Quand zébu, zé plus soif. Quand G20, suis-je rassasié ?

zebuÔ Dieu, comme je déteste l’économie. Pourquoi, Seigneur, faut-il que Tu m’affliges ainsi ? Pourquoi cette épreuve ? Pourquoi ces mois si irrémédiablement marqués du sceau de cette trop indocile matière ? Que n’ai-je tant ? Hein, dis-moi ?! Soit, soit, bien sûr, j’entends l’objection : ne va pas croire que je sois insensible à Ta divine magnificence. Depuis janvier, Tu m’as gâté, Tu m’as gâté, que ça deviendrait presque de la gourmandise. Une actualité comme ça, on n’en n’avait pas vu de semblable depuis Quanta Cura ou presque. Cela étant, si Tu pouvais Lui suggérer de prendre une position un peu sympatoche, Nnous, on cracherait pas dessus. Pas une déclaration à la « il faut entendre la voix des plus pauvres », « restaurer une éthique du monde financier », et la-seule-base-vraie-et-solide-est-la-foi-en-la-personne-humaine, ça, on s’en fout. Mais, s’il pouvait, en fin d’audience hebdo, lâcher un de ces « ach, bonne bourre » ponctués du rire bavarois qu’on entend résonner en octobre à Munich, je suis sûr que ça aplanirait nos différends avec nos coséculiers. Car le bavarois sait rire, quoiqu’on dise.

Mais, le G20… Succès ou non ? Je tremble d’avoir à me prononcer. Mon inculture économique me remplit d’effroi. Dans un élan d’orgueil, je m’interroge : ma réaction n’est-elle pas seulement la marque de ma proverbiale lucidité, celle qui m’invite à une retenue dans la connerie économique que d’autres ne connaissent pas ?

Alors, j’écume les réactions. Et, aussi douteuse que soit l’opinion majoritaire, disons-le, la tonalité est positive.

Tiens, Le Parisien lui-même titrait sur « l’incroyable succès du G20 » : c’est pas une preuve, ça, la Une du Parisien ? Pour la Croix, nous sommes sur de bons rails, le G20 étant entré dans le concret. Même Libé considère que le G20 a « enfin permis de prendre des décisions concrètes et précises ». Selon Le Figaro, le G20 a rempli son contrat. 20Minutes y voit simplément la naissance d’un « nouvel ordre mondial ». Quant au Monde, il est carrément enthousiaste : Que vive le G20 !

Du côté des bourses, c’est l’euphorie. Et chez les politiques, l’obligation dans laquelle notre opposition indigente s’est trouvée de reconnaître des avancées sur la méthode et sur le fond ou, pour le béarnais lymphatique, un « premier pas encourageant », est le signe qu’ils ont manqué de points d’accroche. Cela renvoie les Villepin, Moscovici, Ayrault, Hamon[1] au rang des fiévreux futiles. Quand même Libération relève que le sommet était « mal engagé » et qu’au bout du compte la régulation exigée par le couple Sarkozy-Merkel est au rendez-vous, cela remet aussi à leur juste place les frénésies socialistes, critiquant la pression mise par Nicolas Sarkozy à la veille du sommet. Un sommet dont Le Monde reconnaît qu’il « doit beaucoup à l’insistance de Nicolas Sarkozy ». Le peu de billets consacrés au G20 sur les blogs confirme aussi que le résultat final se prête mal au sarkobashing rituel.

Le communiqué final apparaît donc comme un « compromis inespéré ». Bon, c’est pas encore le nouveau monde mais ça se rapproche d’une « refondation du capitalisme ».

Alors, ne nous privons pas d’une pensée consensuelle, et relevons hardiment qu’il faut encore traduire les engagements en actions. Cela dit, les chefs d’Etat se sont eux-mêmes engagés (cf. pt 29) à revoir les mesures que chacun aura prise. Ca l’afficherait mal que ce nouveau sommet débouche sur le constat de l’inconsistance des politiques : « Alors,  Barack ? » « Well, you know, maybe we could but, you know… I have a dream, you don’t wanna hear my dream instead ? »

Reste aussi que bon, G20, ok, mais il ne faudrait pas que cela nous dispense de ressentir la marque ineffaçable du coup de pied au cul, que certains ont au demeurant pris de face. Ne te demande pas ce que le G20 peut faire pour toi, ma caille, mais ce que tu peux faire pour le G20. Mon impayable flair me suggère[2] qu’il ne s’agit pas que d’une question de régulation. S’il n’y a pas l’âme…

N’ignorons donc pas la portée interpellative du coup de pied au cul. Nous évoquions[3] avec une cinquantaine de dirigeants d’entreprise les « dessous de la crise ». Rien de bien cochon dans tout ça mais une conviction partagée qu’il faut impérativement réinjecter du sens dans les entreprises. Le « sens » ? Elle finirait presque par agacer, cette invocation d’une recherche de « sens », évoquée comme un gage de profondeur, presqu’une marque de supériorité. Pourtant, en creux, elle signifie bien une faim de sens, même non identifiée.

Olivier Marchal, Directeur Europe du cabinet de conseil en stratégie Bain & Company, faisait état d’un sondage réalisé à intervalles réguliers au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis[4] : il y a trente ans, 60% des gens faisaient confiance à la majorité des personnes. Aujourd’hui, seulement 30%.

Emmanuel Faber, qui disait (souvenez-vous) en décembre 2007, que le modèle économique occidental allait à sa perte, lui qui appelle au devoir d’utopie, fournissait un exemple de ce que peut être le sens, pour une entreprise. Il rappelait l’action de Danone via Danone Communities, dans le but de « réconcilier l’investissement financier et l’économie avec l’homme« , ou encore le fonds de dotation dont Franck Riboud exposait l’esprit dans Le Monde, destiné à stabiliser l' »écosystème » de Danone.

Et si cela peut convaincre ceux que l’idée d’une action sociale de l’entreprise indisposerait : elle n’empêche pas l’entreprise de faire des profits, ni son patron de toucher une confortable rémunération.

