Etat d’urgence

Vendredi 13 a vu une conjonction d’événements qui, à défaut de sonner encore le glas de la candidature Sarkozy, a sonné l’hallali contre lui, et la mobilisation générale, pour son camp.

Les derniers sondages le placent à 41% ou à 43% au second tour contre François Hollande. Voilà un écart qui peut laisser penser, sans faire de catastrophisme, que c’est plié. C’est en tout cas l’état d’urgence pour Nicolas Sarkozy, même si le premier sondage doit être relativisé en raison de sa date de réalisation (les 13 et 14 janvier, soit au moment où l’annonce de Standard & Poor’s produisait son plus grand effet).

Nicolas Sarkozy a pris un tir à bout portant. Mais pas encore mortel.

Il y a quelques mois, un sondeur expliquait que Nicolas Sarkozy pouvait désormais réorienter sa stratégie électorale, du fait de l’éviction de Dominique Strauss-Kahn. En effet, si celui-ci avait été candidat, Nicolas Sarkozy se retrouvait en compétition sur le terrain de la crédibilité économique. Il était donc plus habile de sa part de porter le débat sur des thèmes liés à l’identité nationale. La chute du candidat préféré des socialistes l’a conduit à abandonner cet axe, et a centré son discours sur son action internationale et sa réactivité face à la crise.

La décision de Standard and Poor’s, qui présente pour nombre d’électeurs toutes les apparences de l’objectivité, l’atteint en plein vol. Elle est, bien évidemment, exploitée à outrance par ses adversaires, même s’il ne s’agit que de la décision d’une seule agence sur trois, même si elle ne semble pas vraiment susciter la panique, et s’il est assez surprenant de voir toute une partie de la gauche marquer une déférence soudaine pour les agences de notation financières.

Alors, la campagne va se jouer sur l’économie ?

Beaucoup s’accordent à le dire, et nombreux se réjouissent à l’idée que les candidats soient contraints de préciser leurs mesures et de faire preuve de réalisme. Possible mais présomptueux.

Nicolas Sarkozy ayant perdu, en tout ou partie, son « avantage crédibilité », il pourrait  réorienter sa campagne sur des sujets de société abordés à la hussarde, et sur un retour de thèmes identitaires.

En outre, une bataille de chiffres et de projets fiscaux a de fortes chances de laisser les Français hagards. Tenez, qu’on me présente un Français capable d’étayer sa position sur la proposition-phare de la fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG ! François Hollande lui-même y a perdu son latin. Les débats économiques risquent fort de dépasser totalement les électeurs qui s’en rapporteront comme de coutume à des impressions d’ensemble.

Il n’est donc véritablement pas acquis que la campagne se joue sur l’économie. Il est bien possible qu’elle se joue encore sur les « valeurs », ce qui ne rend pas le jeu plus lisible. A cet égard, et c’est le deuxième évènement de ce vendredi 13, on aimerait identifier l’origine du tir de Libération. Libération seule ? Un certain entourage du président ? Ou s’agit-il encore d’un ballon d’essai ? Vraie manipulation de Libé, ravie d’attiser les divisions de la droite, ou expérience d’un apprenti-sorcier à l’Elysée hypnotisé par des sondages potentiellement surévalués ? En tout état de cause, l’annonce fracassante de ce qui n’est que la réitération de la position de Nicolas Sarkozy sur le « mariage gay » laisse clairement deviner quelles voix il pourrait y perdre mais laisse profondément sceptique sur celles qu’il pourrait y gagner.

 

Réflexion initiée sur Radio Notre-Dame (à 1’07) | Credit photo : Ales Adam

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40 commentaires

  • Pas sur que le downgrade desserve Sarko au profit de Hollande.

    C’est comme pour l’insécurité. Une dégradation de la situation a surtout pour effet d’augmenter l’importance de ce critère pour les électeurs. Après se pose la question de la crédibilité de chaque candidat. Sarko a beau avoir échoué à combattre les caillera, il demeure (à tort ou à raison) plus crédible sur le sujet que le PS dont la position semble se résumer à (ou peut se caricaturer facilement en) plus de moyens pour aider les caillera. Le vrai bénéficiaire d’un focus sur l’insécurité est le FN, qui prône la manière dure.

    En matière de finances publiques, on retrouve un schéma similaire. Oui Sarko a perdu le AAA, mais cela focalise surtout le débat sur l’importance d’un assainissement des finances publiques. Qui sera plus crédible là-dessus? La réponse n’est pas évidente, mais les pays qui ont gardé leur AAA (Allemagne, Pays-Bas…) ont opté pour la rigueur : modération salariale, TVA sociale (tiens tiens), baisse des dépenses publiques… Pas sûr que l’argument soit si facile que ça à manier pour Hollande.

    A mon avis, le vrai bénéficiaire du focus sur les finances publiques, c’est Bayrou, qui dispose d’une certaine antériorité sur la question de l’endettement public et qui est celui des candidats qui axe le moins son programme sur une augmentation des dépenses.

  • Clin d’oeil amusant, le titre de ce billet, Etat d’urgence, quasi identique à celui du récent livre du candidat qui monte « 2012, Etat d’urgence ».
    La campagne se jouera t-elle sur l’économie ou sur les valeurs ? Au risque de décevoir l’auteur, je pense que c’est bien l’économie, au sens large, qui sera l’élément déterminant d’une majorité d’électeurs. L’économie, c’est à dire l’emploi, le pouvoir d’achat, les services publics. Pas la finance, trop obscure, mais l’économie dans son sens disciplinaire. Clinton avait affiché dans son bureau « the economy, idiot ! » pour se rappeler du facteur déterminant de sa réélection. Dans la crise profonde actuelle, même si vous avez raison de suggérer que notre société traverse aussi une crise de valeurs, ce sont les facteurs économiques qui inquiètent en premier lieu. Et sur ce sujet, le président sortant doit faire face à un échec considérable.
    Je doute fort que Nicolas Sarkozy puisse rééditer une campagne de détournement ou d’écran de fumée en faisant diversion vers des sujets sociétaux clivants, car il traine son bilan économique comme un boulet. Et d’ailleurs, comment changer une nouvelle fois de direction alors qu’il vient de proposer taxe Tobin, TVA sociale, sommet social, en réponse à cette crise économique ? Même le front national a embraiyé sur ce sujet, faisant de l’économie son thème principal par le biais de mesures de protectionisme économique, taxations diverses, et même plan stratégique ressemblant furieusement au programme commun des années 70 de la gauche (nationalisation partielle des banques, dirigisme économique etc.).

