L’Homme Nouveau sera pluriparental

Sean est un sacré brave gars. Déjà, il a une vraie bonne gueule, un bel arbre, une famille unie et tout le monde sourit. En plus de cela, comme il n’a pas voulu séparer les enfants de sa femme de leur père, il a entamé une « third-parent adoption« . Parce qu’il voulait « faire passer le message aux enfants qu’ils étaient [ses] enfants« . Cet homme est amour.

L’article le précise, donc : « but because they maintained close ties with their biological father, who now lives in California, Mr. Kane did not want the court to sever that legal relationship« . Comme ces choses-là sont dites… Ils maintenaient des liens avec leur « père biologique». Bref, avec « leur père», non ? Il n’a pas voulu que la Cour tranche cette « relation juridique ». Et un poil charnelle, non, la relation ?

On pourrait s’étonner d’ailleurs de cette négation de la « biologie », du lien corporel, charnel. Il faut dire qu’il est introduit par le vocabulaire employé. On commence toujours par le vocabulaire, et par les images, les représentations. Prenez  le terme d' »homoparentalité», utilisé par tous. Il n’est pourtant pas neutre. Il se nourrit de la parentalité, terme assez indéfini, qui recouvre en somme toute la parenté sauf sa portée charnelle et qui permet de placer sous l’onction parentale l’affection d’un adulte pour un enfant dont il s’occupe. Etant ainsi parvenus à détacher la parentalité de la parenté, chacun peut en être revêtu. Nous voilà disposant d’un concept permettant d’attribuer à des personnes les attitudes ou qualités des parents, sans lien biologique. L’attachement au lien biologique devient même suspect, presque maurrassien. Non seulement on ne lui donnera pas le primat, mais on tendrait presqu’à le trouver inférieur : ce n’est qu’un lien de nécessité, pas un lien électif, ce qui ne manque pas de transparaître dans certaines positions.

Mais revenons à notre sacré brave gars : on lui sait gré de sa générosité. Pensez donc, il n’a pas voulu que la Cour sépare des enfants de leur père. Leur vrai père, leur unique père. Putain, Sean, give me a hug, t’es un gars trop cool ! L’article est d’ailleurs illustré par une belle photo de famille. Elle ressemble d’ailleurs étonnamment à celle de la famille traditionnelle, comme s’il fallait rassurer, et le père qu’on n’a pas voulu écarter en est absent. Après les mots, même les images cachent la réalité.

Notre Sean Kane est un fier représentant du nouveau monde. Ce Nouveau Monde, cet Homme nouveau que l’on forge, il passera aussi par la pluriparentalité.

Avec le trouple, vous en  rîtes, comme d’une éventualité farfelue. A tort : elle est sérieusement à l’étude en Californie, patrie de Pamela Anderson, du porno et du progrès sociétal. Or, comme nous sommes ontologiquement et statutairement en retard sur la Californie, les Pays-Bas et la Belgique  – à croire d’ailleurs que l’Homme français n’est pas encore pleinement « rentré dans l’Histoire » – il faut bien commencer à s’y intéresser.

Une maman, deux papas

Sean Kane en est un exemple : les enfants de sa femme devraient donc avoir désormais trois parents, dont deux pères.

Pourquoi faut-il absolument que Sean Kane soit déclaré « père», qu’il intervienne – quoi qu’il en dise – en concurrence avec leur père ? C’est assez mystérieux[1]. Qu’une personne, homme ou femme, se voie reconnaître des droits pour faciliter la vie quotidienne, pourquoi pas. Mais pourquoi faut-il nécessairement en passer par une reconnaissance de la personne en tant que « père » ou « mère » ?

Sean Kane présente d’ailleurs une vision surprenante de cette famille aux enfants de sa femme : il voulait, dit-il, leur « faire passer le message qu’ils sont ses enfants ». Eh bien, non, Sean, ils ne ke sont pas. Ca ne t’enlève en rien la possibilité de leur faire passer le message que tu les aimes énormément, que tu les aimes comme tes propres enfants, tu peux même le leur démontrer, mais sans travestir la réalité.

Si j’osais, je vous dirais que cette propension à appeler un chat un chien ne laisse pas de m’inquiéter. Surtout lorsqu’elle trouve une consécration légale.

Si l’on passe outre l’un des points les plus dérangeants de ces initiatives – le fait de faire vivre des enfants dans une fiction juridique – cette expérimentation présente encore quelques limites pratiques.

A titre d’exemple – et au point où j’en suis, vous ne m’en voudrez pas de faire vieux con – le jour où, non content d’avoir épousé ma femme, un gars se met en tête de m’opposer ses droits sur mes propres enfants, moi le père seulement biologoqiue, je ne vous promets pas de bien le prendre.

On citera aussi le cas du divorce, comme le relève une juriste dans l’article : s’il passait à la femme de Sean l’envie d’être fidèle à un autre homme (ne dénigrons pas les « fidélités successives« ), il faudra donc régler les modalités de la séparation et les droits de Sean sur les enfants de l’autre. Des droits de visite et de garde qui pourront d’ailleurs entrer en concurrence avec ceux du père, le biologique. Sans parler de l’hypothèse dans laquelle la femme de Sean rencontre Bruce, un solide gaillard, blond, souriant et tout amour, auquel viendrait l’idée de faire passer le message aux enfants de madame qu’ils sont ses enfants…

Deux mamans, deux papas

Là-bas aussi, on explique que la société a évolué. Et si Sean Kane est en illustration, l’article est aussi l’occasion d’évoquer le cas de Bill Delanay. Pour nous montrer l’évolution de la société, le New York Times est allé dans une ville dont chacun connaît la représentativité sur le plan des moeurs : San Francisco.

Bill Delanay est le papa de deux petites filles. Enfin, pas vraiment, et c’est là que la pluriparentalité fait son office. Les deux petites filles n’ont, en fait, pas de papa. Bill est le papa biologique, pas le papa juridique. Juridiquement, elles n’ont que deux mamans.

La Californie a donc déjà atteint un stade avancé de construction d’un Homme nouveau. Aux yeux de l’Etat de Californie, ces petites filles sont juste issues de deux mamans, et leur père n’existe pas.

Aussi bien, pour qu’une absurdité vienne pallier une autre, ce cas est cité en exemple pour que ces petites filles retrouvent un lien avec leur papa. « He said his becoming a legal parent would give the whole family a greater feeling of security » : on aurait pu commencer par ne pas l’en priver, notez… Enfin, si l’on abstrait de son cas, on note que l’addition de parents devient un moyen d’accroître le sentiment de sécurité. A supposer que cette motivation soit sincère, on peut se demander ce que cela évoque encore de notre « société de la maîtrise »[2].

Deux mamans, le reste on sait pas

En Belgique, patrie de la haine inter-communautaire, des crises gouvernementales et des avancées sociétales[3] sur laquelle nous devons confesser notre retard, un « arrêt favorable aux couples lesbiens » (selon le titre de la RTBF) a été rendu jeudi dernier.

On aurait pu souhaiter qu’il soit avant tout favorable aux enfants concernés, mais le plus important pour la RTBF est manifestement que cet arrêt soit favorable aux couples lesbiens. D’ailleurs, le seul fait qu’il s’agisse de couples lesbiens a manifestement conduit la RTBF à considérer que l’arrêt ne pouvait qu’être positif et donc favorable, allez savoir pourquoi. En bref, la Cour constitutionnelle rejette la possibilité pour une mère biologique de s’opposer à la demande d’adoption de son enfant formulée par son ancienne compagne avant leur séparation. Les couples lesbiens ont donc les mêmes emmerdes que les couples hétérosexuels : j’imagine que c’est là qu’il faut trouver le progrès. Ceci mis à part, je peine à trouver l’élément favorable.

Les faits sont les suivants : L.G. et A.L. se sont mariées à Embourg, le 19 juillet 2008. Leur mariage a duré deux ans. Entretemps, le 5 septembre 2009, A.L. a donné naissance à une fille, suite à une procréation médicalement assistée (probablement fondée sur un projet de vie à long terme dûment vérifié…) et dans le cadre d’un « projet de coparentalité« . Un an plus tard, le projet de vie prenait déjà l’eau et A.L. quittait le domicile avec sa fille.

Voilà une enfant qui n’aura pas de papa et deux mamans divorcées, et en conflit dont une qu’elle n’aura pour ainsi dire pas connue. La décision de la Cour est en tout cas explicitement prise « dans l’intéret supérieur de l’enfant« . Moi, de toutes façons, ça fait belle lurette que je suis largué et que j’ai perdu de vue l’intérêt de l’enfant….

*

Il n’y pas si longtemps, certains expliquaient être revenus de leurs expériences soixante-huitardes. Ils concédaient être allés un peu loin, avoir un peu négligé les conséquences sur les enfants. Aujourd’hui, nous sommes à l’aube de nouvelles expérimentations.

Comme d’autres idéologies auparavant, l’idéologie moderne[4] redéfinit la réalité. Elle redéfinit le mariage, redéfinit la parenté, elle redéfinit l’Homme. Elle  renomme, elle mélange, elle tente.

Au milieu de tout cela, du haut de leurs quatre, cinq, six, sept ans (et encore à l’adolescence), avec leur propre regard, il faudra bien que les enfants fassent preuve de l’agilité d’esprit qu’on leur prête pour se retrouver dans les nouvelles réalités qu’on leur aura construites. Il faudra qu’ils s’abstiennent de remettre en cause par un mal-être quelconque le festival inventif qui aura réjoui leurs parents et certaines majorités politiques confites en dévotion devant la modernité. A moins bien sûr que je ne fasse fausse route, et qu’une société à tous égards déstructurée ne se porte comme un charme.

  1. on nous explique qu’il veut pouvoir retirer les enfants de l’école. C’est une étonnante motivation pour demander à être père, que l’on ressort assez souvent. Soit dit en passant, en tout cas, chez moi, il suffit que je signe une autorisation, éventuellement même pour l’année []
  2. il me prend parfois l’impression que notre société gâtée, terrorisée par le risque et incapable d’abandon, s’entretient dans une quête illusoire, mais pas moins effrénée pour autant, de maîtrise []
  3. oui, je sais, c’est un peu violent, mais je n’ai pas pu m’en empêcher []
  4. de façon révélatrice, le Front de gauche et ses gros sabots soulignent que l’on est encore là dans cette quête stupide de modernité – «Ce n’est pas le signe de modernité et l’image du Front de gauche que l’on veut donner»  – comme si la modernité était un critère, en lieu et place de la vérité []

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110 commentaires

  • Koz a écrit ::

    Leur vrai père, leur unique père.

    Avez-vous déjà parlé avec des personnes adoptées ? Pensez-vous qu’elles partagent votre vision du vrai père ?

    en Californie, patrie de Pamela Anderson, du porno et du progrès sociétal. […] au point où j’en suis, vous ne m’en voudrez pas de faire vieux con

    Je me disais bien aussi … Est-ce que vous n’auriez pas besoin de vacances ?

  • Yogui, reportez-vous à la situation décrite. Il s’agit d’enfants d’un couple divorcé. Le père existe, il est connu, il est présent. Nous ne sommes pas dans le cas d’orphelins.

    Et sinon, la Belgique, vous vous en foutez ?

  • Bon, j’imagine que vous voulez un mea culpa? J’ai ri, j’ai eu tort, voilà. Cela dit, je vais continuer à m’obstiner à refuser de mélanger les torchons et les serviettes, ce que font justement les progressistes que vous ridiculisez. C’est que ça ne me tente pas plus d’être réac, voyez-vous. C’est juste une grille de lecture idiote, à mon sens, mais je pense que vous serez d’accord avec moi.

    Plus intéressant, pourquoi n’avais-je pas anticipé derrière votre billet sur la théorie des grouples le cas pratique de Sean, qui m’a effectivement l’air d’être un chic type bien qu’il habite au pays de Pamela Anderson et du porno (et c’est là tout le problème). A mon avis, c’est plutôt que tous, nous étions naïvement restés à cette vision de la famille comme une communauté de vie et d’amour. Alors nous avons plutôt parlé de ces communautés de vie alternatives baisouillant tous plus ou moins entre eux, et là forcément, nous rîmes.

    C’est plutôt là pour moi la source du problème: notre société est en train d’accepter la délocalisation de l’amour parental, bref, son explosion. La séparation du couple n’est plus juste un accident de parcours qu’il faudrait corriger comme on peut dans l’intérêt des enfants, c’est une forme « normale », légitime, d’évolution de la famille. Il est donc « normal », légitime, que les enfants soient aimés par leurs parents successivement, séparément, par morceaux. Pas plus que vous je ne suis prêt à l’accepter.

    Pour la biologie, et votre critique de la parentalité, je suis moins convaincu. A cause de l’adoption, déjà, sur laquelle nous nous écharpons pour savoir si elle devrait être réservée aux couples hétérosexuels mais à propos de laquelle personne ne conteste qu’elle permette d’accéder à une forme de « parentalité ». Mais pour nous les hommes, je pense aussi à tous les papas plus ou moins conscients et volontaires d’un enfant qui n’était pas « le leur ». Qui parfois ont remplacé le vrai père qui lui n’avait pas jugé bon de rester. En la matière, je pense que trop de biologie ne rend pas justice à la noblesse spécifique d’être père d’un enfant qu’aucun d’entre nous n’aura été forcé par la nature à porter ou élever.

    Je n’arrive pas à trouver qui aurait dit que « l’on n’est jamais père que par adoption », parce que je crois que c’est une citation, mais je la fait volontiers mienne, au moins pour partie.

  • Vivien a écrit ::

    Bon, j’imagine que vous voulez un mea culpa? J’ai ri, j’ai eu tort, voilà.

    Si vous voulez. Mais je n’ai pas relevé les noms.

    Vivien a écrit ::

    C’est plutôt là pour moi la source du problème: notre société est en train d’accepter la délocalisation de l’amour parental, bref, son explosion. La séparation du couple n’est plus juste un accident de parcours qu’il faudrait corriger comme on peut dans l’intérêt des enfants, c’est une forme « normale », légitime, d’évolution de la famille. Il est donc « normal », légitime, que les enfants soient aimés par leurs parents successivement, séparément, par morceaux.

    Voilà. Au-delà, dans ces débats, on ne cesse de me répondre qu’il existe des couples qui éclatent, que la famille d’aujourd’hui n’est pas la famille d’hier etc. Mais il y a une différence nette entre un fait et un statut, entre constater ce qui existe et l’organiser. On laisse croire que tout ceci se fera naturellement, dans la félicité, comme Sean auprès de son arbre avec sa famille merveilleuse et, d’une certaine manière, on le favorise.

    Et plus fondamentalement encore, on nie la dureté, la violence des séparations que cela peut représenter non seulement dans le couple mais également vis-à-vis des enfants, qui ne se rendent d’ailleurs même pas toujours compte des conséquences à leur égard (je pense à l’exemple très précis d’une fille que j’ai connu, tellement convaincue de l’impossibilité de vivre mariés qu’elle m’avait pratiquement harcelé pour m’expliquer que mon projet de mariage était une erreur : elle et son copain étaient enfants de divorcés, mais elle ne faisait pas le lien avec l’impossibilité pour elle de se projeter dans une relation stable à long terme).

    Vivien a écrit ::

    Je n’arrive pas à trouver qui aurait dit que « l’on n’est jamais père que par adoption », parce que je crois que c’est une citation, mais je la fait volontiers mienne, au moins pour partie.

    Et je ne la ferais pas mienne. Je ne dis pas que le lien biologique doit absolument, systématiquement, primer. Je peux tout à fait concevoir des cas dans lesquels il serait abusif de donner la primauté à un père biologique qui se réveillerait soudainement.

    En revanche, non, je ne pense pas qu’il soit totalement indifférent d’être père charnellement ou non, et cela sans nier la force de l’amour et la paternité d’un père adoptif (j’ai assez d’exemple favorable en ce sens). En tout état de cause, je récuse le fait que, dans un cas tel que celui qui est présenté, on place sur un pied d’égalité le père biologique des enfants (qui existe et entretien des liens étroits avec les enfants) et le mari/compagnon de la mère qui les adopte.

    do a écrit ::

    Les medicaments, on les experimente d abord sur uñ petit groupe humain. Les lois apparement non.

    Oui, les OGM, aussi. Mais là, l’idéologie s’en mêle. Ceux qui émettent des réserves entravent la marche du progrès…

  • Koz a écrit ::

    Le père existe, il est connu, il est présent. Nous ne sommes pas dans le cas d’orphelins.

    Mais l’adoption, même en France, ne concerne pas que des orphelins … il nous faudrait un spécialiste du droit de la famille mais il me semble que la procédure « d’adoption simple » reconnaît déjà et formalise dans notre droit la coexistence d’une famille biologique et d’une famille juridique.

    Enfin signalons que Sean a obtenu son jugement non pas en Californie, patrie de Pamela Anderson et du porno, mais dans l’Oregon, patrie des castors et de Nike, dont il serait éclairant que vous nous expliquiez l’impact sociétal.

    do a écrit ::

    Les medicaments, on les experimente d abord sur uñ petit groupe humain. Les lois apparement non.

    Si si. Les populations cobayes comprennent les Belges, les Californiens, les Oregonnais, …

  • Koz a écrit ::

    Et sinon, la Belgique, vous vous en foutez ?

    Vous avez raison. mais là les causes sont claires : j’ai toujours pensé que l’impact du Manneken-Pis était largement sous-estimé.

  • L’article est relatif à loi envisagée en Californie. Même s’il est effectivement étrange de la part du NYT d’interroger qu’qu’un qui semble se satisfaire de l’adoption pour justifier les projets californiens (par lesquels le parent ne sera pas un parent « adoptif » mais un parent au même titre que le parent biologique), il me semble suffisamment compréhensible qu’il s’agit d’un cas pratique, non ? Bref, le propos de l’article est de montrer une situation dans laquelle la nouvelle loi trouver typiquement à s’appliquer. Vous pouvez pinailler mais je ne vois pas la pertinence de cette précision.

    Au demeurant, oui, il existe en France l’adoption simple qui, à la différence de l’adoption plénière, laisse subsister le lien de filiation. Mais, d’une part, il est très rare que le conjoint d’un époux divorcé adopté les enfants de sa femme tant que le père est présent et, d’autre part, puisque précisément, l’adoption simple pourrait éventuellement répondre à cette situation (quand bien même je ne la juge pas souhaitable parce que, à tout le moins en France, elle suggère autre chose) et puisqu’elle semble suffire à épanouir le bon Sean Kane, qu’on m’explique la nécessité d’aller au-delà, et de le mettre sur un pied d’égalité avec le père biologique, t la raison pour laquelle son cas est cité en exemple.

