C’est mal.
J’ai bien conscience que ce qualificatif n’est guère orignal, mais les autres sont tous pris. Tous ceux qui ont à cœur d’exposer leur pureté, d’ériger eux-mêmes une statue à la gloire de leur propre intégrité, ont épuisé le champ lexical de l’indignation.
Et l’on voit un homme, condamné pour recel d’abus de biens sociaux, exclure bruyamment Jérôme Cahuzac de son parti avec d’autant plus de fureur qu’il n’a pas lui-même les fesses propres (c’est une image). Et l’on voit Libé céder à son goût pour la Une massive et l’imprécation impulsive. Et l’on en voit d’autres s’abîmer dans la surenchère, à l’image d’un Alain Duhamel qui tient Cahuzac « pour quelqu’un de répugnant« . Du fond de son trou, on peut bien lui cracher à la gueule : s’il riposte, les lois de la physique le ramèneront à la réalité.
Cahuzac, il est vrai, l’a bien cherché. C’est le gars qui s’est immédiatement saisi de la présidence de la Commission des finances à l’Assemblée que Nicolas Sarkozy avait laissée à l’opposition sans que rien ne l’y oblige, pour en faire un outil de harcèlement politique, à l’inverse d’un Didier Migaud. C’est celui qui, lors de l’affaire Woerth, exigeait un remaniement ou une dissolution Et on en a lu, des articles sur ce gars brillant, mais tellement conscient de son talent, et tellement cassant, odieux avec les autres ministres. Quand un gars comme ça est chopé, pensez donc… Aucune indulgence.
Dans les faits, ceux qui ont péché jettent la première pierreSon exemple, cette propension à dénoncer chez les autres ce que l’on a commis soi-même, devrait pourtant précisément en appeler plus d’un à la prudence ! C’est chez les parangons de vertu qu’on trouve les Tartuffe. « Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre » : ça a marché une fois, mais c’est bien parce que c’était Lui. La plupart du temps, ils lancent la pierre, et ils choisissent une pierre à la dimension des turpitudes qu’ils cachent. Bien sûr, il ne s’agit pas de nier la gravité de cette affaire : un ministre en charge de la fraude fiscale qui fraude le fisc, cela reste sidérant, surtout dans une « République exemplaire ». Mais prenons garde à ne pas en faire d’autant plus que l’on n’est pas soi-même blanc blanc. J’irais à cet égard plus loin que Doudette (ou sur un autre plan) : oui, nous sommes tous responsables – et les électeurs qui réélisent des condamnés en premier lieu – mais prenons garde à ne pas soigner surtout notre propre image en dénonçant l’infamie des autres.
Prenons garde aussi à ne pas provoquer les dangers qu’on dénonce. Il est plus facile, et plaisamment grandiloquent, d’évoquer les heures terribles de l’Histoire, 1789 et les années qui suivent ou le 6 février 34. Il faudrait surtout rappeler que, précisément, les modèles de vertu font les pires assassins ! C’est Saint-Just, l' »Archange de la Terreur« , chantre de la vertu, qui fait voter la loi des suspects. Et l’on trouvera sans peine son équivalent chez les staliniens ou chez les collabos.
Sans, bien évidemment, l’assimiler aux précédents, il ne me semblerait pas vain de s’interroger un peu sur les motivations d’Edwy Plenel. Est-ce véritablement le seul attachement à la probité en politique qui le motive ? Cela fait un moment qu’il a étroitement mêlé journalisme et activisme politique. Alors, est-ce vraiment un hasard si son site a été choisi pour attaquer Cahuzac ? Certains verraient un peu vite dans cette affaire le gage de sa neutralité politique mais ce n’est pas sa gauche qu’il a attaquée. C’est le social-libéral de service, le tenant de la rigueur ou de la simple orthodoxie budgétaire. Et après Cahuzac, il en vise un autre, Moscovici. D’ailleurs, Hollande, lui-même… On le sait ancien trostkiste, on est en droit de se demander qui va ramasser les fruits de l’arbre qu’il secoue.
On marche sur une corde raide : c’est pas le moment de faire des grands gestesParce qu’on marche sur une corde raide : c’est pas le moment de faire des grands gestes.
Parce qu’au bout du compte, « là où il y a de l’Homme, il y a de l’hommerie » (St François de Sales). Ce qui se passe sous nos yeux vous surprend-il tant ? Un ministre du budget, ou des finances, attaqué sur son rapport à l’argent ? Nous pourrions reprendre la liste récente des titulaires du portefeuille. Parce que j’ai visité il n’y a pas si longtemps le chateau de Vaux-le-Vicomte, je pense à Nicolas Fouquet. Un homme enfermé dans un mensonge ancien, renouvelé, taraudant, qui maintient sa version, les yeux dans les yeux, c’est exceptionnel ? Un président qui aurait (peut-être) fait le calcul, entre le scandale immédiat et la probabilité qu’il éclate vraiment, c’est inédit ? Un puissant qui oublie que « le vrai pouvoir, c’est le service« , c’est étonnant ?
C’est la face noire de l’homme, la face sombre du pouvoir. Elle est là, elle sera toujours là, on le sait. Il faut évidemment la combattre, en commençant par la combattre en soi. Il faut évidemment rechercher l’intégrité en politique. Il faudrait aussi faire mentir l’adage selon lequel « on ne meurt jamais en politique ».
Mais est-on certains de prendre la juste mesure de la situation et de ne pas, par de grands moulinets et des cris d’orfraie dévots, causer les dégâts que l’on craint ?
Juste une remarque, il s’agit du 6 février 1934, et non du 6 mai.
Espérons que la boue n’éclabousse pas d’autres personnes pour éviter la chienlit. Mais Je pense qu’il fallait s’y attendre. Irréprochable fut le premier mot de trop. http://jonastree.blogspot.fr/2013/04/irreprochable-et-impardonnable.html
Certes, cet homme a commis une faute incontestable, inconmensurable, inadmissible, voire insupportable.
Mais je ne puis écouter les mots de F. Hollande sans me rappeler aussitôt ceux de Vladimir Jankélévitch:
« Or, le pardon s’adresse à l’impardonnable… »
Je suis heureux, mais pas surpris, de te compter au nombre de ceux qui ne frappent pas un homme à terre.
Sur le fond, je te rejoins, mais je ne vois pas de solution dans ton propos.
Bastiat disait : « l’Etat est la grande fiction par laquelle chacun s’efforce de vivre au dépends de tous les autres. » C’était il y a 150 ans. Depuis, le poids relatif de l’Etat dans la société a plus que quintuplé.
Plus la bassine d’argent commun sera importante, plus elle attirera les aigrefins et plus son influence corruptrice augmentera. Si on veut vraiment remédier à la situation, il faut revenir aux sources et se rappeler que la fondation de l’état de droit est la sévère restriction du pouvoir du souverain.
Cessons d’accorder un tel pouvoir sur nous-mêmes à nos dirigeants et nous permettrons l’apparition d’une nouvelle génération pour qui « le vrai pouvoir, c’est le service ».
@ Polydamas : je plaide la coquille et, s’il le faut, je demande pardon.
@ Jonastree : tiens, n’aurions-nous pas quelques référrences communes ? En tout cas, nous nous retrouvons déjà là-dessus :
@ klara : vous aimerez aussi le billet de Jonastree.
Lib a écrit ::
Pourquoi pas. Mais aurais-je l’outrecuidance de relever que l’origine des fonds planqués par Cahuzac sur des comptes étrangers semble plutôt à chercher dans son activité privée ?
Je partage votre avis, Koz. Et je pense qu’ hurler avec la meute n’est même pas une bonne tactique. Beaucoup de gens pensent que les hommes politiques sont plus ou moins tous corrompus (c’est heureusement faux) : comment croire à la sincérité de leur indignation ?
Pour Plenel, je crois que la motivation est moins politique que ce que vous imaginez : Plenel rêve depuis longtemps d’être à l’origine d’un Watergate français et de faire tomber un président de la République, quel qu’il soit. C’est le plus haut degré de pouvoir et d’influence que peut espérer un journaliste, d’une certaine manière. On peut s’interroger pour savoir si faire éclater des scandales est une bonne ou une mauvaise chose pour la démocratie, vu qu’il est plutôt bien d’empêcher des malhonnêtes de nuire mais qu’il est dangereux de faire passer tous les hommes politiques pour des malhonnêtes… L’honnêteté parfaite de dizaines de milliers de gens (l’ensemble des élus, ça fait du monde) étant impossible à assurer, il vaudrait sans doute mieux procéder avec efficacité et discrétion plutôt que de vouloir à toute force rechercher le scandale et le lynchage public de quelques boucs émissaires de temps en temps. « Malheur à celui par qui le scandale arrive ! »
En revanche, j’ai deux remarques de détail orthographique que vous me pardonnerez, je l’espère : vous n’avez pas voulu dire « pêché », Koz, mais « péché », ce qui est bien différent (et c’est une confusion fâcheuse vu que le chrétien doit pêcher mais s’efforcer de ne plus pécher). Et dans « la présidence de la Commission des finances à l’Assemblée que Nicolas Sarkozy avait laissé », rajoutez donc un e au participe, sinon, vous aurez les féministes sur le dos.
Peut-être, on n’en sait rien. Ce qu’on sait en revanche, c’est que Cahuzac a préféré se consacrer à son activité publique plutôt qu’à son activité privée. Crois-tu que ce soit par amour du service public?
Avoir entendu notre président qualifier à nouveau d’impardonnables les graves manquements de son ex-ministre m’a grandement choqué. donc, il n’y plus pour lui de moyen de « payer sa dette à la société »? Doit-il dès à présent être condamné à perpétuité?
Qu’attendent-ils donc tous? Qu’on le retrouve pendu dans son garage?
Cette impression de voir certains se refaire une virginité à bon compte est assez nauséeuse.
Je ne comprends pas bien le fond de l’affaire. Pourquoi le motif de la mise en examen est blanchiment de fraude fiscale, et pas fraude fiscale? Et qu’est-ce qui est interdit, au juste? Ce n’est pas la détention d’un compte à l’étranger, en tous cas.
Sur le reste, je suis bien sur d’accord avec Lib pour affirmer avec force que les riches qui n’ont pas d’activité politique n’ont pas de compte en Suisse, ne fraudent jamais le fisc, et que tout ça est la faute de l’État (comme tout le reste, d’ailleurs).
@ klara:
C’est Derrida pas Jankelevitch, et Derrida reprend là Hannah Arendt.
Ce n’est pas très glorieux de traiter Cahuzac de tous les noms. Un homme n’est pas répugnant, point, et on se partage tous la même nature humaine.
Ceci dit, oui je suis sincèrement surpris / choqué de cette affaire. Ok il y a des précédents. Ok on a tous dû se faire accrocher par un type qui vous mentait avec un aplomb démentiel pour vous soutirer des sous. Mais je refuse de m’y habituer, et je pense que vous non plus puisque vous disiez il n’y a pas si longtemps (janvier 2011) « je me suis dit que peut-être, depuis 2008 plus qu’auparavant, j’attendais la cohérence. Est-ce naïf ou vain, en politique ? La naïveté ne me fait pas peur, je crains plutôt de sombrer dans le cynisme ». Je garde cette naïveté de penser que Hollande pensait sincèrement Cahuzac innocent, et cela me fera mal si ce n’est pas le cas.
Bref, à mon sens les « archanges de la Terreur » n’ont tort que lorsqu’ils tapent sur l’homme et non sur l’affaire, qui reste sidérante comme vous dites. Mais quelque chose de sidérant, c’est quelque chose qui « étonne énormément » (Larousse), donc il faut que vous choisissiez si vous êtes étonné ou non… 🙂
Finalement ne serait-ce pas faire le Tartuffe des Tartuffe que de s’indigner de la meute qui s’indigne? (oui je sais on peut aller loin comme çà – mais la question me taraude pour utiliser le mot de Jérôme).
