Le soleil noir de l’euthanasie

soleil_noirLa proposition de loi Clays-Leonetti sur la fin de vie sera débattue demain à l’Assemblée Nationale. Quelques-uns, notamment dans les rangs d’Europe Ecologie – Les Verts militeront pour une adoption directe de l’euthanasie dite active, c’est-à-dire la mort immédiate. D’autres, peu nombreux, refuseront ce pas de plus d’une idéologie délétère. Certains ne seront pas dans l’hémicycle, d’autres auront buvette, une autre partie des députés s’abstiendra. Elle sera votée, en l’état, et il faudra se féliciter d’un compromis consensuel. Nous aurons peut-être même droit à quelques variations émues sur le thème de l’unité politique. Et de fait, on pourrait dire que c’est « mieux que pire« . Que pire, car ce compromis n’est envisagé qu’en raison de l’engagement initial du président actuel à faire effectivement pire. Aucune raison donc de se réjouir ou d’être simplement soulagé. Un moindre mal restera toujours un mal. Le fait qu’il soit adopté démocratiquement, et peut-être même largement adopté, n’en fera pas un bien pour autant.

Il est même permis de se demander plutôt si l’on pouvait réellement faire pire.

Concrètement, il est prévu que l’alimentation et l’hydratation artificielles sont des traitements. La raison de cette précision est que la loi prévoit déjà la possibilité d’interrompre les traitements, mais pas les soins. Une controverse s’était donc développée sur la qualification de l’alimentation et de l’hydratation artificielles. Leur arrêt permettra notamment l’euthanasie des personnes dans le coma. Comme il ne pourra en effet s’agir de laisser ces personnes sans alimentation ni hydratation, une sédation sera réalisée, ne serait-ce que pour le confort des proches. On peine à distinguer la différence entre cette situation et l’euthanasie, dans la mesure où le patient dans le coma n’est déjà pas réactif. Si la sédation peut se différencier de l’euthanasie lorsqu’il n’est pas injecté au patient un produit dans le but de le faire mourir immédiatement mais afin de l’endormir et de le soulager jusqu’à la mort, quel sens cela a-t-il dans le cas d’un coma ? A moins peut-être qu’il ne s’agisse se soulager les souffrances que l’on inflige ou de s’assurer que, si le patient est malgré tout conscient mais simplement incapable de communiquer, comme des cas récents l’ont illustré, il ne reste pas trop longtemps seul face à la perspective de la mort qu’on lui donne.

Les directives anticipées sont une tartufferie de bien-portants pour les bien-portants, afin de s’assurer qu’ils continuent à bien se porter.
Il est également prévu que les directives anticipées s’imposent au médecin, sauf à ce qu’elles soient manifestement inappropriées. Si ce n’est pas exclu, il est déjà à craindre qu’elles ne soient guère considérées comme « manifestement inappropriées » dans le sens d’un arrêt des traitements et d’une sédation : on imagine plutôt qu’un médecin pourra se délier d’une directive visant à l’obliger à maintenir en vie coûte que coûte.

Mais, au risque de vous choquer, je ne crois pas à vos directives anticipées, qui ne sont qu’une vaste tartufferie. Je ne crois pas un seul instant à la capacité de qui que ce soit à se projeter de manière fiable dans le face à face avec la mort. Ces directives sont au final une façon pour les proches et les soignants de libérer leurs consciences.

Il est encore prévu, et c’est l’essentiel, que :

À la demande du patient d’éviter toute souffrance et de ne pas prolonger inutilement sa vie, un traitement à visée sédative et antalgique provoquant une altération profonde et continue de la vigilance jusqu’au décès associé à l’arrêt de l’ensemble des traitements de maintien en vie est mis en œuvre dans les cas suivants : (i) lorsque le patient atteint d’une affection grave et incurable dont le pronostic vital est engagé à court terme présente une souffrance réfractaire au traitement ; (ii) lorsque la décision du patient, atteint d’une affection grave et incurable, d’arrêter un traitement, engage son pronostic vital à court terme.

Un « droit à » la sédation profonde va donc être instaurée. Il vise donc à contraindre les médecins à effectuer un geste qu’ils étaient seulement autorisés à accomplir jusqu’à aujourd’hui. Fidèle à sa tradition contemporaine, notre législateur prévoit donc un nouveau droit opposable. Toujours plus loin dans l’autonomie absolue du sujet.

On peut encore discuter cet adverbe très surprenant : inutilement. Qui peut donc oser s’instituer en juge de l’utilité d’une vie ? Une vie est-elle seulement utile ? Ne serait-ce pas là surtout une incapacité à assumer une réalité plus brute qui est tout simplement la « demande du patient de ne pas prolonger sa vie » ?

En outre, si le premier cas évoque des souffrances qu’il ne serait pas possible de soulager, la rédaction de l’article signifie que la sédation profonde sera également pratiquée en l’absence même de toute souffrance. Le texte prévoit en effet qu’il s’agit d' »éviter » toute souffrance et le (ii) ne mentionne pas non plus la souffrance. Il faut donc comprendre que la sédation pourra être pratiquée à l’égard d’un malade qui ne souffre pas. Au temps pour ceux qui répondent depuis des années à ces kyrielles de sondages sponsorisés par le lobby euthanasiste évoquant des maladies ou des souffrances insupportables : voyez, vous qui trouviez que nous exagérions en évoquant des dérives, nous voilà déjà plus loin. Si le texte semble éviter les errements du lobby précité et des législations étrangères en ne faisant pas référence à des « souffrances psychiques » (qui conduisent nos voisins à euthanasier dépressifs et « déments« ), il s’applique en partie plus largement puisqu’il ne fait mention d’aucun type de souffrance. Soit dit en passant, on s’est émus de l’extension de l’euthanasie aux mineurs en Belgique, mais aucune extension ne sera nécessaire en France, puisqu’il n’y a pas de conditions d’âge dans la législation actuelle, pas plus que dans la proposition à venir.