  • Nous sommes bien d’accord, tout cela est absurde. Mais peut-on lutter contre l’absurde ? A partir du moment où il y a une volonté de faire fi de l’intelligence humaine, j’avoue être un peu désemparé.
    « Qu’est-ce que la Vérité ?  » Question posée il y a 20 siècles au cours d’un procès fameux, et qui se répète au fils des temps. Je ne sais pas comment faire triompher la vérité. Et je continue à m’interroger sur ce qu’il convient de faire.
    Merci de continuer à nous alerter.

  • Vous rigoliez ou vous enerviez, c’est selon, quand je parlais de grouples incluant des membres de la même famille, voire des animaux, voire des êtres de fictions, mais comme tout cela relève de la même logique ((je-sais-ce-qui-est-bon-pour-moi-et-j’ai-le-droit-d’imposer-aux-autres-qu-ils-le-reconnaissent-par-une-loi) nous y arriverons forcément aussi. Vu qu’il y aura toujours des imbéciles pour réclamer que leur petit désir personnel soit élevé au rang de loi et que ne pourra plus le leur refuser sans remettre en cause tous les « progrès sociétaux » « obtenus » précédemment au nom de cette logique, nous irons obligatoirement…

  • Ce qui me surprend toujours sur ces questions, c’est que d’un côté on nous assène que le lien biologique ne compte pas (et c’est en partie vrai, le cas des enfants adoptés le montre bien), qu’une parentalité multiple est possible…et de l’autre côté on fait tout pour donner aux gens le droit d’avoir leur propre enfant né d’eux, parce que quand même un enfant « biologiquement sien » c’est quand même mieux: mères porteuses, stimulations pour des femmes qui ont passé l’âge d’être mères…

  • @ Henri Mondion :
    C’est surtout très idéologique et cela me fait vraiment l’effet de ces idéologies que l’on a connues, de façon certes substantiellement différente. Bien évidemment, à aucun moment il n’est question de dictature du prolétariat, de rééducation politique ou de race supérieure. C’est une forme d’idéologie molle mais qui a des ressorts communs : on redéfinit les notions, on modifie le sens des mots (« parent » devient notamment un mot-valise adaptable à toutes les sauces) et, au bout du compte, lorsque l’on accepte d’entrer dans la logique et la sémantique ainsi créées, eh bien le raisonnement se tient. Il suffit d’appeler un chat un chien.

    Y-a-t-il quelque chose à faire ? J’ai bien envie parfois, moi aussi, de laisser tomber. Parce que j’ai plein d’occupations, parce qu’après tout mes enfants en sont préservés, parce que ça gonfle de se faire traiter de réac etc. Mais je suis assez convaincu que l’excitation autour de ces « nouvelles familles » ne dépasse guère un petit milieu, soit en raison de ses propres moeurs soit en raison de son propre goût pour l’abstraction… et les idées qui deviennent folles. Le cas du député Front de Gauche que je cite en note de bas de page est intéressant à cet égard : au-delà de ses convictions personnelles, je pense qu’il a très bien perçu que les milieux populaires ne sont pas emballés.

    Après, le temps viendra d’exprimer plus visiblement son désaccord que dans de simples billets de blog. Mais, en tout état de cause, je resterai fidèle à la phrase que j’ai mise en exergue de ce blog : « L’important n’est pas de réussir, ce qui ne dure jamais, mais d’avoir été là, ce qui est ineffaçable » (Jacques Maritain).

    Cedric G a écrit ::

    Vous rigoliez ou vous enerviez, c’est selon, quand je parlais de grouples incluant des membres de la même famille, voire des animaux, voire des êtres de fictions, mais comme tout cela relève de la même logique

    Effectivement, on ne va pas remettre le couvert sur les animaux, et je vous demande de ne pas le faire. Je ne partage pas votre avis sur le fait qu’il s’agisse d’une même logique et si j’ai bien saisi que vous ne sous-entendiez pas l’existence de relations sexuelles pour autant, même au seul stade d’un amour « platonique », ce parallèle reste insultant. Je modérerai donc tout commentaire futur à cet égard, de votre part ou en réponse.

    @ Benebi : je suis bien d’accord pour dire que le biologique ne fait pas tout mais il ne faut pas tomber dans le piège qui consiste à faire d’une exception le cas général. Ce n’est pas parce qu’il ne fait pas tout qu’il n’est rien. Le paradoxe que vous soulevez est à cet égard très éclairant. Je ne peux pas m’empêcher de relever également le fait que négliger la part charnelle, biologique, du rapport parent-enfant, y compris dans le besoin ressenti par les enfants, laisse entrapercevoir une conception particulière du corps : accepté, loué, quand il est domestiqué, mais rejeté dans sa dimension naturelle.

  • Koz a écrit ::

    J’ai bien envie parfois, moi aussi, de laisser tomber

    Mon propos n’est pas de baisser les bras. Je pense simplement que la bataille législative est perdue. Sauf si on arrive à trouver des idées pour inverser la tendance, ce qui, compte-tenu du contexte, ne semble pas évident : nous ne sommes pas dans une bataille « rationnelle », dans laquelle le bon sens pourrait l’emporter, mais bien dans une bataille irrationnelle, ou idéologique, comme vous le dites. (Et si on trouve des idées, je serai le 1er à m’y impliquer)

    C’est pourquoi je pense qu’il y a une autre bataille, en laquelle j’ai confiance : celle que nous allons mener grâce à notre apostolat personnel, notre témoignage, notre foi, pour aider nos concitoyens à comprendre le message du Christ. Les premiers chrétiens ont réussi – il a fallu trois siècles et même plus – à changer la société romaine (qui présentait les mêmes symptômes que le nôtre). En cela j’ai foi et j’ai confiance.

    C’est donc pour cela que votre présence sur le net (et plus modestement la mienne) est utile et contribue à faire réfléchir, j’espère en tout cas. En se disant que nous travaillons pour le long terme…

    Très bonne journée et encore merci.

  • « Moui », pourquoi pas, mais vous savez, quand je dis à mes contradicteurs que ce que je dis n’a pas besoin de référence biblique, ce n’est pas par astuce ou habileté. Certes, il y a probablement en moi une inspiration, une culture, une éducation etc qui me conduisent à soutenir certaines positions (et peut-être, surtout, qui m’évitent d’abandonner) mais rien de ce qui est écrit dans ce billet n’a de fondement religieux. Même si je ne rechigne pas à défendre l’intérêt particulier des cathos, c’est bien l’intérêt général (en termes laïcs) ou le bien commun qui m’intéressent, et le fait que mes positions puissent être partagées par le plus grand nombre.

  • Juste un petit mot à propos de l’adoption simple puisque mon mari et moi y avons eu recours. En effet, il y a quelques années je me suis retrouvée veuve et suis restée seule avec ma fille. Plusieurs années après, je me suis remariée et mon mari a souhaité adopter ma fille pour devenir légalement son père puisqu’il comptait l’être dans les faits, l’élevant avec moi sans faire de distinction avec ses frères nés plus tard mais sans nier sa filiation biologique. Nous avons choisi l’adoption simple qui est parfaitement adaptée à notre cas. La filiation biologique est maintenue (c’était très important pour nous qu’il en soit ainsi) et mon mari devenait pleinement son père comme il l’est des enfants que nous avons eus depuis. Ma fille porte d’ailleurs désormais les deux noms, celui de son père biologique suivi de celui de son père adoptif.
    Pour moi l’adoption, simple ou plénière, est faite pour des orphelins ou des enfants privés de leurs parents biologiques, pour réparer (si tant est que ce soit possible) l’injustice qui leur a été faite, pour leur donner une famille qui les aidera à grandir et à se construire. Elle n’est pas là pour «fabriquer» de nouveaux types de «famille» au gré des envies des adultes.

    Comme c’est la première fois que je commente, j’en profite pour vous dire, Koz, que je vous lis depuis longtemps et que j’apprécie beaucoup vos articles qui nourrissent ma réflexion sur nombre de sujets. Merci pour ce que vous faites.
    Et j’ai été ravie de vous apercevoir et de vous saluer brièvement il y a quelques semaines, un dimanche matin, alors que j’emmenais ma fille à une sortie scoute.

  • Et je m’en souviens très bien. Rencontre amusante, d’ailleurs, parce que je ne sais pas pourquoi je vous ai particulièrement dit bonjour alors que je ne salue pas systématiquement les personnes qui se garent derrière moi 😉

    En tout cas, je vous remercie pour votre commentaire, qui vient illustrer très clairement par l’exemple ce que je disais plus haut sur l’adoption simple.

  • @ Vivien:
    Vous faites exactement le commentaire que j’aurais fait si j’avais été mieux réveillé, c’en est presque vexant. Vous mettez le doigt sur le problème, notamment, ici:

    C’est plutôt là pour moi la source du problème: notre société est en train d’accepter la délocalisation de l’amour parental, bref, son explosion. La séparation du couple n’est plus juste un accident de parcours qu’il faudrait corriger comme on peut dans l’intérêt des enfants, c’est une forme « normale », légitime, d’évolution de la famille. Il est donc « normal », légitime, que les enfants soient aimés par leurs parents successivement, séparément, par morceaux. Pas plus que vous je ne suis prêt à l’accepter.

    Du coup, je ne plains pas les enfants de ce brave Sean. Ils ont un « père » rempli de bonnes intentions, peut-être pas les plus intelligentes, mais au moins est-il présent et attentif à leur bonheur. Non, je les plaindrai si jamais la construction improbable édifiée par leurs parents et beaux-parents s’effondre: ce jour-là, ce sera compliqué pour eux à tous points de vue.

    L’enfant à plaindre, dans ces histoires que nous découvrons, est celui d’A.L.: voilà un bébé qui à peine né est l’objet d’une bagarre aux tribunaux. Une situation qui n’a rien de spécifique aux couples de même sexe, soit dit en passant. L.G. eût-elle été un homme que la situation du bébé aurait été identique, sauf qu’on en aurait pas parlé dans le journal.

    @ Henri Mondion:
    De même que Koz, je crois qu’amener le sujet sur le terrain catho est une erreur. Cela reflète une mentalité missionnaire, peut-être, mais plus probablement, cela nous conduit à défendre une citadelle assiégée et à vivre dans une bulle. La vraie bataille, je crois, consiste pour chacun d’entre nous, chrétien ou non, à maintenir contre vents et marées un exemple de famille durable, qui place en première priorité le bien de nos enfants.

  • Gwynfrid a écrit ::

    L.G. eût-elle été un homme que la situation du bébé aurait été identique, sauf qu’on en aurait pas parlé dans le journal.

    Si ce n’est que cet enfant va devoir se construire avec le fait (i) de ne pas avoir de père (il faut s’arrêter deux secondes sur ce que ça peut signifier pour un enfant et même au-delà de l’enfance : « moi, je n’ai pas de père »), (ii) d’avoir deux « mères », (iii) en conflit.

  • @ Koz:
    J’entendais cette hypothèse toutes choses égales par ailleurs, c’est-à-dire un enfant conçu artificiellement avec un donneur anonyme. Dans ce cas, il n’a pas de père. Même si L.G. était un homme je ne vois pas comment on pourrait prétendre qu’il soit son père après en avoir été ainsi séparé. Certes, le tribunal, dont c’est le boulot, rend une décision juridique, mais celle-ci est abstraite, déconnectée (forcément…) de toute idée de vie familiale.

    Soyons clair: le comportement d’A.L. et L.G. vis-à-vis de ce malheureux petit est indéfendable (sous réserve de plus ample informé, bien entendu, car nous ne connaissons que très peu de choses de la situation vécue par ces personnes). Il ne le serait pas moins s’il s’agissait d’un homme et d’une femme.

  • @Koz

    « En revanche, non, je ne pense pas qu’il soit totalement indifférent d’être père charnellement ou non (…) »

    Moi non plus rassurez vous. Je ne sais pas si j’ai déjà eu l’occasion de le dire sur ce blog, mais « j’attends » mon premier, quand même, et je suis heureux et fier que ce ne soit pas celui du voisin… Pour moi la citation ne vise pas tant à nier toute importance du biologique, qu’à souligner la spécificité qu’il y a à être père.

    @Gwynfrid

    Oui je sais, c’est chiant. Mais mettez-y un peu du votre aussi, j’en suis réduit à prendre la défense de la IVème République pour pouvoir ne pas être d’accord avec vous!

  • @ Vivien:
    Je fais ce que je peux, mais j’aurais du mal à défendre des positions erronées pour le simple plaisir de vous laisser me contredire 🙂

    « L’on n’est jamais père que par adoption »: je peux faire cette idée mienne en ce qu’elle souligne, de façon très juste, la différence entre le vécu du père et celui de la mère. Mais je ne l’étendrais pas plus loin que ça; et certainement pas pour créer une équivalence entre une paternité naturelle et une paternité par adoption.

    Par ailleurs, toutes mes félicitations par avance.

  • @ Koz : le trouple me paraissait également être une idée absolument ridicule, impossible, inimaginable. Puis j’ai appris qu’on pouvait se pacser à plusieurs au Pays-Bas. Et, en me renseignant, j’ai découvert pas mal de choses sur le « polyamour », « l’anarchie relationnelle », et autres termes du même acabit pour parler de polygamie. Même si je ne suis pas intimement persuadé que le mariage homosexuel implique, ipso facto, l’admission du trouple, j’admets que vous aviez raison : le trouple existe et les arguments utilisés pour le mariage homosexuel peuvent être utilisés pour l’admission du trouple.

    Quant au sujet de ce billet, je suis en grande partie d’accord avec vous. Je tiens à souligner, en passant, que vous avez raison d’exclure tout argument religieux : je suis athé mais je partage pourtant votre point de vue. C’est l’intérêt général qui est, selon moi, en jeu. Et l’ultra-individualisme est une chose qui ne me sied guère. C’est un piège que l’on tend aux catholiques, que de renvoyer leur avis sur les questions de société à leur appartenance à telle ou telle religion. Piège que vous évitez, ce qui mérite d’être salué.

    Et votre billet me rappelle l’ultime billet de Jules, de Diner’s Room. Il y critiquait, il me semble, une attitude ambivalente à l’égard du droit : on s’agace des contraintes de la règle de droit, on s’indigne lorsque la règle est absente.

    On veut un individu-roi, avec tous les droits et aucune contraintes. Mais cette logique ultra-individualiste entre en contradiction frontale avec l’idée de famille : la famille, c’est une réalité sociologique mais c’est aussi une réalité biologique. Le droit de la famille, c’est un droit qui organise un « donné » biologique. On ne peut détacher le droit de la famille de ce donné sans qu’il n’y ait des conséquences. Vous l’expliquez mieux que moi : il y a une réalité biologique, qu’on ne saurait totalement nier au nom des idées. Ce n’est pas la pureté des intentions, la générosité des idées qui conditionnent un résultat ; le résultat dépend avant tout du contexte, c’est-à-dire de la réalité concrète, têtue.

  • Si j’osais, je vous dirais que cette propension à appeler un chat un chien ne laisse pas de m’inquiéter. Surtout lorsqu’elle trouve une consécration légale.

    Il y a pas mal de temps que l’on s’échine, dans nos sociétés, à faire croire que « la carte, c’est le pays » [A.Korbycszy (!) doit être vert !]

    Quand c’est fait, on change la carte comme on veut. Tout héritage, même génétique devient une convention qu’on dénonce suivant le besoin ou l’idéologie.
    On finira par faire naître tous les enfants en labo et les faire élever par un CPI (collectif parental irresponsable).
    On se croirait presque dans « un bonheur insoutenable ».

  • Merci quand même, Koz, pour le « respect » que vous éprouvez pour mon pays.

    je reviendrai peut-être donner mon avis sur l’adoption simple, qui me semble être une solution à pas mal de problèmes mais… en tant que belge, je me demande si je serai encore prise au sérieux. Parce que les belges, hein…

  • @ Yogui:
    Un jour, la Cour de Cassation, par cinq arrêts rendus à la même date, a eu l’audace de dire à propos de la transexualité, qu’un homme était un homme et une femme une femme, quoiqu’on fasse, h compris migrer morphologiquement, d’un groupe à l’autre, la génétique demeurant inchangée. C’était d’un bête……

  • Talker a écrit ::

    On finira par faire naître tous les enfants en labo et les faire élever par un CPI

    Tout à fait, on élève bien les poulets hors-sol. Du moment que l’éleveur nourrit ses petites bêtes avec amour, l’intendance suivra.

    Curieux d’ailleurs ces idéologues, qui veulent absolument choisir entre la nature et la culture,et n’assument au final aucun des deux ; Car les mêmes qui nous disent que le lien biologique n’est rien, nous expliquent ensuite que le gène est tout. Ca ne leur vient même pas à l’idée qu’il est nécessaire pour l’homme d’assumer au moins les deux en même temps.

  • @ Koz:
    Je vous ai peut-être un peu dévisagé tant j’étais surprise de vous reconnaître en sortant de ma voiture 🙂

    Même si je savais que vous habitiez cette belle ville, la probabilité de vous y croiser un jour (surtout que je n’y habite pas moi-même) était quand même très faible.

    Pour reprendre votre première note, cet argument de facilitation de la vie quotidienne (aller chercher l’enfant à l’école, l’emmener chez le médecin, etc …) m’étonne moi aussi. Pour avoir vécu la situation, puisque la procédure d’adoption a pris un certain temps, je peux vous dire que nous n’avons jamais eu le moindre problème. Mon mari n’a jamais eu aucun souci pour aller chercher ma fille à l’école, il a même assisté à ma place à une réunion de parents alors que légalement il n’avait encore aucun lien avec elle. En dehors de notre cas particulier, que ce soit à la crèche ou à l’école, n’importe quelle personne peut aller chercher mon enfant à la simple condition que je signe une autorisation avec copie de la carte d’identité et que la personne en question se présente, la ou les premières fois au moins, avec sa carte d’identité.

    A propos de la «négation de la biologie, du lien charnel et corporel», je vois tous les jours avec ma fille (je suis désolée de ne parler que de mon cas personnel mais ces questions de filiation font écho en partie à ce que j’ai vécu et vis encore aujourd’hui), même longtemps après la disparition de son père, à quel point ce lien biologique est important pour elle, quand bien même elle n’a connu son père que quelques semaines. Elle a besoin de savoir qui il était, d’où elle tient une grande partie de ses traits physiques et de caractère, elle a besoin qu’on lui parle de lui. Elle a besoin de savoir d’où elle vient, de connaître son histoire. Et elle a besoin de vérité, de clarté.

