Le maillon faible

TOP ! Je ne veux « plus rester dans un mouvement dont l’unique objectif est de faire gagner François Bayrou en 2012 ». Qui suis-je ?

  • Je suis Gilles de Robien
  • Je suis Hervé Morin
  • Je suis Jean-Louis Bourlanges
  • Je suis Jean-Marie Cavada

Ou (c’est bientôt les Fêtes : on a 5 choix)

  • Je suis Christian Saint-Etienne

Je le concède, il y a un piège : ils l’ont tous dit, ou presque. Pour vous aider, un premier indice : Gilles de Robien, le premier d’une liste de « traîtres »[1] en perpétuel enrichissement, a toujours dit qu’il voulait « y rester », mais il ne parlait pas du MODEM, et n’a jamais eu l’intention de faire gagner François Bayrou, pas plus en 2012 qu’en 2007.

Cela dit, même réduite à quatre choix, la question est encore délicate.

Hervé Morin a somme toute répété (trop tôt ou trop tard ?) constamment depuis mai qu’il y avait un problème de personnalisation avec Bayrou. Au moins le risque est-il plus limité avec lui.

Jean-Louis Bourlanges l’avait déclaré au Figaro. Il l’a répété récemment à L’Esprit Public, avec la finesse d’analyse que lui confère son ancienne proximité.

Jean-Marie Cavada, après avoir « épuisé tous les recours de la fidélité » confiait il y a moins d’un mois « je refuse que les militants de l’UDF-MoDem soient sacrifiés aux négociations municipales ou à l’échéance présidentielle de 2012 » et appelait de ses voeux un nouveau Modem qui « instaure enfin la démocratie interne ».

Parce que vous êtes perspicaces, vous saviez dès l’origine que nous en viendrions à Christian Saint-Etienne. C’est bien lui qui l’a déclaré, au Point.fr. Vous me direz que Christian Saint-Etienne est moins connu du grand public. C’est assez logique : François Bayrou n’a plus de poids lourds à perdre.

Christian Saint-Etienne – dont le départ est accueilli avec un mépris de la part de François Bayrou qui n’est pas sans rappeler un certain « Mais qui connaît Eric Besson ? » – a été l’économiste de François Bayrou. Il était membre de son équipe et figure toujours sur le site à ce titre. Il est vrai que c’est le cas d’une bonne partie de l’équipe en question, ce qui fait de cette page une sorte de trombinoscope des traîtres.

Christian Saint-Etienne fut surtout aussi le théoricien de la Troisième Voie et de la social-économie, auteur, même d’un « Texte Fondateur ».

Le 2 juin 2007, il publiait une tribune enflammée dans Marianne – que l’on peut toujours trouver sur son blog – dont le titre offre un vrai moment de bonheur : « Modem, une dynamique irréversible » ! Et, dans cette tribune, on lisait notamment la chose suivante :

« Certains commentateurs insistent sur la «plasticité» programmatique du MoDem. En fait, rien n’est plus erroné, alors même que tous ceux qui incarnaient la tentation droitière de l’UDF ont quitté François Bayrou. Ces défections, pour être un revers tactique, n’en offrent pas moins une opportunité stratégique cruciale. François Bayrou peut enfin réaliser, dans une rare cohérence idéologique, son projet d’alliance avec le PS. D’ailleurs, il est un signe qui ne trompe pas: les nouveaux militants qui viennent vers le MoDem sont quasiment tous issus de la gauche. »

C’est donc avec une rare cohérence idéologique que Christian Saint-Etienne, jusque là pressenti pour être tête de liste Modem a rejoint… la liste de Jean Tiberi ! Diantre, s’il fallait en choisir un à l’UMP, fallait-il que cela soit celui-là ?

Je lisais que Marielle de Sarnez voulait une liste « renouvelée », avec « beaucoup de jeunes ». A vrai dire, dans un ex-parti de cadres désormais dépourvu de cadres, est-ce vraiment un choix ?

Christian Saint-Etienne se félicitait, donc, de la cohérence idéologique que François Bayrou y gagnait. On peut penser que, bientôt seul, François Bayrou sera un homme heureux. Avant-hier d’ailleurs[2], le site Bayrou.fr proposait – sur une page dont vous noterez l’url, bayrou-depute-trahison – un retour sur le départ des députés, que François Bayrou qualifiait de « libération ». Il faut penser que Christian Saint-Etienne aura été de ceux qui n’auront pas voulu l’opprimer. En revanche, quand le théoricien de votre cohérence idéologique se fait la malle aussi, peut-être est-il temps d’envisager la remise en question.

Car dans ces conditions, plusieurs questions se posent, et notamment celle-ci : qui est le maillon faible ? Un parti, un groupe quelconque, peut-il être exclusivement composé de maillons faibles, à l’exception du « chef » ?

Décidément, Gilles de Robien, les 23 députés qui l’ont quitté, Jean-Louis Bourlanges, Jean-Marie Cavada, Christian Saint-Etienne sont-ils tous des traîtres, des opportunistes, des girouettes, des soiffards qui « vont à la soupe » ? Si tel est le cas, on peut s’interroger sur les motivations profondes qui les ont amené, à l’exception de Gilles de Robien, à entourer François Bayrou hier. Si tel n’est pas le cas…

A la « dynamique irréversible » semble donc répondre aujourd’hui une « descente inexorable ». François Bayrou ne voulait plus d’un centre qui soit le supplétif de l’un ou l’autre des deux grands partis français, un centre inexistant. Il a pris un parti démocrate-chrétien pour en faire à marche forcée un parti social-démocrate. Avec ce qui ressemble de plus en plus à une lente marche vers l’échec, François Bayrou ne va-t-il pas réussir la contre-performance d’ajouter son aventure à la longue liste des échecs du centre en France ? René Rémond, dans son livre, Les Droites Aujourd’hui, soulignait le peu d’espace politique offert aux initiatives du centre. Cette expérience Bayrou ne va-t-elle pas sonner comme une confirmation, et un avertissement à ceux que cela pourrait tenter à l’avenir ?

