Morano no… Mais Blanc, si

L’ajustement est annoncé. Commentaires rapides.

L’entrée de Nadine Morano est confirmée. Difficile de se l’expliquer. De quelles performances peut-elle se targuer ? Comme le disait un bien informé Assistant Parlementaire, on peut déjà considérer étonnant qu’un ministre battu aux municipales puisse rester au gouvernement, lorsqu’un ministre battu aux législatives avait dû le quitter. On trouvera encore plus étonnant qu’une députée arrivée troisième à Toul soit choisie pour l’intégrer .

Je ne parviens à le comprendre qu’en raison d’un style populaire dont on peut escompter qu’il plaise à quelques français. Mais le calcul n’est même pas certain. On en veut pour preuve l’opinion des habitants de sa propre ville.

Un temps, j’ai craint que Jean-Marie Bockel ne soit bien mal récompensé de son ouverture, en se voyant attribuer un portefeuille limité aux Anciens Combattants. Non que je ne les respecte pas, mais il ne s’agit pas spécialement d’un portefeuille incontournable. Le voilà Secrétaire d’Etat à la Défense et aux Anciens Combattants, ce qui est déjà mieux, paraît davantage convenir à ses sujets de prédilection, et devrait lui permettre d’être davantage présent en France.

Eric Besson voit son portefeuille étoffer par le « développement de l’économie numérique ». Il n’y aura pas de Secrétariat d’Etat aux Nouvelles Technos. Ce n’est pas forcément un mal, et on peut considérer que la prospective et le développement de l’économie numérique sont susceptibles de faire bon ménage.

Mais le morceau de choix est l’intégration de Christian Blanc, dont on pouvait fortement regretter qu’il n’ait pas été intégré d’emblée, et qui rejoint le gouvernement lorsque la barque tangue. Le voilà chargé du développement de la « Région Capitale ». Intitulé un peu étonnant, peut-être choisi pour ne pas évoquer trop directement Paris. Lui qui avait remis un rapport sur le développement du Plateau de Saclay, trop rapidement mis sous le boisseau, aura peut-être l’occasion d’œuvrer à sa mise en place, outre le développement de ce qu’il est convenu d’appeler le Grand Paris.

A l’exception, donc, de l’entrée de Nadine Morano, qui me contrarie quelque peu, de quelques réserves que le temps confirmera ou infirmera, et d’une relative ignorance de Monsieur Joyandet, voilà un ajustement sobre et convenable. La non-entrée de Lang est confirmée. Voilà une langue qui se sera usée en vain.

56 commentaires

  • Ouf !

    En lisant le titre du billet, j’ai cru un instant qu’il s’agissait de Jacques Blanc…

  • Excellente l’arrivée de Christian Blanc, j’avais pour ma part, également, été décue qu’il n’ait pas été choisi plus tôt!

  • Blanc est effectivement un homme de compétence, un morceau de choix.

    Dommage que NS n’ait pas pris Lang, ça aurait débarrassé la gauche.

    Dommage que NS n’ait pas pris Allègre, ça aurait embarrassé la droite.

    Zarbi, le coup de Morano.

    Mais moins que d’avoir offert la Villa Médicis à Benamou-les-ortolans pour récompense de ses mauvais services.

    Ce haut lieu de la culture française à l’étranger mérite mieux qu’un fat prêt à trahir pour le maître du jour. Il se fait bâcher d’importance par Olivier Poivre d’Arvor, dont on ne sache pas qu’il soit un affidé du PS.

  • D’accord avec Eponymus, la non-entrée de Claude Allègre n’est pas anodine et me fait pousser un ouf de soulagement. Certes il ne dit pas que des conneries mais il avait réussi le tour de force de se mettre tous les profs à dos ainsi que les chercheurs et l’ensemble de la communauté scientifique. Il est des recrues encombrants dont il est préférable de se passer.

  • Morano ? C’est une des rares que j’ai vu se battre vraiment pour défendre Sarkozy et l’UMP avec fougue … Que son style peut agacer je le comprends, mais je pense que si les autres membres de l’UMP montraient autant d’entrain pour défendre leur camp …

  • christian blanc, pourquoi pas?
    mais un secrétariat d’état à paris, à la région capitale!

    alors que nous avons déjà un maire, un président de région, etc…
    j’ai l’impression que nous allons encore être la risée des autres pays, même en Italie, avec le gouvernement Prodi pléthorique,
    je n’ai pas l’impression qu’il y aie eu un secrétariat à Rome,
    pourtant berceau de notre civilisation
    il faut dire que romano et walter sont du même parti….

  • … et que l’Italie n’est pas un exemple politique.

    Verel : oui, enfin. J’espère qu’il aura les moyens de son action. Je regrette que, parmi les secrétaires d’Etat nouvellement nommés, seuls Luc Chatel et Yves Jego participent à tous les conseils des ministres. Cela s’explique par leurs attributions, certes, mais je trouve dommage, en comparaison, de se priver de Blanc.

