratie, ça s’apprend. Et, il avait raison : nos pays que l’on considère comme des modèles ont mis des siècles à mettre au point les « standards » d’aujourd’hui.

    La question du niveau de pression que l’on peut ou l’on doit mettre sur des pays qui se dirigent vers la démocratie depuis moins de 20 ans se pose. Cette pression doit exister, c’est absolument évident. L’inacceptable doit être combattu. Mais…

    On parle de la Russie, mais ce pays, cette fédération de pays plus exactement, n’a JAMAIS, JAMAIS, connu la démocratie. Même les dans les dernières années d’Eltsine – la Russie ne pouvait être comparée à aucun modèle occidental. Surtout qu’au joyeux bordel soviétique fin de règne, succéda la mise en coupe du territoire par les différentes mafias qui ne demandaient qu’à éclore sur le tout nouveau terrain fertile de la démocratie justement. Mais, est-ce que le pays va mieux en termes de droits de l’homme comparé au régime soviétique ? Demandez leur avis à la population russe et vous serez surpris d’apprendre que très peu de gens pensent vivre au sein d’une dictature et qu’il fallait un peu de poigne pour redresser une puissance économique en déserrance dominée par la criminalité organisée.

    Quant à la Chine… Est-ce que la Chine progresse vers plus de démocratie ? C’est absolument indéniable et j’ai accueilli il y a quelques années un stagiaire chinois en formation – il ne faisait partie d’aucune nomenklatura, mais la dernière chose dont il avait envie était de s’installer en France. Juste une date : la reconnaissance de la propriété privée date du….. 15 mars 2007 (!) Je pense qu’il va falloir leur laisser un peu de temps. En fait il va falloir doser. Rester vigilent, demander, oser, mais sans arrogance et en reconnaissance des progrès accomplis.

  • Vous présentez la politique étrangère de la France comme se résumant à des signatures de contrats et à des réprimandes – ou non – sur les sujets qui fâchent.
    Le débat est donc biaisé d’entrée, sur le thème : « veut on se donner bonne conscience ou signer des contrats? », manière de dire que de toute façon la France n’a aucun impact réel sur l’évolution de régimes étrangers.

    Et, si au lieu de commenter l’écume médiatique et les postures, on regardait les situations où la France a un réel impact?

    Il suffit d’observer l’Afrique francophone.
    Demandons nous par exemple à quoi Idriss Déby doit d’être toujours à la tête du Tchad.
    La politique francaise sur ce continent relève t’elle de la simple « realpolitik » entre états, ou d’un colonialisme dont on ne cesse de répéter un siècle après, comme pour s’en convaincre, qu’il est fini et bien fini (jusqu’à Boeckel récemment).
    N’oublions pas non plus que, par exemple, quand l’ONU voulait faire pression sur le régime génocidaire rwandais, la France volait à son secours (droit de véto en bandoulière) pour éviter toute mesure de rétorsion.
    Il en est de même aujourd’hui avec les dictatures tchadiennes, centrafricaines, et autres (non-non, je n’ai pas mis un signe égal entre le hutu-power et Déby…), que l’ONU met à l’index mais que la France soutient mordicus.
    La France a organisé la fourniture de munitions à Déby par l’intermédiaire de Kadhafi. On peut être pour ou contre (évidemment je suis contre), mais à côté de çà, franchement, féliciter Poutine ou envoyer Raffarin aux chinois, la belle affaire!

    Si l’on observe quels régimes évoluent dans le bon sens (pour faire plaisir à Eponymus) dans cette partie du monde : Sénégal, Madagsacar, Côte d’Ivoire (avec des signes de retour en arrière dans ce dernier cas), l’on s’aperçoit que ce sont généralement ceux qui, à un moment, sont parvenu à sortir du cycle des élections truquées qui voyaient le candidat de divers réseaux franco-politico-militaro-mafieux systématiquement ré-élus.
    Comme si la France avait un réel impact sur le développement de la démocratie et des droits de l’homme, mais un impact négatif!

    Assez logiquement donc – puisque c’est dans ses anciennes colonies que la France a le plus d’influence – Sarkozy a fait des promesses de rupture sur ce terrain là (*).
    Or, cette rupture là, avortée, est mystérieusement absente de l’article çi-dessus, censé évoquer la « réelle politique ».
    C’est dommage.

    (*) : dans ses discours pré-électoraux sur le sujet, en fait assez contradictoires, il souhaitait néanmoins «tourner la page des complaisances, des secrets et des ambiguîtés » en matière de relations franco-africaines. Il déclarait sa volonté de « se débarrasser des réseaux d’un autre temps, des émissaires officieux qui n’ont d’autre mandat que celui qu’ils s’inventent. Le fonctionnement normal des institutions politiques et diplomatiques doit prévaloir sur les circuits officieux qui ont fait tant de mal par le passé.»

    J’ai les discours au format pdf pour ceux que ça intéresse.

    @Eponymus

    Voir les progrès, je veux bien, mais votre exemple du fier guerrier masaï par mûr pour la démocratie, là… ça fleure bon le mépris néo-colonial mittérandien, ou la bêtise du discours de Dakar sarkozyen, au choix.
    Quel pourcentage des jeunes de 18ans en tanzanie se baladent avec une lance et un os dans le nez, et quelle proportion utilise téléphones portables et internet?
    Par ailleurs, dans les trop rares élections LIBRES en Afrique francophone, les taux de participation sont plus élevés que ce qu’on n’a plus vu en France depuis belle lurette. A méditer.

  • @ Gatien

    Je m’y attendais à celle là, c’est pourquoi je ne suis pas déçu. En fait, je ne faisais que rapporter en la résumant, la pensée d’un politicien africain. C’est fou le nombre d’intellectuels noirs qui sont d’accord ou qui ne trouvent pas choquant le discours de Dakar en fait. Donc ça fleure rien du tout. Mais alors rien de rien. Parler de la culture Masaï ou des différentes cultures ancrées dans les divers paysages régionaux, c’est exactement l’anti-thèse du racisme/néo-colonialisme socialiste français ou autre.