La seule borne, qui n’est pas négligeable, est celle d’un pronostic vital engagé à court terme. On pourrait sourire de la précision selon laquelle l’affection doit être grave, puisque l’on peut présumer que le fait d’en mourir à court terme remplit d’office la condition de gravité (les affections bénignes produisant rarement cette conséquence). En somme, cela exclut (i) les cas de dépression qui, pour être graves, ne sont pas incurables et n’engagent pas le pronostic vital, (ii) les demandes précoces d’euthanasie et (iii) certaines formes de suicide assisté. Il restera à déterminer ce qu’est le « court terme« . Si l’on conçoit bien que la matière ne se prête guère à la prévision d’un délai précis, en nombre de jours ou de semaines, il n’en reste pas moins que cette mention est juridiquement floue et prêtera le flanc aux interprétations.

Sera légalisée demain la possibilité de procéder à une injection dans le but de provoquer la mort d’une personne malade, quand bien même elle ne souffrirait pas : ne nous y trompons pas, demain, c’est l’euthanasie qui est légalisée.
C’est aussi la raison pour laquelle ce qui sera légalisé demain sera bel et bien l’euthanasie. Nous ne sommes plus dans la logique qui était retenue jusqu’à aujourd’hui de pouvoir pratiquer une sédation dans le but de soulager la souffrance quand bien même cela entraînerait aussi la mort. Il s’agit désormais de pratiquer une sédation dans le but de provoquer la mort d’un patient qui souffre, ou qui ne souffre pas. Ceux qui ne perçoivent pas les nuances, comme si l’intention d’un acte n’avait aucune importance, auront fustigé jusqu’à aujourd’hui, dans leur rhétorique facile, une hypocrisie. Ils ont eu gain de cause. Cette société qui préfère que les choses soient blanches ou noires, par paresse intellectuelle ou incompétence, a pu effacer la nuance, qui fait pourtant toute la réalité de la vie, et de la fin de vie en particulier. Il ne faut pas être très clairvoyant pour comprendre quelle va être l’étape suivante, dès lors que cette « nuance » est effacée : puisque désormais l’injection peut être faite dans l’intention de donner la mort, quelle différence cela fait-il d’injecter un produit qui entraîne votre mort sous quelques jours ou sous quelques heures ? D’ailleurs, puisque l’on peut interrompre également l’alimentation et l’hydratation, a-t-on vraiment besoin d’un nouveau texte qui viendrait légaliser l’euthanasie dite active ?

Bref, chapeau l’artiste. L’euthanasie sera donc légalisée en France demain, sans opposition et même dans la célébration mièvre du consensus. Nous n’y avons majoritairement vu que du feu. Les promoteurs de l’euthanasie peuvent, dans un jeu de rôles transparent, affecter le mécontentement : ils ont su exiger plus pour obtenir ce qu’ils voulaient, menacer du pire pour imposer un mal.

Il n’est pas utile, ou il ne l’est plus, que je revienne sur l’ensemble de mes raisons de m’opposer à l’euthanasie. Je les ai exposées dans près d’une vingtaine de billets.

Ne reste-t-il plus qu’à s’abandonner à la mélancolie et à la dépression, constatant la lente mais constante dislocation de la société française, dans un Occident qui suit le même cours ? « Ne nous laissons pas voler l’espérance !« . Jean-Frédéric Poisson sort le 13 mars prochain un livre, Personne ne doit mourir seul, qui a pour premier mérite de maintenir vivante cette espérance-là, croiser encore des politiques qui réfléchissent. Dans ce livre, il remet en perspective les soins palliatifs, que ce soit l’impossible demande de mort[1] ou la longue tradition dont ils s’inspirent, jusque dans la distinction opéré il n’y a pas si longtemps entre les curables et les incurables parmi les cancéreux, que d’aucuns ne jugeaient plus utile de soigner.

S’il est tragique de constater que notre société trébuche lourdement dans cette marche vers la pleine humanité, cela laisse entrouvert un espoir : ce que nous n’avons pas pu préserver dans la loi, nous devrons l’obtenir dans le cœur des Hommes. Ce sera plus difficile, mais puisqu’il ne reste plus que cela, il faut le tenter.

  1. je me permets une « bonne feuille » même si c’est inévitablement partiel : « D’habitude, on demande quelque chose que l’on connaît, une chose dont on est certain qu’elle nous procurera du bien, une chose représentée dans notre esprit sous la forme d’un plaisir immédiat ou différé, ou que l’on imagine prendre naturellement sa place dans notre recherche du bonheur, notre épanouissement, nos projets, etc. Bref : on ne demande ou on ne veut que ce qui est bon pour nous. Et soit ce « bien » est agréable, et on le veut pour lui-même, soit il est une forme de « mal nécessaire », et on le veut pour ce qu’il procure, ce à quoi il donne accès, pour la certitude d’un état futur meilleur que l’état présent. On ne va chez le dentiste qu’avec l’espoir de se porter mieux une fois guéri : sinon, à quoi bon ? À quoi « bon » ? Pour décrire cet état de fait, certains philosophes disent qu’on « ne veut jamais une chose que sous la raison du bien ». Une autre manière de dire que l’on ne veut jamais le mal parce qu’il nous fait mal : au contraire, la plus petite parcelle de bien que nous y voyons suffit à nous rendre désirable une chose qui en elle-même ne le serait pas. Certes, il faut parfois de la force pour cela. Et de telles considérations donnent raison, à l’évidence, aux philosophes anciens qui voyaient dans la force – le courage – une des vertus essentielles, inséparables de notre capacité à atteindre le bonheur. Mais le cas de la mort est différent. Si les choses ne sont jamais voulues par nous qu’en raison du bien qu’elles représentent, ou de la peine dont elles nous délivrent, il faut considérer la mort d’une manière spéciale. D’abord, si la mort est une forme de mal absolu en regard de notre existence, il est difficile de la considérer comme désirable en elle-même. De plus, il y a une vie terrestre après la séance chez le dentiste. Il n’y en a pas après la mort ! Donc ceux qui souhaitent mourir ne veulent pas mourir en raison des biens auxquels la mort permettrait d’accéder pour vivre mieux, ni ne peuvent raisonnablement vouloir la mort comme le moyen d’une autre chose qui viendrait après elle ! » []