  1. sous la réserve importante, toutefois, qu’il s’est montré plus constructif que ses camarades en reconnaissant que les vélléités de Sarkozy n’étaitent « pas inutiles []
  2. mais bon, vous connaissez ma sensibilité []
  3. enfin, moi, j’écoutais []
  4. peu importe []

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45 commentaires

  • Je suis persuadée que dans l’ensemble les résultats de ces grands happenings sont négociés dans le moindre détail dans les coulisses avant d’avoir lieu … Et si NS a poussé un cri quelques jours avant c’est que tout le monde n’était pas d’accord pour s’engager sur la totalité du texte négocié. Mais je pense que la crise actuelle a provoqué une prise de conscience de tous les grands acteurs mondiaux à quel point l’économie est mondialisée, imbriquée, et à quel point il est urgent de mettre en place des règles applicables partout et la nécessité d’afficher l’unité pour rendre un peu de confiance au monde économique.

    Malgré tous les dérapages, manques de contrôle, l’imperfection de la réglementation mondiale, je dois dire que je suis très admirative devant l’entente internationale affichée lors du G20. Ce qu’aucune idéologie/religion/nationalisme n’ont jamais réussi c’est le commerce qui le favorise. Les grandes puissances sont forcés de s’entendre parce que totalement interdépendant dans leurs relations commerciales.

    Cela me fait penser à l’histoire de la « Hanse » et la prospérité qu’ont connu les villes marchandes associées de l’époque. http://fr.wikipedia.org/wiki/Hanse#La_Hanse_des_marchands_ou_l.E2.80.99association_des_marchands_de_Gotland

    Les unions basées sur le commerce constituent de bien meilleures bases que les idéologies/religions pour favoriser la prospérité et la paix, j’en suis depuis toujours persuadée. Libre, le marchand ne connait pas de frontières, pas de couleur de peau, ni de religion car il respecte son client d’où et qui qu’il soit …

  • Bonsoir,

    il y a déjà à mon avis beaucoup de sens dans un travail bien fait, utile et correctement rémunéré, sans aller y rajouter de la métaphysique.

    Il y aurait de nombreuses réflexions sur le fait que le système actuel n’est pas, pour beaucoup de personnes, satisfaisant. On peut certainement remettre en cause des rentes, des lourdeurs, de grandes structures, des injustices, donner plus de liberté et donc de responsabilités. On peut aussi réglementer pour éviter que quelques uns se servent dans la caisse ou risquent de mettre le feu à la maison. Reste à faire tout cela intelligemment, sans créer des remèdes plus dangereux que les maladies.

    Certains de ces changements, mais pas tous, se basent effectivement sur un humanisme commun à la plupart des cultures civilisées, et qui est surtout du gros bon sens. Mais tenter de « packager » le retour du spirituel ou du religieux avec me semble un peu abusif.

    Je prie les lecteurs de ce blog de m’excuser pour le ton assez anticlérical de mes commentaires ces dernières semaines. Mais je suis en plein milieu des géniales oeuvres complètes de Voltaire. Encore quelques semaines, et j’en viendrai à bout…

  • Koz a écrit:

    Reste aussi que bon, G20, ok, mais il ne faudrait pas que cela nous dispense de ressentir la marque ineffaçable du coup de pied au cul, que certains ont au demeurant pris de face. Ne te demande pas ce que le G20 peut faire pour toi, ma caille, mais ce que tu peux faire pour le G20. Mon impayable flair me suggère1 qu’il ne s’agit pas que d’une question de régulation. S’il n’y a pas l’âme…

    Je suis perplexe car sous couvert de régulation ou de crise on fiche des pays en noir ou en gris comme si ceux en blanc étaient vraiment blancs. (l’état du Delaware, St barth, Hong Kong…)
    C’est quoi l’âme pour un pays ou plutôt pour des pays, marcher dans le même sens ? ou avoir les mêmes intérêts ?

  • Zé envie de vous dire comme l’a exprimé Lionel Jospin que j’admire ,(non je rigole) mais sur ce point je le rejoins qu’il faudrait réflechir à la suppression de la speculation pure. Acheter du café le matin pour le vendre en fin d’apres-midi sans en avcoir touché le moindre grain c’est Las Vegas et cela n’a rien à voir avec l’économie,or les consequences humaines peuvent etre lourdes
    Les actes purement speculatifs s’ils ne sont pas érradiqués devraient s’exprimer sur du moyen terme et non dans les 24 heures

  • Thaïs met le doigt sur quelque chose d’important, et de suspect.

    Plus globalement, sur ce G20, on peut quand même regretter (pour ne pas dire plus) que ce sommet n’ait rien mis en place pour éviter qu’une nouvelle crise financière éclate à nouveau et contamine l’économie réelle. Car c’est quand même ça le plus important.
    Ni les paradis fiscaux ni les hedge funds ne sont responsables de la crise.

  • Quel talent pour les transitions Koz!

    Sur les questions liée a nos politiques Français, je suis assez d’accord pour reconnaitre le mérite de Sarkozy dans la tenue du G20 lui même. Ça me fait un peu mal au niveau des ligaments, mais bon,il faut reconnaitre ce qui a été un des points culminants de sa présidence Européennes, à savoir, sa capacité à fédérer les grands de ce monde à un moment ou le principe d’une nouvelle gouvernance mondiale semblait utopique.

    Reste à évaluer le poids réel du couple Merckel-Sarkozy sur les conclusions du G20… qui me semble un chouia sur-évalué. Non pas parce que je refuse de leur reconnaitre un quelconque mérite, mais plutôt parce que « leur absence d’influence » en dit long sur ce qui a été décidé au G20. Je m’explique. On entend de plus en plus parler d’un G20 qui aurait en fait été un sommet bi-latéral Chine-États Unis, un G2 en somme. Cette information, si elle est exacte, apporte un meilleur éclairage sur l’analyse des conclusions actées lors du sommet. A savoir (comme cela a été rappelé plus haut) que les États Unis n’apparaissent pas dans la liste des paradis fiscaux, pas plus que la Chine, pas forcement irréprochable en la matière non plus. Exclure ces deux empires du processus d’assainissement financier global, n’est ce pas passer à coté du problème?

    Pour cette raison, et pour beaucoup d’autres, j’ai du mal a faire preuve d’enthousiasme à propos du G20. J’ai le sentiment, peut être infondé, que même si l’évolution est perceptible, la direction n’est pas forcément la bonne.

    PS: Petit mot de soutien à propos du Bogoss qui sert de porte parole au PS, il a été le seul a trouver « pas inutiles » les gesticulations Sarkozistes d’avant G20, contrairement aux sorties lamentables de Moscovici pour ne citer que cet exemple.

