Alors on vote.

On peut être le type de gars à vouloir espérer contre toute espérance et se trouver pourtant en proie au plus grand désarroi. Je relativise certes la mystique du grand débat national que serait une élection présidentielle : la volonté de cliver, marquer sa différence, souder son camp avant de rassembler les Français, conduit à hystériser – au sens plein, névrotique – des questions essentielles. Mais si cette campagne a peut-être intéressé davantage les Français que la précédente (souvenons-nous), c’est à la façon d’une telenovela. Aucun thème ne s’est imposé, aucun enjeu majeur pour les cinq, dix et vingt années prochaines n’a été sérieusement discuté. Il y avait pourtant urgence, pour le pays, pour la politique.

Je n’ai guère entendu de réponse satisfaisante à la seule question qui me semble devoir se poser : que voulons-nous pour la France ? J’ai entendu l’un évoquer une « startup Nation », l’autre « la première puissance économique d’Europe ». Cela ne fait pas un pays. L’économie ne fait pas un pays. Pour n’être pas un enjeu négligeable, la prospérité économique ne peut pas être l’ultima ratio de la politique, et de notre temps en particulier. Car oui, nous faisons face aujourd’hui à un enjeu de civilisation. Non que, comme certains se complaisent à l’affirmer, notre civilisation soit en péril. Mais elle est en mouvement.

Faute de « volonté commune dans le présent » autant que de reconnaissance de « gloires communes dans le passé », c’est l’existence même d’une Nation qui est en suspens.
Nous ne nous sommes guère penchés sur ce que nous considérons aujourd’hui encore comme des choix fondateurs de notre civilisation, de notre culture. Nous avons bien peu débattu de ce que signifie aujourd’hui former une Nation. Quelle Nation souhaitons-nous former en commun, sur quels fondements existants et avec quelle ouverture aux possibles ? Quel contrat tacite passons-nous avec l’ensemble des Français, ceux de plus ancienne implantation comme ceux de plus récente arrivée ? Si la Nation est ce « plébiscite de tous les jours » selon la formule ressassée de Renan, savons-nous seulement ce que nous voulons ? C’est bien la volonté qui forme les Nations et, comme il l’écrit plus loin, « avoir des gloires communes dans le passé, une volonté commune dans le présent; avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà les conditions essentielles pour faire un peuple ». Notre peuple, notre Nation, ne se perpétueront pas par la seule invocation des gloires communes dans le passé mais par la distinction d’une volonté commune dans le présent, et l’adhésion du peuple à celle-ci. Or, en tout ceci, tant l’existence d’une volonté elle-même que celle de la mettre en œuvre en commun sont incertaines, de sorte que c’est bien l’existence même d’une Nation qui est en suspens.

Cela aurait pu donner lieu à un débat, tant je pense que même l’efficacité économique peut découler d’une vision commune, de la volonté de participer à un destin partagé. Nous aurions pu aussi débattre en profondeur de l’éducation, « mère de toutes les batailles » –  y compris face aux visées religieuses fondamentalistes[1]. Il y avait bien des choses à dire, des propositions à entendre.

Au lieu de cela, il semble que nous ayons cru imaginable de faire l’impasse sur cette campagne présidentielle, et de remettre la grande explication à plus tard. A tous égards, cette campagne n’a rien pour répondre à la situation de crise protéiforme que nous vivons. Les multiples renoncements et trahisons de la parole donnée que nous avons connu ont encore dévalorisé la politique. Dans chacun des camps, tel ou tel autre ancien candidat à une primaire s’est empressé de juger que les circonstances avaient suffisamment changé pour justifier qu’il renonce à honorer son engagement moral de soutenir le vainqueur. Les affaires qui ont affecté François Fillon, ses erreurs ou ses fautes, pour ne pas relever nécessairement d’une qualification pénale, ont dressé un portrait fort éloigné de l’homme qui emportait l’adhésion en novembre dernier, nourrissant une amertume délétère : même lui… On a beau avoir fait son deuil de l’homme providentiel, on préfèrerait vivre des rappels moins brutaux. Reste son programme, qui n’est pas la caricature ultralibérale avancée par ceux qui considèrent que la France de 1995 était un enfer antisocial. Qui insiste sur les activités régaliennes, ce que l’on ne peut qu’approuver, non par libéralisme mais par réalisme, lorsque l’on voit l’état de la police, de la justice et de l’armée françaises.

Faudrait-il donc, alors que personne ne défend le bilan de ce quinquennat, assurer la poursuite du hollandisme par d’autres moyens ?
Dans ce marasme, on comprend qu’Emmanuel Macron suscite des enthousiasmes. Tout en pressentant qu’ils sont de ces élans qui précèdent de peu les cruelles désillusions. L’homme paraît à ce jour encore bien trop évanescent, et bien trop fabriqué. Certains le voient porté par le peuple, comme le Général avant lui. N’est-ce pas oublier que le Général avait pour lui un actif, une gloire passée et une renommée forgée dans les temps de plus grande épreuve ? Toutes choses dont Emmanuel Macron est dépourvu. Il brillerait sur l’économie. Pouvons-nous vraiment compter sur les qualités d’un conseiller économique et ministre de l’économie d’un quinquennat qui a vu la France faire moins bien que les autres pays de la zone euro, quand elle faisait d’habitude aussi bien, ou jeu égal[2]  ? Lorsque je lis dans La Croix (je dis bien La Croix, pas même Le Figaro) que sa ligne économique se place dans la continuité de la ligne défaillante du quinquennat finissant, j’en viens à craindre que sa candidature ne soit que la continuation du hollandisme par d’autres moyens. Si ce n’est donc sur son bilan et sa gloire passée, sur quoi peut se fonder l’emballement ? L’attrait de la nouveauté, celui de la jeunesse ? Tout passe. Sans compter qu’à supposer que l’on identifie sa ligne politique il est non seulement douteux que ses propres soutiens (sans même parler des ralliements opportunistes) partagent aujourd’hui une vision commune sur une ligne politique mais très incertain qu’il réunisse une majorité politique aux législatives. Invoquer, comme il le fait, la seule « cohérence des Français » est aussi sympathique qu’inconséquent.

