Ouvrir lemonde.fr, et tomber sur un reportage du Jour du Seigneur. Entendre cette voix. L’entendre parler de ce qui ne passe pas. Voilà peut-être un ultime clin d’œil bleu de Sœur Emmanuelle.
Voilà qui effacera les polémiques attendues, inévitables, dont je pourrais presque écrire les lignes à l’avance. Il suffit de se souvenir de la disparition de l’Abbé Pierre. Qu’elles s’effacent. Passons. C’est bien là l’écume.
A propos d’écume, quelques lignes me touchent plus spécialement dans cet article, justement mais prosaïquement classé en nécrologie : « Un choc vient bouleverser son enfance heureuse. En septembre 1914, alors qu’elle n’a pas six ans, son père se noie sous ses yeux, à Ostende. Il nage au milieu des vagues, il sourit, il fait signe à sa fille sur la plage. Soudain, il disparaît sous l’écume. A plusieurs reprises, la religieuse a affirmé que ce traumatisme avait été à l’origine de son destin. Elle en a conservé un sentiment aigu de la précarité des choses : « Une petite fille a soudain compris, un dimanche matin, qu’on ne peut s’accrocher à l’écume, confiait-elle en 2000 à un journaliste de Var Matin. Dans l’inconscient, ma vocation date de là. J’ai cherché l’absolu, pas l’éphémère. »
Cela, et puis cette déclaration rapportée par La Croix : « J’étais comme un oiseau qui, après quarante ans, volait enfin là où ses ailes avaient toujours voulu le porter« . Quarante ans avant de voler.
Passe un visage chiffonné, un œil bleu – bleu Ciel – malicieux sur les polémiques du monde. J’entends ce mot, de sa voix, ce mot dont elle avait, donc, confié qu’il était son mot préféré : Yalla ! En avant. Merci Sœur Emmanuelle. Et à nous tous : Yalla !
*
C’est à la fois si simple et si difficile.
« J’ai pensé à vivre d’amour et je crois en effet que l’amour est éternel ». Amen.
J’enrage déjà de n’entendre, sur france info, que les journalistes qui posent à tous la même question : « mais en fait, c’était quand même quelqu’un qui ouvertement disait que l’Eglise est une institution passéiste, non? »
Passons là dessus, effectivement. Pour ma part, je retiens plutôt l’amour des autres, cette façon qu’elle avait de bousculer tout le monde, de leur dire « et alors, on s’y met, là? »
Parce parler, c’est bien, mais agir, c’est mieux. Et il y a de quoi faire! 😉
Comme quoi, il n’est même plus nécessaire d’écouter les infos ou de lire les journaux pour connaître l’angle d’attaque. Il faudrait peut-être prévoir un document-type en réponse, avec des blancs à compléter, du nom de la personne décédée. On y donnerait notamment la liste des grands saints qui ont secoué les puces de l’Eglise sans que ça ne dissuade l’Eglise de les canoniser. Et puis on rappellerait ce qui était vrai pour l’Abbé Pierre, ce qui l’est pour Sœur Emmanuelle, et le sera pour les prochains : ils ne l’ont pas quitté, cette Eglise, hum ? Alors ?!
Ces figures de style sont tellement lassantes. D’autant que je peux presque anticiper d’autres critiques venant d’un autre côté.
Au lieu de cela, effectivement, penser à sa simplicité, à cette foi vivante, à son exemple, et à le suivre. Yalla.
Oui, l’exemple, c’est bien l’un des buts les plus évidents d’une canonisation! Alors en effet, elle a pu ne pas être d’accord avec tel ou tel, avoir des idées iconoclastes, si chacun agissait comme elle le monde serait un peu plus joli. Allez, on va tâcher de l’imiter demain! Pour aujourd’hui c’est trop tard!;)
dans son livre « Mille et un bonheur »
Bonne journée
Cà devient même lassant tellement c’est prévisible!
On va sortir des propos tronqués et hors contexte et hop dans 48 heures Soeur Emmanuelle sera devenue la rebelle face à l’Eglise poussiéreuse et passéiste!
Un exemple parlant c’est la phrase hors contexte sur la pilule. Ce qu’elle dit est proche de ce qui est dit sur le préservatif.
Si les hommes ne respectent pas leur femme, la pilule peut être une solution mais c’est pour ne pas rajouter un mal à un mal, il vaud mieux que les hommes respectent leurs femmes! Position catholique s’il en est.
Et soeur Emmanuelle de préciser qu’elle comprenait que le pape ne puisse se prononcer pour la pilule, sans pour autant être hypocrite!