36 commentaires

  • Ta conclusion est un beau message d’espoir. Rien n’est humain sauf dans le coeur des hommes. Et je ne suis pas sûr que ce sera plus difficile, au contraire, ça focalise sur l’essentiel. On touche les coeurs en parlant aux hommes, pas en votant des lois.

    Par ailleurs, je suis de plus en plus allergique au jargon technocrate. Que veut dire « pronostic vital engagé »? Ca veut dire qu’on va mourir ou qu’on risque de mourir? C’est un peu différent, non?

  • Sans pouvoir ni vouloir guérir ton allergie au jargon technocratique, je crois bien que cela signifie que l’on va mourir…

    Pour le reste, la seule chose qui pourrait me faire dire que ce ne sera pas plus difficile de gagner les cœurs que de sauvegarder le cadre législatif, c’est que l’on n’y est pas parvenu dans la loi.

    Mais si, de fait, la loi constitue pour une société une forme de minimum commun. Pas le summum éthique, certes, mais ce avec quoi l’on n’est pas censé transiger. Je pense que c’est en partie son rôle et que c’est au minimum comme cela que c’est perçu. J’ai eu suffisamment l’occasion de répéter publiquement dernièrement que ce qui est dépénalisé n’est pas légal pour autant et que ce qui est légal n’est pas nécessairement bon, pour apprécier le degré de confusion. Aujourd’hui, à partir du moment où ça n’est pas interdit, c’est que j’ai le droit de le faire et si j’ai le droit de le faire, alors personne ne peut me dire quoi que ce soit sur mon comportement.

    Par ailleurs, il y a une pente naturelle qui peut conduire à plus de facilité, moins d’humanité. Cela fait aussi partie de la nature de l’Homme. Le garde-fou de la loi pouvait représenter un ultime verrou pour beaucoup : il va sauter. Je pense aux patients, je pense aux familles et aux malades. Enfin, il y a des contraintes budgétaires qui, désormais, sont mises en balance avec les impératifs humains. Plus on ouvre les possibilités de raccourcir une fin de vie, plus on ouvre les perspectives de libérer des lits. C’est encore une logique entière qui est atteinte : l’interdit de tuer est sérieusement mis à mal.

    Alors oui, je pense que cela sera plus difficile. Cela ne signifie pas qu’il ne faut pas le tenter mais il est certain que c’est ramer à contre-courant, de plus en plus.

  • Je ne crois pas que le projet de loi légalise l’euthanasie sans vouloir le dire; notamment, je ne vois pas, dans l’alinéa cité, que le but de la sédation soit de provoquer la mort du patient: elle fait partie d’un tout avec l’arrêt du traitement, dont l’objet est de laisser mourir et non de faire mourir; du moins est-ce ainsi que je le comprends.

    Mais, en fait, le détail du texte n’est pas le point de plus important de ce billet, ni du débat en général. En prenant un peu de recul, on voit bien ce que cherche à faire le législateur: un compromis à la française, c’est-à-dire qu’on n’attaque pas franchement le sujet, en raison des divisions qu’il provoque. D’où les éléments comme les « directives anticipées », auxquelles je ne crois pas plus que toi. Cette notion relève de l’auto-persuasion pour les bien-portants, qui cherchent désespérément à ce qu’on les rassure: ne vous inquiétez pas, on fera ce qu’il faut pour que vous ne souffriez pas.

    Tout ceci ne me semble pas illégitime. La crainte de la souffrance est une réalité que nous partageons à peu près tous; la projection de cette crainte sur ceux qui sont effectivement en train de mourir est assez naturelle. La réponse par les soins palliatifs est rationnelle et a tous les éléments de compassion qu’il faut en la circonstance, mais malheureusement, elle ne suffit pas, parce que les bien-portants n’y croient tout simplement pas: la peur est, ici, la plus forte.

    C’est pourquoi je pense que cette loi n’est qu’une étape, et que nous finirons, sous un gouvernement ou un autre, par adopter une version plus ou moins délayée de l’euthanasie. Peut-être pas aussi poussée que ce qui se fait en Belgique, mais une euthanasie tout de même (et ses partisans se plaindront du temps qu’il nous aura fallu pour rejoindre le groupe des pays les plus « avancés »).

    Reste ta conclusion. Il n’y a aucune raison de renoncer à l’espoir, et je rejoins Lib: c’est en effet dans les coeurs que se passe l’essentiel.

  • Gwynfrid a écrit :

    Je ne crois pas que le projet de loi légalise l’euthanasie sans vouloir le dire; notamment, je ne vois pas, dans l’alinéa cité, que le but de la sédation soit de provoquer la mort du patient: elle fait partie d’un tout avec l’arrêt du traitement, dont l’objet est de laisser mourir et non de faire mourir; du moins est-ce ainsi que je le comprends.