Le désarroi et l’amertume alimentent le dégagisme des deux extrêmes. Ils n’autorisent pourtant pas la politique de la terre brûlée.
Ce désarroi, cette amertume, alimentent le dégagisme des deux extrêmes. Elles n’autorisent pourtant pas la politique de la terre brûlée. Il n’y a pas lieu de regarder avec plus d’indulgence un Front National frappé de multiples mises en examen pour escroquerie en bande organisée au préjudice de l’Etat, et dont les dernières actualités mettent au jour un système concerté de financement au préjudice du Parlement Européen. Son programme économique, marqué par la sortie de l’euro, laisse augurer d’un désastre que même un économiste aussi critique de l’euro que Paul Krugman dénonce avec fermeté – quand vingt-cinq autres lauréats du prix Nobel d’économie, dont certains revendiqués par le FN lui-même, voient dans son programme un facteur de déstabilisation de la France. Sa politique étrangère oscille entre illusion du repli autarcique et fascination pour les régimes autoritaires, quand elle ne paraît pas orientée, au Proche-Orient, par une opposition à Israël aux relents douteux et les intérêts économiques bien compris de certains de ses membres – d’ailleurs parfois impliqués dans les affaires précitées. La présence, parmi la garde rapprochée de Marine Le Pen, de personnalités telles que Frédéric Chatillon, Axel Loustau ou Philippe Péninque, trahit la permanence de la plus traditionnelle extrême-droite et le caractère fictif de la dédiabolisation vantée en vain depuis dix ans. La ligne Maréchal Le Pen n’a rien de plus attirant, elle qui se comporte en cheval de Troie volontaire des groupes identitaires au sein du Front National, aux conceptions racistes permanentes et bien souvent encore antisémites. Si elle remporte quelque suffrage chez certains catholiques, ils ne devraient pourtant pas accepter au nom du patriotisme, de la famille et de la défense de la vie – dont ni elle ni sa tante n’ont le monopole ni un souci constant – des idées en contradiction brutale avec l’Évangile.[3].

Marine Le Pen a en commun, avec Jean-Luc Mélenchon, de vouloir intégrer à la Constitution des orientations politiques qui n’ont aucun titre à y figurer. La première entend y insérer une « préférence nationale » qui n’est, sous un emballage vendeur, qu’un principe de discrimination évolutif. Le second entend y faire figurer l’IVG et l’euthanasie.[4] En ce qui le concerne uniquement, certains de ses développements ne seraient pas inintéressants s’ils étaient appliqués avec mesure – ce qui n’est pas véritablement sa promesse – mais son application à célébrer des « modèles » qui ont tous versé dans l’autoritarisme et le plus grand désastre économique pour les peuples est suffisamment édifiante.

Il n’est ni rassurant ni satisfaisant de s’en remettre au seul bon sens des Français pour nous épargner un second tour Mélenchon / Le Pen.
A ce jour, la présence de Marine Le Pen ou de Jean-Luc Mélenchon au second tour ne peut pas être exclue. L’écart entre les quatre premiers candidats ne dépasse pas aujourd’hui la « marge d’erreur ». La présence de Marine Le Pen est considérée comme acquise depuis des mois, et celle de Jean-Luc Mélenchon, tout en semblant encore improbable, commence à paraître possible. Il ne serait pas sain que la majorité des Français soit contrainte à un vote par défaut, pour éliminer un extrême. Et il n’est ni rassurant ni satisfaisant de s’en remettre au seul bon sens des Français pour nous épargner un second tour Mélenchon / Le Pen. L’année écoulée nous a suffisamment démontré que les surprises, les scenarios improbables, restent possibles.

*

Alors on vote. Nous avons de bonnes raisons d’être déçus, d’être amers, d’être en colère. Mais il y a des risques que nous ne pouvons pas courir et des responsabilités aux soirs des 23 avril et 7 mai prochains qu’il faudra assumer. On vote, au regard des programmes, en n’oubliant pas que si la présidentielle est présentée comme la rencontre d’une personne et d’un peuple, le gouvernement n’est pas l’affaire d’une personne seule. On vote, en sachant que ce n’est pas un acte d’amour mais une responsabilité politique. On vote. Avec peut-être une adhésion relative, avec la conviction que le salut même temporel ne vient pas de la seule politique, mais de l’engagement personnel, intellectuel, culturel, associatif et qu’il ne manque pas de travail pour qui aime son pays et veut contribuer à lui forger une volonté commune dans le présent. Mais on vote tout de même.

  1. Je pense souvent au discours de cet imam de Brest, affirmant aux enfants qu’ils se transformeraient en cochons s’ils écoutaient de la musique : notre seule issue ici aussi est dans l’éducation []
  2. Le chômage décroît certes, mais moins vite que dans la zone euro. Nous avons en effet croisé la moyenne de la zone euro en août 2014 pour ne plus la recroiser depuis, et l’argument avancé contre l’Allemagne, qui s’accommoderait de la pauvreté, ne peut pas valoir à l’encontre de tous les pays de la zone euro []
  3. Faut-il encore, comme catholique, souligner mon opposition à la conception qu’avance Marine Le Pen de la laïcité ? Elle affirme ainsi : « La laïcité, c’est l’idée qu’on peut se croiser dans la rue sans savoir de quelle confession on est ». Ceci est faux et/ou mensonger : la laïcité ne s’applique pas à l’espace public. Et les catholiques tentés ne devraient pas l’accepter au nom de la lutte contre l’islamisme car, d’une manière ou d’une autre, par capillarité et volonté de ne pas discriminer, ils en viendront à être restreints aussi dans la libre expression de leurs convictions religieuses. []
  4. Outre mes positions sur le fond, je suis aussi opposé à cette instrumentalisation de la Constitution que je l’ai été lors du débat sur la déchéance de nationalité. A cet égard, leur pratique ne change guère de celle des politiques qu’ils entendent dégager. []

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70 commentaires

  • Oui, on vote, et on n’oublie pas que le premier tour dimanche est le tour décisif.

    Et dans des circonstances telles que, quel que soit son choix, voter X, voter Y, s’abstenir, voter blanc ou nul, on participera au choix du futur président de la République. Impossible de se défiler.

  • Pour la première fois de ma vie de citoyenne, je n’ai suivi aucun JT, aucun « débat », aucune polémique, aucun site d’information, depuis plusieurs semaines (mois?). Le peu qui me parvient par mon mur Facebook me navre et me désole.
    Cette année, j’ouvrirai l’enveloppe avec les programmes de tous les 11 candidats. je les lirai tous, je surlignerai ce qui me plait, et ce qui ne me plait pas dans chaque programme.
    Et je ferai mon choix.