    Fort heureusement, N. Morano n’est pas de ceux qui assisteront à tous les conseils.

    Margit, oui, Nadine Morano a cette ardeur militante. Mais elle adopte trop de positions à l’emporte-pièce, pas toujours (mais c’est une lapalissade) très réfléchies…

  • Je suis aussi très content de l’entrée de Christian Blanc, mais très déçu de ce qui lui a été attribué. Husson et Delanoë qui sont du même parti, et, de surcroît, du même courant au sein du PS ne parviennent déjà pas à s’entendre, alors, ajouter un interlocuteur de plus, ça sent l’usine à gaz à plein nez.
    Ce type a une vraie compétence, et contrairement à plein d’hommes politiques français, il a voyagé et observé les pratiques des autres pays, dans le domaine économique, et pas seulement dans les pays anglo-saxons.

    Qu’attend donc Sarko pour le bombarder à l’industrie et au commerce, bon sang, voire à Bercy.

    C’aurait été la seule bonne nouvelle de ces dernières semaines, mais on a même pas ça…

  • Les rumeurs autour de Claude Allègre ont fichu un bordel monstrueux dans le ministère concerné (enfin, l’un d’entre eux). Les gens tiraient des tronches de 10 pieds de long dès qu’on esayait d’envisager une réunion au-delà des municipales. Genre « IL » va revenir. C’était très drôle.
    Depuis le premier tour, le téléphone recommence à sonner entre les services, ça se remet à bosser de façon constructive.
    Aujourd’hui à midi chez un commerçant du quartier, il s’inquiétait de savoir si on allait pas lui révolutionner sa clientèle, après les municipales « oui on disait, vous comprenez ».

    Sinon il y a Anne-Marie Idrac aussi, quand même, avec C. Blanc. C’est qqn de bien.

    De toute façon, ni Allègre, ni Lang, je suis drôlement contente.

  • blanc sur la région capitale….
    peut être s’agit il de mettre en orbite un homme
    pour reconquérir la région ou la capitale
    on verra ce qu’il arrivera à faire émerger
    sur le plateau de saclay

    à propos avec les nouveaux secrétaires d’état
    cela fait combien de membres au gouvernement?
    je n’ai trouvé l’info nulle part, tous les médias
    se contentent de relayer le communiqué présidentiel…
    alors j’ai fait mes petites additions:
    1 PM+15 M+15SE+1HC+6SE=38!
    et combien de femmes?
    gouvernement resserré, parité,
    encore deux engagements du président
    à interpréter très librement….

  • « Je ne parviens à le comprendre qu’en raison d’un style populaire dont on peut escompter qu’il plaise à quelques français. Mais le calcul n’est même pas certain. On en veut pour preuve l’opinion des habitants de sa propre ville. »

    C’est oublier que l’électeur abêti par TF1 souhaitera toujours qu’on fasse à autrui ce qu’il veut surtout qu’on ne lui fasse pas subir à lui.

    Avec la création du Ministère de l’Identité Nationale, Nicolas Sarkozy a fait profession d’infliger aux « autres » ce qu’il se refuserait d’infliger aux français.

    Aussi est-il logique qu’un fidèle de Sarkozy craint par ses voisins soit recruté au gouvernement pour faire croire au bon peuple que les profiteurs et autres impies vont en chier : fini le regroupement familial, fini les allocs pour les glandus !

  • rectification, sauf erreur:
    36 ministres, secrétaires d’état, haut commissaire:
    23 hommes, 13 femmes…
    sans compter le président….
    à peu près 2/3 H et 1/3 F ….

  • heureusement qu’on n’ait pas Allègre. remarque, les Conseils des ministres auraient été comique avec Borloo: « nan y a pas de réchauffement », «  »sisi y en a un », « nan », « si ».
    Mettre Blanc sur la Région Capitale, c’est soit casser les pieds de Huchon et Delanoé soit créer un eurodistrict encore plus grand et fort que celui de ce crétin de Ries à Strasbourg :-p (cf billet précédent). Mais pour cela il aurait mieux valu mettre un scud ou un kamikaze qu’un gars dont les compétences seraient bien mieux utilisées ailleurs. C’est un peu comme si on mettait Louis Gallois aux anciens combattants.

  • Plus que de remaniement, il convient plutôt de parler d’élargissement et de rééquilibrage.

    Elargissement car le concept d’équipe gouvernementale resserrée a fait long feu: pas de changement aux postes clés, création de secrétariats d’Etat supplémentaires.

