Très Saint Père

Pope Benedict XVI arrives to lead his weekly general audience in Saint Peter's Square at the VaticanMa réaction à sa nomination avait été peu évangélique et pas farouchement porteuse d’espoir, si tant est que l’on puisse décrire un « et merde » en ces termes. Le pontificat de Jean-Paul II se terminait après des années de maladie. Il y avait en moi un fidèle qui rêvait très ingénument de popularité d’un pape. J’étais (plus) jeune.

Huit ans plus tard, je peux et je veux dire merci à ce très saint père. Et je garde à l’esprit une phrase et une image, si intimement liées.

« Affermis tes frères dans la foi« , telle était la mission qu’il s’était donnée. Et les images qui me reviennent aujourd’hui témoignent de sa présence douce et ferme. Celle de ce jour d’automne 2008, aux Invalides, au cours de laquelle il obtenait un silence rare parmi des milliers de fidèles. Rare et exceptionnel. C’est d’ailleurs la qualité de ce silence que beaucoup relevaient dans tous ses déplacements. Un silence dont le pape a même pris la liberté de saluer les vertus dans un message consacré… à la communication.

L’image, c’est Cuatro Vientos. Comme le symbole de ce pontificat. Un pape de 85 ans doucement et fermement présent dans la tempête. Des centaines de milliers de jeunes, affermis par son enseignement et son exemple, qui restent et chantent sous les trombes d’eau. Et Benoît XVI, dans cette tempête, sereinement présent comme il l’a été dans chaque tempête qui a traversé son pontificat. Et il y en eut.

Lorsque Benoît XVI a été désigné, j’étais sur le point d’ouvrir ce blog. Aussi les ai-je vécues, ces tempêtes. Chacune d’elles. En communion avec le Saint Père. Ce fut Ratisbonne, pour la première fois, puis les discussions avec les intégristes, le préservatif, les scandales de la pédophilie[1]… avec chaque fois, après un premier ébranlement, la conviction que Benoît XVI a eu raison.

Stat Crux dum volvitur orbis[2]. Toujours, avec la même ferme douceur, alors que le monde s’agit, s’abrutit de lui-même, s’enorgueuillit de l’accessoire, Benoît XVI était présent.

Il  y eut des tempêtes, il y eut aussi ces moments de douce communion spirituelle. Son voyage en France en 2008 a marqué une étape forte pour moi, dont ce blog est le témoin. La permanence et l’essentiel s’opposaient à la frénésie et la fébrilité. C’était le week-end de la chute de Lehman Borthers, le moment où, alors que chacun observait avec anxiété un système bancaire braqué sur le court-terme, sur la course aux rémunérations, susceptible de s’écrouler, le vieil homme en blanc, seul, rappelait cette injonction vieille de deux mille ans : « Fuyez le culte des idoles !« . C’était la lecture du jour, comme un signe de l’Eglise de toujours à un monde transitoire.

Benoît XVI m’a accompagné dans ma foi, comme l’avait fait Jean-Paul II avant lui. Plus jeune avec Jean-Paul II, j’étais heureux d’une Eglise joyeuse à Longchamp et au Champ-de-Mars. Avec l’âge peut-être, c’est l’apport du théologien, les yeux rivés sur la Vérité, qui fait de moi un enfant de la génération Benoît XVI autant que de la génération Jean-Paul II. Il nous a édifiés, avec ses encycliques, ses discours, sa trilogie sur Jésus.

Oui, Benoît XVI a su nous rendre plus fermes dans la foi, il a su comprendre la situation d’une Eglise qu’il avait prophétisée, il a su prendre en compte notre sentiment profond : la conscience d’être une minorité, l’espoir d’être une « minorité créative«  :

«Ce sont les minorités créatives qui déterminent l’avenir. En ce sens, l’Église catholique doit être vue comme une minorité créative possédant un héritage de valeurs qui ne sont pas des choses du passé mais une réalité très vivante et actuelle. »

Cette minorité, il nous revient de l’assumer :

 « L’Eglise ressemblera moins aux grandes sociétés, elle sera davantage l’Eglise des minorités, elle se perpétuera dans de petits cercles vivants, où des gens convaincus et croyants agiront selon leur foi. Mais c’est précisément ainsi qu’elle redeviendra sel de la terre. L’Eglise peut précisément être moderne en étant anti-moderne, en s’opposant à l’opinion commune. A l’Eglise incombe un rôle de contradiction prophétique et elle doit en avoir le courage”.

Avec cette douce présence, le pape est celui qui s’adresse à nous pour nous éveiller à l’essentiel, loin des satisfactions éphémères, nous incitant toujours, comme le rappelle Marie-Lucile, à ne nous fier qu’à l’amour véritable :

« Allez à contre courant : n’écoutez pas les voix intéressées et persuasives qui, de toutes parts, diffusent aujourd’hui des modèles de vie basés sur l’arrogance et la violence, le pouvoir et le succès à tout prix, l’apparence et la possession, au détriment de l’être. (…) Soyez vigilants ! Soyez critiques ! Ne suivez pas la vague produite par cette puissante action de persuasion. N’ayez pas peur, chers amis, de préférer les voies « alternatives » indiquées par l’amour véritable : un style de vie sobre et solidaire ; des relations d’affection sincère et pures ; un engagement honnête dans l’étude et le travail ; l’intérêt profond pour le bien commun. »

Plusieurs fois, nous avons été bousculés ensemble. Plusieurs fois, il nous a rappelés à l’essentiel. Plusieurs fois, j’ai redit en moi-même ces mots, qui prennent tout leur sens avec l’affection qui s’accroît : Père, Saint Père.

Si l’annonce de sa démission a fait l’effet d’une bombe, c’est avec la même humilité et la même douceur qu’il s’en va. Libre, aussi. Lui qui a signé ses livres sur Jésus de son nom de Joseph Ratzinger pour ne pas imposer la chape de l’autorité d’un pape, il part discrètement. Il part en admettant malgré tout que « dans le monde d’aujourd’hui, sujet à de rapides changements et agité par des questions de grande importance pour la vie de la foi« , il n’a plus « la vigueur du corps et de l’esprit » pour « gouverner la barque de saint Pierre et annoncer l’Evangile« . Sa mort discrète et effacée ne suscitera pas le grand élan connu lors du décès de Jean-Paul II. Peut-être est-ce là encore une façon de nous affermir dans la foi, de nous rappeler qu’aussi grand soit-il – fût-il pape – l’homme passe et que la seule référence est le Christ, vers lequel chaque fidèle peut porter son regard confiant.

Merci

  1. au cours desquels j’avais lancé avec d’autres l’Appel à la Vérité, qui avait réuni plus de 40.000 signatures []
  2. Le monde tourne, la croix demeure []

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82 commentaires

  • Merci aussi, Koz.
    J’avais quasiment eu la même réaction en apprenant son élection, à moins que le « et, m… » n’ait été un « pu… » je ne sais plus. Et moi même j’ai, dès lors, appris peu à peu à me méfier comme de la peste des commentaires de la médiacratie, surtout au moment de l’histoire des déclarations tronquées sur le préservatif où j’ai découvert que je ne me fierai désormais plus aux radios et télés classiques pour une information libre, profonde et impartiale. Et de stupeur et déception en 2005, je suis passé à une réelle estime et un intérêt pour ce pasteur qui se sont traduits aujourd’hui par une tristesse tout d’abord et même une frustration. Mais, à la grâce de Dieu, et le Pape sait bien mieux que moi ce qui est bon pour notre Église. Qu’il soit béni pour son action.

  • Kalon a écrit ::

    Et moi même j’ai, dès lors, appris peu à peu à me méfier comme de la peste des commentaires de la médiacratie

    Oui, et de la même manière, il faudra savoir accueillir son successeur sans s’arrêter sur les portraits stéréotypés que les medias en feront. C>ela commence déjà, d’ailleurs, avce des : « son successeur sera certainement un conservateur ». Des fois qu’ils en désignent un qui bazarde tout.

    @ Cécile : et son regard, aussi. J’avais eu la chance d’être dans la cathédrale Notre-Dame en 2008, et il était passé à 2 mètres de moi. En le voyant passer, avec cette douceur dans le regard, je repensais à ce surnom de « panzerkardinal », qui lui allait si mal…

  • Je retiendrai, certes, les maladresses de communication. Mais surtout, la fermeté avec laquelle il a attaqué la question des prêtres pédophiles; la main tendue aux traditionalistes en dépit de toutes les avanies dont ils l’ont couvert (main tendue qui au final n’a malheureusement pas été saisie); et ce départ tout empreint d’humilité et de pragmatisme. Dans son action comme dans son abdication, Benoît XVI a fait passer sa mission avant sa personne, et s’est toujours comporté en témoin sincère et serviteur fidèle du Christ, dans un rôle pour lequel il n’était pas taillé – et Dieu sait que ça a été dur. Merci, Saint-Père.

  • Ce que je garde de lui c’est sa voix si douce et si ferme à la fois, comme un grand-père aimant penché sur moi… Je garde aussi ses silences dans mon coeur de femme à la recherche d’un silence qui sache tout dire mieux que n’importe quel mot. Je garde son humilité et son amour, qui sont si grands. A Cuatro Vientos, il a su nous faire prier, nous faire rejoindre le coeur sacré de Jésus. Adorer dans le silence, en communion avec des millierrs d’autres personnes, ça c’était grandiose. Jean-Paul II nous a fait nous bouger pour le Christ. Benoit XVI nous a fait rejoindre son coeur, en silence… L’intériorisation d’un dialogue d’amour. Magnifique. Merci Saint-Père pour votre humilité, votre aptience, votre douceur, votre amour, vos paroles mais surtout vos silences… Merci pour votre pontificat.

  • Si on m’avait dit qu’un jour je serais autant « en osmose » avec tous vos commentaires et l’article de l’ami « Koz », j’aurais bien ri…et pourtant ! c’est arrivé !… Je vous rappelle quand même qu’il n’est pas mort et qu’il reprend seulement son identité de « Joseph », identité sous laquelle j’espère qu’il continuera d’écrire…car, moi, je l’ai découvert avec son 3ème volume sur Jésus… Serait-il possible d’avoir les références de vos citations ?. Merci

  • Merci Koz de la douceur de vos mots…

    Cuatro Vientos me revient aussi en tête. Il souriait sous son parapluie, il souriait vraiment. Et nous on riait avec lui et on chantait, et on criait : « Esta es la juventud del Papa! ». Y a plus qu’à.

    Merci Benedicto.

  • Merci pour ce billet qui fait chaud au coeur. Je me retrouve dans ce que vous dites, de la réaction « et M… » jusqu’au fait d’être à la fois de la Génération JP II et Benoît XVI. Enfin, face au déferlement de Tweets haineux, votre texte resitue les choses telles que nombre d’entre nous le ressentons. Merci donc d’avoir trouvé les mots justes !

  • Je me souviens aussi d’avoir entendu sa voix dans ma radio (en 2004 ?) alors qu’il était invité de l’académie des sciences morales et politiques (dont il était membre associé). Une voix douce, un français parfait, un ton amical et bienveillant. Son élection du coup m’avait réjoui car j’avais eu déjà un contact indirect avec ce personnage… attachant. Dont je retrouve la voix quand je lis « Lumière du monde », pleine de bienveillance, de sagesse et d’humour à la fois.

  • Baptisé, première communion et deuxième, catéchisme, mais y a rien à faire, à l’adolescence je me suis dit que dieu n’existe pas, et pas sûr que JC ait existé. J’ai une bonne connaissance de l’architecture et de la musique religieuse, mais ça n’empêche pas.

