Il est légitime et cohérent que cela dérape

La gauche a un problème consubstantiel avec la violence, et nous avec. « Il est légitime et cohérent que cela dérape » : cette phrase, prononcée par Olivier Besancenot lors du JT de France2 le 4 avril dernier, avec un sourire froid, est passée quasiment inaperçue. Alors que l’on assistait aux scènes que l’on connaît, Besancenot ne trouvait pas seulement ça « cohérent » – après tout, si l’on fait un effort, on peut entrer dans la cohérence de plein de gens – mais bel et bien « légitime« . Je n’ai besoin de personne pour relever l’outrance ordinaire de Frédéric Lefebvre, mais je reconnais cette fois la justesse de la formule : Besancenot est la « vitrine légale » des casseurs. Il n’est plus nécessaire de s’emmerder à analyser son discours : on ne peut plus clairement légitimer la violence.

Malheureusement, toute l’opposition se croit obligée de courir derrière lui.

Seule l’hypocrisie distingue finalement Olivier Besancenot de Ségolène Royal. Elle, comme d’autres leaders populistes, s’emploie à longer la ligne jaune. Assez proche pour se faire comprendre, mais point trop pour ne pas se disqualifier. Cela donne cette interview, de celle que Claude Askolovitch appelle, avec un sens certain de l’ironie, « la plus rouge des socialistes » (il faut en effet croire qu’après Fabius, certains sont encore disposés à se laisser flouer par des trajectoires à l’opportunisme si manifeste). Elle y dénonce, contre toute évidence, le mépris du dialogue social, et montre la plus grande compréhension avec la violence exercée : « ce qu’on appelle la révolte, c’est une réaction contre la violence qui s’exerce contre les salariés et contre le pays ». Et, lorsqu’elle affirme que « les salariés doivent forcer le barrage de l’injustice absolue », on oscille clairement entre le franc soutien et l’incitation.

Ségolène Royal nous dit qu’elle n’est « ni une Cassandre ni Olivier Besancenot », qu’elle « ne prédit ni ne souhaite » la violence. Voire. Si l’on veut bien admettre que son positionnement est opportuniste, et la distinguerait dès lors d’Olivier Besancenot[1],  son attitude est à tout le moins ambigüe et ce, de longue date.

On se souvient de son interview de l’avant-veille du second tour, quand elle agitait le spectre d’affrontements dans « les cités ». On n’ignore pas davantage la rhétorique consistant à évoquer systématiquement de prétendues violences de Nicolas Sarkozy : celui-ci ne réforme pas, il « brutalise le pays ». Depuis la campagne, la gauche et jusqu’au Modem évidemment inclus n’ont de cesse d’employer des expressions équivoques : combien de discours, d’interviews où l’un ou l’autre populiste n’invoque l’esprit de la Résistance. Inutile également de dénombrer les anathèmes sur le supposé facisme de Nicolas Sarkozy ou les renvois aux « heures sombres » du pays.

Je ne dénie pas la responsabilité de Nicolas Sarkozy, qui instrumentalise trop souvent les questions de sécurité, mais j’accuse la gauche d’avoir, dans cette violence sociale, une responsabilité à tout le moins égale. Et d’en prendre une nouvelle. Car, à quelques exceptions responsables près, les uns et les autres ne cessent, par leurs propos, de légitimer par avance la violence sociale.

Réagissant à la polémique intentionnellement provoquée par Ségolène Royal, Martine Aubry a fait de nouveau la démonstration de l’hypocrisie et/ou de l’inconfort de la gauche vis-à-vis de la violence. Martine Aubry cherche en effet à nous convaincre que « le parti socialiste, et ce n’est pas nouveau, condamne toutes les violences ». Pourtant toute son intervention est construite sur le même mode : je condamne les violences, mais je les comprends.

« En aucun cas des violences, quand on porte atteinte à la liberté de circulation des personnes, ne peuvent être justifiées » mais « il y a des moments où la violence sociale, la brutalité expliquent qu’on en arrive à cela ».

« Nous ne le comprenons pas, nous ne l’excusons pas, nous disons aussi qu’il y a des moments où les gens n’en peuvent plus ».

« Jamais je ne justifierai la moindre violence et la moindre atteinte à la liberté d’une personne, mais je dis que quand la démocratie ne fonctionne plus, voilà ce à quoi on arrive »

Eclairez-moi : est ce bien là une condamnation ? Qu’entend donc celui qui pourrait être tenté par une action violente ? Qu’il est condamnable, ou qu’on le comprend ? Qu’il est condamnable, ou que ce sont les autres qui l’ont forcé ?

Il faut être lucide : les cas de séquestration vont se multiplier, et ceux qui les pratiqueront le feront forts de la bonne conscience qui leur est offerte par la gauche. Avec tous les dérapages que l’on peut attendre. Des « dérapages » qui ne seront pas non plus des chiffres, des stats, mais qui s’appliqueront à des personnes. D’avance, j’affirme que la gauche doit en porter une responsabilité morale.

Dans le cas de la société Caterpillar, certes socialement dramatique, on en vient à agresser des agents de maîtrise et, avec le soutien d’éléments extérieurs à l’entreprise, on menace la famille des personnes séquestrées. Face à cela, faut-il affirmer que c’est un défaut de démocratie qui contraint les salariés à agir ainsi ? Non seulement on constate que ce ne sont pas nécessairement des salariés de l’entreprise, mais ce sont en fin de compte d’autres employés que l’on agresse. Il faut dire que, grâce à l’imaginaire marxisant dont la gauche ne parvient pas à se défaire, elle arrive à se convaincre qu’on séquestre des patrons, quand on ne fait que séquestrer celui de ses employés qui est, précisément, envoyer pour négocier. Mais avec un peu de lutte des classes dans le bourrichon, ça fera l’affaire : ce sont donc bien des patrons.

Ces déclarations interviennent de surcroît au surlendemain d’affrontements à Strasbourg dont on ne me fera pas croire qu’ils sont le fruit d’une quelconque desespérance sociale. Alors, quel qu’ait été le sujet des propos précis de Royal, est-il vraiment responsable de faire preuve de la plus grande compréhension face à la violence après de tels évènements ? Et de nouveau, on observera que la gauche n’a rien eu de plus pressé que de mettre en cause la police, sa stratégie, de rechercher d’éventuels éléments à charge. On pourrait pourtant se féliciter qu’à Strasbourg, contrairement à d’autres sommets, il y ait eu peu de blessés, et aucun mort. Lorsque certains font exploser des cocktails molotov au milieu de 20 CRS, geste dont on ne doit pas nier l’intention homicide, il faut louer leur sang-froid[2]. Mais que les casseurs se rassurent : s’ils ont cassé, c’est la faute à la police.

On essaiera de me convaincre qu’il ne s’agit là que d’une explication, non d’une justification. Mais ce n’est pas comme si cette posture était nouvelle, pour la gauche. Dans un passé récent, elle n’avait de cesse de légitimer les violences dans les banlieues sensibles, en faisant bien souvent du facteur social la cause exclusive de la violence. Aujourd’hui, elle poursuit sur le terrain de l’action politique. Combien de mouvements se parent aujourd’hui, de façon plus ou moins[3] illégitime et risible des atours de la « résistance civique » ou de la « désobéissance civile » ? Combien de discours de la gauche ou de Bayrou ont légitimé l’emploi de ce terme de « résistance » ?

Et l’on ne manque pas d’occasion de constater que la gauche entretient le flou sur la nature de la violence. Certains, que l’on croirait plus rigoureux, ne tardent pas à vous expliquer que les assassinats par Action Directe sont une réponse compréhensible à la violence du capitalisme. L’acte de celui qui presse la gâchette est pour eux aussi violent que le système capitaliste.

A titre d’illustration, reprenons les propos de Martine Aubry, qui renvoie à la « violence » de Nicolas Sarkozy, finalement assimilable à celle de ceux qui séquestrent des personnes ou à celle des anars. Et son propos sur Frédéric Lefebvre[4] – « Plus personne ne fait attention, tant ses violences sont importantes » – vient encore alimenter l’ambiguïté et ramener au même plan violence verbale et physique.

La gauche entretient en fait un complexe permanent vis-à-vis de son extrême, le tout baigné dans une vision romantique de la violence. De surcroît, le Parti Socialiste, aujourd’hui si faible sur ses bases, ne cesse de craindre le contournement par Besancenot. Plus grave, on voit surgir de nouveaux populistes en la personne d’un Bayrou ou d’un ancien Premier Ministre. Philippe Bilger, à cet égard, analyse parfaitement le discours de Villepin, exactement sur le même mode que Martine Aubry, ou que Ségolène Royal. Pour un homme qui ne cesse de porter « le sens de l’Etat » en bandoulière, quelle décadence.

Il n’est peut-être pas électoralement indispensable à la gauche de clarifier sa position. Sur le plan de l’éthique et de la responsabilité, ce serait en revanche bienvenu. Et puisque j’en connais malgré tout, à gauche, que ce discours indispose, qu’ils se réveillent, et maintenant !

crédit illustration : langelot
  1. encore que ceci soit à vérifier []
  2. si, si, je suis au courant de la vidéo dont vous allez me parler []
  3. avant de faire un procès d’intention, relisez le « plus ou moins » []
  4. qui, une fois encore, m’horripile, mais ce n’est pas le sujet []

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92 commentaires

  • Thanks for your analysis. Above all, i’m not sure that behaviour will be so attractive for France, in a competitive and globalized economy !

    Foreigners leaders and CEO will only think:

    France is a very dangerous country where bosses and leaders are sequestered or rapted !!!

    Do not go there !!!

    And, so what ?!!!

    France will just demostrate her taste of blood and her ability in revolutions !!!

    Peace in your heart!

    Bill

  • Pas du tout d’accord, évidemment. Pour reprendre mon commentaire : le fait que ce soient d’autres salariés importe peu, ils représentent les patrons. Et si le rapport de force est une nécessité, cela ne vient pas du fait du salarié, mais du fait de l’actionnariat. S’il faut coincer des agents de maitrise (à ce niveau ? ça m’étonne mais bon) pour obtenir un plan social correct – voire une réduction de l’ampleur des licenciements, à qui la faute ? Si les médias ne réagissent que lorsque la violence entre en scène, à qui la faute ?

    Enfin, on se fout de la compréhension et autres fadaises royalistes de la gauche crypto-catho : il ne s’agit pas de « comprendre la détresse » des braves gens, il s’agit de reconnaitre qu’ils font le choix objectif et assumé de l’illégalité dans leur intérêt. Reste que cette illégalité n’est pas illégitime tant qu’elle est proportionnée : rien à voir avec Action Directe, quoi.

  • Tout cela est très vrai, cher Koz.

    Je relève aussi la pitoyable attitude des médias qui, après Strasbourg, ont insisté sur les insuffisances de la tactique policière, plutôt que sur la violence intrinsèque et stratégique des casseurs.

    Le maire (PS) de Strasbourg était sur la même ligne. Il pataugeait dans la contradiction sur laquelle vont s’échouer les socialistes dans les années à venir. Ils ne pourront pas à la fois se glisser dans les plis du drapeau rouge, et se faire élire par des masses soucieuses de sécurité. C’est le piège de leur flirt avec l’extrême gauche.

    J’ai lu quelque part que Ségolène Royal était passée de « l’ordre juste » au « désordre juste ». Pas mal vu !