    Les valeurs seront-elles tout à fatit absentes de la campagne ? probablement pas, mais plus en tant que valeurs personnelles des candidats, en tant que personnalité, justement capable de répondre aux défis économiques du moment. Hollande bénéficie du rejet massif du président sortant, Bayrou de sa crédibilité et de sa constance sur l’équilibre budgétaire, Le Pen et Mélanchon de leur volonté de sortir du système. Cette campagne est complexe, ses enjeux très importants, mais la volonté de reconstruction du pays sera sans doute l’un des éléments clé de succès.

  • De mon côté, j’aurais plutôt tendance à axer mon choix sur le candidat qui prend le plus de hauteur, c’est à dire celui dont je percevrai le plus clairement l’idéologie globale (et dont l’idéologie ne me déplaiera pas), les grandes principes qui orienteront le quinquennat et se déclineront en mesures concrètes, face à la contingence des événements.

    Le débat actuel UMP / PS se fait en grande partie sur des mesurettes, sans cadre global. A ce jour, seuls trois candidats ont dévoilé un cadre idéologique global (Mélenchon, Le Pen et Bayrou). Je n’ai aucune affinité pour les deux premiers cadres idéologiques, et assez peu de sympathie pour le porteur du troisième (même si son discours du 14/01 laisse penser qu’il pourrait être sorti du nombrilisme qui le caractérisait en 2007).

    Au-delà des mesurettes, se posent des grandes questions : Quelle vision :
    – du rôle de l’état (facilitateur, actionneur, contrôleur, régulateur ?) notamment par rapport aux autres institutions / acteurs (syndicats, entreprises, associations, courants)
    – de la famille ?
    – de l’éducation ?
    – de la justice sociale ?
    – de la place de la France dans le monde ?
    – etc.

    En effet, tout programme électoral basé sur des mesurettes est obsolète à peine imprimé, tant la réalité est imaginative. Il suffit de voir que le candidat Hollande n’a pas le même programme que le PS ! Cela autant pour des divergences de fond (mais Hollande devrait composer avec son parti à l’assemblée) qu’à cause de l’évolution du contexte économique.

    Un cadre idéologique clair devrait permettre aux citoyens d’imaginer ce que sera la réaction du candidat élu face à tel ou tel événement.

  • @ Lib : c’est pas faux. D’ailleurs, dans mon itw sur Radio Notre-Dame, je disais que la perte du Triple A avait des chances de profiter aux candidats « hors système » ou qui se présentent comme tels, ceux qui n’ont aucune action à leur passif, et peuvent se contenter d’un yakafokon.

    Lib a écrit ::

    A mon avis, le vrai bénéficiaire du focus sur les finances publiques, c’est Bayrou, qui dispose d’une certaine antériorité sur la question de l’endettement public et qui est celui des candidats qui axe le moins son programme sur une augmentation des dépenses.

    Possible, en effet. Ce que j’aimerais, c’est que Bayrou parvienne à dissiper chez moi l’impression que l’absence de dépenses et la sobriété n’ont pas pour objet de camoufler l’absence de propositions concrètes. C’est déjà ce que je lui reprochais en 2007. Aujourd’hui, je lui fais crédit en effet d’avoir été celui qui a le plus tiré le signal d’alarme. Mais je ne suis pas bien convaincu par ses capacités à présider.

    Voltaire a écrit ::

    L’économie, c’est à dire l’emploi, le pouvoir d’achat, les services publics.

    Probablement. Mais vous pensez vraiment que les Français sont capables de distinguer les politiques qui y bénéficieront ? Je crains que peu de politiques et d’économistes en soient capables, alors, le simple électeur… Que pense-t-il de la fusion de l’IR et de la CSG ? Sinon, qu’il faut qu’il vérifie ce que c’est que la CSG, déjà… Bref, ce que je veux dire, c’est que ce n’est pas sur la validité des propositions économiques que le jeu va se faire. Sachant que chaque candidat se prévaudra d’une politique favorable au pouvoir d’achat, à l’emploi et, pourquoi pas, aux services publics.

    @ Incarnare : je ne suis surpris de voir que nous avons la même approche. Et que nous sommes aussi peu décidé l’un que l’autre.

  • Lib a écrit ::

    A mon avis, le vrai bénéficiaire du focus sur les finances publiques, c’est Bayrou, qui dispose d’une certaine antériorité sur la question de l’endettement public et qui est celui des candidats qui axe le moins son programme sur une augmentation des dépenses.

    D’accord avec toi. Je me souviens d’avoir choisi Bayrou en 2007 en partie parce qu’il était le seul à mettre en avant la maîtrise des déficits sans simultanément promettre la baisse des impôts et l’augmentation des dépenses. Hollande aura du mal à le concurrencer sur ce terrain, pas tellement parce que son programme est dépensier (il l’est), mais surtout parce qu’une posture clairement rigoureuse lui ferait perdre trop de voix sur sa gauche.

    Koz a écrit ::

    Aujourd’hui, je lui fais crédit en effet d’avoir été celui qui a le plus tiré le signal d’alarme. Mais je ne suis pas bien convaincu par ses capacités à présider.

    +1. Ses limitations restent les mêmes qu’il y a cinq ans, et il n’a pas convaincu, entre-temps, de sa capacité à les surmonter. Au contraire.

    Pour revenir sur un autre sujet du billet : l’élection se jouera-t-elle sur l’économie ? Je crois que oui, car c’est vraiment le souci numéro un, et de loin. Je ne vois pas qui que ce soit réussir à créer un écran de fumée suffisant avec des « valeurs », autrement dit des notions identitaires (voir le résultat obtenu par Mme Joly, cf. billet précédent). Les questions de sécurité publique pourraient jouer le rôle d’écran, mais comme le bilan sarkozien n’est pas fabuleux sur ce plan non plus, cela ne suffira pas.

    Pour autant, les Français vont-ils se changer du jour au lendemain en experts du chiffrage des programmes électoraux, sûrement pas. Mais les programmes serviront de banc de test pour juger du cadre idéologique général de chaque candidat, comme le demande à juste titre Incarnare, et de sa crédibilité. Par exemple, dans le cas de Marine Le Pen, son chiffrage détaillé permet déjà de se faire une idée assez claire sur ces deux points.