    On dit que les promesses n’engagent que ceux qui y croient. mais je préfère me baser sur les programmes des candidats, leur faire le crédit que c’est vraiment ce qu’ils souhaitent pour la France, plutôt que sur une énième polémique concernant l’age d’une compagne, ou l’emploi fictif d’une autre. Ce n’est pas idéal, mais je ne sais pas sur quoi me baser d’autre.
    Tant pis pour ceux qui ne m’enverront que de la propagande ou de l’alarmisme, ou encore un énième shoot d’hystérie 🙁

  • Très difficile pour moi, le choix 2017, avec des propositions qui ne sont absolument pas à la hauteur des enjeux, en effet décisifs. Je m’attendais à des projets intéressants, à des débats et des propositions, à un dynamitage des partis. Macron a été inventé pour assouvir en partie mon attente, mais il usurpe son objet – c’est de la prestidigitation, un déguisement, et cela me rend d’autant plus amer.
    Pour moi, à moins que quelque chose me convainque du contraire, « alors on vote »… blanc. Une fois encore, le dégoût au ventre ; encore une fois, un scrutin sans adhésion.
    Je veux bien qu’on n’élise pas un seul homme mais une équipe. Et c’est pour cette raison même qu’il m’est impossible de penser voter pour l’ancien premier ministre. Affolée, abêtie, compromise, hésitant entre scission et fidélité, l’équipe Fillon n’aura cessé de huer la justice et les journalistes, à la Trump, sauce conspirationniste. Plutôt ému par la victoire discrète et inattendue de Fillon aux primaires, il m’est devenu impossible de l’imaginer une nouvelle fois aux commandes du pays. Non pas à cause des « affaires », mais en raison de sa gestion opportunément, bassement et stratégiquement populiste de celles-ci. Votre article du 21 novembre 2016 sur Fillon évoque désormais, pour moi, un autre homme.
    « Pas de revirement, pas de populisme, pas de bling-bling et de la dignité », Fillon ? Un autre temps. Il n’a pas fallu grand-chose pour que le masque tombe.
    Avec des citoyens à cran à juste titre, après Sarkozy et Hollande, citoyens qui méprisent la justice, la politique et les médias, ce qui aurait pu être pour Fillon une campagne civilisationnelle s’est métamorphosée à dessein en campagne viscérale, pulsionnelle et conspirationniste. Il y avait deux façons de traiter la crise : soit prendre sur soi et prendre de la hauteur de façon responsable en dépit des sondages, soit trembler devant les chiffres, s’embourber dans la hargne et poser en victime de complot.
    Si c’est comme cela qu’il traite une crise personnelle et politique (qu’il appelle « assassinat » ! « assassinat » !!),
    comment traitera-t-il la crise nationale dont il est par ailleurs l’un des responsables directs ?

  • Je suis catholique et, en dépit des erreurs de François FILLON, je reste déterminé à voter pour lui. J’admire l’aisance intellectuelle de M. LE MORHEDEC mais il faut choisir. Confrontés à mes valeurs, tous les candidats ne se valent pas. MACRON incarne pour moi le relativisme dans tous les domaines. Avec lui Président le recul de la place des valeurs chrétiennes dans la société française va, à l’évidence, se poursuivre. C’est la continuation du hollandisme avec un peu plus de bon sens en Economie. LE PEN ne porte pas les valeurs chrétiennes et elle ne peut être qu’un pis aller…au second tour ( à voir toutefois !). MELENCHON est l’héritier du communisme donc historiquement, pour un catholique, le pis des quatre…sans même évoquer la catastrophe économique que constituerait son élection.
    François FILLON me paraît avoir, de loin, le meilleur programme dans tous les domaines…y compris pour la défense des chrétiens d’Orient, martyrisés et, dans les faits, bien peu aidés. De plus, s’il a commis des fautes, qui effectivement ne relèvent pas nécessairement d’une qualification pénale, la manipulation, par les médias de gauche (c’est à dire tous les grands médias) et une certaine justice (celle du « Mur des cons » du syndicat de magistrature, du Parquet National Financier créé par Taubira et celle qui a persécuté Sarkozy depuis 5 ans…sans parvenir à le faire condamner en dépit, par exemple, d’écoutes téléphoniques pendant un an) doit nous interpeler.

  • Je vais voter mais une fois encore avec un malaise, une petite voix douce intérieure qui me dit tu cautionnes par ton vote un système électoral qui n’est pas bon sur le fond.

  • Pas sûr qu’il y a eu tant que ça de ces « choix fondateurs » qui sont venus d’en haut.

    Cette volonté commune, ce « plébiscite de tous les jours », émanent toujours de la base. Comme disait le grand homme : « la fraternité est spontanée ou n’est pas, la décréter c’est l’anéantir ».

    Dès qu’un sujet devient politique, il devient conflictuel car la politique s’impose à tous, de la même façon. « Les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux ».

    Tu parles d’éducation. Un bel exemple. Ne peut-on pas partir du principe que tout les parents, a priori, même les cons, même les immigrés, même les musulmans, aiment leurs enfants et veulent le meilleur pour eux? Et donc les laisser choisir leur école? Non, pas en France. Jamais en France. On sait mieux qu’eux ce qui est bon pour eux. Le résultat est catastrophique pour les élèves comme pour les profs. Tant pis. On sait mieux.

    Les extrémistes à 50% sont l’aboutissement logique de cette philosophie. Tout doit être décidé en commun et imposé à tous. Les plus intransigeants gagnent toujours à ce jeu.

    « Foutez la paix aux Français ». Pompidou avait raison. Libérons les Français de cette myriade de contraintes, interdits, obligations, formulaires, tabous, pressions, déclarations, règlements… et on verra que cet amour commun de la France subsiste encore au fond de nos coeurs. Et qu’il s’exprime de pleins de façon différentes.

    Alors on vote. Pour celui qui veut le moins imposer ses choix.

    Par simple décence.