    J’avais également une question. Je vais encore partir de mon cas personnel. Pendant les années où j’ai été seule avec ma fille, ma plus grande crainte (après ce qui pouvait lui arriver à elle) était qu’il m’arrive quelque chose et qu’elle se retrouve également sans maman. Je me rassurais comme je pouvais en me disant qu’entre ses grands-parents, ses oncles et tantes et parrain et marraine, cela faisait beaucoup de personnes dévouées et aimantes qui s’en occuperaient le mieux possible. Mais dernièrement, une amie m’a dit qu’il n’en aurait pas forcément été ainsi, qu’un juge aurait pu décider de la placer dans une famille d’accueil, même si la plupart faisant preuve de bon sens, préfèrent confier les enfants à des membres de leur famille. Cependant elle me disait qu’il n’y avait pas de règle en ce sens et que cela dépendait du bon vouloir du juge. Cela m’a fait assez peur rétroactivement et quand vous dites, dans un précédent commentaire, qu’ «après tout [vos] enfants en sont préservés» je me demande jusqu’à quel point nos enfants sont effectivement préservés des aberrations qu’on nous/leur prépare. Autrement dit, s’il nous arrive malheur, peut-on s’assurer que nos enfants ne se retrouveront placés dans une de ces nouvelles «familles» homo- ou pluri-parentales ?

  • Bonjour,

    Je me permet de réagir à madame Raksha. Je vis une situation un peu similaire, sauf que je suis le beau-père. J’ai épousé une femme aimante, belle, etc etc, avec trois enfants de 14 à 7 ans au moment de notre mariage. Leur père est décédé des années auparavant, le dernier avait 2 ans. Ils n’ont pas ou peu connu leur père. nous avons eu un petit 4ème depuis.
    Cependant je ne suis pas leur père. Celui ci a existé, il est mort, ok mais ce n’est pas moi. Je passe mes vacances avec leur grand père paternel, dans leur maison, mais il ne me viendrait pas à l’idée de les adopter. Je pense que ma femme ne me le demanderai pas. Je les aime, j’en ai la responsabilité, mais pour moi les adopter c’est nier leur véritable père, et je ne peux pas.
    Accessoirement je connaissais (très vaguement) leur père et c’était un type bien.
    c’était juste pour expliquer que RIEN ne remplace le vrai père, à mon humble avis.

  • @ Olivier:
    Il n’a jamais été question de remplacer le vrai père de ma fille, encore moins de le nier. C’est justement ce que permet l’adoption simple. La filiation biologique est maintenue, elle apparaît dans le livret de famille, le nom de son père est conservé. Son père biologique bien que décédé est toujours présent dans sa vie, comme je le disais dans le commentaire précédent. Nous en parlons, lui racontons comment il était, combien il l’aimait. Et dans les décisions importantes la concernant, j’ai toujours en tête cette question «Qu’aurait-il voulu pour elle ?» . Mon mari ne remplace pas son père, cela n’a jamais été son intention. Il accomplit simplement ce que son vrai père ne peut pas faire, l’élever avec moi, l’aider à grandir. D’où le choix pour nous de l’adoption simple, pour intégrer pleinement ma fille dans la famille que nous fondions en nous mariant sans nier le père qui lui a donné la vie. Je n’aurais pas pu me résoudre à l’adoption plénière par exemple, qui «efface» le lien biologique.

  • Bon, j’ai compris Koz, je ne parlerai pas des canaris, cela déclenche trop d’émotions.

    Permettez moi donc dans ce cas de développer mon propos en utilisant les personnages fictifs.

    Prenons par exemple l’adolescente amoureuse de Jack Sparrow (il est trô bô !) qui arrivant à l’âge requis décide de se marier avec lui. Vous allez me répondre « c’est complètement débile ! » au motif que le marié n’existe pas dans le monde réel.
    Soit

    Notez maintenant qu’en parlant de mariage homo ou de trouples ou de grouples à nos grands-parents il y a quarante ans ils auraient vraisemblablement répondu à peu près sensiblement exactement la même chose.

    Projetons nous donc dans quelques décennies.

    Quel mal y-t-il à épouser Jack Sparrow, à qui cela nuit-il ? A personne, nous sommes d’accord.
    L’une des parties va-t-elle exprimer son désaccord ? Cela ne risque pas d’arriver, nous sommes d’accord.
    Si donc cela fait « du bien » à cette jeune femme d’épouser Jack Sparrow (il est trô boooô !), pourquoi, l’en empêcher ? Au nom de quoi ? Jack Sparrow n’a même pas besoin de signer quoique ce soit, de toutes façons comme il n’existe pas il ne contestera pas.
    Si donc cela fait du bien à cette jeune femme, ne nuit à personne, pourquoi créer une « discrimination » en lui interdisant de déclarer publiquement être unie à Jack Sparrow (il est trô bô !) et de le faire reconnaître par la loi ?

    Oublions donc les concepts de procréation et autres anachronismes, les grouples les ont déjà abolis. Alors, pourquoi pas ?
    Et puisque les grouples existent et que nous nous y sommes habitués, nous ajouterons pour former un grouple Winni l’ourson (trop mimi !) et Cendrillon (trô belle !)
    Plus quelques autres pour faire bonne mesure.

    Je sais, cela a l’air débile, c’est (un peu) le but. Sauf que si l’on accepte les arguments qui justifient les grouples, et une grande majorité (mais pas tous) de ceux qui promeuvent le mariage homo, on peut utiliser exactement les mêmes arguments pour défendre les grouples avec des personnes fictives, des membres de la même famille ou ce que l’on veut. Sauf les canaris, j’ai bien compris.

    Tout cela se ramène à « je-sais-ce-qui-est-bon-pour-moi-et-tant-que-cela-ne-nuit-à-personne-je-peux-en-imposer-la-reconnaissance-aux-autres ». Comme l’euthanasie, l’avortement (à condition de considérer que l’enfant n’est pas une personne), le mariage homo, le grouple, etc…

    J’en reviens donc à ce qui me semble le noeud du problème : tant que l’on considèrera que la poursuite du bonheur passe par la satisfaction de ses désirs personnels et ne peut être limité par l’intérêt ou les besoins de la société dans laquelle nous vivons (en fait tant que les théories de mai68 resterons en vigueur), nous continuerons à nous diriger vers des états et des liens sociaux de plus en plus délirant pour nous aujourd’hui mais qui j’en ai peur paraîtrons parfaitement quelconques et inoffensifs à nos petits enfants.

  • Courtlaïus a écrit ::

    Talker a écrit ::
    On finira par faire naître tous les enfants en labo et les faire élever par un CPI

    Tout à fait, on élève bien les poulets hors-sol. Du moment que l’éleveur nourrit ses petites bêtes avec amour, l’intendance suivra.
    Curieux d’ailleurs ces idéologues, qui veulent absolument choisir entre la nature et la culture,et n’assument au final aucun des deux ; …snip ….

    @Courtlaïus: Vous parlez d’idéologues parce que vous êtes amène (amen !). J’utiliserais bien: idéopîtres ou idéolâtres, voire même idéopathes. Mais bon, tout cela n’est pas, à mon avis, un questionnement fondamental des gens (dont je fais partie). C’est le fond de commerce communautariste des idéocuistres.

    Il faut faire preuve de modernité et d’originalité.
    La recette est simple: prendre le contre-pied systématique de tout ce qui a construit notre société jusqu’à nos jours.

    La vraie originalité serait d’inventer (ou réinventer) les relations parents-enfants pour offrir à ces derniers plus de stabilité dans ce monde en mouvance. Ceci afin qu’ils se construisent eux mêmes et pas qu’ils ingurgitent des idées baroques de nos illuminés de service.

    Vous aurez compris que je ne prône pas la complication de l’environnement des jeunes. Mes collègues auraient utilisé le mot plus à la mode de « complexification », sans doute pour insister sur le plus grand besoin de simplicité…..
    Bonne soirée à vous.

  • Très sincèrement -mais c’est peut-être parce que je suis belge – je ne vois pas ce qui choque dans l’histoire de Sean. C’est juste l’histoire d’une adoption simple , qui est quand même historiquement la forme la plus classique d’adoption et psychologiquement, me semble-t-il, la plus saine. Parce que c’est une forme d’adoption qui, contrairement à l’adoption plénière, ne nie pas, justement, les liens biologique avec la famille d’origine et l’histoire de l’adopté (qui dans ce cas n’est pas nécessairement un enfant, et rarement un bébé). L’adoption qui me mets, moi, très mal à l’aise, c’est l’adoption plénière, qui est relativement récente dans sa forme actuelle (rien à voir avec l’adoption romaine qui n’avait lieu qu’entre adultes), et qui fait « juridiquement » d’un enfant, souvent très jeune, l’enfant « biologique » (oui, c’est une fiction juridique, mais…) de ses parents adoptifs. L’adoption plénière qui nie, elle, tout lien avec le parent ou la famille biologique.
    Je rajouterai qui, très souvent, et contrairement à la plupart des cas d’adoption plénière, l’adoption simple est le fruit d’une histoire, et non d’un « désir d’enfant ». Mme D. est abandonnée par son mari joueur compulsif et violent, qui tabasse son gamin les rares fois où il honore son droit de visite. Elle épouse Mr. L. qui devient un vrai père pour l’enfant, qui le conduit à l’école, le veille quand il est malade, (va le rechercher au commissariat quand il a fait des bêtises – je ne parle pas d’un enfant – mon filleul – sage), et décide, dix ans plus tard, d’officialiser le lien qui les unit (et de pouvoir lui léguer ses biens comme à un fils au cas où il lui arriverait malheur). Mme L. se marie très jeune avec Mr. G. qui la trompe à tire larigo et s’en va vivre à l’étranger avec une autre femme. Elle épouse son cousin qui élève les enfants pendant plusieurs années et qui, comme Mr. L., désire en faire ses enfants adoptifs. Ni Mr. L., ni Mr. G-cousin, ne veulent rompre le lien ténu entre leurs enfants – les cousins de mon gendre – et leur famille d’origine, et ces enfants, déjà grands, savent très bien que leur père-géniteur n’est pas l’homme qui les a élevés. De même que l’enfant de Raksha sait très bien que son père adoptif est son beau-père, que son « vrai » père est mort. Et que les enfants adoptifs de Sean, dont certains visiblement déjà adultes, savent très bien que ce n’est pas lui qui les a engendrés.

  • Comme je l’ai indiqué plus haut, si la situation de Sean Kane est est mentionnée dans cet article, ce n’est évidemment pas pour en déduire qu’il n’y a rien à changer, mais pour illustrer une situation dans laquelle le projet de loi à l’étude pourrait s’appliquer et faire de lui un deuxième père.

    L’idée de l’article est donc bien d’expliquer que cette proposition pourrait typiquement trouver à s’appliquer au cas de Sean Kane, comme elle pourrait trouver à s’appliquer au cas de Bill Delanay.

    On pourrait déjà en conclure qu’il n’y a donc pas de problème et aucune nécessité, dans le cas de Sean, d’en passer par la fiction selon laquelle il serait « père » des enfants, tout comme leur… père.

    Au-delà, et même si cela reste légal et possible, je trouve déjà déplacé d’adopter (même par adoption simple) les enfants d’un autre, toujours vivant, toujours présent auprès de ses enfants et qui n’est ni joueur ni compulsif ni violent ni indigne. Notez que vous commencez sur l’exemple de Sean Kane mais l’illustrez par des exemples totalement différents. Sean Kane se place dans une situation de concurrence malvenue, qui se traduit par son insistance à vouloir « leur faire passer le message qu’ils sont ses enfants ». Il n’est absolument pas nécessaire d’entretenir ce type de confusion pour faire passer le message de son affection.

  • En tout cas, si le motif pratique de l’adoption est bien la transmission du patrimoine, comme chez les antiques Romains, l’actuel gouvernement ne sera pas très cohérent avec lui même si j’en juge par le budget rectificatif voté cette nuit 😉 « nous voulons privilégier le mérite plutôt que l’héritage » -et hop! baisse significative de l’abattement sur les droits de succession….-

    Koz, vous avez entièrement raison : adopter les enfants d’un autre toujours vivant est franchement malsain.
    Qui pense à la blessure que cela provoque chez le parent ainsi « doublé » ?
    Dans un autre siècle, cela a été vécu par ma famille pour des basses raisons patrimoniales.Adoption simple pour qu’un nom ne s’éteigne pas, accolement au nom d’origine de l’adopté du patronyme de l’adoptant, transmission de la demeure familiale;
    Et bien, la blessure qu’a constitué cette démarche pour le vrai père de l’adopté laisse encore des traces.Son nom à lui était donc trop plébéien, son patrimoine était inexistant…Il l’a vécu comme une gifle , une négation de sa propre histoire, malgré les belles explications données et les belles paroles « ça ne change rien entre nous, ce n’est qu’une question de fiscalité »…

  • @ Koz (et aux autres d’ailleurs),

    je viens ici vous apporter un point de vue un peu différent, celui d’un adulte qui, en raison de la séparation de ses parents dans les années 70, s’est retrouvé à grandir dans deux familles différentes. je suis un enfant de famille « recomposée » comme on dit. J’ai 45 ans, ce qui me donne le recul, je crois, sur cette histoire « hors norme » pour cette époque passée.

    1 – j’ai grandi en sachant qui était qui dans ces deux familles. Qui était mon père, qui était ma mère, qui était mon beau -père, qui était ma belle mère. Les choses étaient dites, assumées et l’enfant que j’étais savait parfaitement se positionner vis à vis de chacun des adultes sans y perdre son latin (de cuisine ou pas).

    2 – Je me suis retrouvé en tant qu’adulte dans la situation d’avoir des liens avec quatre « anciens ». Deux parents, les deux ne m’étant, au regard de la loi … Rien. Aucun droit, aucune responsabilité, aucun lien.

    J’ai perdu mon beau-père il y a quelques années. Cet homme qui m’a tant apporté, qui m’a permis de devenir en partie ce que je suis comme adulte, j’ai pu l’accompagner jusqu’au terme de sa vie. J’ai eu de la chance, la mère est en vie (doublement donc). Dans le cas contraire, aurais-je pu lui témoigner jusqu’au bout cet amour que je ne vais pas qualifier de filial pour éviter d’en choquer certains ici, même si je vous assure que cela y ressemblait grandement ? Possible, fort possible. Mais pas obligatoirement. Il suffit d’un personnel hospitalier tatillon (mais c’est vrai que la France est une terre étrangère à la tatillonitude), d’une infirmière mal lunée, d’un médecin acariâtre ou tout simplement, ne faisons pas de procès d’intention, d’une équipe médicale surchargée (ce que la France ne connait pas plus que la tatillonitude) et j’aurais pu me retrouver en salle d’attente sans pouvoir lui rendre visite de manière extensive ni savoir où en était son état de santé. Ou l’aider à rentrer chez lui pour y mourir. Ou, ou ,ou …

    Les liens tissés entre un enfant et un adulte perdurent toute la vie. Ils se font sans besoin de la sanction de la société. En revanche, la sécurisation de ces liens demande leur prise en compte par la loi. Ainsi, il devient difficile ou impossible que la bêtise, la méchanceté ou simplement l’ignorance viennent vous pourrir la vie, surtout en période de vulnérabilité.

    Alors, comment régler le problème ? Le précédent gouvernement a essayé de promouvoir le statut de beau-parent : initiative torpillée par les mouvances « tradis » de la majorité d’alors. La reconnaissance d’un lien de type parental ne vous convient pas plus. Que faudra-t-il pour vous satisfaire, tout en permettant aux petits Manuels qui un jour seront grands, d’avoir un peu de sécurité pour être avec celles et ceux qu’ils aiment, qui les aiment et qui font partie de leur vie ? A vous de me dire. Si après tout, permettre à un adulte de veiller sur un enfant qui n’est pas le sien voire de prendre des décisions parfois vitales quand ses parents (les vrais, les seuls, les purs et durs) ne sont pas là n’est pas suffisant pour vous, peut être que la reconnaissance d’un devoir « filial » (j’ose le mot après tout) vis à vis de ces adultes qui deviennent des anciens saura vous faire réfléchir.

    Je n’ai pas la solution qui puisse vous satisfaire, je ne la connais pas. Je sais simplement que ma réalité n’est pas unique (les divorces ne sont, c’est un fait, pas rares) et que cette réalité est à la merci de n’importe quel refus. Permettez moi de ne pas m’en satisfaire. Et de le dire haut et fort tant qu’on ne m’aura pas entendu et pris en compte. Je crois que ce n’est en rien individualiste.

  • @Manuel: Le statut du beau-parent n’a pas été « torpillé » par la « mouvance tradi », c’est un débat plus complexe que ça, et les positions transcendent les partis. Le choix a été fait de privilégier le maintien du couple parental, et d’éviter ce qui peut le fragiliser; c’est une tendance de fond du droit de la famille français, pas une lubie de réacs. Le choix est discutable; mais pour une fois, il a le mérite d’être clair.

    Les questions que vous soulevez sont réelles, et je me les pose également, dans un contexte analogue (mais sur ma génération). Il me semble cependant que tout problème humain ne passe pas nécessairement par une réponse législative. Il faudrait donc changer le droit de la famille pour sécuriser les visites à l’hôpital des conjoints de ses parents une fois ceux-ci décédés. Permettez-moi de penser que si les circonstances avaient fait qu’il vous eût été impossible de rendre visite à votre beau-père, il y aurait eu d’autres personnes et d’autres instances à blâmer avant de s’en prendre à la loi de la République.

    Celle-ci est là pour donner un cadre. Ensuite on se démerde avec.

  • Pour préciser mon propos, il y a bien des personnes qui comptent dans notre vie autant et peut-être parfois davantage que nos parents et beaux-parents. Certains de ces liens coïncident avec une relation juridique (parents, collatéraux, enfants); d’autres non (meilleurs amis, idoles…). C’est comme ça. Si vous avez été la maîtresse d’un homme malaimé par son épouse, vous ne serez peut-être pas invitée à son enterrement. C’est triste, mais ce sont les aléas des relations humaines.

    La loi ne peut pas tout. Elle peut garantir que chaque enfant ait bien un père et une mère. S’il en a davantage, tant mieux pour lui. Mais on ne va pas faire un statut pour chaque situation particulière. En l’occurrence, la loi tranche en faveur des parents biologiques, quand ils sont dans le circuit. C’est cruel pour les beaux-parents. La loi pourrait aussi, et ce serait cohérent, trancher pour le couple qui élève l’enfant, en écartant les autres parents, même biologiques. Ce serait cruel pour ces derniers. Ce n’est pas le choix qui a été fait.

  • Pardonnez-moi, Exilé, mais l’adoption est bel et bien à la base une question de transfert de patrimoine et de survivance du nom (avec tout ce qui y était lié). Ce qui n’empêchait pas l’histoire personnelle et les sentiments d’avoir une importance aussi (ce n’est jamais pour des raisons fiscales, uniquement, que l’on adopte, et surtout que l’on adopte telle personne). Mais, comme le mariage, d’ailleurs, c’était avant tout un acte social, pas sentimental. Ce n’est que très récemment (au regard de l’Histoire) que la raison d’être de l’adoption a été de donner des parents à un enfant sans famille, et encore plus récemment, de donner un enfant à des parents stériles. Que ça puisse être douloureux, je le conçois, pour mille et une raisons. L’adoption n’est pas un acte anodin parce qu’elle crée des liens sociaux, quasi indissolubles (et que, quand elle est plénière, elle en casse, définitivement) mais très souvent, en cas d’adoption simple, ces liens existaient déjà de façon non-officielle.