  • Merci pour le lien.
    Pour répondre sérieusement à la question que tu me posais par Twitter (« Mais, tu es vraiment de gauche ? » – en tout cas, je crois plus à une relance par la demande que par l’offre); il y a simplement des degrés à prendre en compte : je n’aime pas particulièrement les séquestrations, et ce qu’elles révèlent sur le climat social de manière générale ; mais je préfère encore que les choses en restent là plutôt qu’elles ne se transforment en plaidoyer pour une impraticable démocratie directe (d’où mon billet). Et je n’ai pas les compétences pour évaluer le manque de « bonne volonté » du patronat, et mesurer la « légitimité » (dans un sens strictement non juridique, bien sûr) des séquestrations.

  • Edmond Prochain a écrit:

    Depuis quand tu parles de politique sur ton blog catholique ?

    Euh… Ce blog n’est pas un blog uniquement catholique, et le catholique doit s’intéresser à la politique, surout dans des cas comme celui-là!!!!
    L’attitude de la gauche est honteuse.

  • Le problème est que face à ce qui paraît une injustice sans recours (les lois votées appuyant les lois économiques, donnant raison à la primauté actionnariale sur la vision sociale), il ne reste guère d’alternatives que la violence ou la grève de la faim généralisée.

    Et la culture nationale va peut-être plus vers Ravaillac que vers Gandhi.

  • Koz votre article vient à point nommé dans le fil de mes propres réflexions.

    Hier je faisais la comparaison entre les fils de discussions sur figaro.fr et le monde.fr sur l’interdiction du port de la cagoule lors de manifestations proposée par MAM. D’un côté on avait ceux qui envisageaient la chose sérieusement (en s’appuyant sur des lois allemandes existantes) de l’autre côté on avait ceux qui s’éclaffaient du ridicule d’une telle proposition ou s’outrageaient d’un pas supplémentaire liberticide.

    Les populistes politiques sont responsables de l’aggravation de la situation, mais leurs relais journalistiques encore davantage.

    Le matraquage journalistique actuel sur la crise et les « méchants » patrons; sur les manifs appelant à la désobéissance civique; certains journaleux osant même faire part de leur admiration pour un bon « coup de com », d’un « buzz réussi » de la part de SR; qui nous font part du moindre pet du postier choufflu, alors que l’on apprends de certaines sources non journalistiques que ce « grand innocent » s’est rendu 8 fois en Guadeloupe avant que Domota ne commence son cirque; alors que l’on nous tourne plus ou moins subtilement la plupart des articles relatant les violences lors de manifestations en cherchant avant tout des poux à la police et aux CRS subissant stoïquement les assauts de véritables criminels enragés; alors que l’on essaie de balayer sous le tapis une vidéo montrant des racailles agissant dans un bus en accusant celui qui a montré la vidéo, etc. etc.

    La désinformation, la manipulation de l’information et la recherche de scoops allant pratiquement toujours dans le sens des incivilités atteint des sommets.

    Je suis tellement dégouté en ce moment que je me demande sérieusement pour la première fois si je ne vais pas suivre mes enfants qui ont choisi de s’installer dans un autre pays …

  • Koz, difficile de ne pas tomber d’accord sur une partie du tableau que tu dresses, mais tu semble oublier un élément important de la « big picture », à savoir la politique menée par le pouvoir, que tu exonères de toutes responsabilités. Le même chef d’état qui comprenait, légitimait les violences perpétuées par les marins pêcheurs dans un de ces fameux discours de campagne, n’a qu’un seul message a faire passer aujourd’hui: celui de la répression et celui du status quo en matière d’arbitrages économiques.

    Aujourd’hui les syndicats sont totalement dépassés, la grogne monte de toute part,on arrive a des situation comme chez Scalpa ou les salariés s’en prennent les uns aux autres, ce qui est d’une extrême gravité. Pour restaurer la confiance, il faut bien plus que le message binaire et manichéen que Sarkozy se contente de nous servir.

  • @ panouf:
    Euh… et j’ai le droit de taquiner Koz ?! 😉

    Il a tellement parlé de sujets catholiques ces derniers temps qu’on en aurait presque oublié qu’au départ, son blog traitait surtout de politique ! D’ailleurs, je suis sûr qu’il a compris la perfidie de ma remarque… (Je ne serais même pas étonné qu’il me qualifie une nouvelle fois d’enfoiré, rien que pour ça.)

  • Yogui a écrit:

    Le problème est que face à ce qui paraît une injustice sans recours (les lois votées appuyant les lois économiques, donnant raison à la primauté actionnariale sur la vision sociale), il ne reste guère d’alternatives que la violence ou la grève de la faim généralisée.

    Et la culture nationale va peut-être plus vers Ravaillac que vers Gandhi.

    En effet, le dialogue social est inexistant (contrairement a ce qu’affirme Marc Landré dans sa note inexacte de bout en bout): les décisions de fermeture continuent d’être prises de façon unilatérale, les comportement n’évoluent pas, ni dans la forme, ni dans le fond. Quand il est question de la survie d’un groupe, et qu’il faut, dans le but de réduire les couts, réduire la masse salariale; dans ce cas extrême, un minimum de dialogue s’impose. Comment briser ce mur? Comment établir le contact? Comment canaliser la colère que procure ce sentiment d’impuissance face à sa vie que l’on voit basculer?

    Je viens de mentionner les cas de plan sociaux dont dépend la survie d’un groupe. Mais il faut bien faire la part des choses. Il existe une autre forme de plan social, des plans qui pourraient être assimilés a des licenciements boursier. Ceux là mérite le relais et le soutien des organisations syndicales, des pouvoirs publics et de l’opposition. Tout doit être entrepris pour que les Groupes qui ont les moyens de le faire, conservent un maximum d’effectifs. En privilégiant le social, ils n’entreraient pas ainsi dans la spirale de l’aggravation d’une crise dont paradoxalement, ils cherchent à se prémunir. La pression « politique » est certes d’une influence relative face au principe de l’autonomie des marchés, mais ça reste un moyen de pression a ne pas négliger. Et surtout, ça pourrait être un moyen de canaliser les forces, et un moyen d’éviter une escalade dans la violence, dont Libé se réjouit déjà de l’efficacité.

  • @ Bill: il est certain que les investisseurs étrangers se poseront deux fois la question avant de venir en France. C’est un poil périphérique au débat mais pas tant que ça, puisque ce sont bien les salariés qui paieront.

    ps : bill, c’est devant chez vous que ça manifeste, là ?

    Guillermo a écrit:

    Pas du tout d’accord, évidemment.

    Au contraire, nous sommes d’accord, puisque tu viens parfaitement illustrer mon billet, et le fait que la gauche a un problème avec la violence.

    Guillermo a écrit:

    le fait que ce soient d’autres salariés importe peu, ils représentent les patrons.

    Très clairement. Vous êtes dans ce schéma de pensée. Le cadre que l’on séquestre représente le patron. Il n’est pas le patron, pas grave, on se dire (comme tu le titres) que c’est le patron que l’on séquestre.

    Guillermo a écrit:

    S’il faut coincer des agents de maitrise (à ce niveau ? ça m’étonne mais bon) pour obtenir un plan social correct – voire une réduction de l’ampleur des licenciements, à qui la faute ? Si les médias ne réagissent que lorsque la violence entre en scène, à qui la faute ?

    Je me disais bien qu’il aurait fallu que l’on séquestre les mecs d’Act-Up, ou que je brûle un cinoche. Puisque les medias ne réagissent que dans ces cas, alors, c’est assez légitime.

    Dès lors qu’on ne se fixe pas de limites, il est assez facile de penser qu’il n’y a que la séquestration de valable. Je ne pensais pourtant pas que nous étions un pays antisocial, où les lois ne protégeaient pas les salariés, ni que les salariés étaient dépourvus d’imagination au point de ne penser qu’à la séquestration (avant, on se faisait une bonne tite occupation d’usine : c’est passé de mode, ça ?).

    Guillermo a écrit:

    Enfin, on se fout de la compréhension et autres fadaises royalistes de la gauche crypto-catho : il ne s’agit pas de “comprendre la détresse” des braves gens, il s’agit de reconnaitre qu’ils font le choix objectif et assumé de l’illégalité dans leur intérêt.

    C’est qui ça, la gauche crypto-catho, c’est Martine ? Sinon, reconnaître qu’ils font le choix objectif et assumé de l’illégalité dans leur intérêt, c’est pas compliqué à faire. Je le reconnais, moi aussi.

    Guillermo a écrit:

    Reste que cette illégalité n’est pas illégitime tant qu’elle est proportionnée : rien à voir avec Action Directe, quoi.

    Ben voilà, c’est proportionné, donc. Oublions le fait qu’employer la violence fait sortir de tout champ de comparaison, il n’y aurait là qu’une question de proportion.

    Quant à Action Directe, je connais un mec qui trouvait déjà cela explicable, un mercredi soir.

    Yogui a écrit:

    Le problème est que face à ce qui paraît une injustice sans recours (les lois votées appuyant les lois économiques, donnant raison à la primauté actionnariale sur la vision sociale), il ne reste guère d’alternatives que la violence ou la grève de la faim généralisée.

    Si je résume ton propos en disant que face à la loi qui déplaît, il ne reste que la violence, je me goure ?

    Et franchement, sommes-nous vraiment en France dans une situation où le salarié n’est pas protégé ? Evidemment, les licenciements ne sont pas interdits après ?

    zeyesnidzeno a écrit:

    mais tu semble oublier un élément important de la “big picture”, à savoir la politique menée par le pouvoir, que tu exonères de toutes responsabilités

    J’ai écrit assez littéralement que je ne déniais pas la responsabilité de Nicolas Sarkozy.

    zeyesnidzeno a écrit:

    Le même chef d’état qui comprenait, légitimait les violences perpétuées par les marins pêcheurs dans un de ces fameux discours de campagne, n’a qu’un seul message a faire passer aujourd’hui: celui de la répression et celui du status quo en matière d’arbitrages économiques.

    Nous sommes d’accord qu’il y a quelque peu deux poids deux mesures. Mais pour prendre un peu plus la mesure de la chose, il faut tout de même noter que les marins-pêcheurs sont une profession dans laquelle on meurt, tous les ans et ce, en gagnant de moins en moins de quoi nourrir sa famille. Et que le fait d’avoir fait preuve de cette compréhension une fois ne correspond pas exactement à l’attitude de la gauche, qui comprend, entretient et, quand elle est en forme, incite.

    Surtout, la gauche, à la différence de la droite, entretient par nature un rapport confus avec la violence, qu’elle ne rejette pas explicitement et sans concession comme moyen d’expression.

    zeyesnidzeno a écrit:

    Et surtout, ça pourrait être un moyen de canaliser les forces, et un moyen d’éviter une escalade dans la violence, dont Libé se réjouit déjà de l’efficacité.

    Effectivement, voilà un article exemplaire d’irresponsabilité, et qui vient illustrer mon billet.