  • @ Uchimizu @ margit: Je suis un peu surpris de voir le retour du religieux dans vos commentaires. Il y a certes une introduction qui se voulait un peu une transition mais sinon ? Bien sûr, mon propos n’est pas incohérent avec mes convictions. Ca me semble être la moindre des choses. Mais ai-je appelé les gouvernants et les dirigeants à redécouvrir le Christ et à implorer le pardon des péchés s’ils veulent le retour de la croissance ? Sans aller jusque là, j’aurais pourtant pu proposer quelques lectures.

    Mais, si ça peut aider, dîtes-vous que je suis socialiste. Ca me permettra d’évoquer le fait qu’une entreprise doit faire des profits, oui, mais doit prendre en compte son environnement social et économique, et ne pas accorder sa seule attention au résultat financier et ce, sans subir le reproche d’y mettre des convictions religieuses ou une inspiration spirituelle. Parce que, Uchimizu, parler de danone.communities ou du fonds de dotation de Danone, est-ce vouloir refourguer la religion ?

    La lecture de Voltaire ne devrait-elle pas amener à plus de tolérance ? C’est pourtant comme ça qu’on me l’avait vendu. Mais au final, il semblerait une fois encore que le même propos ne puisse pas être tenu à la fois par une personne lambda et d’une personne suspectée d’avoir des convictions religieuses. J’avoue avoir un certain mal avec l’idée qu’il me faudrait m’excuser d’avoir des convictions religieuses. Ou renoncer à parler de certains sujets (la liste risquerait d’ailleurs d’être longue).

    @ margit: assez d’accord sur ton sentiment sur le sommet. Le texte circulait nécessairement avant, mais l’accord n’était pas forcément donné sur l’ensemble.

    Après, pour ce qui est du rôle apaisant du commerce, pourquoi vouloir l’opposer à la religion ? Ai-je affirmé que la religion, ce serait mieux que le commerce ? Ton propos sur le sujet pourrait se discuter mais, déjà, pourquoi me parler de religion quand je n’en parle pour ainsi dire pas ?

    Je n’ai rien contre les échanges commerciaux, évidemment, mais j’espère un peu autre chose.

    Paul a écrit:

    Pour info, Faber sera avec Rouvillois demain chez e-reflexion pour évoquer ce sujet :
    ereflexion.org/article.php3?id…

    Ce sera malheureusement un peu bref pour que j’y aille mais cela promet d’être intéressant.

    Zelittle a écrit:

    on peut quand même regretter (pour ne pas dire plus) que ce sommet n’ait rien mis en place pour éviter qu’une nouvelle crise financière éclate à nouveau et contamine l’économie réelle. Car c’est quand même ça le plus important. Ni les paradis fiscaux ni les hedge funds ne sont responsables de la crise.

    C’est pas impossible, en effet. Je ne serais pas catégorique sur les hedge funds, mais je ne suis pas sûr de voir le rapport entre la crise et les paradis fiscaux. Je compte sur les éclairages avisés de mes lecteurs.

    Thaïs a écrit:

    Je suis perplexe car sous couvert de régulation ou de crise on fiche des pays en noir ou en gris comme si ceux en blanc étaient vraiment blancs. (l’état du Delaware, St barth, Hong Kong…)

    Il y a bien sûr, et malheureusement, toujours aussi un rapport de puissance. La Suisse qui, tout de même, paye une longue tradition d’opacité, n’a pas les arguments des Etats-Unis et de la Chine, c’est certain.

    Uchimizu a écrit:

    Reste à faire tout cela intelligemment, sans créer des remèdes plus dangereux que les maladies.

    Oui, c’est certain, et c’est aussi ce qui semble le plus… incertain.

    J’avoue aussi que la genèse de la crise, et ses conséquences, tant en termes sociaux qu’en termes économiques (survie de nos banques), m’amènent à regarder notre système économique et social avec un peu plus d’indulgence.

    zeyesnidzeno a écrit:

    Quel talent pour les transitions Koz!

    Merci de le relever 😉

    zeyesnidzeno a écrit:

    Sur les questions liée a nos politiques Français, je suis assez d’accord pour reconnaitre le mérite de Sarkozy dans la tenue du G20 lui même.

    Yes ! Sorry pour tes ligaments, mais je savais que tu saurais faire preuve de souplesse. Cela dit, si Obama et toi vous mettez à reconnaître la capacité de leadership de Sarko…

    zeyesnidzeno a écrit:

    Reste à évaluer le poids réel du couple Merckel-Sarkozy sur les conclusions du G20… qui me semble un chouia sur-évalué. Non pas parce que je refuse de leur reconnaitre un quelconque mérite, mais plutôt parce que “leur absence d’influence” en dit long sur ce qui a été décidé au G20. Je m’explique. On entend de plus en plus parler d’un G20 qui aurait en fait été un sommet bi-latéral Chine-États Unis, un G2 en somme. Cette information, si elle est exacte, apporte un meilleur éclairage sur l’analyse des conclusions actées lors du sommet. A savoir (comme cela a été rappelé plus haut) que les États Unis n’apparaissent pas dans la liste des paradis fiscaux, pas plus que la Chine, pas forcement irréprochable en la matière non plus. Exclure ces deux empires du processus d’assainissement financier global, n’est ce pas passer à coté du problème?

    Je ne suis pas dans le secret des dieux. Il me semble clair que les Etats-Unis et la Chine ont été les poids lourds, quoique certains ajoutent aussi la Russie. Mais sincèrement, pouvait-il en être autrement ? Sans vouloir nous rabaisser, il est assez certain que l’on ne fait pas le poids de la Chine. C’est aussi un peu pour ça qu’on fait l’Union Européenne.

    Par ailleurs, les Etats-Unis se sont engagés dans un processus de régulation et de surveillance dont il est dit qu’ils ne voulaient pas. Sauf à ce que tout ça ne soit que comédie, ce que l’on ne peut malheureusement pas exclure, il semble que le couple Sarkozy-Merkel n’y soit pas étranger.

    ps : effectivement, Hamon, je me l’étais gardé en tête pour justement préciser ce que tu dis. Vu qu’on ne peut pas le suspecter de vallsisme, c’est une preuve louable d’opposition constructive.

  • @ Billet intéressant, et relativement d’accord pour confirmer le sentiment positif qui se retire de ce sommet. Cela étant, et sans vouloir jouer les Cassandre, si l’avancée découle de la coordination des états, le succès ne sera visible qu’a un niveau sur lequel ces mêmes états n’ont au final que peu d’impact (le niveau économique).
    Car ne nous leurrons pas, compte tenu des marges de manœuvre budgétaires des grands pays, il vaut mieux espérer que le rebond se fera sur une base plus saine que celle du déficit public.