    Rééquilibrage car après avoir joué l’ouverture, qui n’est pas remise en cause, le gouvernement s’ouvre plus large à l’appareil du parti UMP: Sarkozy et Fillon jouent manifestement la carte de ressouder la famille politique, ce qui paraît pertinent après les réactions à l’ouverture et l’abstention constatée à droite aux municipales. Les profils de Jego ou Morano visent probablement plus spécifiquement les partisans de la droite dans l’électorat populaire.

    Une curiosité: l’arrivée à la Famille d’une secrétaire d’Etat favorable au mariage homosexuel.

    Une frustration: qu’un talent comme Blanc ne se voit pas confier une responsabilité de rang supérieur. J’ai personnellement bien du mal à capter la finalité de la mission « Région Capitale ».

  • Avec Allégre et Lang, je suis content aussi que P. de Villiers n’entre pas…
    Il aurait noirci le casting…

    Suis quand même un peu surpris de la délocalisation de Bockel.

    Et content pour Wauquiez.

  • Ce qui me plaît, c’est ceci :http://www.lefigaro.fr/politique/2008/03/18/01002-20080318ARTFIG00473-le-cyber-espion-de-l-elysee-deja-star-du-web.php
    Il va peut être enfin y avoir du nettoyage dans les informations.
    Bien sûr nombre de diffamateurs et lyncheurs en tous genre râlent, mais nettoyer les écuries d’Augias me paraît plus que nécessaire.

    Et je regrette Allègre, parce que justement, j’aime son style : « dégraisser le mammouth » est certes une formule à l’emporte pièce mais correspond exactement à ce qu’il faudrait faire.
    Il ne faut pas oublier non plus que sa collaboratrice n’a pas été très efficace et qu’elle est peut être pour quelque chose dans le mauvais fonctionnement de son ministère.
    On a parfois besoin d’anticonformistes et tout ce qu’il dit est loin d’être idiot.Notamment son point de vue sur le réchauffement climatique m’interpelle.
    ce n’est pas là le sujet, mais il ne nie pas le réchauffement climatique. Il nie que ce soit uniquement au fait de l’homme et au dégagement de CO2. Et franchement, je crois qu’il n’a pas forcément tort. Simplement cette notion du tout humain donne à croire que l’homme peut maîtriser la nature et les cycles terrestres, pauvre humain mégalo, qui se plaît à croire à sa toute puissance…
    Et en plus , mon côté obscur ( réf à Jung ) abrite un petit côté sadique : j’aurais aimé que nos fonctionnaires et/ou enseignants en bavent un peu!

    Je suis ravie de l’absence de Lang.
    Quant aux autres, je n’ai pas suffisamment de connaissances en politique pour donner un jugement objectif.

    Quant à la parité, j’avoue que c’est un sujet qui m’indiffère.
    D’autant que les femmes capables et ayant vraiment envie de s’investir dans la politique sont peu nombreuses.
    Déjà , au niveau local, j’ai vu combien c’était difficile de mobiliser mes consoeurs. (il est vrai que je ne suis pas franchement convaincue moi même )
    c’est le cadet des soucis de nombre de femmes , qui ,n’ont pas, pour beaucoup, le même rapport avec la puissance et la gloire que les hommes.
    1/3-2/3 me paraît tout à fait représentatif des goûts de nos concitoyens(nes)
    Et ce gouvernement, même s’il s’est étoffé n’est encore pas pléthorique par rapport à certains gouvernements passés. Me trompai je ?

    Ce qui me gêne le plus : non pas une ministre favorable au mariage homosexuel mais plutôt le fait qu’elle soi pro euthanasie. Pour moi, ça, c’est un truc qui ne passe pas.

  • @francis : Il faut trouver la juste mesure entre compétence et sexe. J’ai quand même le sentiment que pour certains postes, il faut privilégier la compétence. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de femmes compétentes mais qu’il y en a proportionnellement moins qui sont à des postes élevés et qui plus est, aiment la politique. Donc respecter cette histoire de parité est un peu stupide.

    Quand je vois que sur certaines listes municipales on suppliait certaines femmes de s’engager pour respecter la parité (en leur disant que de toute façon elles ne seraient pas élues), il y a vraiment d’autres choses plus importantes que de s’attacher à certaines idées pas très cohérentes, ni réalistes sous couvert de socialement correct.

  • Moi qui croyais suite à la lecture du blog de Jean-Michel Aphatie qu’on aurait Allègre (pourquoi pas mais cela n’aurait pas plu à Borloo) et surtout Villiers (encore pire que Morano !)… J’étais complètement à côté de la plaque.

  • Assez d’accord avec toi Koz : je suis content que Blanc rentre au gouvernement. Mais malheureusement pas là où il devrait être. Je trouve ce secrétariat inutile et doublon.

    Pour Morano, je sais pas quoi penser. Elle est assez turbulente et je ne suis pas sûr que l’on avait besoin d’une nouvelle trublionne dans les équipes. Reste qu’elle est apparemment assez ouverte sur les questions familiales. Je lui laisse le bénéfice du doute.