  • @ Koz: It’s not in front of our building, but not so far … really near … We don’t worry about the future of the situation … Bit what will happen? And how prevent this kind of offense … I completely agree with you. French workers seems unconscious of the consequences of their actions …
    And you are completely right wrinting « Il faut être lucide : les cas de séquestration vont se multiplier, et ceux qui les pratiqueront le feront forts de la bonne conscience qui leur est offerte par la gauche. Avec tous les dérapages que l’on peut attendre. Des “dérapages” qui ne seront pas non plus des chiffres, des stats, mais qui s’appliqueront à des personnes. D’avance, j’affirme que la gauche doit en porter une responsabilité morale. »
    How Nicolas will stop that ? One boss-One cop ? I hope that would not be the first point of a « revolte », if not a « revolution ».

    This is probably the strategy of SR and other socialist: exciting crowds and winning european elections; capture for their own, and highlighting the legitimity of the street against the legitimity of the institutions … But will they be able to control their monster, or will the creature eat the master ? Revolutionar instincts exceeding the rational « democratic way »… I just hope that victory will not belong to the supporters of authoritarian governement, who are probably waiting their turn …

  • Koz a écrit:

    Le cadre que l’on séquestre représente le patron.

    Il faut bien s’arrêter quelque part. Le « patron » que l’on séquestre ne fait que représenter les intérêts des actionnaires, et si on veut séquestrer ceux-là c’est qq millions de français qu’il faut séquestrer et la moitié des retraités américains. Le système se mord la queue.

  • zeyesnidzeno a écrit:

    (contrairement a ce qu’affirme Marc Landré dans sa note inexacte de bout en bout):

    C’est un peu facile de dire que c’est « inexact de bout en bout ».

    Je rappelerai juste à la présidente du Conseil régional de Poitou-Charentes que jamais le dialogue social (au niveau interprofessionnel) n’a été aussi vivace dans notre pays que depuis l’élection de Nicolas Sarkozy. Les syndicats de salariés et les organisations patronales sont systématiquement consultés sur toutes les réformes ayant trait au code du Travail, comme la loi l’impose, mais ils sont bien souvent chargés, sous l’impulsion du chef de l’Etat, de négocier les réformes eux-memes : modernisation du marché du travail, représentativité, gestion des emplois et des compétences, formation professionnelle, chômage partiel, assurance-chômage.

    Evidement, en rayant d’un trait de plume la réalité, il est plus facile de faire valoir un argument.

  • Edmond Prochain a écrit:

    @ panouf: Euh… et j’ai le droit de taquiner Koz ?!

    non, panouf veille, tel un cerbère infranchissable qui rappelle à l’ordre (et au premier degré) ceux qui voudrait faire du mauvais esprit !

    Je crois me souvenir, qu’il y a une dizaine d’année de ça (voire un peu plus) certains (pas forcément à gauche) disaient un truc du genre « si on continue comme ça, ça va péter ! »
    Ce n’était pas un appel à la violence, juste une crainte sourde que notre société était susceptible d’engendrer des tensions, des frustrations telles que cela riquait d’avoir comme réponse possibler des émeutes violentes.

    Je ne dis pas qu’ils avaient raison avant tout le monde (on trouvera toujours quelqu’un qui a décrit il y a 20 ans ce qui se passe aujourd’hui) et je ne justifie en aucun cas ces violences, j’ai juste l’impression que la conscience plus ou moins collective du risque que cela arrive ne date pas d’hier.

    Nous aurions bien aimé qu’un grand homme (ou femme) émerge et nous dise « j’ai pris conscience de ce risque majeur, et j’ai des solutions pour le réduire, même si cela peut prendre un peu de temps » en étant crédible, parce que ses idées et ses actes seraient en cohérence avec ce projet.
    Nous aurions bien aimé que ce soit N. Sarkozy (certains y ont cru, d’autres y croient encore)

    Et puis il y a eu la crise, qui a sans doute changé la donne (mais je ne sais pas encore si c’est dans le « bon » ou « mauvais » sens).

    Malheureusement, peut-être parce que c’est trop compliqué (1) personne ne semble avoir de solution.

    Et notre cher PS (pour le modem, j’ai un peu de mal à savoir), qui devrait lui aussi craindre plus que tout ce risque « révolutionnaire » (non pour des raisons électorales à court terme, mais parce que c’est la mission que lui confient les citoyens lorsqu’ils votent pour lui) devrait
    * soit se voir contraint soit de supporter le gouvernement lorsque ce que celui-ci propose va dans ce sens (mais cela est interdit, parce que cela « brouillerait » notre lecture de la différence droite-gauche, et nous ne saurions plus à quel sein nous vouer)
    * soit proposer autre chose (mais il semble qu’il n’en a pas la moindre idée, ou en tout cas pas de façon construite et audible par moi)

    Il semble donc arriver à la conclusion (desesperante) qu’il n’y a pas de solution, et que la « révolte » (ou les violences) est ineluctable, et préfère condamner en comprenant, que condamner en proposant autre chose de crédible, de peur d’être taxés d’être « contre » le peuple et « pour » les « patrons ».
    Sans avoir conscience que la politique du pire que certains soutiennent à demi mot est de toutes façons contre productive pour eux ET pour les français. A mon avis cette politique du pire ne serait « profitable » (electoralment) qu’à l’extrème gauche, ou à la droite tendance « sécuritaire ».

    Pourtant, nous aurions besoin (je crois) d’un parti de gauche, capable de proposer sa vision du monde (basée, par exemple, sur une certaine régulation efficace de l’économie, des partages de richesse productifs, une mondialisation un peu plus maitrisée ou choisie, une responsabilisation des hommes … ) , crédible, idépendante de la politique de Sarkozy (bon, s’ils s’aperçoivent à la fin que leur projet est conforme à ce que fait le gouvernement actuel, ils seront dans la m.., mais j’ai du mal à imaginer qu’il n’y ait pas d’alternative.)

    (1) pour de bonnes et mauvaises raisons, dont peut être une trop grand tendance simplificatrice des médias, ayant du mal à retranscrire des idées complexes ou evolutives, ou une difficulté à accompagner le changement.

  • Koz a écrit:

    Si je résume ton propos en disant que face à la loi qui déplaît, il ne reste que la violence, je me goure ?

    Ce n’est pas « la loi » qui déplaît car il suffirait d’en voter une autre. Mais pour mille et une raisons, dont notamment celles évoquées par Bill, ces nouvelles lois qui tendraient à refavoriser les salariés par rapport aux actionnaires ne peuvent pas être votées. C’est donc la logique du système qui déplaît, c’est elle qui est contestée et non pas une loi ou une situation particulière. Et les options pour changer « une logique » sont moins nombreuses que pour changer « une loi ».

    Quant à mon opinion personnelle c’est que le système s’effondrera tout seul, si ce n’est par les crises telles qu’actuellement ce sera par les limites de la « croissance infinie sur une planète finie ».

  • Koz a écrit:

    Il est certain que les investisseurs étrangers se poseront deux fois la question avant de venir en France. C’est un poil périphérique au débat mais pas tant que ça, puisque ce sont bien les salariés qui paieront.

    En fait, si la « responsabilité de nicolas Sarkozy n’est pas étrangère au débat », ce sujet là non plus n’est pas périphérique du tout.

    Zeyes dit qu’il ne faut pas exonèrer le pouvoir actuel, mais il faudrait également prendre en considération tous les blocages qui font font qu’il est difficile voire quasi impossible de réussir à créer et faire réellement prospérer une entreprise petite ou moyenne en France. Les autres blocages qui font que la dernière idée qui viendrait à l’esprit d’un dirigeant d’une grosse entreprise serait de s’installer en France ou de vouloir absolument rester en France.

    Forbes Asia vient de publier une étude :

    And the winner is… Avec 167,9 points, la France est considérée comme le pays ayant le régime fiscal le moins accueillant, selon le classement 2009 de la pression fiscale établi par Forbes Asia. Chaque année, le magazine calcule le niveau de pression fiscale en additionnant les impôts sur les sociétés et sur le revenu, les charges patronales et salariales et la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Le total est censé déterminer si le pays a plutôt tendance à attirer ou à faire fuir talents et capitaux. Sur les 50 pays du monde présents dans le classement, la France arrive donc en tête avec un impôt sur les sociétés qui atteint 34,4%, l’impôt sur le revenu 52,1%, les charges patronales 45%, les charges salariales 14% et la TVA 19,6%.

    Quelles sont les responsabilités dans cette situation des centrales syndicales et des partis politiques qui aujourd’hui légitiment indirectement la violence sociale comme une sorte de conséquence inéductable ?

    Il y a dialogue quand on parle à peu près le même langage. Il existe des centrales syndicales dans le monde avec lesquelles le dialogue est réel. Dans ce pays (et je place le MEDEF dans le lot) quand bien même vous le boosteriez au point d’y passer la moitiée du temps salarial, avec la faible représentativité des centrales, avec la faible capacité de propositions en termes de solutions, avec l’hyper politisation des centrales concernées, je crains fort que la situation serait exactement la même.

    Quant à la réalité actuelle, il se fait que SUD est un des syndicats les plus forts sur le terrain. SUD est une vitrine de la LCR ou du NPA. Ces partis ont un agenda politique clair et net et envisage le dialogue social que sous cet angle. Statutairement, ces partis envisagent une révolution violente parce qu’une révolution ne se fait qu’avec violence. Il est aussi assez évident que la CGT poursuit également un objectif strictement politique. Il est aussi évident que les syndicats patronaux comme ouvriers ont à assumer un passif touchant à la corruption et aux compromissions « arrangées » disons. C’est comme ça, se planquer derrière une idée « idéalisée » de la chose ne change rien à l’affaire.

    Je veux bien que Sarko soit binaire et manichéen, mais il n’est alors pas le seul.

  • Je suis bien d’accord avec ce billet, mais je suis surpris que tu aies oublié de mentionner ces deux sondages, très impressionnants. On voit que la « compréhension » socialiste est largement partagée dans l’opinion. C’est un signe inquiétant, que je voudrais rapprocher d’autres symptômes de même nature, qui montrent une défiance croissante à l’égard de toutes les autorités, tous les « gens qui savent », bref, ceux qui sont du côté du manche. N’en déplaise à Guillermo, il est significatif qu’on ne s’en prenne plus seulement aux patrons, mais aussi aux cadres. Cela veut dire qu’on rejette non seulement les responsables, mais aussi tous ceux qui tentent de calmer le jeu, qui disent « désolé, on ne peut pas faire autrement que réformer, réduire les coûts, appliquer la loi, respecter nos obligations internationales, etc., etc. » D’autres exemples: les antennes-relais, la mise au pilori du principe même des stocks-options, la revendication de gratuité pour la musique, les OGM, les opérations « autoréduction » dans les magasins, et aussi l’incompréhension, partagée y compris sur ce blog, vis-à-vis des explications des experts sur la crise financière – voir ce commentaire de henri sous un billet précédent, « je ne comprends pas ce divorce entre la finance et le reste du monde ».

    C’est là que je rejoins zeyesnidzeno sur la part de responsabilité de Sarkozy. Car il a lourdement contribué à la décrédibilisation des élites et de ce qu’on appelle les « corps intermédiaires ». L’exemple de l’indulgence accordée aux marins-pêcheurs est particulièrement frappant. Mais il y en a bien d’autres: la mise en cause de la responsabilité des juges, l’insulte aux chefs des armées après le drame de Carcassonne, la légèreté à l’égard du Parlement, et même le dédain affiché à l’égard de ses propres ministres.