Et si François Bayrou était en train de tuer le centre ?

« Allez, au revoir »

  1. c’est un guillemet de citation, pas d’atténuation []
  2. j’ai cru à un gag dans mon lecteur RSS []

37 commentaires

  • et la suite de la question, tu l’as oubliée ?

    … et entrer dans un mouvement qui enfile ses godillots pour mener notre grand chef à la victoire en 2012 et pouvoir ainsi ramasser quelques miettes d’influence, quelques bribes de notoriété.

  • C’est marrant Koz car j’étais il y a pas plus d’un jour en visite sur son blog, au fil des clics, et beaucoup de points m’ont intéressé chez Saint Etienne, de bonnes idées en tout cas sur l’économie.

    Comme dirait l’autre, et je te rejoins, ça sent la bique, l’affaire du pti père bayrou.

  • Bayrou est un manipulateur, idéaliste, carriériste. Il a flingué son mouvement politique en s’accoquinant avec les socialistes. Je trouve normal que les gens intelligents quittent le navire. C’est un simple signe d’intelligence.

  • « … et entrer dans un mouvement qui enfile ses godillots pour mener notre grand chef à la victoire en 2012 et pouvoir ainsi ramasser quelques miettes d’influence, quelques bribes de notoriété. »

    Ben, la réponse est la même, Claudius : peut-on penser que tous ceux qui quittent Bayrou sont des traîtres opportunistes ?

    A cela, deux réponses possibles :

    – soit c’est le cas, et l’on peut penser que ceux qui sont opportunistes aujourd’hui l’étaient hier et s’interroger par conséquent sur la qualité de l’entourage de Bayrou.

    – soit le problème vient de Bayrou et, au bout d’un certain nombre de réponses diablement convergentes, on en vient à la penser.

    Effigy, j’ai l’impression que Lisette est un chouya moins impliquée. On ne se connaît pas mais, à ce qu’elle a dit une fois, je me demande si, à l’instar d’un autre que je connais très bien, son implication n’a pas quelque peu nui à son activité pro. Mais je m’avance, peut-être.

  • Lisette est effectivement en silence radio. depuis un bail…
    L’amour ? 😛

    « Rassurez vous », ces questions, on se les pose aussi au MoDem et nombreux sont ceux qui ne souhaitent pas être de simples relais ou colleurs d’affiches pour 2012.
    Bien sur, Bayrou a toujours ses groupies chez nous mais ce n’est pas le plus interessant.

    Je pense que nous allons vers 2 itinéraires possibles :

    -Le Modem, qui n’est pas exempt de défauts en fonctionnement interne, ne décolle pas et sa multitudes de petits moteurs quitteront le Mouvement pour retourner à d’autres activités, et Bayrou se ramassera en 2012 (sauf si Sarkozy se plante lamentablement, ce que je ne souhaite pas, même si je ne peux pas l’encadrer),

    -Le Modem s’épanouit avec l’émergence de vraies nouvelles têtes, propose une véritable alternative, travaille sur des projets concrets sans s’enfermer dans l’opposition systématique et nous aurons atteint l’objectif initial de faire autre chose, différemment (j’admets que c’est loin d’être gagné…). Bayrou peut espérer l’emporter en 2012 et par dessus le marché on aura raffraichi la politique.

  • Certes, KaG mais à vrai dire, je ne le sens pas bien.

    Comment ces nouvelles têtes pourraient-elles émerger d’ici 2012 ? Les municipales n’ont pas l’air d’être spécialement favorables au Modem. Ce n’est pas une certitude mais, à ce jour, c’est ainsi que cela s’oriente.

    Le Modem risque donc de ne pas avoir beaucoup d’élus locaux. Or, il n’a déjà pratiquement pas d’élus nationaux.

    Qui fera porte-voix ?

    Les nouvelles têtes sont inexpérimentées. L’enthousiasme c’est bien, c’est nécessaire, mais c’est insuffisant. Parviendront-elles à se former d’ici là ? Il semble qu’il ne faille pas compter sur l’appareil du parti… faute d’appareil du parti.

    François Bayrou n’est pas un organisateur et semble faire fuir tous ceux qui pourraient compenser ses défauts. Faute de dynamique, il paraît assez peu probable que de bons organisateurs se sentent très motivés pour le rejoindre maintenant.

    Et pour finir, François Bayrou ne semble vouloir voir émerger de nouvelles têtes que si elles lui sont toutes entières dévouées.

    Ca ne fait pas beaucoup de conditions favorables.

  • Pour avoir écouté plusieurs fois Christian St Etienne, je dirai qu’il a beaucoup de finesse dans ses analyses, qu’il voit en général toutes les facettes , qu’il est reconnu mais discret. Il a longtemps partagé les analyses des libéraux mais les trouvait excessifs puis.. il a été » pour « l’Europe mais pas comme on nous la proposait, bref, vraiment fait pour être au centre et … ne plus en bouger englué dans ses hésitations.
    Etre le théoricien de Bayrou a pu lui sembler une solution pour sortir de sa position d’observateur et du club de réflexions qu’il a fondé et s’investir enfin.Mais le centre de Bayrou semble de plus en plus être son nombril alors St Etienne voit aileurs.
    Certes le choix de Tiberi peut sembler curieux mais beaucoup de parisiens passent au dessus de son aspect un peu … pour dire que c’est un excellent gestionnaire et que le Ve lui restera fidèle ! Alors C. St Etienne a sans doute fait un choix pragmatique, cela ne lui ressemble pas, peut-être est-ce grâce à F. Bayrou !

  • Dans ce cas là… 2017 ? 🙂

    Pour le dévouement à Bayrou, il y a un peu de ça.
    Je pense malgré tout qu’il commence à noter que ses braves moutons qu’il promène comme un berge sont capables, pour certains, de ruer et d’appuyer là où ça fait mal, à défaut de mordre et que ces gens là auront besoin d’air.