La classe politique n’en sort pas grandit en tout cas, à la vue des réactions de chacun (et encore pour une fois Copé dont je ne suis pas fan du tout a presque été mesuré dans sa réaction) – reste à savoir s’ils ont de bons fusibles à Matignon et à l’Élysée…
« On marche sur une corde raide : c’est pas le moment de faire des grands gestes »
On ne peut même pas en pousser quelques uns?
@ Amélie : en ce qui concerne les motivations d’Edwy, il faut voir, étant acté qu’un acte peut avoir plusieurs moivaitons conjointes. Mais j’observe tout de même que les cibles sont généralement conformes à ses options idéologiques.
Pour ce qui est du péché, il est vrai que cela en modifie le sens. Pourquoi vouloir absolument réservé la lapidation à ceux qui n’ont jamais pêché, ce serait absurde, nous sommes d’accord.
@ Olde : il mértie d’être pleinement sanctionné et il mérite de disparaître de la vie publique (comme je le dis en fin de billet, l’idée que les politiques puissent toujours rebondir est assez excécrable et délétère) mais j’espère pour lui qu’il est en mesure de s’isoler quelque temps. Je ne sais aps vraiment comment on peut faire face, sinon. D’autant que tout ça ne va pas s’arrêter à lui et qu’il risque d’être responsable d’une crise bien plus grave si les infos qui arrivent selon lesquelles l’Elysée était informé depuis fin décembre, et a maintenu Cahuzac malgré tout, se confirment.
@ Ceyratois : si vous avez le lien vers le billet où je l’ai écrit, que je retrouve le contexte. Maintenant, entre la naïveté et le cynisime, il y a de la place pour la lucidité. Et les infos telles que celle du dessus.
« Alors, est-ce vraiment un hasard si son site (Mediapart) a été choisi pour attaquer Cahuzac ? «
Qui sait, peut-être que l’info sur l’enregistrement a été donnée à d’autres médias mais que seul Mediapart a poussé les investigations. A noter que c’est le Canard qui a parachevé l’enquête, deux médias indépendants des recettes publicitaires.
Ce qui reste à creuser dans cette histoire, c’est le rôle joué par Mosko. A t il cherché sciemment à étouffer l’affaire en affirmant que Cahu n’avait pas de compte en Suisse où alors a t il été simplement « léger » (pour ne pas dire incompétent) dans ses questions à UBS ?
D’accord pour ne pas s’acharner sur un homme à terre dont la vie politique est brisée sans pour autant minimiser ses trois fautes graves (fraude fiscale, mensonge à tout le monde, trahison de ses amis).
D’accord aussi pour considérer que les plus sévères dans le lynchage ne sont pas toujours les plus irréprochables.
Pas d’accord par contre pour céder sur l’exigence morale. Il ne s’agit pas de s’ériger en « Archange de la terreur » comme vous dites mais simplement d’élever les exigences de moralité en politique (respect de la loi, déontologie par rapport aux conflits d’intérêt, langage de vérité). Sans vouloir guillotiner tous les pécheurs, on peut être d’accord pour exclure du jeu ceux qui auraient failli par rapport aux principes les plus élémentaires. Je pense que l’exemplarité a du sens. Je pense aussi qu’au-delà de la morale, il y a la cohérence (sans laquelle rien n’est possible).
A moins de l’encourager ou de la tolérer, comment pourrait-on en effet charger de la lutte contre la fraude et l’évasion fiscale, évaluée en France entre 40 et 80 milliards d’euros (de quoi renflouer les finances publiques) une personne, aussi brillante soit-elle, qui a elle-même fraudé le fisc et donc l’ensemble des Français par le passé ?
Comment peut-on servir l’intérêt général si l’on est essentiellement motivé par l’argent ou pire, si l’on profite de sa position publique pour s’enrichir ?
Comment peut-on prôner la sévérité pour lutter contre la petite délinquance si l’on ne veut pas être trop regardants sur les délits des plus hauts représentants de l’Etat ?
Sur la « corruption » : comme le fait justement remarquer Koz à Lib, il ne s’agit pas ici d’enrichissement par des activités publiques mais bien d’enrichissement par des activités privées (chirurgie esthétique, conseil aux labos pharmaceutiques). Et si Jérôme Cahuzac a choisi la politique, ce n’est sûrement pas pour gagner plus d’argent, mais au contraire en acceptant de gagner moins d’argent (il aurait dû y penser plus tôt, il est rattrapé par son passé, nul doute qu’il regrette profondément cette « bêtise »).
Sur Mediapart : sur le coup, personne ne peut prétendre qu’ils aient eu tort. De là à leur accorder du crédit sur d’autres affaires… La motivation d’Edwy Plenel, qui est clairement de gauche mais ne protège personne (à part peut-être Villepin), est de traquer les dérives et les mensonges de la République, voire de la faire « trembler ». Et on ne peut pas dire, à mon avis, qu’il ne fasse pas oeuvre utile pour la démocratie. Dans d’autres pays, il n’y aurait même pas de discussion sur ce sujet : objectivement, il incarne aujourd’hui en France « le journaliste » au sens le plus noble du terme. Pour comprendre le personnage, plus que son passé trotskyste, l’injustice dont a été victime son père, serviteur de l’Etat, est à mon avis beaucoup plus fondatrice (on doit pouvoir trouver son témoignage ému sur ce sujet sur Internet).
Parallèlement, on n’oubliera pas non plus que c’est par la cassette enregistrée par hasard, conservée durant plusieurs années et donnée à Mediapart par un vieil adversaire politique local de Jérôme Cahuzac que le scandale est arrivé (c’est souvent comme ça que naissent les enquêtes : il faut bien avoir des « sources », dont les motivations sont rarement pures).
Enfin, plus généralement, il ne s’agit pas de bâtir un homme nouveau, pur et incarnation de la morale, mais simplement de demander en tant que citoyens que ce soit les meilleurs d’entre nous qui nous représentent. Et si la presse et la justice font leur travail en toute indépendance, c’est plutôt une bonne chose pour la démocratie. Ce sera le côté positif de cette affaire.
Comme on disait dans ma jeunesse, ce n’est pas parce que un stalinien vous dit qu’il fait beau qu’il faut prendre son parapluie. Les motivations de Plenel sont ce qu’elles sont, son information était bonne.
Cahuzac, c’est mal. Mais Guérini à Marseilles, c’est pire. Je suis mal à l’aise avec l’échelle médiatique des indignations.
Jeff a écrit ::
Koz avait écrit, pour sa part :
Donc plutôt « d’accord », en fait.
Pour ce qui est de Mediapart, je persiste. Ses causes collent très bien avec ses options idéologiques. Ce qui peut être un hasard. Ou alors il n’y a pas de malhonnêtes dans cette gauche de la gauche.
@ Koz : C’est votre billet « Il s’est passé quelque chose en 2008 », https://www.koztoujours.fr/?p=10550. Le passage est à la fin, lorsque vous vous demandez si Sarkozy est très sincère de son discours sur les chrétiens d’Orient. Vous disiez si j’ai bien compris qu’il peut y avoir tellement de cynisme en politique qu’il faut faire attention à ne pas y tomber soi-même.
En fait, je suis d’accord avec vous sur le billet Cahuzac, sauf que je trouve difficile à suivre la voie du « il faut combattre la face sombre du pouvoir mais sans s’étonner que cela soit grave à ce point », je me dis que le choc peut être salutaire, que l’on en a besoin lorsque l’on veut essayer des changements de fond. Que si c’est une partie de la nature humaine qui est en cause, celle que l’on ne veut pas voir, peut-être qu’il faut justement passer par cette phase de choc pour la voir et réfléchir à nos petits arrangements avec l’argent.
Et que l’on peut être choqué, sidéré, très déçu… sans accabler d’injures l’homme qui a failli. Et du coup votre partie sur le fait que ce n’est pas si étonnant me démotive un peu, je la ressens comme non pas fausse mais décourageante pour celui qui voudrait y croire à cette meilleure politique. Je me doute cela dit que tel n’était pas votre intention.
Fort bon billet, et assez d’accord sur plusieurs points avec toi, sur l’inquiétude face à la justice médiatique qui doit passer, mais on ne sait pour où, et pour quoi, jusqu’où…
On verra l’impact de l’aveu, ce qui me renvoie à un de tes billets sur cette pratique américaine et un fameux grimpeur impénitent non de montages fiscaux mais de montagnes.
Juste une remarque,
étant tout sauf un néo ex fan de J Cahuzac, je remarque que s’il porta haut et fort la critique contre la politique éco comme Pdt de la Com des finances, notamment sous N Sarkozy, cela ne lui a pas pour autant valu que des inimitiés, le sérieux de son travail parlementaire ayant été salué, et pas exactement par n’importe qui à l’Assemblée, G Carrez ou F Baroin notamment.
http://www.lexpress.fr/actualite/politique/avec-le-budget-2013-cahuzac-entre-dans-la-lumiere-et-sur-le-ring_1175604.html?xtmc=carrez_cahuzac&xtcr=4
Qu’il l’ait fait avec vigueur, certes, qu’il ait ainsi été chargé par l’opposition de porter le fer, oui, mais cela me paraît aller dans le sens de la foule hurlante que de lui retirer des qualités et des principes – dans le cadre de son mandat, au moins sur la politique éco et les questions de finances publiques – que personne ne semble devoir lui nier.
Je suis aussi effrayé du lynchage de la gauche, alors que l’homme va de toute façon payer et que cela ne sert à rien d’en rajouter. C’est toute la différence entre droite et gauche, selon Léo Moulin. La droite croit au Péché originel, la gauche non. La droite n’est donc pas étonnée par les fautes des uns et des autres et, in fine, croit à la rédemption. La gauche croit que les structures (ses structures) peuvent être définitivement purifiés de toute scorie humaine. Si l’un des siens fait défaut, il n’a plus droit à l’existence.
Il était certainement compétent. Mais, mêm si je concède que c’est subjectif, il a tenu le rôle de président de la Commission des finances dans un esprit très différent de Didier Migaud. Lui me paraissait avant tout soucieux du budget, et Cahuzac davantage soucieux du jeu politicien. Je n’avais pas toruvé cela très classe de sa part, dans la mesure où rien n’obligeait Sarko à confier la présidnce de la commission des ifnances à l’opposition.
Merci pour cet excellent billet. A vrai dire, la situation de Cahuzac appartient à la justice. Et tant qu’il n’y a pas eu condamnation, il a sa chance … Néanmoins il est certain que la cabale des dévôts laisse repenser à Pascal: l’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête. Il ne fait pas bon être ami en terre socialiste. L’évocation rhétorique et unanime de la figure de la trahison par nombre de membres d’élus tendanciellement de gauche, laisse songeuse. Au demeurant, à mon sens, l’affaire Cahuzac pose d’autres questions: quelle transparence dans la vie publique ? Quelle responsabilité des élus ? Introduire une dose d’impératif dans les mandats ? Et pour ne rien cacher, les réformes annoncées par le PR en réponse ne comprennent pas la réforme du statut pénal du Chef de l’Etat. Cette circonstance eut pourtant été l’occasion de valoriser une certaine exemplarité. Pourquoi commencer par le cumul des mandats plutôt que par lui-même ? Tout homme est faillible. Mais la parole donnée, la promesse, le sens de l’engagement sont pourtant des conditions à satisfaire pour renforcer le contrat social … Soyons fonctionnels. Ne lynchons pas. Mais avançons en équité autant que faire se peut.
J’ai apprécié que La Croix fasse exception parmi tout les autres quotidiens en faisant une Une sur la laïcité, reléguant Cahuzac en page 8. Ce faisant, le journal fait honneur à son inspirateur qui disait « que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre ».
Eh bien, soit, planquer 600000 E n’est pas, dans la classe politique française, chose si grave que ça. Ça me donne une idée : si on virait la classe politique française ?
(Sans oublier peut-être celui qui avait sous-estimé son bien immobilier de la Côte d’Azur d’un facteur 3 ou 4 dans sa déclaration d’ISF.)