    Dans ce contexte, je crois que la réaction de Martine Aubry, dans le sens du vent mais sans trop en rajouter, est la plus modérée qu’elle pouvait espérer faire entendre, sauf à ouvrir un boulevard encore plus large à Besancenot pour les européennes.

    Pour compléter le tableau, je suis d’accord avec Bill sur l’effet que cela aura sur notre image internationale, déjà désastreuse en la matière. Pour le moment, d’autres sujets plus chauds font diversion, mais je ne sais pas pour combien de temps.

  • C’est moins intéressant la politique ;-))

    Je souhaite seulement rapprocher deux éléments : les séquestrations de patrons justifiés par la gauche qui légitime ainsi la violation de la loi et le temps de parole du Président de la République intégré à la demande de la gauche dans le décompte de la majorité…
    C’est tout simplement la négation des institutions et, plus grave, de la démocratie… je ne suis pas particulièrement démocrate ni républicain, mais quand même ! Il me semble incroyable de vouloir mettre le chef de l’Etat élu au suffrage universel au rang d’un membre lambda de la majorité…
    Mais notre pays devient totalement cinglé, il scie la branche sur laquelle il est assis aussi consciencieusement qu’aveuglément… Encore ce jour, le soi-disant humoriste d’Europe 1 Bonnaud indiquait que, dans un sondage, 7% des Français adhéraient totalement aux prises d’otage de patrons et il a glosé sur ces 7% comme si cela constituait une majorité… (et + de 60% désapprouvent !) et franchement, on a l’impression que la démocratie est bien malade quand les médias estiment qu’il faut s’intéresser aux groupuscules plutôt qu’au plus grand nombre…

  • Pour info, le 13h de France 2 a présenté ce jour un reportage chiffré sur le sujet, assorti d’une causerie avec un avocat spécialisé en droit du travail (a priori ex-DRH).

    Il en ressortait (à vérifier bien sûr):

    • que les séquestrations juqu’à présent intervenues en France ces derniers jours seraient financièrement payantes pour les salariés, les employeurs lâchant plus que prévu initialement;

    • que les organisations patronales conseilleraient à leurs adhérents de « lâcher du lest » en cas de séquestration.

    Effet boule de neige garanti. Vive la République, l’état de droit et les dispositions relatives aux vices du consentement.

    Il est par ailleurs certain que si ça se passe sur les plans de la résistance et de la solidarité dans le milieu patronal comme pour les passagers dans certain bus, les employeurs ne doivent pas s’attendre à un soutien massif des politiques.

    S’aider soi-même, avant que d’espérer l’intervention du Ciel (désolé Koz, mais on y revient toujours, par un bord ou l’autre…).

  • « Il faut être lucide : les cas de séquestration vont se multiplier, et ceux qui les pratiqueront le feront forts de la bonne conscience qui leur est offerte par la gauche. Avec tous les dérapages que l’on peut attendre. Des “dérapages” qui ne seront pas non plus des chiffres, des stats, mais qui s’appliqueront à des personnes. D’avance, j’affirme que la gauche doit en porter une responsabilité morale.”

    Ou comment dire soi-même que les séquestrations sont prévisibles et explicables tout en accusant ceux qui disent la même chose d’être responsables de leurs occurences.
    C’est très fin.

    D’avance, j’affirme que Koz par sa banalisation des violences porte une responsabilité morale dans tout ce qui pourrait arriver à l’avenir.

    Pourquoi dramatiser les choses à ce point?

  • Gwynfrid a écrit:

    D’autres exemples: les antennes-relais, la mise au pilori du principe même des stocks-options, la revendication de gratuité pour la musique, les OGM, les opérations “autoréduction” dans les magasins, et aussi l’incompréhension, partagée y compris sur ce blog, vis-à-vis des explications des experts sur la crise financière – voir ce commentaire de henri sous un billet précédent, “je ne comprends pas ce divorce entre la finance et le reste du monde”.

    Faudrat m’expliquer le coup des antennes relais. Ou les OGM. Etc..

  • Koz a écrit:

    J’ai écrit assez littéralement que je ne déniais pas la responsabilité de Nicolas Sarkozy.

    Mouais… disons que noyé dans l’accablant réquisitoire contre « la gauche qui doit porter la responsabilité morale de tels dérapages », c’est vrai que la responsabilité de Sarkozy semble très… secondaire.

    Koz a écrit:

    Mais pour prendre un peu plus la mesure de la chose, il faut tout de même noter que les marins-pêcheurs sont une profession dans laquelle on meurt, tous les ans et ce, en gagnant de moins en moins de quoi nourrir sa famille.

    j’ai horreur de cacheter Koz, mais a mon avis, y a un p’tit malin qui tape des textes avec pleins de morceaux gauchistes dedans, à partir de ton ordi 😉

  • Gwynfrid a écrit:

    C’est là que je rejoins zeyesnidzeno sur la part de responsabilité de Sarkozy. Car il a lourdement contribué à la décrédibilisation des élites et de ce qu’on appelle les “corps intermédiaires”. L’exemple de l’indulgence accordée aux marins-pêcheurs est particulièrement frappant. Mais il y en a bien d’autres: la mise en cause de la responsabilité des juges, l’insulte aux chefs des armées après le drame de Carcassonne, la légèreté à l’égard du Parlement, et même le dédain affiché à l’égard de ses propres ministres.

    J’avoue que le raisonnement m’échappe, là. Non que je ne trouve pas flatteur d’assimiler les marins-pêcheurs aux élites, mais que je vois mal en quoi ce que tu dénonces à propos de Sarko est susceptible d’encourager les séquestrations des « patrons ».

    zeyesnidzeno a écrit:

    Mouais… disons que noyé dans l’accablant réquisitoire contre “la gauche qui doit porter la responsabilité morale de tels dérapages”, c’est vrai que la responsabilité de Sarkozy semble très… secondaire.

    C’est qu’à mon sens, elle l’est, secondaire. Existante, mais secondaire. Eventuellement, ex aequo, si tu veux, et encore, mais ce sera mon dernier prix.

    En revanche, je réitère : je pense que la gauche a un vrai problème récurrent avec la violence, qu’elle ne parvient pas à écarter comme recours éventuel.

  • Gwynfrid a écrit:

    Je suis bien d’accord avec ce billet, mais je suis surpris que tu aies oublié de mentionner ces deux sondages, très impressionnants. On voit que la “compréhension” socialiste est largement partagée dans l’opinion.

    et oui, 63 % des français les comprennent, sans les approuver. avec ce sondage en tête, la réaction de Sarkozy est d’autant plus surprenante. C’est a se demander si il ne chercherait pas à énerver les taureaux d’ultra gauche qui en veulent personnellement aux patrons 😉

  • Koz a écrit:

    En revanche, je réitère : je pense que la gauche a un vrai problème récurrent avec la violence, qu’elle ne parvient pas à écarter comme recours éventuel.

    le seul exemple qui puisse aller dans le sens de ton assertion, c’est la malsaine ambiguïté de Besancenot à propos de Rouillan.

    Royal s’est lâchée la vieille de l’élection de Sarko. Est ce que pour autant on peut dire que sa ligne politique, ou celle de la gauche présente la violence comme une option? franchement, je ne le crois pas.

  • Eponymus a écrit:

    Faudrat m’expliquer le coup des antennes relais. Ou les OGM. Etc..

    J’ai pas dû être super clair sur ce coup-là… Je ne cherche pas à expliquer les séquestrations de patrons. Les raisons en sont assez évidentes. Je voulais mettre cela en perspective de la perte de crédibilité des gens qui ont un tant soit peu de pouvoir, de responsabilité, et/ou de savoir dans notre société: les cadres qui viennent expliquer le plan social, les scientifiques qui demandent à continuer leurs recherches sur les OGM en en cultivant dans les champs, ou ceux qui disent que les radiations reçues des antennes-relais sont négligeables par rapport à celles qui viennent des téléphones, les juges qui expliquent qu’ils ne font qu’appliquer la loi votée par le Parlement, les artistes qui demandent à être payés pour leur travail, les financiers comme Polydamas ou Henri qui essaient sans succès de nous expliquer à quoi servent les hedge funds et les spéculateurs… Tous ces gens sont aujourd’hui inaudibles.

    Koz a écrit:

    J’avoue que le raisonnement m’échappe, là. Non que je ne trouve pas flatteur d’assimiler les marins-pêcheurs aux élites, mais que je vois mal en quoi ce que tu dénonces à propos de Sarko est susceptible d’encourager les séquestrations des “patrons”.

    J’ai pas dû être super-clair, bis. Les élites, ce sont ceux qui voudraient poursuivre et mettre en prison les marins-pêcheurs qui se sont rendus coupables de violences: police et justice. Ce qu’encourage Sarko, ce n’est pas les séquestrations, évidemment, mais il ridiculise et décrédibilise les élites de toutes sortes. J’ai donné les exemples des généraux, des députés, des juges et des ministres. On pourrait en ajouter quelques autres: un préfet, muté pour avoir échoué à protéger l’image présidentielle; un procureur, convoqué à Paris pour avoir prononcé des paroles politiquement désagréables à l’audience. En creux, on pourrait également dire que le gouvernement ne s’est pas tellement appuyé sur les avis des experts dans sa communication sur les OGM ou les radiations.

    Koz a écrit:

    c’est vrai que la responsabilité de Sarkozy semble très… secondaire.

    C’est qu’à mon sens, elle l’est, secondaire. Existante, mais secondaire. Eventuellement, ex aequo, si tu veux, et encore, mais ce sera mon dernier prix.

    D’accord. D’ailleurs on n’est pas obligé d’organiser un concours, non plus.

  • zeyesnidzeno a écrit:

    Koz a écrit:

    En revanche, je réitère : je pense que la gauche a un vrai problème récurrent avec la violence, qu’elle ne parvient pas à écarter comme recours éventuel.

    le seul exemple qui puisse aller dans le sens de ton assertion, c’est la malsaine ambiguïté de Besancenot à propos de Rouillan.

    Il y a aussi cet exemple-là. Extrême et marginal, me direz-vous. Mais je me souviens que lors du débat qui avait suivi, il y avait eu du monde pour venir dire que ce n’était finalement « pas plus grave que la violence symbolique de Sarkozy ». Il y a toujours un fond de justification de la violence (par la misère, la provocation, la révolution, ou autre chose) du côté de l’extrême-gauche, que la gauche peine à renier. Mitterrand, lui, parlait de « la force injuste de la loi ».

  • Bonsoir,

    je ne vais pas discourir sur la relation de la gauche française avec la violence, que je relie à sa position ambigue sur le marxisme.

    Je souhaite par contre signaler que les situations évoquées ici sont extrêmements contrastées. Je n’ai pas beaucoup de sympathie pour les groupes violents de casseurs, dont beaucoup sont d’ailleurs des fils de la bonne bourgeoisie qui n’ont rien de prolétaires.

    Mais de même qu’il ne faut pas mettre tous les patrons et les banquiers dans le même sac, il serait réducteur de faire un amalgame entre les différents « mouvements sociaux » à la limite de la légalité.

    On l’oublie assez souvent, mais en dehors du secteur public, la France est le grand pays industriel qui fait le moins la grêve (moins que les US ou le Japon !). D’une façon générale, les « travailleurs » français dans l’industrie concurentielle font preuve d’un professionalisme remarquable, et d’une bonne maitrise technique.