  • A gros traits, on peut distinguer, parmi les centrifuges, trois catégories :

    – Ceux qui ont refusé de soutenir la stratégie de Bayrou avant le 1er tour de la présidentielle (Robien) parce qu’il ne croyait pas son pari gagnable (l’émergence d’une troisième force du fait de son arrivée au second tour), rien ne permet de les qualifier d’opportunistes, ils ont joué le jeu traditionnel du centre, donc l’alliance à droite ;

    – Ceux qui ont compris que Bayrou avait perdu son pari le soir du premier tour et ont renoué avec le jeu traditionnel du centre, après avoir été de virulents critiques de ceux qui s’y étaient toujours tenu (Hervé Morin, par exemple), pour ceux-là, la qualification d’opportunistes n’est qu’un doux euphémisme…

    – Ceux qui rejettent la dérive sectaire du Modem (tu l’aimes ou tu le quittes) et se rallient (ou pas, comme J.-L. Bourlanges) à la majorité présidentielle, ceux-ci, ou bien ils sont honnêtes et ne viennent pas à la soupe, ou bien ils agissent par opportunisme et on peut dire, pour rester dans les euphémismes courtois, qu’ils ne sont pas très vifs d’esprit…

  • Citation :

    Ben, la réponse est la même, Claudius : peut-on penser que tous ceux qui quittent Bayrou sont des traîtres opportunistes ?

    Fin de citation.

    Il y a effectivement de grandes chances.
    Je pense qu’il y a dans le monde politique une frange de personnages pour qui le pouvoir est quelque chose d’absolument nécessaire à la vie. Ces gens ont trahi Bayrou pour un maroquin ou un poste quelconque; il y en a aussi à gauche, on l’a vu, et je suis persuadé qu’il y en a également à l’UMP; lorsque le vent tournera (et j’espère pour mes compatriotes que ce sera le plus tôt possible avant que les dégâts ne soient irrémédiables) ceux qui lâcherons Sarkozy seront légion. D’ailleurs, le petit Nicolas lui-même nous a montré comment on pouvait modifier ses convictions en fonction de l’air du temps et de ses propres ambitions.

    Je suis persuadé qu’il y a beaucoup de gens capables, fidèles à leurs convictions, honnêtes, courageux en politique; malheureusement, c’est rarement pour ces gens-là que l’on vote, peu médiatisés, peu scandaleux, peu magouilleurs, ils ont peu de chance d’arriver à des postes importants où se prennent les grandes décisions pour l’avenir du pays.

    On leur préfère du clinquant, du « qui parle », de l’esbrouffe, du guignolo et on hérite de la dynastie Médecin, de Tapie, de Balkany … et de Sarkozy

  • Désolée, je n’ai pas le temps de tout lire, et oui KaG je suis en silence radio 😉
    Je vais reprendre ce que disait un autre vieux de la vieille : Bayrou, le problème, c’est que les gens qui viennent chez nous viennent toujours grâce à lui… mais les gens qui en partent, c’est à cause de lui.
    Il concluait : tant que la balance reste positive, ça va.

    Je ne suis pas loin de penser comme lui.

    Je suis très déçue aussi de ces départs, et je veux bien croire qu’il y a là-dedans beaucoup de problèmes personnels. En même temps, si nous étions le PS ou l’UMP, avec des postes partout à distribuer, il y aurait moins de problèmes de conscience… C. de St Etienne est malheureusement une bonne illustration. Il fait partie de ceux qui auraient préféré une alliance avec Royal. Et se retrouver sur une liste avec Tibéri ouha aha haha ha . A côté, soutenir Panafieu c’est carrément faire preuve d’intelligence.
    Difficile de ne pas pouvoir récompenser les gens brillants, et C de St Etienne en est. Difficile aussi quand on est brillant, de résister quand on vous courtise, et c’est dingue comme nos « cadres » le sont. Courtisés.

    Mais foin de tout cela, en tant que militante (même à mi-temps), ça m’est égal. Bayrou est ambitieux? oh my god. Tous les gens qui font de la politique sont ambitieux. A un point inimaginable pour les gens qui n’en font pas. De mon point de vue, les gens qui veulent être maire ou député, c’est déjà de grands névrosés. Alors président de la République, c’est des fous.
    Sarkozy à 28 ans il était maire de Neuilly. 28 ans. Neuilly. Faut être dingue. Consacrer toute sa vie à la quête du pouvoir. Penser sans l’ombre d’un doute qu’on est le meilleur.

    Bayrou, si je le connaissais, j’aurais sûrement du mal à en faire mon pote. Ca tombe bien, c’est pas mon pote. C’est mon chef. Et en tant que chef de parti, pour le moment, si je regarde sur la durée, il se débrouille plutôt bien.
    Ce sont toujours mes idées qui sont défendues, au fil des années, et qui sont défendues de plus en plus efficacement, si j’en crois la progression des résultats, et l’augmentation du nombre de militants.

    Alors on verra pour la suite. En 2002, on était dans le même état, mais avec une très grosse dette, et surtout on avait même pas fait 7% à la présidentielle. Et encore, tout le monde trouvait que c’était super bien. Quand on parlait de Bayrou les gens disaient : oui, il est bien, mais il a pas de charisme.
    Aujourd’hui, Bayrou est le gourou d’une secte de fanatiques.
    Bon, les temps changent.

    Tant que je suis en accord avec la politique et les idées, je reste. Je m’en fous en ce qui me concerne, je n’ai rien à gagner, rien à perdre. La politique, ce n’est pas ma vie. Je crois en la vérité, et en la justice, et je crois que ces valeurs là sont de ce côté. Et dans mon monde, ces forces-là gagnent toujours à la fin!

    OK, ok… fallait pas me demander mon avis.

