Cohérents à mi-temps ?

La mauvaise représentation des chrétiens dans les médias, et spécialement des catholiques, est un sujet fréquent de protestation de leur part. Ces derniers jours ont pourtant apporté une éclatante démonstration inverse, par deux de nos principaux médias.

Le Monde a publié un long portrait d’une femme exceptionnelle, Noëlla Rouget. Cette résistante a apporté son pardon à son bourreau gestapiste, un homme que l’on qualifierait facilement de « monstre », dans l’incompréhension de ses compagnes de torture et de déportation. Dès les premières lignes, Le Monde dit clairement qu’elle était une « fervente catholique », puisant cette force d’âme dans sa foi – une foi intense rappelée dans toutes les revues de presse.

TF1 a pour sa part consacré dans son journal un reportage à Yann Bucaille, le créateur des Cafés Joyeux, employeur de jeunes autistes et trisomiques. Il raconte, inspiré, sa rupture avec sa vie professionnelle, avec la course permanente, et le sens qui anime désormais sa vie. On apprend aussi, au cours du reportage, que sa maison héberge une famille de réfugiés syriens, « à l’appel du pape François ».

Ces deux visages présentés au monde témoignent de l’accueil favorable réservé aux chrétiens lorsqu’ils sont un, lorsqu’ils sont cohérents, lorsque leur foi les engage profondément et concrètement dans leur vie quotidienne et ce, quoiqu’il en coûte. De fait, c’est bien souvent l’« hypocrisie des bons pratiquants » qui leur est renvoyée. C’est leur manque d’unité de vie, c’est leur défaut de cohérence, qui les rendent inaudibles.

Mais poursuivons. Lors de l’inauguration du Café Joyeux parisien, des personnalités de premier plan étaient présentes. Qu’elles en soient remerciées. Mais, bien que bienveillantes, allez leur dire, à elles, aux medias et jusqu’à cette Assemblée Nationale qui débat de la loi bioéthique, qu’il n’est pas plus ordinaire d’avorter des bébés atteints de trisomie 21 qu’il ne l’est d’avorter des filles comme on le fait dans d’autres parties du monde, simplement parce que le gène est identifiable ; allez leur dire que c’est au nom du même amour que nous rêvons d’une société qui consacrerait toute son énergie à inclure ces personnes plutôt qu’à faciliter un diagnostic qui sonne comme une sentence ; allez leur dire que le premier droit de ces personnes serait de venir au monde, et vous retrouverez le banc d’infamie.

C’est notre lot mais c’est aussi notre unité. On ne peut pas être cohérents à mi-temps.

Chronique du 17 septembre 2019
unsplash-logoAkshar Dave

3 commentaires

  • Merci Koz. Merci de dire à temps et à contretemps ces vérités que l’on ne dit pas tout haut : 96 % des enfants trisomiques sont avortés et c’est le grand silence quand on réussit à placer cette vérité dans la conversation ! Merci aussi d’avoir indiqué ces deux exemples positifs de la part des médias, car j’ai été très fâchée ce soir en écoutant 28 mm samedi sur Arte que d’habitude j’apprécie. Un des « chroniqueurs » a honteusement cité des paroles tronquées de Mgr de Moulins Beaufort disant qu’il donnait comme consigne de manifester le 6 octobre alors qu’il ne l’a pas dit comme cela du tout. J’avais suivi le débat en direct sur RCF. Il renvoyait chaque citoyen à sa conscience en citant plusieurs points de la loi de bioéthique, mais bien sûr on ne parlait que de la PMA et des couples homosexuels avec beaucoup d’ironie en traitant tous les participants de la manif pour tous de partisans d’extrême droite. J’étais furieuse et je n’écouterai plus 28 mn. Où peut-on leur faire savoir ? Ils ont une rubrique « désintox » ce serait la moindre des choses qu’ils s’en servent pour rectifier ces abus de langage.
    Merci encore Koz. Continuez et tenez bon dans vos convictions cohérentes.

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