  • je serais un chargé de com’ avec mission de vendre un programme économique aux électeurs, pour le compte d’un candidat, n’importe lequel ça n’a pas d’importance, ben je serais bien embêté.

    Ce qui m’embêterais, c’est pas le fait de vendre du vent (Sarko) ou du rêve (Hollande). Ca, c’est pas grave vu que j’ai un bon staff qui sait bosser sur l’apparence du paquet cadeau. Nan, le marketing est vraiment au point et je sais que je pourrais vendre une paire de savates à un cul de jatte s’il le fallait.

    Ce qui m’embêterais vraiment, c’est qu’on a pas de visibilité sur l’économie. Rien que l’année 2012, on est même pas certain qu’on la termine avec l’euro et il est parfaitement possible qu’on soit obligé de mettre sur pieds un plan de sortie en urgence, plan de sortie dont personne ne peut raisonnablement prétendre qu’il sait ce que ça va donner, si on est vraiment obligé d’y aller.

    Plus ennuyeux encore: la perte du triple A oblige à rectifier les plans de rigueurs actuellement disponibles sur la scène du petit théâtre. Jusqu’à présent on parlait d’augmenter les impôts, sans toucher aux dépenses. Avec la perte du triple A, l’économiste à lunettes, au fond du bureau, nous dit qu’on va devoir réduire les dépenses en plus d’augmenter les impôts.

    Ca a l’air de rien dit comme ça, mais ce truc est fondamental: en France, le secteur public, c’est la moitié de l’économie. Baisser les dépenses publiques, c’est baisser le chiffre d’affaires de la moitié de l’économie française. C’est pas porteur de croissance, quoi. Et ça change complètement le paysage.

    Alors, comment voulez vous faire du marketing quand le produit que vous êtes chargé de vendre doit être commercialisé sur un marché qui change tout le temps et qui, demain, peut être complètement différent de ce qu’on envisage aujourd’hui?

    Allez, imaginons que Hollande me demande de vendre son rêve. Je lui dit: keskon fait avec l’euro? On reste dedans, on sort, on fait quoi? Et lui il me dit: ben chaipas. Faut donc que je vende du rêve « chaipas ». Vendre du rêve, c’est pas vendre du mystère, non plus! C’est pas vendre le chat de Schrödinger, un coup il est mort, un coup il est vivant. Quand on achète du parfum, on sait ce qu’il y a dans le flacon: du parfum. On en rêve, mais c’est du parfum.

    Donc là, je bloque.

    On pourrait se dire qu’avec Sarko je m’en tirerais mieux puisque, justement, la base de sa politique à lui ç’a toujours été le chat de Schrödinger: un coup sa politique existe, mais le lendemain elle a déjà changé et n’existe plus comme avant sans pour autant exister aujourd’hui et encore moins demain (la politique de Sarko est toujours subordonnée à un avenir qui s’attend pour se réaliser). Elle existe de façon changeante, quoi. Là, la difficulté c’est de vendre quelque chose qui, en économie, ressemble au Bazar de l’Hôtel de Ville. Or en marketing il faut cibler. Faut pas se disperser.

    Donc là encore, je bloque.

    Bayrou, lui, c’est encore autre chose. C’est Pinay sans Poincaré. Napoléon avec Blücher. Le génie livré avec tous ses accessoires, surtout ceux font perdre. Le gros problème que pose Bayrou c’est qu’avant même de vendre un éventuel programme économique, faut d’abord vendre le bonhomme. Or, comme Joly, il est invendable. Tous ceux qui en ont acheté sont restés avec leurs exemplaires sur les bras.

    Et on a tout essayé: on l’a mis sur un tracteur, on lui a fait faire du jogging, on l’a même initié aux nouvelles technologies. Rien à faire. Une énigme ce mec.

    Enfin voilà quoi, question programme économique, je suis bien embêté.

  • Ben moi, il y a quelques semaines, j’étais encore optimiste sur la capacité de NS à l’emporter. Aujourd’hui, plus que vous, je penserais que « c’est plié ». Économie ou pas.

    La vision est simpliste, mais la dégradation c’est le pompon qui couronne trop d’éléments défavorables. Le FN n’a pas encore ses fameux parrainages mais sa transformation en regard du parti patriarcal et moribond de 2007 est sidérante. Bayrou, auquel il faut reconnaître un bon timing, est en train d’attirer tous les centre-droit dont Sarko aurait bien besoin. Qui pourrait même jurer aujourd’hui que Sarkozy sera au second tour ?

    Et surtout Sarko cristallise trop de rancoeur, d’animosité voire de haine à l’égard de son personnage. Sa personnalité est une donnée essentielle dans la course, et de mon point de vue il part à cet égard avec un énorme désavantage. Dans une présidentielle où le duel avec le candidat socialiste sera – au mieux – très serré, est-ce que ce n’est pas se tirer une balle dans le pied sur la ligne de départ ? Je me demande sérieusement si l’UMP ne devrait pas (s’ils ne le font pas déjà) préparer un plan B en catastrophe. Un duel Fillon-Hollande serait certainement plus équilibré (je crois me souvenir de sondages récents allant dans ce sens). Mais Fillon est apparemment déjà positionné pour les législatives… alors qui ? Juppé ?

    Je me demande pour qui je vais voter, tiens (si on m’avait dit ça il y a un an…).

  • Dans l’entreprise on ne juge pas un responsable sur ses résultats mais sur la manière dont il les utilise pour défendre sa vision de l’avenir.
    Pour le moment Sarkozy n’ a pas entrepris cette démarche seule capable de dépasser l’image désastreuse qu’il s’est créée.
    Il y avait fort bien réussi en 2007, il ne lui reste que peu de temps pour construire cette présentation qui porte et explicite d’avance son mode d’action.
    Le problème est qu’il a amplement démontré en quelques années qu’il retournait sa veste avec l’aisance d’un politicien !

  • Je crois qu’au-delà des sujets économiques et sociaux (la réduction du déficit et de la dette, la réindustrialisation, la croissance, l’emploi, le pouvoir d’achat, les services publics) qui, à mon avis, prédomineront sur les thèmes identitaires et de société (même si Sarkozy misera à l’évidence sur ces sujets pour obtenir le meilleur report de voix possible en provenance du FN), c’est surtout à la question suivante que s’apprêtent à répondre la plupart des électeurs : veut-on garder Sarkozy ou pas ? C’est la conséquence logique de la personnalisation qui aura marqué ce quinquennat qui s’achève. Et à moins d’un second tour entre Sarkozy et Le Pen, la réponse devrait être négative.