    La triste réalité est que les ouvriers licenciés en pleine crise vivront sans doute plusieurs mois ou plusieurs années très difficiles, et ne retrouveront pas tout de suite un vrai travail. Je comprend qu’ils s’interrogent sur les plans de licenciements qui vont changer leur vie, et la logique qu’il y a derrière. Celle-ci n’est pas toujours bien expliqué, et est parfois bancale. Donc la situation me semble, surtout dans le cas de séquestrations sans violences, beaucoup plus contrastée que celle des têtes brûlées qui cassent la ville de Strasbourg.

  • Je suis un peu partagé sur cette question. Autant je trouve que le discours de gauche tend à banaliser le recours à la violence, et à la justifier, autant je regarde avec sympathie ceux qui se battent avec leurs moyens. Notons qu’à chaque fois, ces séquestrations ont eu lieu dans des entreprises où on refusait tout dialogue social.

    Ne mélangeons pas tout : si dans certains cas, celui de caterpillar par exemple, les salariés sont allés bcp trop loin, la plupart du temps, les patrons « séquestrés » (qui ne sont pas toujours les patrons, justement, et c’est là que réside le problème) ne le sont que symboliquement : ils sont bien traités, ils peuvent se balader dans l’entreprise, se rassasier, aller aux toilettes, etc.

    Ce n’est pas non plus Action directe.

    Et je vois mal le rapport avec les Blacks Blocks allemands…

    Mais je reconnais que cette situation porte atteinte gravement à la liberté.

    Bref, je n’ai pas vraiment d’avis tranché, désolé pour ce commentaire. je me rends compte, une fois écrit, qu’il n’ajoute pas grand-chose au débat.

  • Gwynfrid a écrit:

    Tous ces gens sont aujourd’hui inaudibles.

    Certes, certes Gwy… en simplifiant (parce que par exemple sur les antennes relais se sont les juges qui donnent tort aux scientifiques sur la base de leur appréciation du danger et non d’une loi formelle sur ce point – de même dans le lien donné sur la discussion antérieure pour répondre à Henri, c’est un expert, spécialiste de la finance, conseiller des banques et spécialistes des systèmes de fraude qui explique en détails que les banques américaines ont monté une escroquerie, de fait assez classique finalement). Mais bon, soit… Mais si oui, pourquoi ?

  • Pingback: Violence | Expression Libre

  • @ Uchimizu
    « Donc la situation me semble, surtout dans le cas de séquestrations sans violences, beaucoup plus contrastée que celle des têtes brûlées qui cassent la ville de Strasbourg. »

    Non, il y a des liens entre ces diverses manifestations violentes, la séquestration est une violence! Ce lien s’appelle CGT, SUD et Besancenot …

    Comme par hasard le postier est militant de SUD-PTT, il est copain de C. Mahieux, l’homme des cavernes qui représente SUD-Rail (il est issu de la Fédération anarchiste…).

    Comme par hasard lors des dernières séquestration on voit toujours les banderoles CGT et des délégués CGT, comme par hasard on voit sur les vidéos de Strasbourg des voitures CGT en tête de manif et parmi les manifestants des cagoulés, lanceurs de cailloux et d’autres projectiles, qui ne sont pas repoussés hors de la manif, bien au contraire …

  • Très bonne synthèse. Sur ce sujet, il semblerait que le message universel de la France revienne en force et ces pratiques de rapport de force s’exportent en GB et ailleurs……

  • Je ne suis pas un spécialiste de l’histoire syndicaliste, mais j’ai l’impression que SUD (d’origine trotskyste) et la CGT (d’origine communiste) se détestent cordialement.

    Il me semble qu’il y a donc un raccourci dans le post précédent.

  • Uchimizu a écrit:

    . D’une façon générale, les “travailleurs” français dans l’industrie concurentielle font preuve d’un professionalisme remarquable, et d’une bonne maitrise technique.

    C’est probablement vrai et souvent mis en avant par les syndicats de salariés pour justifier de la supériorité du « modèle social français » et pour exiger encore davantage.

    A ce que j’ai cru comprendre, par rapport aux EU et au Japon, l’entrée sur le marché du travail s’opère en France plus tardivement pour les « jeunes » et la sortie beaucoup plus rapidement pour les « vieux ».

    Pas trop difficile dans ces conditions d’avoir des « travailleurs », de tranche 25-40 ans, « plus performants ».

    Mais ce professionnalisme a un lourd prix social et sociétal.

  • Ce billet m’ennuie un peu. Si les cathos commencent à marcher sur les plate-bandes des ultralibéraux, il ne va pas nous rester d’espace, à moins de venir défendre le pape assailli très injustement de toutes parts.

  • La CGT France 3 a annoncé à demi-mot qu’ils allaient séquestrer leur encadrement pour protester contre la réforme de l’audiovisuel.. ça devient un moyen d’action banal.

    Bill: if you got a job opportunity abroad, there are plenty of French dynamic young people who don’t want to spend a lifetime in this bloody country.

  • Paul a écrit:

    there are plenty of French dynamic young people who don’t want to spend a lifetime in this bloody country.

    Oui, c’est ce que répétait sans cesse Jules de What’s Next, un blogueur exilé qui nous pissait dessus tous les jours depuis la City avant que tout se casse la gueule. Dommage qu’il ait arrêté de bloguer trop tôt, j’aurais bien aimé suivre son discours dans la crise.

  • pppfff, Bill n’est visiblement pas plus américain que moi. Pourquoi ne poste-t-il pas en français plutôt qu’en mauvais anglais ?

    Excellent post, Koz.

  • Yogui a écrit:

    Oui, c’est ce que répétait sans cesse Jules de What’s Next, un blogueur exilé qui nous pissait dessus tous les jours depuis la City avant que tout se casse la gueule. Dommage qu’il ait arrêté de bloguer trop tôt, j’aurais bien aimé suivre son discours dans la crise.

    C’est d’ailleurs assez ironique quand on y pense. On vient nous rappeler que le modèle Français est trop taxé (champion du monde!), que ces violences qui se banalisent sont susceptibles d’effrayer les investisseurs, que malgré le fait que « Sarkozy soit à la fois initiateur et exemplaire en matière de dialogue social en France », les syndicats n’en finisseent pas de creuser la tombe du salariat français…

    ça me rappelle d’autres rhétoriques bien huilées:

    « Au nom de la compétitivité, on justifia les bonus des patrons: pour retenir en France les meilleurs managers, il fallait s’aligner sur les tarifs du marché international. Au nom de la compétitivité, on expliqua aussi qu’il fallait modérer les salaires, surtout les plus bas, sous peine de provoquer des délocalisations » –> Dans les faits, c’est la tension sociale qui est exacerbée.

    Il faut baisser la fiscalité des hauts revenus. Grâce au bouclier fiscal, on allait faire revenir les hauts patrimoines et grands investisseurs en France. –> Dans les faits, en 2008, la France a assisté à plus de départs que d’entrées sur le territoire des hauts revenus. Même si les départs sont en légère baisse, et les entrés en légère hausse, le bouclier n’a pas eu l’effet attendu

    Il faut assouplir le code du travail –> Dans les faits, le système social français s’est révélé être l’amortisseur le plus efficace en temps de crise.

    Enfin bref… au lieu de chercher a systématiquement dévaloriser son modèle économique et social, on ferait mieux de se rappeler que la France, malgré ses spécificités et les progrès qui lui reste a faire, reste en 5eme position mondiale en matière d’attractivité économique…

  • zeyesnidzeno a écrit:

    “Au nom de la compétitivité, on justifia les bonus des patrons: pour retenir en France les meilleurs managers, il fallait s’aligner sur les tarifs du marché international. Au nom de la compétitivité, on expliqua aussi qu’il fallait modérer les salaires, surtout les plus bas, sous peine de provoquer des délocalisations” –> Dans les faits, c’est la tension sociale qui est exacerbée.

    Oui le problème c’est bien de remplacer une réthorique par une autre. Il n’y a aucun problème avec le bonus des patrons quand le patron en question multiplie les performances d’une entreprise par 5. Il y a un gros problème s’il prend le même bonus en les divisant par autant.

    Il y a une énorme différence entre maintenir les salaires au plus bas en créant des barrières et autres charges qui rendent la concurrence mondiale intenable, et favoriser des réformes pour débloquer ces situations sans s’en plaindre sous prétexte qu’il s’agit de « cadeaux aux patrons ».

    Il y a un gros problème lorsque les conditions d’emploi sont tellement rigide que la dernière chose à laquelle penserait une PME serait de dépasser 10 salariés (ou autre seuil fatidique dans les tranches supérieures). Et qui fait tout pour rester à un effectif minimum parce que l’emploi non seulement n’est pas incitatif mais carrément pénalisant. Et qui essaye de rester au même niveau finit par chuter.

    Il y a une énorme différence entre faire des lois pour les entreprises du CAC et une PME – l’une a les reins assez solides pour supporter une connerie politique ou la contourner grâce à la pression qu’elle peut mettre sur un gouvernement de n’importe quel bord, l’autre disparait.

    Il y a une énorme différence entre une politique de crise et une politique dans une ère de prospérité.

    Bref, il y a d’énormes différences dans l’appréciations des diverses situations et les solutions proposées sous forme de formules. La rigidité du code du travail est peut être le meilleur amortisseur à courts termes – et peut être également, le meilleur fossoyeur à longs termes.

    La réthorique bien huilée, elle n’est pas unilatérale.

  • Au sujet de ceux qui s’emploient à mettre de l’huile sur le feu pour promouvoir leur carrière: j’ai un mépris profond pour ces opportunistes et pense qu’ils paieront.

    Quand arrivera le jour du choix d’un dirigeant on s’en souviendra. Comme les syndicats, ces politiciens devraient se méfier. Le français a peut être une certaine admiration et compréhension pour les révolutionnaires, mais quand arrive le jour du choix dans l’isoloir il redescend sur terre et se souvient de ceux qui ont participé à la pagaille. Tant que les syndicats n’auront pas compris cela il faudra les subventionner pour garantir leur survie. Les politiciens genre FB ou DdV ou SR ne sont que des loosers qui brassent du mauvais vent, ils se déconsidèrent totalement aux yeux des gens sérieux, ceux qui réfléchissent avant de mettre leur bulletin dans l’urne.

  • Eponymus a écrit:

    Il y a une énorme différence entre une politique de crise et une politique dans une ère de prospérité.

    Voila une excellente remarque. Le Figaro a publié un article très intéressant sur la question de la place économique de la France dans le monde sur une période assez longue (de mémoire, plus de 50 ans). Une période suffisamment longue en tout cas pour constater qu’a travers l’histoire, le pays connaissait une grande stabilité dans le haut de tableau, sans jamais pourtant atteindre le Top 10. Bien que le Figaro concluait qu’il était dommage de ne pas pouvoir prétendre aux meilleures places, ma conclusion personnelle à la lecture de cet article avait été de dire que notre système était assez sain et solide pour permettre de traverser dans de bonnes conditions tout type de conjoncture.

    Je rappelais plus haut le niveau d’attractivité économique de la France, au niveau mondial. Il ne me semble pas inintéressant d’ajouter que la France est seconde au niveau Européen, derrière le UK, en matière d’investissements étrangers. Malgré un taux d’imposition élevé et un code du travail encadré, la qualité des infrastructures, du réseau logistique, le niveau d’éducation et le cadre de vie font que les investisseurs continuent de choisir la France comme une destination privilégiée. Ce qui apparait dans un premier temps comme un handicap (fiscalité) se transforme en avantages concurrentiels dans un second (infrastructure).