    De ne voir chez un guerrier Masaï qu’un indigène avec « se balladant avec un os dans le nez et une lance » ça par contre, c’est quoi ? On va laisser les autres lecteurs répondre.

    Mon propos et celui de l’intervenant en question (dont j’ai complètement oublié le nom désolé – mais qui traduit, encore désolé, une bonne partie de l’opinion africaine aujourd’hui) c’etait de souligner l’extrème complexité des diverses sociétés africaines et des cultures. Ne pas en tenir compte et ne pas voir qu’un des tout premiers problèmes politiques dont souffre l’Afrique est l’éducation, c’est être aveugle aux vrais soucis du continent.

    Bref, je ne suis pas, ceci-dit, en profond désaccord avec tous les points de votre post.

    Mais en fait, c’est ce qui se profile qui va devenir intéressant. Il existe une troisième voie en Afrique dont on ne mesure pas encore la portée – une voie trrrrrès pragmatique en termes d’affaires. Il s’agit de l’influence de l’Inde et de la Chine justement.

    Les indiens ou les chinois en ont pas grand chose à battre de la politique de type « françafricaine » passée ou future. La Chine ou l’Inde arrive avec des moyens maintenant colossaux et disent pas paternaliste du tout mais business business : « on a besoin de tant de minerais, vous voulez combien et quoi en échange ? » Ils répondent « ben tant et une route et ça et ça comme infrastucture. » Les Indiens ou les Chinois répondent non, bof ou banco. Si c’est banco ils livrent et ils prennent. Le reste, ils s’en tapent. Et ça, les fricains qui en ont marre d’être pris pour des petits frères, apprécient de plus en plus.

    A tout prendre, je préfèrre le discours de Sarko à Tunis ou celui de Dakar, que le pargmatisme chinois.

  • Bravo pour cet excellent billet remarquablement écrit.

    La citation de Védrine m’apparaît extrêmement pertinente. Il vient un moment où l’indignation se suffit à elle-même, devient une fin en soi et en vient à inhiber l’action. 2 exemples :

    En septembre dernier, la Birmanie a connu des émeutes importantes réprimées dans le sang. Tous les politiques et commentateurs français ont condamné énergiquement les agissements de la junte… Et c’est tout. Tout le monde était d’accord, il n’y a pas eu de polémiques, on avait fait ce qu’il fallait. C’est à dire rien. Presque un an après, la junte est toujours au pouvoir, les Birmans sont toujours opprimés, et les Français sont toujours hyper contents d’eux pour avoir condamné comme il fallait.

    Le 2e exemple est bien sur l’Afghanistan. L’opposition frontale, violente, extrême contre la guerre en Irak pouvait se comprendre (je n’ai pas dit approuver), tellement les motivations des Américains étaient troubles. Mais l’Afghanistan? Envoyer des soldats démettre un régime épouvantable et aider la fragile démocratie qui lui succède est scandaleux pour quelle raison? Où est le souci du bien être des Afghans? Vaudrait il mieux que les talibans reviennent et qu’on puisse unanimement les condamner… et ne surtout rien faire?

  • Confondre démocratie et gestuelle démocratico-médiatique, c’est la première erreur.
    Croire que les récents événements du Tibet sont le fait de démocrates parce qu’ils s’opposent à Beijing, c’est la seconde erreur.
    Ne pas se rendre compte que nos démocraties n’ont pas forcement valeur d’exemple en bafouant le droit des majorités pour conforter les exigences des individus, c’est la troisième erreur.
    Oublier que l’Asie ne s’est pas construite sur les principes de la Grèce antique et ne peut donc se retrouver dans nos pré requis démocratiques, c’est quatrième erreur.
    S’imaginer que les donneurs de leçons occidentaux sont écoutés en Asie, c’est la cinquième erreur.
    Ne pas anticiper que la réaction de la Chine envers la France serait d’autant plus forte que les chinois ont bien mesuré que nous sommes le maillon faible des occidentaux, c’est la l’erreur finale.

    Entre un système qui fait de l’individualisme exacerbé le parangon de la démocratie et un système qui prétend que l’intérêt global bénéficie toujours à l’individu, il y a un hiatus qui mérite reflexion.
    Et pourquoi ne pas avoir tenu face à la Chine ce même langage qui a été tenu en Tunisie ?
    Après tout, le chemin parcouru par la Chine en 15 ans en matière d’ouverture du régime est incomparablement plus important que le sur place de la Tunisie dans la même période !

    Sans doute par ce que N.S. n’est pas à l’origine de ces actes de « folle bravoure », de démocratie de haut vol, au passage de la flamme olympique tout occupé qu’il est à dynamiter jour après jour tous les champs de certitude de ses concitoyens.

    Ceci étant, est-on indéniablement courageux parce qu’on assume l’improvisation (mal)?

  • @Eponymus

    D’abord, merci de ne pas avoir réagit plus vivement à ma critique. Je ne préjuge pas de votre pensée profonde, mais souhaite discuter vos arguments, parcequ’ils sont assez caractéristiques, et que je continue à les trouver un peu étranges.

    En fait, je ne faisais que rapporter en la résumant, la pensée d’un politicien africain.

    A propos de ce politicien africain (que je ne connais pas), que vous nous présentez comme ancien ministre et démocrate, quelques remarques :

    1. Ce n’est pas parcequ’un africain dit quelquechose sur les africains que c’est vrai.
    2. Tous les politiciens africains se présentent évidemment comme démocrates, mais les termes « ancien ministre » et « démocrate » sont presque antonymes dans le cas présent.
    3. Lorsque France2 évoque dans un reportage le parc d’Hôtel particuliers détenu par Omar Bongo en plein Paris, ça déclenche une crise diplomatique pendant plusieurs semaines. Donc le passage d’un opposant démocrate dans une émission, vous imaginez le casus belli! J’ai un gros doute… mais c’est possible.
    4. L’argument de la culture différente, des multiples ethnies, qui justifieraient une démocratie à faible dose, est précisément la réponse des dictateurs et des profiteurs en place lorsqu’on leur reproche de torturer immodérement opposants, journalistes, ou simple citoyens. Ils ont bien compris quel parti il pouvait tirer en reprenant à leur compte cette vision passéiste de l’Afrique : ils fournissent ainsi aux francais une justification morale au maintien du statu-quo.