  • J’adore complétement cette réponse au commentaire 🙂 Franchement, ça aurait mérité un bilet séparé.
    Bayrou, Pinay sans Poincarré ? Trop fort! Et tout le reste est absolument délicieux, et bien vrai …. Je bookmarque!!!
    @ tschok:

  • @ Jeff:

    Vous avez peut-être raison. Mais bizarrement, moi qui suis un déçu du NS de 2007, je n’arrive pas à le haïr.

    Et entre revoir Aubry et Fabius et revoir NS, je reste hésitant…

  • @ Aristote

    Le mot « haine » est sans doute un peu fort. Je crois simplement que beaucoup de Français ont compris que la marge de manoeuvre du prochain président de la République, qu’il s’agisse de Hollande ou de Sarkozy (ou même de Bayrou), sera très faible et que nous sommes partis, dans tous les cas de figure possibles (Le Pen peut être au second tour mais ne peut pas gagner), pour cinq ans de rigueur et d’efforts (d’augmentation des impôts et de réduction des dépenses publiques). Dans ce contexte, autant changer de tête si l’on a l’impression que l’on a assez vu celle du président sortant : en gros, tous les jours à la télé depuis dix ans, disant tout et son contraire, avec la même rhétorique simpliste, pour des résultats pour le moins mitigés (l’argument des sarkozystes honteux selon lequel avec Royal cela aurait été pire étant désormais bien lointain). C’est un peu caricatural, peut-être même « léger », mais je crois qu’à l’ère du zapping permanent, cela résume bien une grande partie de l’enjeu de cette élection : pour dégager Sarkozy, tapez 1.

  • @ Aristote : il ne faut pas se formaliser. Jeff a un petit côté mystique qui lui donne une très grande confiance dans le caractère performateur de son verbe. Et il n’a pas totalement tort. Si beaucoup de militants socialistes répètent régulièrement que Nicolas Sarkozy est haï, que les Français n’en peuvent plus, qu’ils ne pensent qu’à éjecter Sarkozy, cela peut porter. C’est probablement aussi l’analyse de Hollande, celle qui lui permet d’adopter un slogan à l’insignifiance manifeste : « le changement, c’est maintenant« , qui ne dit rien sur le changement proposé. Une forme de candidature par défaut, ne comptant que sur le rejet de l’adversaire.

  • C’est Voltaire qui a trouvé le meilleur argument pour montrer à quel point cette campagne se jouera sur l’économie : si même Le Pen axe sa campagne là-dessus… Ca foutra la paix deux minutes aux musulmans, cela dit.

    @Koz, Gwynfrid, et Tschok

    Récemment, j’essayais de me rappeler pourquoi Bayrou m’avait déçu, et franchement j’ai eu du mal. A vous lire, je me demande si vous y arriveriez tellement mieux que moi.

    Koz et Gwynfrid nous parlent de « capacité à présider ». Excusez-moi, mais c’est un peu vague. Remettons les choses en contexte : je suis un petit jeune, moi. Les présidents que j’ai connus s’appelaient Chirac et Sarkozy, ça doit me rendre conciliant… J’ai entendu parler d’un gars au Moyen-Age, un certain de Gaulle, qui savait « présider ». Il domptait les dragons à mains nues et parlait aux nuages pour faire venir la pluie, d’après ce que j’ai compris. Et c’est vrai que lorsque j’entends les chansons de geste de cette époque, j’en viens à me demander si c’est encore possible de « présider » au XXIème siècle, du moins dans le sens que j’ai l’impression que vous y mettez.

    Tschok, même combat, avec un brin de mauvaise foi en plus. Je sais reconnaitre une vacherie bien balancée quand j’en croise une, et c’est vrai que j’ai ri, mais je ne vois pas tellement le fond derrière. En particulier, décrire le bonhomme comme invendable alors qu’il attire 18% sur son nom sans la légitimité UMP-PS, et qu’il semble pouvoir au moins le refaire au cas ou ça aurait été un malentendu… Vous achetez ou vous n’achetez pas, mais moi j’appelle ça une bonne dose de charisme.

    Bon, revenons aux raisons de ma déception. Une campagne des européennes mal menée avec une sortie malheureuse contre Cohn-Bendit, certes. Un anti-sarkozysme pas toujours fin et une tendance à la parano nombriliste. Rien d’éliminatoire quand je compare au bilan de l’un et à l’absence d’évolution des autres, à mon sens. Et surtout, rien qu’il n’ait tenté de modifier depuis le début de cette campagne, ce qui dénote une sérieuse capacité à apprendre et évoluer, une qualité que je place au moins au même rang que l’idéologie « générale » dans le contexte incertain qui nous attend.

    Au fond, je me demande si ce que je n’ai pas le plus reproché à Bayrou, c’est d’avoir échoué. Il soulève d’énormes espoirs, et puis il n’est pas même capable de se constituer un groupe aux législatives qui suivent. Comme par hasard, je me mets à lui retrouver des qualités dès que les évènements le remettent dans la course. C’est sans doute un peu cruel au vu de la donne qu’il avait au début de la partie (par rapport à celle de Sarkozy), mais peut être que c’est le jeu.

    J’ai bien un peu la même attitude avec Sarkozy. Pas besoin de le haïr, Aristote, pour souhaiter le voir sortir du jeu, surtout que lui aussi apprend et change, et pas forcément en trop mal ces derniers mois. Juste besoin de constater qu’il est complètement cramé, et d’imaginer ce que risque la France avec un président partant avec un capital crédibilité pareil: Chirac 2002, au carré. L’UMP avait encore la possibilité d’évacuer le navire Sarkozy il y a quelque mois, ils l’ont raté, maintenant ils couleront avec. Un sacré gâchis, peut être, mais je ne vois l’intérêt ni de céder à la haine ou la colère, ni de ne trop m’apitoyer sur les perdants au lieu de tenter de trouver une soution de rechange.

  • @ Vivien : s’il faut réfléchir à ce qu’on lui reproche… Je lui reproche sa confusion et son illisibilité. Vous me direz que ce sont des défauts qui paraissent assez largement partagés, entre un Nicolas Sarkozy qui semble faire du pragmatisme un dogme et un François Hollande plutôt confus.