    Et je suis heureux que ni Allègre ni Lang ne soient de la partie. Faut pas déconner non plus !

  • 😉 Oui je m’en serais douté ! Bah, on la verra à l’ouvrage… si même nous gens de droite on se met à faire des procès d’intention et qu’on disqualifie d’entrée, on est foutraque comme dirait Asko !

  • Je remarque que le sens critique de certains progressent aujourd’hui… Je n’arrive même pas à comprendre ce que l’on peut percevoir d’intéressant dans ce gouvernement. Pour ma part, le bilan est très négatif :

    – c’est un repli sur le clan sarkozyste : comme magrit le reconnait ici, Jégo, Morano et même Joyandet sont de très fidèles zélotes du sarkozysme. J’ai été effaré que certains hier aient pu présenter Ch. Blanc comme un ministre d' »ouverture » alors que le temps d' »Energie démocrate » est déjà bien loin et que son ralliement à l’UMP est total. Bien sûr que le retour aux sources après une défaite aussi cuisante n’est pas une nouveauté de Sarkozy mais elle est où, la « rupture » ?

    – c’est un renoncement à l’un de ses engagements de campagne que j’approuvais : un gouvernement « resseré » (autour de 15 Ministres) et avec un redécoupage ministériel plus clair. Or, on atteint (avec 38 membres du gouvernement) les records de maroquins et surtout on invente des intitulés totalement bidons, la palme étant bien sûr celle du portefeuille de Blanc… Une vraie blague (pas drôle toutefois) ! Pourquoi pas un secrétaire d’Etat au Grand Lyon ou au Grand Marseille ? Par ailleurs, les chevauchements recommencent dans tous les sens : quelle est la compétence réelle de Marleix, sinon de charcuter à nouveau la carte électorale par rapport à Falco ou par rapport à l’Industrie ?

    – c’est la promotion au « mérite »… Morano sévèrement battue à Toul, Blanc aussi au Chesnay… Et dites-moi, ça ne vous chatouille pas un peu tout ça ?

    Et je ne parle même pas du choix en soi catastrophique de Morano, qui est d’une vulgarité confondante. Franchement, je ne vois pas comment on peut être satisfait d’un tel gouvernement…

    Enfin, je remarque avec délectaction que tous les chantres de l' »ouverture » d’hier se font désormais les opposants acharnés à toute entrée, y compris d’Allègre au gouvernement…

  • On a toujours besoin d’un censeur pour vous délivrer des satsifecit. Merci Fx_Perreti d’endosser le rôle.

    Pour le reste, évitez donc d’employer les termes même de Rebsamen. Cela crédibilisera vos appréciations quant au sens critique des autres. Idrac, Falco, Blanc ne sont pas spécialement du « clan sarkozy ». Quant à Joyandet, grand dieu, Nicolas Sarkozy et François Fillon se sont mis d’accord sur le nom d’un ministre qui apprécie Sarkozy et la politique menée. C’est vilain, ça, très vilain. Ca vaut bien de l’appeler « zélote », au demeurant. Ce genre de termes vous qualifie probablement pour donner des leçons d’ouverture.

  • @thais et tara,
    sur le nombre de ministres ou sous-ministres,
    comme sur la proportion de femmes,
    ce que je critique, c’est surtout des annnonces que NS a beaucoup mises en valeur durant sa campagne (gvt resserré, parité stricte) et qu’il abandonne progessivement et discrètement…

  • A propos de Morano @London, le billet tourne autour du pot. C’est justement en raison de cette « ouverture » sur les questions familiales (mariage homosexuel etc…) que Koz s’interroge soudain sur la présence au gouvernement d’un candidat défait aux élections municipales. Curieusement celle de Xavier Darcos ne pose pas problème.

  • Vous lisez dans les boules de cristal, MamboJoel ?

    Je n’ai pas pour habitude de cacher mes convictions, notamment pas sur ces sujets. Si j’avais connu ces positions hier, il est très probable que j’aurais rajouté une ligne à mon billet.

    Quant à Darcos, je lui fais crédit de sa compétence. Et il était déjà en place.

  • La Région Capitale, un sujet secondaire? Vous rigolez, tous? C’est une question qui ne sera tranchée que par le pouvoir central, et choisir une personnalité à la fois compétente et consensuelle pour mener à bien cette impossible mission n’est pas idiot du tout.

    Sans compter que s’il est à ce poste, c’est probablement qu’il l’a souhaité lui-même; il n’est pas du genre à aller à la soupe pour n’importe quel portefeuille.