    Que ce pape prenne un peu de repos, c’est une bonne décision à son âge. Si le christianisme a pu prolonger les philosophies grecques de l’éthique, c’est déjà un résultat, mais de là à me faire croire en un concepteur du monde…vision constructiviste à priori, je reste sceptique.

  • Merci Koz pour ce beau texte, auquel je n’ai qu’une seule chose à rajouter : Joseph, futur-ex Benoit, a de très beaux cheveux !
    Je fais mienne ton oxymore et retiens également la douce fermeté de ce pape.
    Comme toi, je retiens aussi son énergie à trouver et défendre la Vérité, contemplée à l’éclairage de la foi et de la raison.
    Quel beau pape !

  • Je ne vais pas mentir : ça m’attriste considérablement. Parce que l’Eglise perd un grand Pape et moi un père. Et aussi parce que, comme je pense qu’il n’abandonne pas la barque de Pierre à la légère, sa santé est entre les mains de Dieu (beaucoup ont noté qu’il a choisi d’abdiquer le jour de la Journée Mondiale des malades). Ce qui crée d’ailleurs en moi un conflit très pénible parce que, émotionnellement, je ne voudrais pas qu’il s’en aille mais, rationnellement, je me rends compte que ça veut dire exiger d’un vieil homme de 86 ans qu’il continue d’exercer le job le plus difficile du monde 16 heures par jour 7 jours sur 7 (18-19h par jour au moment des fêtes), incluant discours publics quasi-quotidiens et voyages réguliers autour du monde, management d’une organisation d’un milliard de membres dont 4 500 évêques placés sous sa responsabilité directe, direction d’un Etat souverain représenté à l’ONU et rédaction de dizaines de textes tous les mois (et accessoirement conserver la foi orthodoxe et catholique reçue des apôtres tout en se faisant insulter et haïr par des millions de personnes).

    C’est pourquoi je suis reconnaissant de textes comme le vôtre et celui d’Edmond Prochain qui m’aident à entrer un peu plus dans l’action de grâce et moins dans le désir égoïste (à la veille du Carême, c’est le minimum).

  • J’ai fait le trajet inverse. La joie a accompagné et accueilli le début de son pontificat, les désillusions se sont accumulées, et mes critiques et incompréhensions par rapport à certaines prises de position pontificales se sont enchaînées. Mais c’est dans le geste de renonciation d’aujourd’hui que j’ai apprécié et peut-être découvert tendrement le visage d’un pape mal-aimé, à l’égard duquel mes critiques et insatisfactions restent intactes.

    Moi, jeunette de la génération Jean Paul II, j’ai été contente de voir élu un pape allemand et théologien. J’ai accueilli son élection avec joie, mais la joie a disparu, au fur et à mesure des années qui ont passé: la main tendue aux traditionnalistes, ouverture certes, mais renonciation aussi à une partie de l’héritage du concile, (et le parcours théologique du jeune Ratzinger au pape actuel est absolument éclairante), la question du préservatif, bien que certaines nuances aient été appréciables et appréciées à leur juste valeur, les scandales pédophiles divers et les réactions qui auraient dû venir plus tôt, et être plus fermes et plus efficaces. Benoit XVI n’est pas responsable des actes individuels de ses prêtres, en revanche, il est responsable pour l’Eglise, et à ce titre, il aurait dû faire preuve d’une exigence sans pareil: être le sel de la Terre, c’est, pour moi, faire preuve d’une exigence morale et spirituelle radicale, d’abord à l’égard de soi-même, si l’on veut prétendre à une Parole non seulement belle et vivifiante, mais qui soit audible et reçue dans le monde, au-delà de l’Eglise. C’est la différence, pour moi, entre conservation et vivification de la Parole et de l’Eglise.

    Comprenez-moi bien, il ne s’agit pas de faiblesse dans la foi, ni d’un enthousiasme excessif de jeunesse, ni de sacrifier à tous les sujets de société sous prétexte de modernité, et encore moins de choisir sur les sujets sur lesquels être catholique, et ceux sur lesquels s’en dispenser. Sans partager nécessairement les opinions politiques exprimées dans ce blog, j’en reste pour autant « intégralement catholique ».

    Je garderai de Benoît XVI deux principes, celui de la charité dans la vérité (… un principe de fait développé dans la continuité de Jean XXIII, autre pape, avec une exigence à l’égard des chrétiens et de la tradition identiques, mais qui l’avait défendu à sa manière, avec un autre rapport au monde) et l’idée de l’Eglise comme « minorité créative ». A condition de ne pas faire avec ce dernier principe de l’Eglise catholique, une contre-culture, bien mauvais prétexte lorsque, appliqué partiellement seulement, il a tendance à se contenter et à justifier d’une Eglise à contre-courant. « [Etre] à temps et à contre-temps », disait Valéry. Ayons le courage de faire les deux. Et le pontificat de Benoît XVI m’a parfois déçue, lorsque le témoignage chrétien, dont on peut saluer la vigueur, a été donné avec moins de joyeuseté que sous le précédent pontificat (mais à chaque pape, sa manière), et malheureusement aussi à mon humble avis, avec moins d’ouverture et moins d’attention à l’humain. Et c’est là la source de mon constat nuancé sur un pontificat. Rigueur dans la tradition certes, mais alors, rigueur dans l’exercice critique également, et tout aussi grande rigueur à avoir dans la prise en compte du monde et de l’autre, y compris du non-chrétien.

    Du théologien Joseph Ratzinger, je garderai l’idée que Tradition n’est pas que conservation. Et si ce pontificat a été une source de déception, c’est parce que bien souvent, j’ai eu le sentiment que l’argument de la Tradition a été avancé avant tout dans le but de sauvegarder un état de fait, plus qu’elle n’a été renouvelée dans un échange fructueux avec le monde. En revanche, la beauté de l’enseignement sur la minorité créative tient pour moi dans l’exigence critique à l’égard de soi-même autant qu’à l’égard du monde.

    Si mon constat personnel au sujet du pontificat de Benoît reste nuancé, en raison de ces déceptions, il reste à mes yeux un très grand théologien. Mais être très grand théologien et être pape sont deux choses très différentes. La seconde demande de prendre en compte encore plus que la première de l’infiniment fragile et de l’infiniment faillible qu’est l’humain, avec toute la vertu caritative, pastorale et politique que suppose l’humain. Mon admiration reste intacte et entière pour la réflexion de Joseph Ratzinger, de très haute volée et de très grande portée, autant que reste mon attitude nuancée à l’égard de Benoît XVI.

    Mais si je suis pas prise d’une affection particulière par ce pape, je n’en reste pas moins admirative à l’égard de son geste aujourd’hui. Le vieil homme en blanc, fatigué, nous a rappelé, en rappelant l’humilité de sa fonction, l’humilité de l’Eglise elle-même : que l’Eglise aspire autant à la perfection céleste qu’elle reste une Eglise humaine, et que les hommes qui la composent sont des hommes parfois fatigués, parfois malades ; et que l’on peut ployer sous la charge devant une telle exigence. Que sa renonciation à la charge de saint Pierre intervienne le jour des Malades est hautement symbolique. Le gouvernement de l’Eglise est une réalité éreintante, et il faut avoir un certain courage pour l’exprimer, du haut de la chaire de Pierre. Ce n’est que parce qu’ils restent ces hommes qu’ils peuvent en même temps être saints et transfigurés par leur fonction.
    Je me joindrais donc aux remerciements pour Benoit XVI, mais dans un sens peut-être différent de ceux exprimés dans l’article. J’ai surtout aimé Benoît XVI à partir du moment où il a renoncé à sa charge. Mes remerciements iront moins pour son pontificat et ses actes en tant que pape que pour la qualité de sa réflexion théologienne, pour le courage qu’a nécessité son renoncement, et la force intacte de son engagement, même si, comme une certaine fraction de l’opinion catholique, je ne me suis pas toujours reconnue dans les actes et les positions de ce pape. Merci pour cette Eglise qui apparait aujourd’hui, à l’image de son pape, avec un visage véritablement humain avec son lot de souffrances, d’humilité et de faillibilité, apparue dans l’annonce de ce matin.

    En espérant que les prières s’uniront nombreuses, à travers le monde catholique, pour prendre soin du vieux pape, lui qui a, à sa manière et du mieux qu’il l’a pu, tenté de prendre soin du monde, pendant toutes ces années.

  • Gardant encore un souvenir très ému des dernières heures du Pape Jean-Paul II, message d’espérance remettant la mort dans la vie et la vie dans les mains de Dieu, je ne peux pas m’empêcher d’avoir un sentiment d’abandon en tant que chrétien. Benoit XVI ferait-il passer le jugement de l’homme devant la sagesse du Créateur ? Il ne m’est probablement pas donné de comprendre avec clairvoyance.

  • Certains affirment qu’il s’agit d’une décision éminemment respectable pour aussitôt manquer de respect et de hauteur face à l’évènement…

    http://lelab.europe1.fr/t/succession-de-benoit-xvi-la-petite-blague-de-francois-hollande-7455

    Quant à moi, je retiendrai de ce Pape l’humilité avec laquelle il a servi l’Eglise, dès les premiers mots prononcés devant la foule place saint Pierre jusqu’à ces dernières paroles de renonciation, dans tous les actes de son pontificat.
    Merci Koz pour ce billet.

  • Merci à toi Koz pour ce billet émouvant et qui reflète ma pensée ce soir.
    Je me souviendrai de ce pape aux JMJ de Cologne, notre nouveau pape qui avait la lourde tâche de « remplacer » JPII dans nos coeurs. Et il a su y trouver sa place. Ce bon pape au regard si doux, à l’esprit si structuré, à la foi si profonde, qui nous a envoyé vers le monde. Et, quelques années plus tard, en 2011, j’étais sur la place St Pierre lorsqu’il a béatifié son plus grand ami, ce même JPII. Il va beaucoup me manquer mais je respecte sa décision courageuse qui n’est sans doute pas sans lien avec la fin douloureuse de JPII qu’il a accompagné.
    Merci. (et vivement le prochain, il y a encore de la place dans mon coeur)

  • Merci
    Ces ecrits m’ont éclairé comme aucun autre.
    Dans ma vie de chretien dans le monde, après les années de foi forte et joueuses à la suite de JPII, ont succédé les années de foi forte et douces de Benoit XVI.

    Dès les premiers sujets brûlants qu’il a eu à traiter j’ai toujours soutenu en famille qu’il « allait nous surprendre ». Toujours il nous a surpris.

    Merci très saint Père pour votre exemple

  • Bon ben, c’est un simple mortel qui constate ses forces déclinantes. Au moins il a l’honnêteté de le reconnaitre. Il y a des tas de vieux qui déclinent dans la misère. C’est quoi cet orgasme religieux dès qu’un pape part à la retraite ? Il mourra comme tout un chacun. Pas de quoi en faire un fromage, c’est la vie.

  • Au commentaire précédent je réponds que nous avons le droit de nous émouvoir de départ d’un pape qui laissera dans la discrétion de son humilité une marque indélébile dans nos chemins de foi ! Un pape pour l’éternité ! Un géant !!! Merci koz pour ce magnifique billet…

  • @Tuk,
    Vous avez sans doute raté un épisode. Il est exceptionnel qu’un pape démissionne. C’est ce qui justifie qu’on en fasse un tel fromage.

  • Beaucoup de tendresse pour Benoît XVI qui doit être bien faible physiquement pour prendre une telle décision. Comme vous le dites si bien Koz, le terme de Panzerkardinal lui va bien mal ! Mais nous connaissons tous les médias et leurs méthodes qui deviennent de plus en plus tyranniques.On va avoir encore droit à tout un tas de conjectures. Je préfère encore me boucher les oreilles pour ne pas être contaminée malgré moi.