    Je voudrais dire aussi que l’adoption, de nos jours, est quasi-toujours l’adoption d’un enfant de parents vivants. De parents qui ont peut-être abandonné leurs enfants (dans quelles circonstances ? particulièrement dans les adoptions internationales ?), mais qui sont bel et bien en vie. Curieusement, ce type d’adoption-là pose très peu de problème de conscience. Qui s’inquiète des parents haïtiens qui confient leur petit dernier aux religieuses pour être adopté en France, parce qu’ils n’ont pas les moyens de le nourrir ? Leurs sentiments ont-ils moins d’importance que l’amour-propre d’un parent occidental ?

    Et, logopathe, le choix des législateurs a peut-être été le « maintien du couple parental », parfois à l’encontre de la réalité de la vie et de situations réellement douloureuses (Mr. et Mme X elèvent le jeune Y depuis l’âge de deux ans. Mr. X meurt. Y va être confié à sa mère biologique et à son nouveau compagnon, qu’il n’a jamais vus, parce que « c’est sa mère » et qu’il n’a pas de lien légal avec son beau-père…). mais précisément, l’adoption simple permet de remédier à ces situations. Je ne prétends pas que le lien parental génétique n’a pas d’importance. Il en a. Il suffit de voir combien d’enfants adoptés remuent ciel et terre pour « savoir qui ils sont ». Mais il ne faut pas l’idéaliser non plus. Souvent, ce lien de sang ne débouche que sur du malheur et des larmes. Ou sur rien du tout (et je rappelle qu’en cas d’adoption simple, il n’est pas rompu. C’est d’ailleurs une des choses que l’on reproche à Sean…)

    Et pour en revenir à ce brave Sean, tenez, et à son histoire : bien sûr que sa paternité est une « fiction juridique ». Toute adoption est une fiction juridique. Mais c’est une fiction juridique basée sur des faits réels : c’est lui qui « joue le rôle » du père au quotidien, pas le père biologique (dont on ne sait pas grand chose…. on ne sait pas grand chose de Sean ni de sa femme, d’ailleurs). Et même s’il veut faire passer le message aux enfants « qu’il sont vraiment les siens », il n’a rien d’un Homme nouveau. Il n’est pas plus moderne que l’aristocrate qui a adopté le père d’Exilé « pour des raisons fiscales ».

  • @logopathe :

    vous me parlez d’un maintien du couple parental pour justifier le refus de donner un statut au beau parent. je vous rappelle tout de même que lorsqu’un beau parent est là, c’est que le couple parental, lui, n’existe plus. Vouloir donc maintenir juridiquement, envers et contre tout, une situation qui dans la réalité a disparu est pour le moins un concept étrange. Et je n’en vois pas l’intérêt pour le quotidien des personnes concernées à part leur dire que ce qu’il vivent ce n’est pas bien.

    Passe encore vis à vis des deux membres du couple qui a explosé : considérons qu’ils sont responsables et qu’après tout, la loi n’a pas à se soucier de leurs petits désirs personnels. Je ne partage pas cette vision punitive du droit familial mais admettons cette logique du talion. Le problème, c’est que bien d’autres personnes sont impactées : selon votre logique, les enfants eux aussi se voient présenter la facture, alors qu’ils n’y sont pour rien. Pour une logique qui veut protéger lers « droits de l’enfant », sur le coup ses droits on lui met dans la gueule.

    D’une manière plus générale, je ne cherche personne à blâmer, je n’ai pas le réflexe de chercher en permanence un coupable à une situation donnée, je préfère chercher à aplanir les problèmes. C’est moins cruel et plus constructif. En revanche, je vous le dis, je ne me satisfait pas de votre « c’est cruel mais c’est ainsi » : c’est un peu léger à mes yeux. Car tout de même, une personne qui a largement participé à votre éducation n’est pas un « meilleur ami » et encore moins une « idole », des jeunes ou pas. Mon beau-père n’avait rien à voir avec Johnny ou Madonna et son importance dans ma vie n’est pas comparable.

    Enfin, j’ai du mal avec votre manière de rejeter le débat sous prétexte que la loi ne peut traiter de chaque « situation particulière ». En France, entre un couple sur trois et un couple sur deux divorce, selon les régions. Cela fait beaucoup, beaucoup de monde. Et beaucoup, beaucoup de beaux-parents. Peut être même encore plus de beaux-parents que vous ne croyez car un enfant sur deux est conçu et nait « hors mariage ». On peut donc estimer que donner un statut à plusieurs millions de personne relève plus du fait sociétal que du cas particulier.

  • Tout dépendra, à vrai dire, du régime de ce statut. Surtout au regard de l’autorité parentale. L’autorité parentale est avant tout une prérogative des parents et doit avant tout se faire conjointement, dans toute la mesure du possible. Le fait d’être séparé ne change rien à cela. Il n’y a rien de punitif là-dedans : c’est simplement l’expression de l’idée que concevoir un enfant créé une responsabilité à son égard, quelque soit les turpitudes que peut subir le couple.

    Transférer l’autorité parentale dès qu’un des parents tombe à nouveau amoureux, c’est complètement déresponsabiliser un des parents, c’est même lui retirer ses enfants (ce qui peut être ressenti comme une punition). Si on ne le transfère pas mais qu’on partage cette autorité parentale, il va falloir l’exercer conjointement entre le père, la mère et le beau-parent. C’est donc potentiellement bien plus compliqué, et davantage créateur de litige (surtout qu’il peut y avoir un risque accru de voir un phénomène de majorité, avec le minoritaire, frustré, qui aurait davantage recours au JAF). Et à partir de quand doit-il y avoir ce statut? Dès que l’amour est suffisant? Qui va juger de l’amour? Ou alors on impose un certain laps de temps…mais le temps est-il corrélé à l’apparition d’un véritable lien affectif? Ou alors on impose un remariage. Mais l’amour existe-t-il hors du mariage? Oui, assurément. Ou alors on attend que la personne voulant avoir un statut de beau-parent fasse un acte déclaratif d’amour filial auprès de l’administration compétente?

    Il ne me semble pas si mal, au fond, de se contenter de dire que concevoir un enfant créé une responsabilité et de laisser l’amour et l’amitié (filial ou non) hors du droit. Votre exemple de l’hôpital ne me paraît ainsi pas pertinent : le problème n’est pas tant l’absence de statut que le côté excessivement tâtillon de certaines personnes. Vouloir répondre à cet excès d’amour des règles par des règles supplémentaires, c’est un peu comme vouloir donner des amulettes à un pyromane pour qu’il vous laisse tranquille.

  • Au sujet du cas de Bill (et de celui évoqué par l’article du Figaro en lien) : que l’on soit choqué par l’ « homoparentalité », soit. Qu’on le soit parce que le parent biologique puisse officiellement être parent de l’enfant, là, je ne suis plus. Les filles de Bill auront un père et une mère, qui ne vivront pas ensemble, ainsi qu’une mère adoptive, qui vivra avec sa mère biologique. On a parlé bien souvent des référents masculin et féminin, au moins, dans ce cas-ci, ils sont là.

    Quant au cas belge, eh bien, c’est un cas de divorce, et l’enfant sera un enfant de divorcés, dont une des partie est sa mère adoptive. C’est triste ? Oui, comme l’immense majorité des cas de divorce, que les conjoints soient hétéros ou pas, que les enfants soient naturels ou adoptifs, et même, que les enfants aient un lien légal avec le beau-parent ou pas. On peut le déplorer, on peut regretter de ne pas vivre dans une société idéale, où Papa épouse Maman, a de beaux enfants avec elle et où le couple dure « jusqu’à ce que la mort les sépare ». Malheureusement, nous ne vivons pas dans une société idéale (laquelle l’a jamais été ?) et il est normal que la Loi tente de régler les situations de conflit, ou de conflit potentiel, en faisant le moins de dégâts possible.

  • @ Flashy

    non c’est vrai, restons dans la situation présente : la conception, toute la conception et seule la conception crée la responsabilité. Participer à l’éducation d’un enfant ? Du bénévolat. Aimer cet enfant, se soucier de son bien être, de l’amour et non ne vas pas tomber dans une administration des sentiments façon monty python. Laissons les gens de démerder face à d’éventuelles personnes qui se vengent de leur vie en emmerdant tout le monde et qui se réfugient derrière le droit – qu’elles ont pour elles – en cas de protestation. « Votre belle-mère ne souhaite pas d’acharnement thérapeutique ? Mais qui êtes vous pour le dire ? Vous n’êtes rien ! » « Elle n’a personne d’autre pour le certifier ? Quel dommage pour elle ! »

    La prise en compte de ces réalités familiales nouvelles est complexe, j’en conviens mais on traite avec la loi de sujets autrement plus compliqué : le droit fiscal ou bancaire n’est pas un modèle de simplicité, pourtant personne n’en conteste l’utilité.

    En fait, allons au coeur du problème : se cache derrière ce débat plusieurs visions de la société. La vôtre se fonde sur une idée unique de la famille : papa-maman mariés-avec-enfants, le tout ensemble sous un même toit réel et légal. En dehors de ce schéma, le néant. Si on organise quelque chose, on ouvre la porte au n’importe quoi.

    Sauf que la réalité ne correspond pas à votre idée : les gens ne se marient pas forcément, quand ils le font, il leur arrive de divorcer et de refaire leur vie. Les enfants ont parfois des demis-freres ou soeurs (je vous assure pour avoir vécu cette situation que je n’ai jamais su quel était le coté de mon frère proche de moi : il était mon frère, totalement, sans aucun bout qui m’était étranger. Pourtant nous n’avions qu’un père en commun). Ils sont aussi parfois élevés avec d’autres enfants avec lesquels ils n’ont pas de lien non plus. Et avec lesquels ils tissent souvent des liens fraternels. Ces pénibles.

    Alors, faut-il accepter cette diversité face à une vision unique ? Non. Non. Et re-non ! Restons donc dans le modèle un et indivisible de la famille et les malheureux qui sortent des clous, pour quelque raison que ce soit, ben … tant pis pour eux, ce sera l’insécurité légale. Et pour faire bonne mesure, cet état s’appliquera aussi à leur descendance. A leurs « petits-enfants » aussi car figurez vous que les beau-parents finissent un jour par devenir des « grands-parents ». Ces monstres.

    Surtout, restons dans notre modèle unique, rassurant, fermé. Pas de divorce (on se demande pourquoi cette atrocité est légale), pas de re-mariage, pas d’homoparentalité (j’oubliais, cela n’existe pas). Rien d’autre que la famille mononucléaire classique pour la loi, les autres, c’est les limbes ou l’enfer légal.

    Je me demande tout de même une chose : prendre en compte toute cette diversité ne vous interdit nullement de vivre selon votre vision de la famille. Imaginer un statut légal, quel qu’il soit, avec moults restrictions, aux beaux-parents ne vous retire rien de votre statut de mère (ou père, j’hésite). Cela ne blesse personne, ne cause nul dommage à qui que ce soit. Cela donne de nouveaux droits (et donc de nouvelles responsabilités), cela n’en détruit aucun. En quoi donc cela vous pose-t-il problème ? En quoi votre vie sera-t-elle changée ?

    J’entends aussi l’autre critique ; on accorde ce statut de beau-parent et il se passe quoi si le père (ce veinard) ou la mère (cette salope) passe sont temps à changer de partenaires ? L’enfant se retrouve avec 200 (tant qu’à faire gros, faisons gros) parents ? En fait, vous en connaissez beaucoup des cas comme ceux-ci ? Vous en entendez parler souvent ? Une fois par an ?

    Mais vous avez là encore raison : il peut y avoir de l’abus de ce droit créé, donc ne le créons pas. j’ai une juste une réflexion : il existe une infime minorité de gens qui abusent de la sécurité sociale, devons nous alors la supprimer purement et simplement ?

    Je comprends parfaitement vos préoccupations : rien de tout ceci n’est simple. Un modèle unique de famille, c’est simple. Sauf que, pas plus que nous ne sommes identiques avec la même pointure de chaussures, la vie n’est identique pour tout le monde. Peut-on au moins vous dire cette réalité ? Et vous dire ensuite qu’on aimerait qu’elle soit prise en compte par le droit, même avec tous les gardes-fous qui s’imposent ?

    Cordialement même si je suis acide, par petite touche … :->

    Manuel

  • @Manu Atréide: je comprends le point de vue que vous défendez, et de fait il m’arrive de le défendre aussi.

    Là-dessus, je trouve que Flashy vous a bien répondu. En revanche votre réponse à Flashy me paraît excessive et pas très honnête. Et elle nie, en bloc, un fait brut: le divorce de parents, eh bien, non, ce n’est pas bien. Pas en soi, mais pour les enfants. C’est une source de souffrance pour les enfants. Souffrance moindre, parfois, peut-être, que le maintien du couple; mais souffrance tout de même. Maintenant, vous avez raison, dans les faits, les gens divorcent (moi le premier) et il faut encadrer le bazar.

    Un enfant ne sera-t-il pas plus heureux avec deux parents ensemble, même si ce ne sont pas les biologiques, plutôt qu’avec un couple parental séparé (car contrairement à ce que vous dites, le couple parental ne disparaît pas avec le divorce; c’est le couple affectif qui disparaît, mais le parental demeure)? En tant que père divorcé, ne devrais-je pas m’effacer pour le bien de mon enfant? Bien sûr, je me le suis demandé.

    Maintenant, je vous propose deux histoires (rien à voir avec la mienne, attention): un couple se sépare. Le père est violent est alcoolique. La mère se remarie avec un type bien. Avec le cadre légal actuel, le père alcoolique continue à avoir des droits sur ses enfants (s’il reste dans les limites qui lui permettent de conserver son autorité parentale), et leur pourrit la vie, pendant que le beau-père se farcit le boulot d’éducation et n’a aucun droit. C’est injuste.

    Deuxième histoire: un couple se sépare. La mère, possessive et rancunière, se remarie avec un type bien aussi, mais entreprend de couper, par ressentiment, les enfants de leur père biologique. Elle les dresse contre lui, et impose symboliquement le beau-père comme le vrai père. Le cadre actuel permet (bon an mal an) au père biologique de continuer à faire valoir son autorité et de participer à l’éducation des enfants – sans évincer le beau-père pour autant. Un cadre légal renforçant les droits du beau-père serait injuste envers le père.

    Ces deux situations sont plausibles, et je pense que la seconde n’est pas la moins fréquente des deux.

    Quel cadre légal faut-il donc privilégier? Chacun apparaît comme le plus juste dans un des deux cas.

    C’est ce que je voulais dire quand je parlais de choix. Les changements que vous proposez seront susceptibles de soulager certains, mais au détriment possible d’autres. Il n’y a pas de changements neutres en droit de la famille, parce qu’en pratique on distribue des pouvoirs dans des situations conflictuelles et pathogènes.

    Le choix qui a été fait, c’est celui de permettre le maintien d’un modèle cohérent, dans lequel chaque enfant a droit à ses deux parents biologiques, tant que les conditions sont réunies. Ca a l’avantage d’être responsabilisant – on fait des enfants, on assume – et de ne pas nier ou diluer le fait générateur de la vie: la procréation.

    Les souffrances qui découlent des situations douloureuses qui peuvent s’ensuivre ont pour cause les désordres humains, pas la législation. Celle-ci peut mettre occasionnellement du baume sur certaines plaies – au risque d’en rouvrir d’autres. Mais elle ne peut pas les soigner.

    On rejoint une conviction que j’ai déjà émise ici: il peut y avoir une infinité de modes de vies, et de façon de conduire son existence, en suivant le modèle ou en s’en écartant. Et la liberté de s’écarter du modèle doit être préservée. Mais il ne peut pas y avoir plusieurs modèles pour la loi. Ca c’est une pure illusion.

  • @ Manuel : je ne comprends pas trop votre intervention. Vous me faites dire ce que je n’ai pas dis, et vous ne répondez pas aux complications que je pointe du doigt, pouvant expliquer la tiédeur du législateur face à un tel statut.

    Je vous remémore les cas que je recensais, vous avez dû lire un peu vite : comment partager l’autorité parentale en évitant une recrudescence des conflits (étant entendu que, plus on est nombreux à devoir se mettre d’accord, plus c’est compliqué d’obtenir un accord, surtout dans un contexte qui peut être très chargé affectivement)? Doit-on opter pour l’unanimité, la majorité? Doit-on plutôt opérer un transfert de l’autorité parentale, en évinçant un des parents biologiques? A partir de quand doit-on avoir le statut de beau-parent? Sur déclaration, par constat par le juge, après un délai (lequel)? Selon quels critères? L’affection (donc l’Etat devra évaluer l’amour)? D’autres critères plus objectifs? Doit-on mettre une limite au nombre de pères et de mères qu’on peut avoir? Quel impact le statut de beau-parent peut avoir sur le droit des successions?

    Ce sont des questions très concrètes que je pose. Si elles vous dérangent, c’est peut-être parce que vous réalisez que le statut de beau-parent risque de créer plus de complications qu’autre chose. Ou alors, vous ne savez pas comment y répondre, d’où le procès d’intention servant de diversion. Tout comme vous faites un procès d’intention au personnel médical, avec présomption de stupidité et d’inhumanité.

    A noter aussi que, même s’il n’y a pas d’obligations juridiques et pas de statut de beau-parent, il y a sans aucun doute des obligations naturelles entre vous et votre beau-père ou entre vous et vos collatéraux.

    Enfin, ce que je veux importe peu. Pour ma part, je ne crois ni au couple, ni à la famille, ni aux enfants. En tout cas, je n’en veux pas pour moi. Pourtant, je ne confonds pas mon modèle personnel avec celui que promeut le droit. Le droit, c’est un devoir-être. Que la réalité soit autre est indifférent, il ne s’agit pas de consacrer ce qui est mais de dire ce qui devrait être. Et force est de constater qu’une famille recomposée n’est pas un modèle optimal.

    P.S : et je suis entièrement d’accord avec le propos de Logopathe.

  • Flashy a écrit ::

    Si on ne le transfère pas mais qu’on partage cette autorité parentale, il va falloir l’exercer conjointement entre le père, la mère et le beau-parent. C’est donc potentiellement bien plus compliqué, et davantage créateur de litige

    Bah renommez le beau-parent « parrain », faites lui verser de l’eau sur la tête de l’enfant, et tout soudain les tradis trouvent cette relation néo-parentale normale, les cathos la trouvent louable, et tous les problèmes s’envolent. A quoi ça tient, hein …

  • @ Yogui : je ne vois nulle référence à un quelconque « parrain » dans le Code Civil, avec qui les parents partageraient l’autorité parentale. Pourriez-vous m’éclairer?