    L’article de Riboud est effectivement intéressant. Comme vous le dites Koz, il offre une certaine vision de ce que pourrait être une entreprise citoyenne.
    Ce n’est évidemment pas ma tasse de thé. Au passage (petit coup de pub), si cela intéresse quiconque de savoir ce que je pense de cet entretien que Franck Riboud avait publié dans le Monde, c’est la :
    http://henridelescalier.wordpress.com/2009/03/16/vers-une-nouvelle-feodalite/

  • Koz a écrit:

    C’est pas impossible, en effet. Je ne serais pas catégorique sur les hedge funds, mais je ne suis pas sûr de voir le rapport entre la crise et les paradis fiscaux. Je compte sur les éclairages avisés de mes lecteurs.

    Moi aussi, j’attends de lire les contributions sur cette question. J’avais lu quelque part que le fait de ne pas avoir épuré l’ensemble des fonds toxiques (et donc de ne pas encore avoir touché le fond) était en partie du au fait que certains fonds étaient encore cachés dans des sphère financières opaques. Est ce exact?

    Il y a par ailleurs cette étude « d’alternative Économique », qui révèle « qu’un tiers du stock d’investissements à l’étranger des multinationales se situerait dans les paradis fiscaux. » (les entreprises du CAC 40, dans une moindre mesure, ne dérogent pas à la rêgle) Ce qui indique que les industriels ont, au mieux, réussi a échapper à une forme ou une autre de l’impôt, au pire, ont perdu de vue leur cœur de métier en tentant de créer de la valeur sur un secteur financier sans aucune corrélation avec leur activité industrielle. Contribuant ainsi (du fait de la masse de Capitaux qu’ils représentent), au gonflement du la bulle financière et à l’affaiblissement de l’économie dite réelle.

    J’ai hâte de lire l’avis des experts sur cette question.

    L’étude en question est là: http://tinyurl.com/dn6ur7

    PS: Koz, si tu peux te mettre dans la peau d’un socialiste et que je me mets à reconnaitre le coté fédérateur de Sarkozy, mais ou va-t-on?? Ou va-t-on??

    PS (2) Voila maintenant que Hamon prend la défense de Royal (Commentaire d’Olivier)… mais ce monde marche totalement sur la tête!! 😉

    PS (3) et Villepin qui s’y met aussi!!…

  • Je suis comme Koz, ou pire. « La crise » me laisse aussi perplêxe que le refrain conformiste* précédent : « le pouvoir d’achat ».

    Cependant, je suis l’allié objectif du G20, et de Sarkozy, s’ils entendent s’attaquer aux paradis fiscaux; ces derniers étant très utiles pour financer les seigneurs de guerre, les trafiquants d’armes, de drogue, les terroristes, les dictateurs et les politiciens corrompus.
    Il faut des années à un juge pour remonter une série de virements offshore faits en quelques minutes. Cherchez l’erreur.

    Ca ne résoudra pas la crise? Ah… la belle affaire!

    Reste que des pays blancs sont quand même un peu gris, de grandes banques francaises étant régulièrement prises la main dans le pot de miel des trafics francafricains…

    Fondamentalement, cette affaire de paradis fiscaux n’oppose pas les états entre eux, elle oppose les affairistes et leurs amis politiciens au citoyen lambda et à la justice.

    (*) Ce matin, de deux produits équivalents j’achète le moins cher. La pharmacienne me dit « ah, oui, surtout par les temps qui courent ». Moi : « Ah non! Vous n’allez quand même pas me parler de « LA crise » ». Elle : « Oh non, c’est vrai, on n’entends parler que de çà, on en a marre ». Conformiste jusqu’au bout…

  • zeyesnidzeno a écrit:

    On entend de plus en plus parler d’un G20 qui aurait en fait été un sommet bi-latéral Chine-États Unis, un G2 en somme. Cette information, si elle est exacte, apporte un meilleur éclairage sur l’analyse des conclusions actées lors du sommet. A savoir (comme cela a été rappelé plus haut) que les États Unis n’apparaissent pas dans la liste des paradis fiscaux, pas plus que la Chine, pas forcement irréprochable en la matière non plus.

    Moi je trouve ces conclusions totalement contradictoires. On savait que les USA allaient trainer des pieds concernant toutes formes de régulations du fait des puissants lobbies financiers qui freinent des quatre fers. On savait que la Chine allait faire de même et pour cause puisqu’ils sont parmi les premiers bénéficiares de l’absence de régulations dans de nombreux domaines. On connait aussi leurs poids respectifs sur le plan économiques. Le G20 ne s’est pas limité à l’histoire des paradis fiscaux, c’est même son seul échec relatif (liste seulement publiée par l’OCDE excluant la Chine et une partie des US effectivement). Par conséquent, c’est faire abstraction de tous les autres résultats obtenus, justement par la détermination du couple franco allemand.

  • Bon, cela aurait pu être pire, genre Sarkozy, Obama et Merckel se crêpant le chignon en public. De là à applaudir des deux mains…

    Les hommes politiques ont désigné les vilains, les autres, les paradis fiscaux et les hedge funds, sans risque, le bon peuple ne les aime pas. Alors que la responsabilité première de la crise, c’est quand même l’irresponsabilité fiscale, sur plusieurs décennies, d’abord des Etats-Unis, mais aussi de bien des pays européens, dont la France. Il me souvient que Libéral nous avait rédigé un billet très clair sur ce point.

    Passons sur l’hypocrisie de la liste des paradis fiscaux. Mais s’il n’y avait pas d’enfers fiscaux, peut-être aurait-on moins de paradis fiscaux. Le seul frein à la voracité fiscale d’un gouvernement démocratique, c’est la concurrence fiscale. Les vampires fiscaux ont détourné l’attention, bien joué. Faisons d’urgence percer un trou de plus à notre ceinture.

    Les hedge funds étaient au démarrage des outils anti-spéculatifs, visant à décorréler la performance d’un investissement dans une entreprise des hauts et des bas du marché des actions. C’est l’accès à des liquidités très bon marché qui les a transformés en roulettes de casino. Tant que ces liquidités seront là, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on n’est pas en train de les éponger, la probabilité de développement d’une bulle spéculative est forte.

    Mais on va réglementer les hedge funds, alors tout va bien.