Ce n’est pas que je trouve ça inhumain : j’ai sûrement dans mon carnet d’adresses des gens qui ont mis de l’argent à l’étranger, le contraire serait étonnant. C’est juste que des gens qui fraudent contre l’Etat n’ont rien à faire aux responsabilités d’Etat.
Ceci dit, tout à fait d’accord avec le billet pour rejeter toute pratique de « chasse aux sorcières » : c’est à la loi tout court, non à la loi de Lynch, que nous devons demander de protéger le service public des prédateurs.
Bon, remettons les choses dans leur contexte : le type demande aux gens de ne pas frauder et s’érige en chevalier blanc de la lutte contre l’évasion fiscale. Il est logique que ces révélations mettent tout le monde en furie (et même, je trouve que c’est rassurant).
Ce qui permet au passage de rappeler que, non, le PS n’a décidément pas le monopole du bien, et pour une fois je me suis surprise à être d’accord avec Wauquier disant, ce matin, qu’il serait temps que les hommes politiques s’interrogent avec honnêteté sur leur rapport avec l’argent.
En parlant des valeurs morales dévoyées d’un certain PS, je profite de mon passage ici pour vous inviter à signer la pétition contre l’article 4ter de la loi sur le refondation de l’école, passé en loucedé par 29 députés socialos et remettant en cause les bases de la loi du 11 février 2005 sur le handicap (qui avait été votée par la droite, ce qui prouve que la droite AUSSI a des valeurs de solidarité). La totalité des assos du handicap et la FCPE sont vent debout contre ce texte 100% PS, alors je me permets de mettre le lien. La loi est en effet à l’examen au Sénat et rien n’est encore joué. http://www.petitions24.net/forum/48009/start/850
Amicalement
Jeff a écrit ::
Vous êtes bien affirmatif. Hier, vous ignoriez l’existence de ce compte, ce soir vous connaissez tout des sources de son financement. Chapeau. Cette certitude apparente est d’autant plus étonnante, qu’un paragraphe plus haut vous parlez d’utiliser « sa position publique pour s’enrichir ».
Jeff a écrit ::
On est partagé entre l’admiration devant tant de foi et la consternation devant tant de naïveté.
L’administration publique voit passer entre ses mains 1000 milliards par an avec un niveau de contrôle effroyablement faible. Combien de scandales de rétrocommissions, HLM, subventions foireuses, acquisitions de biens immobiliers appartenant à la commune, niches fiscales adhoc, montres de luxe, putes, appartements de fonction, emplois fictifs, abus de biens sociaux, abus de pouvoir, « investissements » clientélistes, cadeaux électoraux, sinécures pour les copains… vous faudra-t-il pour admettre que l’argent gratuit des autres attire les voleurs?
Si ça peut vous faire plaisir, je reconnais volontiers que les acteurs privés ne sont pas plus honnête. C’est simplement qu’il est beaucoup plus facile de voler de l’argent qui n’appartient à personne (ou à tout le monde, c’est pareil). Se servir d’argent public est devenu un sport national sans ce pays. C’est tellement facile.
Noel a écrit ::
Il y a du vrai là-dedans. Mais la droite manque de cohérence. Connaissant les faiblesses des hommes, elle devrait demander beaucoup plus de rigueur dans la gestion du fruit du travail des citoyens.
Cahu a son compte, comme dit tapie (qui s’y connait) pas la peine d’en rajouter. A ce niveau la, je crois que les hommes politiques ne reviennent pas de toute facon (Tapie, Noir, Leotard…) En revanche, Hollande qui savait au moins depuis decembre je crois qu’on peut encore taper dessus à loisir, apparemment ca le fait sourire en plus. Et puis meme si c pas bien d’etre aussi idiot qu’en face, apres le scandaleux « Madoff » d’Aubry à Sarkozy ou l’attitude de la gauche envers Woerth, on a le droit à encore un peu de defoulement avant de sauver la democratie parlementaire…
@ Lib
Que les marchés publics aient pu servir de pompe à finances pour les partis politiques, c’est un fait connu. Que la gestion de l’argent public ait permis à des élus de s’enrichir personnellement, je suis peut-être naïf (comme vous dites) mais je pense que là, on parle d’une minorité de cas isolés de corrompus.
Pour Cahuzac, il ne s’agit apparemment pas (d’après ses avocats d’une part et le Canard enchaîné d’autre part) d’argent gagné pendant qu’il exerçait des fonctions publiques mais plutôt quand il était dans le privé. Corrigez-moi si vous avez des informations contradictoires.
Enfin, si vous pensez que quelqu’un comme Cahuzac gagnait autant en étant ministre qu’en étant chirurgien esthétique ou conseil des labos pharmaceutiques, c’est que votre aversion pour l’Etat vous aveugle en vous laissant penser, à tort, que tous les responsables politiques ont choisi ce métier pour piquer dans la caisse.
Bonsoir,
Jérôme Cahuzac a démissionné et donc il n’entraînera pas dans ses problèmes privés le gouvernement. C’est ce qu’il fallait et on doit à mon avis maintenant le laisser tranquille.
C’est cependant peut-être l’occasion de rappeler la tartufferie de la gauche française qui se prétend populaire mais qui en fait défend juste une autre élite que la droite française.
A part cela, il me semble que celui qui n’a jamais arrondi une note de frais, ou un peu abusé sur les frais professionnels jette la première pierre…
@ Koz
Votre interprétation politique sur les motivations d’Edwy Plenel – abattre tout ce qui est à droite de la gauche de la gauche – ne pourrait être infirmée que si Edwy Plenel faisait tomber un ministre de Mélenchon. Même si je pense que la motivation première est plutôt de faire trembler l’Etat, la République, quels que soient ses dirigeants, quand il (elle) abuse de son pouvoir ou trahit ses idéaux, je pense également que vous ne risquez pas d’être démenti de si tôt.
Jeff a écrit ::
Manifestement, l’idée ne vous a pas traversé l’esprit que de lucratives prestations de conseil auprès de labos pharma puissent être en aucune façon liées à un poste au cabinet du ministre de la santé.
Par ailleurs, 600k€ est une somme importante mais je serais très surpris qu’un homme comme Cahuzac prenne le risque juridique et politique d’ouvrir un compte en Suisse uniquement pour défiscaliser un tel montant. En revanche, si l’origine des fonds est douteuse, ça se justifie.
Il n’y a que les crétins qui piquent directement dans la caisse. La bonne façon de profiter d’un pouvoir exorbitant (et très peu contrôlé) sur des masses d’argent considérables, c’est de les orienter plus ou moins subtilement vers des acteurs privés en contrepartie de renvois d’ascenseurs divers et variés (emploi pour le fiston, prestation de conseil surfacturées, transferts de biens à prix bradés, services divers…)
Il y a aussi la méthode Chavez qui consiste à acheter des suffrages en faisant des cadeaux avec l’argent des autres. Ainsi, le boss d’un département rural « offrait » il y a peu un ordinateur ou un iPad aux collégiens de son département. Il a connu, depuis, une fulgurante ascension.
Tenez, l’ancienne favorite de notre souverain bien aimé vient de récupérer le pouvoir d’orienter 42 milliards (à peine 70000 fois le montant dont on parle pour Cahuzac) là où bon lui semblera. Je suis certain qu’elle a soudain plein de nouveaux amis qui sont prêts à faire beaucoup pour entrer dans ses bonnes grâces. Qu’elle en profite ou non personnellement ne dépendra que de sa légendaire probité. Ah, j’allais oublier, Irréprochable 1er a trouvé bon de la binômer dans cette vaste entreprise d’arrosage d’argent gratuit des autres avec un homme condamné pour prise illégale d’intérêt dans des marchés publics. Tout le monde s’en fout.
Je vous rassure tout de suite, je n’ai aucune illusion sur le fait que ces pratiques n’ont rien de spécifique au PS. L’UMP a largement fait preuve de son talent en la matière, le PC est le modèle historique que chacun s’efforce d’imiter et les plus petits partis ne cessent de démontrer qu’ils ont le potentiel. Ca ne concerne pas non plus que les politiciens. Quiconque a accès à l’argent public (élu, fonctionnaire, acteur privé…) subit la tentation. Beaucoup y cèdent.
Face à ce constat, on peut se réfugier dans l’angélisme, la tartufferie ou, pour reprendre les termes de Koz, devenir l’archange de la Terreur. Rien de tout ceci ne fonctionne, cela ne fait que renforcer les extrêmes.
Demeure le bon sens. La confiture attire les mouches, réduisons le pot de confiture. Restreignons le pouvoir de nos maîtres.
canard sauvage a écrit ::
Ca, pour le coup, c’est d’une part inexact et d’autre part trop tard. Ses problèmes ont cessé d’être privés lorsqu’il a été nommé ministre du Budget et le fait est que l’exécutif est totalement entraîné dans l’affaire.
@ Jeff : il n’y a pas que les mélenchonnistes dans sa mouvance. Et le seul fait de se payer les tenants de la rigueur permet à une certaine gauche de ramasser la mise : avec quelle ardeur Plenel et Arfi se sont précipités sur les plateaux pour incriminer Moscovici et ce, sans le moindre élément sinon des déductions, à l’image de ce que fait normalement un adversaire politique, pas un journaliste…. A court terme ils peuvent espérer éventuel infléchissement de politique et à plus long terme un retour dans les urnes. Ca tombe bien, il y a bientôt des élections.
Si l’on vous suit bien, Lib (je résume, vous me corrigerez si je me trompe), la nature humaine est ainsi faite que l’homme en général, et l’homme politique en particulier, ne peut qu’être soumis à la tentation de détourner l’argent public à son profit ou de profiter d’avantages issus de sa distribution… Donc il faut supprimer (ou réduire au maximum) l’argent public.
Même la BPI, créée pour soutenir les entreprises, ne trouve pas grâce à vos yeux, et vous pensez déjà que Ségolène Royal aura du mal à résister à la tentation de profiter à titre personnel de sa position. Alors que tout le monde sait que la seule motivation de Ségolène Royal est le rebond politique et que son rêve serait plutôt de devenir ministre, présidente de l’Assemblée ou du Sénat (à défaut de devenir présidente de la République), vous pensez, vous, que c’est la confiture des 42 milliards qu’elle aura à distribuer qui l’attire.
Effectivement, je dois être naïf et verser dans l’angélisme… Ou alors c’est votre idée de la nature humaine qui est vraiment trop pessimiste et trop restrictive (l’argent comme seul moteur).
Si pour certains de vos contradicteurs, le mot « libéralisme » est synonyme de « diable » (comme vous le disiez dans un autre post), pour vous, le synonyme de « diable » n’est-il pas « Etat » ?
On peut croire à la liberté individuelle, à l’initiative privée, à l’économie de marché, et croire aussi en même temps à la régulation, à l’intérêt général, aux services publics, à la solidarité, donc à l’Etat. Et pour que l’on puisse y croire, il faut effectivement que nos représentants s’imposent une exigence morale de respect de la loi (c’est quand même la moindre des choses), de déontologie (par rapport aux conflits d’intérêt dont vous parlez qui se produisent lors des allers-retours public-privé) et de vérité. Les temps changent, la presse et la justice travaillent manifestement indépendamment du pouvoir politique. Et les incorrigibles optimistes comme moi pensent que le temps arrive où les politiques y réfléchiront vraiment à deux fois avant de mettre les doigts dans la confiture et où leur sentiment d’impunité ne sera plus qu’un lointain souvenir…
J’ai toujours été frappé par deux règles qui me semblent communes depuis longtemps au monde des truands et au monde politique : « il est interdit de se faire prendre » et « n’avoue jamais ».
Pourquoi ne pourrait-on pas espérer qu’elles deviennent : « pour toi plus que pour un autre, il est interdit de fauter car tu as toutes les chances de te faire prendre et alors les conséquences seront terribles et tout ce que tu auras construit s’effondrera » et « autant que faire se peut, dis la vérité » ?