  • @ Koz,

    c’est assez drôle que vous me reprochiez de reprendre les propos de Rebsamen (que j’ai découverts grêce à vous d’ailleurs) tandis que vous repreniez il y a quelques jours in extenso une tribune mensongère de Devedjian parue dans le Figaro. Ca a d’ailleurs déclenché ma première réaction sur votre blog…

    Je ne comprends pas pourquoi vous m’élevez en censeur alors qu’il me semble que j’émets des critiques sur le sens politique de ce remaniement et ses répercussions adminstratives.

    J’étais par exemple favorable au rappprochement de l’Emploi et du Ministère de l’Economie et des Finances (une vieille revendication de DSK d’ailleurs). Non seulement cela ne s’est jamais passé dans les faits mais cette fois-ci, on atteint des sommets de grand n’importe quoi avec pas moins de 7 Ministres à Bercy dont pas un seul n’est censé s’occuper officiellement des Finances (qui disparait des attributions de Lagarde). Encore une fois, tout cela sent l’improvisation la plus totale, alors que la définition stricte des périmètres ministériels permettrait de sérieux gains de temps… et d’argent. Au fait, près de 40 membres du gouvernement, ça ne vous gêne pas ? Je croyais que les « caisses étaient vides »…

    Encore une fois, qu’on ne vienne pas me répéter ensuite que la droite est « bonne gestionnaire »…

    Ca vous paraît être un discours de censeur ça ?

  • Vous percevez, fx, la différence qu’il y a entre citer quelqu’un (ce qu’il m’arrive de faire même pour des personnalités de gauche, si, si) et intégrer suffisamment son propos pour le reprendre sans même le citer ?

    Quant au qualificatif de « censeur », reprenez la première phrase de votre commentaire. Mais, en bref : que chacun se charge de son propre esprit critique.

  • Mais n’imaginez-vous pas que ces ces désaccord que vous avez avec Nadine Morano aient pu renforcer la méfiance que vous avez à l’égard des candidats vaincus bien que ces deux choses n’aient aucun lien, aux émotions près?

    C’est justement parce qu’on est habitué ici à plus de franc parler que je n’ai pas compris que la critique se borne à cette défaite à Toul. A en croire qu’en cas de victoire vous ne lui auriez toujours pas reproché ses positions mais par exemple le cumul des mandats; et si elle avait les mêmes idées auriez-vous fait état de ces considérations électorales?

  • Je suis flatté que tu ne penses pas imaginable que je n’ai pas connu ou retenu les positions de Morano sur ces sujets. Elle n’est pas, pour moi, une autorité politique de référence. Dans le cas contraire, je n’aurais eu aucune difficulté à faire part de mes réticences sur ses positions.

    Pour le reste, il y a dans ce billet ce que je pense : je n’apprécie pas sa façon de faire de la politique, ses propos fracassants souvent malvenus (je pensais surtout à sa proposition de prévoir la possibilité de rétroactivité de la loi pénale dans la constitution), et je ne trouve pas qu’elle ait le niveau pour être au gouvernement.

    Ajoutons à cela sa taule à Toul, effectivement, ça ne fait aucune raison de l’y nommer.

    Mais, effectivement, je peux maintenant ajouter à cette liste ses positions sur l’euthanasie et l’adoption par les homosexuels, qui me rendent encore plus désagréable sa nomination comme Secrétaire d’Etat à la Famille.

  • Et sinon, Koz, sur le fond du commentaire de FX_Perretti, tu n’as rien à dire ? Il me semble qu’il pose de bonnes questions, comme par exemple, si cela ne gêne personne de voir 40 membres du gouvernement, au lieu des 15 promis ? Et si cela ne pose pas des questions en termes de gestion (les caisses sont vides pour qui en fait ?) ?

  • @ Koz,

    – je ne parlais de votre sens critique mais notamment de celui de certains des commentateurs ;

    – pour revenir à Morano, pour le coup, je comprends tout à fait votre point de vue et je ne suis pas loin de le partager. Je n’ai pas voté pour Sarkozy, vous l’aurez compris mais je comprends qu’en ayant voté pour lui, un certain nombre de personnes aient pensé que ni l’adoption (mais aussi le mariage) homosexuel ni l’euthanasie ne seraient autorisés. Royal avait au contraire fait des propositions très claires sur ces deux sujets.

    Mais aujourd’hui, voilà que la secrétaire d’Etat à la Famille, que l’on n’aurait pas du nommer pour d’autres raisons, pense en outre rigoureusement le contraire de ce que le candidat a promis. C’est pour moi un problème que l’on retrouve dans tout le sarkozysme de manière générale et qui déroute les électeurs de droite honnêtes avec leurs convictions. Après une campagne bien à droite « voulant liquider Mai 68″, on recrute des personnes qui se situent dans un registre très différent. On hésite, on tergiverse, on donne un signal puis un autre, c’est illisible.