  • Eponymus a écrit:

    Oui le problème c’est bien de remplacer une réthorique par une autre. Il n’y a aucun problème avec le bonus des patrons quand le patron en question multiplie les performances d’une entreprise par 5. Il y a un gros problème s’il prend le même bonus en les divisant par autant.

    Ça ne vous semble pas étrange, avec les enseignements de la crise, d’attribuer le mérite du succès d’une entreprise aux seuls cadres dirigeants? la crise ne nous a t-elle pas enseigné le caractère « systémique » de la performance de ces grands paquebots industriels? les grands patrons revendiquant à titre personnel le succès en période haussière, et rejetant sur la conjoncture mondiale la responsabilité des baisses? les meilleurs gestionnaires et visionnaires d’entre les dirigeants admettront ils qu’a la tête de ces grands groupes, leur action, leur impact joue à la marge, et qu’ils ne sont qu’un maillon certes indispensable, mais un des maillon tout de même d’un système qui en général les dépasse. Pourquoi ne pas souligner non plus l’impact, sur les performances d’une entreprise, de la masse salariale quand celle ci fait preuve d’agilité, d’adaptation, de polyvalence? Sommes nous contraint d’attribuer aux seuls dirigeants les mérites de la succès story de ces grandes corporations? Le mythe de « l’homme qui valait des millions et des millions » n’a t-il pas vécu?

  • Si Zeyes, il a vécu, mais en partie seulement… tout n’est pas que systémique et encore une fois, tout dépend de l’entreprise, sa forme, sa taille, etc… d’ailleurs il est tout aussi étrange de n’accorder un bonus qu’au seul patron. Comme il ne serait pas étrange qu’il subisse une baisse de salaire dans le cas de contre performances, voire pas de salaire du tout ou minimum. Et que les employés également subissent une baisse de salaire. Il est complètement évident que tout le monde devrait être intéressé à la marche de l’entreprise comme à ses contre performances. Et ceci en fonction des salaires reçus et des responsabilités prises. Là, il y aurait du vrai dialogue social.

  • Tiens, puisqu’on en est à s’indigner (à juste titre) des sequestrations qui deviennent tendance ces temps-ci, quelqu’un a des nouvelles de Coupat ?

  • Eponymus a écrit:

    Si Zeyes, il a vécu, mais en partie seulement… tout n’est pas que systémique et encore une fois, tout dépend de l’entreprise, sa forme, sa taille, etc… d’ailleurs il est tout aussi étrange de n’accorder un bonus qu’au seul patron. Comme il ne serait pas étrange qu’il subisse une baisse de salaire dans le cas de contre performances, voire pas de salaire du tout ou minimum. Et que les employés également subissent une baisse de salaire. Il est complètement évident que tout le monde devrait être intéressé à la marche de l’entreprise comme à ses contre performances. Et ceci en fonction des salaires reçus et des responsabilités prises. Là, il y aurait du vrai dialogue social.

    C’est un autre point intéressant que vous soulevez là. Un salarié et un (grand) patron ne relèvent du même statut. Un salarié est protégé par le droit du travail, le dirigeant, qui devrait bénéficier du statut de « mandataire social », ne l’est pas. Le mandataire social n’est pas un salarié. Il n’a donc pas droit aux congés payés, à l’indemnité de licenciement, aux allocations chômage (drôle non? quand on connait les avantages réellement perçus). Sa rémunération est en général versées sous formes de dividendes. Parisot a très bien expliqué cela lors du Grand Jury la semaine dernière. Les recommandations du MEDEF en la matière sont du reste extrêmement équilibrées. Pour redonner une légitimité aux salaires élevés (et non astronomiques) il faut la ré-introduction du facteur risque qui avait totalement disparu des plans de rémunérations des grands dirigeants.

  • Cyd a écrit:

    Rien que pour vous cher Koz
    comite-de-salut-public.blogspo…

    Cyd, vous n’avez que la grossiereté comme mode de langage ? Ca vous a défoulé, ah on se sent mieux après hein !!

  • Pingback: La France est un pays “where there is violence and violence” - Friedland, le blog de la CCIP

  • J’ai eu la chance d’entendre hier deux de ces interventions qui font réfléchir (en plus de toutes celles que je lis sur koztoujours, bien sûr).

    La première est celle de Badiou à l’émission de France 3 après le journal de 22h30. Il présentait (en invité d’honneur) son bouquin à paraître sur la réhabilitation de l’idée communiste. Je ne connaissais pas Badiou. Il donne l’image du parfait mandarin, quelque peu envâpé par les encens que les fidèles font brûler à ses pieds. Une grande maîtrise formelle et beaucoup d’efforts de séduction. Sur le fond, ses thèses sur le communisme et le capitalisme m’ont paru très classiques. Je parle évidemment comme un quadragénaire qui a fait ses études au temps du marxisme dominant à l’université, et qui se souvient aussi de la chute du mur en 89, et du délicieux parfum de liberté et de fraternité qui a remplacé en une seconde les relens (appétissants comme un goulash refroidi) qui émanaient du glacis soviétique.

    Je passe sur sa justification de la violence des manifestants par la violence première du capitalisme (un grand classique). Rien de nouveau sur la planète Marx.

    Ce qui fait surtout froid dans le dos, c’est quand il parle de la discipline communiste. Oui, il en faudra une quand la révolution aura triomphé et que l’histoire redonnera sa chance au modèle communiste. Mais, bien sûr, il ne s’agira pas de la discipline de type soviétique, qui était fondée sur un modèle militaire dépassé. Selon Badiou, la nouvelle discipline sera intériorisée. Si Badiou est visionnaire, alors le communisme psychiatrique est l’avenir de l’homme. Sous le contrôle d’une élite consciente et éclairée bien sûr.

    Il va falloir se battre contre ce danger majeur. Il va falloir dénoncer ce qui se cache derrière ce collectivisme encore doucereux, qui avance derrière des violences illégales mais légitimées, et qui conserve en lui tout l’ADN de l’anti-humanisme communiste. Il va falloir remontrer « La déchirure » aux jeunes générations.

    L’autre message fort que j’ai entendu hier est celui de René Ricol, le médiateur du crédit. Il intervenait devant une assemblée d’investisseurs, donc des purs capitalistes comme les définiraient Badiou. Il m’a fait très forte impression par sa vision d’ensemble, son énergie. Son discours, très direct et critique sur certaines dérives des investisseurs, n’avait rien d’agressif. Il les (nous) remettait d’autant mieux devant certaines réalités de souffrance et de rejet du modèle libéral. Je retiens de son discours qu’il faudra avant tout reconnaître ses erreurs pour renouer le dialogue avec les salariés, les pouvoirs publics, l’opinion. Il faut se remettre en cause. Il faut dire que l’on a fait des erreurs, dans le montage de certains produits financiers, dans la recherche d’une profitabilité des entreprises inatteignable sans souffrance et destruction au sein des entreprises, dans une mondialisation au service des intérêts financiers.

    La conclusion que j’en tire, c’est qu’il faut définir un nouveau contrat social. Pour échapper au pire.

  • 100% des entreprises qui licencient ont d’abord recruté.

    Il est gerbant de voir tous ces politiques, syndicalistes, journalistes, experts, commentateurs qui n’ont jamais créé un emploi de leur vie et n’en créeront jamais, expliquer la main sur le coeur qu’ils sont du coté des salariés et qu’ils les comprennent.

    Vous êtes de leur coté? Vous les comprenez? Bullshit. Ce qu’ils veulent c’est un emploi. Si vous êtes de leur coté, offrez leur un emploi. Maintenant.

    Notre pays manque cruellement d’employeurs. En revanche il ne manque pas de SuperGentils pour leur taper sur la gueule.

    Je vous laisse vous noyer dans votre bonne conscience, je retourne aider des entrepreneurs à traverser la tempête. Quand vous aurez fini de vous tripoter la bite vous pourrez venir donner un coup de main.

  • zeyesnidzeno a écrit:

    il faut la ré-introduction du facteur risque qui avait totalement disparu des plans de rémunérations des grands dirigeants

    C’est une évidence. C’était aussi la description du fameux « face je gagne, pile je ne perds pas » dont Lib a parlé ici une fois. Mais si on pousse la logique jusqu’au bout, il est difficile d’associer les employés à la réussite de l’entreprise sans obéir aux même principes d’équité. Dans ce cas, le dialogue social serait différent et certaines lois aurait été vu d’un autre oeil par les employés.

  • Question : qu’est-ce qui est le plus « violent », être séquestré un ou deux jour(s) pour un dirigeant ou un cadre supérieur ou être licencié pour un employé ou pour un cadre ? Quel est de ces deux événements celui qui va le plus affecter la vie de la personne concernée ? Poser la question, c’est y répondre, me semble-t-il…

    Mais le premier acte étant « illégal », il est normal que les leaders du PS « condamnent » ces actes illégaux. Mais comment ne pas les « comprendre » quand cela devient le seul moyen de se faire entendre et d’obtenir des négociations ? Je ne vois donc vraiment rien de choquant ni de surprenant dans la position du PS (comme le fait remarquer un commentateur plus haut, c’est vraiment le service minimum pour la gauche et un signe de responsabilité).

    Ne serait-ce pas plutôt la droite qui a un problème avec la violence… des pauvres ?

  • Merde alors, ce doit être ça. Ah, et dire que je n’y avais pas pensé ! En fait, c’est parce que j’aime pas les pauvres. En revanche, quand les riches les séquestrent, je n’approuve pas, mais en même temps, je comprends.

    CSP a écrit:

    “Ca vous a défoulé, ah on se sent mieux après hein !!”

    Lui, je ne sais pas, mais moi oui, en tout cas.

    En même temps, CSP, si je suis heureux de servir de supplétif à une inspiration défaillante, l’opinion d’un mec de la LCR sur ce que je pense, hein, franchement. Vous pouvez même y aller plus cash encore. Dîtes que je suis un salaud, une ordure, moi, faire du bien aux autres, c’est mon panard. Alors, si ça peut vous soulager, et puisque c’est bien insignifiant, allez-y mon ptit bonhomme, c’est ma tournée.

    Tocquevil a écrit:

    pppfff, Bill n’est visiblement pas plus américain que moi. Pourquoi ne poste-t-il pas en français plutôt qu’en mauvais anglais ?

    Mais because Bill is facétieux.

  • Jeff a écrit:

    Question : qu’est-ce qui est le plus “violent”, être séquestré un ou deux jour(s) pour un dirigeant ou un cadre supérieur ou être licencié pour un employé ou pour un cadre ? Quel est de ces deux évènements celui qui va le plus affecter la vie de la personne concernée ? Poser la question, c’est y répondre, me semble-t-il…

    Non, ce qui manque à votre raisonnement c’est la pensée de ce que deviendrait une société où les licenciements seraient illégaux. Et je préfère ne pas penser à ce que serait une société où les séquestrations seraient légales…

    Mais il me paraît urgent d’encourager la création d’emplois.

    Bien à vous.