    « C’est fou le nombre d’intellectuels noirs qui sont d’accord ou qui ne trouvent pas choquant le discours de Dakar en fait. »

    Ah bon?! Quels intellectuels noirs?
    Moi, j’ai plutôt vu fleurir les articles de presse et les pamphlets assassins de la part d’écrivains africains (des recueils entiers sont en librairie), Césaire avait lui aussi qualifié le discours en des termes assez fleuris.

    Voir par exemple ici un texte collectif :
    http://www.liberation.fr/rebonds/271587.FR.php

    Extrait :
    « Votre posture tombe à propos pour une génération d’Africains et de Français avides de comprendre enfin ces drames continuels frappant l’Afrique. Il nous reste simplement à tomber d’accord pour définir le sens de ce mot histoire. Car quand vous dites que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire, vous avez tort. […] quand je dis monde moderne, je n’en exclus pas l’homme africain que vous semblez reléguer dans les traditions et je ne sais quel autre mythe et contemplation béate de la nature. […] Laissez-nous vous raconter un peu cette histoire que vous semblez fort mal connaître. Nos pères, par leurs luttes sont entrés dans l’histoire en résistant à l’esclavage, nos pères par leurs révoltes, ont contraint les pays esclavagistes à ratifier l’abolition de l’esclavage, nos pères par leurs insurrections — connaissez-vous Sétif 1945, connaissez-vous Madagascar 1947 ? ont poussé les pays colonialistes à abandonner la colonisation. Et nous qui luttions depuis les indépendances contre ces dictateurs soutenus entre autres par la France et ses grandes entreprises — le groupe de votre ami si généreux au large de Malte par exemple, ou la compagnie Elf. »

    Vous dites :
    « Donc ça fleure rien du tout. Mais alors rien de rien. Parler de la culture Masaï ou des différentes cultures ancrées dans les divers paysages régionaux, c’est exactement l’anti-thèse du racisme/néo-colonialisme socialiste français ou autre. […] De ne voir chez un guerrier Masaï qu’un indigène avec “se balladant avec un os dans le nez et une lance” ça par contre, c’est quoi ? On va laisser les autres lecteurs répondre. »

    Belle tentative de retournement, mais qui a parlé de « fier guerrier »?
    « Fier guerrier », un métier en vogue dans les sociétés modernes?

    Sur la troisième voie que vous évoquez (pourquoi troisième? il y a une deuxième?), l’arrivée de la Chine et de l’Inde, elle est effectivement en court et constitue un signe encourageant d’émancipation.
    Car enfin, quelle est la meilleure voie de développement pour le Niger? Continuer à vendre son uranium à Areva à 20% du cours mondial, un pistolet sur la tempe, ou entrer dans un commerce mondialisé où l’on vend les matières à leur cours mondial? Continuer à restreindre les appels d’offre publics aux entreprises francaises, ou élargir aux entreprises chinoises qui font les même travaux pour trois fois moins cher?
    Du coup, je ne vois pas, mais alors vraiment pas, ce qu’on peut préférer à çà dans le discours de Dakar. A moins de suggérer que les chinois font du business en Afrique et que le business c’est mal, alors que la France entretient des troupes sur place de façon totalement désintéressée pour le bien des africains. Vision paternaliste classique.

    Se profile alors une quatrième voie, bien moins optimiste, qu’on constate déjà, et qui est il me semble à l’oeuvre dans votre discours :
    La Chine et l’Inde remplaçant l’hydre anglo-saxon dans son rôle traditionnel : l’épouvantail servant à justifier tout et n’importe quoi (le FPR qui luttait contre le hutu power pendant le génocide, était présenté comme un groupe de « Khmer noirs » (!) suppôts des anglophones, tous les défauts du monde… ce qui contribua à justifier l’engagement de l’armée francaise au côté du régime génocidaire).

    Si cette quatrième voie l’emporte (elle a en tout cas les faveurs des mercenaires et trafiquants d’arme de tous bord), le résultat est assuré. En Afrique : financement de groupes armées, coup d’états à répétition, soutien militaire à des régimes claniques, etc. En France : réseaux politiques parallèles pour s’occuper des basses oeuvres et corruption qui va avec.

    Mais que voulez vous, ma bonne dame, il faut bien protéger les gentils africains contre les méchants chinois. Ils ne sont pas assez grands pour se débrouiller tous seuls…

    @Liberal

    Vous faites un étrange résumé au sujet de la Birmanie :

    « En septembre dernier, la Birmanie a connu des émeutes importantes réprimées dans le sang. Tous les politiques et commentateurs français ont condamné énergiquement les agissements de la junte… »

    Tous? Non. Pas le premier d’entre eux, notre président, qui a réagi mollement et avec retard par rapport aux autres puissances occidentales. Et qui, dans un bel exercice de tartufferie, a demandé à Total d’être très mesuré dans ses nouveaux investissements, alors que Total ne prévoyait, de l’aveux de ses dirigeants, aucun investissement en Birmanie.

    « … Et c’est tout. Tout le monde était d’accord, il n’y a pas eu de polémiques, on avait fait ce qu’il fallait. »

    Tout le monde? Non. Pas les organisations de défense des droits de l’homme, qui depuis bien longtemps reprochent aux dirigeants francais leur soutien au régime birman – malgré quelques protestations à usage interne . Kouchner est d’ailleurs en première ligne face aux accusations de complaisance, depuis son rapport ou il attestait, pour le compte de Total et contre l’évidence, que le travail forcé n’avait pas profité à Total.

    « Presque un an après, la junte est toujours au pouvoir, les Birmans sont toujours opprimés, et les Français sont toujours hyper contents d’eux pour avoir condamné comme il fallait.

    Et bien les francais dont vous parlez feraient bien de voir la réalité en face et distinguer paroles et actes. Tout ce que demandent les opposants Birman à la France, c’est que Total arrête de financer les militaires. Les autres occidentaux sont parti depuis bien longtemps. Restent, comme soutiens de poids au régime, la Chine, et la France, qui joue un rôle clef dès que se profilent des sanctions onusiennes (droit de véto, toujours…).