  • Oui, on vote.
    Pour l’avenir de son pays, de ses enfants, pour protéger ses « vieux jours » et le bien des siens. On vote pour le redressement national et pour endiguer notre déclin.
    On vote aussi contre ceux qui veulent nous dresser les uns contre les autres, qui veulent un pays renfermé sur lui-même, ou qui veulent revenir au 19° siècle.
    Oui, on vote pour la confiance, la liberté, le respect. On vote

  • La France souffre toujours moins fort des crises et en sort plus lentement, ça n’a a priori pas grand chose à voir avec la politique économique conduite.

    Pas forcément d’accord avec le constat catastrophiste sur cette campagne. Il est vrai que l’issue peut en être vraiment pourrie. Et que beaucoup de noms d’oiseaux s’échangent indûment. La culture du débat ne s’est pas matérialisée brusquement en France. Mais c’est vraiment la première fois depuis bien longtemps que j’ai l’impression qu’on nous propose des choix, des vrais. On n’a pas deux versions du même programme, mais 4 ou 5 programmes assez différents. Et aucun n’est totalement nul, il y a des choses vraiment intéressantes dans tous. (A part peut-être celui du FN, mais je suis sûr qu’en cherchant bien on trouvera quelque chose).

  • Logopathe a écrit :

    La France souffre toujours moins fort des crises et en sort plus lentement, ça n’a a priori pas grand chose à voir avec la politique économique conduite.

    Je ne suis pas persuadé que la France se montre ce pays si exceptionnel dans son modèle qu’il se singularise à ce point dans toute la zone euro. En tout état de cause, la question n’est pas vraiment là car ce croisement s’est effectué en 2014 ou 2015 selon les sources, et je n’ai pas souvenir qu’il se soit produit un évènement économique majeur à cette date.

    Il faudrait croire que nous sommes brutalement rentrés dans une crise que les autres ne connaissent pas – et à rebours de ce génie national qui voudrait que nous souffrions moins, pas plus – ou que nous ne serions toujours pas sortis de la crise de 2008-2009 ?

    Il y a tout de même un moment où l’on ne peut pas évacuer toutes les comparaisons.

  • Les choix fondateurs du pays se sont rarement faits au moment de l’élection présidentielle. La seule exception est peut-être 1981, et encore le choix s’est-il révélé beaucoup moins radical que ne le pensaient les électeurs de l’époque. Les autres présidentielles ont finalement été avant tout le choix du moins mauvais type pour tenir la baraque pendant les 7, puis 5 années suivantes. Peut-être est-ce là le problème le plus lourd auquel nous sommes confrontés: du fait de nos divisions, de notre pusillanimité, de notre conservatisme, nous avons conservé au pouvoir des gens perclus de combats politiciens, arrivés là au bout de dizaines d’années de manoeuvres, de victoires sans lendemain, de traversées du désert, et qui après avoir promis beaucoup (la réduction de la fracture sociale, la rupture, la guerre à la finance…) finalement n’ont fait que des retouches à la marge.

    Alors aujourd’hui, nombreux sont ceux qui meurent d’envie de donner un grand coup de pied dans la fourmilière, de renverser la table, de les faire tous dégager, ou toute autre métaphore plus ou moins brutale. Cela s’est manifesté longtemps par le vote FN, aujourd’hui concurrencé par l’improbable M.Mélenchon qui apparaît comme un homme neuf malgré un programme fondamentalement équivalent à celui de Georges Marchais (l’écologie en étant le seul élément de modernisation).

    Tout cela est très inquiétant, et est observé avec une certaine panique chez nos partenaires et alliés. Alors, oui, on vote. Il y a quand même deux candidats dont les propositions rentrent dans la case du raisonnable, ou à peu près. Au-delà, il faut aussi se poser la question, très difficile, de l’applicabilité du programme. Aucun des deux n’aurait la vie facile pour mettre en oeuvre ses plans, ne serait-ce parce qu’avec 20-25% au premier tour il est difficile de prétendre avoir obtenu l’adhésion du pays (ce qui fut le problème de Jacques Chirac lors de ses deux victoires). L’un a perdu toute crédibilité sur le fond de son discours (le commentaire de Virgil, ci-dessus, en témoigne bien) et l’autre est un gros point d’interrogation, sur sa personne, ses alliances, et les moyens de son action. L’idéal serait de les voir ses qualifier tous les deux, afin de confronter leurs idées directement. La crainte est de les voir éliminés tous les deux, un scénario inenvisageable il y a encore quelques semaines, mais qui a de quoi causer quelques cauchemars.

    Logopathe a écrit :

    Et aucun n’est totalement nul, il y a des choses vraiment intéressantes dans tous. (A part peut-être celui du FN, mais je suis sûr qu’en cherchant bien on trouvera quelque chose).

    Je l’ai lu, et vraiment, non, je ne crois pas. Les angles ont été soigneusement polis pour faire illusion, mais les éléments clés sont toujours aussi inacceptables, Dans le reste, il y a soit de l’enfonçage de portes ouvertes, soit de l’incantation pure, mais rien qui mérite intérêt. À noter que l’inscription de la préférence nationale dans la Constitution n’est pas la seule modification proposée: il y en a pas moins de 6 autres, plus ou moins fantaisistes. Seule l’idée d’imposer le référendum pour tout changement constitutionnel trouve grâce à mes yeux: au moins cela freinerait-il l’inflation de toutes ces bidouilles dans les textes fondamentaux.

    Logopathe a écrit :

    La France souffre toujours moins fort des crises et en sort plus lentement, ça n’a a priori pas grand chose à voir avec la politique économique conduite.

    Soit, mais cela signifie aussi une faiblesse structurelle. Le graphique montré par Koz montre que vous avez en quelque sorte raison, la crise de 2007 a frappé la France moins fort que la moyenne des autres (autrement dit, nous ne sommes pas la Grèce ni l’Espagne) et nous en sommes sortis plus lentement… en fait nous n’en sommes toujours pas sortis. Au bout de 10 ans, il y a lieu de se poser des questions, me semble-t-il.

  • Dans la mesure où les courbes se croisent, il faudrait même imaginer que nous rentrerions dans la crise dix ans plus tard, tandis que les autres en sortiraient. Je veux bien aimer mon pays mais je doute fort de ce scenario.

    Gwynfrid a écrit :

    Les choix fondateurs du pays se sont rarement faits au moment de l’élection présidentielle.