  • Merci Koz pour ce billet..qui vient en écho du précédent. Benoit XVI a vraiment incarné l’image du Père, agissant pour l’unité de l’Eglise dans l’Esprit de Vatican II, en dépit des tempêtes.
    « telle était la mission qu’il s’était donnée »: telle n’était pas plutôt la mission qu’il a reçue comme successeur de Pierre ?

  • Merci à notre Très Saint Père.
    Merci à vous d’exister et de parler avec Amour sur votre blog.
    Je suis si fatiguée des médias agressives dont les commentaires sont très souvent inexactes et incorrectes.

  • Gwynfrid a écrit ::

    Dans son action comme dans son abdication, Benoît XVI a fait passer sa mission avant sa personne, et s’est toujours comporté en témoin sincère et serviteur fidèle du Christ, dans un rôle pour lequel il n’était pas taillé – et Dieu sait que ça a été dur. Merci, Saint-Père.

    Je suis globalement d’accord avec toi mais je ne sais pas à quel point. Il faut tout de même relever que le « cocktail » de qualités attendues d’un pape est pratiquement impossible à réunir : bon théologien, bon pasteur, bon communicant, bon chef de gouvernement etc. Jean-Paul II avait des qualités que Benoît XVI n’avait pas : plus visiblement proche des gens (tant qu’il le pouvait), plus à l’aise dans la dimension symbolique des gestes qu’il accomplissait. Mais on a dit aussi de lui que ses encycliques étaient moins claires que celles de Benoît XI (j’avoue ne pas avoir beaucoup lu celles de JPII) et moins lucide sur certains points, parfois graves comme la pédophilie sur lesquels Benoît XVI a été lucide bien avant d’être pape. Après, il est vrai qu’il avait gardé un petit côté « professeur de théologie » qui a bien fonctionné pour les cathos qui avaient besoin d’être enseignés, mais qui était moins de nature à susciter l’adhésion des personnes extérieures à l’Eglise.

    @ Thibaud : à vrai dire, j’ai un tel respect pour lui que j’ai tendance à accepter que, s’il a pris cette décision, alors elle doit être bonne. Il a bien souligné qu’il était conscient de la gravité de la décision, conscient du fait que sa charge se vivait aussi dans la douleur, mais je m’en remets à son discernement. Ca aide.

    @ Anonyme : nous ne sommes fort heureusement pas tous obligés d’avoir la même appréciation. Le contraire confinerait au fonctionnement sectaire. Vous l’aurez compris, nous n’avons pas le même regard sur son pontificat. Je vous trouve en particulier un peu dure sur la question de la pédophilie : Benoît XVI est précisément le pape et auparavant le cardinal, qui avait mis le plus de moyens en oeuvre pour faire face, celui qui s’opposait à la ligne de ceux qui ne voulaient pas de scandale etc.

    Je suis en revanche tout à fait d’accord avec vous sur le fait que nous ne devons pas être à contre-courant par principe, mais uniquement lorsque cela se justifie. C’est déjà trop souvent le cas et cela donne assez vite lieu au syndrome de forteresse assiégée. Il faut aussi que cela se concilie avec une vraie joie : comment imaginer que l’on puisse interpeller qui que ce soit si nous ne sommes que des pisse-vinaigres jamais contents et austères ? Bref, éviter aussi le côté mortification.

    @ Stéphane : même réponse qu’à Thibaud. J’ai une pleine confiance dans sa perception des enjeux, de la signification spirituelle de son acte, de la possibilité de le poser. Alors je l’accepte, en reconnaissant la force et la beauté de la décision contraire de Jean-Paul II, comme celles de la décision de Benoît XVI.

    @ tuk : tssss. Tuk, manifestement, vous n’êtes pas croyant. Ca ne vous interdit pas d’avoir une réaction mais vous pourriez envisager, avant d’en avoir une quelque peu grossière, que précisément il y ait une dimension qui vous échappe. Il y a une relation spirituelle entre le pape et les catholiques, à l’édificaiton desquels il contribue (à une place éminente). Qu’il y ait un sentiment mêlé de tristesse et de gratitude lorsqu’il renonce à sa charge, vous devriez malgré tout être en mesure de le saisir.

  • Le paradoxe c’est que Benoît XVI serait probablement d’accord avec tuk. Qui ne s’en rend peut-être pas compte. Tout ça se mord la queue.

    Moi j’ai plutôt bien aimé ce pape. Je ne trouve pas que sa communication ait été fautive. C’est le système médiatique qui est fautif, et qui déforme tout. C’est à lui de changer. Et finalement, en envoyant des signaux perçus comme contradictoires et absurdes dans les grilles de lectures officielles, B16 aura sans doute oeuvré dans le bon sens.

    Pour ma part, le seul point où je ne retrouve pas mon compte est la dimension disciplinaire. Je n’ai franchement pas compris l’histoire de l’éviction des homos des séminaires. C’est le seul point que je ne saurais pas défendre dans son bilan, et je m’étonne qu’on ne le lui ressorte pas plus souvent.

  • Merci Koz pour ce bel hommage! A votre suite, j’ajouterai que sa douceur et son silence sont à l’image de son saint patron, Joseph, époux de Marie; un homme effacé, discret, d’une très grande douceur, qui a courageusement, librement et amoureusement obéi à Dieu. Je pense surtout que la description que vous faîtes de lui aujourd’hui tranche avec le portrait qu’avaient dressé les médias après son élection. J’avais éprouvé les mêmes craintes, ayant, à l’époque, gardé en mémoire ce tableau noir de sa personne. Mais suite au traitement médiatique de sa visite au Cameroun, je me suis bien vite rendue compte mps qu’on nous menait par le bout du nez.
    Il ne fait aucun doute que Benoît XVI est un contemplatif; pour moi, ce charisme est un appel à cultiver un esprit de prière et de méditation pour vivre encore plus magnifiquement et intérieurement notre relation personnelle avec Dieu. J’avoue que l’annonce de son abdication m’a fait un choc; je n’ai pas compris sur le coup. Toutefois, je crois qu’au lieu d’entrer dans d’interminables débats et questionnements, il est temps de nous mettre en prière pour sa santé, et pour l’élection du nouveau pape, pour être enfin et véritablement cette Eglise universelle. C’est un défi que nous devons tous relever , que nous ayons été déçus ou non par son pontificat, ce d’autant que nous entrons dans le temps du carême, moment crucial de notre foi.

  • Koz, si vous lisez le CV de tuk, plus haut dans le fil, vous réalisez qu’il a une éducation et une culture catholique. Il réagit donc en catholique, même s’il ne l’admettra probablement pas… Les incroyants de culture catholique sont souvent beaucoup plus chrétiens qu’ils ne se l’imaginent. Cette façon de nous mettre en garde contre un culte de la personnalité et de remettre les pauvres au centre de notre attention est très évangélique.

  • Merci pour ce beau message.
    J’ai eu la même réaction lors de l’élection de BXVI et il m’a fallu du temps et un conseil qui a fait son chemin de mon père spi pour apprendre à aimer mon pape… l’annonce de son départ m’a touchée beaucoup plus que je ne l’aurais pensé.
    J’ai compris le choix de JPII de ne pas abandonner pour aller jusqu’au bout du chemin alors que beaucoup le décriaient, je comprends le choix de BXVI de laisser la place. Beaucoup d’humilité dans les deux cas, et le rappel que notre Eglise est profondément humaine.

  • Logopathe, à ma connaissance ce ne sont pas les homosexuels en general mais les homosexuels « convaincus ». Vu que la sexualité d’une personne releve du declaratif pour l’essentiel des observateurs, on peut avoir la sensation que les deux populations se recouvrent, mais cette sensation est tres erronée. En gros, les militants entristes sont seuls visés, pour les autres je vous rassure, la proportion d’homosexuels dans la pretrise reste tres largement au-dessus de la moyenne. Pas impossible que quelques cas emblematiques des scandales pedophiles post revolution sexuelle aient un peu joué dans cette decision, comme cet eveque americain qui insultait les fideles denoncant un de ses pretres pour pedophilie sur des enfants sourds, eveque qui a finalement ete demissionné apres avoir piqué dans la caisse de son diocese pour payer l’arrangement conclu avec son ex compagnon pour viol (mais c’etait un mec bien quand meme, il avait expliqué combien Benoit XVI etait un salaud au moment de son election…).

  • BXVI m’aura marqué par son obsession de la vérité, aussi complexe soit-elle et quoiqu’il en coute. Cela a valu des debats passionnés et passionnants (et definitivement a causé une tres grande defiance des medias professionnels de ma part…). Strategie payante à long terme? Peut-etre…

  • @ tuk:
    On a presque plus de certitude de l’existence historique de Jésus de Nazareth que de celle de Napoléon, très cher. Mais j’ai croisé un jour un vieux paysan qui ne croyait pas que des hommes avaient marché sur la Lune un jour de l’été 69. « J’y crrroué pas », qu’il disait. Alors marcher sur l’eau, on vous ne la fait pas, à vous ! Bien amicalement.

  • Merci Koz pour ce message spontané et émouvant.
    Je crois que nous sommes nombreux à avoir accueilli ce pape par une exclamation de déception et à retenir aujourd’hui ce souvenir d’un homme serein dans la tempête, au sens propre comme au figuré.
    Je retiens de lui tout particulièrement sa franchise, sa façon de dire les choses sans détour. Il a rappelé aux cardinaux qu’ils étaient là pour servir. A Assise il a demandé aux catholiques – en disant « nous »- de s’interroger sur l’image qu’ils avaient renvoyée de leur foi pour qu’il y ait aujourd’hui un regard si négatif sur l’Eglise. Son encyclique sur l’amour est aussi ce que je retiendrai de Benoît XVI.
    Désormais l’image de ce pape frêle et âgé ira de pair avec les mots de simplicité, humilité, courage et liberté.

  • Merci, merci, tu as dit ce que nous sommes nombreux à éprouver, et ça fait du bien de lire les mots qu’on cherche soi-même. Seule nuance pour moi: dès le premier instant j’ai été heureux. J’avais l’impression de savoir déjà un peu qui il était vraiment, pour l’avoir pas mal lu avant son élection, et pour avoir apprécié la richesse de sa complémentarité avec Jean Paul II. À eux deux ils ont écrit ce qui est peut-être la plus belle page, et la plus décisive, de l’histoire de l’Église dans les temps modernes. Leurs pontificats sont les fruits du concile Vatican II. Avec dedans les «pépins» qui portent toute la fécondité future.

  • Logopathe a écrit ::

    Cette façon de nous mettre en garde contre un culte de la personnalité et de remettre les pauvres au centre de notre attention est très évangélique.

    Si vous le dites.

    J’ai connu il y a quelques années une personne qui écumait les forums catholiques en se faisant passer ou du moins présumer pour catholique et qui tenait en permanence des discours anti-Pape.
    Sa bête noire était la hiérarchie catholique en général et la Papauté en particulier, rappellant certaines hérésies comme celle de l’église gallicane.
    Cela dit on est d’accords qu’il ne doit pas y avoir de culte de la personnalité. Mais avoir de l’affection pour une personne et le témoigner est quand même relativement différent d’un culte de la personnalité.
    Et le Pape, en plus d’être le guide d’un milliard de catholiques, est un chef d’état. Il semble donc assez normal que ça fasse un peu le « buzz », non?

  • C’est peut être que de vivre depuis quelques années dans un Land protestant, religion à faible hiérarchie, ça déteint sur moi. Mais désolé, je ne peux supposer l’existence un dieu qui aurait créé les banquiers :

    God said, “I need someone who doesn’t grow anything or make anything but who will borrow money from the public at 0% interest and then lend it back to the public at 2% or 5% or 10% and pay himself a bonus for doing so.”