    A la suite du cyclône d’il y a quelques jours et de la gestion des secours par la junte, Laura Bush vient de déclarer : « Nous savons déjà qu’il sont tout à fait incompétents »(*).
    On pourra lui répondre que la compétence de son cher mari n’a pas sauté aux yeux des habitants de la Nouvelle Orléans, mais on peut aussi observer que si Rama Yade osait 10% de çà – elle qui a qualifié le Tchad de démocratie – elle pourrait dire au revoir à son maroquain…

    (*) : http://www.matin.qc.ca/articles/20080505195049/aide_americaine_birmanie_laura_bush_pose_des_conditions.html

  • Au passage, autre acte concret lié à la politique étrangère, posé par Sarkozy (ministre de l’intérieur à l’époque), et qui reste pour moi sans explication : les poursuites pour terrorisme à l’encontre des « moudjahidin du peuple », opposants au régime des mollahs iraniens.
    Quelques faveurs de la part des mollahs étaient elles attendues à l’époque? Si oui lesquelles? Mystère.

    La France a été interpellée récemment sur ce sujet, par des députés européens qui dénoncent à peu près la même chose que moi, le décalage entre parole et actes :

    « Des parlementaires européens ont interpellé Nicolas Sarkozy à Strasbourg pour lui demander de mettre en pratique le langage de fermeté qu’il prône vis-à-vis de l’Iran quand la France présidera, au second semestre 2008, le conseil de l’Union européenne.

    « Je dis à la présidence française: il ne s’agit pas seulement de parler dur et ferme. Il faut le traduire en pratique », a affirmé lors d’un colloque Struan Stevenson, eurodéputé conservateur britannique qui co-préside l’intergroupe des Amis d’un Iran libre au parlement européen.

    « Le premier pas en ce sens, c’est de retirer l’OMPI (Organisation des Moudjahidines du peuple iranien) de la liste des organisations terroristes », a-t-il ajouté. Cette organisation basée en France fait l’objet de poursuites judiciaires depuis 2003. »

    http://www.lexpress.fr/info/infojour/reuters.asp?id=69603&xtor=RSS-96

  • Sauf erreur de ma part, cette organisation est classée, à tort ou à raison, comme une organisation terroriste tant par les Etats-Unis que par l’Union Européenne.

    On ne peut pas tout imputer à Nicolas Sarkozy.

  • „Pour vous, nécessairement, un dictateur socialiste ou communiste ne l’est plus, dès lors qu’il est dictateur.„

    Précisément: les dictatures se définissent par la pratique du pouvoir, pas par l’idéologie: il n’y a pas plus de dictatures „de gauche“ que de dictatures „de droite“ elles échappent à cette classification, et les idéologies qu’elles revendiquent tiennent du prétexte et non de l’inspiration (sinon, comment cela se ferait-il que les dictatures fonctionnent grosso-modo, de la même manière, indépendamment de leurs discours?)

    Est-ce de ma faute si Mao ne croyait pas au communisme, s’il parti au PC Chinois après avoir été chez les nationalistes parce que la place de grand chef y été déjà solidement tenue par Tchang Kaï-chek?
    Est-ce de ma faute si les néocons emploient le même langage que les dictatures, se vautrent dans un élitisme si confortable qui justifie tout? Ce n’est quand même pas moi qui ai mis les termes détestables que j’ai cité dans la bouche de Kristol junior: il les a prononcé tout seul; ce n’est pas moi qui ai inventé les termes de „présidence impériale“ ou de pouvoir „quasi-dictatoriaux“ à propos de l’exécutif US, ce sont les leaders et les penseurs de ce mouvement.
    Est-ce ma faute si les chefs de ce groupe ne se définissent pas par une idéologie ou un „courant de pensée“ mais par une conception du pouvoir qui n’a pas grand chose de républicain (à tous les sens du terme)?

    Difficile effectivement d’avoir un véritable discussion: j’ai l’impression là d’être face à un sympathisant de la LCR qui découvre certains discours de Trotsky et n’aime pas ce qu’on lui montre.

  • Tiens ? Les choses changent ici, enfin, sur la forme, j’entends… Je me demandais, comme ça, en passant, ce que devait bien donner une raffarinnade en cantonnais ou en mandarin (surtout quand on se souvient ce que ça peut donner en anglais…) ? Et si les Masaï chassaient le gnou, eux ? Je serais curieux de savoir ce que leurs anthropologues en pensent…

  • @Koz

    Il est clair que l’attitude ambigüe de la France, et d’autres, vis à vis de l’Iran est antérieure à l’arrivée de Sarkozy, le dernier « coup » policier contre les moudjahidins, en revanche, c’est bien lui. Je n’ai aucune opinion sur la nature terroriste ou non de cette organisation, je connaît juste quelques iraniens vivant en France – tout à fait modérés – qui n’ont pas digéré leur arrestation; ce qui ne prouve rien du tout.

    En cherchant un peu, suite à mon dernier post, j’ai relevé deux éléments importants sur l’Iran :
    -Premier exportateur de pétrole vers l’Europe, rôle qui est devenu encore plus crucial après l’éviction par Bush des compagnies européennes présentes en Irak.
    -Acheteur de centrales nucléaires.

    Je suis aussi tombé sur un article qui retrace l’histoire des moudjahidin et éclaire au passage l’histoire des relations franco-iranniennes. Je poste quelques extraits pour ceux que ça intéresserait, et m’excuse auprès des autres.

     »
    *France, 1981. Massoud Radjavi se réfugie à Paris, rapprochement avec les États-Unis.

    […] Alliés objectifs de la France et des États-Unis, les Moudjahidin du peuple vont perdre tout soutien populaire en Iran et commencer leur lente dérive. Ils deviennent le bras armé de « l’Occident » face au régime islamique, dans la « guerre » [5] que vont se livrer Paris et Téhéran autour du règlement du contentieux Eurodif.