  • Lisette, tu sais ce que je pense de Bayrou, dans les grandes lignes, mais je trouve que tu t’en es vraiment bien sorti, sur ce coup là. Ils ont bien fait de te demander ton avis.

  • Quand tu parles des cadres, Lisette, tu parles de qui ? Bon, j’imagine bien que Marielle de Sarnez ne plaquera pas François Bayrou. Jacqueline Gourault non plus. Il reste qui ? Begag ? Ginisty ?

    Il y a évidemment de l’opportunisme dans l’affaire. La cohérence du discours de Saint-Etienne n’est véritablement pas flagrante et c’est bien ce que je voulais mettre en avant : entre se féliciter d’une alliance avec Royal et rejoindre Tiberi, boudiou, y’a du chemin.

    La question est : dans quelle mesure est-ce toujours la faute aux autres ? Et quel sera le bilan de Bayrou ? Je ne suis pas du tout certain qu’au bout du compte, le centre pourra lui dire merci.

    Au demeurant, les représentants de ce centrisme n’offrent pas un tableau très excitant.Tous ces gens présentés hier comme admirables, visionnaires, intègres pour recevoir désormais le plus total mépris, cela jette une autre lumière sur les raisons de leur ancienne adhésion à Bayrou – guère moins opportuniste au demeurant.

    Quant à l’ambition de Bayrou, ce n’est évidemment pas ce que je lui reproche. J’ai passé le stade où l’on reproche à un homme politique d’avoir de l’ambition. C’est d’ailleurs l’une des premières choses que j’ai appréciées chez Sarkozy : qu’il affirme penser aux présidentielles tous les matins, plutôt que de jouer les mijorées comme les autres avec les formules-types du genre « si je sens qu’il y a une demande des français ». Je ne vais donc pas le reprocher à Bayrou. Mais je le soupçonne de partir en vrille dans sa tour d’ivoire.

  • Comment faire entrer la lumière dans une salle où il n’y aurait que des fenetres condamnées et où, joncheraient sur le sol, quelques cadavres d’un centrisme laic, chrétien et républicain trouvant racine chez quelques révolutionnaires bourgeois du 18ème siècle? Le centrisme est ainsi à la France ce que la peste fut aux croisés…un malheur qui profite forcément aux autres!

  • J’ai mis « cadres » entre guillemets. Parce que St Etienne n’était pas un cadre, en fait. Et avant cet été, Cavada non plus à dire vrai. Au fait, faut pas oublier Corinne Lepage hein. Vous écoutez ses chroniques du lundi matin sur France Culture? Elle est formidable cette femme.

    Tout dépend de ce qu’on entend par « centre », Koz 😉
    Pour moi l’UDF n’est qu’un avatar de cette histoire, une douloureuse période où on était OBLIGES de ne regarder qu’à droite. Pour certains, dont toi je crois, c’est l’essence même du centre. Bourlanges est de cet avis également. En ce moment, je m’interesse beaucoup à Marc Sangnier. Je suis extrêmement frappée de la proximité, non seulement idéologique, mais surtout rhétorique avec Bayrou. Y compris dans le côté fumeux et parfois moralisateur.
    Bref, encore une fois, pour le moment, je ne vois pas de meilleur champion de mes idées.

    Et, encore une fois, pour le moment, il n’y a aucune raison de penser qu’on ne va pas continuer sur la voie de succès qui est la notre 😉

    Il reste des gens bien chez nous, tu sais, même ambitieux. Des gens très intelligents, même. Regarde moi par exemple, ou KaG. 😀

    Profondément, mon idée, c’est celle que défendait Morin en 2002 : les changements de ligne des personnes ça ne fait pas bouger une seule voix. Ce n’est pas parce que Méhaignerie ou Borloo sont partis (et à l’époque, fallait voir ce que ça voulait dire!!!) que ça change quoi que ce soit au paysage politique français.

    Et il n’est pas complètement exclu que ça nous serve. Pendant la campagne, on a enregistré par mal de défections retentissantes aussi, quand même. A côté, tout le reste c’est même du pipi de chat. Notre seule personnalité médiatique, Santini. Notre ancien président de la République, Giscard. Et notre héroïne nationale, Veil.
    (sur des divergences politiques, hein, je veux bien)
    Ca n’a rien empêché. Ce qui a fait qu’on a baissé, c’est une faiblesse tactique, rhétorique (que Bourlanges avait très bien identifiée, quoi qu’un peu tôt), et aussi, surtout je crois, le fait que bien des gens qui avaient toujours voté PS se sont souvenus de 2002.

    Des fois, des gens me disent : ah oui, Bayrou il est courageux. Il poursuit son chemin. Il aurait pu être premier ministre de l’un ou de l’autre, mais il a tenu bon. On ne sait pas quelle interprétation prévaudra au final dans la population…
    Chez ceux qui étaient convaincus par Sarkozy ou par Royal, l’interprétation est simple : il a eu tort, il a pas de c… Chez les autres, on ne sait pas encore. Ceux-là ne se disent pas qu’il est indispensable de participer au pouvoir. Ni qu’il était bon de s’allier avec Royal, la femme qui ne croyait pas en son programme.

  • Bon mais sinon, les cadres – guillemets ou pas – qui restent et qui seraient courtisés, c’est qui ? Je sais que j’ai oublié Djamel Bourhas mais sinon…

    Quant à Corinne Lepage, tenez-la bien. Elle ne semblait pas tout à fait d’accord avec la fusion de Cap21 dans le Modem, la Corinne.

    Quant au centre, non, non Lisette, je parlais bien d’un centre du centre exclusivement. Même s’il y a de quoi se perdre entre les fois où tu invoques la mémoire du MRP et de Lecanuet et celles où tu rejettes toute idée d’un centre proche de la droite.

    Et même ce centre-là, Lisette, j’aurais tendance à penser que Bayrou ne lui fera aucun bien. Au final, les dernières avanies confirment ce que l’on en dit de pire : une grande capacité au girouettisme. Un peu comme Bayrou, qui a figuré sur toutes les photos de famille de la droite, avant d’expliquer que désormais, il avait réfléchi.