@Lib: d’accord sur le constat, pas sur la solution. Dans les pays nordiques, ils arrivent à combiner un haut niveau de mutualisation de ressources à l’échelle nationale (directement ou par agence), bonne gestion et exigence morale. Je reconnais que leur contexte est différent, à bien des égards. Mais je crois qu’il est possible de garder des systèmes collectifs importants en faisant régner une certaine morale publique. Peut-être en décentralisant le pouvoir, tout en gardant un contrôle indépendant et centralisé? Je ne sais pas.
Sinon, je n’ai jamais trop pu blairer Plenel, mais sur le coup, il faut reconnaître que son équipe a fait un vrai travail journalistique. C’est suffisamment rare en France pour qu’on le souligne. Peut-être est-il plus à sa place en fouille-merde de la République (une fonction éminemment utile) qu’au Monde.
Pour le reste, plutôt d’accord avec le billet de Koz.
Jeff, l’argent est un moyen, pas une fin. La fin c’est le pouvoir. Comme beaucoup de gens (souvent de gauche) vous avez tendance à vous focaliser sur l’argent comme une forme d’origine du mal. Ainsi vous oubliez que c’est le pouvoir qui corrompt.
Je ne pense pas que Mme Royal soit particulièrement intéressée par l’argent en tant que fin. Oh, elle se fera bien payer quelques tailleurs, les salaires de quelques collaborateurs sur le budget de la BPI, mais c’est peanuts. En revanche, elle ne va pas passer à coté du levier de pouvoir colossal que constituent ces 42 milliards. La BPI sera l’outil du rebond politique de Mme Royal. 42 milliards, ça peut faire beaucoup d’obligés.
La plupart des gens ont une éthique qui les pousse à renoncer à faire des choses qui, bien que bénéfiques pour eux, sont immorales. Et il y a des gens qui prennent toujours le maximum possible. La politique attire ces gens-là. Et plus il y aura à prendre, plus ça les attirera, et plus ça poussera des gens à adopter cette attitude.
Jeff a écrit ::
Ségolène favorisera ceux qui pourraient l’aider à rebondir plutôt que ceux qui lui refileraient de la confiture en douce, peut-être. Cela n’aurait pas plus à voir avec l’objet social de la BPI.
Ce qui me fait sourire dans cette affaire c’est qu’il y a une semaine on nous annonçait un choc de simplifications comme la solution à nos problèmes. Hier FH promet de nouvelles règlementations pour éviter la fraude, tout le monde approuve ou trouve ces annonces insuffisantes.
J’en déduis l’incohérence de la vox populi qui veut dans tous les domaines de la sécurité et en même temps moins de réglementations lourdes.
Il faut donc admettre les couacs, Cahuzac en est l’exemple, c’est tout. C’est triste mais c’est pas la fin du monde. C’est une illusion de croire que l’on peut tout sécuriser sans dommages collatéraux.
Logopathe a écrit ::
Je ne suis pas un expert du modèle nordique, mais m’y suis intéressé parce que ces pays apportent d’excellents arguments en faveur de réformes libérales.
Ce que je comprends, c’est que jusqu’à une vingtaine d’année, ces pays étaient gérés un peu comme la France ces temps-ci : keynésianisme à tous les étages, fiscalité élevée, droit du travail très contraint etc… Bien évidemment, ça les a envoyés dans le mur et ils ont connu une crise sévère dont ils sont sortis en revoyant profondément leur modèle dans le sens d’une forte libéralisation. Baisse des impôts, baisse de l’influence de l’Etat, privatisations, réduction de la bureaucratie, baisse de la réglementation, responsabilisation… Et bien évidemment, la prospérité est revenue.
Voir ces deux articles instructifs.
On observe que des systèmes qui paraissent exceptionnellement vertueux comme le système éducatif finlandais ou le droit du travail danois sont totalement inenvisageables dans l’état d’esprit français actuel où la solution passe toujours par plus d’Etat et de contraintes. Noter également qu’un système tel que le chèque éducation est certes une forme de collectivisation, mais qu’il offre infiniment plus de liberté aux familles comme aux profs que notre monolithique Éducation Nationale, et au final laisse infiniment moins de place à la corruption et à l’idéologie.
Les pays nordiques sont loin d’être ultra-libéraux, mais comparés à la France, il apparaissent comme des paradis libéraux.
@ Enée M:
Voici la citation littérale et la référence exacte:
« Le pardon, en un premier sens, va à l’infini. Le pardon ne demande pas si le crime est digne d’être pardonné, si l’expiation a été suffisante, si la rancune a assez duré… Ce qui revient à dire: il y a un inexcusable, mais il n’y a pas d’impardonnable. Le pardon est là précisément pour pardonner ce que nulle excuse ne saurait excuser: car il n’y a pas de faute si grave qu’on ne puisse, en dernier recours, la pardonner. Rien n’est impossible à la toute-puissante rémission! Le pardon, en ce sens, peut tout. »
Vladimir Jankélévitch LE PARDON éd. Aubier-Montaigne, Paris, 1967, p. 203
(Début du chapitre intitulé « L’impardonnable »)
@ Enée M:
Mais j’aurais pu citer tout le chapitre, j’en recommande à tous la lecture…
Tant pis, j’ose…
Je viens de signer la pétition « Moraliser la vie publique, une urgence ! » sur Change.org.
C’est une cause importante. Seriez-vous prêt(e) à signer cette pétition vous aussi ? Voici le lien :
http://www.change.org/fr/pétitions/moraliser-la-vie-publique-une-urgence
Merci!
Ce qui est frappant dans la situation présente proche du » 1, 2, 3 Soleil » de notre enfance , c’est que le profond dépit que l’on dit etre celui des français tient tout autant à la surprise d’hommes de gauche gérant leur capitaux de façon contestable alors que les précédents sont légions ( attention aux chutes malencontreuses dans l’escalier Monsieur Cahuzac) qu’à la disparition totale de la droite comme alternative dans la forme où elle ne fait guère mieux et dans le fond où le vide est assourdissant.
Cahuzac démontre certes l’extrême présence du mensonge « dépénalisé » dans notre vie quotidienne mais aussi, et bien involontairement, que la classe politique se trouve aujourd’hui menacée dans son mode de fonctionnement même.
Peut on continuer à privilégier ainsi le primat du verbe sur la réalité, tout bords politiques confondus, et cacher sous le fumier des autres son incompétence partagée ?
Je n’aurai qu’un mot, koz : BRAVO !
Bonsoir chère klara 🙂
Lib a écrit ::
C’est clairement un point de désaccord : je ne pense pas que la politique attire spécialement les gens qui cherchent à prendre le maximum possible sans considération morale. Il y en a sans doute quelques-uns mais j’ose espérer (vous savez, je suis naïf) qu’il s’agit d’une minorité de cas isolés. Nous sommes d’accord par contre pour considérer qu’à partir d’un certain niveau, la motivation principale est le pouvoir.
@ Serge:
Oui, bonsoir cher Serge!
Heureuse de vous retrouver
et merci à Koz pour ce blog renouvelé mais gardant son esprit intact
Tout à fait d’accord avec ce billet sur l’essentiel, avec une réserve sur la phrase: « Est-ce vraiment un hasard si [Mediapart] a été choisi pour attaquer Cahuzac ? » L’insinuation gratuite, en tout cas non argumentée, qu’un journal qu’on aime pas s’est contenté de recevoir des informations relève du complotisme. Un journaliste n’obtient jamais d’informations sans raison, mais encore faut-il qu’il les cherche. Dans le cas d’espèce, Mediapart a cherché et trouvé. Sans partager l’idéologie de ce site Internet, on peut – et on doit, selon moi – saluer, en cette occurrence, le travail de ses journalistes.
Je suis obligé de donner raison à Patrick Jarreau, ayant moi-même tiqué sur ce membre de phrase. Simplement qu’il me permette de douter de l’impartialité de Médiapart et de ne pas dédouaner Plenel de fortes intentions et visées politiques – justement soulignées par Koz. L’innocence et la parfaite équanimité de l’investigateur, je demande, en ce cas d’espèce, qu’on me les prouve!
Par ailleurs, je crois que la condamnation d’une faute et celle d’un homme ne doivent pas se confondre. Dans la sphère de la morale, spirituellement (chrétiennement) entendue, pardonner n’est pas un mot vain, un effet de manche ou de rhétorique. Il exige un effort, et surtout la considération forte et miséricordieuse du terrible sentiment qui anime, qui ronge, en de tels instants (ceux de l’aveu), la personne de celui qui a fauté. Lisant la presse, écoutant certains commentateurs évoquer avec une sorte de jubilation secrète et mauvaise, l’hypothèse d’un suicide de l’intéressé, je ressens la rumeur d’une insupportable violence, d’une curée. Une violence comme satisfaite d’elle-même, de son bon droit moral, de sa vertu – alors que…
Cahuzac ? est simplement tombé sur une a-Rhète.
Mediapart, n’a certainement trouvé qu’une info convenablement mise à sa disposition.
La déclaration des comptes bancaires en Suisse, s’est faite de façon très consensuelle avec l’Allemagne mais la France entend s’y prendre autrement. D’où un coup de pied de l’âne, très probable.
Si Cahuzac a fait preuve d’une vanité , d’une cupidité et d’une ambition peu glorieuses , qu’en est -il des réactions de ses amis !? ils n’ont pas de mots assez durs pour le condamner de peur d’être éclaboussé par le scandale ; on peut se poser des questions sur les valeurs d’humanité dont ils se sont prévalus pendant la campagne électorale ! Cahuzac , qui par ailleurs ne s’était pas gêné pour « charger » Eric Woerth , doit se sentir bien seul ;
Hé, ho, Patrick Kéchichian +
Patrick Kéchichian, d’un seul coup d’un seul, c’est me donner beaucoup de boulot pour la matinée ! 😉
Bon, je dois tout d’abord contester une première chose : mon insinuation n’est pas gratuite. Je dois ensuite concédé une chose : je ne suis pas abonné à Mediapart. J’admets que j’ai donc pu rater des choses. Mais, dans ce qui a été beaucoup retranscrit, je n’ai pas été frappé par l’investigation. Et je ne suis pas le seul. Je sais qu’il est de bon ton de se payer Jean-Michel Aphatie, qui s’est trop payé Mediapart. Mais comme lui, je trouve un peu court de mettre des documents sur la table et de dire : c’est prouvé. Jusqu’à l’analyse technique diligentée par la justice, et jusqu’aux aveux de Cahuzac, il n’y avait vraiment pas grand-chose.
En revanche, si c’est le fruit d’une enquête non suggérée, cela étaie mon impression que la cible n’a pas été choisie au hasard et correspond très opportunément aux options idéologiques d’Edwy Plenel.
Hier, il signalait une tribune de Paul Alliès, avec lequel il en a partagé d’autres (des tribunes), intitulée : « Une dégénérescence oligarchique. Un appel de la Convention pour la 6° République ». Bref, si j’admets évidemment qu’un journaliste puisse avoir des opinions, si je conçois même qu’il y ait un journalisme d’opinion, je trouverais assez pertinent de ne pas ignorer l’éventuel et même probable agenda politique d’Edwy Plenel.
Patrick Kéchichian a écrit ::
Oui, c’est la précipitation et la surenchère, pour être bien certains d’exhiber sa propre probité (jusqu’au jour où quelqu’un ira regarder de plus près) qui m’ont horripilé, en même temps que la violence des réactions, même si je comprends la gravité de la faute de Cahuzac.
elisabeth a écrit ::
Oui, il y a presque une mise en abîme. Parce qu’il est aujourd’hui chargé par les parangons de vertu dont il faisait partie hier.
@Jeff, OK, let’s agree to disagree. D’une certaine façon, j’espère que vous avez raison.