    Je ne l’ignore pas, et c’est bien la raison de ma conclusion : le travail reste à faire, en dehors des scrutins. Il n’en reste pas moins que je ne suis pas décidé à prendre pour acquis l’idée que, par principe, l’on n’aborderait pas les questions fondamentales au moment des scrutins les plus importants. Le fait est, surtout, que nous les avons spécialement éludées cette fois.

  • Encore une fois j’ai une profonde admiration pour le talent et la manière comme Erwan Le Morhedec aperçoit, analyse, et présente les choses ! Merci de nous faire partager ses vues et de cette façon! Cela ne veut pas dire pour autant qu’il nous sera plus facile de choisir au moment de voter, ni au premier ni au second tour!
    Je reste inquiet pour mon pays, ma famille, actuelle et surtout à venir, car les dégâts faits lors des deux derniers quinquennats ne seront pas réparés avant des lustres, et les candidats de 2017 ne nous ont pas fait comprendre comment ils allaient s’y prendre. Sans compter que le mandat que nous allons leur confier n’est pas que pour réparer des dégâts. Comme dit l’article, pour quelle vision de notre pays? Malheureusement il y a un certain « journalisme » qui se plaît à démolir, à diviser, à s’attacher à des détails sans importance et sans lendemain, qui ne sert qu’à fausser les pistes, à discréditer, à démolir coûte que coûte. Je leur recommanderais de lire et d’appliquer les « 3 tamis » de Socrate. Et pas qu’en politique!
    Nous venons de fêter Pâques : alors, gardons espoir et comportons-nous, chacun à notre place et selon nos moyens et nos responsabilités, en hommes libres, portant et annonçant une Bonne Nouvelle autour de nous. Traduisons-là en des faits concrets!

  • Tout comme « Maman BCBG », je n’ai écouté aucun débat, et j’ai suivi cette lamentable campagne d’assez loin. Sur le blog de Patrice de Plunkett, j’ai lu cette lettre circulaire du père abbé de Sainte-Madeleine du Barroux, qui reflète totalement le fond de ma pensée :

    http://plunkett.hautetfort.com/archive/2017/04/13/presidentielle-un-abbe-benedictin-appelle-les-catholiques-au-5932469.html

    Je cite : « (…) Cette élection présidentielle est jouée d’avance. Nous ne sommes pas en démocratie. Le système nous donne le choix entre divers candidats issus du système. Nous pouvons voter pour le moins pire, mais nous avons mieux à faire. Prions pour que le Seigneur intervienne, pour qu’Il donne sa grâce et qu’Il retourne l’élu comme saint Paul sur le chemin de Damas. » Et un peu avant dans la lettre : « Cherchons d’abord le Royaume des cieux dans nos familles, nos écoles, nos associations, et le reste nous sera donné par surcroît. »

    Honnêtement : opter pour un des candidats en lice (s’agissant en tout cas des « présidentiables »), ce sera, d’une certaine façon, choisir la couleur des serviettes au repas d’enterrement de notre patrie.

    Dans le système actuel, un « candidat hors système », qui ne soit pas inféodé aux puissances d’argent, ne saurait s’imposer. Et si, par extraordinaire, tel était quand même le cas, il aurait toutes les chances de finir comme Allende…

    De toute évidence, le redressement de notre pays ne pourra résulter que de très grandes épreuves collectives… L’on veut nous faire croire que le système libéral-libertaire dans lequel nous vivons est éternel, mais, à mon sens, rien n’est moins sûr…

    A ce propos : je suis tombé sur le dernier papier du P. Yannik Bonnet.

    http://www.yannikbonnet.com/Comment-pourra-se-maintenir-le-renouveau-de-la-France-Pere-Yannik-Bonnet_a355.html

    Comme je l’ai écrit sur un autre blog, j’aurais lu cet article il y a 2-3 ans de cela (et même après…), je me serais gaussé de ce qui m’aurait semblé être le délire d’un vieux prêtre réactionnaire, ayant fumé de la moquette avec un timbre de LSD sur la langue.
    Mais là, au train où vont les choses, vu la vitesse à laquelle notre système politique est en train de s’effondrer, peut-être a-t-il raison ? Même si je n’aime pas plus que cela cette expression de « restauration de la Monarchie Catholique », Dieu n’étant pas prisonnier du passé.

  • Je ne veux pas être désagréable, d’autant que j’ai suivi avec passion ce blog et admiré sa hauteur de vue pendant des années. Mais là, sauf erreur, c’est : je n’ai rien dit mais vous m’avez compris et donc débrouillez-vous.
    Cela me rappelle trop l’attitude de l’Église de France lors de tant d’échéances politiques et sociales où elle respectait à ce point la liberté des catholiques français qu’ils ont fini, à juste titre, par s’en désinterésser.

  • NewParadigm a écrit :

    Mais là, sauf erreur, c’est : je n’ai rien dit mais vous m’avez compris et donc débrouillez-vous.

    Parce que vous avez besoin de moi pour vous donner un conseil de vote ? Je crois qu’en effet le mien est suffisamment clair dans ce billet mais, pour autant, je ne ressens pas la nécessité d’en faire un conseil, une consigne ou un soutien.

    Soit dit en passant, je ne suis pas persuadé que les catholiques se seraient désintéressés de l’Eglise parce qu’elle aurait par trop respecté leur liberté.

    @ Feld : très franchement, je n’adhère ni à l’une ni à l’autre de ces deux positions. Oui, certainement, « cherchons d’abord le Royaume de Dieu (…) et le reste nous sera donné par surcroît ». Je le dis dans toutes mes conférences actuelles et serais donc mal placé pour y trouver quoi que ce soit à redire. Mais je le dis pour ne pas surinvestir le politique, pas pour le négliger. Il faut le mettre à sa juste place, c’est tout. Nous sommes, aussi, incarnés, et le vote contribue à notre action dans le monde.

    Je ne vois pas non plus la nécessité de choisir : voter, ou prier pour l’élu.

    Je ne partage pas davantage l’idée que nous ne serions pas en démocratie. C’est, d’une part, bien excessif au regard de ce que sont véritablement les régimes non-démocratiques. D’autre part, la démocratie est peut-être un idéal, un absolu pour certains. Mais c’est surtout une forme de gouvernement. Et si l’on peut certainement dire que notre démocratie ne fonctionne pas parfaitement, qu’il y a en son sein des jeux d’influence et des manipulations, n’est-ce pas le propre de toute institution humaine ? Il n’y a que dans la Jérusalem Céleste, au temps de la moisson, que l’on ne trouvera plus que du bon grain. D’ici là, nous aurons bon grain et ivraie, et c’est dans ce champ-là que nous vivons.