Comme beaucoup de grande figures, Soeur Emmanuelle à vis de l’Eglise avait une attitude libre mais bienveillante, comme avec un membre de la famille, on connaît ses défauts mais on l’aime quand même, car on sais que soit même on en a…
J’ai personnellement eu la chance de la faire intervenir lors de rassemblements de jeunes cathos et de parler un peu avec elle, et je peux dire qu’il n’y a pas plus catholique qu’elle…
Mais bon c’est comme çà, quand une catho fait des trucs bien c’est malgré sa foi, et quand il fait des trucs mal c’est à cause de sa foi, c’est comme çà, le martyre des temps modernes…
Alors on laisse passer, et yalla!!
Je suis tout à fait d’accord avec toi mais… je ne suis pas certain qu’il fallait nous-mêmes évoquer les polémiques précises qui ne me semblent pas avoir encore éclos.
En revanche, dans le genre ridicule, on a le sondage en ligne du Figaro : « faut-il canoniser Sœur Emmanuelle ?«
Même en tant que blogueur, j’aurais honte de poser une telle question.
@ Blogblog:
Merci, vous avez tout dit….
Bonne journée
Koz a écrit:
Je me suis fait la même réflexion…
Qu’est-ce qui est le plus inquiétant :
que des journalistes posent de telles questions ou que des internautes se croient obligés d’y répondre ?
Pingback: Elle avec Dieu « Le blogue d’Edmond Prochain
Je proteste vigoureusement. Je n’ai encore rien dit, moa…. 😀
Et en plus, je ne compte même pas le faire.
😉 ou plutôt, devrais-je dire : honni soit qui mal y pensa
Au milieu de ce tsunami de chiffres l’évocation pendant quelques jours de soeur Emmanuelle qui demandait somme toute assez peu, est apaisant, rafraichissant .
Qui se souviendra du nom de ce banquier en faillite qui sauta de sa fenêtre … avec un parachute doré ? Pas nous! En revanche « Yallah », cela semble un bel encouragement que nous garderons ainsi que le son de la voix de celle qui le prononçait !
N…
Oui… L’attachement à Sœur Emmanuelle dit cela. Il dit aussi que l’on peut être populaire sans être cynique, ni blasé, ni pessimiste. L’objectif d’une vie n’est certes pas d’être populaire mais puisque certains peuvent le penser…
@ Koz:
et la honte est bien pire quand un de vos proches travaille dans ce journal croyez-moi !
Soeur Emmanuelle disait que ses meilleures années étaient celles qu’elle avait passées avec les chiffonniers du Caire. L’objectif d’une vie …. Cela doit inciter à l’humilité et redonner confiance à une époque où l’on passe son temps à s’apitoyer. L’espérance et le courage de ne pas renoncer,le goût du partage, l’envie de faire même avec des moyens ridicules mais sans abandonner l’idée du respect de l’individu au milieu de la misère. Sa foi soulevait des montagnes mais elle n’apparaissait pas catho ? Peut-être à cause de ses positions pas toujours très catholiques ! Comme quoi …rien ne sert d’affirmer des convictions il faut peut-être avant tout les mettre en pratique.
Autrefois on attendait qu’elles soient mortes, aujourd’hui la TV n’attend pas et c’est de leur vivant qu’elles font penser que « Nous » ne sommes pas si mauvais que cela, puisqu’elles existent.
Merci Emmanuelle, Bernadette, Thérèse, Golda, Simone, Germaine.
Sans oublier, Pierre, François
Plus de femmes que d’hommes ?
Faut dire que pour les affreux, nous gagnons tous les jours !
Baillergeau a écrit:
Juste pour savoir. Vous faites référence à qui, avec tout ces prénoms ? C’est une question, pas une provocation, j’aimerais avoir les noms qui les accompagnent, j’ai peur que vous mélangiez cordialement des gens qui ne pourraient pas se supporter, ce qui serait pour le moins cocasse.
ras le bol a écrit:
Est ce que vous sous-entendez que puisque personne n’est capable d’appliquer parfaitement la doctrine catholique, c’est donc qu’elle est inapplicable et doit être réformée ? Là encore, c’est une question, n’y voyez pas malice.
Non, je voulais simplement remettre les choses en perspective avec humilité.
Tous ces discours autour de faire, alors qu’il suffit de commencer à faire, ce que soeur Emmanuelle avait choisi il me semble.
Après, les vertus catholiques se confondent dans leurs avantages et inconvénients avec celles des autres religions ni plus, ni moins.
Je suis de confession catholique, peu pratiquante, mais respectueuse de cet héritage sans prôner l’orthodoxie forcément peu adaptée à l’évolution de la société. Mais je sais que ce n’est pas non plus le rôle de la religion et de sa représentante l’église !!!!