    Mais François Bayrou ne dit pas grand-chose aujourd’hui, mis à part « je vous l’avais bien dit« , concernant tant la dette que Nicolas Sarkozy. Je me souviens de son ouvrage de campagne, en 2007, projet d’espoir. On y trouvait des formules d’un creux terrible, et même assez ridicule, et un manque chronique de précision dans les propositions.

    Il y a, aussi, cette façon systématique de penser que l’on va trouver, mieux que tout le monde, une troisième voie. A titre d’exemple, il se dit favorable à l’adoption homosexuelle mais contre le mariage homosexuel…. Il ne suffit pas de dire l’inverse des autres pour avoir raison.

    Le côté anti-système qu’il développait en 2007 – et qu’il développe moins – m’horripile également, quand on en est à ce point le produit.

    Je lui reproche aussi son inactivité lorsqu’il était aux responsabilités, ce qui n’est pas d’un très bon présage dans la période que nous vivons. Je ne suis pas très fan de retourner dans la naphtaline des dernières années Chirac.

    Bref, autant de défauts qu’il faut mettre en regard de ceux des autres, dont il faut vérifier s’ils se sont atténués, et s’il évolue favorablement. Mais des défauts existants.

  • Vivien a écrit ::
    « Récemment, j’essayais de me rappeler pourquoi Bayrou m’avait déçu, et franchement j’ai eu du mal. A vous lire, je me demande si vous y arriveriez tellement mieux que moi. »

    Marrant je me disais exactement la même chose, j’ai déjà voté Bayrou, puis je me suis dit, plus jamais. J’aurais probablement pu voter DSK (quoiqu’on n’aura jamais connu ses arguments de campagnes) et maintenant, les options n’étant pas alléchantes, j’écoute Bayrou et je me dis: et pourquoi je ne veux plus voter pour lui, déjà ?

    @Koz: internet, a global village!

  • Dans tout cela, je me dis qu’aucun, qu’aucune n’est à la hauteur des enjeux, économiques et (aussi, imbriqués, indissociables) écologiques. Pour la première fois de mon existence citoyenne, je n’ai pas envie de me déplacer pour voter. Je crois qu’aucun des candidats n’exprime une quelconque sincérité parce que nous pressentons tous qu’il faut dépasser le conservatisme de gauche fondé sur le ressentiment et la colère, la rumination de l’exploitation et la réaction de droite ancrée dans les nationalismes, les identités restreintes, les limitations, les sacralisations des ordres établis (oui je schématise, oui, je sais…). Observer que nous vivons en Occident dans un monde de grand confort et de grand luxe, où beaucoup d’entre nous ont accès, au détriment de millions d’humains ou dans l’indifférence à l’égard de millions d’humains (et au risque de scandaliser, j’ajouterai de milliards d’animaux, donc de vivants), à des ressources naturelles, vivantes, alimentaires, énergétiques, médicinales etc… sur lesquelles aucun politique n’interroge le gaspillage. Tout cela pour finir par crever la bulle atmosphérique, climatique et spirituelle qui nous a toujours protégé (indépendamment de notre histoire humaine qui jusqu’à présent ne l’atteignait point en raison de notre faible nombre).
    Bref, nous sentons bien qu’aucun programme ou candidat n’est à la hauteur de ce qui est en train de se dérouler : la fin du temps des caprices, des gâteries et des gourmandises pour une petite partie de l’humanité qui se plaçait au centre de tout. Non que je m’en réjouisse car j’aime ce confort occidental, mais je déplore que ce que ressent le plus grand nombre ne soit pas clairement énoncé par les candidats : à savoir, il va falloir tout miser sur la science, la technique, l’éducation et une forme d’ascétisme si nous ne voulons pas subir la décroissance forcée et des limitations drastiques de ce que nous considérons comme nos libertés matérielles. A moins de ne pas choisir des voies pacifiques, mais là, la situation deviendrait tragique.

  • C’est un très bon billet compte tenu de ce qu’on peut penser de ce que pense l’électorat français en ce moment.

    Moi je suis de droite et je suis optimiste. Sarkozy peut encore gagner l’élection présidentielle. J’ai vu récemment une vidéo de NS parler lors de l’inauguration des bureaux de Google à Paris. Il était très bon et il était en pleine forme. Ce qui m’a frappé c’est que son discours est nouveau, moderne et clair. Il ne te sert pas les mêmes plats réchauffés, comme c’est le cas des autres candidats. Je crois qu’on va être surpris quand il sera véritablement en campagne. Je crois qu’il est capable de séduire de nouveau les déçus du sarkozisme. La question est de savoir s’il va être capable de le faire suffisamment pour passer.

    A cause de la crise économique actuelle, du déficit, de la croissance en panne, etc., il va être difficile pour Hollande de proposer un programme socialiste alléchant (augmentation des dépenses de l’Etat par ici, augmentation des dépenses de l’Etat par là) destiné aux Français qui ne sont pas des socialistes convaincus et qui vont faire leur choix au « feeling » à la dernière minute. Il va être impossible pour Hollande de dire qu’il pourra financer son programme car « de l’argent il y a, il suffit d’aller le chercher là où il est ». Il n’y a pas 36000 solutions. On tape sur les riches (ceux qui gagnent plus de 4000 €) ou on empreinte sur les marchés financiers. Bonjour les dégâts.

    Si au fur et à mesure de la campagne les scores de FH et NS se rapprochent d’avantage, il va être possible pour NS de l’emporter sur la base des débats télévisés. Si l’écart est trop grand avant les débats du 2ème tour, ce sera sans doute plié.

    Une chose est sûre, les débats entre Sarko et Hollande vont être passionnants.

  • Bonjour,

    je crois que l’on peut faire une campagne centree sur l’economie, et neanmoins interessante. Je distinguerais deux themes, un de droite, un de gauche.

    Le premier theme, c’est l’injustice fiscale, qui est reelle: le taux d’impot marginal des tres aises est souvent inferieur a celui des classes moyennes. On peut expliquer cela de facon simple, et proposer des remedes (fin des niches fiscales, taxation sur le capital aussi forte au moins que celle du travail)…

    Le second theme, c’est de decider lequel des avantages acquis concrets nous sommes pret a sacrifier pour rester competitif. Faudra-t-il dire au-revoir a deux semaines de vacances par an, aux etudes gratuites, baisser les retraites, augmenter la duree de travail hebdomadaire a 45 heures, sacrifier la moitie de notre armee, fermer des lignes de train… ? Je vous assure que ca passionne tout le monde parce que cela concerne le quotidien.