    So God made a banker.

    http://articles.marketwatch.com/2013-02-06/finance/36936876_1_bubble-bailout-money-god

  • Koz a écrit ::

    Je suis globalement d’accord avec toi mais je ne sais pas à quel point. Il faut tout de même relever que le « cocktail » de qualités attendues d’un pape est pratiquement impossible à réunir : bon théologien, bon pasteur, bon communicant, bon chef de gouvernement etc. Jean-Paul II avait des qualités que Benoît XVI n’avait pas : plus visiblement proche des gens (tant qu’il le pouvait), plus à l’aise dans la dimension symbolique des gestes qu’il accomplissait. Mais on a dit aussi de lui que ses encycliques étaient moins claires que celles de Benoît XI (j’avoue ne pas avoir beaucoup lu celles de JPII) et moins lucide sur certains points, parfois graves comme la pédophilie sur lesquels Benoît XVI a été lucide bien avant d’être pape.

    Bien sûr, l’expression « pas taillé pour le rôle » est aussi, de ma part, un lieu commun: aucun être humain normalement constitué ne l’est, tant les qualités nécessaires sont diverses, voire contradictoires. Si j’ai néammoins employé ce qualificatif, c’est simplement parce que Benoît XVI a d’entrée de jeu fait part de ses propres doutes à cet égard.

    Quant aux comparaisons faites avec son prédécesseur, généralement mises en avant de manière peu flatteuse pour Benoît XVI, elles méritent, avec le recul, un minimum d’esprit critique. Jean-Paul II a instillé chez les croyants et au-delà une énergie extraordinaire et a donné au monde un magnifique témoignage de foi; mais il a aussi laissé derrière lui une Église affaiblie à bien des égards, le symptôme le plus grave étant le traitement (ou le non-traitement) de la question des prêtres pédophiles, avec notamment l’épouvantable affaire Maciel. Sa quasi-absence pendant les dernières années de son pontificat a été très préjudiciable: il ne fait aucun doute que Benoît XVI en a tiré les leçons.

    Logopathe a écrit ::

    Je ne trouve pas que sa communication ait été fautive. C’est le système médiatique qui est fautif, et qui déforme tout. C’est à lui de changer.

    Hum. J’espère qu’on ne vous écoute surtout pas, au Vatican: attendre que le monde change pour mieux vous entendre n’est pas l’approche la plus raisonnable pour qui souhaite porter témoignage. Or, les chrétiens sont appelés à être témoins, et non ermites.

  • Logopathe a écrit ::

    Je n’ai franchement pas compris l’histoire de l’éviction des homos des séminaires.

    De l’ordre de 50 % des abus sexuels « pédophiles » commis par les prêtres sont en fait des actes homosexuels commis sur de jeunes adolescents. L’Église est coincée entre le souci de ne pas condamner les tendances homosexuelles en tant que telles, et bien des prêtres ayant ces tendances ont été fidèles à leurs voeux de chasteté, et sa responsabilité pastorale de minimiser les risques.

  • Logopathe a écrit ::

    Koz, si vous lisez le CV de tuk, plus haut dans le fil, vous réalisez qu’il a une éducation et une culture catholique. Il réagit donc en catholique, même s’il ne l’admettra probablement pas… Les incroyants de culture catholique sont souvent beaucoup plus chrétiens qu’ils ne se l’imaginent. Cette façon de nous mettre en garde contre un culte de la personnalité et de remettre les pauvres au centre de notre attention est très évangélique.

    Excellente remarque dans laquelle je me retrouve. Il ne faut pas y voir une offense ou de la malveillance, simplement le partage, humble, d’une autre façon de voir, qui se défend elle aussi. Personnellement, l’une des choses qui me pose le plus de problèmes dans l’Eglise catholique, c’est justement cette notion de pape. Un vieux monsieur de 80 ans, souvent très savant en matière de théologie mais qui n’a pas réellement d’expérience de la vie telle que la vivent la très grande majorité des humains, désigné par d’autres vieux messieurs de 80 ans, serait doté par définition d’infaillibilité, les catholiques n’ayant d’autre choix que de se ranger derrière ses paroles (souvent déconnectées de la réalité du monde d’aujourd’hui). C’est vrai qu’on n’est pas loin, parfois, du culte de la personnalité, quelle que soit l’humilité personnelle de celui qui occupe le poste…

    En tant que citoyen athée de culture catholique, j’accorde de l’importance à la parole des catholiques et j’aimerais qu’elle soit avant tout portée par le message essentiel de Jésus, transposé au monde d’aujourd’hui (sinon cela n’a pas de sens). Mais j’ai du mal à voir l’Eglise autrement qu’une construction purement humaine, avec tout ce qui va avec, et qui a plus tendance à se recroqueviller sur des dogmes éloignés du message de Jésus plutôt que de s’ouvrir vers la société en transposant ce message au monde d’aujourd’hui. Voeu pieu.

    Ceci étant dit, je peux comprendre que dans le cadre d’une adhésion inconditionnelle à l’Eglise, vu comme un corollaire de la foi, on puisse s’attacher affectivement à celui qui incarne pour quelques années cette fonction : hier Jean-Paul II, aujourd’hui Benoît XVI, demain un autre vieux monsieur de 80 ans dont le prénom et le chiffre seront différents. Je peux comprendre également que l’Eglise défende des principes indépendamment de l’air du temps, sauf si la défense de ces principes va contre le bien commun (exemple : le préservatif). Même si je pense qu’un nouvel aggiornamento de type Vatican III serait le bienvenu, ainsi que la nomination d’un pape plus jeune, plus ouvert et moins conservateur

  • Je l’avais pas mal lu avant son élection, notamment dans la revue « Communio », et j’étais frappé de sa proximité avec JP II. Je me suis réjoui de son élection, et de la relative rapidité de celle-ci.

    Les cardinaux qui l’ont élu le connaissaient bien et ils savaient qu’il n’avait aucune envie d’être Pape. Peut-être d’ailleurs une des raisons qui les ont poussés à l’élire, ils ne doivent pas aimer les carriéristes ! Ils ont eu raison.

    Les progrès de la médecine ont rendu progressivement inévitable la démission du Pape que la mort ne délivre plus. BXVI a choisi de donner l’exemple. Il s’attachera à donner l’exemple jusqu’au bout, c’est-à-dire à adopter un comportement d’une extrême discrétion qui laisse une pleine liberté à son successeur.

  • @ Jeff:

    L’infaillibilité du Pape n’est que très rarement revendiquée ! La dernière fois en 1950, à l’occasion de la promulgation du dogme de l’Assomption, sujet qui ne remue pas les foules.

    Si le Pape déclare un jour que 2 et 2 font 5, les catholiques ne seront pas tenus de le suivre. 🙂

  • Très beau billet Koz. Tu l’as publié vite, manifestement les mots n’ont pas eu de mal à venir.

    Je ne sais pourquoi, mais Benoît XVI m’évoque surtout l’exemplarité. C’est d’ailleurs me semble-t-il l’essence du message du Christ : montrer le chemin. Faire le bien et inspirer les hommes. Jusqu’à sa décision de démissionner : faire ce qui doit être fait.

    J’ai aussi beaucoup apprécié les passages que j’ai lus de l’encyclique « caritas in veritate ». Le coeur et la vérité, deux vertus bien méprisées aujourd’hui et pourtant fondamentales pour être heureux.

    Logopathe a écrit ::

    Je ne trouve pas que sa communication ait été fautive. C’est le système médiatique qui est fautif, et qui déforme tout.

    +1. Face à ce système pervers, on peut soit s’en accommoder, ce qui corrompt; soit le combattre, ce qui distrait; soit l’ignorer, et faire ce qui doit être fait. C’est la voie qu’a choisie Benoît XVI et ça marche. Ainsi, les media globalement saluent l’action de Benoît XVI pour traiter le problème de la pédophilie. Aucune campagne de comm n’aurait eu ce résultat.

    tuk a écrit ::

    Mais désolé, je ne peux supposer l’existence un dieu qui aurait créé les banquiers : God said, “I need someone who doesn’t grow anything or make anything but who will borrow money from the public at 0% interest and then lend it back to the public at 2% or 5% or 10% and pay himself a bonus for doing so.”

    So God made a banker.

    Dieu n’a rien à voir avec cela. Ce sont les Etats qui ont bâti ce système de monnaie fiat et de banques centrales.

    Sinon, les banquiers sont nos frères humains, et il est généralement malsain de regretter que des gens existent.

  • « Merci, Saint Père, vous m’avez fait tant de bien , avant et pendant ce pontificat ! Et ,je le sais, seul l’avis de Dieu vous importe .Et vous savez que Dieu seul a pu , et su , voir et apprécier votre don total , et votre humble abandon , qui Lui a permis d’accomplir, en plénitude ,sa volonté à travers vous.  »
    C’est cela que m’inspire cette décision du Saint Père qui a ,toujours ,eu à coeur de nous faire découvrir que Dieu est AMOUR et qu’IL nous invite , inlassablement , à devenir , comme LUI ,des êtres d’Amour .

  • Bonsoir,

    cela fait je crois six cent ans qu’un pape n’avait pas renoncé. Son geste est donc un évènement pour lequel il fallait un vrai courage, et je pense que ce serait heureux si cela pouvait être le début d’une tradition.

    Benoit XVI est à mon avis d’une grande honnêteté intellectuelle, mais il a été, comme son prédécesseur, un pape conservateur. Il faut être honnête, il y a plusieurs courants très différents dans l’église, et qui ont tous une certaine légitimité à se réclamer de l’évangile. Le courant conservateur est pour moi dangereux, car il détache forcément l’église de la réalité d’une société moderne qui a, par certains aspects, sensiblement changé depuis le début de l’ère moderne.

    L’élégance du départ de Benoit XVI ne doit pas faire oublier que ce grand débat entre les courants de l’église reste ouvert.

  • Je ressens tout ce qu’a écrit koz, mais c’est mêlé d’une sourde inquiétude: ce départ est un renoncement; certes courageux. Mais c’est un renoncement. Benoit est fatigué? Bien d’autres papes l’ont été avant lui. Il faut un pape plein d’énergie, le poste est difficile, d’une complexité inouïe? Ce n’est pas davantage une nouveauté.

    La nouveauté, c’est que le pape qui, jusqu’ici, recevait la charge et ne pouvait en être démis par Dieu que par la mort, se démet de la charge en lieu et place de Dieu. Cela rend paradoxalement la fonction…une fonction justement; une théocratie ou une monarchie classique; le pape « abdique » ai-je parfois lu ou entendu; comme un simple monarque finalement.

    La grandeur de la charge disparaît avec cette décision. Peut-être était-ce inéluctable. Mais on se tromperait lourdement en faisant de ce choix un acte libre d’un individu libre et, comme tel, qui ne regarderait que lui. Pour ses successeurs, rien ne sera plus comme avant, le précédent est là. Qu’on me comprenne bien: j’aimerais pouvoir dire, comme je l’entends souvent, que JP II avait fait un choix éminemment respectable tout comme Benoit XVI a fait un autre choix éminemment respectable. D’autant que moralement c’est ce que je pense.
    Mais malheureusement, l’un des choix, parce qu’il était dans la tradition, ne créait pas un nouveau paysage pour son successeur. Le choix de Benoit XVI interdirait aujourd’hui à un autre JP II de vouloir aller au bout. Nul ne manquerait alors d’exercer une pression terrible sur le vieillard « Benoit est parti, lui, il n’est pas fou il ne s’est pas accroché, à quoi bon s’accrocher au trône, etc… ». Pour beaucoup de gens poussé vers la sortie dans des entreprises ou des familles, je ne suis pas sûr que le départ de Benoit XVI soit un geste neutre, même si je suis certain qu’il ne veut pas qu’il en soit ainsi: mais c’est fait, même le pape a craqué. Pourquoi pas moi?