Sur Mediapart, il faut reconnaître que leur méthode « d’investigation » semble beaucoup reposer sur le fait de recevoir des conversations enregistrées à l’insu des participants et de balancer ça dans la nature avec l’accusation la plus « bankable ». Des fois ça tombe juste comme avec Cahuzac, des fois non (sur Laurent Blanc, Mediapart a du massivement rétropédaler par rapport à ses accusations initiales de racisme).
Certes, une horloge arrêtée donne l’heure juste 2 fois par jour, mais qu’on ne me demande pas de considérer cela comme un modèle de journalisme. Surtout, si on est aussi pessimiste que moi sur la probité de nos politiques, on ne prend pas grand risque en tapant au pif.
Quant à considérer ces méthodes comme un parangon de démocratie, faut arrêter de fumer deux minutes.
Et si Mediapart avait été manipulé par la DCRI pour planter un couteau dans le dos de FH ?
Il semblerait que la DCRI savait depuis longtemps, il est possible alors qu’elle ait gardé l’info pour la faire filtrer après quelque temps et gêner le gouvernement. C’est une hypothèse plausible qu’un journaliste a évoquée à demi mots.
Et donc, la DCRI Serait à la solde de… Sarkozy ? du Grand Capital ? du Club de l’Horloge ? Il faut noter qu’apparemment, ce ne devrait pas être à la solde du Grand Orient, puisque le Grand Orient va exclure Cahuzac. Ce qui, du coup, complique la donne, puisque l’Intérieur est assez connu comme étant un haut-lieu de l’influence maçonnique. Du coup, je pense bien au groupe Bilderberg, mais il me manque un lien logique. Ce qui est, il est vrai, accessoire en pareil cas.
Lib a écrit ::
Il y a un autre moteur que l’argent (pas exclusif chez tout le monde, j’en conviens) qu’on retrouve en politique : le pouvoir. Je pense qu’il a dû gagner bien mieux sa vie comme planteur de cheveux qu’homme politique. Mais quand le pouvoir entre dans la danse, l’intérêt et la rationalité de l’acteur ne se mesurent plus en euros. Cf. Sarkozy qui était plus encore un homme de pouvoir qu’un homme d’argent.
Le Pape François ouvre la voie à la repentance, lave et embrasse les pieds de prisonniers, et prêche la miséricorde de Dieu… chemin de liberté de l’homme, chemin de l’infini possible…
Le président François ferme et enferme : pas de pardon, pas de repentance possibles !
Plus de commentaires , tout est dit! Je rends bien grâce d’être enfant de l’Eglise.
Bon, bah, pauvre Monsieur Cahuzac, parfois je le comprends. Je n’ai pas suivi l’affaire de près, je suis occupé en ce moment à faire rentrer du blé, et c’est dur. Comme moi, il a du se dire que 52% de charges sociales, la taxe professionnelle et les autres petites contributions obligatoires qui rajoutent quelques pourcent à l’ensemble, les 10% mini d’impôts sur le revenu, éventuellement l’impôt sur la société, la collecte de presque 20% de TVA à effectuer gracieusement pour l’État, tout ça à régler sans le moindre retard, ça fait un peu lourd, quand on a bossé et facturé à la sueur de son front. Je comprends qu’il se dise que mince, les lois sont mal foutues. En fait, ça me fait plaisir, ça prouve même qu’au gouvernement, ils reconnaissent dans les faits que le lois sont vraiment mal foutues.
Monsieur Cahuzac, si vous passez par ici, ne vous inquiétez pas, moi je vous absous, à mon avis vous n’êtes pas le seul dans cette galère
Un autre journaliste ancien rédac chef d’un journal médical a raconté que Cahu était connu depuis longtemps comme un affairiste pas clean, au temps où il vendait ses « conseils » à des labos pharmaceutiques. Si c’est vrai, c’est bizarre que FH n’ait pas creusé le sujet avant de le faire entrer dans son gouvernement. J’espère que la justice ira au bout de son enquête pour que les responsabilités des uns et des autres soient établies. Il est fort possible que FH ait fait preuve de légèreté.
@ Serge:
Serge, je ne parviens pas à comprendre votre jérémiade. Le revenu net mensuel d’un petit patron est de plus de 4000 euros net. Je sais bien que cela fait oublier les patrons qui ont fait faillite, et qui sont alors souvent bien plus mal lotis que les salariés au chômage (le MEDEF pourrait faire une caisse mutuelle d’assistance, et/ou les fonctionnaires pourraient verser une cotisation spécifique; pourquoi les organisations patronales ne le demandent pas?). Failli, le patron n’a pas d’allocs et des dettes personnelles. Là est le vrai frein à l’esprit d’entreprise.
Reste que seuls 10% des Français gagnent plus de 3000 euros. Ca donne un grenier mieux rempli que plein d’autres métiers où on sue beaucoup aussi pour faire rentrer le blé, même après le passage du gabelou. Il n’y a jamais eu de rapport entre la quantité de transpiration et la quantité de revenus, on peut le déplorer (il me semble que c’était le cas de K Marx).
Mais le plus étonnant, c’est qu’en même temps, les petits patrons sont avec un revenu plus proche d’un smicard que de ceux d’un ministre ou d’un grand médecin. Donc je ne comprends ni votre compréhension pour l’acte de M Cahuzac dont la situation est à des années lumières de la vôtre, ni votre revendication qui se voudrait spécifique, celle de ces employeurs suant pour gagner leur vie, comme si ils étaient les seuls. Et comme si il ne naissait pas aujourd’hui des gens avec une cuiller d’or dans le berceau (ils se sont donné la peine de naître rien de plus, disait d’eux Beaumarchais)? Il y a chez tout travailleur indépendant un renforcement de la contradiction qui nous habite tous: à bas la rente des autres, mais si je bosse c’est pour transmettre mon bien aux miens, et surtout si j’ai construit, bâti et non reçu ma paie.
Si J Cahuzac a eu quelque raison de dérailler, c’est plutôt en lisant des propos comme les vôtres; en entendant par exemple le responsable de la tranche matinale de RTL à 8h30 dans les titres évoquant les petits patrons « qui se font faire les poches » par le gouvernement. Ailleurs les contraventions ou même les impôts en général sont du « racket ». A vivre dans ce genre non pas d’exagérations mais de délire (ceux qui ont réellement été rackettés feront, eux, la différence entre un tracas et un traumatisme), le discernement entre ce qui se fait et ce qui ne se fait pas finit par devenir difficile à opérer, y compris par les plus brillants esprits dont on nous disait il n’y a pas si longtemps que J Cahuzac faisait partie (avant de procéder à sa lapidation symbolique bien décrite par koz, Jésus est bien un cas rare, pas de doute).
Les fameuses charges: il n’y a pas cinquante solutions, à partir du moment où elles financent la protection sociale, le seul biais pour les baisser est soit de réduire les prestations donc d’en priver une partie des plus pauvres, les « assistés » (qui soit dit en passant se planquent au total tellement de honte en entendant vos propos ou d’autres, qu’ils touchent largement moins, malgré les fraudeurs qui existent aussi chez les pauvres, que ce à quoi ils pourraient légalement prétendre), soit de fiscaliser l’ensemble donc que les particuliers paient selon une part progressive de leurs revenus (tous) et non les entreprises. Rassurez-vous Serge, aucun syndicat co-gérant n’acceptera de céder une once de pouvoir là dessus. Pourtant une fiscalité assise sur le travail est en effet une erreur quand ce travail manque.
Bref à mon sens si votre propos visait à pardonner la faute de J Cahuzac , il s’inscrit surtout dans ceux qui expliquent qu’il l’ait commise sans avoir pensé à mal. Votre propos ne m’ennuie pas tant par ce qu’il absout que par ce qu’il va susciter, quand bien même vous ne le voudriez pas.
Dans cette histoire excuser ou accabler Cahu ne m’intéresse pas. Des Juges sont payés pour faire ce job.
Ce qui m’intéresse c’est de savoir, de comprendre ce qu’il s’est passé. Pourquoi la cassette est-elle sortie dix ans après les faits ? Qui savait quoi ? Quand Cahu a été nommé à la présidence de la Commission des Finances de l’Assemblée, l’affaire était-elle déjà connue et de qui ? Idem quand il est devenu ministre.
Il est possible que la DCRI ait informé FH et que voyant qu’il laissait Cahu à son poste, excédés des fonctionnaires aient laissé filtrer l’info (sans intervention de Sarko).
Dites, Bruno Lefebvre, vous connaissez le second degré ? Hé bien c’est ce que j’ai fais. J’ai bien eu raison de le faire d’ailleurs, puisque cela a suscité votre réaction, vous a permit de vous exprimer pour la première fois sur cette discussion, et de donner votre point de vue. Donc bienvenue, on peut continuer.
@ Serge:
Serge, rien dans votre post ne me permet de voir où est le second degré. Et si c’en est, pourquoi continuer? La discussion s’arrête d’elle-même.
Mais je vous en prie ! ne continuez pas, alors.
Le politologue Ivan Krastev explique que mettre la transparence au centre du politique, ce n’est pas contribuer à restaurer la confiance dans les institutions politiques, mais à « gérer la méfiance ». Et il cite Goethe: » La clarté, c’est une juste répartition d’ombres et de lumière. »
Cette remarque est très juste. En « mettant la transparence… », on garde la main sur le système, en rajoutant une couche qui fait croire à un regain de vertu, mais qui permettra d’organiser une transparence sélective, quand ce sera nécessaire. Je me demande bien comment le système politique va regagner cette confiance perdue.
Serge a écrit ::
Puisque l’on m’a assigné ici le rôle du naïf optimiste, je vais continuer dans cette voie.
Si le risque de se faire prendre devient élevé pour les politiques qui auraient « fauté » et que les conséquences d’une telle éventualité sont synonymes de « mort » politique (parce que la presse et la justice travailleraient en toute indépendance, parce qu’il y aurait une vraie volonté politique, parce que les citoyens exprimeraient dans les urnes cette exigence), on peut espérer que les comportements délictueux ou « amoraux » se fassent plus rares chez nos représentants.
De même, si le risque de se faire prendre devenait élevé et les sanctions plus lourdes pour ceux qui pratiquent la fraude et/ou l’évasion fiscale, on pourrait également espérer rapatrier une partie des 40 à 80 milliards d’euros qui manquent cruellement à nos finances publiques. Mais là aussi, il faudrait une vraie volonté politique, qui semble progressivement (lentement) se construire notamment autour de l’axe franco-allemand… mais aussi parallèlement aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne. A confirmer (là, j’avoue, j’exagère peut-être dans l’optimisme).
La défense de Mosko semble très faible, voire douteuse.
Il est question d’un enregistrement qui laisse entendre que X envisageait de transférer une grosse somme de l’UBS vers une autre banque pour effacer les traces d’une fraude fiscale. Cet enregistrement date de dix ans. Pour vérifier la véracité de l’info, Mosko questionne UBS sur 6 ans en arrière. Alors que si l’information venant de l’enregistrement était vraie, le compte aurait été de fait clôturé.
Mosko utilise ensuite la réponse négative d’UBS à cette » enquête » boiteuse pour dédouaner son ministre.
Cela semble pour le moins bizarre venant d’un homme intelligent.
Je suis assez d’accord avec Jeff. C’est un sentiment d’impunité qu’il faut combattre, et essentiellement l’impunité politique.
L’impunité judiciaire, elle, est toujours à combattre, mais elle semble dans une large mesure assez résorbée.
En revanche, il reste une impunité politique trop forte.
Elle est favorisée par une pratique ancienne qui s’accommodait très bien de l’adage selon lequel « on ne meurt jamais en politique ». Pour ne pas polémiquer, je ne citerai pas les grands noms qui l’ont longuement appliqué. Pour un petit nom, en revanche, je note que le Premier Secrétaire du Parti Socialiste est un homme condamné à 18 mois de prison avec sursis pour recel d’abus de biens sociaux.