    Le texte ouvre la possibilité pour une personne atteint d’une maladie incurable (même si elle ne souffre pas), d’exiger l’administration d’une substance qui le plongera dans un état que je qualifierais, faute de mieux, de coma, tout en arrêtant tout traitement, y compris, selon les nouvelles dispositions, l’alimentation et l’hydratation. Quand on cesse de vous alimenter, de vous nourrir, et de vous soigner, cela accélère nécessairement le décès.

    En tout état de cause, on voit bien quelle est la perspective.

    Gwynfrid a écrit :

    C’est pourquoi je pense que cette loi n’est qu’une étape, et que nous finirons, sous un gouvernement ou un autre, par adopter une version plus ou moins délayée de l’euthanasie.

    Oui, c’est fort probable. Et c’est bien ce que je dis. Selon la dialectique en vigueur, on aura tôt fait de nous présenter cette nouvelle situation comme « une hypocrisie » et à l’injection d’un autre type de produit. Sans compter que l’on expliquera bientôt que ce n’est pas humain, voire pas digne, de priver la personne d’alimentation et d’hydratation et que, par conséquent, il faut passer à l’étape supérieure (plutôt que de revenir en arrière, évidemment).

  • Très très bon article.

    Seule ombre au tableau, l’emploi du « soleil noir » pour le mot assez laid d’euthanasie.

    En effet, pour le moi c’est le « soleil noir de la mélancolie » selon Nerval :


    Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé, //
    Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie : //
    Ma seule Etoile est morte, – et mon luth constellé //
    Porte le Soleil noir de la Mélancolie.

    Nous sommes quand même dans un autre univers…

    J’aurais préféré « Etoile noire » faisant référence à Star Wars ou « Matière sombre » pour faire dans l’astrophysique théorique actuelle de déduction. 😉

  • Navré pour Nerval. Mais l’expression a bien des significations (ici et ). Qu’on le voie comme un symbole occulte ou comme une éclipse de la lumière me paraît tout aussi adapté.

  • Je ne veux pas embrayer de trop là-dessus, pas parce que je vous donnerais raison, plutôt l’inverse.
    C’est surtout que je ne tiens pas à trop parler de mon malaise vis à vis des regards fixes que certain de nos ministres actuels possèdent. et ceux-ci menés par une personne absolument et terriblement chevillée de certitudes qu’elle ne semble plus du tout rester dans la tolérance de corps et d’esprit, lorsque c’est à ces doses.

    Comparons avec des personnes des gouvernements de Mitterrand, il n’y aucune suavité dans le propos aucun sourire de courtoisie encore moins de bon savoir vivre. Juste l’envie et la concentration pour frapper vite, fort, étouffer de peur d’être surpris comme un enfant.

    Ces gens ne semblent pas être de mon monde, je le sens et loin de me faire peur, ils éveillent en moi toutes les alertes qui produisent l’extrême méfiance qui n’est pas loin du mépris. Pourquoi ? Car dans la vie réelle je déteste recourir à de telles extrémités.

  • Peut-être que je n’ai pas compris mais pour moi soleil noir n’est pas une référence à Nerval mais au film soleil vert et au sort des personnes âgées dans ce film, je me trompe?

  • Laissez nous Vivre ET MOURRIR comme nous le souhaitons.
    Pourquoi donc des croyants et autre religieux imposeraient ils à TOUS les Citoyens de France l’interdiction de choisir sa mort face à la souffrance ou à la déchéance ?
    Ce projet n’envisage en aucun cas d’obliger qui que ce soit à pratiquer l’euthanasie ou quelque autre geste interdit par ses croyances ou sa religion. Chacun sera libre.
    Mais cela ne vous suffit pas ! vous voulez que la loi ne permette à personne des actes que VOUS, vous seul, et quelque autres, réprouvez ou considérez comme sacrilège….
    En fait, en cela, Vous semblez vouloir, comme les « islamistes » très à la mode ces jours ci, que la religion dicte la loi nationale.
    Pitié, permettez dans notre société laïque que chacun puisse choisir, tout simplement sa fin de vie.,

  • Soleil noir, c’est plutôt une référence à XIII non?
    http://www.dargaud.com/treize-xiii/album-5839/jour-du-soleil-noir/

    Mis à part cela, assez bon article, même si du point de vue de la réflexion éthique, je ne mettrais pas l’idée de directive anticipée aussi vite à la poubelle. Certes on ne sait pas ultimement quel courage aura notre âme face au grand départ. Mais on peut néanmoins savoir quel courage on espère. La directive anticipée est un appel envers autrui pour nous soutenir le jour ou la situation nous échappe. En somme, elle est encore un lieu de liberté, un lieu pour faire prédominer sur la loi le coeur des hommes, comme tu dis si bien. Là ou je pourrais te rejoindre, c’est sur la vacuité d’une telle notion si on s’évertue à la réduire à un sens purement juridique. Etant donné que dans notre société postcontemporaine, juridique a une facheuse tendance à rimer avec vide de sens (désolé pour les juristes).

  • Qu-est-ce que c’est qu’un sondage sponsorisé par le lobby euthanasiste? Ca veut dire que c’est un faux sondage?

  • Pingback: Edito : quand l'euthanasie s'installe sans bruit - Cahiers libres

  • @ LARRIEU : un seul « r » à « mourir » : on ne meurt qu’une fois. En revanche, vous, je vous sens tout disposé à réitérer dans votre chasse à la palme du commentaire du mois. Donc, affirmer des convictions, dans votre « société laïque » (qui ne l’est pas, soit dit en passant, mais je ne vais pas pinailler sur des détails), c’est les imposer. Et pour faire bonne mesure, c’est faire comme les islamistes. Permettez-moi de ne pas être surpris que vous ne partagiez pas le souci de la nuance sur ce sujet si sensible.