    Désormais, ce choix normalise l’Eglise en ce sens qu’il la banalise en tant qu’institution politique; il faut un homme jeune et dynamique pour le « job » dit-on (pourquoi dans un monde à l’espérance de vie croissante le pape devrait-il à son tour devenir un manager? ). La papauté vient sous nos yeux de disparaître dans ce qu’elle avait de plus spectaculairement mystérieux: nul n’était candidat, et nul n’était titulaire, le pape était le serviteur entre les serviteurs, et c’est pour cela qu’il ne pouvait pas partir, même ce pouvoir là ne lui appartenait pas.

    Je pense que dans l’ordre politique, la monarchie absolue s’est éteinte lorsque Charles X s’est enfui. Louis-Philippe n’a eu qu’à suivre l’exemple. Louis XVI avait senti que ce qui lui restait d’autorité était de rester, simplement rester. Dans l’ordre politique, la vérité étant relative, c’était la monarchie absolue qui était l’exception, l’anormalité.

    Le pouvoir d’un seul n’est acceptable dans L’Eglise que lorsqu’il n’est plus coercitif (c’est fait depuis longtemps) et lorsqu’il se diffuse autour un halo de mystère, que son titulaire ne possède pas « le poste », quand bien même ce serait fictif. Ceci est fini. La démocratisation de l’Eglise est désormais inéluctable, pour le meilleur et pour le pire. C’est bien ainsi qu’il convient d’accueillir le changement de ton brutal de media soudain profondément émus par ce grand pape…Et si le titulaire du poste, désormais, déplaît en interne, on pourra invoquer le précédent de Benoit XVI pour faire pression sur son départ même si alors il n’a plus rien à voir avec la maladie. Par son départ, Benoit XVI vient d’opérer une réforme de fond de la papauté qui va faire faire un pas de géant aux partisans d’une Eglise non plus expression d’une « minorité active », mais bien intégrée dans un processus de pouvoir des plus classiques. C’est le paradoxe qu’il y a pour moi à voir Koz retenir de ce qui est pour moi, le dernier pontificat: l’injonction à former en chrétiens des minorités actives. Par son geste, Benoit écorne sérieusement une partie majeure de son propre message sur ce point.

    Je pense qu’au moins ce geste aurait dû être précédé ou accompagné d’une convocation à un Vatican III. Agé justement, Benoit pouvait, tel Jean XXIII, lancer un processus et disparaître (et alors il importait moins de savoir « comment ») une fois ce processus lancé. Parce que son pontificat n’a pas été marqué par quelque geste spectaculaire, il est d’autant plus à craindre que son départ constitue son seul héritage, ce qui serait très injuste.

    Enfin j’espère que ce « burn out », incontestable, n’est pas aussi la manifestation physique et psychique d’un « ras-le-bol », et en particulier envers les catholiques d’Europe, hédonistes ou intégristes, mais loin de l’équilibre de vie de la foi prôné par Benoit. Je ne parviens pas complètement à exclure un geste de découragement, un « oh et puis qu’ils se débrouillent s’ils sont si malins! ». Mais les cardinaux européens restent majoritaires au conclave et cette décision, qui aurait visé alors à accélérer la nomination d’un non-Européen, n’aurait elle non plus guère de retombée.

    J’espère donc vraiment me tromper.

  • Merci pour ce bel hommage.
    Dire que j’ai été surprise hier à l’annonce du renoncement du Saint Père est un euphémisme. Je suis restée toute bête pendant un long moment, ayant du mal à réaliser ce qu’il se passait, que c’était bien vrai, que Benoit XVI ne serait bientôt plus notre Pape. Mais, ce que cela m’a fait réalisé, c’est à quel point je lui suis attachée.

    Je n’ai pas été déçue à son élection, je le connaissais trop peu pour avoir une véritable opinion et ne voulais pas trop me fier à ce qu’en disait les journalistes. Je me disais juste que cela n’allait pas être facile de succéder à Jean-Paul II mais que, l’Esprit Saint aidant, le choix devait être le bon. Et, comme d’autres, j’ai été frappée par la douceur de sa voix et de son regard, et le choix du nom «Benoît» résonnait de façon particulière pour moi. La suite de son pontificat m’a confortée dans cette première impression.
    Je suis à la fois très triste de cette nouvelle et admirative devant ce courage et cette humilité. Je me dis aussi, comme à son élection, que cette décision a été longuement mûri par la prière et que, s’il l’a prise, c’est que c’est la bonne décision.

    Par contre, ce qui est et va continuer d’être un agaçant ce sont les commentaires des journalistes et autres experts sur cette décision et sur la succession de Benoit XVI, commentaires qui montrent, pour la plupart, qu’ils n’ont décidément pas compris grand chose à l’Eglise, ni à ce qui anime notre Saint Père.

  • je me suis réjouie à l’annonce de l’élection de Benoît XVI, comme je me serais réjouie à l’annonce de l’élection de l’élection de n’importe qui, prenant à la lettre ces mots de l’annonce (que d’ailleurs, je n’ai pu entendre, retenue par mes devoirs au moment précis où elle se faisait): « Annuntio vobis gaudium magnum : habemus Papam ». Avoir un pape que Dieu nous donnait, c’était une grande joie, point. Parce que c’était lui qui nous le donnait: d’abord, Jésus n’abandonne pas son Église, et ensuite, les cardinaux ont fait ce choix dans la prière, et beaucoup de catholiques (dont moi-même) ont prié pour eux avant et pendant ce conclave. Donc, ce ne pouvait être que le meilleur!

    Puis, peu confiante dans le médias français (on se demande pourquoi, tiens!), j’avais voulu me faire une opinion par moi-même : j’avais été frappée par la douceur et l’humilité qui émanaient de sa personne, de son visage, de sa voix. Je me souviens de son homélie aux funérailles de JP II : non pas tant de ce qu’il disait, mais de la manière dont il le disait , et je pensais: comme il l’aimait! Avec un pape qui aimait si fort son prédécesseur, nous ne pouvions être qu’entre de bonnes mains!

    J’ai reçu la nouvelle de son départ comme un coup de point dans l’estomac, avec l’envie de pleurer… oui, je me sens un peu abandonnée, on n’a pas l’habitude qu’un pape parte ainsi.

    (et en plus, je n’arrive même pas à écouter tranquillement la vidéo où il l’annonce,à entendre sa voix: sous prétexte de traduction, il y en a un qui parle toujours en même temps: mince, si il y en a qui ne comprennent pas le latin qu’on mette des sous-titres pour eux! moi, je voudrais entendre la voix de B XVI!)

    Néanmoins, quoique un peu assommée (faut dire qu’avec l’actualité en France, nous, nous n’avions pas vraiment besoin de cette secousse en plus!), je reste confiante: s’il a pris cette décision, c’est dans la prière, donc, c’est la bonne.

    Et, encore une fois, Dieu ne nous abandonnera jamais. Nous avons pris Jésus dans notre barque, même dans la tempête, pourquoi craindre? (bon, j’ai un peu le mal de mer, quand même!)

    Eh, Tuk, vous avez bientôt fini vos provocations (z’êtes même pas drôle!)

  • J’ai toujours un peu de mal avec l’application de « conservateur » ou « progressiste », globalement, à un pape, ou à l’Eglise. Quand on gère l’existant, on est voué à être, sur la plupart des questions, conservateur: on ne change pas tout à la fois. Et quand on s’occupe de vérité, il est certes inquiétant de refuser toute remise en cause, mais il l’est aussi de changer de vérité comme de chemise, en fonction des caprices de la mode.

    Dire que le pape est déconnecté du réel, c’est avoir une conception étonnamment étriquée de ce réel. Etriquée chronologiquement, mais aussi géographiquement. Et conceptuellement: rappelons que le Pape est là pour parler des grands principes qui sous-tendent le monde, la vérité, la vie, pas pour discuter le moindre amendement à la dernière loi corporatiste en date. Les grands principes n’évoluent pas au gré des saisons. La connaissance que nous en avons change; mais sur un rythme différent.

    Je ne suis pas en accord avec le pape et l’Eglise sur plusieurs questions, comme le mariage des prêtres où l’ordination des femmes (deux questions différentes). Mais ce sont des questions plutôt secondaires, et d’ordre interne, voire administratif, à mes yeux. Sur l’économie, sur le sens de nos vies, sur le rapport à la science, sur l’immigration, sur les relations entre les religions… Le Pape, se faisant l’écho de réflexions conduites au sein de l’Eglise, a contribué sur tous ces sujets à la recherche de la vérité d’une façon qui ne me paraît pas définitive, mais certainement plus constructive, plus compréhensive que la majorité des penseurs médiatiques.

    Pour prendre un exemple, je ne suis pas sûr de suivre à 100% la conception de la sexualité vue par l’Eglise. Il y a des choses qui me semblent intéressantes, d’autres qui me semblent relever d’un effort un peu artificiel pour intégrer à une vision nouvelle des préjugés anciens en leur donnant un sens nouveau – une démarche pas forcément stérile, mais qui a ses limites. Pour autant, je sais gré à l’Eglise d’avoir une réflexion sur la sexualité, son sens, sa place dans un idéal de vie. C’est à peu près la seule institution qui en ait une aujourd’hui.

    Et c’est ça, aussi, qu’on a laissé à l’Eglise: un quasi-monopole de l’Idéal. Ceux qui la critiquent avec ironie seraient plus avisés d’en prendre de la graine, et de proposer une alternative crédible.

  • Bruno Lefebvre a écrit ::

    Le choix de Benoit XVI interdirait aujourd’hui à un autre JP II de vouloir aller au bout.

    Non, ce choix permet à ses successeurs de ne pas se sentir obligés de suivre JP II jusqu’au bout, mais ne leur interdit pas de le faire.

    Et on ne peut pas faire sembler d’oublier que la médecine moderne change la donne en allongeant l’espérance de vie.

  • @ canard sauvage:

    Benoît XVI n’était pas si conservateur que ça. Et de toute façon, l’Eglise, en affirmant un message universel, ne peut s’affranchir n’importe comment de la tradition. C’est ce que JP II et B XVI ont rappelé aux ultras de Vatican II.

    D’une certaine façon, la démission va peut-être accélérer la réflexion de l’Eglise sur le divorce. Le pontificat n’est pas un sacrement, contrairement à la prêtrise ou au mariage, donc une renonciation est plus facile théologiquement à expliquer (néanmoins, il ne redevient pas prêtre, mais évêque, probablement sans affectation). Mais l’idée va avancer, je pense. A son rythme…

  • Merci Koz pour ce billet, je me retrouve dans tous ce que vous dites. Je me suis longtemps considéré comme vous de la génération JPII. Né deux ans après son élection, je n’ai jamais connu que lui comme jusqu’à sa mort, sa figure de père de l’Eglise me semblait bien difficile à remplacer. En faisant véritablement sa connaissance dans un parcours de foi assez commun pour les ados que nous étions, fait de grandes bamboulas cathos (mais néanmoins profondes), j’en ai fait quelqu’un de proche. Je m’aperçois finalement aujourd’hui, comme vous, que je suis de la génération BXVI, parce qu’il m’a apporté des choses différentes mais parfaitement en adéquation avec ma maturité spirituelle. JPII incarnait le peps d’une adolescence qui a besoin que l’on y mette les formes pour comprendre un message, BXVI a pour sa part transformé l’essai avec un discours beaucoup plus posé, qui m’a invité à intérioriser le message du Christ pour mieux l’accaparer. Je suis donc convaincu de trouver dans son successeur toute ce dont notre Eglise a besoin, je ne suis pas inquiet. Le sentiment qui m’habite c’est la reconnaissance, pour le travail accompli, et l’humilité profonde qui habite ce saint homme.