    Bien à vous

  • @Aristote

    « C’est l’accès à des liquidités très bon marché qui les a transformés en roulettes de casino. Tant que ces liquidités seront là, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on n’est pas en train de les éponger, la probabilité de développement d’une bulle spéculative est forte. »

    Effectivement.
    Même en n’y comprenant pas grand chose, je comprends que les plans de relance sont exactement ce qu’il faut pour relancer l’endettement et les cycles bulle-éclatement. Mais chut, ce n’est pas politiquement correct : on va vous prendre pour un « décroissant » ou un libéral égoïste…

  • Mais si Koz, c’est simple. Si tu considères que les hedge funds étaient au démarrage des outils anti-spéculatifs, visant à décorréler la performance d’un investissement dans une entreprise des hauts et des bas du marché des actions. Tout devient clair 😉

  • @ Koz:

    La décorrélation de performance, c’est de fait un peu technique, mille excuses.

    Mais « hedge » signifie « couverture », et en langage financier, prendre une couverture c’est réduire son risque. Les premiers hedge funds avaient bien pour objectif de réduire le risque des investisseurs, pour une performance équivalente à celle des véhicules classiques d’investissement.

    L’idée de départ était la suivante : il est très difficile de prévoir si le CAC 40 va monter ou descendre. Mais si j’analyse bien le secteur de l’automobile, je peux anticiper que, par exemple, Peugeot fera mieux que Renault. Pour éliminer le risque inhérent au CAC 40, il me suffit d’acheter à terme des actions Peugeot, et de vendre à terme des actions Renault. Si le CAC 40 monte, je gagne sur Peugeot et je perds sur Renault, s’il descend je gagne sur Renault et je perds sur Peugeot. Mais tant que Peugeot fait mieux que Renault (monte plus si le marché monte ou descend moins si le marché baisse), je suis gagnant.

    À l’origine, le hedge fund combine des positions « spéculatives », vente ou achat à terme, pour créer une position a priori moins risquée qu’un investissement classique en bourse.

    Mais la tentation est forte de faire un pari sur le marché (je suis sûr qu’il va monter, pourquoi me « couvrir » en vendant du Renault), et elle sera d’autant plus forte que le coût du crédit pour financer les paris est faible.

    Les premiers hedge funds gagnaient bien leur vie sans faire de paris insensés, mais la concurrence entre hedge funds se développant, il a fallu prendre de plus en plus de risques…

    Boum patatras !

  • Aristote a écrit : « Boum patatras ! ».

    … Plus ou moins. C’est n’est pas tant la stratégie de leverage ou de paris risqués de ces Hedge Funds qui a conduit a leur effondrement. Certains de ces fonds ont eu ces stratégies extrêmement risqués et en ont été fort récompensés (comme le fonds Paulson qui pariait sur la baisse des cours).

    C’est davantage ce que l’on appelle, en bon anglais, les rédemptions (pas la Rédemption, Koz, qui est toute autre chose et dont il n’est pas dit que les financiers s’en soucient). Les rédemptions, ce sont les demandes de retrait de cash de ces fonds d’investissements (les clients qui leur avaient confié des sous veulent les reprendre) et comme tout le monde veut retirer son argent au même moment… patatras boum !

    Mais je suis évidemment bien d’accord a vous, Aristote, pour reconnaître que les raisons de la crise sont loin d’être annulées par ces « déclarations » du G20. Il est beaucoup plus facile de crier haro sur les Hedge Funds et consorts, que de faire œuvre politique d’éducation des foules (« on ne pourra pas éternellement dépenser davantage que l’on ne gagne »). Sur ce plan hélas crucial, les conclusions du G20 sont des plus minces…

  • M’sieur Aristote, SVP, ce suspense est insoutenable.

    Pour ceux de la classe vraiment collés au radiateur, pourrait-on avoir le chapitre II des hedge funds expliqués aux Nuls?

    Et alors, les hedge funds, ils ont pour prendre des risques emprunté des liquidités qu’ils n’ont pas pu rembourser aux banques qui s’en sont trouvées déconfites? C’est ça ou autre chose?

    Et qui a encore des liquidités maintenant? Les Chinois? Nous, avec nos lessiveuses bourrées de napoléons?

  • henri a écrit:

    Certains de ces fonds ont eu ces stratégies extrêmement risqués et en ont été fort récompensés (comme le fonds Paulson qui pariait sur la baisse des cours).

    Certes, mais la variance augmentant, d’autres fonds ont eu des performances abyssales. Cela dit, il y a autant de variétés de hedge funds que de parfums de glaces chez un glacier de bord de mer, il est donc vain de prétendre identifier LA cause. Et facile de les charger de tous les maux.

    Bien à vous.

  • Voiture du Peuple a écrit:
    « Et alors, les hedge funds, ils ont pour prendre des risques emprunté des liquidités qu’ils n’ont pas pu rembourser aux banques qui s’en sont trouvées déconfites? C’est ça ou autre chose? »

    Non, c’est bien ca. C’est ce que l’on appelle « se leverager »(cad : utiliser de la dette pour augmenter le retour des fonds). Les banques prêtaient a ces hedge funds sur la base d’une priorité sur les actifs en cas de problème. Mais la crise a été tellement forte et rapide que même le fait d’être en premier rang n’a pas suffit pour protéger ces préteurs bancaires des pertes des hedge funds (patatras boum, donc). A noter, c’est aussi parce que les modèles de toute l’industrie financière n’imaginaient pas un retournement aussi rapide et puissant sur les marchés. Sur les raisons de ce retrournement, il y aurait beaucoup a dire, comme l’indique Aristote dans son premier commentaire.

    « Et qui a encore des liquidités maintenant? Les Chinois? Nous, avec nos lessiveuses bourrées de napoléons? ». Oui, précisement les deux ! Mais toute la différence, c’est que de Sarkozy a Besancenot, les politiques auront tous bien du mal a aller chercher les liquidités chinoises en comparaison avec le fait d’aller se servir dans nos lessiveuses….

    Aristote a écrit
    « il est donc vain de prétendre identifier LA cause. Et facile de les charger de tous les maux. »
    Si vous me le permettez, pour abonder, je pasticherai : « Tu dis vrai, Aristote ».

  • Effectivement, ne surtout pas suivre l’avis de la majorité qui, comme chacun sait, n’est que l’expression de l’incompétence. La meilleure preuve en est que les  » deux cents familles » économiques qui peuplent les conseils d’administration n’ont fait que suivre ce mouvement majoritaire du rendement financier gagé sur un cash flow industriel en oubliant que le gain est un sous multiple du risque !