    Et cela est visible dans tous les domaines : le Monde titrait hier sur le fait aussi que l’UMP était devenu l' »auberge espagnole » de la pensée économique. C’est exactement cela que je reproche principalement au sarkozysme : l’absence de cap, de direction. C’est brouillon, improvisé, souvent plus que maladroit (cf épisode de la Shoah entre autres).

    Vous allez me dire que ce n’est pas mieux au PS, je vous l’accorde mais vous parlerez alors de paille et de poutre. Par ailleurs, je signalerai principalement que la droite est au pouvoir et cela depuis près de 6 ans. Voilà pourquoi il est inquiétant qu’elle n’ait aucune boussole.

  • FX_Peretti vos commentaires me font plaisir et je les partage pleinement. Dans l’article que vous citez, la raison, ou l’un des raisons, évoquée est que l’UMP est un rassemblement qui doit composer avec des tendances diverses ; l’équilibre est difficile. Mais il est vrai, de mon point de vue, que la présidence sarkozy se caractérise par un côté brouillon, parfois illisible comme vous le dites, qui parvient même à fâcher les parlementaires de l’UMP…

  • Sarkozy, Royal et Bayrou sont des centristes, fondamentalement. Pas la peine de chercher une ligne directrice chez l’un ou l’autre. Ils s’appuient sur des appareils aux cultures de communication différentes; mais ils sont trop occupés à faire croire qu’ils représentent des options de civilisation radicalement distinctes pour s’opposer réellement sur la gestion d’un système dont ils admettent tacitement et sans discussion la légitimité.

  • Je suis d’accord FC, globalement les partis majoritaires s’accordent sur un modèle de développement économique, la croissance du PIB. Mais l’utilisation des fruits de la croissance n’a pas la même finalité à droite et à gauche, et je pense que c’est là, sur ce point, que nous divergeons, gens de droite et gens de gauche : pour la gauche, il faut redistribuer en direction d’une société plus solidaire, qui la joue collective, pour la droite, cette redistribution se fait au profit de l’individu (la somme des intérêts particuliers conduit à l’intérêt général).

    Ce que je dis est très basique, mais c’est un « fondamental » en politique que l’on oublie trop souvent. Et c’est là dessus que le discours néo-conservateur est redoutable. Car il tente par une inversion des valeurs de nous faire croire que son modèle (qui n’a pas fonctionné lui aussi puisqu’il a donné naissance à l’État providence) est le meilleur. Théorie souvent contredite dans les faits : le système produit toujours autant d’exclusion mais avec des inégalités de plus en plus criantes.

    Maintenant, à mon avis, c’est effectivement le modèle le plus « sauvage » (individualiste, compétitif), qui doit s’imposer pour l’instant. Une fois que nous aurons un modèle économique et social mondial (sans doute un rêve), il sera alors possible de faire un monde plus juste.

    En attendant, je pense qu’il existe des différences, qu’elles sont même fondamentales. Et ce serait bien que chacun s’en souvienne (droite comme gauche), sinon on tombe dans le plus banal des désintérêt pour la vie politique…

  • Tiens, je vais défendre Nadine Morano…
    je ne la porte pas spécialement dans mon coeur, pour les mêmes raisons que tout le monde, mais même si elle a pu exprimer des positions personnelles sur l’homosexualité ou sur l’euthanasie, elle a (toujours) défendu Sarkozy, et au moins son projet présidentiel. Margit a même souligné son ardeur militante, qui en a fait rire jaune pas mal à l’UMP.

    On peut penser qu’une fois au gouvernement elle gardera cette fidélité au projet exprimé. C’est une femme que l’on peut vraiment décrire comme « sarkozyste », c’est à dire dans la fidélité à une personne. C’est plutôt comme ça que je la connais, au moins. En ce sens, son travail de ministre sarkozyste est de défendre et de mettre en oeuvre l’opinion personnelle de Nicolas Sarkozy. Peut-être son opinion personnelle lui permettra-t-elle d’y mettre des formes plus justes que celle que Christine Boutin a trouvées récemment (quelle atroce maladresse).

    Bon, et puis vu son passé récent, on a des chances d’avoir droit à quelques belles sorties.

  • @Lisette
    « Margit a même souligné son ardeur militante, qui en a fait rire jaune pas mal à l’UMP »

    Pas seulement à L’UMP …
    Morano me fait penser à la muleta …tagada, tagada, olé … 😉 à gauche ils voient rouge 🙂
    Cela ne me déplait pas tant que ça …

  • Moi je la connais pas du tout cette dame. Par curiosité, il y a des gens qui l’aiment?