Elle prospère aussi par la faute des électeurs, qui se prétendent intransigeants mais ne tiennent pas véritablement compte de l’intégrité en politique (le suffrage étant même perçu comme une façon de se refaire une virginité politique par les politiques). On pense en particulier à Balkany, qui a été réélu malgré ses condamnations. Si les électeurs ne tirent pas les conséquences…
observons que Cahuzac est présumé innocent,
qu’un aveu est un élément, pas un jugement,
comme le savent les avocats ici très présents.
suivant les conseils de me Eolas: il devrait être muet,
démentir tout propos, revenir de suite siéger à l’Assemblée
et attaquer tout média qui le présente comme coupable présumé.
Moi aussi, assez d’accord avec Jeff sur le fond. Mais je pense qu’il faudra aller très loin. Beaucoup plus loin que ne l’imagine sans doute Jeff.
Aujourd’hui, la plupart des gens ont intégré le fait que quand on veut obtenir un avantage quelconque de la mairie (place en crèche, HLM…) il faut aller voir le maire ou bien connaître quelqu’un à la mairie. La plupart des gens reconnaît et accepte implicitement le fait que le maire fasse un usage arbitraire de son pouvoir.
Personne ne se scandalise de ça, mais c’est pourtant la base de la corruption du système. Dès lors qu’on permet à un responsable d’user arbitrairement de la puissance publique au bénéfice d’un tiers, on crée les conditions d’un acte de corruption. Un marché public, un permis de construire, une autorisation d’ouvrir un magasin, une subvention, un crédit d’impôt, une niche fiscale, une autorisation de mise sur le marché pour un médicament…
Si on a un processus avec des critères totalement objectifs et transparents, ça va. Mais ce n’est presque jamais possible, le décideur peut donc pousser dans la direction de son choix. Comment on se protège contre ça? Certes, une transparence absolue sur les patrimoines des décideurs (pas seulement élus) aiderait. Mais on ne peut mettre tous ces gens à poil sans violer leurs droits fondamentaux.
Reste la solution de la diminution drastique des situations de ce genre.
Si on n’est pas capable de mettre en place un processus transparent et objectif d’attribution de HLM, on n’arrivera à rien sur les sujets plus complexes.
Ce qui est admirable dans cette affaire , c’est la propension de la gauche à nous prendre pour des couillons . Comment un fraudeur ! de gauche ! pas possible . Et que je continue à donner des leçons de morale alors que l’on nourrit moult individus peu recommandables. Est on vraiment passé de l’ombre à la lumière, j’en connais un qui pourrait bien finir à l’ombre , d’autant que je fais parti de ceux qui pensent que cette affaire est loin d’être totalement élucidée . Par ailleurs ,je serais partisan de laisser la justice faire son travail et de parler des vrais problèmes de la France.Que Cahusac aille au diable, et que l’on se penche sur le sort de la France qui va allègrement dans le mur .On n’est plus dans le normal ,mais dans le suicidaire ,et qui va payer la vision érronée ,passéiste et sectaire ? Devinez.Un dernier conseil, revoir les cours d’Economie d’HEC et de l’ENA, il y a comme un retard à l’allumage
D’accord avec Jeff aussi, quoiqu’un peu plus volontariste: vis à vis du problème résumé par Koz: « on pense en particulier à Balkany, qui a été réélu malgré ses condamnations. Si les électeurs ne tirent pas les conséquences… », je penche pour que les condamnations soient assorties de manière beaucoup plus systématique d’inéligibilité, à vie ou au moins pour quelques dizaines d’années.
Parcque les électeurs, hein, c’est une matière assez molle. Si vous leur proposez un référendum sur l’inéligibilité des fraudeurs, ils voteront oui avec enthousiasme.
Par ailleurs, je n’ai pas étudié le terrain électoral de Balkany de près, mais n’est-il pas simplement en position de rente avec un bon noyau dur d’électeur qui vomit la gauche et voterait n’importe qui pour lui faire barrage? Dans ce genre de situation, une peine d’inéligibilité arrangerait tout le monde, dégageant le mandarin/parrain local pour laisser la place à plus présentable.
Il y a pas mal d’approches possibles face à un événement aussi choquant. Il y a d’abord les réactions de colère, qui motive les déclarations plus ou moins emphatiques avec des grands mots, comme « impardonnable », « répugnant », etc. C’est compréhensible mais ça ne mène pas très loin.
Ensuite il y a les réactions partisanes, au choix « voyez cette gauche qui donnait des leçons de morale » ou bien « avec la droite ce n’était pas mieux ». C’est prévisible et ça ne mène pas très loin non plus. Dans cette catégorie, j’attribue tout de même une mention spéciale à l’ami Lib pour avoir réussi à caser une plaidoirie sur son thème favori, la réduction du rôle de l’État. Fallait le faire.
Plus gênant, il y a les réactions cyniques sur le thème: nous en faisons tous bien autant, et d’ailleurs avec des impôts pareils c’est bien normal… Pour moi, c’est l’écueil à éviter, parce que c’est le début de l’acceptation d’une société corrompue. La droite est plus facilement victime de cette tentation, parce qu’elle pense être plus réaliste sur les motivations humaines.
C’est pourquoi je plussoie en particulier, dans ce billet dont je n’ôterais pas une ligne, ceci:
La question est de savoir comment combattre. Combattre en soi: c’est l’affaire de chacun de balayer devant sa porte et de vérifier s’il n’aurait pas « oublié » un ou deux détails dans sa dernière déclaration d’IRRP ou autre. Combattre dans la vie publique: la première chose à faire est de ne plus réélire les tricheurs. Il y a le cas Balkany évidemment, je citerais aussi Alain Carignon, qui après deux ans de prison a réussi à redevenir le patron de l’UMP de son département et est parvenu au second tour d’une législative…
J’aimerais pouvoir compter sur le bon sens des électeurs. Il y a après tout des pays où une seule bidouille financière suffit à liquider définitivement une carrière politique. Malheureusement, en France il existe toujours un noyau dur de partisans indéfectibles, quoiqu’il arrive. Il me semble donc légitime, non pas d’allonger les peines d’inégibilité (car rien n’oblige le juge à prononcer une telle peine) mais simplement de modifier les règles d’éligibilité afin de disqualifier définitivement les délinquants.
Payer des impôts, certes.
Mais encore faut-il que ce soient des impôts, c’est-à-dire des impositions destinées à financer des dépenses ordonnées au bien commun.
Une dépense publique à 57 % du PNB n’est plus, pour une large part, ordonnée au bien commun. Le racket, légal, qui permet à la classe politique d’utiliser la force publique pour lever les ressources qui achètent les voix de son élection et financer un train de vie dispendieux, est-il suffisamment moral pour légitimer l’impôt ?
La même réflexion peut être menée sur une politique fiscale qui vise explicitement à faire croire au plus grand nombre que le niveau de dépense n’a pas d’importance, parce que les autres paieront. C’est une illusion bien sûr, mais elle est soigneusement entretenue. Est-ce moral ?
Oh certes tout cela a été démocratiquement décidé. Mais est-ce moral pour autant ?
Cela dit, il est fort probable que dans le cas Cahuzac on va au-delà de la simple dissimulation fiscale et que le problème est d’un autre ordre.
On se pince cependant quand ses camarades s’offusquent de son « mensonge ». L’estimation officielle du nombre de manifestants contre le mariage pour tous est un mensonge massif et réitéré, qui ne trouble pas grand monde…
Gatien a écrit ::
Ils ne votent pas pour n’importe quel mec de droite. Ils votent Balkany parce qu’ils veulent Balkany et pas un autre. Sa fiche wikipedia indique qu’à son retour d’inéligibilité, il a repris la mairie au sortant qui était soutenu par le RPR et l’UDF. Et je soupçonne qu’ils votent Balkany parce qu’ils les a « achetés ». Etre maire, c’est avoir la main sur un cash flow considérable : le budget municipal plus la valeur de toutes les autorisations, permis, vetos que peut accorder ou imposer un maire. C’est pour ça que les municipales sont les élections les plus « crades », avec trahisons, violences etc… Un maire a un accès direct au cash sans quasiment de contrepouvoir, à la différence d’un député par exemple. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles on n’arrive pas à abandonner le cumul des mandats. La députation est le tremplin vers les responsabilités nationales, le mandat local sert à bétonner. Un député-maire malin le reste jusqu’à la mort.
Gwynfrid a écrit ::
Eh bien, te voilà partisan des peines plancher et adversaire de la rédemption tout d’un coup! Virerais-tu sarkozyste? Avec la double peine en plus?
Au-delà de l’aspect foncièrement injuste et probablement inconstitutionnel de ta proposition, ne vois-tu pas à quel point elle revient à briser le miroir?
Les électeurs réélisent des gens dont ils savent qu’ils sont des voleurs. Tu préfères faire disparaître cette réalité plutôt que de la voir, de la regarder dans les yeux, d’appréhender ce qu’elle signifie. Tu as soulevé la pierre et aperçu les cafards qui grouillaient. Hop tu replaces la pierre et veux interdire qu’on la soulève à nouveau. Crois-tu que ça fera partir les cafards?
Les Français réélisent des escrocs. Ca perturbe Gatien, alors il essaie au moins de rationaliser ça. Il dit, sans trop y croire, que c’est idéologique. Même si ça ne tient pas la route.
Les Français réélisent des escrocs. Ta solution, c’est de ne surtout pas te demander pourquoi. Ta solution c’est d’aller à l’encontre de la volonté des électeurs. Ta solution c’est de détruire la carrière de Jean-Marc Ayrault qui s’est pris 6 mois avec sursis il y a 15 ans pour une obscure histoire de contrat d’impression d’un bulletin municipal dont on est incapable de comprendre (merci la presse) s’il a fauté ou s’il a simplement pris parce qu’il était le maire, donc le responsable. C’est la justice roulette russe. Pas vu, pas pris. Vu, mort.
Bien sûr, analyser que le problème procède d’un clientélisme nourri par un pouvoir excessif et incontrôlé, envisager que la solution passe par un contrôle impitoyable qui ne sera praticable qu’avec une réduction drastique de ce pouvoir, tout cela te fait ricaner.
Tiens, une triste nouvelle, Heuliez fait faillite pour la 3e fois. Entre les subventions, les aides, les investissements au capital de la région ou de l’Etat, les achats de centaines de véhicules pour monter de dispensables services d’autolib à Niort ou à La Rochelle, l’argent public engagé dans le « sauvetage » d’Heuliez totalise plusieurs dizaines de millions d’euros.
Y a-t-il un journal pour faire ce compte? Non. Y a-t-il un journal pour se demander si ça valait la peine? Non. Y a-t-il un journal pour se demander dans quelle mesure la recherche de popularité pour la présidente de Région a été un élément déterminant dans la décision d’engloutir de l’argent public? Non. Pourtant l’article XV de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen est formel : La Société a le droit de demander compte à tout Agent public de son administration. En fait, tout le monde s’en fout. Le fait qu’un élu utilise l’argent public qui lui est confié pour se faire mousser est accepté. C’est normal, tout le monde le fait. Comme d’aller voir le maire pour lui demander un passe-droit pour un HLM ou une place en crèche.
Une nation de moutons engendre un gouvernement de loups. Le mépris de nos maîtres pour le fruit du labeur des citoyens n’est pas près de diminuer.
C’est Gaston Deferre qui a été le maître d’oeuvre de la « régionalisation ».
Un Marseillais…
@Lib
Merci d’avoir apporté des précisions au sujet de Balkany. Il reste tout de même une marge d’incertitude. Exemple: un sondage opportun montrant que le candidat RPR-UDF perdrait face au PS au second tour, et hop, voilà des troupes de droite qui passent chez Balkany avec armes et bagages. Ajoutez diverses rumeurs, et autres manips pour lesquelles le gaillard a l’air d’exceller, et ça permettrait d’expliquer les choses. Il faudrait en parler avec des levallois-perésiens (?).