    Je vois par contre dans mon Code Civil un article 377 qui prévoit un possible partage de l’autorité parentale…mais uniquement si c’est dans l’intérêt de l’enfant. Doit-on partager l’autorité parentale pour autre chose que l’intérêt de l’enfant, par exemple pour faire plaisir à un beau-parent? Je ne le pense pas. Doit-on permettre à l’autorité parentale d’être librement donnée ou cédée (en imaginant que l’autorité parentale soit partagée avec le beau-parent grâce à une convention, par exemple)? Cela me paraît aussi assez discutable. Doit-on a priori partir du principe qu’un beau-parent, c’est forcément bien pour l’intérêt de l’enfant, et lui fournir immédiatement l’autorité parentale? Ca doit se discuter.

    On peut être tiède à l’égard d’un statut de beau-parent sans être un réactionnaire, un catholique intégriste ou un fanatique quelconque, vous savez.

    NB : quant au parrain, une question ministérielle avait été posée à ce propos en 2008, qui visait à vouloir faire entrer les parrains et marraines dans le Code Civil, voici en substance la réponse du Ministre de la Justice d’alors :

    « La réponse du ministre de la Justice écarte nettement ces demandes : il confirme en effet que le parrainage civil n’a aucun caractère obligatoire et qu’il n’entend pas lui conférer une quelconque valeur car il ne s’agit que d’un engagement moral, d’ordre privé procédant d’une coutume. Pour les mêmes motifs, sa mention sur les actes de l’état civil est exclue : ces derniers ne sauraient contenir d’autres éléments que ceux relatifs au statut personnel ou familial des personnes. Cependant, concernant les prérogatives des parrains et marraines, le ministre rappelle que les parents peuvent librement leur consentir une place de choix auprès de l’enfant en les désignant comme tuteur testamentaire et que le juge peut librement aujourd’hui les choisir comme tuteur datif ou comme membres du conseil de famille grâce à la disparition de la préférence autrefois accordée aux ascendants. Actuellement tiers à la famille, les parrains et marraines le demeureront ! Cependant, tout espoir n’est pas perdu : ils peuvent toujours bénéficier de la promotion accordée à ceux qui ont des liens affectifs forts avec l’enfant »
    Rép. min., Justice, n° 01811 : JO Sénat 16 oct. 2008, p. 2079

  • Mis qui parle de « plusieurs modèles » pour la Loi ? Il y a un modèle, qui est le « couple » parental, et des possibilités d’adaptation, qui sont l’adoption plénière (les parents – ou le parent – renonce(nt) a leurs droits parentaux et l’enfant est supposé n’avoir jamais éte que l’enfant de ses parents adoptifs) et l’adoption simple (où l’enfant reste celui de ses parents naturels en plus d’être celui de ses parents adoptifs). Ces possibilités, qu’on les appelle « modèles » ou pas, existent, et existaient d’ailleurs bien avant le divorce généralisé.(Voir « La Fortune de Gaspard » de la Comtesse de Ségur).

    Qu’il faille un certain aménagement des lois sur l’autorité parentale, oui, je le crois. Que l’adoption doive se faire selon un certaine procédure, c’est juridiquement évident. Qu’il faille le consentement de toutes les parties (y compris du parent biologique) également.
    Ce qui me gêne un peu dans cette discussion, c’est l’impression que cette adoption serait une « adoption caprice », alors que, dans la « vraie vie », elle est le plus souvent la conséquence de longues années de vie commune (11 ans en ce qui concerne mon filleul – désolée de reprendre son exemple). Et que les familles dans lesquelles elle a lieu sont décrites « en noir et blanc » (même si le père de mon filleul est un sombre crétin, lui garde d’excellents contacts avec sa grand-mère et ses oncles). Il ne s’agit la plupart du temps pas de pères alcooliques et de mères aliénantes, mais de gens responsables.

  • @ logopathe et @ flashy

    je vais donc revenir à un discours calme et pondéré, sans pique. Aucune envie de vous vexer, je préfère être écouté si tant est que ce soit possible.

    1 – modèle actuel.

    Papa-maman-mariés-avec enfants. Vous me dites que tout est fait dans la société pour qu’un enfant ait droit à ses deux parents biologiques et juste à ses parents biologiques. Non, l’accouchement sous X est légal, la naissance « de père inconnu » l’est aussi. Et l’adoption d’enfants qui ont des parents biologiques bien vivants est une réalité quotidienne. Ces trois exceptions (elles en sont) ont un statut légal, encadré, gravé dans le marbre. Du coup, l’assertion selon laquelle on fait tout – légalement et socialement – pour établir et conserver les liens entre enfants et parents biologiques en prend un coup. Et, s’il vous plait, peut-on passer sur le couplet de « l’accident de la vie » ? j’en connais d’autres, des « accidents de la vie », des trucs qui arrivent sans qu’on n’ait rien demandé mais qui n’attirent pas la même commisération.

    2 – Divorce.

    Le divorce, c’est pas bien. Une fois qu’on a dit cela, on n’a rien dit : 133 909 divorces en 2010 ( http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=0&ref_id=bilandemo8 ). 133 909 cas ou c’est pas bien. 133 909 cas bien réels et concrets. Qui, pour une partie non négligeable, impactent des enfants. Vont leur donner l’occasion de rencontrer un beau-père et / ou une belle-mère. Je le rappelle aussi, malgré le coté « pas bien », 133 909 situations légales.

    Prenons maintenant les deux cas que vous me proposez (mon idée s’applique aussi à d’autres). Des parents qui ne s’entendent pas ou l’un des deux est un parent pitoyable. Premiere possibilité : Ces adultes se rencontrent, se parlent, se rappellent qu’ils ont des enfants vis à vis desquels ils ont des droits DONC des devoirs. Parfois, ça marche, les adultes sont capables d’être sensés et raisonnables. Si toutefois cela ne marche pas, il y a le JAF (juge aux affaires familiales). La justice n’est pas que là pour punir et pointer du doigt le vilain-pas-beau, elle est aussi là pour trancher des cas que les personnes concernées ne savent pas résoudre. C’est d’ailleurs pour cela – entre autres – que la justice et la vengeance sont deux concepts différents.

    Je ne crois pas être déraisonnable en proposant cela, c’est ainsi que la société traite nombre de conflits et qu’elle traite déjà les conflits parentaux. Est-ce acceptable à vos yeux?

    3 – Statut des beaux-parents.

    Je vais être là encore être très peu original. Un enfant se trouve dans une situation de famille recomposée et le statut des beaux-parents arrive sur la table, pour des raisons matérielles, sentimentales, organisationnelles, peu importe. Première possibilité : les adultes concernés se mettent autour d’une table et trouvent une solution qui fait consensus. Idéalement, dans mon esprit, il ne s’agit pas de dépouiller Paul pour habiller Jacques mais de trouver un vêtement qui aille à Jacques sans mettre Paul en danger.

    Deuxième possibilité : là encore, en cas d’impossibilité de solution consensuelle, le juge intervient. Il étudie la situation, auditionne toutes les parties, y compris l’enfant (pourquoi pas, cela se fait déjà), puis réfléchit et tranche.

    Cette idée, qui n’a rien d’original, a de plus le mérite de s’appliquer à toute évolution. Elle pourrait même s’appliquer à des adultes (l’enfant qui a grandi).

    Peut-on imaginer un tel dispositif ? peut-on considérer que même en cas de père sexuellement frénétique ou de mère charnellement boulimique, cela s’applique ? Un juge ne serait-il pas amené à considérer que malgré les envies paternelles ou maternelles, un amant ou une maitresse de passage n’a rien d’un beau-parent ?

    Je sais, les situation décrites ne sont pas optimales. Mais parfois, la vie n’a rien d’optimal. C’est d’ailleurs le plus gros du boulot de la justice : régler les cas non optimaux. Convenez-en, on va rarement voir un juge pour qu’il constate que tout va bien.

    Une dernière chose : les cas « non-optimaux » ne sont pas bâtis sur un modèle unique. La loi ne peut donc pas s’appuyer sur une norme unique pour les régler. La preuve : le juge a toujours une liberté d’appréciation lors d’un crime ou délit et les décisions sont « modulables ». Donc non « unifiées ».

    Est-ce que cette explication de point de vue est sérieuse audible ? Peut-elle être analysée et critiquée avec le même sérieux, même si la réponse est au final négative ? Et, dernière demande, peut-on se dire que les problèmes de logistique, de finance, de surcharge des tribunaux ne sont pas des objections valables car dans ce cas, elles le sont pour tout problème juridique ?

    Merci de votre attention en tout cas.

    Poliment, Manuel

  • Il me semble qu’il y a beaucoup de commentateurs ici qui réagissent plus en fonction de leur histoire personnelle que d’une réflexion aboutie.

    Je suis moi-même un enfant adultérin, pas de « vrai » frère ou soeur, un beau-père aimant mais juridiquement inexistant, un père d’ailleurs inexistant juridiquement aussi (les joies du droit de la famille de 85) tout ça tout ça. Ce qui m’a gêné, ce qui me gêne encore, ce sont les mensonges des adultes de l’époque, et, effectivement, les conceptions étranges de « la société » qui me faisait me sentir rejeté, différent. Et j’avoue qu’épidermiquement, si je puis dire, je me suis agacé à la lecture des réactions « pro-mariage et pro-père biologique ».

    Et puis j’ai réfléchi: ce n’est pas la loi qui a contraint mes multiples parents à me mentir, ce n’est toujours pas la loi qui a poussé les gamins de l’école primaire à me faire chier parce que j’avais pas de père, ou trois, ou douze. Et la loi n’est pour rien dans la structure de personnalité subséquente à l’enfance bordélique.

    Si la loi avait été différente, ça n’aurait rien changé. Si les gens avaient été moins cons, là, tout aurait été différent. Malheureusement, et c’est un juriste qui vous parle, la loi entérine parfois la connerie majoritaire, mais elle ne l’a encore jamais réduite.

    Flashy n’a pas tort quand il dit en substance que la loi pose un cadre général au sein duquel les situations particulières fraient leur chemin, et qu’aller au-delà c’est entrer derrière les persiennes, là où nul Etat ne devrait pouvoir entrer.

    Mais au camp d’en face, je demande de considérer une chose: il est naturel que la société maintienne un cadre, parfois au détriment d’une frange de la population. Mais sur ce sujet, une chose est à considérer: le lien biologique est le plus souvent le principal, et tant mieux, c’est quand même le plus simple. Mais lorsque tel n’est pas le cas, il peut arriver que la primauté de ce lien soit une source de souffrance perpétuelle. Ce n’est pas à la loi de le prendre en compte, mais en revanche, en parler comme certains le font peut pousser d’autres (comme moi) à se sentir un peu marginalisés. C’est surtout la façon d’en parler qui crée ou empêche les traumatismes des enfants.

  • @Manuel Atréide: 1 et 2: OK avec tout ça.

    3: C’est cohérent; mais je trouve que ça revient à donner beaucoup de pouvoir au juge. Et c’est une constante ces dernières décennies: le politique ne tranche plus, et demande au juge de le faire à sa place. Sachant qu’il tranche avec les textes quand les textes disent quelque chose de précis, mais que dès que les textes lui laissent de la latitude, il tranche avec ses préjugés, ce qui est parfaitement normal. Je ne suis pas certain qu’on introduise de la sécurité dans le système avec ce genre d’innovation. Même si, dans ma situation personnelle, ça m’arrangerait bien.

    Il me semble que le système en place prend déjà pas mal en compte les situations particulières, tout en maintenant le principe, à mes yeux structurant, de la parentalité biologique. Pas au-delà du raisonnable non plus: on peut être déchu de ses droits si on merde vraiment. Je pense qu’une réforme dans le sens que vous indiquez ne réduirait pas la conflictualité globale et introduirait davantage d’incertitude. Il me semble que les coûts seraient plus élevés que les avantages.

  • Ceci dit on parle peut-être un peu dans le vide; il y a sans doute des mesures précises qui pourraient permettre d’améliorer la situation des familles recomposées sans miner l’autorité de principe du couple parental biologique.

  • Merci aux derniers intervenants d’avoir ramené le débat sur un terrain plus concret et donc plus intéressant; parce que, Yogi, sans vouloir vous vexer, les tribus disparues, c’est amusant, mais c’est anecdotique, et à la longue ça devient un peu lassant; et ce, même si je partage votre agacement face aux prétentions universalistes de certains.

    Manuel, je comprends votre état d’esprit, lié à votre vécu, qui est celui de bien des gens aujourd’hui, et vos préoccupations sont légitimes. Il n’en reste pas moins que, pour décrire le problème, vous envisagez des situations caricaturales, qui si j’ai bien suivi, procèdent de l’hypothèse et non pas de votre expérience personnelle. Par ailleurs, comme vous le reprochent vos contradicteurs, vous êtes bien dans le procès d’intention lorsque vous les accusez sans aucune preuve de vouloir interdire le divorce et condamner les familles à l' »enfer légal ».

    lambertine a écrit ::

    Je voudrais dire aussi que l’adoption, de nos jours, est quasi-toujours l’adoption d’un enfant de parents vivants. De parents qui ont peut-être abandonné leurs enfants (dans quelles circonstances ? particulièrement dans les adoptions internationales ?), mais qui sont bel et bien en vie. Curieusement, ce type d’adoption-là pose très peu de problème de conscience. Qui s’inquiète des parents haïtiens qui confient leur petit dernier aux religieuses pour être adopté en France, parce qu’ils n’ont pas les moyens de le nourrir ? Leurs sentiments ont-ils moins d’importance que l’amour-propre d’un parent occidental ?

    Votre remarque sur l’adoption est très juste, et plus encore en cas d’adoption plénière. Cependant, je ferai remarquer que la loi n’est pas là pour se préoccuper des sentiments des parents, adoptants ou biologiques: son objet est de protéger l’intérêt de l’enfant, qui doit être le facteur déterminant de toute réflexion sur la question.

    @ Manuel: les objections de Logopathe et de Flashy sont aussi à lire sous cet angle. Vous dites que la loi peut être rendue plus complexe pour traiter de situations complexes. C’est vrai, mais la question primordiale est de savoir si l’enfant sera mieux protégé par la loi ainsi modifiée.

    Flashy a écrit ::

    Le droit, c’est un devoir-être. Que la réalité soit autre est indifférent, il ne s’agit pas de consacrer ce qui est mais de dire ce qui devrait être.

    Je penche plutôt de votre côté dans ce débat sur les conséquences d’une modification légale des modèles familiaux, mais pour autant je suis convaincu que sur ce point particulier vous faites fausse route. La loi ne dit pas ce qui devrait être, sauf dans les modèles les plus utopiques et donc les plus dangereux. Elle n’est là que pour défendre et protéger les citoyens, pas pour leur imposer des choix de vie. Certes, nous avons connu récemment de nombreuses dérives à cet égard – lois mémorielles, restrictions diverses à la liberté d’expression, intrusion croissante de l’État dans la vie des citoyens (la question du voile en est l’exemple le plus criant). Ces mauvaises habitudes ne doivent pas nous faire croire que c’est là le travail normal du législateur.

    Dans toute cette affaire, les uns comme les autres sont fort tentés de réclamer des lois qui fassent la promotion de leur préférence personnelle en matière de choix de vie, ou de la situation qu’ils ont vécue bon gré mal gré, ou encore de leur propre idéal de société. Je crois que dans tous les cas, on prend le risque de mettre involontairement les enfants au second plan. Cependant, je note que vos derniers commentaires, postés pendant que j’écrivais ceci, reviennent à juste titre sur la question fondamentale. Cela illustre la valeur de la présente discussion.

    Pour ma part j’avoue ne pas savoir si un statut de beau-parent va dans l’intérêt des enfants. À défaut, je suis juste réticent à la mise en place d’expérimentations hasardeuses, guidées par des préoccupations diverses et pas toujours en rapport avec ledit intérêt.

  • Pardon, Gwynfrid, mais la Loi est là autant pour défendre les intérêts des parents que l’ « intérêt de l’enfant ». Un adulte est autant un « sujet de droit » qu’un enfant (d’ailleurs, objectivement, un enfant « mineur » n’est pas un sujet, mais un objet de droit).

  • @lambertine: en France en tout cas, le droit de la famille place au premier plan l’intérêt de l’enfant. Pour avoir fréquenté, en tant que « client », les juges aux affaires familiales, je vous assure que vous n’avez pas intérêt à parler de votre intérêt de parent devant eux… Ce n’est pas leur problème. Et je pense que c’est une excellente chose.

    @Gwinfrid: je partage votre réticence sur la remarque de Flashy relative au droit comme « devoir-être »; pour autant, même si la primauté de la parentalité biologique dans la loi se justifie par une nécessaire clarté et simplicité de la loi, il est difficile de nier qu’il y a derrière cette primauté une construction anthropologique (que je loue pour ma part) et une dimension prescriptive implicite.

  • @ Gwynfrid : le droit a une valeur prescriptive. Cela ne signifie pas qu’il doit prescrire tout et n’importe quoi, ou interdire toujours plus, nous sommes bien d’accord.

    Je dis simplement que, pour le droit, il semblerait que le modèle familial deux parents+des enfants, ce ne soit pas si mal. Après, à titre subsidiaire, on peut modeler la chose : si les parents ne peuvent pas se supporter, s’ils sont vraiment mauvais, s’ils ont disparu, si…

    mais tout cela, c’est subsidiaire. Que ce soit subsidiaire ne signifie pas que ce soit mal, ou qu’il faille l’interdire, entendons-nous bien.

    @ Lambertine : un enfant n’a pas la capacité d’exercice, c’est vrai. Mais c’est bel et bien un sujet de droit, il a la capacité de jouissance. Si vous tuez un enfant, bah vous allez en prison. Si vous cassez votre vase, vous n’irez pas en prison. De même, vous pouvez modifier librement vos droits et obligations sur ce vase en le vendant, le louant, en cédant telle ou telle partie de vos droits ou obligations. L’enfant, on ne peut pas faire ça.

    Et ce qui guide une bonne partie du droit de la famille, c’est l’intérêt de l’enfant. Surtout concernant l’adoption ou la garde des enfants ou l’autorité parentale.

    @ Manuel : en fait, on peut déjà aller devant le juge pour partager l’autorité parentale (article 377 du Code Civil). Un avant-projet de loi avait été déposé pour proposer qu’on puisse partager cette autorité uniquement grâce à une convention homologuée. Pourquoi pas, après tout? Les adultes se mettent d’accord, et le juge vérifie qu’ils n’ont pas fait n’importe quoi. Le problème de cet avant-projet, c’est qu’on avait, au passage, gommé toute référence à « l’intérêt de l’enfant ». Sans doute cela s’explique-t-il par le fait que, si les deux parents biologiques ne s’entendent pas trop mal, il n’y a aucune raison de partager l’autorité parentale avec un tiers. Mais cela me semble discutable : si ce n’est pas au nom de l’intérêt de l’enfant, pourquoi partager l’autorité parentale? Au nom de l’intérêt des parents? Ce serait assez absurde.