  • mmh je crois qu’à Lyon il se passe des choses avec Mercier…
    Et Corinne Lepage, elle a l’air d’être bien accrochée. Quand même. Elle a fait une déclaration « nous avons besoin du MoDem »juste avant la fusion de Cap21. C’est qu’elle a dû y trouver son compte.
    Mais je suis d’acccord avec toi, ce n’est pas évident pour elle. Une brève dans le Monde la donnait candidate dans le 12è face à Cavada. Hu hu hu j’aimerais bien, tiens, je me remettrai à courir sur les marchés. J’aime cette femme.

    Disons les choses autrement : tout départ qui peut être un tout petit peu médiatisé le sera. C’est bon pour celui qui rallie, c’est bon pour celui qui se rallie (le cas type c’est Besson dont personne n’avait jamais entendu parler avant)

    Quand à « ce centre-là » : je répète, ça fait bien soixante ans qu’il ne s’était pas aussi bien porté. Et c’est grâce à Bayrou. Peut-être qu’il est arrivé au bout de ce qu’il pouvait faire pour nous, et que désormais son influence sera néfaste, mais pour le moment, rien ne permet de le penser.

    Et puis moi, tu sais, « droite », « gauche », je sais pas bien ce que ça veut dire. « centre » non plus, par conséquent 😉
    A propos de Lecanuet, tu devrais aller voir ce qu’il disait au second tour. J’ai été étonnée de la violence de ses propos. Ou bien écouter ce discours-là http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&from=fulltext&full=lecanuet&cs_page=1&cs_order=3&num_notice=9&total_notices=72
    Nous sommes dans une histoire longue 😉 d’un mouvement démocrate en France.

  • Bon, Mercier. Ca nous en fait un.
    J’ai pas l’impression qu’il y ait beaucoup de noms qui te viennent facilement à l’esprit. Pour un centre qui ne s’est jamais si bien porté…

  • @Lisette

    « Je vais reprendre ce que disait un autre vieux de la vieille : Bayrou, le problème, c’est que les gens qui viennent chez nous viennent toujours grâce à lui… mais les gens qui en partent, c’est à cause de lui.
    Il concluait : tant que la balance reste positive, ça va. »

    Ca ressemble furieusement à l’attirance par de belles paroles qui se traduisent ensuite par un sentiment de déception une fois que l’on essaye d’approfondir. Je comprends d’autant mieux que c’est ce que c’est passé pour moi. Un flux régulier de gens séduits par un message porteur d’espoir qui se retrouvent déçus ensuite cela se traduit tôt ou tard par un ressentiment qui peut prendre des allures collectives à la longue.

  • @Koz : bon, des noms…
    Au hasard, jamais j’aurais pensé la semaine dernière à parler de C. St Etienne tellement je pensais que personne le connaissait. Bon, il y a les députés européens qui restent, et puis tous les sénateurs qui sont restés, malgré tout, et un paquet de maires aussi, mais je ne sais pas qui tu connais ou pas moi…
    Ah si, tu connais peut-être Alphonse Arzel. Mais il est trop vieux pour être courtisé, c’est sûr. Encore que, il doit toujours pas être très copain avec Lepage.

    Quand je dis qu’on ne s’est jamais si bien portés, c’est qu’on a jamais eu autant de militants, ni fais d’aussi bons résultats à des élections. Quand on compare chaque scrutin les uns après les autres, ça s’améliore toujours.

    @Epo : peut-être 😉
    Mais attention, il y a toujours forcément plus de déçus dans un mouvement où il n’y a rien à gagner.
    Quand aux « belles paroles ». Ah la la. En 2002, on était sur du ni gauche ni droite. C’étaient de belles paroles à mes oreilles. Paf, législatives, 23 députés, mais tous élus grâce à la droite.
    JE me suis dit que plus jamais je le croirai. Et puis, petit à petit, d’émission en émission, j’ai entendu sa petite musique au sein de son parti.
    Là, il le fait.
    Et ce faisant, il attire encore un tas de monde. Que voulez-vous que je vous dise? Je lui réitère ma confiance!

    Eponymus, je ne sais pas quel était ton engagement quand tu as été séduit par les belles paroles, ni ce qui t’a déçu. Je suppose que les belles paroles en question, c’est toujours le fond de ta pensée. Tu n’as pas confiance en Bayrou pour leur donner une réalité et les faire advenir dans notre vie politique. C’est là où nous différons.

  • J’ai voté bayrou en 2002, au premier tour.
    Depuis j’ai tellement été déçue par lui, sa façon de voir les choses, son ni oui ni non penchant malgré tout fortement à gauche, son égotisme nié , qu’effectivement j’en ressens un profond ressentiment.
    Ce qui m’amuse d’ailleurs c’est que j’avais été tentée de voter Corine Lepage.
    je ne regrette pas mon vote de 2007.
    Je suis ravie que Bayrou ne se soit pas retrouvé au second tour face à Royal.
    Je crois que je votais Royal, c’est dire !

    Lorsqu’on est trop déçu par quelqu’un, enfin je crois, il me semble difficile de retrouver la confiance.
    Je ne pense pas que je puisse la retrouver pour Bayrou.
    Et comme en plus je ne me retrouve plus du tout dans ses idées, tellement différentes de celles qui m’avaient plues en 2002, pas de problème !
    A un mèl que je lui avais envoyé à l’époque pour lui dire combien j’étais déçue de son changement dans les idées, il m’avait répondu ( par l’intermédiaire de son secrétaire je suppose ) qu’il s’adaptait aux désirs des électeurs.
    Si ce n’est pas de l’opportunisme, ça, c’est quoi ?