Mais sur le fond, ce n’est qu’un cas particulier, et la règle générale est qu’effectivement les électeurs peuvent réélire des fraudeurs.
Je n’y vois pas à vrai dire un obstacle sérieux à la généralisation de l’inégibilité. Ce n’est pas parceque des gens seraient prêts à voter n’importe comment qu’il faut permettre n’importe quoi. D’autant moins que, comme je le suggérais, on trouverait probablement sans problème une majorité pour approuver un durcissement des conditions d’éligibilité.
Enfin, vous aurez du mal à me faire pleurer sur le sort de ces pauvres gens interdits de mandats électif. Il y a pire dans la vie comme catastrophe.
Lib a écrit ::
Je ne crois pas que nous ayions jamais eu un débat sur les peines plancher ? Je n’en suis pas un chaud partisan, mais si on doit en appliquer à quelqu’un, on pourrait commencer par les délinquants dont les actions sont destructrices pour la démocratie, comme Jérôme Cahuzac.
La notion de rédemption est hors de propos ici. Crois-tu que M.Balkany et consorts aient fait un effort de rédemption ? Pas du tout: il suffit simplement d’attendre que le temps passe pour pouvoir se représenter.
Je conteste même la notion de peine pour ce qui est de l’inégibilité. Ne pas pouvoir se présenter aux élections, ce n’est pas une punition : c’est la reconnaissance du fait que la personne n’est pas qualifiée, parce qu’elle l’a prouvé par des délits intrinsèquement incompatibles avec la fonction (en gros, tout ce qui rentre dans la case corruption ou fraude électorale). La fonction d’élu n’est pas un bien dont on pourrait être privé: c’est une tâche qu’il se voit confier par la collectivité, celle-ci est en droit de déterminer des critères minimaux. Il y a des conditions d’âge et de nationalité, il n’a rien de choquant à ajouter une condition excluant ceux qui ont tapé dans la caisse. Un simple gardien de la paix doit avoir un casier judiciaire vierge, je n’en demande même pas autant à un maire ou à un député.
Et si ce genre de règle avait détruit en 1997 la carrière de M.Ayrault, je n’y aurais vu aucun inconvénient. Si j’ai bien compris, il a été condamné pour avoir favorisé, avec l’argent public, une entreprise dont le chef était proche de son parti. Il n’a pas fait appel, probablement parce que la condamnation n’avait pas de grosses conséquences pour lui, les choses auraient pu être différentes sinon. À supposer que la condamnation était juste, alors il n’était plus qualifié, à mon avis, pour être maire et responsable de l’argent de la commune. Et alors ? Personne n’est irremplaçable. Il n’aurait eu qu’à changer de carrière, ce n’est pas la fin du monde, surtout pour un homme qui a des réseaux et des compétences.
Lib a écrit ::
Je la fais disparaître, parce que justement, on ne réélira plus de voleurs. À terme, les élus qui pourraient être tentés de le devenir sauraient qu’il y a là un sérieux risque de carrière.
Bien entendu, je reconnais aussi que ceci ne marche que si les contrevenants se font pincer. Il y faut une presse et d’une justice indépendantes du pouvoir, et, sur le long terme, une évolution de la société : la fin de l’adage « on ne meurt jamais en politique ». Pour que cela se produise, il faut effectivement en passer par quelques exemples. Le cas Cahuzac est de ce point de vue une bonne chose: il s’est fait coincer, il n’a pas bénéficié de protections et de manoeuvres dilatoires, le juge en charge de l’affaire a pu faire enquête sans entrave, il a démissionné relativement rapidement et a été mis en examen sans traîner. Encore quelques cas comme celui-là et le message sera, j’espère, passé.
La réponse de François Hollande à la crise Cahuzac est vraiment ridicule. Les ministres doivent rendre public leur patrimoine pour le 15 avril. Il y aura une nouvelle loi concernant la déclaration du patrimoine des ministres et autres élus. Qu’est ce que cela change par rapport à ce que l’administration fiscale sait déjà ? Est-ce que le fait que ce soit public les électeurs vont-ils avoir plus de confiance en la classe politique ? Je ne crois pas que cela va faire revenir la confiance. Les Français n’aiment pas dévoiler leur salaire et leur patrimoine parce qu’ils sont jaloux les uns des autres. Va-t-on faire un classement du ministre le plus riche au moins riche ? A partir de combien un socialiste sera-t-il un sale riche que Hollande n’aime pas ? Est-ce qu’il y a quelques Cahuzacs encore parmi les troupes ? Est-ce qu’ils vont tout d’un coup avouer leurs comptes non déclarés ? Tout ça c’est de la rigolade.
Vous anticipez 😉
Je n’aime pas spécialement la dictature de la transparence ni le grand déballage des patrimoines, qui ne peut être exempt de voyeurisme.
Mais je crois que le tryptique déclaration / contrôle / sanction en cas de manquement est aujourd’hui indispensable pour s’assurer de l’exemplarité de nos représentants et restaurer un minimum de confiance (sans laquelle rien n’est possible).
On remarquera au passage, en jetant un coup d’oeil au patrimoine déclaré d’un François Fillon, d’un Laurent Wauquiez, d’une Cécile Duflot ou d’une Aurélie Fipetti, que contrairement à ce que semblent penser la majorité des Français, ceux qui choisissent la politique ne le font pas en général pour faire fortune.
Ce qui est honteux avec les mesures présentées est qu’il y a, naturellement, une arrière-pensée. On a vraiment le sentiment que c’est taillé sur mesure pour faire obstacle à Jean-François Copé et au retour de Nicolas Sarkozy (au cas où la mise en examen n’aurait pas été suffisante).
Comme par hasard, on va bloquer les avocats d’affaires (prochaine étape : les banquiers, les entrepreneurs, les traders, les responsables de laboratoires pharmaceutiques … bref, tout ceux qui ont la « gagne » selon eux), comme par hasard, ils se trouvent que ces derniers ont des amis « puissants » (ce n’est pas la gauche qui va les attirer et, s’ils sont devenus puissants, ce n’est pas forcément immérité) et, comme par hasard, Jean-François Copé et Nicolas Sarkozy se trouvent être parmi les rares hommes politiques qui ne viennent pas de la fonction publique et bossent aussi à côté. On va peut-être bientôt « trouver » qu’ils ont placé un peu d’argent à l’étranger mais, ça, Hollande le sait peut-être déjà pour proposer ces mesures (il était alors peut-être au courant pour Cahuzac du coup ?).
On va finir par avoir l’impression que l’affaire Cahuzac est un coup monté pour faire barrage aux éléments les plus dynamiques de la droite. C’est un prétexte tout trouvé pour appliquer ces mesures. Vous allez voir que la gauche va finir par tirer profit de ce qui était d’abord et avant tout la défaillance de l’un des leurs : ce serait le comble.
Vous anticipez 😉
@Koz, prenez votre temps, on attend.
Gwynfrid a écrit ::
Tu te trompes. La possibilité de se présenter aux fonctions publiques est un droit fondamental:
L’inéligibilité est donc une peine, qu’il faut manier avec circonspection. Et frapper un élu d’inéligibilité constitue donc une « double peine », au sens qui lui est généralement donné.
A titre personnel, je n’ai aucune opposition de principe à la « double peine », pour les raisons que tu mentionnes. La rupture de la confiance peut entraîner la révocation de certains droits corollaires, qui reposent précisément sur la confiance. Je trouve simplement ironique de voir que ce concept qui était présenté comme inacceptable dans un contexte, devient désirable dans un autre.
Ce qui me choque dans ta position, c’est l’automaticité et la perpétuité.
L’automaticité extirpe l’humanité de la justice. La perpétuité interdit la rédemption. Tu devrais lire Eolas plus souvent.
Gwynfrid a écrit ::
Terrible fourvoiement. Ainsi, parce qu’un coupable n’a pas fait d’effort de rédemption, il faut renoncer à ce qu’il en fasse jamais et surtout abandonner tout espoir de rédemption pour tous les autres? Te rends-tu compte de ce que tu appelles de tes voeux?
Parce que les responsables des tournantes de Fontenay n’ont montré aucun remord, il faudrait désormais filer automatiquement la perpétuité à tous les violeurs? Même Obertone ne propose pas ça.
Pour ne pas envisager que les abus de pouvoir naissent d’un excès de pouvoir, tu tombes dans le sarkozysme dans ce qu’il avait de pire : un fait divers, une loi liberticide.
Gwynfrid a écrit ::
Je crains que tu ne soies très optimiste. Je n’ai aucune sympathie pour Cahuzac mais les réactions publiques sont largement disproportionnées par rapport aux faits qui lui sont (pour le moment) reprochés : avoir menti et avoir défiscalisé 600k€.
On est clairement face à une situation de bouc émissaire où tout le monde s’exonère de ses fautes en les lui mettant sur le dos. Pour reprendre une citation qu’apprécie notre hôte : « ces bonnes consciences qu’on polit sur l’infamie des autres me font horreur ».
Cahuzac est un fusible, une diversion, un bouc émissaire qu’on sacrifie pour apaiser les dieux (ie le peuple).
Tiens h16 publie ce matin un billet intéressant sur les poursuites judiciaires envers Mme Trierweiler. La situation se résume à une alternative simple.
Soit Trierweiler n’a pas de lien avec Hollande et tous les avantages qu’elle reçoit, notamment le personnel mis à sa disposition, constituent un détournement de fonds publics. Soit elle est bel et bien la concubine de Hollande et il aurait dû incorporer le patrimoine de sa belle à sa déclaration d’ISF.
Curieusement, ce scandale n’intéresse pas les journalistes à moustache. C’est un simple citoyen qui est à l’origine de la plainte. Le contrôle de nos dirigeants ne se délègue pas.
@ Jeff:
Je ne comprends pas pourquoi nos représentants devraient être exemplaires: la démocratie représentative exclut même cette notion qui fleure l’aristocratie; si nous estimons que nos chefs doivent être meilleurs que nous, nous ne sommes plus en démocratie.
Dit autrement, le seul cas où les politiques sont censés être bons c’est si nous le sommes. Le principe est que nous choisissons nos chefs à la majorité, majorité dans laquelle on trouve aussi des menteurs et des prévaricateurs. Il ne s’agit pas de confondre avec les interdits professionnels, les politiques ne sont pas des gens compétents exerçant un métier, ce sont des élus exerçant un mandat librement. Point. Si ils ne respectent pas la loi, ils doivent être châtiés, et s’il est assez difficile d’obtenir qu’ils le soient en pratique, on ne voit guère en quoi durcir notre code pénal déjà très sévère changerait les choses.
C’est là une imitation de N Sarkozy chez Hollande: croire qu’une loi mal ou pas appliquée le sera plus si on renforce la punition théorique. Je rappelle que J Cahuzac risque dix ans de prison. Si nous n’avons jamais vu en France quelqu’un subir cette peine pour blanchiment aggravé, c’est pas principalement parce qu’il y a du copinage (cela existe mais a contrario, on le voit précisément dans le cas Cahuzac, on risque plus la dénonciation ou la délation quand on est connu et qu’on fait des jaloux ce qui n’est pas le cas du fraudeur citoyen de base), c’est parce que les magistrats choisissent de ne pas emprisonner ou très rarement, et toujours en dessous du maximum.
Il faut étudier pourquoi; ainsi pour la sécurité routière on a longtemps expliqué la faiblesse des condamnations par des passe-droit; c’était plus simple que cela, les passe-droit avaient lieu en amont, pour ne pas passer devant le juge (d’où la nécessité d’en passer par des radars automatisés, au prix d’ailleurs d’une négation du droit à juge, mais que pouvait-on faire devant le déluge de contrevenants?); mais surtout, les magistrats s’identifient plus facilement à un automobiliste même chauffard qu’à un voleur même sans violence. Et ils craignent de mettre en prison dans l’état des prisons en France, or le délit routier est très fréquent, tout comme la fraude fiscale; Un président dont l’objectif judiciaire des mois durant est de vider les prisons par idéal et par souci financier ne peut pas demander des fers et des supplices le lendemain.