    @ Jalenques : assez bon commentaire. Mais qui suppose de valoriser nécessairement le souhait de se voir euthanasié comme une marque de courage. C’est une décision. Ni lâche, ni courageuse. Et ceux qui souhaitent s’éteindre naturellement ne manque pas de courage. Quant à celui qui aurait annoncé ce qu’il suppose être du « courage » face à une situation fictive, qu’est-ce que cela signifie, alors ? Que si, le jour venu, sa perception n’est plus la même, il se défile ? Il est lâche ? Vous voyez un peu où cela nous amène ? On me parle de liberté, eh bien précisément, cela en fait partie : quelle liberté intérieure, quand refuser l’euthanasie devient synonyme de coût pour la société, de poids pour les proches, d’indignité et de lâcheté ?

  • Je suis bien d’accord. Mon propos ne parlait pas de ceux qui renoncent à souffrir et qui demandent qu’on les aide à partir, même si mon propos peut paraître dur pour des personnes qui souffrent de manière insupportable (bien qu’il reste à définir ce qui peut être dit absolument insupportable?)
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    Quant à la personne qui renonce face à la souffrance, est-elle lâche?
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    Je parlais d’une directive anticipée indiquant ne pas souhaiter mourir de main d’homme comme d’un appel à l’aide à posteriori. Ce qui est révélateur pour moi dans ce débat, et c’est ce que je voulais signifier un peu maladroitement, est que la question de l’euthanasie révèle un mal être social qui dépasse le cadre de la fin de vie. La question des soins palliatifs de même. Elle soulève une question non pas seulement de liberté individuelle (le droit de mourir comme on le souhaite) mais de solidarité sociale.
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    Et c’est là ou la directive anticipée peut être un garde-fou. Elle peut être l’occasion d’exposer non seulement ce que l’on souhaite mais aussi la façon dont on désire être accompagnée. Il ne s’agit pas seulement de ma liberté mais de la responsabilité d’autrui envers moi. En ce sens, elle est l’indispensable corollaire de l’avancée des soins palliatifs.
    Mais il faudrait pour cela que l’opinion collective qui influe dans les comportements individuels cesse de tout penser uniquement en termes de droits individuels. Or c’est là que le bât blesse. Si nous n’y prenons pas garde, un jour il finira par avoir notre peau.
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    Enfin, il conviendrait de préciser que renoncer à une telle possibilité de réflexion à l’avance face à notre mort prochaine conduirait sans doute à l’impossibilité socialement admise d’envisager le dernier passage comme un moment de vie, d’activité, de souffle, de relation, aussi difficile soit-elle. L’inverse étant aussi vrai. Si on se contente de dire aux bien-portants: « pas besoin de réfléchir, vous verrez bien ce que vous voudrez lorsque vous souffrirez », cela revient à les laisser tomber d’avance dans leurs derniers instants.
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    Comme disait Montaigne, vivre c’est aussi apprendre à mourir.
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    Ce à quoi ajoute bienheureusement Sainte Thérèse de Lisieux: « Je ne meurs pas, j’entre dans la vie.

  • pour moi, le soleil noir, bien sûr, c’est Nerval !!! je ne vois absolument pas à quo d’autre cela fait référence…. de vraiment connu, parce que là, c’est quand même un poème que tout le monde connaît (bon j’ai vu, ça peut faire penser à autre choses, mais c’est assez technique !)! et je pensais que c’était une allusion faite exprès ! parce que, de fait, il y a de quoi être mélancolique… pauvre monde, enfermé sur l’individualisme, et jugeant de la dignité d’un être en fonction de son utilité… et celui qui ne peut plus consommer se juge (doit se juger) lui-même indigne de vivre, et demander à mourir (pour libérer le plancher… et un lit !) et nous n’avons même pas pu dire notre mot. mais il faut bien espérer qu’un jour, cette affreuse logique cessera…

  • « Le soleil noir de l’euthanasie », c’est juste un beau titre. Il n’est pas indispensable qu’il fasse référence à un poème ou à autre chose.

    Quant à la référence religieuse, elle n’est pas nécessaire à ce débat. Je note qu’elle n’est utilisée que pour condamner et disqualifier le contradicteur, souvent en termes très caricaturaux (voir l’exemple assez lamentable du commentaire de Larrieu, ci-dessus). On est en présence d’un banal épouvantail rhétorique.

  • « ce que nous n’avons pas pu préserver dans la loi, nous devrons l’obtenir dans le cœur des Hommes. Ce sera plus difficile, mais puisqu’il ne reste plus que cela, il faut le tenter. »

    Très beau sens de la formule, applicable à tellement de sujets ces derniers temps…bravo, et merci pour ce mot d’espérance

  • @ LARRIEU:
    Le sujet n’est pas le droit de mourir, il existe déjà. Personne n’a jamais été jugé ou condamné pour être mort sans autorisation.

    Le sujet de l’euthanasie est celui du droit de tuer ; dans chaque procès, l’accusé était celui ou celle qui a fait mourir. La question qui se pose est de savoir dans quelles conditions on a le droit de tuer.

    Le marketing de l’ADMD a été remarquablement efficace en inversant le sujet, mais comme tous les marketings politiques, c’est au prix d’une immense confusion.

    La question du consentement, par exemple, est absolument centrale si on veut seulement envisager l’idée d’un droit à tuer. Il doit être univoque, répété, irrévocable, totalement libre de toute influence. Mais dès lors qu’on parle de droit à mourir, le consentement devient un axiome, il est donc escamoté.

    Et les dérives de nos voisins sont immédiates : euthanasie des enfants, des malades mentaux… D’inenvisageables si on considère un droit à tuer, elles deviennent totalement naturelles dès lors qu’on parle d’un droit à mourir.