    Apres, les modalites detaillees, c’est vrai que personne ne les comprend, mais c’est l’impression generale qui compte.

  • @ Koz

    Effectivement, Hollande mise d’abord sur le rejet de Sarkozy, c’est un bon levier pour ratisser large. Mais il sait aussi que cela ne suffira pas. La difficulté pour lui, outre les défis liés à son affirmation personnelle, est de ne pas promettre ce qu’il ne pourra tenir tout en réussissant à « réenchanter le rêve français ». Autrement dit, être crédible pour le centre droit sans désespérer la gauche de la gauche. Pas facile pour lui non plus…

    Mais qui est capable aujourd’hui, compte tenu de la situation de la France, de proposer un programme à la fois crédible et honnête et porteur de lendemains qui chantent ? Il faudra nécessairement y mettre beaucoup d’habileté et tracer des perspectives à moyen terme (car le court terme ne s’annonce pas vraiment sous le signe de l’enchantement).

  • Une autre ville a écrit ::

    Le premier theme, c’est l’injustice fiscale, qui est reelle

    Oui.

    Mais faisons un peu d’arithmétique.

    La France, pour financer l’ensemble de la dépense publique sans emprunter devrait prélever en moyenne 55 % du revenu de tous les Français. Pour les moins aisés, c’est quand même raide.

    Admettons que les « riches », peu nombreux, captent dans leur ensemble un tiers du PNB, et les « pauvres », plus nombreux, les deux tiers.

    Pour faire baisser de 1 % le taux moyen de prélèvement des pauvres, il faut remonter le taux moyen des riches de 2 %. Pour faire baisser à 50 % le taux moyen de prélèvement sur les pauvres (cinq malheureux points de moins, ce qui reste à leur charge est encore bien lourd), il faut monter de dix points le taux moyen de prélèvement sur les riches, qui passe à 65 % !

    À 65 % de taux de prélèvement moyen, tous les riches qui le peuvent s’en vont.

    Alors on s’arrange, à coup de systèmes de défiscalisation dont la logique ne doit rien à leur rationalité économique et tout à la puissance des lobbys.

    La morale est simple : passé un certain pourcentage du PNB, la dépense publique est toujours payée par ceux qui ne peuvent pas partir, c’est-à-dire les plus faibles.

    Baisser les dépenses publiques n’est pas qu’un problème de compétitivité, c’est aussi un problème de justice, n’en déplaise à la gauche bien pensante.

  • Aristote a écrit ::

    Baisser les dépenses publiques n’est pas qu’un problème de compétitivité, c’est aussi un problème de justice, n’en déplaise à la gauche bien pensante.

    La pensée de l’escalier : comparez les incidences sociales d’une réduction un peu pensée des dépenses publiques et celles de la TVA « sociale ».

    CQFD.

  • L’économie, l’économie….
    Certes, c’est vital mais baser un discours de campagne là-dessus révèlerait
    un esprit par trop matérialiste. C’est évident que la crise économique nous rattrape et
    que la récession nous attire dans sa spirale infernale. Il est malheureusement aussi à déplorer
    que l’économie a pris bien trop le dessus sur la politique. Mais…
    comme l’envisage Koz, il est également fort possible et pour ma part fort souhaitable
    que la campagne présidentielle se joue sur les valeurs. Quelle sera la cohésion de notre société
    face aux déchaînements possibles de la crise ? Ne la surestimons pas mais soyons lucides, chacun sera appelé à un sursaut d’empathie. Quelle place laisserons-nous aux plus faibles ? Quel respect pour la Vie ? L’enjeu de société est fondamental.

    Une action concrète nous est proposée et encouragée par nos évêques :
    La Marche pour la Vie qui a rassemblé 40 000 personnes l’an dernier !
    C’est ce dimanche 22 janvier à 14h30 à Paris !
    ( République-Opéra)

    Sensibilisons nos hommes politiques, nos médias et nos frères.
    En 2012, je marche et je vote pour la Vie !

  • Vivien a écrit ::

    Récemment, j’essayais de me rappeler pourquoi Bayrou m’avait déçu, et franchement j’ai eu du mal. A vous lire, je me demande si vous y arriveriez tellement mieux que moi.

    L’élément de déception vient de sa désastreuse campagne européenne de 2009, notamment sa lamentable attaque contre Daniel Cohn-Bendit, qui lui avait coûté pas mal de plumes – c’était mérité.

    Mais, plus fondamentalement, si je ne suis pas convaincu de sa capacité à présider, ce n’est pas à cause du bonhomme lui-même – on n’aime ou on n’aime pas ses postures, sa façon de s’exprimer, etc. Ni à cause de ses fondamentaux : j’adhère à l’idée d’un centre indépendant, voire capable de devenir un parti de gouvernement. Non, la difficulté est liée à son équipe, ou plutôt, à son absence d’équipe. Les gens qu’il a autour de lui sont respectables, mais ni assez nombreux (même s’il a enregistré récemment quelques soutiens), ni d’assez large envergure pour constituer l’ossature d’un gouvernement et encore moins d’une majorité présidentielle crédible. On ne peut présider seul, même avec les plus grandes qualités du monde. Cette incapacité à rassembler est aujourd’hui, comme en 2007, sa principale limitation.

  • « La décision de Standard and Poor’s, qui présente pour nombre d’électeurs toutes les apparences de l’objectivité, l’atteint en plein vol. Elle est, bien évidemment, exploitée à outrance par ses adversaires, même s’il ne s’agit que de la décision d’une seule agence sur trois, même si elle ne semble pas vraiment susciter la panique, et s’il est assez surprenant de voir toute une partie de la gauche marquer une déférence soudaine pour les agences de notation financières. »

    C’est pas vous qui disiez sur twitter il y a quelques mois que le choix des agences de notation de maintenir le triple A de la France montrait que la politique du gouvernement était bien ? Après avoir tant dramatisé l’importance du triple A, c’est assez surprenant de voir toute une partie de [la droite] exprimer une [méfiance] soudaine pour les agences de notation financières.

    « Tenez, qu’on me présente un Français capable d’étayer sa position sur la proposition-phare de la fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG ! François Hollande lui-même y a perdu son latin. Les débats économiques risquent fort de dépasser totalement les électeurs qui s’en rapporteront comme de coutume à des impressions d’ensemble. »

    Et vous vous incluez, naturellement, parmi ces électeurs qui s’en rapporteront à des impressions d’ensemble ? Parce que si c’est le cas, vous pouvez toujours jeter un œil sur le site http://www.revolution-fiscale.fr qui résume très brièvement le truc, même s’il n’est pas certain que ce soit le programme exact qui sera appliqué par Hollande, ça vous permettra toujours de vous faire une idée.