    Je pense très sincèrement que le mieux, dans un tel cas, c’est de vivre hors du droit. Oui, il n’y a pas de statut de beau-parent : et alors? Cela n’empêche pas de vivre une vraie relation, et il m’apparaît profondément stupide d’empêcher quelqu’un -concubin ou beau-parent- d’aller voir son proche à l’hôpital (tant que le proche est d’accord, bien sûr et qu’il n’y a aucune raison médicale justifiant ce refus).

  • Ben, je suis désolée, l’intérêt des parents doit aussi être « le problème » des JAF. On n’a pas d’un côté « l’enfant » idéalisé, et d’un autre « les adultes » forcément tordus. Et un jugement ne prenant en compte que le soi-disant « intérêt de l’enfant » risque de lui être pus que préjudiciable, pas au sens juridique, mais psychologique, ses parents (ou assimilés) risquant de le rendre responsable de leurs propres problèmes.

  • Si vous volez un vase (de valeur) ou si vous le cassez volontairement, vous irez en prison, aussi sûrement que si vous tuez un enfant. Ou un adulte, d’ailleurs. Je ne me positionnais pas au niveau du droit pénal.
    Alors, l’ « intérêt de l’enfant » ? Mais par rapport à quoi ? par rapport à celui de son parent tordu ? De son beau-parent aimant ? Par rapport à ce que « la société » considère comme « bon pour lui » ? J’avoue avoir beaucoup de mal avec le soi-disant « intérêt de l’enfant ».

  • @ Lambertine :

    je ne vois pas trop ce qui vous gêne, en fait. On cherche à protéger le plus faible dans l’histoire, à savoir l’enfant. Les parents, hé bien, ils sont sensés être des adultes. C’est-à-dire des gens (relativement) responsables. Qu’ils oublient leurs devoirs à l’égard de leur progéniture, étant trop accaparés par leurs conflits et leurs colères, ça peut arriver. Mais le juge est très précisément là pour leur rappeler qu’ils ont des devoirs envers leurs enfants. Si les parents veulent défendre leurs intérêts, ils le peuvent. Ils peuvent même prendre un avocat. Mais l’enfant, que va-t-il faire? C’est du fait de sa relative impuissance que le juge pense avant tout à son intérêt. Si le juge ne le fait pas, il n’est pas certain que les parents le fassent (bien sûr, la plupart du temps, ils le font, et heureusement).

    Autrement dit : c’est pour rétablir l’équilibre que le juge pense avant tout à la partie la plus faible.

    L’intérêt de l’enfant, c’est effectivement ce que la société juge bon pour lui. C’est pouvoir aller à l’école, voir si possible ses parents (sauf cas extrêmes), lui éviter si possible de quitter son école, ses amis etc suite à un conflit parental, bref, tout un tas de petites choses très concrètes.

    Et pour le vase, s’il est à vous, vous pouvez le casser si ça vous chante, vous savez.

  • Logopathe a écrit ::

    en France en tout cas, le droit de la famille place au premier plan l’intérêt de l’enfant. Pour avoir fréquenté, en tant que « client », les juges aux affaires familiales, je vous assure que vous n’avez pas intérêt à parler de votre intérêt de parent devant eux… Ce n’est pas leur problème. Et je pense que c’est une excellente chose.

    De même.

    il est difficile de nier qu’il y a derrière cette primauté une construction anthropologique (que je loue pour ma part) et une dimension prescriptive implicite.

    Bien entendu, la loi n’est pas détachée de la construction anthropologique qui la sous-tend. Elle règle les affaires des hommes et est donc enracinée dans leur nature. La dimension prescriptive, par contre, m’échappe. Nul n’est obligé de se marier, nul n’est obligé d’avoir des enfants, nul n’est obligé de se marier pour pouvoir avoir des enfants. Par contre il est interdit à quiconque de rompre son mariage ou de renoncer à ses enfants, ou d’adopter les enfants d’autrui de sa seule autorité: il faut passer par le juge, qui, comme vous l’avez constaté, n’est pas juste là pour donner un coup de tampon sur un document. La loi ne prescrit pas ce qui est bon: elle protège, en réprimant ce qui nuit à autrui ou à la société dans son ensemble. Et je pense que c’est très bien ainsi.

    lambertine a écrit ::

    Alors, l’ « intérêt de l’enfant » ? Mais par rapport à quoi ? par rapport à celui de son parent tordu ? De son beau-parent aimant ? Par rapport à ce que « la société » considère comme « bon pour lui » ? J’avoue avoir beaucoup de mal avec le soi-disant « intérêt de l’enfant ».

    Par rapport au bon vieux principe « ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse ». Et avec une priorité accordée à l’enfant sur les adultes dans toute question familiale. Pour une raison simple: parce que la loi doit protéger en priorité le plus faible. Secondairement: parce que l’enfant ne porte pas la responsabilité des problèmes qui ont conduit ses parents devant le juge.

  • Je sais que je vais choquer, mais, non, la Loi ne doit pas protéger en priorité le plus faible. La Loi doit être impartiale. C’est pour ça qu’elle est la Loi. Et le principe « ne fais pas à autrui… etc… » ne veut pas dire qu’il faut privilégier le « soi-disant » « intérêt de l’enfant ». Il dit juste « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse ». Qu’autrui ait cinq, vingt-cinq, quarante-cinq ou quatre-vingt-cinq ans.

    PS : et si l’intérêt de l’enfant, c’est ce que la société et la Loi jugent bon pour lui, genre « aller à l’école »… euh… je suis vraiment obligée d’y croire ? Enfin, de croire que là est l’intérêt de l’enfant ?

    Re-PS : vous croyez vraiment qu’il est dans l’ « intérêt de l’enfant » que ses parents soient obligés de se sacrifier légalement pour lui ? Et que des années après, il se voit reprocher ce sacrifice au quotidien ?

  • Flashy a écrit ::

    je ne vois nulle référence à un quelconque « parrain » dans le Code Civil, avec qui les parents partageraient l’autorité parentale. Pourriez-vous m’éclairer?

    Mon point est que vous trouvez tous les défauts du monde à une officialisation du statut du beau-parent : usurpation de rôle, négation de la nature, source de conflits, perte de repères, lubie d’adulte au détriment de l’enfant, j’en passe et des meilleures.

    Mais dés lors que ce « néo-parent » s’appelle « parrain » et que son statut a été ritualisé par votre religion, tout soudain vous ne voyez plus aucun des problèmes ci-dessus. Cela montre selon moi que le caractère néfaste du statut de beau-parent n’est que le fruit de vos préjugés et de votre volonté pré-existante de le dénigrer.

    Je vois par contre dans mon Code Civil un article 377 qui prévoit un possible partage de l’autorité parentale…mais uniquement si c’est dans l’intérêt de l’enfant. Doit-on partager l’autorité parentale pour autre chose que l’intérêt de l’enfant, par exemple pour faire plaisir à un beau-parent?

    Exemple type « d’argument » biaisé où vous accusez autrui de vilenies afin d’ensuite les dénoncer. Qui a dit que les demandes mentionnées ont une autre motivation que l’intérêt de l’enfant ? Comment vous permettez-vous de telles calomnies à l’égard des beaux-parents en question ? En quoi le « parrain » est-il moins contestable ?

    Gwynfrid a écrit ::

    Yogi, sans vouloir vous vexer, les tribus disparues, c’est amusant, mais c’est anecdotique

    Vous vous trompez de fil, mais j’admets qu’on s’y perd. Quant à celui-ci vous noterez que c’est moi qui ai introduit le débat sur l’adoption simple.

  • Yogui, vous le faites exprès? Flashy ne demande pas que la loi (la loi, pas la coutume religieuse, qui n’est pas contraignante) donne un statut au parrain. Et où voyez-vous des calomnies sur les beaux-parents? Flashy constate qu’il existe déjà une possibilité de partager l’autorité parentale dans l’intérêt de l’enfant, et demande ce qu’une création du statut de beau-parent pourrait bien apporter de plus.

    Vous êtes particulièrement peu rigoureux sur ce coup-là, je trouve.

  • Yogui a écrit ::

    Vous vous trompez de fil, mais j’admets qu’on s’y perd. Quant à celui-ci vous noterez que c’est moi qui ai introduit le débat sur l’adoption simple.

    Vous avez raison. Les deux fils traitent essentiellement du même sujet, surtout dans les commentaires les plus récents.

    Yogui a écrit ::

    Mais dés lors que ce « néo-parent » s’appelle « parrain » et que son statut a été ritualisé par votre religion, tout soudain vous ne voyez plus aucun des problèmes ci-dessus. Cela montre selon moi que le caractère néfaste du statut de beau-parent n’est que le fruit de vos préjugés et de votre volonté pré-existante de le dénigrer.

    Le rôle du parrain dans le catholicisme est uniquement religieux. Votre rapprochement avec celui du beau-parent est fallacieux au point de tangenter la mauvaise foi. Ce hors-sujet montre selon moi que le caractère néfaste des religions n’est que le fruit de vos réflexes programmés et de votre volonté pré-existante de les dénigrer.

    @ Lambertine: vous ne me choquez pas le moins du monde. Nous débattons, vous n’êtes pas d’accord avec moi, je ne suis pas d’accord avec vous: je n’en tomberai pas malade, n’ayez aucune inquiétude.

    La loi protège le faible, c’est un fait, particulièrement en matière de famille: voyez par exemple les règles relatives aux pensions alimentaires. La loi protège également l’enfant plus que l’adulte en matière pénale, pour la même raison, et également parce que la responsabilité de l’adulte est plus grande que celle de l’enfant (et en matière de divorce, la responsabilité de l’enfant est tout simplement nulle). C’est là un principe de justice, qui n’enlève rien à l’impartialité – c’en est même une condition nécessaire.

  • Gwynfrid a écrit ::

    Le rôle du parrain dans le catholicisme est uniquement religieux. Votre rapprochement avec celui du beau-parent est fallacieux au point de tangenter la mauvaise foi.

    Que non point. Le rôle du parrain dans le catholicisme est religieux, c’est bien pourquoi ma comparaison est valide. Bon nombre de catholiques, sinon tous, disent que le mariage civil n’a pas véritablement de valeur et que seul le mariage religieux vaut. Et voilà que cette institution, sacrée et sage entre toutes prévoit, que dis-je demande, qu’un tiers vienne s’immiscer dans la relation parents – enfant.

    Pour ma part, je trouve cette immixtion extrêmement dangereuse pour le psychisme de l’enfant : cela ne lui suggère-t-il pas que ses parents sont incapables de l’élever pleinement ? N’est-ce pas une négation du rôle central de ceux qui l’ont engendré ? Ses repères sociaux ne vont-il pas être troublés ? Cela ne créé-il pas, pour une simple fantaisie d’adultes, une source inépuisable de conflits sur l’éducation à apporter à l’enfant ? Etc etc

    La religion prévoit et définit le rôle d’un tiers dans l’éducation et la responsabilité d’un enfant : c’est Bien, cela l’aidera dans son chemin de vie. La société prétend faire de même : c’est Mal et les dix plaies d’Egypte vont s’abattre sur lui. Vous ne voyez pas comme un biais ?

  • Yogui a écrit ::

    La religion prévoit et définit le rôle d’un tiers dans l’éducation et la responsabilité d’un enfant

    C’est tout simplement faux: il n’est pas demandé aux parrain et marraine de s’occuper de l’éducation autre que religieuse (oui, ça existe, même chez les cathos, c’est dingue); quant à l’éducation religieuse, leur rôle est simplement d’aider, il n’est en rien une immixtion. Et bien entendu, la responsabilité appartient exclusivement aux parents.

    Sur le fond du sujet, je comprends fort bien votre position, et j’aurais un certain nombre de points d’accord avec vous. À mon avis, votre crédibilité ne serait que renforcée si vous pouviez éviter les énormités anticléricales. Dès que l’on déborde sur la religion – dès que vous débordez sur la religion, pour être plus exact – votre irrépressible besoin de dénigrer prend le dessus, vous conduisant tout droit vers les interprétations abusives, voire, comme ici, à l’invention pure et simple.

  • @Yogui

    Tsss….

    Si le statut de beau-parent envisagé n’a rien à voir avec celui de parent, ça n’a rien à voir avec cette discussion où l’on parle d’accumuler les « faisant fonction de parents ».

    Si le statut de beau-parent ressemble au contraire au statut de parent, les histoires de parrains n’ont rien à voir là dedans puisqu’il s’agit d’un rôle codifié, très différent.

    Donc, ça n’a rien à voir ou ça n’a rien à voir?

    Sinon, comme je suis de passage, un gros +1 à nos amis Logopathe et Flashy, tout en remerciant Lambertine et Manuel de leur contribution. Le débat est vraiment de qualité.

  • Gwynfrid a écrit ::

    il n’est pas demandé aux parrain et marraine de s’occuper de l’éducation autre que religieuse

    Je n’ai pas dit le contraire : je ne fais qu’établir un parallèle. Je relève que dans le domaine où elle a pleine et entière juridiction, l’Eglise n’hésite pas à confier un rôle de parenté spirituelle (sic) à des personnes différentes des parents biologiques, et à leur confier une vraie responsabilité (ou co-responsabilité avec les parents) sur les aspects les plus vitaux à ses yeux : le chemin dans la foi, l’éducation religieuse, et la responsabilité de la vie spirituelle de l’enfant. Pourquoi alors s’insurger quand la même chose est proposée dans la vie civile ? Mais libre à vous bien sûr de n’y voir aucune contradiction.

  • @ Yogui : pour savoir, vous vous adressiez bien à moi? Parce que je ne suis pas croyant, hein. Même pas baptisé, c’est dire. J’ai grandi dans une famille communiste, pour tout vous dire. Cela vous aidera peut-être à mesurer en quoi l’argument selon lequel mes préjugés religieux m’aveugle peut me paraître surprenant.

    Je vous ai cité une réponse ministérielle repoussant l’introduction du parrain dans le Code Civil. Les parrains, ça n’a pas de statut et ça n’a pas à en avoir. Cela relève aussi du non-droit, et c’est fort heureux.

    Quant à l’article 377, l’avant-projet de loi désirant introduire le statut de beau-parent voulait le modifier afin de :

    1) remplacer le passage obligé par le juge par une simple convention homologuée par ce dernier

    2) effacer la référence à l’intérêt de l’enfant

    D’où ma question : si on ne partage pas l’autorité parentale au nom de l’intérêt de l’enfant, on la partage pour quoi? Je me suis déjà brièvement expliqué sur le motif probable de cette suppression et sur ce que cela m’inspirait.

    Sinon, point par point :

    quant à l’usurpation : remplacer un parent biologique par le beau-parent me semble, effectivement, infiniment discutable. C’est une modalité possible ; c’est une modalité à rejeter dans l’immense majorité des cas. Ce serait source de souffrances inutiles et de conflits familiaux. Mieux vaut donc éviter dans toute la mesure du possible une telle modalité de recours au statut de beau-parent.

    Quant à la négation de la nature : dire que le fait de concevoir un enfant créé une responsabilité à son égard, c’est énoncer une évidence. A fortiori quand il y a reconnaissance de l’enfant. On ne peut pas complètement oublier ce détail : un enfant reconnu par son père et sa mère a…hé bien un père et une mère. Ne pas l’oublier, ça me semble important. Peut-être qu’un tel énoncé est le fruit du plus noir des fanatismes et que je vis prisonnier dans mes préjugés. J’ai la faiblesse de penser que non.

    Quant à la source de conflits : hé bien oui, plus on est nombreux à disposer d’un pouvoir, plus les probabilités pour que l’exercice de ce pouvoir puisse provoquer des frictions et des conflits sont élevées. Déjà qu’à deux, c’est pas toujours évident de se mettre d’accord au sujet de l’enfant, alors imaginez à trois ! Là, deux modalités possibles :

    1) La majorité. On aurait ainsi une possible tyrannie de la majorité (composée sans doute du parent et du beau-parent lié à ce dernier). Et beaucoup de frustration pour le minoritaire. D’où litige.

    2) L’unanimité. Mais là, faut forcément réussir à se mettre d’accord. Ce qui n’est pas toujours évident. Il y a aussi un risque plus élevé de litiges.

    Quant au côté capricieux ou lubie : effacer la référence à l’intérêt de l’enfant me laisse à penser que le statut de beau-parent est surtout là pour répondre au besoin de reconnaissance du beau-parent (qui est électeur, lui, contrairement à l’enfant, ‘fin bref). Je trouve ça très discutable, oui. On ne devrait effectivement imposer ce tiers que si les choses vont vraiment mal entre les parents biologiques, à tel point que l’un d’eux serait incapable d’accomplir convenablement ses devoirs. Par contre, si tout va bien, pourquoi avoir besoin d’un tiers? C’est sans doute là la grande question à trancher quant à ce statut de beau-parent.

    En conclusion : je ne suis pas favorable a priori à un statut juridique de beau-parent, c’est vrai. Ce n’est pas pour cela que je condamne le fait d’être beau-parent. Je peux même être favorable à un tel statut si son régime me paraît répondre à un certain nombre d’exigences :

    1) Maintenir une définition claire des rôles de chacun

    2) Ne pas déresponsabiliser le parent biologique ne vivant pas avec l’enfant (qui reste parent, ne l’oublions pas)

    3) Que l’on n’oublie pas, à aucun moment, l’intérêt de l’enfant

    @ Lambertine : quels sacrifices les parents vont-ils reprocher à leurs enfants?

  • Flashy a écrit ::

    Parce que je ne suis pas croyant, hein.

    Je vous présente mes plus plates excuses pour cette tragique méprise.

    Pour le reste, votre position me paraît assez extrémiste et à sens unique, mais cohérente. Je n’ai donc pas de remarque supplémentaire à ce qui a pu être dit par Manuel Atréide par exemple.

  • lambertine a écrit ::

    PS : et si l’intérêt de l’enfant, c’est ce que la société et la Loi jugent bon pour lui, genre « aller à l’école »… euh… je suis vraiment obligée d’y croire ? Enfin, de croire que là est l’intérêt de l’enfant ?

    Re-PS : vous croyez vraiment qu’il est dans l’ « intérêt de l’enfant » que ses parents soient obligés de se sacrifier légalement pour lui ? Et que des années après, il se voit reprocher ce sacrifice au quotidien ?

    Ben… oui, dans les deux cas. Sur l’obligation scolaire comme sur la responsabilité parentale il n’y a plus débat depuis belle lurette, me semble-t-il. Et oui, c’est mieux comme ça. S’il y a des parents qui reprochent quotidiennement à leurs enfants les sacrifices que cela leur impose, que voulez-vous, je ne peux que m’en désoler.

    Yogui a écrit ::

    Je vous présente mes plus plates excuses pour cette tragique méprise.