  • Bonsoir Koz,

    si j’ai bien compris, il y a 1000 amendements déposés sur la nouvelle loi, on est loin de l’unité nationale. Et c’est pour moi assez prévisible car on est sur un débat d’abord symbolique.

    Derrière l’euthanasie, et plus généralement le suicide, il y a une remise en cause de certaines valeurs fondamentales des religions judéo-chrétiennes. je ne suis pas le plus doué pour décrire cela, mais pour moi, par ce geste, on remet en cause la primauté et l’indépendance de l’âme sur le corps, la relation créateur créature avec le dieu unique, la valeur absolue de la vie.

    Comme une partie de la gauche réagit à mon avis assez bêtement aux positions traditionnelles « catholiques » en proposant juste l’extrême du contraire (ce qui pouvait se comprendre à une époque où l’église était un état dans l’état faiseur de rois, mais est plutôt preuve d’un manque d’imagination certain aujourd’hui), on comprend facilement que l’on est, à chaque fois parti sur une discussion qui rappelle plus un « fight » entre ultras que des débats oxfordiens.

    Sur le fond, j’avoue mon indifférence sur cette loi qui propose une cinquantième nuance de gris sur la fin de vie, sans aborder pour moi le point fondamental: dans un contexte où nous aurons de plus en plus de possibilités techniques médicales mais de moins en moins les moyens de les appliquer à tout le monde, il faudra à un moment faire des choix et décider de priorités. Ce sujet de la fin de vie est loin d’être le seul digne de la dépense publique, mais il est évidemment particulièrement sensible, à la fois pour la partie de la population qui ne rêve que de « débrancher mémé » pour toucher l’héritage avant la saison des soldes, et pour tous les autres qui seraient traumatisés de se sentir partiellement responsable de la mort d’un proche (d’autant plus que si l’on est honnête avec soi-même, après avoir vécu la longue agonie d’un proche, la mort est une douleur immense mais on ressent aussi souvent le soulagement de passer à autre chose).

    La difficulté sera donc de faire ces choix (car ne pas choisir, c’est choisir que l’arbitraire ou le copinage soient la règle), mais de générer le moins possible de situations traumatisantes ou susceptible d’abus. Il faut cependant être honnête, cela veut dire, et ce n’est pas pour moi choquant en soi, décider que toutes les vies ne sont pas égales, et ne doivent pas faire l’objet de la même attention de la part de la collectivité: la mère de jeunes enfants (à un extrême de l’échelle pour moi) fera naturellement l’objet de plus d’attentions qu’une personne très âgée, en mauvaise santé et qui n’est plus consciente.

    Et pour moi, c’est un raccourci très hâtif de comparer cela à la Waffen SS.

  • Bonsoir,

    un dernier commentaires sur la bonne feuille:

    « D’abord, si la mort est une forme de mal absolu en regard de notre existence, il est difficile de la considérer comme désirable en elle-même. »

    Il me semble valable de décrire la mort comme un vide, pas le mal absolu. Et si l’on considère que sa vie est devenue intolérable, souhaiter la mort peut se comprendre. J’avoue ne pas être courageux face à la douleur, et la perspective de mourir écrasé sous un camion m’effraie moins que la perspective de subir par exemple des tortures prolongées.

    Evidemment, le suicide est irréversible, et connaissant tous les travers humains, il est irresponsable de faciliter son accès, mais pour moi, le raisonnement qu’on préfère la mort à une vie intolérable est, sur le principe, tout à fait logique.

  • Uchimizu a écrit :

    Sur le fond, j’avoue mon indifférence sur cette loi qui propose une cinquantième nuance de gris sur la fin de vie, sans aborder pour moi le point fondamental: dans un contexte où nous aurons de plus en plus de possibilités techniques médicales mais de moins en moins les moyens de les appliquer à tout le monde, il faudra à un moment faire des choix et décider de priorités.

    Ce point, certes important, n’en est pas moins hors sujet. Nos moyens de prolonger la vie sont limités, chacun le sait. Mais le présent débat ne porte pas sur la prolongation de la vie: il porte sur l’opposition entre laisser mourir, et faire mourir. Peut-être songez-vous à l’impact financier des soins de fin de vie, que l’on pourrait s’épargner en « décidant des priorités », comme vous le dites si élégamment. Mais c’est là un faux problème: contrairement à la prolongation de la vie à tout prix (que l’on qualifie d’acharnement thérapeutique), les soins de fin de vie n’exigent pas de techniques médicales ultra-coûteuses: ils exigent simplement de l’attention, et du personnel. Il n’y a, à aucun moment, de choix à faire entre sauver la vie d’une mère de jeunes enfants et accorder des soins palliatifs à une personne âgée: c’est là une dichotomie artificielle et fallacieuse.

    Uchimizu a écrit :

    Et pour moi, c’est un raccourci très hâtif de comparer cela à la Waffen SS.

    Où avez-vous vu ça?

    Uchimizu a écrit :

    si l’on est honnête avec soi-même, après avoir vécu la longue agonie d’un proche, la mort est une douleur immense mais on ressent aussi souvent le soulagement de passer à autre chose

    … Exact. Si l’on est honnête avec soi-même, l’euthanasie soulage peut-être le mourant qui souffre, mais elle soulage au moins autant les survivants: donc, la décision d’euthanasier ne sera jamais considérée du seul point de vue du patient.