    […] Mais la multiplication des attentats iraniens sur le sol français pousse Paris, et notamment le gouvernement de Jacques Chirac intronisé en mars 1986, à négocier avec Téhéran. Officiellement, les Moudjahidin du peuple vont alors servir de monnaie d’échange entre les deux pays pour la libération des otages français au Liban. En réalité, ils subissent surtout les dommages collatéraux des négociations franco-iraniennes autour de la coopération nucléaire, comme étape intermédiaire pour une « normalisation » des relations diplomatiques.

    *France, 1987. Expulsion de Moudjahidin par le gouvernement Chirac, opposition des socialistes.

    [Le] ministre de l’Intérieur Charles Pasqua, fait expulser plusieurs dizaines d’opposants iraniens au régime de Téhéran, et notamment des membres des Moudjahidin du peuple. Le porte-parole des Moudjahidin met directement en cause les négociations secrètes entre Paris et Téhéran.

    Cette levée de boucliers de la part de la Mitterrandie amène à s’interroger sur les rapports qu’elle entretient, depuis 1981, avec l’organisation iranienne. [18]. Elle est relayée, sur la scène internationale, par de violentes critiques de la part de parlementaires britanniques, états-uniens et italiens [19]. Margaret Thatcher, alors Premier ministre britannique, s’inquiète même publiquement de ce qui pourrait apparaître comme une « prime » aux preneurs d’otages. [20]. Jacques Chirac y répond en affirmant que la France refuse de transiger avec l’Iran et en démentant avoir payé une rançon pour le retour des otages […], mettant « au défi » ceux qui disent le contraire, notamment « dans la presse anglo-saxonne, pour des raisons précises qui n’ont pas changé depuis Lawrence d’Arabie »

    Autre sujet d’interrogation, la destination choisie pour les expulsés : ceux-ci sont envoyés vers le Gabon, une décision prise à Antibes, lors du sommet franco-africain, au terme de négociations entre Jacques Foccart, alors conseiller de Jacques Chirac pour les affaires africaines, et le président gabonais Omar Bongo, en présence du général Imbot, directeur de la DGSE [23].

    Finalement, sept des quinze expulsés sont rapatriés en France, au terme d’une campagne de mobilisation internationale, relayée par la presse, non seulement en France, mais aussi aux États-Unis et au Royaume Uni. »

    Ces quelques extraits ne résument pas du tout l’article, globalement accablant pour le mouvement en question. J’en recommande la lecture aux amateurs de realpolitik, qui ne seront pas déçus.

  • Gatien, le Réseau Voltaire n’est pas vraiment une référence en ce qui me concerne. Je ne goûte pas les théories du complot. Ce n’est peut-être pas votre cas, mais personnellement, L’Effroyable Imposture, c’est pas mon truc. Et ça suffit à discréditer Meyssan, qui n’était déjà pas ma tasse de thé.

    Mais je répète que, si l’organisation est considérée comme terroriste par l’Union Européenne et les Etats-Unis, je doute que ce soit à l’instigation de Nicolas Sarkozy. En revanche, dès lors que le mouvement est effectivement considéré comme terroriste par l’Union Européenne, il ne me semble pas aberrant qu’un Ministre de l’Intérieur en surveille et/ ou interpelle les membres sur son territoire. Il me semble que ce n’est que faire son job.

    Par ailleurs, l’attitude de la France vis-à-vis de l’Iran s’est durcie depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir (il me semble même que la « chef » de l’organisation des moudjahidine l’a affirmée elle-même), ce qui n’est pas vraiment cohérent avec les théories que vous défendez.

  • Qu’il s’agisse d’éducation, des lois communes à une société ou de relations internationales, les mêmes questions reviennent, du moins à ceux qui considèrent les questions aussi enrichissantes sinon plus que les réponses et leurs certitudes.

    Eduquer, est-ce apprendre à penser, à développer le raisonnement et l’esprit critique des jeunes ou est-ce leur transmettre des convictions et des croyances ?

    Comment trouver la juste mesure entre le droit à la vie à tout prix défendu par certains et la relativité d’une vie sans conscience et autonomie défendue par d’autres ?

    Où va se situer le respect de l’autre face à la conviction de devoir imposer LA vérité, SA vérité ?

    Les relations internationales entre pays comme les relations humaines sont une confrontation de différences.
    Où se situe la frontière entre le respect de ce qui est différent et l’ingérence au nom de l’humanisme ?

    Après avoir christianisé de force, pour leur salut, des populations qui n’en demandaient pas tant, les occidentaux vont-ils maintenant chercher à démocratiser le monde à tout prix ?
    Il leur a fallu vingt cinq siècles pour adopter et adapter la démocratie grecque, cela devrait les inciter à la modestie, mais l’occidental est conquérant, inventif et totalement immodeste…

    Avant d’avoir une conscience politique, l’être humain doit cesser d’utiliser toute son énergie à survivre.
    Après seulement, il peut se regarder, regarder les autres et le monde qui l’entoure, comparer et apprendre.
    Le régime politique des états évolue en même temps qu’évolue sa population ( il y a eu un intéressant reportage de M6 sur la Corée du nord et les difficultés rencontrées par les réfugiés de Corée du nord pour vivre dans un pays plus démocratique )

    Les gesticulations des donneurs de leçon de démocratie occidentaux sont surtout destinées à eux-mêmes et à leurs dirigeants.
    Pour les populations qui ne savent rien ou presque de la vie à l’occidentale c’est, selon moi, leur capacité à découvrir ce monde qui pourra leur donner la tentation d’y goûter.

  • Gatien,

    Je suis sûr que la sévère critique de Laura Bush a réchauffé le cœur des Birmans. Nul doute qu’ils adressent des prières quotidiennes pour que Rama Yade voire (soyons fou) Nicolas Sarkozy en personne disent publiquement que leurs dirigeants sont très très méchants. L’apothéose serait atteinte si Delanoë nommait Aung San Suu Kyi citoyenne d’honneur de la ville de Paris (c’est peut être déjà fait, j’ai la flemme de vérifier).