    L’idée d’une restauration de la monarchie, appuyée sur une révélation à l’évêque Saint Rémi, me paraît aussi un peu cocasse. Grand dieu, je ne suis pas un contempteur de l’Ancien Régime mais que l’on vienne donc m’expliquer que la monarchie, de Clovis à Charles X, s’est avérée une forme juste de gouvernement du pays ! Que les privilèges pour les riches et les puissants s’inspiraient du Magnificat ! Que, dans la période médiévale, on se soit beaucoup prévalu de la volonté divine pour justifier des décisions politiques, certainement, mais ne retombons pas dans ces dérives. Cette formule de « vocation singulière de la France » me fait penser à ces interlocuteurs, rencontrés lors de mes conférences, qui m’expliquent que Dieu a un plan particulier pour la France, une affection particulière pour ce peuple. Si cela peut en inciter à se montrer à la hauteur de la mission qu’ils y voient, c’est un moindre mal. Mais franchement… Dieu préfèrerait les Français ? S’il y a eu un peuple élu, c’était les Hébreux. Depuis…

  • Probablement que cela n’arrivera jamais pour x raisons mais il m’arrive parfois de rêvasser à la restauration d’une monarchie constitutionnelle qui nous proposerait un projet de vie en commun basé sur la doctrine sociale de l’Eglise catholique, sur une écologie humaine, sur une ouverture au monde de demain qui est en marche; après consultation par référendum des Basques, des Bretons, des Alsaciens, des Savoyards, des Corses, des Français d’Outre mer et j’en oublie sur leur désir ou non d’adhérer à un tel projet. Probablement que cela n’arrivera jamais aussi mais nous pourrions tirer au sort par catégories socio-professionnelles nos représentants parlementaires, nos élus régionaux, départementaux, communaux. Je ne fume pas de pétard et je ne prends pas de LSD. Svp moquez vous de moi avec humour et bienveillance. 🙂

  • Bonjour

    je suis un lecteur occasionnel qui a été interpellé par vos prises de position pro-migrants très courageuses, surtout face à des cathos bien « droits dans leurs bottes » (cf l’émission sur France Culture a laquelle vous avez participé et dont vous avez fait mention dans un billet précédent).
    Par contre je trouve votre vision du programme de Mélenchon un peu biaisée : de nombreuses ONG actives dans le domaine de la solidarité (y compris le Secours catholique) ou de l’écologie ont vu dans le programme de Mélenchon non pas un délire d’extrême gauche mais bien un programme ambitieux et cohérent, dont je vous invite à faire la lecture :
    https://blogs.mediapart.fr/georges-ledoux-lanvin/blog/160417/presidentielles-2017-revue-des-etudes-de-20-ong-et-experts-les-avis-sont-unanimes

  • La probabilité pour que je vote Mélenchon est à peu près nulle. Je vous concède ne pas avoir consacré une attention très précise à son programme, comme à celui de François Asselineau (oui, je suis taquin) mais, à vrai dire, il ne serait pas nouveau que la gauche néo-communiste propose des idées généreuses dont la réalisation s’avère catastrophique. Par ailleurs, je n’ai pas pris connaissance attentivement du lien que vous évoquez mais, en regardant un programme que je connais un peu mieux, je dois noter que, si mon approche est biaisée, la leur n’est pas pleinement honnête. Dire que François Fillon propose la suppression de l’AME (ce à quoi je suis opposé), sans préciser la suite de sa proposition : « et la remplacer par une dispense de frais de santé limitée à la prise en charge des mineurs, des urgences et des maladies infectieuses, dans les établissements de santé agréés », cela ne me paraît pas très correct.

  • Pour moii ce sera Fillon, sans surprise.

    Même si tout ce qui a été dit sur lui est vrai, ça le place à un niveau de vertu supérieur à celui que j’accorde au politicien moyen.

    Maintenant, c’est le seul capable de dire : « je désapprouve ça mais je ne l’interdirait pas » ou « je suis en faveur de ça mais je ne l’imposerai pas ». (Lire à ce sujet le texte de Macé-Scaron dans le Figaro)

    On a cruellement besoin de ça.

  • Lib a écrit :

    Même si tout ce qui a été dit sur lui est vrai, ça le place à un niveau de vertu supérieur à celui que j’accorde au politicien moyen.

    Sur Fillon, on a raclé tous les fonds de tiroir. On sait probablement tout ce qu’il y a à savoir.

    Rien n’est moins certain pour les autres…

  • Lib a écrit :

    Très bon papier de Gaspard Koenig.

    J’aime beaucoup cette idée de démocratie liquide.

    L’auteur picore dans tous les programmes pour en tirer un ou deux points pour chacun qui vont dans le sens de ses propres préférences idéologiques. C’est peut-être une consolation pour lui, mais j’y vois surtout un exercice de wishful thinking. Quant à la notion de démocratie « liquide », c’est une construction intellectuelle intéressante sur le plan théorique. Il faudrait la voir à l’oeuvre au sein d’une organisation, un parti politique par exemple. Mais il me semble que les promoteurs de l’idée se font quelques illusions sur la nature de la responsabilité politique, en la réduisant à une simple série de décisions.

    Même si tout ce qui a été dit sur lui est vrai, ça le place à un niveau de vertu supérieur à celui que j’accorde au politicien moyen.

    Tu places la barre bien bas, alors. Je n’ai pas encore atteint ce niveau de cynisme, je suppose.

    jean Seb a écrit :

    de nombreuses ONG actives dans le domaine de la solidarité (y compris le Secours catholique) ou de l’écologie ont vu dans le programme de Mélenchon non pas un délire d’extrême gauche mais bien un programme ambitieux et cohérent

    J’ai jeté un coup d’oeil, et je ne suis pas tellement surpris par le résultat. M.Mélenchon a certainement fait plus d’efforts que les autres candidats pour intégrer les propositions d’ONG qui luttent contre la pauvreté. Par ailleurs, ces ONG ont beaucoup de demandes politiques qui ne s’arrêtent pas à la protection des plus faibles, mais vont carrément dans le sens des positions de la gauche en général (sur la progressivité de l’impôt et la régulation de la finance par exemple, c’est très net dans le document d’Oxfam). Il n’en reste pas moins que son programme de gauche traditionnelle, très années 70, conduirait à la fin de l’Euro, à la sortie de l’Union Européenne, et au blocage de l’économie. Cela ne lui laisserait alors aucune ressource politique ou financière pour mettre en oeuvre les propositions généreuses si soigneusement mises au point par ses partisans.