  • @ LARRIEU:
    a écrit: « pourquoi les croyants et le religieux imposeraient leur point de vue à TOUS les Citoyens de France ? »

    Permettez mois de faire une petite rectification de votre question. D’une part, nous savons que les arguments théologique ne peuvent être employés dans n’importe quel débat. Là nous sommes d’accord, c’est le contexte actuel qui nous l’impose. Néanmoins, cela ne veut pas dire que nous n’avons pas le droit de nous prononcer contre l’euthanasie. Nous avons notre vision de l’Homme certes mais qu’est-ce qui ne nous fais pas croire que VOUS voulez imposer votre vision à nous ? La question se pose aussi dans l’autre sens. D’autre part, nous sommes des citoyens au même titre que ceux qui ne sont pas croyants ou font partis d’autres religions. La catégorisation de ce fait inclurai donc que vous érigez la République elle-même en rang de Religion. Bon, ce serait un retour au source de la Révolution française mais la mort est un sujet qui transcende l’homme et tout le monde est concerné. Alors oui, il est normal que nous nous prononcions sur le sujet avec notre point de vue. Sinon, le débat n’existerai pas.

    Pour ma part, j’ai fait un article plus général sur la bataille sémantique de l’euthanasie. Je ne sais pas si j’ai tout juste mais Koz peut m’aider à vérifier mes dires: http://antoinebillot.esy.es/societe/la-bataille-semantique-autour-de-leuthanasie/

  • J’ai jadis appris que les fondements de la civilisation, ce qui avait permis à l’homme de sortir de la barbarie, avaient été les deux interdits fondamentaux que sont l’interdit du meurtre et l’interdit de l’inceste.

    Aujourd’hui, alors que l’on prétend en France faire la leçon au monde qui applique encore la peine de mort, qu’il s’agit là d’un chatiement qui déshonnore les pays qui la pratique… Voilà que l’on préfère légiférer sur l’euthanasie et le suicide assisté que de développer les soins palliatifs alors qu’une fois que la souffrance est contrôlée la quasi totalité des malades en fin de vie ne souhaitent plus précipiter l’échéance.

    Voilà qu’on légalise l’euthanasie des mineurs en Belgique… Voilà même que l’on accède en Suisse à des demandes de suicide assité pour des malades psychiatriques… Pour qui le désir de mourrir est censé faire partie de la symptomatologie de la maladie dont ils souffrent et qu’il s’agirait peut être plutôt de soigner…

    Une fois la boîte de Pandore ouverte, une fois la première limite franchie… on voit jusqu’où ça va.

    Récemment, le Figaro expliquait qu’un homosexuel anglais (célibataire?) a obtenu d’adopter légalement l’enfant que sa propre mère a porté pour lui. L’enfant fut conçu par don d’ovocyte et son sperme. Avant le jugement d’adoption, cet enfant qu’il avait fait avec sa mère, était reconnu par l’état civil britannique comme étant à la fois son fils et son frère…

    Voici le premier cas d’inceste (car oui, il y a symboliquement inceste – même si cet homme n’a pas sexuellement joui du corps de sa mère, le fait qu’elle porte son enfant constitue une forme de jouissance du corps qui a été mis au service de son désir d’enfant) médicalement assisté de l’histoire de la GPA. D’autres suivront à n’en pas douter.

    Ah … j’oubliais le cas de cette femme célibataire et agée, qui a eu un enfant par un don d’ovocyte… ovocyte fécondé avec le sperme de son propre frère…

    Passons sur le fait que les observations faites en néonathologie démontrent qu’un enfant qui a grandi 9 mois dans un ventre vit la séparation d’avec la mère qui la porté comme un véritable traumatisme dont curieusement personne ne veut jamais parler actuellement… Que fait on de ce ressent l’enfant arraché au corps familier qui lui a donné la vie??? Tous ces gens qui se disent d’excellents parents en devenir grâce à la GPA semblent pourtant se taper totalement du fait que l’arrivée de cet enfant dans leur vie se fait au prix d’un traumatisme majeur pour cet enfant!

    Qui peut encore aujourd’hui douter que sous couvert de prétendue modernité, nous nous enfonçons aujourd’hui dans une barbarie profonde où le sujet humain est avant tout appréhendé comme une marchandise que l’on peut concevoir pour sa jouissance égoïste, et achever comme une bête quand il n’est plus rentable et qu’on estime que sa vie n’est plus « digne » parce qu’il porte une couche et doit être nourri à la cuillère!

    Que le desespoir accule certaines personnes à vouloir mourir ou à passer à l’acte est une chose. Mais de vouloir faire d’un autre être humain ou de la société oute entière les complices d’un meurtre, là où trop souvent on préfère ignorer d’autres possibilités trop coûteuses… Où est donc le « progrès »? Ou est l’humanité?

    Souffrir de n’avoir pas d’enfants (que ce soit du fait d’un problème médical, de l’âge, ou du fait des singularité de son parcours amoureux)… Souffrir de la maladie… Oui celà appelle à la compassion et à imaginer d’eventuelles solutions. Mais toutes les solutions sont elles acceptables? Où est l’humanité lorsqu’il s’agit de traiter l’homme comme un animal qu’on fabrique par génie génétique, et qu’on achève quand il ne peut plus servir et coûte trop cher?

  • Bonjour,

    Je comprends mal que vous puissiez mettre en avant des arguments de Jean-Frédéric Poisson tels que

    Si la mort est une forme de mal absolu en regard de notre existence, il est difficile de la considérer comme désirable en elle-même. De plus, il y a une vie terrestre après la séance chez le dentiste. Il n’y en a pas après la mort !

    Cette position n’est-elle pas en contradiction frontale avec la foi chrétienne dans son ensemble et la croyance en la résurrection des morts, la réunion avec nos êtres chers disparus, et l’union avec le Père au Paradis ?

    Sans dire que la foi rendrait la mort désirable, elle paraît précisément, pour reprendre les mots de Jean-Frédéric Poisson, « une forme de « mal nécessaire », et on le veut pour ce qu’il procure, ce à quoi il donne accès, pour la certitude d’un état futur meilleur que l’état présent. »

    • Je ne suis pas théologien et je fais avec mes petits moyens mais, outre le fait qu’il est assez peu probable que Jean-Frédéric Poisson adopte une position en contradiction frontale avec la foi chrétienne, il ne me semble pas que celle-ci envisage une vie terrestre après la mort.