    Surtout ne pas se fermer les yeux car la plupart des entreprises en difficulté aujourd’hui l’étaient déjà avant « la crise » ou surfaient sur la vague spéculative des coûts de matière premières. La pyramide financière avait ceci de bon qu’elle cachait les piètres résultats de certains derrière les mouvements de fusion acquisition cession qui généraient les commissions et les effets de levier.

    La « crise » qu’on se tue à nous faire passer pour strictement financière et impactant « le monde réel de l’entreprise » ne me parait donc être que le recul des eaux avant le tsunami:
    Le vrai choc est à venir car c’est celui de la refondation en cours des pôles économiques mondiaux avec l’inclusion de l’Asie comme acteur majeur et le recul possible de l’Europe malgrè sa belle figuration au G20.

    Il y a là gigantesque matière à spéculation et les « délocalisations » n’en sont, hélas, qu’un amuse gueule avant les grandes manœuvres:
    le jour où l’Asie se mettra, elle aussi, à spéculer …….

    Alors oui bravo Sarkozy / Merkel, il fallait malgré tout le faire car l’homme se nourrit toujours des images qu’il espère et nous sommes en crise d’image. Et puis il fallait bien permettre à B.Obama de briller.

  • Ouaip… bon, les Hedge ne sont pas responsables mais un peu quand même… mais surtout, le G20 a annoncé la fin des Hedge ou un meilleur contrôle des Hedge comme il m’a semblé l’entendre ? Parce que si c’est le cas, ne pourraient-ils pas être corrigés ?

  • Merci henri pour la réponse.

    Au fil des explications des uns et des autres, il semblerait donc envisageable, dans la série « Efforts de compréhension de la crise par un littéraire aux fins de sidérer ses enfants en bas âge le soir durant le dîner avant qu’ils ne s’échappent jouer à la Nintendo DS», de résumer la situation comme suit :

    1) Contrairement à la présentation à usage politique qui en est opérée par les gouvernants des puissances occidentales à destination d’opinions publiques déboussolées et furibardes, les hedge funds, les paradis fiscaux, les parachutes dorés des dirigeants et les commissions des traders, sans être constitutifs de paramètres anecdotiques, ne sont pas les uniques responsables de la crise. Cette dernière s’explique donc par une multiplicité de causes, dont certaines plus profondes.

    2) En entrant sans garanties suffisantes dans le jeu des hedge funds, dont beaucoup dissimulées dans des paradis fiscaux, avec l’opacité qui en résulte, presque toutes les banques, sur un plan mondial, ont couru après la grenouille, qui a dégringolé de l’échelle dans l’émoi général .

    3) Pour raison de consanguinité transfusionnelle, les organismes de contrôle en place, délibérément ou par aveuglement, ont magistralement fait faillite dans leur mission.

    4) En asseyant pendant des années leur prospérité sur la recherche prioritaire de profits purement financiers, les grandes entreprises industrielles et de services ont rajouté au pot.

    5) Le G20 vise à apporter à cette situation un certain nombre de correctifs.

    6) Nonobstant, personne ne sait vraiment de quoi l’avenir sera fait, sur fond de recomposition des hégémonies économiques, de problèmes environnementaux (les calottes polaires sont cuites), de migrations démographiques majeures et d’accession à l’armement nucléaire de puissances locales peu disposées aux conversation de salon.

  • Ce n’est pas tant les « hedge-funds » que le principe même de l’opération à terme à des fins de spéculation plutôt qu’à des fins de couverture, qu’il faudrait réglementer (ou interdire).

    Se couvrir, avec des opérations à terme, contre les variations de cours du blé, quand on est un producteur de blé, me paraît légitime et tend à réduire le risque global.

    Parier, avec des opérations à terme, sur les variations de cours du blé, quand on est une pure institution financière, me paraît créer du risque là où il n’y en avait pas, et devrait être étroitement réglementé (voire interdit, car contourner une limite est plus facile que contourner un interdit).

    Les contreparties des producteurs de blé ne pourraient être que d’autres vendeurs de céréales dont les cours « s’équilibrent », ou bien des chambres de compensation ad’hoc.

    L’une des causes de la crise me semble être le détournement d’outils de gestion de risque en outils de profit.

  • Ok pour les hedges fund.

    Je suis sans doute naif parce qu’incompétent, mais je m’attendais à ce que l’on encadre un peu la speculation (par exemple, en instaurant un délai mini entre achat et vente de titres, de 24heures, ou 1 semaine, ou 10 mn, peu importe) afin d’éviter les tentations d’aller retour.
    Je ne sais pas si c’est une cause de la crise, mais cette possibilité offerte par les technologies « modernes » ne me parait avoir aucune valeur ajouté en terme de capitalisme (financer les entreprises), à part faire briller le miroir aux alouettes et enrichir des purs speculateurs ?

    ?

  • @psam : Acheter et vendre de vrais titres, aussi rapidement que l’on veut, ne fait que contribuer me semble-t-il à la fluidité du marché, et je ne vois pas ce que cela aurait de répréhensible.

    En revanche « acheter et vendre des paris sur l’évolution du cours des titres » me paraît faire abusivement apparaître de la richesse à partir de « rien », et être l’exemple même de la sphère financière factice qui détourne la monnaie de l’économie réelle et qui pose (posait) des critères de rentabilité impossibles à atteindre dans la vie réelle.

  • Yogui a écrit:

    ne fait que contribuer me semble-t-il à la fluidité du marché, et je ne vois pas ce que cela aurait de répréhensible

    Je ne dis pas que ce serait réprehensible, je m’interroge sur les effets pervers de cette hyper-fluidité (hyper est à la mode) et de ses conséquences eventuelles sur la tentation de s’enrichir tres rapidement via la speculation ultra court terme, et donc de donner l’illusion que des rendements tres élevés sont possibles, et donc augmenter la décorrélation des valeurs boursières des valeurs des entreprises (dans un sens comme dans l’autre) et donc participer aux bulles financières et aux crises.

    Et je ne vois pas en quoi une fluidité un peu moindre du marché serait un obstacle aux objectifs du capitalisme (financer au mieux les meilleurs projets).