  • Qu’il y ait des opportunistes parmi les gens qui ont quitté Bayrou, ce’est probable: après tout, il y en a partout donc forcément là aussi

    Mais quand c’est des 3/4 d’un groupe qu’il s’agit, qui plus est de gens qui avaient pris le risque de ne pas aller à l’UMP en 2002, on doit s’interroger!

    F Sauvadet, alors que sa liste avait fait plus de 10% aux régionales de 2004 et qu’il pouvait se maintenir, a préféré se retirer que de fusionner avec Soisson, l’homme de l’alliance avec le FN; Ce type là, qui a renoncé à un mandat régional pour sauver ses valeurs serait un simple opportuniste?

    Et tous ces militants que je croise tous les jours, qui reprochent à Bayrou d’avoir tué l’UDF, ce sont des opportnistes? Mais ils n’ont rien à gagner pour eux!

    Enfin, je ne comprends pas bien l’affirmation selon laquelle Bayrou fait grandi le centre au delà de tout ce qu’il a fait depuis 60 ans. Il me semble que le centre a eu un président de la république du nom de Giscard

    Et que Bayrou a pris la direction d’un parti qui avait 215 députés, (sans compter les maires les sénateurs et les nombreux présidents de conseils généraux) il n’en a plus que 3, je ne vois pas bien où est le progrès!

  • Tara, pour moi les mots droite et gauche n’ont pas vraiment de sens. C’est quoi, une position clairement de droite? Et une position clairement de gauche? Sur quel thème tu fais une ligne de fracture nette? Cites m’en un seul!
    Et manifestement nous n’avions pas les mêmes attentes par rapport à Bayrou, puisque c’est précisément depuis 2002 et son positionnement de plus en plus indépendant que j’ai apprécié. Peut-être qu’à ce moment-là tu appréciais qu’un type de droite ne soit pas Chirac. Il n’est pas Chirac, mais il n’est pas non plus de droite 🙂
    Je suppose que tu reproches à Bayrou d’être passé à gauche. Oh la la…
    A Bordeaux on soutient Juppé. A Mulhouse on soutient le PS. Pour Hollande on est à droite. Pour toi on est à gauche. Cavada se dit de centre-gauche et rejoint une équipe de vieux chiraquiens avec Panafieu. Kouchner, il trouve que si Delanoë gagne, c’est très bien. Mais d’ailleurs, si Panafieu gagne aussi. A l’économie, Sarkozy se fait conseiller par de vieux mitterandiens.
    Sarkozy ne fait pas que des bêtises, heureusement. Et ce qu’il fait de mieux, c’est de montrer de façon éclatante l’absurdité d’un clivage droite/gauche hérité de la guerre froide.

    Gérard, je n’ai jamais dit que tout le monde était opportuniste, même si je pense que les gens ont moins de problème de conscience quand on peut leur donner des postes 😉

    Encore une fois, bien des gens pensent que les notions de droite, de gauche, ont encore un sens, ou bien qu’elles n’ont plus de sens mais qu’elles sont incontournables, et que par conséquent il est suicidaire et inutile de vouloir proposer autre chose.
    Je pense que c’est peut-être suicidaire, mais en aucun cas inutile 🙂
    Gérard, je te reconnais, tu viens du Nouveau Centre, tu crois en l’UDF. J’en ai fait partie, ma famille en a fait partie depuis sa création. Je suis née en 78, et ma mère était jeune giscardienne, à l’époque Giscard était venu à Brest, c’était trop la fête. Je connais ce parti. Personne ne l’aimait à l’époque où il était vivant. C’était une fédération de petits partis qui se détestaient, et se battaient entre eux pour surtout garder leurs sous et se partager les postes. Giscard avait soulevé l’espoir d’une troisième voie, qui est morte lorsque les socialistes ont réaffirmé leur alliance avec les communistes. Et ça a été une grande déception. A l’époque, on était encore en guerre froide, les mots de droite et gauche avaient un sens : soit on bossait avec les communistes, et on était à gauche, avec un programme de nationalisations, soit on était à droite, et on refusait de bosser avec les communistes. Alors les libéraux, les centristes, les radicaux, ces gens se sont dit : construisons une maison commune. Sauf que ça n’a jamais été une maison commune pour de vrai.
    L’UDF depuis Giscard n’a fait que péricliter. Nous n’avions d’élus que par des accords avec un RPR qui petit à petit a pris l’ascendant sur l’UDF. A tel point qu’en 95 c’est un candidat issu du RPR qu’il a fallu défendre, ouais génial… tout ça parce que Giscard s’était discrédité, que Delors ne se présentait pas, et que Balladur avait soutenu Maastricht et se réclamait du centrisme…. Et après en 2002 on a fait 6,8%, re-ouais… « centre », ça ne voulait plus rien dire. Ca voulait dire droite, et c’est tout. A chaque fois qu’un type du « centre »était élu, c’est parce que le RPR n’avait mis personne en face. Le RPR nous faisait la charité, c’est tout.

    Les élus, ça m’est égal.
    Soit on a qqch à défendre, soit on a rien à défendre. Si on pense la même chose que Sarkozy, juste avec des nuances, hé ben on va chez Sarkozy, point, ça sert à rien de faire semblant d’avoir un autre parti. Si on arrive à déterminer ce qu’est le PS, et qu’on pense pareil, ben on y va et puis c’est tout.
    Si on pense autre chose, on fait pas de magouilles. On arrête ça. on propose, en toute indépendance, on met les cartes sur tables, et on demande aux gens de juger.
    Laissons leur chance aux idées!

  • Effectivement, laissons leurs chances aux idées
    Le problème, c’est que Bayrou n’en a guère, à part celle d’être élu président de la République.

    il se drape dans sa qualité de démocrate mais il n’en a jamais donné la preuve dans son comportement
    Où est le démocrate dans la manière dont il gére son parti?

    Il nous a fait un grand disours sur le fait qu’un député devait l’être à plein temps (ce que j’approuve) mais sans préciser que lui avait le temps en plus, non seulement d’être patron de parti, mais aussi d’être conseiller général. Et le voilà qui se présente à la mairie de Pau!