    L’étape d’après, qui suffirait semble-t-il à vous satisfaire, serait que les entreprises occidentales cessent tout commerce avec le pays. On voit venir le bon vieux blocus économique qui a montré sa légendaire efficacité au service des peuples opprimés de Corée du Nord, Libye ou de Cuba…

    Votre vision simpliste consiste à blâmer tous les malheurs des pays en développement sur les occidentaux. On retrouve ça dans la critique du discours de Dakar que vous donnez en lien.

    Et nous qui luttions depuis les indépendances contre ces dictateurs soutenus entre autres par la France et ses grandes entreprises (…)

    Vous avez tort de mettre sur le même pied d’égalité la responsabilité des Africains et les crimes de l’esclavage et de la colonisation, car s’il y avait des complices de notre côté, ils ne sont que les émanations de ces entreprises totalitaires initiées par l’Europe, depuis quand les systèmes totalitaires n’ont-ils pas leurs collaborateurs locaux ?

    Mais ça ne tient pas la route, il y a trop de contre-exemples. Le FLN n’était pas soutenu par Paris. Khaddafi est au ban de l’occident depuis un quart de siècle. Les warlords somaliens ne travaillent pas pour Total… Ailleurs, l’Asie du Sud Est a été colonisée par les mêmes occidentaux et rien n’indique qu’ils aient été plus cléments qu’en Afrique. Elle a également subi une décolonisation houleuse. Et pourtant, cette région connait aujourd’hui un développement et une stabilité qui échappent à l’Afrique. Alors quoi, la Françafrique serait pire que les Khmers Rouges ?

    Cette fixation sur la culpabilité des Européens fait perdre de vue l’objectif positif du développement de l’Afrique pour lui préférer l’objectif négatif du combat contre l’occident.

    On retrouve ça quand vous vous réjouissez du néo-colonialisme de la Chine en Afrique parce qu’elle supplante des entreprises françaises.

    On le retrouve encore et toujours dans cette critique du discours de Dakar.

    Nos pères, par leurs luttes sont entrés dans l’histoire en résistant à l’esclavage, nos pères par leurs révoltes, ont contraint les pays esclavagistes à ratifier l’abolition de l’esclavage, nos pères par leurs insurrections — connaissez-vous Sétif 1945, connaissez-vous Madagascar 1947 ? ont poussé les pays colonialistes à abandonner la colonisation

    Quelle cruauté ! Quel désespoir ! Quel pathétique manque d’ambition ! Imagine-t-on un intellectuel Indien être incapable de trouver un motif de fierté plus récent que la révolte de Gandhi il y a un demi siècle ? Depuis, l’Inde a vaincu la famine, est devenue la plus grande démocratie du monde, a massivement amélioré l’instruction de sa population, concurrence l’occident dans des industries high tech (informatique, pharmacie…)

    Cette fixation sur la culpabilité de l’occident vous fait passer complètement à coté du discours de Dakar.

    Sarkozy a lancé un défi aux jeunes Africains, les a mis face à leurs responsabilités. Il leur a dit une chose très simple : qu’ils tiennent leur destin entre leurs mains, qu’ils sont capables de suivre le chemin qu’ont emprunté avant eux les Indiens, les Brésiliens… Que la misère n’est pas une fatalité. Que la solution viendra d’abord d’eux et d’eux seuls. C’est exactement le contraire du mépris et du paternalisme.

    C’est pour cette raison que Thabo Mbeki a félicité Sarkozy pour ce discours. L’Afrique du Sud est ou devrait être le modèle de l’Afrique : un pays démocratique, prospère, en fort développement, avec une classe moyenne noire constituée. Des hommes comme Mandela ou Mbeki ont compris qu’une attitude revancharde contre les blancs aurait été suicidaire. C’est en arrimant leur pays à l’occident qu’ils sont entrés dans l’Histoire, pas en expropriant les blancs comme au Zimbabwe voisin.

    Qu’écrit Mbeki à Sarkozy ? http://appablog.wordpress.com/2007/08/21/thabo-mbeki-a-nicolas-sarkozy/

    I found time to read the powerful and moving Address you delivered at the University of Dakar (…) I have no hesitation in saying many thanks for what you said, and the manner and place where you said it.(…) We will do our best to acquaint our people, our continent and the rest of the world with what you said on July 26 at the University of Dakar. But beyond this, we will assess what we have to do practically to respond to the challenges you had the courage and the honesty to address when you spoke at the University of Dakar. (…)What you said in Dakar, Mr President, told me that we are fortunate that we can count on you as such a citizen of Africa, as a partner in the protracted struggle to achieve the true Renaissance of Africa, within the context of the renaissance of Europe and the rest of the world.

    Ma traduction :

    J’ai pris connaissance du discours puissant et émouvant que vous avez prononcé à l’Université de Dakar. (…)° C’est sans hésitation que je vous remercie pour avoir tenu ces propos et pour le ton et le lieu que vous avez choisis (…)° Nous ferons de notre mieux pour faire connaître ces paroles à notre pays, notre continent et le reste du monde. Mais surtout, nous devrons décider ce que nous devons faire concrètement pour répondre aux défis que vous avez eu le courage et l’honnêteté de nous présenter. (…) Ce que vous avez dit à Dakar, M. le Président, me convainc que nous pouvons vous compter comme un citoyen de l’Afrique, comme un partenaire dans le rude combat pour obtenir la Renaissance de l’Afrique comme il y eut celle de l’Europe et celle du monde.

    On revient à la phrase de Védrine. Est il plus important de s’indigner ou d’être utile ?