    Mais c’est peut-être un sujet tabou, ou pire, gauchiste ? A moins que ce soit un faux problème, voire pas un problème du tout.
    Mais je ne suis pas convaincu qu’acheter des titres à 10h23 et les revendre à 10h37 en ayant fait une plus value importante entre les deux, soit nécessaire à l’économie (sauf bien sûr, pour la City, Wall Street, …)

  • Yogui a écrit:

    « En revanche “acheter et vendre des paris sur l’évolution du cours des titres” me paraît faire abusivement apparaître de la richesse à partir de “rien”, et être l’exemple même de la sphère financière factice qui détourne la monnaie de l’économie réelle et qui pose (posait) des critères de rentabilité impossibles à atteindre dans la vie réelle. »
    Mille excuses, et bien respectueusement, mais votre remarque mélange un peu toutes les activités financières. En l’espèce, vous confondez marchés a terme et marché de capitaux.

    Les premiers sont des marchés permettant a des industriels de se prémunir contre des risques donnés (hausse ou baisse d’un cours, que ce cours soit celui du cacao, du pétrole ou de l’action Total. Dans ces cas, les marchés concernés sont les marchés de commodités, marché pétrolier ou marchés financiers. Et les industries liées agro-alimentaires, chimiques ou de gestion d’épargne). Ces marchés offrent en tout cas une valeur réelle a l’ensemble de ces acteurs industriels pour faire leur métier. Je crois qu’il faut arrêter de penser que les marchés financiers sont déconnectés. Il y a toujours a un moment une liaison avec l’économie que tout le monde appelle (abusivement) réelle.

    Les seconds sont des marchés de financement. Les critères de rentabilités dont vous parlez sont la rémunération du risque sous-jacent. Pour simplifier, un prêt bancaire n’est jamais loin d’une assurance ! Parce que la marge demandée par la banque n’est que l’inverse de la probabilité de défaut de l’emprunteur (5% de marge = 1 chance sur 20 de voir l’emprunteur faire défaut dans sa catégorie de risque). La rémunération dont on discute, c’est le moyen de payer le risque pris par un investisseur (selon sa place dans la structure depuis la plus sure, le prêt, a la moins sure, le capital). J’imagine que mis dans ces termes ca ne choque personne que tout le monde cherche sa plus grande rémunération… je ne crois pas que l’on puisse penser autrement sans tomber dans l’inefficacité !

    Enfin, pour ce qui est des rémunérations impossibles a tenir, je me souviens que Libéral nous expliquait récemment qu’il s’agit d’une quasi légende urbaine dans un commentaire ici ( https://www.koztoujours.fr/?p=3292) au Commentaire 27. (Si ca c’est pas de la mémoire institutionnelle chez Koz, je ne sais pas ce que c’est 🙂 )

  • henri a écrit:

    Les premiers sont des marchés permettant a des industriels de se prémunir contre des risques donnés

    Mon point est justement que ces marchés ont été détournés de cette louable finalité.
    Des financiers interviennent sur ce marché alors qu’ils n’ont originellement aucun risque contre lequel se prémunir. Ils font le pari que les cours vont évoluer dans un sens donné. Faisant ce pari, ils créent en effet un risque pour eux-mêmes, là où il n’y en avait pas. C’est un facteur d’instabilité.

    henri a écrit:

    Les critères de rentabilités dont vous parlez sont la rémunération du risque sous-jacent.

    En effet. Mais quand je crée moi-même ce risque (cf ci-dessus), les niveaux de rentabilité que je peux atteindre pendant un certain temps si je parie « bien » (ie : si je participe à la construction d’une bulle) ne devraient pas être comparés, ni mis en concurence, avec la rentabilité d’une activité industrielle « réelle ».

  • Yogui a écrit:

    En effet. Mais quand je crée moi-même ce risque (cf ci-dessus), les niveaux de rentabilité que je peux atteindre pendant un certain temps si je parie “bien” (ie : si je participe à la construction d’une bulle) ne devraient pas être comparés, ni mis en concurence, avec la rentabilité d’une activité industrielle “réelle”.

    C’est totalement évident. Sans compter que le fameux effet de levier ne risque pas d’entraîner uniquement le fond mais les organismes prêteurs avec lui par un effet domino qui peut être dévastateur pour des pans entiers de l’économie. Sans parler des diverses attaques dans le passé sur des banques centrales qui n’ont pas été sans conséquences pour certains pays sur le marché asiatique par exemple. Que dire de l’opacité des fonds, nécessaire à leur stratégie, peut être, mais source soit de criminalité directe soit de système de blanchiment. Quand une activité devient nuisible elle doit être soit interdite soit réglementée/corrigée.

    En fait, ce qui est très désagréable dans ces débats sur la crise, et vous pouvez aller sur n’importe quel blog ou forum, le même phénomène s’y reproduit à l’infini, c’est que quiconque avance une explication et une solution, elle est immédiatement démontée par « quelqu’un » qui sy connait mieux que les autres et qui prenant un point de détail et en oubliant pas mal d’autres, vous explique que votre point de vue est forcément faux.

    Et lorsque les arguments sont épuisés, on en revient à ce qui semble tout justifier, à la formule qui vaut absolution contre toutes les logiques financières, la « fluidification du marché ». Et bien je vais vous dire un truc vrai en termes de micro économie, le trafic de dope, dans les cités, localement, il fluidifie le marché.

  • @ Eponymus, difficile de ne pas prendre a cœur votre dernier commentaire, non qu’il me soit adressé personnellement évidemment (enfin, je l’espère). Mais vous me voyez assez chagriné de passer a vos yeux pour un « passeur de dope », une sorte de fanatique du libéralisme/capitalisme, de surcroit peu regardant sur l’origine de l’argent que nous gérons dans nos fonds.

    En fait, je vous avoue ma surprise sur la tonalité même sur votre dernière remarque. Ni voyez (vraiment) pas une tentative de victimisation (dans un réflexe corporatiste de défense de mes comparses financiers), mais plutôt mon grand étonnement de voir une partie de cette industrie financière réduite a une activité fondamentalement « nuisible » pour la société. Sans doute est-ce naïf de ma part, mais vraiment je ne comprends pas ce divorce entre la finance et le reste du monde.

    J’espère que vous pardonnerez mon retour sur la forme davantage que le fond. Je vous assure y travailler, en réponse a Yogui et vous-mêmes.

    Bien cordialement.

  • henri a écrit:

    Sans doute est-ce naïf de ma part, mais vraiment je ne comprends pas ce divorce entre la finance et le reste du monde.

    En ce qui me concerne, je l’avais déjà un peu évoqué, et je pense que cela peut tenir à l’incompréhension assez généralisée des mécanismes financiers.