    @Praxis: « Mais l’utilisation des fruits de la croissance n’a pas la même finalité à droite et à gauche ». Non, ça non plus, je n’y crois pas, même si c’est le contenu de la communication des partis en question. Cette communication correspond à un vrai fond aux Etats-Unis, pas ici. La droite comme la gauche en France (en Europe, pourrait-on dire) sont attachées à l’Etat providence et à la solidarité. Baisser les prélèvements sur les riches, en France, c’est toujours conçu comme un moyen de relancer la croissance et dégager de nouvelles ressources pour financer les systèmes de solidarité.

    On est dans le « tuning » d’un système unique, pas dans l’opposition entre deux systèmes. En théorie, les électeurs sont censés élire des gens de droite quand il y a besoin de rigueur et des gens de gauche quand l’heure est à la redistribution. En pratique, ce n’est pas vraiment ce qui se passe, et les politiques conduites survivent largement aux changements de majorité, même si les discours s’efforcent de donner l’impression inverse.

    Je sais plus ce que je voulais dire, il faut que je file chercher ma caisse.

  • Ouaip, pas faux car on a un modèle qui n’est pas celui américain, plus solidaire historiquement (même au niveau européen). Mais les différences sont encore palpables à mon avis. Et la caractéristique d’une pensée qui dénonce l’un et l’autre camp comme bonnet blanc et blanc bonnet est quelque peu dangereuse (relire Tocqueville : désintérêt pour la chose publique et danger de despotisme).

    Sur des thèmes comme la santé, le pouvoir d’achat, l’éducation, l’économie, il existe des différences fondamentales entre la gauche et la droite. On peut considérer qu’elles ne sont que des nuances, ce n’est pas mon cas.

  • « Baisser les prélèvements sur les riches, en France, c’est toujours conçu comme un moyen de relancer la croissance et dégager de nouvelles ressources pour financer les systèmes de solidarité. »

    Vous pointez justement une grande différence : ce que vous dites est à mon avis typique de la droite actuellement, pas de la gauche (qui préfère taxer les riches, c’est bien connu : la gauche n’aurait pas voté l’ensemble des mesures du TEPA).

  • Vous avez raison sur cette distinction, mais je pense qu’elle ne concerne que le discours: les actes ne sont pas vraiment au rendez-vous. Je ne pense pas qu’on puisse vraiment démontrer, sur les 40 années passées, chiffres en main, que les riches aient été objectivement plus taxés sous la gauche autre que symboliquement (ISF), que la droite ait fait davantage pour la croissance, etc. Je pense que les partis au pouvoir, droite ou gauche, communiquent et présentent les mesures qu’ils prennent en fonction de leur charte de communication. Je crois que le système est beaucoup trop structurant pour permettre véritablement des options tranchées, et surtout les élites sont beaucoup trop homogènes pour se diviser véritablement sur l’essentiel.

    Par exemple, la France a connu une politique économique de rigueur entre 83 et 89, par-delà la cohabitation. Après la geste idéologique des nationalisations, les dénationalisations se sont faites peut-être plus souvent sous la droite, mais de façon continue et dans un consensus tacite. Le RMI a été voté à l’unanimité. La politique migratoire même est largement la même: qu’on parle de quotas, d’immigration choisie, ou de « juste part » de la misère du monde, il s’agit toujours d’accueillir un peu et de contrôler beaucoup. En 2003, Fillon a réformé les retraites sur la base des rapport socialiste, sous les hauts cris de ces derniers, etc.

    Chaque majorité prend bien quelques mesures un peu réelles qui correspondent à leur couleur officielle, comme la loi TEPA. Mais celle-ci, pour une large part, n’est que le démantèlement technocratique d’un autre délire technocratique, celui des 35 heures, inventé en désespoir de cause, en 97, par le PS pour faire « de gauche » (en quoi c’est de gauche, je n’ai toujours pas compris, mais ça semble admis).

    Et de toute façon, partout en Europe, les réformes vont dans le même sens: l’Etat providence des 30 glorieuses s’ajuste un peu à la baisse, par la force des choses. Ailleurs, c’est la gauche elle-même qui fait les réformes. Nul doute que si elle était au pouvoir, elle les ferait aussi.

    Après, que ce discours soit dangereux, ce n’est pas un argument quant à sa véracité… Je crois pour ma part que la politique se décide désormais largement à Bruxelles, et que nos débats politiques sont voués à se vider progressivement de leur substance.

  • Blanc comme Huchon ont été dircab de Rocard.
    On peut imaginer -j’interroge les pros de la politique- que la nomination de Blanc au Grand Paris (ouille, va falloir faire attention à pas lire trop vite…) a un rapport avec le fait que l’Etat a peu de moyens de pression sur la région..?