  • Tristesse pour beaucoup d’entre nous, dépit pour certains, profond respect pour cette humilité, soulagement pour quelques vilains… Voilà ce que majoritairement ce geste du Saint Père provoque et blesse en nous!

    Comme cela se dit en psychologie contemporaine, nous portons un deuil.

    Mais Benoît XVI, notre magnifiquement modeste Josef Ratzinger n’est pas mort.
    Pas encore.

    Et il fait un cadeau inouï et totalement inédit à son successeur, c’est à dire à notre Eglise Catholique, à nous tous: Il se met en retraite, bien vivant, au sein même du Vatican. Non, pas en Bavière.

    Il y aura donc au sein du Vatican, pendant un temps qu’il faut souhaiter long, un discret mais rayonnant « Saint des Saints » où le prochain élu aura à disposition quelqu’un de si précieux, tout à fait fiable et compétent, d’un discernement naturel incomparable encore éprouvé et affuté par huit ans d’expérience « physique » en poste, quelqu’un avec un solide « carnet d’adresses » avec qui échanger sans exposition à la moindre compétition, partager à coeur ouvert, à propos de la charge incommensurable de cette Grâce que l’Esprit Saint aura confié à ce nouvel élu.

    Plus fraternel que çà?

    Aucun d’entre nous n’échappe aux assauts de la solitude, mais quand des solitudes se reconnaissent, l’altérité s’en mêle, cela devient de la solitude en stéréo et ça, ça a une autre allure, du relief quoi, et la navigation sur le chemin devient beaucoup moins casse-gueule.

    En attendant avec confiance notre prochain Saint Père, merci et longue vie donc à Monseigneur Ratzinger, si intelligent de se retirer juste en début de carême dans ce mode si humble et si inattendu en prenant de cours ainsi (vertu de l’humilité) les ambitions malsaines qui seront démasquées et écartées justement par l’Esprit de ce carême.

    Divine finesse, je suis admiratif depuis les Bernardins.

    Il m’avait fallu « Fides et Ratio » autrefois pour commencer un peu à m’abandonner à une encyclique mais de notre Benoit XVI, je n’en ai raté aucune aucune.
    Elles sont toutes gagnantes, inspirées, évidemment. Ca me souffle à chaque fois.

    Quelles Pâques cela va être, en pleine année de la Foi, ça ne s’invente pas!

  • Sa démission n’est-elle pas, en elle-même, une profonde réforme de l’Eglise? En se retirant, Benoît XVI officialise pour la fonction de pape une évolution que les hommes politiques ont déjà connu il y a un demi-siècle : la première qualité du souverain pontife ne doit désormais plus être l’érudition, mais la communication. Cette évolution vous avait poussé, Koz, à émettre ce « Et merde » lors de son élection, et a été à l’origine des nombreuses polémiques vécues par Benoît XVI au cours de son pontificat. En se retirant de son vivant, il avertit l’Eglise et le futur conclave de l’écueil à éviter. Avec sa démission, Benoît XVI rapproche la fonction papale des hommes, et réalise un de ses plus beaux accomplissements.


  • @Bruno Lefebvre :
    Pourquoi ne pas voir dans cette décision de Benoît XVI, le dernier enseignement du (brillant) professeur de théologie qu’il était ? Peut-être nous rappelle-t-il ainsi ce qu’est le pape, et ce qu’il n’est pas.

    Et après tout, les évêques ne sont pas évêques jusqu’à la mort. Un évêque est-il moins respecté parce que son prédécesseur est encore en vie ?

    Bientôt, cette démarche de Benoît XVI, inédite, surprenante, nous paraîtra naturelle. Elle enlèvera un peu de folklore et de sensationnalisme voyeur, mais renforcera la santé de l’Eglise.

  • Merci Koz, tu as écrit exactement ce que j’attendais et comme souvent quand je te lis je me sens mieux. J’ai le souvenir de ton « et m… » dont tu as déjà parlé à l’époque ou peu après, et qui m’avait choqué. Mais je me souviens aussi que tu avais ajouté que ce pape pourrait bien nous surprendre . C’est ce qui est arrivé. Certes il n’a pas révolutionné l’Eglise mais rien ne sera jamais plus comme avant au Vatican. On ne pourra plus couvrir les pédophiles comme autrefois par exemple. On n’aura sûrement plus le spectacle désolant d’un saint homme comme JPII souffrant en direct devant les caméras parce qu’il est resté trop longtemps à son poste . De Benoît XVI on gardera le beau sourire, la voix douce, le talent de professeur (le discours des Bernardins que l’on peut revoir et écouter sur KTO est magnifique). Un grand pape humble et bon va partir et on se rend compte déjà qu’il va nous manquer. Certains parmi les lecteurs de ce blog attendent de toute évidence un nouveau pape plus en phase avec son temps. Le temps n’existe pas pour l’Eglise. Epouser les modes d’un occident en pleine crise serait absurde. il ne faut pas oublier qu’il y a d’autres chrétiens en dehors de l’Europe et qu’ils sont même largement majoritaires. Ils ne partagent pas, mais pas du tout, notre vision de la société. L’humilité de Benoît XVI devrait nous inciter nous aussi à un peu d’humilité et à cesser de penser que nous sommes la lumière que le monde entier veut suivre.

  • @ JPM:
    Tout brillant théologien qu’il soit, supposer que Benoit ne fait que nous rappeler ce qu’est un pape constituerait une charge assez lourde contre l’ensemble de ses prédécesseurs qui n’étaient pas tous manchots en théologie, et je ne crois pas une seconde Benoit orgueilleux. Donc ce qu’il accomplit est à mon sens un changement radical de la substance de la papauté; on peut tout à fait vouloir ce changement, mais c’en est un. Et d’ailleurs un théologien brillant ne fait rarement que des rappels justement.
    Et précisément, là où je vous rejoins, le changement majeur c’est que le pape devient à terme l’évêque de Rome et pas autre chose. Et il me semble que le catholicisme était précisément autre chose qu’une fédération d’évêchés.

    Mon souci au demeurant est que les forces de dissolution interne à l’Eglise catholique sont à l’heure actuelle aussi fortes que les forces extérieures contre elles. C’est de certains des catholiques les plus motivés par leur lecture de la foi, qu’il s’agisse des hédonistes ou des intégristes, que vient le refus de l’autorité du saint siège. Tout ce qui humanise la papauté, la rend plus proche de ce que nous sommes, la fragilise considérablement dans l’exercice de son autorité au service de l’unité nécessaire, une unité qui ne peut venir que d’un dépouillement par nous-mêmes dans l’obéissance, plus légitime au XXI° siècle qu’auparavant car elle a l’avantage nouveau d’être consentie, soumise à notre vouloir tout de même (nul d’entre nous ne risque rien à ne pas respecter les instructions du magistère: par exemple, les catholiques qui ont voté Hollande ne sont pas excommuniés!) Cette obéissance reçoit un coup dès lors que le pape n’est que le premier des évêques , lesquels sont eux-mêmes extraordinairement contestés parfois par une partie de la base (et Benoit n’a pas pu ne pas être angoissé par les très graves crises de certains évêchés allemands et autrichiens). Le risque devient grand de voir le pape légitimé par nous non comme successeur de Pierre inspiré par l’Esprit, mais comme un leader avec lequel on serait d’accord soit par sensibilité à son charisme ou à ses aptitudes de communication, soit par affinités idéologiques. Je suis aussi mal à l’aise avec les marques d’attachement quasi fanatiques à un pape lors de ses voyages notamment, qu’avec les charges d’une extrême violence portées régulièrement contre le pape par certains catholiques simplement parce qu’ils diffèrent dans leur lecture de l’Evangile dans une situation donnée (je ne parle pas de la liberté de critique de tel ou tel positionnement papal, si je ne la jugeais pas fondamentale je ne me sentirais pas en droit d’écrire ce que j’écris ici!). L’obéissance chrétienne c’est la distance au pouvoir ni la soumission aveugle du supporter, ni l’exigence d’avoir un pape à notre convenance intellectuelle.

    La démission de Benoit me semble être une acceptation d’un renoncement à un fondement de l’autorité du pape. Mais Benoit a peut-être raison, justement parce que c’est un grand théologien, de faire ce pari du changement, de penser que ce temps de la papauté traditionnelle est fini, qu’elle doit s’inventer d’autres assises. Ce que je ne sais pas, c’est si il en espère secrètement une nouvelle donne que je ne vois pas d’un oeil optimiste compte tenu des forces individualistes qui s’exercent dans le monde (en particulier le monde riche) en ce moment contre tout collectif chrétien, ou si, par pessimiste, il lâche la barre. Attendons de voir. Après tout, la foi c’est d’abord un pari d’espérance sur l’avenir!

  • moi je me disais: il va bientôt mourir, vite partir découvrir Rome avec lui parce que c’est MON pape, c’est sous son pontificat que je suis venue à l’évangile, et parce que c’est un grand homme vraiment…et puis la claque, l’enseignement, découvrir le Vatican, les arènes avec un des successeur de Pierre, tout simplement.
    merci Joseph R.

  • Sur mon « et merde« , rassurez-vous, je ne préternds pas que j’aie eu à l’époque une récation intelligente. J’ai eu la réaction que j’ai eue. C’est comme ça, on vieillit, on mûrit, on prend de la graine et j’apprendrai à la boucler à la fin du prochain conclave.

    En ce qui concerne la portée de son acte, nul ne le sait. Comme le dit le Père Burgun, ce n’est qu’après le règne de deux ou trois papes que l’on pourra tenter de discerner l’impact de ce choix. Mais il est évident que c’est un choix d’une portée historique majeure (et que nous sommes en train de le vivre).

  • @ Bruno Lefebvre : je ne partage pas toute votre analyse, d’abord parce qu’une papauté qui s’humanise n’est pas nécessairement affaiblie. Au contraire, je crois que le rappel régulier (l’agonie de Jean-Paul II, la renonciation de Benoît XVI) que l’Eglise est faite d’hommes faibles même à son sommet, accorde à cette vaste communauté le caractère vivant qui assure sa pérennité. Je ne crois pas non plus que l’autorité pontificale se trouve amoindrie par la décision de Benoît XVI. Elle prend un visage lucide et clairvoyant, contrairement à ce que beaucoup de ses détracteurs lui reprochent. L’autorité à tous crins n’a pas de sens. On ne rassemble pas des fidèles en maniant le bâton. Je ne vois pas de calcul politique comme vous le laissez entendre en supposant que cette renonciation est faite pour amener l’Eglise sur une voie particulière. C’est une démarche humble : en reconnaissant son incapacité à remplir son rôle (supposons qu’il soit atteint d’Alzheimer), il s’empêche un jour de desservir l’Eglise, ce qui lui ferait bien du tort.

    Une dernière chose : si vous étudiez l’histoire de l’Eglise, vous vous apercevrez que notre période n’est pas plus chahutée qu’auparavant.