    Ce n’est pas la première fois que ce genre d’erreur vous arrive, je crois. Cela illustre bien la remarque que je vous faisais plus haut sur votre dénigrement systématique, parvenu à l’état de réflexe. Vous n’avez pour principal outil de raisonnement qu’un marteau: du coup, tous vos contradicteurs se mettent à ressembler à des clous.

  • Il me semble que légalement, il n’y a pas d’obligation scolaire en France, mais une obligation d’instruction, et que cette instruction peut se faire en famille (IEF), cette IEF étant surtout pratiquée dans les milieux écolo et « tradis » (c’est par les milieux tradis que j’en ai eu connaissance). En cas de conflit, y aura-t-il un seul juge en France qui trouvera cette éducation conforme à l’ « intérêt de l’enfant » ? Très sincèrement, ce fameux intérêt de l’enfant est plus de l’hypocrisie qu’autre chose. Et je trouve franchement malsain que les arguments concernant les intérêts des parents n’aient pas droit de cité devant le JAF.
    On est d’ailleurs là dans une situation (légale et sociale) schizophrène, parce que d’un autre côté, tant qu’il n’y a pas de conflit entre adultes, les parents peuvent faire à peu près tout ce qu’ils veulent de leur enfant mineur, mis à part le tuer et coucher avec lui. Lorsqu’il s’agit de responsabilité parentale au quotidien, l’intérêt de l’enfant passe à la trappe face à la liberté d’éducation des parents. Je ne dis pas que c’est bien, ou mal, juste que ce fameux intérêt est à géométrie très variable.

    En ce qui concerne la responsabilité parentale : oui, avoir un enfant, et surtout le reconnaître, donne des droits et des devoirs. Ces droits et ces devoirs (qui ne sont pas solubles dans l’autorité parentale, qui subsistent après la majorité de l’enfant) ne sont pas absolus : les parents peuvent y renoncer en abandonnant leur enfant, ou en être déchus. Ce ne sont pas des cas fréquents, mais ce sont des cas qui existent (et qu’ils ne soient pas fréquents ne veut pas dire qu’on doit les balayer du revers de la main) et qui relativisent ces droits et devoirs. Ils ne sont d’ailleurs liés bien plus à l’apparence (le mari de la mère est présumé père de l’enfant, et il y a peu, cette présomption était irréfragable) et au droit (un homme peut très bien reconnaître un enfant à la mairie sans en être le père) qu’à la biologie.

    Quant à attribuer un statut au beau-parent, que ce soit par adoption simple ou par un autre moyen juridique à définir, je ne crois pas que quiconque ici ait défendu l’idée que cela devait se faire en trois coups de cuillère à pot, sans enquête ni jugement. Et je serais à priori bien plus réticente à accorder ce statut « si tout va mal », en cas de réel conflit entre les parents « biologiques », qu’en cas d’entente ou d’indifférence.
    Pourquoi le faire, alors ? Pour mettre en accord les faits avec le droit. Pour qu’une personne qui s’occupe d’un enfant au quotidien (parce que le parent « absent » est en Californie, par exemple), qui veille sur lui, qui paie (désolée, mais ça compte) pour lui, qui prend les décisions importantes qui le concernent, puisse avoir un lien juridique avec cet enfant. Enfant qui peut ne plus en être un au sens juridique du terme, d’ailleurs, et qui peut très bien être un électeur. Enfant qui acquerra des droits (dont celui d’hériter, par exemple, sans se faire bouffer l’essentiel de l’héritage par l’Etat – désolée si ça semble trivial de parler gros sous et fiscalité) et des obligations (alimentaire, peut-être).

  • Quels sacrifices les parents vont-ils reprocher à leurs enfants ? Mais, dans certains cas, leur vie entière. Ou l’argent qu’ils leurs ont coûté, la carrière qu’ils n’ont pas pu faire, les études qu’ils ont dû arrêter, les voyages qu’ils n’ont pas pu entreprendre, les nuits sans sommeil etc… Vous croyez vraiment que quand il y a eu sacrifice, réel ou fantasmé, il n’y a pas de rancoeur vis-à-vis du « bénéficiaire » ? Et que ce « bénéficiaire » ne soufre pas de cette rancoeur ?

  • En vouloir à ses enfants pour les « sacrifices » qu’on fait pour eux, c’est une tentation humaine qui peut se présenter occasionnellement en phase de crise, mais si ça s’installe ça me semble quand même gravement pathologique. On les tire du néant alors qu’ils nous ont rien demandé, et ensuite on leur en voudrait? C’est un peu délirant quand même. On peut avoir un sentiment d’ingratitude, ça oui, sûrement. Mais il est sain de le dépasser: on donne aux enfants ce qu’on croit devoir leur être utile pour se construire, ensuite ils volent de leurs propres ailes et nous n’avons rien à en attendre. Enfin en théorie.

  • Logopathe a écrit ::

    si ça s’installe ça me semble quand même gravement pathologique. On les tire du néant alors qu’ils nous ont rien demandé, et ensuite on leur en voudrait?

    A mon humble avis l’une des leçons à tirer de ce cas trop fréquent est de faciliter l’accès à la contraception et à l’avortement, afin de maximiser les chances que l’enfant qui arrive soit véritablement attendu. Je referme la parenthèse car si le débat part sur l’avortement je vais me faire engueuler.

    Gwynfrid a écrit ::

    du coup, tous vos contradicteurs se mettent à ressembler à des clous.

    J’ai fait erreur sur la personne, mais pas sur l’argument. Il me paraît incohérent pour un catholique de rejeter toute forme de statut co-parental civil alors qu’il accepte le rôle du parrain religieux. Mais je comprends que vous défendiez bec et ongles que « c’est pas pareil ».

    • Votre assurance persistante, Yogui, alors que manifestement vous ignorez totalement ce qu’est un parrain, qu’il semble vous être impossible de percevoir que le rôle d’un parrain est de participer à l’éducation religieuse et non à l’éducation quotidienne, comme vous l’a déjà expliquer Gwynfrid, me fait craindre que le troll en vous reprenne le dessus, ce que je regrette car c’est préjudiciable à la participation des autres.

  • Yogui a écrit ::

    Il me paraît incohérent pour un catholique de rejeter toute forme de statut co-parental civil alors qu’il accepte le rôle du parrain religieux.

    Le jour où vous jugerez cohérente l’opinion d’un catholique, signalez-le moi, pour que je pense à vérifier la dentition de mes poules.

  • @Yogui : je ne crois pas qu’un père divorcé choisisse le beau père de son enfant.

    En revanche, il me semble bien que le parrain est bien choisi par les deux parents… 😉 comme ou l’est le prof de judo ou tout autre adulte participant de la coéducation.

    L’éducation de la Foi, et l’éducation tout court, sont de la responsabilité des parents.Ils peuvent choisir de se faire aider, c’est même encouragé…mais ça reste du domaine du choix.

  • Si je comprends bien, l’opinion émise par Flashy est cohérente parce qu’il n’est pas catholique, mais devient absurde dans la bouche d’un croyant?

    Je vous renvoie au stratagème 16 de l’Art d’avoir toujours raison, de Schopenhauer. Mais on pourrait rattacher cet argument à d’autres stratagèmes, je pense.

  • Yogui a écrit ::

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    blockquote>Logopathe a écrit ::

    si ça s’installe ça me semble quand même gravement pathologique. On les tire du néant alors qu’ils nous ont rien demandé, et ensuite on leur en voudrait?

    A mon humble avis l’une des leçons à tirer de ce cas trop fréquent est de faciliter l’accès à la contraception et à l’avortement, afin de maximiser les chances que l’enfant qui arrive soit véritablement attendu. Je referme la parenthèse car si le débat part sur l’avortement je vais me faire engueuler.

    Logopathe :

    Oui, c’est pathologique, ce n’est pas pour autant que ça n’existe pas, et assez fréquemment, d’ailleurs, dans les milieux que j’ai fréquentés durant les trois-quarts de ma vie (à savoir catho tradi CSP+++). Le fait que l’on tire un enfant du néant ne veut pas dire qu’ensuite on ne lui en voudra pas pour des tas de raisons. Et cette rancoeur, non seulement n’est pas conforme à « l’intérêt de l’enfant » mais ne sera pas prise en compte s’il y a un conflit quelconque (et encore moins s’il n’y en a pas, auquel cas elle sera totalement ignorée).
    Et le « nous n’avons rien à en attendre » (de nos enfants) me reste en travers de la gorge. Finalement, les liens qui se tissent tout au long d’une vie n’auraient-ils aucune importance ?

    Yogui,

    Je ne parlais pas précisément d’enfants « non désirés ».

    Sinon, j’ai quand même l’impression que l’on parle beaucoup « en théorie ». Et qu’on idéalise quand même pas mal le lien parental au sein de la famille traditionnelle.

  • Logopathe a écrit ::

    Si je comprends bien, l’opinion émise par Flashy est cohérente parce qu’il n’est pas catholique, mais devient absurde dans la bouche d’un croyant?

    Faites un effort … elle est cohérente parce qu’il ne réfute pas d’une main le statut du beau-parent pour approuver de l’autre le statut du parrain.

    Exilé a écrit ::

    je ne crois pas qu’un père divorcé choisisse le beau père de son enfant. En revanche, il me semble bien que le parrain est bien choisi par les deux parents

    Le beau-parent est choisi par au moins un des deux parents. Pour le deuxième tous les cas existent, et seront plus ou moins faciles à régler selon le contour exact qui serait donné au statut de « beau-parent ».

  • Bon, je le remet, parce que ça n’a pas l’air d’avoir passé.

    Yogui, soit le statut du beau-parent est très différent de celui de parent, et dans ce cas ça n’a rien à voir avec la discussion actuelle où l’on parle bien de l’accumulation de « faisant fonction de parents ». Voire de parents tout court si l’on reprend la terminologie souhaité par Sean et ses amis.

    Soit le statut de beau-parent ressemble à celui de parents, et dans ce cas cela n’a rien à voir avec celui de parrain, dont la pratique n’a rien à voir avec celle de parent si vous voulez vous donner la peine d’écouter ceux pour qui elle a un sens. Un parrain ne subvient pas au besoin de la famille, ne vit d’ailleurs ni avec l’enfant ni avec la marraine, et ne peut donc pas regarder tous les soirs s’il y a un monstre sous le lit ou apprendre que le popo c’est caca, typiquement. Le prof de judo, minou-minette ou Jack Sparrow non plus, me souffle d’ailleurs le Cedric G qui sommeille en moi.

    Bref, ça n’a rien à voir ou ça n’a rien à voir, choisissez, mais ce serait peut être aussi bien pour cet excellent débat de passer à autre chose, non?

  • Koz a écrit ::

    Votre assurance persistante, Yogui, …..snip… comme vous l’a déjà expliqué Gwynfrid, me fait craindre que le troll en vous reprenne le dessus, ce que je regrette car c’est préjudiciable à la participation des autres.

    @ koz,

    vous me l’enlevez du clavier. Aprés ces pages de délires logorrhéiques, ces chapitres de moi-je et de kikadiça, sans compter les agressions sexuelles subreptices des fannia canicularis (c’est plus sportif qu’avec les musca domestica), qui noient complètement les commentaires sincères et interessants, on ne retrouve plus le fil de la pensée de Koz, « çui qui fait k’on cause ».

    Alors je suis allé relire le post de koz. J’ai de la chance, il est tout au début, surnageant tel un iceberg sur un océan de trolles de commentaires. C’était agréable à lire, et bien pensé et sujet à introspection. Merci si je ne l’ai pas dit à l’époque.

    De même, parmi les ruines intello qui suivent, et les extraits in extenso de wikipedia et des collage des blogs des participants, j’ai cherché les commentaires de Charlotte….
    J’ai bien aimé ce qu’elle a écrit Charlotte. Sa façon, sa patte. Elle écrit avec son coeur Charlotte, son vécu, avec les voisins qui martyrisent le sommier, et sa fatigue et ses soucis… Elle est vivante Charlotte. Pardon de le dire devant tout le monde, mais je vous aime Charlotte et peu importe que vous ayez raison ou tort, là n ‘est pas la question…….
    Ah je vous ai retrouvée, c’est dans l’autre billet de Koz, avec les mêmes.

    Koz, il devrait peut-être y avoir des dates limites de dépôt de commentaires ou une pesanteur limite ? Ou alors, sans que vous n’y voyiez de critique, des billets plus fréquents ? Svp?

    Comme disent les pique-boeufs, c’est cui qu’est l’plus génè qui s’en va. Alors a plus tard, je reviendrai sur le prochain sujet. Et merci encore.

  • Yogui a écrit ::

    Faites un effort … elle est cohérente parce qu’il ne réfute pas d’une main le statut du beau-parent pour approuver de l’autre le statut du parrain.

    Bon, alors je cite le stratagème en question: « L’argumenta ad hominem ou ex concessis: lorsque notre adversaire fait une proposition, il faut vérifier si celle-ci ne serait pas incohérente – même si ce n’est qu’une apparence – avec d’autres propositions qu’il a faites ou admises, ou avec les principes de l’école ou de la secte à laquelle il appartient, ou avec les actions des membres de son culte, au pire avec ceux qui donnent l’impression d’avoir les mêmes opinions, même si c’est infondé. »

    Attention: l’argument ad hominem n’est pas à confondre avec l’argument ad personam (qui correspond à ce qu’on entend plus couramment par « ad hominem »). Il s’agit ici, non d’attaquer la personne elle-même, mais de donner l’impression d’une contradiction dans le discours de l’interlocuteur. Bien sûr, quand bien même cette contradiction serait avérée, ça ne réfuterait pas l’argument pour autant. Dans le cas présent, la contradiction est tellement imaginaire que je n’arrive même pas à la percevoir.

    Il y aurait contradiction si l’argument était « Il est inadmissible que quelque instance que ce soit confère à toute autre personne que les parents une responsabilité quelconque dans l’éducation des enfants ». Effectivement, dans ces conditions, il y aurait d’une certaine manière contradiction à accepter le statut de parrain et à refuser celui de beau-père. Mais absolument personne n’a défendu une telle thèse. En fait le stratagème pourrait aussi être ici le travestissement de la thèse de l’interlocuteur, pour mieux la réfuter. On serait alors plutôt dans le stratagème 3 : « Il s’agit de prendre une proposition κατα τι, relative, et de la poser comme απλως, absolue, ou du moins la prendre dans un contexte complètement différent et puis la réfuter. »

    Pour info, il y en a une traduction ici (pas la même que celle que j’ai):
    http://www.scribd.com/doc/55426799/Arthur-Schopenhauer-L-art-d-avoir-toujours-raison

    Ce devrait être obligatoire à l’école, comme lecture.

  • Exilé,
    Non, le père ne choisit-pas le beau-père de son enfant, mais en cas d’adoption simple, celle-ci ne peut avoir lieu sans son consentement. On peut concevoir que si la loi met en place un statut du beau-parent (je n’aime pas trop le terme, qui fait « automatique »), ce consentement pourrait lui aussi être exigé.
    (Et pourquoi ne parle-t-on que du beau-père, d’ailleurs ? Les belle-mères, ça existe aussi…)

    Logopathe,
    Je ne crois pas m’être jamais contredite et avoirs jamais été incohérente dans ma défense de l’adoption simple, que ce soit dans ce billet-ci au dans d’autres, ou sur d’autres supports.
    Quant aux parents… il y a les parents biologiques, quels qu’ils soient, même s’ils n’ont jamais eu de rapports sexuels entre eux (Bill est bien le père des gamines élevées par le couple de lesbiennes, non ?), et les parents nourriciers (qui peuvent être biologiques ou pas – Sean est bien le père nourricier des enfants de sa femme, même s’ils gardent des contacts avec leur père biologique). la Loi donne le moyen – imparfait, selon moi, car il faudrait revoir les modalités de l’attribution de l’autorité parentale, des pensions alimentaires, d’autres détails- de sortir du flou juridique engendré par ces situations – pas si récentes que ça. Donne le moyen, mais n’oblige pas (combien de beaux-parents adoptent leurs beaux-enfants, dans les faits ?).

  • C’est un très bon billet et je suis d’accord avec Koz. Par ailleurs je trouve ses arguments assez bons. Je lis le débat depuis quelques jours et je suis forcément d’accord aussi avec les commentateurs qui sont sur cette même longueur d’onde.

    Il y a sans doute beaucoup de cas où l’adoption par le beau-père ou la belle-mère des enfants du lit précédent serait bénéfique aux enfants, mais je suis convaincu que les avantages matériels pourraient être assurés par un autre moyen que l’adoption. Par exemple par la rédaction d’un testament ou par des actes notariés. Pour le cas du droit de chercher les enfants à l’école, comme le dit Koz, une simple lettre d’autorisation peut suffire.

    Si la loi permet trop facilement l’adoption, cela met une pression psychologique sur le beau-père de devoir adopter les enfants de son partenaire, mais surtout sur les enfants de devoir accepter cette adoption.

    La parenté biologique est un fait incontournable et irréversible. Mon père peut être un sombre crétin (puisque c’est le beau-père ou la mère qui le dit), mais c’est mon père.

    L’adoption n’est pas obligatoire, mais elle est en principe irréversible. Qui me dit que le beau-père qui veut m’adopter n’est pas lui aussi un sombre crétin, hein ? Si à 6 ans on me dit que mon père est un sombre crétin et que mon beau-père est un type bien, je devrait être content qu’il m’adopte, non ?

    Je crois que si la loi élargi le droit d’adoption à d’autres catégories de personnes que c’est le cas actuellement (beau-père/mère, couples de même sexe, etc.), il est indispensable que l’on puisse « désadopter » et surtout se « désadopter ».

  • Pepito,
    D’abord, il ne s’agit pas que d’avantages matériels, même si ceux-ci existent, et qu’il serait hypocrite de les prendre par dessus la jambe. Entre léguer des biens à son fils adoptif (en payant +/-) 10 % de droits de succession et léguer les mêmes biens par testament en en payant 70%… euh… Le coup du « mais ça n’a pas d’importance », je suis désolée, je n’y crois pas. Ou plutôt, ça m’énerve que l’on prétende le contraire. Quant au truc du « aller chercher les enfants à l’école », faut pas se moquer du monde : la majorité des parents ne vont pas chercher eux-mêmes leurs enfants à l’école. J’ai dû aller chercher, outre les miens, les enfants de ma soeur, ceux de mon patron, ceux de ma voisine, ceux de ma meilleure amie et d’autres encore à l’école sans qu’on me demande la moindre pièce d’identité, et encore moins la moindre preuve d’autorité parentale.