Je partage totalement l’analyse de Lib sur le comportement sarkozyste de F Hollande depuis l’aveu, qui soi dit en passant n’est pas une preuve: auprès du tribunal ce sont les pièces qui feront foi et non l’aveu il n’a pas manqué d’excellents criminologues y compris au PS pour nous rappeler les erreurs judiciaires fondées sur l’aveu. Nous sommes en face d’ une réaction irrationnelle dictée par la colère: une loi, vite, quand bien même nous en regorgeons; une suspicion générale sur les représentants du peuple soumis à un fisc spécial (il serait peut-être plus urgent de se demander pourquoi le fisc ordinaire ne marcherait pas, sans doute les purges effectuées dans les administrations centrales non enseignantes?) mais qui en tant que haute autorité sera totalement incontrôlable (son président sera-t-il comme celui du CSA, un ami du président en place?) Et le tout en nous demandant dans le même discours de respecter l’immense majorité des élus tous soumis à la suspicion et à ce que j’appelle une procédure d’exception fiscale. C’est de la démagogie raffinée…
F Hollande vient de démontrer enfin qu’il rit du mot « outrage » quand il touchait son prédécesseur copieusement insulté mais qu’il n’a aucun humour quand l’outrage s’applique à lui (J Cahuzac ne m’a en rien outragé en mentant mais en fraudant, ça oui). Et après avoir participé durant des décennies à l’idée portée par les socialistes et par les chrétiens, et belle je le crois, que l’amendement du criminel le plus sanguinaire est une conviction à partager, voilà qu’il n’a plus que le mot « impardonnable » à la bouche pour une histoire de fric et de mensonge.
Son humour, sa distanciation, sont ses mensonges à lui. J’ai peur non pas tant des ministres fraudeurs et des menteurs froids que mais d’un président qui passe sa rage orgueilleuse d’homme humilié sur tous ses collègues en politique. Les colères de N Sarkozy se faisaient au moins en solidarité avec des victimes, là il s’agit pour F Hollande de se venger. Sans plus.
Girard avait émis l’hypothèse que le succès de la déconstruction évangélique du mécanisme victimaire conduisant au sacrifice du bouc émissaire était tel, que la posture de victime innocente devenait très valorisante.
Cahuzac est clairement dans la position du bouc émissaire, quelle que soit par ailleurs sa culpabilité.
Mais il est intéressant de noter que ceux qui lui pissent dessus le font d’abord parce qu’ils se considèrent victimes de ses agissements. Cahuzac est traité par eux comme un bouc émissaire, mais nos politiques se voient comme des boucs émissaires innocents de la faute de Cahuzac. Bourreaux et victimes tout à la fois, le pied vous dis-je !
@ Lib:
Je concède que ma position est assez extrême. Le problème est que le fonctionnement actuel de la démocratie en France est à l’extrême opposé: les coupables sont (souvent) réélus, ceux qui sont soupçonnés sont soutenus mordicus par leur parti jusqu’à la dernière extrémité, y compris en entravant le cours de la Justice (ce qui n’a pas été le cas dans avec le nouveau pouvoir, c’est bien la seule vertu qu’on puisse ici lui reconnaître). Pour une très grande part, le système est biaisé en leur faveur : l’inégibilité, généralement de courte durée, ne prend effet que lorsque la condamnation est définitive, ce qui prend des années (voir Chirac, Tiberi, etc) au bout desquelles le public, lassé, a largement oublié de quoi il s’agissait au départ. Ce qui permet aux indélicats et à leurs partisans de prétendre que tout ça c’était il y a bien longtemps, et, ironie suprême, de se plaindre des lenteurs de la Justice.
Lib a écrit ::
Es-tu en train de me dire qu’il fallait réélire Balkany dans l’espoir qu’il se rachète dans le futur? Je suis un chaud partisan de la rédemption (autrement dit, un chrétien). Ces messieurs qui ont tapé dans la caisse peuvent parfaitement se racheter et redevenir des membres respectés de la société, reconnus pour leur action dans le domaine de leur choix. Mais revenir en politique après quelques années de pause ? Quel intérêt pour la démocratie ?
Je dis que la notion de rédemption est hors de propos, parce que je m’intéresse assez peu au sort des tricheurs. Je ne vois pas l’élu, comme on a tendance à le considérer en France, comme un suzerain choisi par le peuple pour le protéger et le diriger (le terme de « baron » que la presse emploie souvent, est révélateur de cette mentalité). Je le vois comme un employé, embauché à durée déterminée par la collectivité pour faire un boulot important. S’il ne convient pas, on en change. S’il triche, il est disqualifié, la collectivité doit choisir quelqu’un d’autre. L’important n’est pas tellement qu’il soit puni, mais que la collectivité évite d’employer des tricheurs.
En tant que pourfendeur d’un État trop puissant, tu devrais être accessible à un tel point de vue, non ? Bien sûr, me diras-tu, la solution réside dans la diminution des pouvoirs que tous ces gens ont sur nous. Mais, même réduit fortement, ce pouvoir sera toujours immense: divisé par deux ou même par dix, le budget d’une grande ville vaudrait encore un paquet de millions, celui de l’État un paquet de milliards. Le pouvoir régalien, lui, peut difficilement être diminué de beaucoup.
Je n’aime pas que le débat soit placé sous le titre de « moralisation ». Je ne veux pas faire la morale à ces braves gens. Je veux juste que les moutons noirs aillent trouver leur rédemption dans des activités privées. Ton parallèle avec les crimes de droit commun n’est pas pertinent: il ne s’agit pas ici de mettre quelqu’un derrière des barreaux pour le restant de ses jours, mais juste de les exclure d’un certain type d’activité. Cela leur laisse 99,999% du marché du travail, ce qui devrait suffire à des gens qui ne manquent pas de qualfications.
Lib a écrit ::
L’affaire Cahuzac n’est pas un fait divers. C’est une crise politique. Elle vient à la suite de dizaines d’affaires remontant aux années 80 (avant, les affaires existaient aussi, mais elles étaient plus facilement étouffées) qui ont miné la confiance de la population dans la notion même de démocratie. Ne vois-tu pas que la possibilité qui lui est donnée, et contre laquelle il n’existe aucune parade légale, de reprendre son siège de député va renforcer la conviction déjà bien ancrée que ces types sont tous des pourris, immunisés contre toute mise en cause ?
L’antiparlementarisme, généré par des affaires spectaculaires, nous a déjà fait bien du mal – c’est de l’histoire un peu ancienne, mais elle peut encore nous servir de leçon. Il est encore temps d’élever un peu l’exigence à l’égard de nos représentants afin d’éviter une répétition.
@ Gwynfrid:
Merci de ta réponse et pardonne moi pour le ton un peu trop dur à ton égard du commentaire précédent.
Le fond de mon sentiment en la matière est résumé par cette citation de Milton Friedman :
Je pense sincèrement que cette fixation sur l’éradication des moutons noirs est malsaine. Elle contribue à affaiblir l’état de droit en demandant des traitements extrêmes. Elle maintient l’illusion de la vertu. Elle nous détourne de notre devoir.
Le modèle implicite de justice que tu décris consiste schématiquement à taper très fort sur les rares qu’on attrape, pour l’exemple. Je m’y oppose pour des raisons de principe et des raisons pragmatiques.
Sur le principe, c’est l’assurance d’être toujours injuste. Trop dur avec celui qu’on a pris, trop tendre avec celui qui est passé à travers.
Pragmatiquement, ça envoie une incitation très perverse aux fraudeurs. Puisqu’ils savent qu’ils se feront massacrer de toute façon s’ils sont pris, ils ont intérêt à pratiquer la fuite en avant. On a observé exactement les mêmes comportements dans le monde financier.
Non, la bonne justice c’est celle qui augmente la proportion de fautifs qui sont punis et leur donne une punition équilibrée et mesurée.
Nous parlions de Balkany. Je n’ai aucun moyen de savoir s’il a repris des activités délictueuses depuis sa réélection. S’il ne l’a pas fait, je ne vois aucune raison de regretter que son inéligibilité soit terminée. S’il l’a fait, le scandale n’est pas que l’inéligibilité due à ses anciennes turpitudes soit éteinte, c’est qu’il n’aie pas été piqué pour les nouvelles.
Lib a écrit ::
Il n’y a pas de mal de fait, le débat est peut-être un peu rude mais pas au point que je le trouve agressif.
Cette phrase de Milton Friedman est très bien, mais pas des plus faciles à mettre en pratique ici. Prenons le cas de la fraude électorale: par définition, l’intérêt politique, au moins à court terme, est de tricher. Pour ce qui est des magouilles avec l’argent du contribuable, l’intérêt politique est de ne pas se faire prendre, et, si on se fait prendre, de trouver les bons soutiens pour retarder le plus possible le cours de la Justice et semer le doute dans l’esprit des électeurs. Je ne vois guère de moyen d’intéresser les tricheurs à bien se comporter. Sauf la solution de base: s’assurer qu’ils soient pincés et ne soient plus en état de recommencer. Je te rejoins donc sur ceci:
Tu m’accorderas, je pense, que l’histoire des 30 dernières années montre que les fautifs sont insuffisamment punis, en tout cas pas assez pour les mettre hors d’état de nuire. Pour ce qui est de la proportion de ceux qui ont été pris, c’est bien sûr difficile à dire. À cet égard, le respect de l’indépendance des juges instructeurs me semble un pas en avant fondamental à mettre au crédit du gouvernement actuel, mais il ne semble pas pressé de graver dans le marbre les règles qui rendraient ce progrès irréversible. Il est fort possible que le successeur de François Hollande (ou le Président lui-même lors des 4 ans qu’il lui reste) retombe dans les habitudes anciennes: pour juger de leur force, il n’est que de voir les réactions à la mise en examen de Nicolas Sarkozy (justifiée ou non, ce n’est pas la question).
@ Jeff:
Jeff vous avez comme tout le monde quelques valeurs aristocratiques (mais si! et vous vous y ferez très bien!) et donc vous souhaitez que les meilleurs d’entre nous nous représentent. Moi aussi. Tout ce que je vous objecte, c’est que vouloir cela n’a rien à voir avec la défense de la démocratie mais peut même s’y opposer si le meilleur n’est pas majoritaire, cas inévitable. La démocratie c’est le gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple, et que la mécanique soit directe ou représentative, demander d’avoir les meilleurs au pouvoir n’est pas prévu par le constructeur; cela veut dire que l’affaire Cahuzac confirme que la démocratie, qui n’est que la loi du nombre, n’a pas de valeur morale en soi. Elle doit la chercher ailleurs. Par exemple, pour faire respecter les droits de l’homme, on ne s’appuie pas sur le peuple qui est majoritairement pour lyncher les assassins d’enfants (et même les torturer avant selon plusieurs enquêtes sociales) mais sur les juges en général, pas élus en France pas élus sauf un peu le Conseil constitutionnel, dont les membres sont nommés par trois personnes ce qui est très peu, et dont une seule est élue directement. Il n’y a nul besoin d’être démocrate pour trouver infâme que le percepteur pique dans la caisse et mente effrontément (encore que je rejoins ceux qui soulignent l’extraordinaire paradoxe que le scandale Cahuzac commence quand il dit la vérité).
Autre aspect du même problème: bien qu’il est patent en terme d’analyse que F Hollande mette à côté de la plaque, il n’empêche qu’il a agi démocratiquement en essayant de répondre à la colère du peuple de façon à satisfaire une majorité de mes compatriotes particulièrement ravie de pouvoir infliger aux seuls politiques la transparence des revenus. Par voyeurisme, et aussi peut-être pour détourner la foudre d’autres tribus que la très petite tribu politique. Son choix d’infliger la transparence, et de l’infliger aux seuls élus politiques, est moralement lâche mais parfaitement démocratique puisque cette lâcheté est la nôtre.