  • J’ajoute que si la dépression est plus importante et plus longue que ce que l’on nous annonce, le chômage risque de largement dépasser les 10% prévus à la fin de 2010 aux US et dans la zone euro. Et ces moyennes masqueront des « poches » localisées de 20%, 25%, voire 30% de chômage dans certains Etats des US ou dans certains pays (ou régions) d’Europe. Croyez-vous que cela pourra rester socialement acceptable ? J’ai bien peur que question violences, les séquestrations bon enfant de patrons ne soit qu’un amuse-gueule… Et en disant cela, je n’exprime pas un souhait, ni une légitimation par avance, mais seulement une forte inquiétude qui devrait servir de base à une vraie politique sociale. On ne peut pas laisser des masses de gens payer lourdement les errements d’un système qu’ils ne font que subir. Ce ne sont pas seulement les bons sentiments qui doivent conduire à cette vraie politique sociale mais aussi le souci d’un fonctionnement efficace de la société… et même du business.

  • Quoiqu’il en soit, sur un plan strictement économique, on peut s’interroger sur les conséquences futures, même si cela peut « apparaître périphérique au débat ». Sur un plan politique, mon devoir de réserve m’interdit de m’exprimer, néanmoins, il ne m’interdit pas de vouloir respecter la légalité. Pour ma part, je m’interroge car le droit, par opposition à la force, régit les rapports sociaux dans une société constituée. Si la force prend le pas sur le droit, c’est la société qui se fracture. Or, si comme l’analyse Rationnalité Limitée (http://rationalitelimitee.wordpress.com/2009/04/10/theorie-de-la-sequestration-de-patron/), le gouvernement est indirectement et de manière sournoise du côté des salariés, alors, le gouvernement consacre le règne de la force. Et sa propre contestation … C’est un peu étonnant. Pour ne pas dire inquiétant.
    Mais les lecteurs de Malaparte y verront peut-être des intentions tout « autres » …
    Bien à vous
    Vous pourrez aussi aller voir sur Friedland sur lequel j’ai écrit(http://www.friedland.ccip.fr/986_sequestration-en-entreprise-la-france-est-elle-un-pays-where-there-is-violence-and-violence/)

  • Koz a écrit:

    Merde alors, ce doit être ça. Ah, et dire que je n’y avais pas pensé ! En fait, c’est parce que j’aime pas les pauvres. En revanche, quand les riches les séquestrent, je n’approuve pas, mais en même temps, je comprends.

    Ma petite provocation en forme de pirouette ne vous visait pas personnellement, et je n’ai absolument pas dit ce que vous essayez de me faire dire.
    Par ailleurs, je n’ai pas dit non plus que les licenciements devraient être illégaux.
    Par contre je dis qu’il faut créer une vraie politique sociale (une « sécurité sociale professionnelle » ?) pour éviter ce type de violence… Celle-ci étant souvent la fille de l’injustice, et restant le seul exutoire quand on n’a plus rien à perdre et le seul moyen d’obtenir quelque chose quand on se heurte à un mur…

  • Jeff a écrit:

    On ne peut pas laisser des masses de gens payer lourdement les errements d’un système qu’ils ne font que subir.

    Oui, certes. Je vais quand même me faire un peu l’avocat du diable, en poussant l’argument un peu plus loin que je ne suis vraiment.

    On nous dit : il est scandaleux que les patrons se fassent payer des fortunes quand cela va bien, s’attribuant le mérite de la performance de la société qu’ils dirigent, et se votent des parachutes dorés quand cela va mal, la faute à pas de chance.

    Bien. Mais quand le système économique générait de la croissance et de la hausse de pouvoir d’achat pour les salariés, ces derniers ne faisaient-ils que « subir » le système ? Au nom de quoi justifier la différence de traitement entre un instituteur français et son homologue camerounais ? Entre le travailleur de Flins et un ouvrier du Bangladesh ?

    Serait-il vrai que les failles du système, qui ont conduit à la crise, ne sont le fait que de financiers avides ? Les pressions électorales sur la politique budgétaire, la recherche systématique du prix le plus bas, etc. n’y ont rien à voir ?

    Bien entendu les victimes de la crise, ceux qui sont licenciés, ne sont pas plus coupables que ceux qui ont la chance de conserver leur emploi, et peut-être même moins. Et quelque part, dans un monde plus instable, il faudrait réviser le partage des risques associés aux bénéfices du système. Surement entre grands patrons (les actionnaires ont donné sur l’année écoulée…) et salariés. Mais peut-être aussi entre fonction publique et secteur privé.

    Bien à vous.

  • C’est de l’anglais. Ca veut dire que votre commentaire est en attente de modération. 😉

    Je ne sais pas pourquoi. Vous avez fait quelque chose de mal sur ce blog, ou sur Internet ?

  • Aristote a écrit:

    Mais peut-être aussi entre fonction publique et secteur privé.

    Comme vous dites.

    Je me souviens d’un entretien entre un ami chef d’entreprise et un responsable de l’URSSAF, il y a une douzaine d’années.

    URSSAF : Je vais vous forcer au dépôt de bilan.

    Entreneur : J’ai eu d’énormes impayés. Nous faisons tout pour récupérer – avec les étalements, etc. Je devrais être payé dans 3 à 6 mois. J’ai besoin d’un délais.

    URSSAF : Rien à faire. Vous avez du retard.

    Entrepreneur : Vous allez mettre une trentaine d’employés sur le carreaux.

    URSSAF : Rien à faire. Nous ne sommes pas là pour financer les entreprises ni pour régler l’ensemble des problèmes sociaux.

    En fait, je me demande qui ils devraient séquestrer… non, excusez-moi, je m’emporte.

  • Bonjour,

    Je ne vais pas être très original en invitant à distinguer les casseurs qui se sont manifestés à Strasbourg des cas de séquestration constatés depuis quelques semaines.

    Dans le premier cas, nous avons à l’évidence affaire à des petits groupes d’individus pour lesquels la réponse répressive est celle qui s’impose. Je ne pense pas que cela pose de problème particulier pour un responsable politique se situant dans le mainstream.

    Dans le second cas, c’est plus difficile.

    Evidemment, séquestrer des personnes ce n’est pas bien, ce n’est pas légal. Bien sûr, il aurait été de loin de préférable que les salariés de Sony, Caterpillar ou Faurecia se contentent de manifester en écrivant à leur député, en ouvrant un blog ou en s’adressant aux médias.

    Mais voilà, nous avons affaire à des personnes qui se retrouvent sur le carreau, qui se retrouvent déboussolées, en colère et qui ne savent plus de quoi leur avenir sera fait… et qui, du coup, réagissent comme elles peuvent. Evidemment, il y a sans doute des mouvements d’extrême gauche qui y poussent et le fait de voir que des séquestrations ont été déjà faites ailleurs peut inciter à la pratiquer dans son entreprise. Mais bon, ce qui, je crois prédomine ici, c’est l’émergence de la colère et de la peur.

    Alors que peut faire un politique face à cela ? S’il est dans le camp majoritaire, il va normaler privilégier ce qui peut assurer autant que possible le maintien de l’ordre : face à une séquestration, essayer de jouer le coup en douceur en essayant de favoriser la négociation et faire tout même attention à ce qu’il n’y ait pas de débordement.

    S’il est dans l’opposition, notre politique n’a que la liberté d’expression. Je pense qu’un positionnement responsable consiste à se tenir sur une ligne de crête : ne surtout pas souffler sur les braises et éviter la démagogie, mais tout de même assurer un rôle tribunicien et d’opposant, puisque malgré la crise, la démocratie continue.

    Est-ce que le PS tient cette espèce de cahier des charges ? Mon impression est qu’il s’y essaie, même si ce n’est sans doute pas parfait.

  • Eponymus a écrit:

    C’est une évidence. C’était aussi la description du fameux “face je gagne, pile je ne perds pas” dont Lib a parlé ici une fois. Mais si on pousse la logique jusqu’au bout, il est difficile d’associer les employés à la réussite de l’entreprise sans obéir aux même principes d’équité. Dans ce cas, le dialogue social serait différent et certaines lois aurait été vu d’un autre oeil par les employés.

    Pourquoi voulez vous absolument exclure les salariés d’un plan d’intéressement? J’en reviens encore aux préconisations du MEDEF:
    Si les membres de la direction bénéficient d’un plan d’intéressement aux résultats, les salariées doivent y être associés sous une forme ou d’une autre. Peut être verrons nous la fin de la lutte des classes de notre vivant, allez savoir 😉

  • zeyesnidzeno a écrit:

    Pourquoi voulez vous absolument exclure les salariés d’un plan d’intéressement?

    Mais c’est qu’on est facétieuse je vois. Ca fait trois fois que je dis que justement les salariés devraient en être. Et associés aux pertes aussi.

  • oui, donc pas de plan d’intéressement en cas de pertes. c’est aussi simple que ça. (ya encore un truc qui m’échappe?)

  • Cher voiture du peuple,

    tu as sans doute raison partiellement: les statistiques qui indiquent que les français sont plus productifs sont biaisées par la mise au chômage / à la retraite de beaucoup de personnes. Il y a aussi un autre effet: le nombre important d’heures supplémentaires non déclarées.

    J’ai trouvé que l’on travaillait en moyenne plus en France dans le secteur privé que par exemple aux US. Et j’ai trouvé les ingénieurs et techniciens français que j’ai cotoyé en moyenne plus productifs que beaucoup de leurs homologues étrangers. Cela n’a pas valeur de preuve, mais c’est ce que j’ai entendu plusieurs fois, même de personnes qui ralent toute la journée contre l’URSAF et les impôts.

    @ Aristote:
    voituredupeuple a écrit:

    Uchimizu a écrit:
    . D’une façon générale, les “travailleurs” français dans l’industrie concurentielle font preuve d’un professionalisme remarquable, et d’une bonne maitrise technique.
    C’est probablement vrai et souvent mis en avant par les syndicats de salariés pour justifier de la supériorité du “modèle social français” et pour exiger encore davantage.

  • zeyesnidzeno a écrit:

    (ya encore un truc qui m’échappe?)

    Mon propos se voulait un rien provocateur. Je voulais dire, pour prendre plus simple, que si Kerviel avait touché ses bonus fantastiques pour ses gains, mais avait été pénalisé dans les mêmes proportions sur ses salaires en cas de pertes, il aurait certainement pris moins de risques dans ses positions.

    Si les employés acceptaient des nettes baisses de salaires en cas de contre performances (et pas seulement la cessation des plans d’investissement), les dialogues sociaux seraient certainement différents. Cela ne vaudrait que dans le cadre d’un fort intéressement. Bon, j’avoue que certains patrons ont réussi à faire avaler à des salariés une baisse de salaire et une augmentation d’heures sans pour autant les avoir associés aux gains quand ça marchait bien. Mais ya des enfoirés partout, hein…

    Le double problème c’est le divorce entre l’employé et l’entreprise dans laquelle il travaille d’une part, et, d’autre part, des lois conçues, votées et approuvées par une population et des syndicats qui ont été habitués (également par une majeure partie du patronat) à une « mentalité de fonctionnaires » (je sais c’est péjoratif et souvent inexact, mais je ne vois pas comment le dire de façon brève).

  • Epo, il ne s’agit pour personne de revenir sur le principe d’un salaire fixe. Ni pour les dirigeants, ni pour les salariés(quand je parle de la réintégration du facteur risque dans la rémunération des dirigeants, c’est de la partie variable dont il s’agit). Le droit du travail garantie le salaire fixe… fort heureusement.