    Et il faudrait s’étonner que ceux qui le voient de plus près le quitte?

    PS: je n’ai jamais été à l’UDF

  • A Koz,
    Rassurez vous, il y a un parti qui s’appelle Le Nouveau Centre, donc le centre a de l’avenir, et en plus, beaucoup de ceux qui ont quitté Bayrou l’ont rejoint.
    Ces gens ont en effet une valeur commune que l’infâme Bayrou (le nul, perdant, voué à l’échec), cette valeur c’est la dévotion à Sarkozy, le grand maître : cet homme si séduisant, constant, si sur de ses valeurs.
    Il est parfaitement logique que les gens fidèles aux valeurs chrétiennes de l’ancienne UDF se retrouvent derrière Sarkozy qui les incarnent si bien.
    Bayrou est méchant car il accueille des anciens socialistes, Bayrou est également méchant car son opposition au grand gourou de la traitrise empêche ses lieutenants de se faire une place au soleil bien méritée.
    Qu’il est vilain ce Bayrou ….

  • Gérard, Bayrou, encore une fois, n’est pas mon ami, c’est mon chef. Je le choisis lui parce que c’est celui qui donne la meilleure chance à mes idées. C’est mon analyse, et tant qu’elle ne change pas, je reste.
    Je me fiche éperdument des raisons profondes qui font qu’il fait ses choix. Je ne regarde que le résultat, et c’était l’objet de mon précédent commentaire.
    Pour moi, il est essentiel à l’avenir de notre pays qu’émerge pour de vrai l’offre politique que nous portons depuis longtemps.
    La séparation des pouvoirs, la reconnaissance des pouvoirs médiatique et de celui de la société civile, l’importance accordée au lien social, famille, solidarité, lien intergénérationnel, service civique, et aussi le souci des générations futures, tant pour la dette que dans la gestion de la planète.
    Une certaine conception du citoyen responsable aussi, à qui l’on accorde toutes les chances de se former, et à qui l’on ne fait pas de promesses intenables, ni ne profère de mensonges.

    Je pourrais détester Bayrou sur un plan personnel, et estimer tout de même qu’il est le seul à défendre cette vision de la vie politique. Tout ceux qui partent renoncent immédiatement à cet objectif qui est le seul qui m’importe en tant que citoyenne. Il font très probablement des choses bien, mais ils abandonnent ce qui est pour moi l’essentiel. Notre pays, et probablement le monde entier, souffrent d’un certains nombre de problèmes dont la cause principale pour moi est une rupture du lien social, de ce qui fait que les gens forment société. Les banlieues, les terrorismes et la montée des extrêmismes, la famille en crise, les enfants livrés à eux-mêmes, les bandes, l’égoÏsme écologique et économique, les corporatismes, le doute répandu partout, des banques aux syndicats en passant par les médias et les politiques. Tout ça relève d’une crise du lien social.
    C’est mon analyse de la situation, je comprends très bien que d’autres pensent différement, analysent la situation en termes d’abord économiques. Mais je pense que c’est faux. Par conséquent, je veux, j’estime absolument nécessaire que soit proposée une autre analyse et un autre programme. Qu’on quitte ce clivage droite/gauche insensé à partir du moment ou tout le monde est d’accord pour le capitalisme, maîtrisé par des règles.
    Si Bayrou confond cet objectif et son ambition personnelle, à la limite, tant mieux, si cela le rend plus droit dans ses bottes.

    Attention, je ne cherche à convaincre personne. Si vous ne supportez pas Bayrou au point de ne même pas pouvoir chercher le sens de l’offre politique au-delà des gesticulations médiatiques et de ses choix rhétoriques (parfois discutables), ou bien si vous avez été absolument convaincus par une autre analyse de la situation, fort bien.
    Je ne fais que vous expliquer pourquoi moi je reste.

    PS : s’il n’était qu’ambitieux (et je ne nie pas qu’il le soit aussi), il serait particulièrement con. Aussi. Parce que pour le moment, il me semble qu’il n’est ministre de rien, c’est même pas sûr qu’il soit maire de Pau, cette capitale. Et depuis le début de sa carrière politique, il ne fait que choisir des tous petits partis qui font rigoler tout le monde (le centre démocrate alors que Lecanuet n’était plus personne, faudrait vraiment pas en avoir beaucoup dans la caboche). Au lieu de s’inscrire à l’UMP ou au PS comme tous les ambitieux qui se respectent _ je veux dire, les gens qui veulent agir concrètement pour leur pays 🙂
    Encore que. Personne ne quitte jamais Bayrou pour le PS, c’est quand même strange.

  • Je te suis Lisette sur le fait que finalement, sans trop d’illusion, on finit par choisir celui qui représente le mieux nos idées. Et je me doute bien que tu n’es pas dupe des annonces poujadistes sur le système médiatico financier et sur la chasse aux maroquins pour seule explication de la désaffection de certains membres, certes non cadres, mais pour le moins éminent.

    Par contre, je crois aussi qu’un ménage s’impose (comme partout je te l’accorde bien volontiers) parce que des fois ça part en sucette :

    http://www.lefigaro.fr/politique/2007/12/21/01002-20071221ARTFIG00410-un-candidat-modem-dechu-a-cause-d-une-video.php

  • J’aime beaucoup les explications du gars : si j’ai taggé des croix gammés, c’est pour protester contre un affichage sauvage. Et de partir dans un discours moralisateur… Quand on se fait choper à tagger les affiches d’une concurrente, c’est tout de même d’un sacré culot.

  • Tu me diras, c’est pas tellement le tag qui m’ennuie, même si ça parait « légèrement » anti démocratique. C’est surtout la croix gammée. On passe sur un registre raciste, discriminatoire. Bref, on est dans l’attaque purement ad nominem que le combat politique ne peut en aucun cas justifier… et pourquoi pas autre chose, un truc anti sémite, ou anti arabe, ça aurait eu de la gueule, non ?