    N’oublions jamais l’espérance dans tout ça. l’Eglise à traversé deux millénaires et compte tenu de ce qu’elle a traversé, il faut nécessairement qu’elle ait été soutenue par l’Esprit…

  • dernier questionnement ( enfin pour moi) : à l’époque de Jean Paul 2, je regardais tout ça de loin, je n’étais pas du anti-cléricale mais je voyais ce vieux monsieur qui tombait en ruine ( désolée) et je me disais: ces cathos ne peuvent pas s’empêcher de nous dire qu’il faut en baver, qu’il faut que ça fasse mal sinon c’est du toc et surtout qu’il faut que ça se voit..du coup je pensais: moi l’évangile: jamais!!
    Alors qu’un pape nous annonce la bonne nouvelle avec un autre message, une autre vision du service sans l’obscénité de la mise en scène qui peut heurter la sensibilité de ceux qui en auraient encore une dans cette époque du visuel, du: il faut que ça se voit.
    une porte s’ouvre et elle vaut bien l’autre, je n’en doute pas , certains sont derrière et vont venir renforcer les rangs, dans la pudeur, la discrétion.

  • @ c2cmb:
    Je ne parviens pas, en dépit de nombreuses remarques allant dans votre sens, à trouver un point commun entre l’agonie comme pape de Jean-Paul II et la renonciation de Benoit XVI: seule la première me parait rappeler que la papauté incarne la faiblesse visible. La deuxième donne de l’eau au moulin de tous ceux qui, dans l’Eglise comme ailleurs, estiment urgent de mettre les anciens sur la touche; en outre, dans les régions les plus pauvres c’est à dire les plus réceptives aux exigences du christianisme, je ne suis pas sûr qu’il soit si facile d’admettre comme motif suffisant la fatigue de l’âge pour renoncer à la mission de la papauté. En moyenne, la vie quotidienne du plus grand nombre y occasionne des souffrances physiques et des détresses morales d’une toute autre dimension. La comparaison avec Jean Paul II pose d’ailleurs d’autant plus problème que Benoit XVI, épuisé par l’age certes, n’est pas souffrant ni entrant en agonie et je lui souhaite du reste une longue vie monastique.

    Ce qui ne signifie en rien que je contesterais l’humilité du geste. Je trouve plutôt des dangers institutionnels à cette humilité même. Mais une humilité peut être mal placée.

    Par ailleurs je comprends mal qu’on puisse interpréter mon inquiétude devant un cran de plus dans la disparition de l’autorité comme une demande de recours à « l’autorité à tous crins ». L’obéissance dont nous vivons le crépuscule était consentie, ce n’était pas la schlague. Entre « rassembler des fidèles à coup de bâton » et voir la disparition des fidèles par le développement de leur égocentrisme, la marge en 2013 me semble considérable. La majeure partie des fidèles, moi inclus, doit lutter au contraire pour ne pas vivre son catholicisme à la carte au gré de nos humeurs quand ce ne sont pas nos caprices, et il faudrait s’inquiéter d’un retour à l’autoritarisme? Je ne crois pas une seconde que la menace soit crédible.

    Et de ce point de vue dans l’histoire de l’Eglise, nous avons certes connu des périodes chahutées mais jamais avec une telle phase de décatholicisation générale en Europe. Les « agitations » naguère étaient plutôt le fait d’un surinvestissement de la dimension religieuse du pouvoir à toutes les sauces, pas la lutte entre une autorité religieuse et une société civile la récusant de façon croissante. Il y a ainsi une différence majeure entre les luttes au sein de l’Eglise pour exercer l’autorité et la lutte actuelle remettant en question le principe même d’autorité.

  • J’avais pu le voir de très près lorsqu’il est venu à Paris.
    Ce qui me frappe aussi, c’est tout ce qu’il s’est pris dans la figure pour rester poli, pendant 8 ans. Ca a commencé dès les jours qui suivi son élection avec l’histoire de son incorporation aux jeunesses hitlériennes jusqu’ à l’affaire vatileaks. J’ai l’impression que Jean Paul II, qui avait aussi été très attaqué, en avait moins pris
    Tout en ayant de l’affection pour lui je pensais y être moins attaché qu’à Jean Paul II et ben finalement non.

  • Merci pour votre article qui rassemble le « MERCI » au Saint Père de beaucoup d’entre nous.
    J’étais aux JMJ de Madrid (quoique plus très jeune… 45 ans !!) et donc présente lors de la veillée de prières et la messe du lendemain à Cuatro Vientos (qu’est ce qu’il porte bien son nom cet aérodrome !!) Oui nous étions aux 4 vents, dégoulinants de pluie, ballotés par l’orage au dessus de nous mais le plus fantastique c’est qu’il était présent lui aussi et il n’a pas failli à sa mission. Je ne connais pas d’homme d’État, de personnalité ou de vedette, à raison de plus âgé de 84 ans (à l’époque) qui n’aurait pas « annulé » pour raison de mauvais temps. Je l’entends encore nous dire (et j’en ai encore le frisson…) « Chers jeunes de langue française, le Christ vous demande aujourd’hui d’être enracinés en Lui et de bâtir avec Lui votre vie sur le roc qu’il est Lui-même. Il vous envoie pour être des témoins courageux et sans complexes, authentiques et crédibles ! N’ayez pas peur d’être catholiques, d’en témoigner toujours autour de vous avec simplicité et sincérité ! Que l’Église trouve en vous et en votre jeunesse les missionnaires joyeux de la Bonne Nouvelle ! » Du fond du cœur, Merci très Saint Père de votre bel exemple de vie.

  • Attendons avec confiance et espérance Pâques et le traditionnel « Habemus papam.. »
     » La seule liberté de l’homme , c’est de tenir la voile tendue ou de laisser choir, lassé. Le vent n’est pas de nous. »
    (Abbé Pierre)

  • Logopathe a écrit ::

    J’ai toujours un peu de mal avec l’application de « conservateur » ou « progressiste », … Et quand on s’occupe de vérité, il est certes inquiétant de refuser toute remise en cause, mais il l’est aussi de changer de vérité comme de chemise, en fonction des caprices de la mode … Et c’est ça, aussi, qu’on a laissé à l’Eglise: un quasi-monopole de l’Idéal.

    Bonsoir,

    quand on parle de conservateur, on parle principalement, il est vrai, de la doctrine de l’église sur les moeurs. Toutefois, c’est un sujet sur lequel il est raisonnable de penser que la modernité a fondamentalement changé certaines choses: sur le contrôle des naissances, sur la possibilité pour les femmes d’avoir un travail, sur la protection sociale.

    En choisissant sur ces point de ne pas modifier une doctrine écrite à une époque très différente, et de lui donner une assez grande importance, l’église s’est mécaniquement coupé du mode de vie de 95% de la population. Et ce mode de vie moderne n’est pas non plus Sodome et Gomorrhe, mais peut raisonnablement prétendre être meilleur que le mode de vie traditionnel: on peut raisonnablement penser que le divorce est meilleur que la violence conjugale, que la liberté sexuelle des jeunes a permis de limiter bien des frustrations…

    Et cela fait que même si l’église a effectivement une doctrine intéressante (mais n’est pas non plus la seule à réfléchir), elle a, à mon avis pour de mauvaises raisons, choisi d’en limiter la diffusion parmi une petite minorité de « conservateurs ».

  • canard sauvage a écrit ::

    on peut raisonnablement penser que le divorce est meilleur que la violence conjugale, que la liberté sexuelle des jeunes a permis de limiter bien des frustrations…

    Il suffit de bien présenter les choses. Mais dans une société où 50 % des mariages finissent en divorce, en est-on vraiment resté au traitement des violences conjugales, qui d’ailleurs perdurent ? En Angleterre, 40 % des filles sont ivres quand elles perdent leur virginité. Cela construit-il mieux une personnalité qu’un peu de frustration ?

    Le progrès n’est pas évident… Non que ce fut parfait avant. Mais le changement a-t-il été dans le sens d’un progrès vrai ?

  • @ canard sauvage:
    Vous affirmez -et j’entends et lis ça partout depuis des décennies- que l’Eglise accorde trop d’importance à sa doctrine sur les moeurs. J’ai vraiment du mal à saisir en quoi ce que propose l’Eglise sur les moeurs est pour elle plus importante dans sa communication que sa doctrine sociale, il suffit de voir ce que l’Eglise a fait du marxisme et du capitalisme sur le plan conceptuel et Benoit XVI a été là aussi très conservateur mais si on en parle beaucoup moins ce n’est pas parce que l’Eglise en parle peu (demandez à N Sarkozy ce qu’il pense de l’attitude de l’Eglise sur la question des roms et des droits des migrants en général…); ce me semble bien plus important chez ceux qui n’acceptent pas ces propositions (et parmi eux une majorité de cathos soit dit en passant). Mais les autres propositions sont assez gratinées il me semble: aimer ses ennemis, donner tous ses biens aux pauvres, pardonner sans exception, je n’ai pas l’impression que ceux qui ne le font pas se sentent exclus de l’Eglise qui je le rappelle n’est qu’une assemblée de pécheurs.

    Je ne vois pas bien en quoi sur les moeurs l’Eglise est plus en décalage avec le monde que n’importe lequel de ses messages, et cela depuis la prédication de Jésus elle-même. La question de l’adaptation ou non du discours de l’Eglise au monde me semble d’abord une façon de ne pas se demander si oui on non telle ou telle disposition est fidèle à l’Evangile et donc bel et bien un objectif même s’il semble peu « raisonnable ») dans lequel il n’existe aucune consigne donnée aux disciples de faire et dire les choses « friendly »; ce que Jésus promet constamment à ses apôtres c’est que « le monde » ne va pas les écouter en les applaudissant (« on vous exclura des synagogues » « on se déchirera dans les familles à cause de mon nom », j’en passe… La réalité est que presqu’aucun d’entre nous (pas même les saints du moins pas mal d’entre eux) n’est réellement capable de suivre les conseils de l’Eglise et cela dans tous les domaines. Pour autant, on a le droit d’entrer dans une église et de suivre une messe si on a encore de l’argent, des ennemis haïs, et une capote dans la poche. Pourquoi s’imaginer que c’est sur ces affaires de moeurs, et de moeurs seulement, que l’Eglise est inaudible? Si on lit la production écrite du pape sortant, les affaires de moeurs n’y sont pas dominantes, et c’est le cas de tous ses prédécesseurs; si on regarde maintenant pourquoi les media (qui ne sont que notre reflet collectif) ne diffusent à la une que ces écrits là, nous avons à nous poser des questions sur notre rôle de lecteur et d’auditeur: qu’est-ce que nous lisons et regardons instinctivement et qui fait vendre?

    Il doit être j’imagine possible d’arguer, même si je ne l’ai pas encore lu, que le message de l’Eglise en matière de moeurs n’est pas conforme à l’esprit ni à la lettre de l’Evangile. C’est cela que j’attends toujours chez les opposants à ce message comme au reste du message évangélique, et non pas de dire que c’est un problème d’adaptation du discours au monde environnant. Même sur le point le plus coercitif et à mon sens le seul vraiment incompréhensible (l’exclusion de la communion eucharistique aux divorcés remariés), il appartient aux intéressés de tricher ou pas avec leur conscience, il n’y a pas de contrôle, en tout cas pas dans ma paroisse. Et rappelons que d’autres dispositions interdisent en conscience de communier à sans doute une majorité de fidèles sincères, mais curieusement celles-là on n’en fait pas tout un plat.

    Bref, si le monde autour de l’Eglise est obsédé par les affaires de moeurs, ce n’est pas le cas de l’Eglise elle-même mais de certains de ses destinataires; j’ose l’hypothèse que c’est plus « classe » de dire qu’on est contre l’Eglise en matière de moeurs, parce que c’est plus facile que de dire ouvertement qu’on est pour ne pas mettre les pauvres au centre de son action par exemple…Pourtant il y a là aussi plus de 95% des gens qui se sont coupés du mode de vie de St François d’Assise!

  • @ Bruno Lefebvre:

    Quelques nuances quand même.