  • Tiens, j’aime bien ce que dit Bruno Frappat dans La Croix du WE, notamment son dernier § :

    Les casseurs pratiquent un langage qui nie le langage et sa nécessité. Leurs gestes sont les agitations et les borborygmes inarticulés de l’enfance avant la langue, du bébé avant le biberon, de l’humanité avant le mot. L’enfance primale crie et tempête en réclamant sa soupe. Ne soyons pas niais au point de considérer avec gravité qu’il y a des « raisons » à cette déraison et qu’il est fatal que la « violence sociale » aboutisse à ce déni de tout usage de mots. Ne nous laissons pas piéger par la compréhension d’une incapacité à parler qui relève d’une bonne volonté délibérée car on les sait capable d’élaborer autre chose que des cris d’animaux.

    Ainsi commencent tous les fascismes, quand le « ventre mou » des tolérants se laisse intimider par la violence de groupuscules sans perspectives, sans cause que la casse, sans justification, désormais, que la présence des caméras devant lesquelles ils paradent.

  • Cette idée d’interdire les cagoules dans les manifs me semble intéressante. Reste à voir si sur un plan pratique elle peut réellement être respectée.
    Il est certain que manifester en démocratie, doit pouvoir se faire à tête découverte sans honte.

  • Eponymus a écrit:

    Certes, certes Gwy… en simplifiant (parce que par exemple sur les antennes relais se sont les juges qui donnent tort aux scientifiques sur la base de leur appréciation du danger et non d’une loi formelle sur ce point – de même dans le lien donné sur la discussion antérieure pour répondre à Henri, c’est un expert, spécialiste de la finance, conseiller des banques et spécialistes des systèmes de fraude qui explique en détails que les banques américaines ont monté une escroquerie, de fait assez classique finalement). Mais bon, soit… Mais si oui, pourquoi ?

    Bon, d’abord, les juges ne sont pas immunisés au populisme et peuvent très bien désavouer eux aussi les experts, surtout si ceux-ci ne parviennent pas à s’expliquer clairement. Il faut dire, aussi, qu’on leur a mis, dans des textes de loi constamment révisés, des notions floues comme le principe de précaution et le droit des victimes, ce qui ne facilite pas forcément leur tâche.

    À la question « pourquoi? » je répondrai, banalement, mondialisation et prédominance de l’économie sur le politique, tout ce qui fait que le citoyen lambda pense que son vote ne sert plus à rien et se réfugie dans l’indifférence, la défense obtuse de ses petits intérêts locaux, ou carrément le conspirationnisme (j’ai lu quelque part que 26% des Américains estiment que leur gouvernement a « laissé faire » le 11 septembre!). Il y a aussi les échecs retentissants et douloureux des « gens qui savent », et pas seulement des politiques: Outreau bien sûr, mais aussi, moins récemment, le sang contaminé, le nuage de Tchernobyl, et aussi le 11 septembre. Il n’y a pas qu’en France qu’on se pose des questions: voici un point de vue américain que je range dans cette catégorie, même s’il n’a rien de populiste. Dans ce contexte, le fait que Sarkozy et Royal fassent plus appel aux tripes qu’à l’intelligence de leurs auditeurs joue un rôle secondaire mais non négligeable.

  • @ Bill:

    The problem, Bill, is that within a few years from now such thing as globalized economy might not be around any more. 🙂

  • « Tu n’as voulu ni sacrifice ni oblation…Donc j’ai dit : Voici, je viens » (Epitre aux hébreux psaume 40). Que signifie ce « donc » ? Il veut dire : « Tu n’a voulu ni sacrifice ni oblation » donc il n’y a plus de sacrifice et donc les hommes sont exposés à la violence et il n’y a plus que deux choix : soit on préfère subir la violence soit on cherche à l’infliger à autrui. Le Christ veut nous dire entre autres choses : il vaut mieux subir la violence (c’est le sacrifice de soi) que de l’infliger à autrui.

    Il y a deux grandes attitudes à mon avis dans l’histoire humaine, il y a celle de la mythologie qui s’efforce de dissimuler la violence, car, en dernière analyse, c’est sur la violence injuste que les communautés humaines reposent. (…)
    ’autre attitude est beaucoup plus rare et elle est même unique au monde. Elle est réservée tout entière aux grands moments de l’inspiration biblique et chrétienne. Elle consiste non pas à pudiquement dissimuler mais, au contraire, à révéler la violence dans toute son injustice et son mensonge, partout où il est possible de la repérer. C’est l’attitude du Livre de Job et c’est l’attitude des Evangiles. C’est la plus audacieuse des deux et, à mon avis, c’est la plus grande.

    Entretien avec René Girard
    Laurent Linneuil – Abbé de Tanoüarn
    Nouvelle revue CERTITUDES – n°16

  • La position de Madame Royal est claire, on ne cautionne pas les casseurs et les prises d’otage des patrons mais on comprend que celà puisse arriver ! Quand on a dit ça on a tout dit quand on est dans l’opposition.

  • La violence et la gauche, vaste débat…
    « la gauche a un problème avec la violence »…oui, certainement.
    Je pourrais tenter de renvoyer la balle, de chercher la situation symétrique….
    -l’extrême droite est naturellement violente,
    -les milices patronales ne sont pas une invention, ne datent pas de si loin en France (la « caisse noire » de l’UIMM avait sans doute cela dans sa besace), et sont encore présentes à l’étranger,
    -la violence verbale s’accorde assez bien avec la droite « de gouvernement » :ni mitterand mauroy, ni fabius, ni rocard, ni berégovoy, ni jospin ne s’exprimaient, par exemple, avec l’agressivité et la vulgarité prêtée à villepin ou sarkozy…
    -je pourrais trouver des colleurs d’affiche de gauche laissés pour morts,
    mais cela date de 30 ans, du SAC de sinistre mémoire…
    Et je reconnais que les droites « parlementaires » ne sont pas spécifiquement violentes et, globalement, condamnent les violences sur les personnes et les biens.

    Pourquoi la gauche est–elle plus « facilement » violente, ou tolérante à la violence ?
    D’abord car la révolte est violente, historiquement, naturellement : le peuple qui se lève, dans son dénuement pour venir dire sa misère et sa colère au riche, au possédant, est violent…
    Ensuite car Marx qui, rappelons-le, ne croyait pas la démocratie possible car il estimait que la bourgeoisie protégerait ses intérêts et empêcherait le peuple d’avoir le pouvoir, Marx a écrit cette phrase qui résumait sa pensée : « la violence est l’accoucheuse » : il faut une phase violente pour renverser les oppresseurs car ceux-ci de défendront avec la milice, la police, la troupe, et ne céderont qu’avec l’usage de la force : l’échec de la Commune, entre autres, se situe bien dans cette logique…

    Mais il me semble que cette doctrine est maintenant dépassée et que la gauche doit tenir compte de l’instauration progressive de la démocratie et de son fonctionnement, certes imparfait (il y a souvent des tentatives, parfois réussies, d’éviter au peuple de se mêler de ce qui le regarde, en le confiant par exemple à une autorité « indépendante ») mais réel dans un nombre toujours plus important de pays et que même les « caudillos» finissent lentement, difficilement, pas encore mondialement, par rendre le pouvoir aux électeurs….

    Il me semble qu’elle est aussi rendue obsolète par le XX éme siécle : les révolutions violentes d’inspiration marxiste n’ont pas réussi à « rendre le pouvoir au peuple » donnant tout son sens à la phrase de Huxley « ce n’est pas la fin qui justifie les moyens, mais les moyens qui déterminent la fin », et plusieurs des grands leaders qui ont marqué la deuxième partie du siècle étaient des non violents : Gandhi, Martin Luther King, Nelson Mandela, voire Mère Térésa.

    Certes séquestrer (en l’occurrence plutôt « assigné à résider au bureau ») n’est pas blesser,
    mais nul n’est immunisé contre des débordements, des accidents, des violences plus graves…

    Certes la propriété est une certaine forme de violence envers ceux qui souffrent et quand on pose la question de « l’origine originelle » des fortunes on voit souvent le vol, le dol, la prédation, la violence (comment la principale richesse de l’époque, la terre, fut elle conquise et attribuée, sinon au fil de l’épée ?…)

    Mais la gauche doit sortir de ce combat tolérant la violence, focaliser le débat sur les causes et les moyens de limiter la « casse sociale » car toute violence, même minime, contre les personnes, les biens, finit par dégénérer, par être risquée, incomprise et donc inefficace….

    Et inacceptable: le respect de la loi, votée démocratiquement, qui représente le socle commun du « vivre ensemble » et ne peut être oubliée, piétinée, au risque de l’explosion sans de très, très bonnes raisons, qui dans notre société de paix et de progrès, sont heureusement tout à fait exceptionnelles.

  • Concernant les séquestrations de patrons :

    Pour moi la question n’est pas de savoir si cette violence est légitime mais plus de comprendre pourquoi on en arrive là.

    Le sort réservé à certains est-il fondamentalement injuste ? Est-ce que le dialogue social s’est exercé normalement ?
    Est-ce qu’individuellement, salariés et patrons n’ont pas perdu ou pas acquis des valeurs éthiques dont l’absence a favorisé ces situations de tension ?
    N’est-ce pas la médiatisation outrancière de la violence qui favorise ces comportements ?
    C’est d’ethno sociologues dont nous avons besoin pour comprendre.

    Comprendre ne veut pas dire excuser.

  • Nous avons eu un G20, qui a accouché de quoi ?

    Quel sens est ce que cela peut bien avoir, d’aller faire fabriquer nos avions, nos voitures, nos t-shirt en Chine ? Quel travail auront nos enfants ? Chaque usine qui ferme en France sera remplacée, lorsque la crise sera passée, par une usine low-cost, en europe de l’est ou en asie ou afrique du nord.

    Tout ça pour quoi ? pour qui ? pour permettre à des gens d’acheter des TV plasma pas cher, ou de prendre des avions à 10 Euros ? Quitte à ne plus avoir de boulot, de salaire ?

    Je sais bien que c’est compliqué, le libéralisme, etc, mais quand j’essaie de prendre un peu de recul, j’ai vraiment l’impression que l’on marche sur la tête et qu’il est étrange que l’on ne soit pas capable d’imaginer un « systeme » qui, sans être communiste ni dirigé, permette de donner du travail à ceux qui consomment.

    Beaucoup des conseils d’administration, des dirigeants pensent en toute bonne foi ne pas avoir le choix quand ils délocalisent, et pour certains c’est une question de survie de leur entreprise, et non d’enrichissement personnel (pas pour tous !)

    Mais à la fin, qui va donner du travail à leurs enfants, aux avocats, coiffeurs, commerçants et autres services s’il n’y a plus d’entreprise de production ?

    Alors oui, la violence n’est pas la solution (voire même, elle aggrave le problème, en rendant la France moins attractive). Mais vu que la loi non plus (personne ne propose rien qui permette de changer cette course aux délocalisations, à part des plans fumeux sur l’innovation, comme si les chinois, les indiens ne savaient pas innover, ou des soit-disant listes noires des paradis fiscaux, sources de tous nos maux), on fait quoi ?

  • Dommage que Martine Aubry n’ait point été séquestrée dans les années 90 quand elle était directrice de Péchiney et qu’elle avait fermé un site dans les Pyrénées…

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