    En temps normal, l’individu lambda ne comprend pas ces questions financières. Ces trucs lui passent au-dessus de la tête et on lui dit : t’occupe, c’est pour ton bien. Jusqu’au jour où le système que ledit individu trouvait branlant éclate. Là, le sentiment qu’on le renvoie à son incompétence pour lui expliquer qu’il ne comprend pas que la finance n’est pas responsable agace encore un peu plus.

    Pour prendre un exemple dans une discipline qui m’est plus familière, c’est exactement la scène des Trois Frères dans le bureau du notaire, quand ce dernier leur explique qu’en fait, ils n’ont plus rien, et qu’ils lui collent des baffes à chaque mot incompréhensible…

  • Koz a écrit:

    Pour prendre un exemple dans une discipline qui m’est plus familière, c’est exactement la scène des Trois Frères dans le bureau du notaire, quand ce dernier leur explique qu’en fait, ils n’ont plus rien, et qu’ils lui collent des baffes à chaque mot incompréhensible…

    Excellent ! Surtout que… si je me souviens bien du film, c’est suite à une erreur du notaire (un délais) que l’argent leur passe sous le nez.

  • henri a écrit:

    Mais vous me voyez assez chagriné de passer a vos yeux pour un « passeur de dope », une sorte de fanatique du libéralisme/capitalisme, de surcroit peu regardant sur l’origine de l’argent que nous gérons dans nos fonds.

    Euh Henry, excusez moi de vous demander pardon mais je pense que vous surjouez un peu l’indignation personnelle. Les points que j’ai relevé sur les hedges sont de notoriété publique, je veux dire, y compris dans les magazines financiers spécialisés. Et la fluidification du marché peut être obtenue par d’autres moyens que des systèmes qui intrinsèquement sont porteurs de risques qui dépassent leur propre sphère d’impact. C’est un peu comme si un joueur de poker en perdant, faisait perdre la ville dans laquelle il habite. On lui demanderait un jour de ne plus jouer ou de trouver un autre moyen de subsistance. Ou de jouer plus intelligemment en tout cas. Le coup de la dope, c’est que l’économie parallèle dans les cités fluidifient bel et bien le « marché » localement. C’est même une des raisons du laxisme de certains. Maintenant, il y a surement d’autres moyens de fluidifier l’économie dans ces lieux. Comme il existe certainement des moyens moins porteurs de risques et d’impact sur l’économie mondiale. Comme aussi, il existe certainement des principes sous jacent à l’économie qui ne sont pas respectés pour en être arrivé à cette crise ou même aux raisons intrinsèques de celle-ci.

  • Je veux bien Eponymus, mais de deux choses l’une en ce qui concerne ces excès (blanchiment, risques inconsidérés, aléa moral, nature désordonnée de la matière financière, etc…)

    Ou bien vous croyez ces excès sont limités. Et dans ce cas mon indignation est feinte et surjouée. Mais alors votre « accusation » ne tient pas, parce que compte tenu des montants, ces excès limités n’auraient surement pas provoqués la crise actuelle. Donc on re-moralise ce qui aurait sans doute du l’être et depuis fort longtemps, mais on ne s’attaque pas aux raisons premières de la crise.

    Ou bien vous croyez ces excès sont d’une nature intrinsèque a l’ensemble des marchés, ce qui explique l’étendue de la crise, et dans ce cas je fais bien de m’indigner… sauf que je suis un grand hypocrite car alors je saurai en mon for intérieur que je blanchis a tout va, que je prends des risques inconsidérés, que je me tamponne de la société… bref globalement que j’ai vendu mon âme, mais pour un bon prix.

    Que croyez-vous que je pense ?

  • henri a écrit:

    Ou bien vous croyez ces excès sont limités.

    Oui bien sur. On parlait des hedge. Il ne s’agit pas d’un défaut intrinsèque du marché. Ni même de la raison pourquoi les hedge ont été créés en premier lieu. Donc vous surjouez 😉

    Mais ceci dit, on peut prendre les hedges, on peut prendre la spéculation sur les MP dans l’agro, la bulle immobilière, que sais-je, on observe partout le même phénomène qui fait que les spécialistes vous expliquent que finalement le système est « tel qu’il est ». La spéculation est source de profit pour tout le monde. Il n’y a aucun problème à faire du short short term, les shortages ne sont jamais au grand jamais artificiellement organisés (par les financiers ou par les politiques) en vue d’assurer des profits spéculatifs, il est normal qu’une banque joue des milliards à risque au casino et sur du vent relatif mais refuse de financer la boîte dont le patron s’est suicidé (cf billet de Koz) ou de l’économie réelle sous forme d’entreprises en formation parce que ce serait bien trop « risqué », etc.

  • Jusqu’où peut-on comprimer les revenus du travail en dilatant les revenus du capital et soutenir la demande grâce au crédit ?
    Les consommateurs américains qui tirent les exportations chinoises et la croissance mondiale pourront-ils indéfiniment dépenser plus que ce qu’ils gagnent ?
    Jusqu’à quand les pays exportateurs et en particulier les Chinois vont-ils financer sur la base du dollar la dette des pays déficitaires comme les USA (surtout si la planche à billets n’en finit pas de tourner) ?
    Peut-on maintenir indéfiniment la croissance mondiale sans artifices sur une planète dont les ressources sont limitées ?

    J’ai bien peur que les Obama (comment lâcher Wall Street quand la moitié des bénéfices des 500 plus grandes entreprises américaines sont issus de l’ »industrie » financière ?) et les Sarkozy (« je dois reconnaître que le président Obama m’a aidé à convaincre le président chinois et je le remercie pour son travail ») aient choisi de laisser à leurs successeurs voire à la prochaine génération (si ça tient jusque-là) le soin de répondre à ces angoissantes questions. Ce ne doit pas être leur job… Mais si l’histoire, arrivée à un tournant, venait à s’accélérer, elle pourrait bien les rattraper.

  • Ce qu’il y a de formidable, avec ce sommet du G20, c’est que, un an après que Fillon aie déclaré avoir « gagné la guerre idéologique » avec ses R Responsabilité, Réussite,etc …

    ce sont les R qui étaient des « gros mots » quand la Gauche les prononçait: Régulation, Répartition, Réforme du Capitalisme, voire ceux qu’elle n’osait pas: Refondation du Capitalisme, qui deviennent des mots vertueux, porteurs… Révolution?

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