    Sinon si la campagne ne se joue pas sur l’économie, elle pourrait se jouer également sur quelque chose comme les affaires d’espionnage de la presse par l’Élysée par exemple. Enfin bon, vous allez me dire que les électeurs qui ne se sont pas détournés de Sarko malgré ses multiples mensonges, atteintes aux libertés, politiques injustes ou ultra-répressives, ou de stigmatisation et violence vis à vis des migrants, etc. doivent s’en moquer un peu, au point où ils en sont, que l’Élysée espionne la presse… Mais il n’est pas interdit d’espérer.

  • @Koz et Gwynfrid

    Merci de vous être prêté au jeu. Merci aussi à Koz pour le billet vintage, c’est toujours intéressant comme exercice.

    Pour le flou du programme, il faudra déjà pour cette année… attendre que les programmes soit sortis, et stabilisés. Donc wait and see.

    Plus profondément, il s’agit de savoir si un positionnement peut déjà constituer un élément de programme ou de vision. J’en suis profondément convaincu. Koz s’énerve que l’on se revendique d’une troisième voie « qui reste à trouver », mais c’est ça la troisième voie! La même réforme, sur une base de négociations et une majorité différente, ce n’est plus la même réforme. Bayrou vend bien plus une méthode que des solutions, j’en conviens tout à fait. Mais j’ai de plus en plus de doutes vis à vis des solutions livrées clé en main à l’avance.

    J’essaie aussi de ne pas mythifier la parole politique ou de formuler d’exigences contradictoires. Moi aussi, je voudrais et un programme précis, et que ça puisse plaire à tout le monde, et qu’il y ait ce petit plus de vision qui fait l’Histoire. Avec tout ça, je me demande si je n’aurais pas trouvé que l’appel du 18 juin relevait du Yakafokon, et que « le sang, la sueur, et les larmes » de Churchill était une stratégie bien floue.

    Pour la posture anti-système, le discours a énormément évolué. Bayrou est désormais clairement dans une politique d’alliance, en cas de victoire (« union nationale »), comme en cas d’échec (il se prononcera pour un des candidats au second tour). Je n’ai jamais cru qu’une majorité nouvelle sortirait toute armée du néant en 2007, et la prétention de Bayrou à faire apparaitre de nouvelles têtes en un claquement de doigts relevait effectivement du populisme. Pour le reste, si le « système », c’est le système à deux partis dominants et le présidentialisme, on peut dire que Bayrou a une certaine légitimité à s’en prétendre la victime, et ce dès 2002…

    Ce qui nous amène à la rareté de ses troupes. J’avoue que c’est un point qui m’inquiète assez peu. Même en cas de victoire de Hollande, j’ai du mal à imaginer l’UMP survivre sous sa forme actuelle, tant j’ai l’impression qu’elle ne tient plus que par la force de la solidarité gouvernementale. Alors en cas de victoire, cette même force aura tôt fait de faire grossir les rangs. Comme dans un récent billet de chez Authueil, j’ai tout à fait confiance en l’émergence d’une néo-UDF, et un peu plus en cas de victoire. Bien sûr, cette nouvelle majorité ne prendra pas la forme classique et prédictible du parti unique majoritaire. Encore faut-il rester attaché à ce modèle…

  • jor a écrit ::

    Enfin bon, vous allez me dire que les électeurs qui ne se sont pas détournés de Sarko malgré ses multiples mensonges, atteintes aux libertés, politiques injustes ou ultra-répressives, ou de stigmatisation et violence vis à vis des migrants, etc. doivent s’en moquer un peu, au point où ils en sont, que l’Élysée espionne la presse… Mais il n’est pas interdit d’espérer.

    D’autant plus que tout ça n’a pas empêché Tonton de se faire ré-élire en 1988.

  • Comme évoqué ci-dessus, le respect de la Vie s’invite ce WE ds la campagne
    présidentielle ! :

    • La CEF annonce la prière pour la Vie du samedi 21 janvier à Notre Dame de Paris
      ( voir sur leur site)

    • Mgr Podvin, porte-parole de la conférence des évêques de France, communique sur les prières
      et les Marches pour la Vie :

      « Beaucoup demandent: « L’Eglise catholique organise des prières pour la vie. De nombreux fidèles rejoignent également des marches pour la vie. Quelle signification cela a t’il ? « … La réponse jaillit du coeur: Il s’agit de sortir de son « petit soi » pour communier avec les autres à la cause la plus essentielle! Attester que la vie, dès sa conception, est un don ineffable, mais ô combien fragile. Répercuter dans l’opinion publique la réalité, trop souvent occultée, des traumatismes qui suivent un avortement.

      Refuser d’amalgamer dans les consciences le banal, le légal et le moral. Ne pas raisonner en froides statistiques, mais accompagner chaque personne unique et aimable. Lutter contre les précarités multiples qui entravent aujourd’hui l’accueil de la vie naissante. Protéger l’embryon infiniment vulnérable. Ne pas stigmatiser autrui, mais, au contraire, reconnaître nos propres manquements dans le respect de la personne. Ne pas seulement défendre la vie naissante, mais aussi la vie dépendante et finissante. Mais aussi la vie menacée au quotidien de façon insidieuse. « Dieu, Maître de la vie, a confié aux hommes le noble ministère de la vie. Et l’homme doit s’en acquitter d’une manière digne de Lui » dit le Concile Vatican II. »

  • Et si N. Sarkozy n’y allait pas ?… (je crois que c’est JM Le Pen qui suggérait cette idée récemment), sans pour autant faire sortir un candidat crédible…

    Et si l’environnement s’invitait dans la campagne (hors caricature anti-nucléaire) ? Certains défendent l’idée que la crise actuelle est liée de très près à la crise énergétique et au pic pétrolier et que les prix pourraient s’envoler soudainement, ce qui remettrait en cause beaucoup de mesures actuelles, forcément… Cela pourrait faire gagner le candidat qui saurait s’approprier le mieux ces contraintes, hors de toute « caricature »… et remettre en perspective les promesses économiques.