  • Gwynfrid a écrit :

    Mais il me semble que les promoteurs de l’idée se font quelques illusions sur la nature de la responsabilité politique, en la réduisant à une simple série de décisions.

    Je pense qu’ils sont très conscients de ce qu’est le pouvoir politique (cf. mon opinion du politicien moyen) et voudraient justement le réduire à une série de décisions prises en vertu d’un mandat explicite.

  • Je viens de réaliser que les sondages de 2e tour donnent Mélenchon largement vainqueur sur Fillon.

    Enorme faillite morale de la gauche.

    La radicalisation, la normalisation, la banalisation, la compromission avec le mal, elles sont là et nulle part ailleurs.

    Toutes ces années, ces décennies de négationnisme historique, de presse partisane, de people « engagés », de profs politisés, de complaisance avec la violence dès lors qu’elle est de gauche, de « reductio ad hitlerum » de tous, rigoureusement tous, les candidats de droite modérée, aboutissent à ce 58-42 pour Mélenchon.

    Pauvre France.

  • Gwynfrid a écrit :

    Tu places la barre bien bas, alors. Je n’ai pas encore atteint ce niveau de cynisme, je suppose.

    Je n’ai pas d’illusions sur l’homme Fillon.

    Mais mon problème n’est pas de porter un jugement moral « objectif » sur l’homme. je laisse cela à Dieu.

    Mon problème est de choisir un Président. Et si je n’ai pas d’illusions sur Fillon, je n’en ai pas moins sur Macron et son camp dont la seule vertu est d’être protégé par un système médiatique qui a choisi son camp.

    On peut voter contre Fillon parce qu’on n’est pas sur sa ligne politique, parce qu’on n’aime pas son programme. Pour des raisons « morales », c’est se la raconter.

  • @ Gwynfrid:
    Sinon, Gwynfrid, disons que c’est la campagne qui tape sur les systèmes, mais quand on espère plus que toi, on se fait des « illusions » et quand on espère moins que toi on est « cynique ».

    Tu as peut-être raison. Mais peut-être est-ce être créatif ou optimiste dans le premier cas et réaliste ou prudent dans le deuxième.

    En tous cas, ça vaut le coup de l’envisager.

  • Aristote a écrit :

    Mon problème est de choisir un Président. Et si je n’ai pas d’illusions sur Fillon, je n’en ai pas moins sur Macron et son camp dont la seule vertu est d’être protégé par un système médiatique qui a choisi son camp.

    On peut voter contre Fillon parce qu’on n’est pas sur sa ligne politique, parce qu’on n’aime pas son programme. Pour des raisons « morales », c’est se la raconter.

    Nous avons déjà eu cet échange, où vous m’avez implicitement renvoyé dans le camp des moralisateurs. Je vais donc me répéter: mon jugement sur François Fillon n’est pas d’ordre moral, mais d’ordre politique. En matière politique, la morale est inopérante, sauf comme instrument rhétorique.

    Si je repousse le vote Fillon, c’est parce que je juge que François Fillon est en faillite politique, et a conduit son parti à la faillite politique. Cela se mesure, comme le remarque Lib, dans les sondages de second tour où il est écrasé par M.Mélenchon, et aussi ceux où il est – de loin! – celui des candidats dont la victoire face à Mme Le Pen serait la plus incertaine.

    Lib a écrit :

    Je viens de réaliser que les sondages de 2e tour donnent Mélenchon largement vainqueur sur Fillon.

    Enorme faillite morale de la gauche.

    Sauf que c’est la droite qui est structurellement majoritaire dans notre pays, et l’a toujours été. Une élection « normale » entre deux candidats génériques donnerait quelque chose comme 52-48 pour celui de droite. Avec un président sortant de gauche en situation d’échec, le candidat de droite a un boulevard devant lui. M.Fillon était justement dans cette situation au mois de janvier.

    Donc… si un second tour Mélenchon-Fillon tourne aussi nettement à l’avantage du premier… c’est que ce sont les voix de droite qui manquent à M.Fillon. Celles de gauche se rassemblent sur une vision irréaliste et incantatoire, ce qui n’est pas bien malin, mais ne fait pas une majorité. C’est donc la droite qui déserte son candidat. Pour n’avoir pas su remplacer son champion par un autre moins démonétisé, le parti LR est entraîné dans sa chute. Il n’a pas rempli le rôle le plus important d’un parti dans notre système présidentiel: sélectionner un candidat viable. Je note que le PS est lui aussi en état d’échec complet sur ce plan. Le constat de la décomposition de nos grands partis n’est pas original, mais il n’a jamais été aussi criant qu’aujourd’hui.

    En ce qui me concerne, je suis en accord partiel avec le programme de M.Fillon, ainsi qu’avec celui de M.Macron; et en opposition totale avec ceux de M.Mélenchon et Mme Le Pen. Sur cette base, dans une situation normale je choisirais sans doute le candidat le plus expérimenté, le plus assis politiquement, le plus sérieux dans son approche, et le plus solide pour écarter les extrêmes (de droite, ou de gauche…) au second tour. Malheureusement, il a lui-même, par ses actions passées et plus encore par son attitude présente, jeté aux orties ce qui faisait son avantage politique. Il ne me reste donc que le vote pour M.Macron, qui n’est pas très rassurant – un choix par défaut, comme d’habitude.

    À propos de l’idée de « démocratie liquide »:

    Je pense qu’ils sont très conscients de ce qu’est le pouvoir politique (cf. mon opinion du politicien moyen) et voudraient justement le réduire à une série de décisions prises en vertu d’un mandat explicite.

    C’est là le point faible. C’est peut-être dommage, mais le rôle du politique n’est pas seulement de prendre des décisions en notre nom. Il est de représenter la communauté qui l’a élu, sur le plan symbolique d’abord, et plus pratiquement dans ses relations avec l’extérieur. Le Maire préside aux mariages, au nom des habitants de la commune. Le Président incarne la nation face aux dirigeants étrangers. Etc. Cette fonction intrinsèque ne peut pas être « liquide ».