  • Sarkozy le président de la rupture avait annoncé la fin des vieilles pratiques :
    Terminé les gouvernements pléthoriques, il faut une équipe resserrée pour agir vite et fort. Bon, voilà Morano sous secrétaire d’état à la famille, poste complètement gadget, sans administration et budget. M’enfin, bon, on va quand même pas donner la Défense à une nullasse pareille.
    Et puis terminées les nominations par amitié, Chirac qui met Michaud Cheuvry à l’abri (au conseil économique et social) ou Debré au chaud voire le fidèle De Carolis. Sarko, c’est la rupture avec ça …
    Avec Jego et Moreno, on récompense quand même la fidèle bande de caniches de la sarkozie…

    Vive la rupture et vive la France.

  • Peut-être pour satisfaire les amateurs de Tintin ?

    Les bijoux de la Castafiore, non ?

    Bien essayé le petit slogan accrocheur Morano, no, no

  • FC > ‘ »Après la geste idéologique des nationalisations, les dénationalisations se sont faites peut-être plus souvent sous la droite, mais de façon continue et dans un consensus tacite. »

    En fait, c’est cet horrible libéral nommé Jospin qui a le plus dénationalisé :
    –>Principales privatisations réalisées par les gouvernements successifs (Gvt Jospin) sur la Wikipédia

    Oui, je sais, ça surprend, on entend tellement dire que la droite a dépouillé la France…

  • Delphine, le truc c’est que droite et gauche ça veut plus rien dire. Tu en donnes un exemple sur le terrain économique. L’enjeu « nationalisation/privatisation » était essentiel quand il s’agissait du débat « socialisme/libéralisme ». Aujourd’hui, le Royaume-Uni même nationalise Northern Rock. Ces mots n’ont aucun sens, il s’agit juste de camps qui se mettent en ordre de marche lors des batailles électorales, et dont les querelles n’intéressent personne.

  • FC : je prends le commentaire beaucoup trop tard, et dois me lever beaucoup trop tôt pour pouvoir y répondre intégralement. Un débat nous mènerait certainement loin mais, pour l’essentiel, je partage beaucoup de vos constats. D’un autre côté, je n’oublie pas l’histoire de l’économie sociale, de la protection sociale, qui est née de la lutte contre les inégalités du 19è au 20è, et je connais ses valeurs : « s’associer pour entreprendre autrement » avec des règles de gestion différentes de l’entreprise (un homme une voix, surplus vs. profits). C’est là une histoire du socialisme, essentiellement (même s’ils l’oublient parfois). Et je suis un indécrottable dialecticien : s’il n’y a pas d’opposition, il n’y a pas de mouvement. Donc la droite et la gauche doivent nécessairement mener des politiques différentes, avoir des valeurs différentes.

    La réforme de l’Etat-providence est pour l’instant nécessaire, et même les gauches en Europe s’y attellent. Tout est ensuite question de nuances et de proportions. Mais je pense, pour l’essentiel, qu’un autre modèle est défendu par l’Europe, plus équilibré, plus humain, plus durable, que celui Indien, Chinois, Américain. Il ne faut pas sombrer dans un espèce de nihilisme froid : que les politiques se décident de plus en plus à Bruxelles, c’est un fait, mais pourquoi est-ce que cela serait forcément un mal ?

    Bref, je poursuivrais cette conversation avec grand plaisir, mais je ne suis pas sûr que ce soit le lieu. Si on prolonge votre pensée, et vos constats, il ne reste pas grand chose à quoi croire, sinon peut-être se replier sur les siens, ou sur soi ? (Je ne sais pas en fait, je m’interroge sur les conséquences pratiques d’une telle vision du monde à l’heure actuelle.) Et là, bienvenue sur le radeau de la méduse.

  • Mais je ne trouve pas ça négatif du tout, moi, que les politiques se décident à Bruxelles. Il y a même un peu de « wishful thinking » de ma part dans ce constat. Je suis bien d’accord avec vous sur le modèle européen (enfin plus durable et plus humain, je n’en sais rien, mais je suis certain que j’y suis attaché et qu’il vaut d’être défendu).

    A mesure que les leviers de pouvoir quittent Paris, il est logique que le débat politique de fond, sur les choix de civilisation, se passe de moins en moins ici; et que le débat national se fasse davantage sur des options techniques. La dialectique que vous appelez de vos voeux, c’est à Bruxelles qu’on devrait la voir émerger.

    Il y a, je trouve, un certain décalage entre la représentation des lieux de pouvoir et la réalité. Décalage accru dans notre pays par la mise en scène grandiose de la présidentielle et les attentes démesurées entretenues par ce poste de monarque électif.

    Mon opinion est que la division droite-gauche a eu un sens politique après la Révolution, puis un sens socio-économique à la fin du XIXe et la première moitié du XXe; après 1945, il y a eu consensus de fait sur la forme du régime et sur le modèle socio-économique; la division s’est rabattue sur le culturel et le moral.

    Aujourd’hui ça ne me paraît plus très clair. Les thèmes de dialectique sont surtout la mondialisation et l’identité collective. Reste à voir comment tout ça va s’articuler.

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