  • C’est quand même super drôle, merci de m’apprendre ça! Bon, comme le disait un autre vieux de la vieille : « la politique, ça draîne un tas de gens bizarres, il faut le savoir et faire avec ».
    London, attention. Je ne suis pas dupe des aspects poujadistes (si tu veux, tribunicien en tout cas) du discours sur le système médiatico-financier. La manière de dire de Bayrou me choque souvent, et ne me paraît pas toujours très très juste. En revanche, elle est efficace.
    Et surtout, surtout, je suis d’accord sur le fond. Absolument d’accord. Le mélange d’intérêts (tu vois, je ne dis pas collusion) est un problème. Le fait qu’on se sente pris en permanence uniquement pour des vaches à lait de consommateur et pas pour un être intelligent, oui c’est un problème.
    Le fait qu’il faille faire des choix de citoyens à partir de problèmes dont on n’a qu’un aperçu tronqué et sans qu’on puisse jamais savoir si la source d’information n’est pas pourrie, oui, c’est un problème.
    Et le fait que ce problème ne soit pas traité est carrément dangereux.

  • il devrait rebaptiser son mouvement (mouvement c’est peut etre un peu prétentieux ) le MOIJE avec comme programme ,élisez moi je ne ferai rien comme quand j’etais ministre de l’éducation nationale et que je mangeais dans la main de Chevenement qui avait précédemment tué le bac .EN attendant cette élection inéluctable je promets de donner des leçons à tous, sur tous les sujets, car MOIJE n’ait aucun complexe et suis certain d’avoir été désigné par Dieu pour diriger la France ….un jour,quand le travail aura été fait

  • Bravo à Lisette pour sa constance à expliquer le bayrouisme comme elle le vit, et à Koz pour sa constance à s’intéresser à François Bayrou et à un parti qui, pour les médias 1.0, n’existe plus (1,6% du temps de parole dans les dernières stats CSA à ma connaissance).

    Trois micro-compléments :

    * en France, une très grande partie des politiques sont des gens qui vivent de la politique, et plus précisément de l’aller-retour politique / administration. Ils sont dépendants, sinon pour manger, du moins pour faire carrière, de l’un ou l’autre des grands clans installés. Un mouvement politique selon lequel ce système étatique et ses institutions (l’ENA, les corps) sont la cause principale du mal français, de notre retard sur nos voisins ou concurrents, a du mal à retenir des « cadres » = des politiques à plein temps.

    * Sur l’assertion de koz : « François Bayrou ne semble vouloir voir émerger de nouvelles têtes que si elles lui sont toutes entières dévouées. » Je ne sais pas si ça semble, mais c’est tout à fait faux. François Bayrou a l’inverse même de ce comportement, disons, clanique mitterando-sarkozyen. Il se réjouit de la contradiction, de l’autonomie, de la capacité des gens à développer leurs propres projets et leurs propres propositions, et déteste tant le conformisme que la répétition et le culte de la personnalité (je crois que toute personne ayant assisté à un rassemblement UDF ou MoDem peut en citer une demi-douzaine d’exemples). Il a refusé, jeune, la proposition de Jean Lecanuet de lui « offrir » une circonscription, et je doute qu’il ait aidé grand monde à s’en trouver une « cool » au cours de sa propre carrière. Et justement, ça, l’autonomie des gens, le fait qu’il ne sont ni encadrés, ni fliqués, ni aidés, ça facilite les départs.

    * Enfin, dans le Bayrou-bashing qui est à la mode, il y a un autre argument (celui de gerard ci-dessus) qui est particulièrement contre-factuel : Bayrou n’aurait pas d’idées, ou en changerait comme une girouette. J’invite à lire soit les bouquins de François Bayrou depuis le premier 1990, soit ses discours depuis …, soit ses éditoriaux dans L’Eclair Pyrénées dans les années 70-80… et merci à gerard ou autre, de publier haut et fort la première contradiction qu’il y trouvera. Ou, autre test, de citer 1 homme politique français vivant qui aurait autant écrit ou publié (de sa main, faut-il le préciser) sur ses idées politiques. Évidemment, on n’est pas obligé de lire du Bayrou (il y a d’autres auteurs intéressants 😉 ), mais on n’est pas non plus obligé de raconter n’importe quoi.

  • Il faut arrêter de pleurer sur le temps de parole. Le Modem compte 3 députés. That’s life.

    Quant aux idées, je n’ai jamais affirmé qu’il en serait dépourvu – quoique le dernier livre que j’ai lu de sa part ne plaide pas en sa faveur. C’est un brillant théoricien. A l’aise dans les idées. Pour le reste…

    En ce qui concerne les cadres, Bourlanges, Cavada, Saint-Etienne ne me paraissent pas spécialement les archétypes des fonctionnaires tributaires du passage entre administration et politique pour vivre.

    Il faut aussi savoir affronter ses propres responsabilités. ce n’est pas toujours la faute (i) aux traîtres, (ii) aux media, (iii) aux institutions.

  • J’essaye d’affronter mes propres responsabilités, mais je ne suis pas sur de publier un bouquin de souvenirs 😉 faut d’abord que je retrouve à gagner ma vie.

    Mais avant ce « d’abord » j’ai essayé d’ouvrir un espace d’information et de débats qui s’appelle France démocrate et où je ne crois pas qu’on lise le mot « traître » (pas plus que sous ma plume avant … ce commentaire).

    Bien sûr qu’il y a des choses qui vont mal au MoDem, et que les départs s’expliquent en partie par là. Mais ça ne justifie pas de projeter sur le MoDem n’importe quelle ânerie infondée.

    Quant au « that’s life », il est particulièrement hypocrite. L’Assemblée n’est pas la seule représentation nationale, et si cette représentation à l’Assemblée est aussi gravement déformée par rapport au vote des Français, aucune loi n’oblige les médias à imiter cette déformation.

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