    Si la Loi permet facilement l’adoption ? Mais la Loi permet facilement l’adoption, dans le sens d’adoption simple. Et l’immense majorité des adoptions sont des adoptions simples « intrafamiliales ». Et bizarrement, personne n’en a jamais fait un problème politique;

    PS : il ne s’agit pas de dire à l’enfant (de six ans… qui n’a de toutes façons pas droit à la parole) que son père est un sombre crétin. Si j’ai qualifié un père de sombre crétin, c’est qu’il l’est , et, croyez-moi, ce ne sont pas les parents nourriciers qui ont fait comprendre ça à leur fils.

  • Gwynfrid a écrit ::

    La loi protège le faible, c’est un fait, particulièrement en matière de famille: voyez par exemple les règles relatives aux pensions alimentaires. La loi protège également l’enfant plus que l’adulte en matière pénale, pour la même raison, et également parce que la responsabilité de l’adulte est plus grande que celle de l’enfant (et en matière de divorce, la responsabilité de l’enfant est tout simplement nulle). C’est là un principe de justice, qui n’enlève rien à l’impartialité – c’en est même une condition nécessaire.

    Pardon d’ouvrir une énième digression, mais je pense que c’est le contraire.

    La loi doit être impartiale, c’est un principe fondamental. Et c’est cette impartialité qui la rend protectrice du faible, la loi devenant alors un bouclier contre l’abus de pouvoir du fort.

    L’enfant reçoit une protection particulière non parce qu’il est faible mais parce qu’il est incapable (au sens juridique).

    L’inversion des principes, la priorité apportée à la protection (ou la promotion) des faibles sur l’impartialité est une dérive récente (après-guerre). L’égalité devant la loi cède le pas à la correction des inégalités. La loi doit désormais avantager les désavantagés, les victimes. Cela induit la concurrence victimaire et la multiplication des lois catégorielles. Avec le temps l’arbitraire progresse, l’impartialité disparaît et la liberté s’étiole.

  • Lib a écrit ::

    La loi doit être impartiale, c’est un principe fondamental. Et c’est cette impartialité qui la rend protectrice du faible, la loi devenant alors un bouclier contre l’abus de pouvoir du fort.

    Tu as raison. C’est à peu près ça que je voulais dire, mais en me relisant je vois que j’ai fini par écrire un truc qui, euh… pourrait bien vouloir dire l’inverse. Merci pour la correction.

  • Comme plusieurs autres commentaires, je suis géné par la confusion que fait l’auteur sur le sens de la parentalité. En se focalisant ici sur le problème de l’homoparentalité, et en conférant à la parentalité « biologique » une espèce de primauté, l’auteur utilise certe une définition éthymologiquement correcte (parere, enfanter; et plus généralement les parents sont les membres du mêmes famille liés par le sang), mais psychologiquement bien évidemment restrictive, voire fausse.

    Les nombreux commentaires sur l’adoption illustrent bien evidemment la notion élargie de « parents », qui d’ailleurs a depuis longtemps été juridiquement entérinée (les parents adoptifs, dans le cas d’une adoption plénière, sont les seuls parents légaux); et il est sans doute douloureux pour de nombreux parents adoptifs, comme pour de nombreux enfants adoptés, de se voir renvoyer ad vitam eternam cette primauté du parent biologique.

    Les nombreux témoignages présentés ici indiquent que la notion de parent, pour leurs enfants, est bien le plus souvent lié à ceux qui les ont aimés, éduqués, entourés, et non à la filiation génétique. L’exemple par l’absurde est bien sûr celui du donneur de spermatozoïdes, qui bien qu’étant « père biologique », n’a rien d’un « parent ».

    Là où je rejoins l’auteur, c’est dans sa défense de l’intérêt de l’enfant. Trop souvent, qu’il s’agisse d’homoparentalité ou d’adoption d’ailleurs, on oublie l’intérêt de l’enfant au profit de celui des adultes. Or, l’intérêt de l’enfant est d’avoir des « parents » « psychologiques », qui remplissent leur rôle de parent (et si possible 2 plutôt qu’un). En abordant ce sujet en priorité sous cet angle plutôt que sous celui de l’homoparentalité, qui est un élément annexe, l’auteur aurait sans doute eut des arguments plus convainquants.

  • La famille biologique a bel et bien la primauté. C’est à titre subsidiaire qu’on aménage d’autres « voies » pour devenir parents.
    Donc, si vous préférez : en principe, nos parents sont ceux qui nous ont enfanté.
    Par exception : lorsque nos parents ont disparu ou qu’ils ne peuvent convenablement remplir leurs devoirs, nos parents seront ceux qui sont désignés comme tels par la loi. Et encore : même « psychologiquement », nos parents morts restent nos parents, et le dicton « on choisit ses amis et pas sa famille » nous montre qu’un mauvais père ou une mauvaise mère restent…hé bien notre père ou notre mère.

    Donc, voilà : prenons l’hypothèse de parents divorcés. Ils ont un enfant. Le divorce ne se passe pas si mal, ce qui est souvent le cas (il y a beaucoup de consentement mutuel). Ils vivent à Paris ; ils obtiennent la garde partagée. Chacun refait sa vie, le rejeton passant une semaine chez l’un, une semaine chez l’autre. Il a deux parents, deux beaux-parents. Ses parents biologiques accomplissent avec soin leur mission (ce qui est, aussi, le plus souvent le cas). Les beaux-parents sont des personnes honnêtes et attentionnées.

    Pourquoi donc devrait-on étendre le cercle des parents aux beaux-parents, alors que les parents biologiques sont bien là et accomplissent leur tâche? Rien ne justifie le recours à la fameuse parenté « psychologique » ou « subjective » dans un tel cas, qui constitue, j’ose le croire, la norme en matière de divorce.

    C’est pour cela qu’on a voulu effacer toute référence à l’intérêt de l’enfant, lorsque le candidat Sarkozy a voulu présenter un avant-projet de loi sur le statut de beau-parent. L’intérêt de l’enfant, c’est beaucoup trop encombrant et restrictif.

    Je vais terminer avec l’exemple du donneur de sperme. Je vais vous en donner un autre. Un homme drague, il couche, il part. Hé bien, si un enfant est conçu à cette époque-là, on pourra poursuivre cet homme avec une action aux fins de subsides. Comme quoi, décidément, on est libre de procréer, mais on en porte la responsabilité.

    En résumé : on ne peut pas effacer d’un revers de la main le « parent objectif ». Déjà, parce qu’il existe dans l’écrasante majorité des cas et qu’on ne peut pas totalement ignorer ce petit détail. Ensuite, parce que confondre le principal et le subsidiaire, c’est redessiner la réalité conformément à une réalité fantasmée…ce qui ne donne jamais d’heureux résultats. Enfin, parce que pour pouvoir passer outre ce « parent objectif », il va falloir oublier l’intérêt de l’enfant (cf avant projet de loi).

  • lambertine a écrit ::

    Pepito, D’abord, il ne s’agit pas que d’avantages matériels, même si ceux-ci existent, et qu’il serait hypocrite de les prendre par dessus la jambe.

    Vous avez raison, les aspects concernant l’héritage et les droits de succession son extrêmement délicats. C’est souvent à ce moment là que les membres d’une famille se querellent. Votre commentaire montre bien qu’effectivement c’est cet aspect qui est le plus déterminant. Cela va dépendre, bien entendu, si le beau-père ou la belle-mère en question ont de la galette. Là de nouveau, je suis pour le maintient des liens de parenté biologiques.

    Prenons un cas comme celui-ci : Antoine a un fils Charles, il divorce et se met en couple, puis se marie avec Cécile qui a trois enfants d’un mariage précédent. Antoine, en l’occurrence, est assez fortuné et possède une jolie maison où ils vivent tous ensemble très agréablement. Antoine veille à ce que tous les enfants ne manquent de rien. Les relations entre les enfants de Cécile et le frèrâtre, Charles, sont bonnes. C’est la variante classique, n° 1. Sous cette variante de l’histoire, après plusieurs années, Antoine meurt. Charles hérite de la moitié de la maison et une bonne somme de cash. Charles, qui reconnaît que son père a été très heureux avec Cécile, dit à Cécile qu’elle peut vivre tout le reste de sa vie dans la maison. Charles se marie et fait sa vie ailleurs. Cécile vie plusieurs années dans la joie et le bonheur.

    Dans la variante n°2 de l’histoire, il y a une loi, un peu comme dans le cas du concubinage, qui donne la possibilité de faire valoir les mêmes droits que Charles, y compris pour l’héritage, aux trois enfants de Cécile. Charles voit son héritage divisé par quatre. Comme les socialistes sont au pouvoir et le président n’aime pas les riches, personne va le plaindre. De toutes façons, hériter c’est tellement amoral, que les droits de succession sont exorbitants. Dans notre histoire, l’Etat va en fait toucher moins, car, même si les abattements ont été réduits drastiquement, le patrimoine est réparti sur plus d’héritiers, donc moins d’impôts. Antoine meurt, et Charles décide de vendre sa part de la maison. Cécile ne peut pas lui acheter. Le comportement des enfants de Cécile est minable et veulent eux aussi toucher leur part, donc ils sont obligés de vendre la maison. Cécile est obligée de déménager et sera très malheureuse.

    Heureusement c’est bientôt les vacances 😉

  • Pardon, Pepito, mais il y a une loi qui date de bien avant celle concernant le divorce par consentement mutuel qui permet à Antoine d’adopter les enfants de Cécile. C’est ça qui m’énerve dans ce débat : on fait comme si l’adoption simple était récente, alors qu’elle date de Mathusalem (ou à peu près).

    (Et, non, je ne trouve pas l’héritage dégueulasse. Et je trouve franchement normal qu’une personne en adopte une autre pour ce qui est décrié ici comme « des raisons fiscales… beurk… beurk… beurk… ». Mer**, j’ai bossé toute ma vie, je n’ai pas eu d’enfant, j’en élève un depuis qu’il a dix ans et je l’aime comme le mien, mais je ne peux pas lui léguer mes sous (sauf en permettant à l’Etat de prendre 70% minimum de ma « fortune ») ? On se fout de qui, là ?

  • @ lambertine

    Antoine ne veut pas adopter les enfants de Cécile car il croit seulement au lien de sang et il ne veut pas désavantager son fils. Peut-être qu’Antoine lui-même a hérité de ses parents et qu’il a un peu la mentalité du paysan qui donne beaucoup d’importance à qui c’est qui va hériter l’étable avec les vaches, la bergerie de l’oncle ou le pâturage de la grand-mère.

    Perso, je ne trouve pas beurk non plus le fait d’hériter et j’admire les pays où il n’y a pas de droits de succession.

    Dans votre cas, pourquoi vous ne pouvez pas adopter l’enfant dont vous parlez ? Question subsidiaire, avez-vous des neveux ou des nièces ?

  • Je ne parlais pas de « moi », Pepito. J’ai des enfants, et je ne suis pas remariée. le « je » du dernier paragraphe était un « je » fictif. Enfin, qui « mettait en scène » le père de mon filleul. Ou ma nounou.
    Et si Antoine croit à ce point aux liens du sang, personne ne l’oblige à adopter les enfants de Cécile ni à leur léguer quoi que ce soit.

  • « Comme d’autres idéologies auparavant, l’idéologie moderne redéfinit la réalité. Elle redéfinit le mariage, redéfinit la parenté, elle redéfinit l’Homme. Elle renomme, elle mélange, elle tente. »

    Question: c’est quoi, en l’occurrence, la réalité? Parce que pour le reste, je ne me fais pas de souci: le mariage étant une institution humaine est redéfinissable à volonté, la parenté – juridique – aussi, et à l’inverse l’Homme (mmm, j’aime votre majuscule), je crois que ça ne va pas être facile de le redéfinir, malgré tout. Donc en gros, ce que vous voulez dire c’est que l’idéologie moderne (beurk) fait évoluer le… droit? c’est ça? au secours!!!

  • @ Ajax:

    Le droit de la famille repose sur une base biologique. Dire que la filiation a, en principe, une origine biologique, ce n’est pas être un odieux réactionnaire. C’est faire un constat. Je ne vais pas vous faire un cours d’éducation sexuelle pour vous expliquer comment on fait les enfants. A côté de ce principe, il existe d’autres moyens d’établir une filiation, c’est vrai. Mais ce sont des exceptions…qui ont vocation à le rester.

    Autrement dit, on ne peut pas parfaitement disjoindre la filiation et la parenté du monde des faits et redéfinir cela « à volonté ».

    Pour le mariage, c’est plus compliqué : c’est bel et bien un phénomène sociologique. Que le mariage puisse évoluer est donc possible -on a déjà pu le constater, comparer l’institution du mariage en 1700, en 1950 et en 2000 étant de ce point de vue éclairant-.

    Quant à la redéfinition de l’Homme, il est d’une mauvaise foi absolue de prétendre qu’il n’existe aucune conception de l’Homme, qu’il s’agit d’un pur fait. L’Homme (au sens d’humanité) est une création relativement récente. Et on a pu exclure certaines personnes de l’humanité, ou les hiérarchiser. On a pu concevoir l’Homme d’un point de vue purement utilitariste, en lui appliquant les mêmes calculs d’utilité et les mêmes méthodes industrielles qu’aux choses et aux animaux. Ainsi, on parle de « matériel humain » (terminologie nazie), « capital humain » (terminologie communiste) ou, plus récemment, de « ressources humaines » (ceci est un troll). Quoiqu’il en soit, force est de constater qu’on assiste actuellement à une redéfinition de l’Homme, en tant qu’individu-dieu. L’individu, idôle des temps modernes.

  • @ Flashy

    Mais, ce me semble, et comme l’ont déjà dit plusieurs commentateurs précédemment, nul ne conteste le fait que le lien biologique constitue une base du droit de la famille. En revanche, ce n’est pas la seule. Votre appréciation sur les exceptions « qui ont vocation à le rester » est un pur jugement de valeur et n’engage que vous.

    Pour ce qui concerne l’Homme (alors vous aussi, la majuscule?), je crains fort qu’on n’ait pas la même définition du mot « définition ». Je pense que la définition de l’homme en tant que membre d’une espèce ne fait absolument pas débat et s’accommode tout à fait des différentes philosophies de l’homme (si l’on peut dire) que vous évoquez. Je ne vois pas en quoi l’homme a jamais fait l’objet d’une tentative de redéfinition: autant le citoyen, le sujet de droit ou ce que vous voudrez ont pu connaître des variations significatives de périmètre et de définition, autant l’homme, non – pas plus que le chien, si vous voulez.

    Il me semble que la mauvaise foi est bien là: sous le prétexte que « on commence toujours par les mots », l’auteur semble essayer de nous faire avaler qu’on modifierait insidieusement le sens du mot « homme » (ce qui, encore une fois, n’est pas vrai) pour trafiquer, au bout du compte, quelque chose de mal précisé mais dont on redoute que ce soit la nature humaine elle-même. On en a froid dans le dos, avouez-le.

  •  » la définition de l’homme en tant que membre d’une espèce (…) »

    Cette expression même est, philosophiquement, le début d’une définition…

  • @ vivien: le début? ma foi, je pensais avoir fourni par là la définition entière, celle-là donc qui me paraît invariante… il me semble que la philosophie ne commence qu’après!

  • @Ajax

    En y réflichissant, il semble que ce soit bien un problème de définition de ce qu’est une « définition ».

    http://www.le-dictionnaire.com/definition.php?mot=définition

    Vous utilisez exclusivement le terme dans son second sens, d’identification. Flashy, si je ne m’abuse, et moi de même, avons tendance à penser que ce sens est très secondaire pour le problème qui nous intéresse, devant le premier: de caractérisation fondamentale.

    Plus subtilement, et c’état le sens de ma première remarque, estimer que « définir l’homme » au sens étroit ou vous l’entendez est une forme satisfaisante de « définition », pose à mon avis les bases d’une certaine manière d’aborder l’Homme. Pour caricaturer, l’Homme est un grand singe supérieur, tout le reste, c’est un peu du pinaillage ou simplement des « philosophies » de l’homme.

  • @ Vivien

    Je pense que je ne définis pas l’homme au sens étroit, mais au sens large, justement…

    Notez que la plupart des définitions par caractérisation fondamentale (si c’est bien au sens mathématique que vous entendez identification et caractérisation) n’incluent pas tous les hommes au sens biologique – je pense notamment à des définitions du style « animal pensant » – et qu’elles sont, pour le coup, largement dépendantes des conceptions philosophiques de leur auteur.

    De toutes façons, permettez moi de digresser légèrement pour constater que la frontière entre identification et caractérisation fondamentale est ici ténue: car l’identification (en tant que primate supérieur) renvoie à un certain nombre de propriétés fondamentales anatomiques (orientation du bassin, forme des mains, etc).

    Mais bref, quand vous estimez qu’une définition biologique de l’homme « pose les bases d’une certaine manière d’aborder l’homme », vous avez certainement raison, mais le fait est que c’est le sens générique et communément admis, vernaculaire, du mot. En ce sens – le sens commun – je partage entièrement votre dernière phrase, moins l’ironie, et moins le « simplement »: personne ne dit que les philosophies, ni même les « philosophies » (les guillemets étaient pour les exemples que Flashy citaient, et qui ne méritaient pas tous d’être ainsi qualifiés), sont une question simple.

    Pour revenir à ma remarque initiale, je doute donc que l’idéologie moderne soit aussi près que veut bien le dire Koz de « redéfinir l’homme » (tant que celui-ci reste un grand singe). C’est peut-être vrai en revanche dans le cadre de votre définition par caractérisation fondamentale de l’homme; malheureusement, personne n’a jugé utile de l’expliciter ici, je reste donc dans le brouillard.

  • @Ajax

    J’espère que Koz nous pardonnera la disgression, mais je pense que cette histoire de « redéfinition » est importante, parce que c’est ce qui fonde son inquiétude.

    Déjà, je ne voulais pas me moquer dans ma dernière phrase: je grossissais juste le trait avec humour pour mieux faire passer l’idée.

    Je n’entends justement pas du tout caractérisation fondamentale par son sens mathématique, mais beaucoup plus simplement: qu’est ce qui est important, au fond, dans le fait d’être un homme. Je manque de culture philosophique mais je pense que l’on pourrait parler plus justement « d’essence » de l’humanité.

    Je vais prendre un exemple scientifique qui peut être vous parlera plus. Je veux savoir si les néanderthaliens sont des hommes. Très intimement, pas scientifiquement: je veux me projeter et savoir si c’étaient bien mes frères en humanité. Qu’est ce qui m’intéresse, alors, qu’est ce qui me touche? L’interfécondité avec homo sapiens sapiens? La capacité de façonner des outils complexes ? de réaliser des oeuvres d’arts ? Des manifestations de pensée métaphysique (sépultures)? Le fait de retrouver un squelette qui appartenait à un individu visiblement infirme depuis de longues années ?

    Chacune de ses conceptions est porteuse d’une « définition » différente de ce qu’est un homme. C’est à mon avis la même logique que celle de ce billet: en modifiant ce qu’est la parentalité, on toucherait à un aspect « fondamental » des relations humaines, et donc de ce qui nous caractérise.

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