    Certes, avec des « si », on pourrait mettre l’Elysée en bouteille, mais j’ai surtout l’impression d’aller -plus que les années électorales précédentes- vers l’inconnu et le brouillard, que la marche du monde est plus instable.

  • Courtlaïus a écrit ::

    D’autant plus que tout ça n’a pas empêché Tonton de se faire ré-élire en 1988.

    Oulà, Mitterrand ne me manque pas du tout, si ça peut vous rassurer. Ça n’en rend pas Nicolas Sarkozy plus sympathique aujourd’hui.

  • Koz a écrit:

    Il n’est donc véritablement pas acquis que la campagne se joue sur l’économie. Il est bien possible qu’elle se joue encore sur les « valeurs », ce qui ne rend pas le jeu plus lisible.

    Cette remarque me paraît totalement justifiée!

    Voilà ce que je viens de lire sur une dépêche AFP, ce jour :

    (François Hollande)
    Parmi ses « 60 engagements », la proposition 21 stipule que « toute personne majeure en phase avancée ou terminale d’une maladie incurable, provoquant une souffrance physique ou psychique insupportable, et qui ne peut être apaisée, puisse demander, dans des conditions précises et strictes, à bénéficier d’une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité ».

    Le programme de M Hollande était déjà, pour moi, non en phase avec ma façon de voir les choses.

    Cette fois, c’est sur, quoiqu’il se passe, et ce , même au deuxième tour, ce monsieur n’aura pas ma voix.
    (Il faudra qu’il me montre comment il réagit en poussant lui-même la première seringue du malade dont la famille aura demandé la mort, tout en manipulant l’esprit du malade qui dira oui pour faire plaisir à la dite famille.)

    Un pays qui ne respecte plus les malades et les personnes âgées, et qui préfère leur faire croire qu’ils sont inutiles et tellement indignes de vivre qu’il faut les supprimer, est vraiment sur le chemin de la décadence -(toujours pour moi, hein, je n’en fais pas un dogme et je peux admettre que certains n’aient pas la même approche que moi sur la morale, le respect de la vie et l’éthique-)

  • @ jor:

    Merci d’argumenter!

    J’ai beau lire et relire ce passage, je ne vois vraiment pas ce qu’il veut dire d’autres que la légalisation de l’euthanasie sous le vrai faux prétexte de mourir dans la dignité, car, c’est bien connu, souffrir n’est pas digne de l’homme…( Digne de Jésus, seulement? Et encore?) Quant à vieillir, c’est encore moins digne!

    Je ne reviendrai pas sur les nombreux billets traitant de ce sujet. Néanmoins, je note seulement que Koz parle d’élections basées sur des valeurs et que le meurtre de malades ou de personnes âgées, fusse pour le faux motif de dignité

    Où va se nicher la dignité à notre époque, n’est ce pas! Ce n’est plus dans le courage, la noblesse de l’âme, le sacrifice, la charité, la lumière divine que nous avons tous en nous (réf à l’évangile de St Jean)
    Non pas : c’est dans le fait de rester jeune, beau, sportif, en possession de tous ses moyens, en excellente santé. Les autres? M Hollande va s’en occuper avec ses amis de l’ADMD.

    Alors, si je ne fais pas dire ce que voulait dire M Hollande, expliquez moi, car c’est, au mot près ce que l’ADMD tente de faire passer en loi et que nous, des comités d’Ethique et des Associations de Soins Palliatifs, refusons depuis toujours.

    (le Journaliste de l’AFP a peut être déformé ses propos? Je n’ai pas daigné écouter son baratin qui a, paraît il convaincu 53% des français)

  • Il s’agit bien d’une légalisation de l’euthanasie. Par contre, il n’est fait nulle part mention de la légalisation du meurtre, ni d’une intention d’éliminer les vieux et les malades. Sans être forcément fanatique de l’euthanasie, vous ne trouvez pas ça un peu caricatural de l’assimiler au meurtre ou à l’élimination de masse ? Encore un peu et c’était le point Godwin…

  • @ Tara:
    Puisque vous parlez de meurtre concernant l’euthanasie, on peut légitimement parler de torture concernant votre position.

    Ainsi pour continuer à vous paraphraser : « Nous exigeons que toute personne majeure en phase avancée ou terminale d’une maladie incurable, provoquant une souffrance physique ou psychique insupportable, et qui ne peut être apaisée, soit condamnée à endurer cette souffrance le plus longtemps possible », ou encore « Il faudra qu’il me montre comment il réagit en toisant impassible le malade qui se tord de douleur en demandant qu’on le soulage, tout en manipulant l’esprit de la famille pour lui expliquer que le dit malade est en train de gagner sa dignité dans la souffrance ».

    Ou pour finir « Un pays qui souhaite voir souffrir ses malades et ses personnes âgées, et qui préfère leur faire croire qu’ainsi ils sont à l’image de Jésus, est vraiment sur le chemin de la décadence -(toujours pour moi, hein, je n’en fais pas un dogme et je peux admettre que certains n’aient pas la même approche que moi sur la morale, le respect de la vie et l’éthique-) »

    C’est désagréable, n’est-ce pas, de voir ses propos outrageusement simplifiés et surinterprétés ? Merci donc de ne pas vous livrer à ce genre d’exercice.

  • Non, ce n’est pas désagréable!

    Ce n’est pas légal (et jusqu’à présent la loi considère l’euthanasie comme un homicide volontaire)

    Et tout simplement pas conforme à ce que je vis durant mon travail.

    Ceci est donc une autre histoire.

    il suffirait, peut -être, d’effectuer un bon traitement anti-douleur (et anti-souffrance totale), bien réglé, bien planifié et bien géré, pour que ces malheureuses personnes en fin de vie, soient heureuses de vivre encore un peu. Elles ont tant à nous apporter et à s’apporter à elles et à leur famille.
    Les considérer comme indignes de vivre (ou le leur faire croire) me gêne vraiment beaucoup et qu’un candidat préfère mettre dans son programme l’euthanasie plutôt que la lutte contre la (les) douleur(s), me gêne encore plus.

    Maintenant, sous ce billet, pas question de refaire un débat sur les soins palliatifs – cela a été fait maintes et maintes fois ici- mais plutôt sur les valeurs que veut porter ce candidat. Et ces valeurs ne sont pas les miennes.

  • @ Tara : En effet on ne va pas refaire le débat, surtout que vous ne traitez pas du problème posé : le texte s’intéresse justement au cas d’une « souffrance insupportable […] qui ne peut être apaisée ».

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