    Tous les chrétiens sont appelés à la pauvreté de coeur et à donner généreusement, tous ne sont pas appelés à vivre la pauvreté comme François d’Assise l’a vécue.

    De même que tous les chrétiens sont appelés à la chasteté, mais tous ne sont pas appelés à vivre un célibat consacré.

  • @ Aristote:
    On se demande pourquoi François a été canonisé s’il n’est pas un exemple à suivre, ce qui est pourtant la principale justification d’une communion des saints: donner des exemples concrets de vie chrétienne accomplie. Le parallèle avec le célibat n’est donc pas établi: chacun est appelé à la sainteté mais pas au sacerdoce bien que celui-ci soit considéré traditionnellement comme une voie d’accès royale à une vie chrétienne.

    Sur les 95%: Canard sauvage évoquait trois messages inaccessibles à plus de 5% des gens : le non travail des femmes (qui n’est pas un dogme ni une prescription du magistère), la non protection sociale (alors que la protection sociale au Moyen Age était la principale légitimité des monastères pour les laïcs), le contrôle des naissances (là en effet il y a refus ultra-dominant y compris chez les cathos). Là où je peux comprendre que je suis excessif, c’est qu’on peut parfaitement être un saint sans avoir fait le contrôle des naissances et sans avoir été François d’Assise. Mais dire que, parce que les gens n’en veulent pas, l’Eglise devrait s’abstenir de prôner certains comportements me semble une défausse: ou on juge fondé ce message, et il est normal de l’entendre même si c’est trop dur, ou on estime que le message est mauvais tout simplement, et on le retire, mais pas parce que c’est trop difficile ou pas suivi pour une autre raison.

  • @Bruno Lefebvre : il y a autant de formes de Sainteté que d’humains à travers les siècles.Dieu a pour chacun un plan unique de Sainteté. Et lorsque l’Eglise exalte les vertus d’un Saint François ou d’une sainte Agnès, c’est autant pour nous dire d’aimer et de cultiver ces vertus propres que pour nous encourager à adhérer quotidiennement à ce plan de Dieu sur nous.

    Heureusement que tout le monde n’adopte pas l’ascèse et le mode de vie de St François! nous avons besoin de patrons chrétiens, qui humanisent le monde du travail, nous avons besoin de familles chrétiennes, qui éduquent etc….

    Pour le reste,l’Eglise montre un chemin de vie.Nous savons tous que sans la grâce, il est bien difficile de ne pas prendre des chemins de traverse.Mais nous savons aussi qu’il y a des échelles plus ou moins abruptes 🙂 St louis Marie Grignon de Monfort, St Bernard et d’autres nous ont indiqué une échelle moins pentue : celle de la dévotion à la Vierge Marie.Ne nous en privons pas! et je ne parle même pas de l’ascenseur cher à Ste Thérèse de l’Enfant Jésus : les bras du Sauveur.

    Nous sommes dans un siècle d’inventions maintenant ce n’est plus la peine de gravir les marches d’un escalier, chez les riches un ascenseur le remplace avantageusement. Moi je voudrais aussi trouver un ascenseur pour m’élever jusqu’à Jésus, car je suis trop petite pour monter le rude escalier de la perfection. Alors j’ai recherché dans les livres saints l’indication de l’ascenseur, objet de mon désir et j’ai lu ces mots sortis de la bouche de la Sagesse Eternelle : Si quelqu’un est TOUT PETIT qu’il vienne à moi. (Pr 9,4) Alors je suis venue, devinant que j’avais trouvé ce que je cherchais et voulant savoir, ô mon Dieu ! ce que vous feriez au tout petit qui répondrait à votre appel j’ai continué mes recherches et voici ce que j’ai trouvé : Comme une mère caresse son enfant, ainsi je vous consolerai, je vous porterai sur mon sein et je vous balancerai sur mes genoux ! (Is 66,12-13) Ah ! jamais paroles plus tendres, plus mélodieuses, ne sont venues réjouir mon âme, l’ascenseur qui doit m’élever jusqu’au Ciel, ce sont vos bras, ô Jésus ! Pour cela je n’ai pas besoin de grandir, au contraire il faut que je reste petite, que je le devienne de plus en plus. O mon Dieu, vous avez dépassé mon attente et moi je veux chanter vos miséricordes. (Ps 89,2)

  • ( A Exilé)
    Très belle citation qui montre bien que l’appel à la sainteté n’est pas par le knout.

    Sur la diversité, et je complèterai ainsi ma réponse à Aristote: il est vrai que la sainteté n’est qu’un appel et que ses formes en sont diverses. La misère, au demeurant, est un mal. Il est non moins vrai que la pauvreté pour elle même n’a rien de saint, c’est même une manifestation d’orgueil selon St Paul dont on a lu récemment à l’office le texte rappelant que sans amour le don n’est rien, il résonne creux, comme une cymbale. Et on ne peut demander aux patrons d’être pauvres et de remplir leur fonction créatrice; mais l’idéal pour un patron chrétien est d’admettre par son revenu qu’il n’est pas plus important que le plus petit de ses salariés. Sans aller à une lecture aussi littérale de la parole du maître serviteur, qui admet chez les patrons et cadres chrétiens que la valeur du travail de leur salarié n’est pas inférieure à la sienne à durée comparable? Et chez les salariés chrétiens, qui admet que dès 3000 euros par mois, on est plus riche que 90% de la population le revenu moyen d’un patron de PME de moins de 20 salariés est de plus de 4000 euros mensuels, il passe à plus de 6000 chez les 20/50? A l’inverse, chez ces salariés, qui voit a priori dans l’employeur un frère courageux et travailleur qui a pris le risque de créer des emplois (là il y a un réel problème avec le compagnonnage marxiste voire socialiste)?

    Nous sommes donc très loin de parvenir à nous comporter ou même nous positionner en chrétiens sur le plan économique et social. Je maintiens donc que je ne comprends pas sur quoi se fonde l’idée que l’idéal du message évangélique et de l’Eglise sur la famille serait plus épouvantablement contraignant que les autres. Notre difficulté c’est de parvenir à entendre ces messages dans toutes les dimensions, sans choisir celui qui nous plait le plus. La diversité des appels à la sainteté ne peut pas être confondue avec la vision d’un Evangile à la carte retenant celui nous sied au détriment des autres, (le fameux « j’en prends et j’en laisse »). Et les papes tentent avec difficulté croissante de maintenir l’équilibre proclamé par Vatican II sur ce point mais Benoit XVI s’est heurté à une sourde résistance du gros des catholiques d’Europe (y compris de certains théologiens ou de certains clercs) et pas seulement aux païens en général. Mon hypothèse (ce n’est que cela pour l’instant) est que le découragement a pesé dans les motifs (il y en a sûrement plusieurs) qui l’ont poussé à se retirer non seulement de la papauté mais du monde en choisissant le monachisme dans le Vatican pour le crépuscule de sa vie.

  • @ Bruno Lefebvre :

    « Notre difficulté c’est de parvenir à entendre ces messages dans toutes les dimensions, sans choisir celui qui nous plait le plus. La diversité des appels à la sainteté ne peut pas être confondue avec la vision d’un Evangile à la carte retenant celui nous sied au détriment des autres »

    Je n’aurais pas mieux dit.

    Cependant j’espère de tout coeur que le découragement n’a pas trouvé de place dans les motifs de la renonciation du Pape.

  • @ Bruno Lefebvre

    Cela me va bien. On peut aussi proposer ceci : « si on te frappes sur la joue, tends l’autre ».

    J’avoue avoir plus de mal à me conformer à cela que je n’en ai avec la morale sexuelle de l’Église !

    Deux remarques complémentaires :
    – si les cathos se mobilisent sur le mariage, c’est en réponse à une initiative politique,
    – il y a une distinction à faire entre justice et charité ; elle n’a rien d’évident et la frontière ne se pense pas de la même façon sous l’Empereur Auguste et sous le Président Hollande; reste que le domaine de la loi, c’est la justice, pas la charité.

  • Aristote a écrit ::

    si les cathos se mobilisent sur le mariage, c’est en réponse à une initiative politique

    Très juste. Et leur mobilisation est non pas religieuse, mais bien politique. Si elle était d’ordre religieux, elle serait plus unanime de leur part. Mais la nature politique de cette mobilisation est dissimulée par l’étiquette « catho », d’autant que l’expression officielle de l’Église s’est faite dans le même sens. Du coup, beaucoup d’entre eux ont du mal à faire la distinction – pas étonnant que le reste du monde en soit incapable.

  • @Bruno Lefebvre : oui, formulé ainsi, je suis en plein accord avec vous. TOUT le message, et pas ce qui nous arrange seulement.

    Mais les réponses économiques au message sont diverses, selon les situations.La DSE pose des principes, mais ne vient pas nous expliquer s’il vaut mieux militer pour une structure type SARL ou EURL….L’Evangile ne nous dit pas si St Joseph était artisan indépendant ou coopératif, s’il avait des salariés…

    En matière écologique, on a de beaux textes de l’Eglise sur les principes, mais ça ne me dit rien expressement sur la transition energétique….Hormis les cieux qui sont un Royaume, 🙂 rien non plus sur les structures politiques.

    Si la mobilisation pour la famille est si forte, c’est que par contre, la cellule familiale est unique, et décrite comme telle par l’Eglise, et sanctifiée comme telle aussi à travers le modèle de la Ste Famille. C’est facile à appréhender, il ne s’agit plus seulement de principes mais de concret direct…

    (je ne sais si je suis bien intelligible, là…pour illustration, jeremarque des divergences avec mes frères chrétiens sur les solutions « techniques » à apporter au problème de la pauvreté et chacun arrive à défendre des propositions parfois contadictoires entre elles sans pour autant faillir à la DSE…par contre, on se retrouve très unis sur la famille, sa composition,son rôle etc….)

  • Gwynfrid a écrit ::

    Très juste. Et leur mobilisation est non pas religieuse, mais bien politique.

    Distingo.

    La réaction n’est pas religieuse parce que le mariage est une réalité qui n’est pas réductible au religieux. La réaction est de fait politique, au sens où la politique concerne le bien commun à la communauté des citoyens.

    Mais pas nécessairement politique au sens de partisane.

    Si c’est votre thèse, développez…

  • Je me rajoute à la longue liste de ce ceux qui ont poussé un grand « oh non » en 2005, et qui aujourd’hui ont envie de dire « merci » à ce Pape, et ce même si, sur le fond, je n’ai pas beaucoup évolué, et je ne suis pas dans la même ligne que lui … Mais c’est « mon » Pape, et à vrai dire je n’attends pas de lui qu’il soit d’accord avec ce qui m’arrange…
    J’avoue que sa renonciation m’inquiète : bien sûr il est vieux et fatigué, mais… c’est vraiment si grave? J’ai l’impression que, porté par le désir d’une Eglise plus Sainte, il renonce à y parvenir, parce que en interne il y a des choses qu’il ne peut faire changer alors qu’il l’aurait voulu et qu’il pensait pouvoir le faire. Je pense notamment aux aspects financiers, à cette transparence qu’il a voulu apporter et qui visiblement gêne des gens hauts placés… Du coup, j’ai peur que son successeur soit plus prudent, ou plus contrôlé. Qu’un homme qui a tant de pouvoir en théorie renonce à des choses qui lui semblaient possibles et importantes, oui ça m’inquiète.
    Mais bon, je n’aurais pas cru ça possible un jour, écrire : merci Benoit 16.

  • « l’homme passe … la seule référence est le Christ, vers lequel chaque fidèle peut porter son regard confiant »

    Joseph Ratzinger, notre frère, a, sans doute, porté la profondeur de ce message en son être avant de prendre la décision qui s’imposait à lui.

    Amen +

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