    Quelle cruauté ! Quel désespoir ! Quel pathétique manque d’ambition ! Imagine-t-on un intellectuel Indien être incapable de trouver un motif de fierté plus récent que la révolte de Gandhi il y a un demi siècle ? Depuis, l’Inde a vaincu la famine, est devenue la plus grande démocratie du monde, a massivement amélioré l’instruction de sa population, concurrence l’occident dans des industries high tech (informatique, pharmacie…)

    Quelle cruauté ! Quel désespoir ! Quel pathétique manque d’ambition ! Imagine-t-on un intellectuel Indien être incapable de trouver un motif de fierté plus récent que la révolte de Gandhi il y a un demi siècle ? Depuis, l’Inde a vaincu la famine, est devenue la plus grande démocratie du monde, a massivement amélioré l’instruction de sa population, concurrence l’occident dans des industries high tech (informatique, pharmacie…)

    Quelle cruauté ! Quel désespoir ! Quel pathétique manque d’ambition ! Imagine-t-on un intellectuel Indien être incapable de trouver un motif de fierté plus récent que la révolte de Gandhi il y a un demi siècle ? Depuis, l’Inde a vaincu la famine, est devenue la plus grande démocratie du monde, a massivement amélioré l’instruction de sa population, concurrence l’occident dans des industries high tech (informatique, pharmacie…)

    Quelle cruauté ! Quel désespoir ! Quel pathétique manque d’ambition ! Imagine-t-on un intellectuel Indien être incapable de trouver un motif de fierté plus récent que la révolte de Gandhi il y a un demi siècle ? Depuis, l’Inde a vaincu la famine, est devenue la plus grande démocratie du monde, a massivement amélioré l’instruction de sa population, concurrence l’occident dans des industries high tech (informatique, pharmacie…)

  • @Koz

    Gatien, le Réseau Voltaire n’est pas vraiment une référence en ce qui me concerne.

    Pas une référence pour moi non plus.

    Je ne goûte pas les théories du complot.

    Moi non plus.

    Ce n’est peut-être pas votre cas, mais personnellement, L’Effroyable Imposture, c’est pas mon truc..

    Pas mon truc non plus.

    Et ça suffit à discréditer Meyssan, qui n’était déjà pas ma tasse de thé.

    Tout à fait.

    Meyssan n’est pas l’auteur de ce texte, qui est purement factuel, et cite ses sources. Mais s’il ne vous intéresse pas ça ne me pose aucun problème.

    Par ailleurs, l’attitude de la France vis-à-vis de l’Iran s’est durcie depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir (il me semble même que la “chef” de l’organisation des moudjahidine l’a affirmée elle-même), ce qui n’est pas vraiment cohérent avec les théories que vous défendez.

    Durcie, oui, dans les mots.
    La théorie que je défends… laquelle au juste?
    Tout ce que je défends, c’est que la France n’est pas une petite principauté dont le rôle dans la géopolitique mondiale serait de donner son avis sur ce qui est bien et ce qui est mal chez les autres. La France FAIT.

    @Libéral

    Je suis sûr que la sévère critique de Laura Bush a réchauffé le cœur des Birmans. Nul doute qu’ils adressent des prières quotidiennes pour que Rama Yade voire (soyons fou) Nicolas Sarkozy en personne disent publiquement que leurs dirigeants sont très très méchants.

    L’important : les actes et leur cohérence avec le discours.

    Votre vision simpliste consiste à blâmer tous les malheurs des pays en développement sur les occidentaux.

    Non.
    Les pays occidentaux, en revanche, critiquent souvent la politique de la France dans ses anciennes colonies. Voir les réserves des européens sur la dernière intervention au Tchad. (Je cite beaucoup le Tchad mais si je donne des exemples plus anciens on va me dire que c’est pas Sarkozy ou que je suis passéiste, alors bon… je prends un exemple récent)

    Khaddafi est au ban de l’occident depuis un quart de siècle.

    Khaddafi a toujours été un relais efficace de l’action de la France en Afrique de l’Ouest, malgrés quelques brouilles passagères. Sarkozy est juste moins discret que Chirac.

    Les warlords somaliens ne travaillent pas pour Total…

    Donc Total est un gentil?

    Ailleurs, l’Asie du Sud Est a été colonisée par les mêmes occidentaux et rien n’indique qu’ils aient été plus cléments qu’en Afrique. Elle a également subi une décolonisation houleuse.

    Avez-vous remarqué, qu’en afrique de l’ouest, il n’y a pas eu de décolonisation houleuse?
    Omar Bongo, un Gandhi africain figure de la révolte contre l’occupant?

    Cette fixation sur la culpabilité des Européens fait perdre de vue l’objectif positif du développement de l’Afrique pour lui préférer l’objectif négatif du combat contre l’occident.

    C’est beau.
    Au Tchad, les habitants de certaines régions (en fait le sud chrétien, ce qui suscite la mobilisation de mouvements catholiques francais) vivent au rythme des razias des soudards de Déby, qui pillent et violent en toute impunité. Vous pensez qu’ils se soucient du « développement de l’Afrique » ou du « combat contre l’occident »?

    Sarkozy a lancé un défi aux jeunes Africains, les a mis face à leurs responsabilités. Il leur a dit une chose très simple : qu’ils tiennent leur destin entre leurs mains, qu’ils sont capables de suivre le chemin qu’ont emprunté avant eux les Indiens, les Brésiliens… Que la misère n’est pas une fatalité. Que la solution viendra d’abord d’eux et d’eux seuls.

    Les jeunes tchadiens éduqués, et aussi la plupart des autres, savent que la première chose qu’ils ont à faire pour donner une chance à leur pays, c’est de chasser Déby et sa clique de voleurs du pouvoir.
    S’il n’y arrivent pas, l’autre solution est d’émigrer vers l’occident.

    On retrouve ça quand vous vous réjouissez du néo-colonialisme de la Chine en Afrique parce qu’elle supplante des entreprises françaises.

    Je me réjouis de la concurence libre et non faussée par une armée étrangère et des barbouzes.

    Des hommes comme Mandela ou Mbeki ont compris qu’une attitude revancharde contre les blancs aurait été suicidaire.

    Une attitude revancharde n’a aucun intérêt. Le sujet de cette discussion c’est la politique étrangère actuelle de la France, qui ne se comprend cependant pas sans référence au passé.

    C’est pour cette raison que Thabo Mbeki a félicité Sarkozy pour ce discours. L’Afrique du Sud est ou devrait être le modèle de l’Afrique : un pays démocratique, prospère, en fort développement, avec une classe moyenne noire constituée.