  • @ LARRIEU:
    Mourrez comme vous voulez mais ne demandez pas que d’autres fassent ce que vous n’avez pas le courage de faire seul.
    N’imposez pas aux médecins de vous donner la mort : ce n’est pas leur métier.
    N’exigez pas de la société qu’elle rende légal le fait de donner volontairement la mort.

  • @ Koz: Très juste, tout comme elle ne prévoit pas de dentiste.

    Plus sérieusement, si on a foi en la résurrection des morts, les retrouvailles de nos disparus, et l’union avec le Père, comment peut-on dire qu’il s’agit d’un « mal absolu » et qu’il n’y a pas « la certitude d’un état futur meilleur que l’état présent » ?

  • Bonsoir

    Comme Jalenques, je ne comprends pas bien votre mépris des directives anticipées.

    Diverses raisons m’ont conduit a exprimer clairement mon refus de toute réanimation en cas d’accident susceptible de me laisser hémi, para ou tétraplégique ou grabataire.

    Est-ce pour vous une lâcheté ? Pour moi, il s’agit d’un choix délibéré, mûrement réfléchi et maintes fois exprimé, qui correspond à ma conception de la vie : marcher, courir, se laver, aller aux toilettes, manger, lire, etc.., sans avoir besoin d’assistance.

    Je souhaite que ces directives soient non seulement contraignantes, mais même impératives pour le médecin. Je dénie en effet à quiconque, fût-il médecin, le droit de m’imposer sa volonté ou sa technicité dans ce domaine si sensible, qui n’appartient qu’à moi (et à Dieu, mais je m’expliquerai directement devant Lui).

    Je ne parle que pour moi bien évidemment et peut être, afin de protéger les autres, faudrait-il authentifier légalement un document où serait écrit ce choix, document renouvelable tous les 3 ou 5 ans.

    Je souhaite simplement que mon choix soit respecté : faut-il une loi ?
    Je crois que oui, car les médecins sont capables de mettre en oeuvre des techniques de réanimation de plus en plus performantes pour vous sauver la vie à tout prix.
    C’est ce « à tout prix » que je refuse

    • Je dis, PhD, que je ne crois pas à la valeur de ce que vous exprimez maintenant. Nul ne peut savoir véritablement ce qu’il pensera dans un face-à-face réel et immédiat avec la mort, et pas dans un face-à-face supposé et théorique.

      Prenez Philippe Pozzo di Borgo, le personnage d’Intouchables. Aujourd’hui, celui qui l’a inspiré le dit très clairement : si on lui avait demandé des directives anticipées lorsqu’il étai valide, sportif, entreprenant etc., il aurait demandé qu’on l’euthanasie. Aujourd’hui, en raison de ce qu’il a vécu, il est l’un des porte-paroles d’une association qui lutte contre l’euthanasie.

  • Je respecte la personne de Philippe Pozzo di Borgo ainsi que SON choix

    Ce n’est pas le mien

    Par ailleurs, quand vous êtes polytraumatisé ou victime d’un AVC et plongé dans le coma, le face à face avec la mort me semble plus théorique que réel ; et le seul choix que vous avez lors de ces instants, c’est celui du réanimateur de poursuivre ou non.

    Le cas d’une fin de vie par maladie est bien évidemment totalement différent. Je crains beaucoup plus la dépendance que la douleur, ce qui ferait que l’aspect soins palliatifs ne résoudrait rien pour moi.

  • J’ai 62 ans et pas trop d’expérience de la mort. Je n’ai pas souvenir autour de moi de personnes qui ont décidé réellement de leur fin de vie en toute connaissance de cause. Et les suicides auxquels j’ai été confronté dans ma carrière d’instit ont été des morts pas vraiment décidées librement par celles et ceux qui se sont suicidés. Nos souffrances parfois finissent par nous tuer. Les êtres humains qui en pleine conscience mettent fin à leur vie c’est rare non?

  • @ jfsadys:
    J’en connais un, un toubib en stade terminal de cancer et qui a « jeté l’éponge » (c’est comme cela que je l’ai ressenti), au demeurant un vieux tourmenté et sans espoir.
    Mais la différence avec la loi: il l’a fait lui-même. Sans demander à personne de porter le fardeau d’avoir tué.

  • @ H2O:
    Ce soir c’était le repas annuel du club de judo dont je fais encore partie. J’avais à mes côtés trois veuves qui ont raconté la fin de vie de leur mari respectif. L’un mort des suites d’un avc, l’autre d’un cancer du péritoine, et le troisième d’un cancer du pancréas. J’ai écouté et je n’ai rien dit. Je connaissais leur mari respectif et je connais leurs enfants respectifs.Pas facile tout ça à vivre et survivre. J’ai eu l’alcool triste ce soir. 🙁

  • Les « directives anticipées » sont pour moi une aberration,car qui a envie de s’imaginer complètement dépendant d’un ou plusieurs autres?
    Personne bien sûr.Mais si nous arrivons à ce stade quel sera alors notre état d’esprit?Qui peut le dire?
    Philippe Pozzo di Borgo le dit lui-même et son avis vient d’une personne ô combien concernée par la question me semble-t-il.

    Mais non, le discours de notre société se résume à :
    « Cachez (cette mort) que je ne saurais voir »
    et puis faites-vous piquer,débarrassez le plancher,vous êtes sans valeur et donc parfaitement inutile.;et en plus vous empoisonnez la vie des gens bien portants.Dehors,on vous a assez vu!

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