Dresseur de vaches

Il y a bien sûr l’actualité internationale, avec l’assassinat de Benazir Bhutto. Il y a les vacances de Nicolas Sarkozy, pour qui aime recommencer les mêmes débats. Il y a le retour des guignolos. Il y a aussi Une Vie que j’achève. Mais il y a surtout les guirlandes lumineuses du chapiteau Bouglione qui brillent dans les yeux de ma fille.

Ma fille qui voit passer un chameau pour la première fois. Je lui dis avec toute l’assurance d’un père que c’est un dromadaire. Tant pis. Certains terminent leur vie en les confondant, on aura bien le temps de se rattraper. Et, « pourquoi ?« … Tout en sautillant sur mes genoux et en marquant le rythme de sa tête, elle enchaîne les pourquoi. Pour… pour… pour… Pourquoi… Et pourquoi… Et pourquoi… le nanimal il se roule par terre. Et pourquoi et pourquoi et pourquoi le monsieur il a mis de la musique. Et puis sa protestation, lorque les lumières faiblissent : « on voit le noir« . Son attention attirée par une femme du spectacle, derrière nous, qui porte une jolie jupe à paillettes, alors que les tigres tant attendus sont arrivés. Et ses yeux d’enfant.

Et puis, pour moi, ce choc : on peut dresser des vaches. Quatre vaches, qui tournent au signal. Quatre vaches qui posent leurs pattes avant sur un banc et nous regardent aussi fièrement que le peut une vache. Je ne sais pas encore comment je dois l’interpréter. Fier que ces vaches démontrent aux hommes qu’on peut leur apprendre quelque chose, à elles aussi. Ou attristé que ces quatre-là aient trahi des siècles de constante et sage bovitude ?

Bref, comprenez : il y a des priorités.

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12 commentaires

  • Tu manques vraiment à tous tes devoirs de père: le mot chameau a deux syllabes comme les deux bosses qu’il porte. Par déduction, tu sais donc que le dromadaire n’en a qu’une.

    Je ne te félicite pas. 🙂

    Bonne fin de vacances.

  • Il y a des vaches qui regardent passer les trains.
    Pourquoi n’y aurait il pas de vaches qui regardent des gens assis, en posant leur pattes sur un banc ?
    Hum ?

    Le problème n’est pas : » que penser de ces quatre merveilleuses créatures », mais : « que pensent elles de nous, là assis comme des … spectateurs… »

  • Qu’on est super bien dressés, puisqu’on s’assied où on nous le dit ? Et sans fouet ni récompense ! C’est peut-être ce qui leur donne ce regard injustement péjorativement qualifié de « bovin ». Les vaches sont des sages, silencieuses, et perplexes.

    *

    Polydamas, ton truc est précisément le genre de trucs qui m’embrouille : ainsi donc dromadaore a trois syllabes, comme le nombre de bosses qu’il a sur le dos ? 😉

  • chameau comme chausson va toujours par deux
    dromadaire comme doudou est unique

    quant aux vaches, je préfère les voir dans les prés mais chacun son truc ! (j’aime les singes car ils me font rire) 🙂

  • Un chameau demande à un dromadaire :
    – Alors, comment ça va ?
    – Oh, je bosse, et toi ?
    – Je bosse, je bosse !!

  • Moi, je trouve ce billet beau comme du Philippe Delerm.
    La vie, en fait, c’est ça: des joies simples, et les gens passent à côté.
    C’est vrai qu’il faut un peu de recul, Koz. C’est comme ça que tu parviens si bien à embrasser le monde qui nous entoure. Et en avoir une vision si intime, si fine, si dénuée de préjugés.

    « ENFANTS: Affecter pour eux une tendresse lyrique, quand il y a du monde. » (Le dictionnaire des idées reçues, Gustave Flaubert)

  • Bon c’est l’histoire d’un veau qui discute avec sa maman. Il lui demande : « Maman, pourquoi avons nous des cornes ? ». Ben c’est pour nous défendre contre les loups mon enfant, qui en Europe sont nos uniques prédateurs. « Ah oui d’accord, je comprends mieux. Mais Maman, pourquoi avons nous un cuir si dure et ce pelage si dru ? » Ben c’est pour supporter ce climat tempéré, pas trop chaud l’été mais suffisament chaud l’hiver pour pouvoir vivre dans des conditions hivernales rudes sans trop en souffrir, lui répond elle pédagogue comme tout. « Mais pourquoi, ruminons nous ? » Ben c’est parce que nous nous nourrisonns de l’herbe verte des prairies et grâce à la rumination qui nous permet de tirer le maximum d’éléments nutritifs, nous pouvons nous passer de toute autre nourriture. « Ben si nous possédons des cornes pour nous défendre, si nous pouvons supporter la rigueur de l’hiver grâce à notre pelage et notre cuir, si nous pouvons nous nourrir de l’herbe des vastes prairies… » « Oui ? », intteroge la mère. « Qu’est ce qu’on fout dans un putain de cirque alors ? »

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