    Vous avez commencé la liste d’adjectifs par « démocratique ». Nous sommes donc d’accord : c’est aux africains qu’il revient de choisir leurs dirigeants.
    Vous remarquerez – à nouveau – qu’en Afrique du Sud, en Inde, et assez globalement dans les anciennes colonies britaniques, les régimes actuels sont issus de réels processus de « dé-colonisation » (ou peut-être, en Afrique du Sud, vaut-il mieux parler de « révolution »?). J’entends par là qu’il y a eu confrontation et que les dirigeants d’aujourd’hui sont les opposants d’hier. Parfois pour le pire (Zimbabwe), mais plus souvent pour le meilleurs par comparaison avec l’ancien empire francais, où les dirigeants d’aujourd’hui sont les héritiers directs du système colonial.

  • @Koz:

    Il y a tout de même des nuances de gris, qu’il s’agisse des régimes ou des réponses à apporter à des violations des droits de l’homme.

    D’accord avec vous, et également avec Carredas, dans le même esprit.

    Ceci pour dire qu’elle ne me semble pas spécialement femme à se résigner. Et que la différence, chez elle, ce n’est pas le relativisme.

    Je ne vois rien à redire à cette tribune sur l’affaire Redeker, mais ce n’est quand même pas tout à fait le même sujet.

    @ Carredas:

    Les gesticulations des donneurs de leçon de démocratie occidentaux sont surtout destinées à eux-mêmes et à leurs dirigeants.

    C’est vrai, et à cet égard le geste de Delanoë est caricatural.

    Pour les populations qui ne savent rien ou presque de la vie à l’occidentale c’est, selon moi, leur capacité à découvrir ce monde qui pourra leur donner la tentation d’y goûter.

    D’accord là-dessus aussi. D’ailleurs, on peut à bon droit relever que l’expansion économique de la Chine amène un immense progrès pour le droit de l’homme le plus fondamental, le droit à la vie.
    Mais ça ne justifie pas pour autant que le gouvernement chinois mette ses journalistes en prison sous prétexte que la société chinoise est moins individualiste que la nôtre. C’est d’un compliqué, ces nuances de gris…

  • « Moralement, car pendant que non envoyons des ambassadeurs sucer la b. des dirigeants chinois et cracher sur Delanoë dans les quotidiens officiels chinois, tout cela pour défendre les interêts de Carrouf vaguement menacé par quelques centaines de connards nationalistes comme il en existe partout, Merkel a reçu le Dalai Lama et Brown attend sa visite. Quel besoin d’aller s’humilier ainsi ? Idem pour la Tunisie, Ben Ali n’en demandait pas tant à la tête de son camp de voleur. »

    Tiens, Guillermo, quelques mots sur l’attitude exemplaire de l’Allemagne…. Par ailleurs, il semblerait que Gordon Brown ne recevra pas le Dalaï Lama.

    Pas sûr que nous ayons à rougir de notre politique. Pas sûr.

  • Non, il n’a pas sa place ici, pas plus qu’il ne devait l’avoir normalement dans le petit billet que j’ai en tête. Mais il serait indécent de ne pas le souligner. Merci à toi et à Olivier (en chat).

  • Koztoujours, puissiez-vous toujours causer ainsi.
    Merci de citer cet article très bien vu.

    On a dit toutes sortes de choses discutables sur la Chine dans la plus grande indifférence récemment.
    Tandis que ce genre d’information n’était relayé par personne :

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    Demission de Patrick French, directeur de la Free Tibet Campain

    Patrick French, alors qu’il était directeur de la « Free Tibet Campaign » (Campagne pour l’indépendance du Tibet) en Angleterre, a été le premier à pouvoir consulter les archives du gouvernement du Dalaï-Lama en exil. Il en a tiré des conclusions étonnantes.

    Il en est arrivé à la conclusion dégrisante que les preuves du génocide tibétain par les Chinois avaient été falsifiées et il a aussitôt donné sa démission en tant que directeur de la campagne pour l’indépendance du Tibet (1).

    Dans les années soixante, sous la direction du frère du Dalaï-Lama, Gyalo Thondrup, des témoignages furent collectés parmi les réfugiés tibétains en Inde. French constata que les chiffres des morts avaient été ajoutés en marge par après. Autre exemple, le même affrontement armé, narrée par cinq réfugiés différents, avait été comptabilisée cinq fois. Entre-temps, le chiffre de 1,2 million de tués par la faute des Chinois allait faire le tour du monde.

    French affirme que ce n’est tout bonnement pas possible : tous les chiffres concernent des hommes. Et il n’y avait que 1,5 million de Tibétains mâles, à l’époque. Il n’y en aurait donc quasiment plus aujourd’hui. Depuis, la population a augmenté pour atteindre presque 6 millions d’habitants actuellement, soit presque deux fois plus qu’en 1954. Chiffre donné et par le Dalaï-Lama et les autorités chinoises, étonnamment d’accord pour une fois.

    Les observateurs internationaux (la Banque mondiale, l’Organisation mondiale de la santé) se rangent d’ailleurs derrière ces chiffres. N’empêche qu’aujourd’hui encore, le Dalaï-Lama continue à prétendre que 1,2 million de Tibétains sont morts de la faute des Chinois.
    (Jean-Paul Desimpelaere)

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    Pour lire des témoignages sur les nombreux faux-procès faits à la Chine notamment à l’occasion de la mascarade tibétaine en 2008 :

    http://spe.over-blog.com

    De fait, la Chine fait preuve d’un retenue exemplaire. Le peuple chinois aime son pays, tel qu’il est. Il a été gravement secoué par ces violentes charges.

    Le fait est qu’il n’est pas responsable de mobiliser l’attention des foules avec la sempiternelle question tibétaine, que chacun s’accapare en y imprimant ses propres intérêts, ses fantasmes, ses frustrations.

    La réalité est loin de ce qui nous est transmis par les media. Vous voulez des faits, en voilà en video sur le net (« la réalité des émeutes à Lhassa »). Vous voulez des chiffres, ceux avancés par le « gouvernement tibétain en exil » ont conduit le directeur de la Free Tibet Campain, Patrick French, à demissionner tant ils étaient coupablement éloignés de la réalité. Il y a des interêts politiques et géopolitiques derrière tout cela. Ne nous laissons pas instrumentaliser. Nous avons plus à espérer qu’à craindre de la Chine.

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