Aussi loin que mon esprit m’entraîne, je vois des femmes, leurs mains et leurs visages. Mains du service et visages de la grâce. Mains qui nous ont un jour accueillis à la lumière. Mains qui nous lavent et qui nous sèchent, mains qui nous tendent à notre mère. Les mêmes mains qui nous soignent, nous toilettent, mêmes mains qui nous changent et qui nous pansent, mains qui caressent et nous apaisent quand vient le temps de partir, vers la nuit, une autre lumière peut-être. Dans la matière, les odeurs, les plaies et le sang. Elles sont là pour nous recueillir du sein de nos mères, elles sont encore là pour sauvegarder nos derniers jours.
Je ne connais que des femmes. Infirmière, elle s’appelait Caroline. Soignantes, elles s’appellent Céline, Ségolène et Malika. Cyprienne, Laurence et Sylvia. Lucile. J’étais ce jour-là dans la salle de service d’une unité de soins palliatifs, et le seul homme. La psychologue, une femme. L’art-thérapeute ? Aussi. La socio-esthéticienne, encore. Et parmi les bénévoles, combien de femmes encore ? Bien sûr, il y a des femmes à la guerre, et je connais des hommes en soins palliatifs. Mais j’y étais le seul homme.
Elles sont là, vraiment, ces « sentinelles de l’invisible », « témoin des valeurs essentielles qui ne peuvent se percevoir qu’avec les yeux du cœur », humbles et discrètes à leur poste. Ces femmes, qui ne font guère de plateaux radios, pas de « Grandes Gueules ». Les bénévoles en soins palliatifs, par nature et par culture, ne s’imposent pas. Elles sont là, si besoin. Silencieuses, s’il le faut. Au rythme d’un respirateur parfois. Auprès de l’un ou l’une de nous qui s’en va, qui souffre, dans son corps ou dans son âme.
Le dévouement patient de ces femmes dans ces unités de soins palliatifs, leur discrétion et leur fidélité ne sont pas au tempétueux format médiatique. J’étais là, ce jour-là – j’y suis un peu encore – et ce que j’ai vu passer, par leurs mains, dans leurs regards, se communiquer, à travers leurs sourires et par leurs mots, c’était l’essence de l’humanité, la charité, la fraternité. C’était la grâce, divine. Qu’elle leur soit rendue.
Alors, je ne l’ai pas dit souvent et, quand l’a entonné le chanteur, la généralité m’a contrarié mais je veux le dire cette fois, car sans vous, que serions-nous ? « Femmes, je vous aime ».
Merci à toi Erwan,
Pour ton message touchant sur les femmes de soins palliatifs, dont je fais partie, pour ces mots que tu poses avec sincérité sur notre travail.
Il faut reconnaître que chaque acteurs de la vie en soins palliatifs, est un ensemble de personne qui sont dévoué au bien être du patient, des familles et aussi de ses collèges. Et de la Vie.
Encore merci de transmettre ces valeurs.