    @ Gwynfrid: Sinon, Gwynfrid, disons que c’est la campagne qui tape sur les systèmes, mais quand on espère plus que toi, on se fait des « illusions » et quand on espère moins que toi on est « cynique ».

    Hé, hé, ce n’est pas faux! Je reconnais cette contradiction. De ton côté, ne crois-tu pas que tu oscilles entre le pessimisme le plus noir lorsque tu regardes la classe politique présente, et l’optimisme le plus béat lorsque tu imagines un système rêvé? L’un informant l’autre, bien entendu. Cela dit, c’est aussi en rêvant qu’on avance. Je serais tout à fait partisan de tester le système « liquide » à petite échelle. Je me demande juste comment on fait pour le rôle de figure de proue de la Nation, qui reste nécessaire au-delà des décisions techniques.

  • Merci Koz pour cette invitation au débat, même si nous sommes souvent en désaccord. J’ai eu l’occasion de dire sur ce blog, bien avant les révélations que l’on sait, pourquoi F. Fillon n’a pas selon moi les qualités requises pour la fonction de président de la République. Au premier tour mon choix se portera sur Benoît Hamon même s’il devait tomber à 3% dans un ultime sondage. En cas de second tour Fillon-Mélenchon, peu probable mais pas impossible, je voterai Mélenchon sans la moindre hésitation malgré plusieurs sérieux désaccords avec son programme…

  • Je prends le risque d’écrire des idioties et je ferai mieux sans doute d’attendre demain soir pour écrire ce commentaire.

    Je trouve que les primaires de la gauche et de la droite c’est pas terrible. Cette manière de faire divise, désunit, détruit. L’UMP et le PS me semblent désormais mal en point. J’ai perçu les primaires comme une machine à perdre. Je n’y ai pas participé.

    Un proverbe espagnol affirme que nul ne sait ce qu’est la guerre s’il n’y a son fils. Notre fils n’est pas encore à la guerre mais il vient de s’engager dans les paras. Tout prend une nouvelle dimension pour nous qui l’aimons.

  • Gwynfrid a écrit :

    Pour n’avoir pas su remplacer son champion par un autre moins démonétisé, le parti LR est entraîné dans sa chute. Il n’a pas rempli le rôle le plus important d’un parti dans notre système présidentiel: sélectionner un candidat viable.

    J’ai comme un doute. Il me vient à l’esprit que le timing de l’affaire Fillon, dont vous ne me ferez pas croire qu’il tient tout du hasard, avait exactement cet objectif. Les faits, anciens, non dissimulés, ayant cessé en 2013, pouvaient parfaitement être sortis par exemple au début de la campagne pour la primaire.

    Si les crimes de Fillon tranchaient par rapport aux petites habitudes des politiques de tout bord, je me dirais que les LR l’auraient bien cherché. Mais non, et je répugne fortement à récompenser les auteurs d’une manoeuvre de basse police, quels qu’ils soient, en leur livrant la tête de Fillon.

    S’il est élu en dépit de l’ouragan de l’affaire Fillon, il aura la légitimité requise pour gouverner. Et on peut être raisonnablement assuré qu’il n’y aura pas grand chose de plus à apprendre sur Fillon.

  • Le commentaire de Gwynfrid me paraît être une évidence. La manoeuvre d’une certaine justice et des médias, très bien et très rapidement informés, a consisté à couper à la droite et au centre toute voie de repli. Qui peut croire que ces révélations, de plus bien cadencées dans le temps, soient sorties par hasard en janvier… après (et surtout pas avant !) que la droite républicaine a choisi son candidat ?
    Le traitement médiatique et judiciaire infligé à SARKOZY (qui n’est toujours pas condamné après 5 ans de pouvoir socialiste, un an d’écoutes téléphoniques, l’accès illégal à ses archives de président, un intense pilonnage médiatique…) doit inciter à la prudence.
    François FILLON a la légitimité acquise par sa victoire à la primaire qui s’est très bien déroulée et a mobilisé 4,3 millions de français. Quelle légitimité ont France Télévision, le Canard Enchaîné ou le juge TOURNAIRE pour décider qui doit être le candidat des républicains ? Il suffirait donc d’attaquer…
    Pour le remplacer quelle légitimité a M. JUPPE, en dépit de ses qualités, largement battu à la primaire ouverte de la droite? Lui candidat les mêmes médias auraient rappelé sa condamnation avec inéligibilité pendant quelques années. Ceux qui les informent (et sur lesquels les médias ne se posent pas de question ! ) auraient bien déniché une affaire le concernant ou touchant son entourage (en cherchant bien.. personne n’est totalement irréprochable… avec un emballage adapté une petite affaire peut être présenté comme très grave). Quelle autre leader de la droite ou du centre a plus de légitimité que M. FILLON qui n’a jamais été condamné… et, a priori, ne concevait pas d’être mis en examen avant de prendre la mesure de l’affaire?
    Ce qui compte c’est le programme: le redressement économique de notre pays, la préservation de nos valeurs, la lutte contre le terrorisme islamique. 3 thèmes fondamentaux pour notre avenir. La réussite ou l’échec déterminera l’arrivée ou non d’extrémistes au pouvoir.

  • Aristote a écrit :

    Si les crimes de Fillon tranchaient par rapport aux petites habitudes des politiques de tout bord, je me dirais que les LR l’auraient bien cherché. Mais non, et je répugne fortement à récompenser les auteurs d’une manoeuvre de basse police, quels qu’ils soient, en leur livrant la tête de Fillon.

    C’est vous qui l’avez souligné – la question est de choisir un Président, pas de faire la morale. Se demander qui doit être récompensé ou puni, c’est faire de la morale. Je ne veux pas spécialement punir M.Fillon, c’est aux juges de décider s’il y a lieu de le faire. Je veux choisir un candidat qui 1) propose des réformes qui vont dans le bon sens pour le pays, 2) est le plus légitime pour engager lesdites réformes et obtenir l’appui des Français, 3) est le plus à même de battre Le Pen (ou Mélenchon!) au second tour. Mon opinion est qu’il y a débat sur le point 1, que le mieux placé est Emmanuel Macron sur le point 2, et qu’il n’y a pas photo sur le point 3. François Fillon, qui détenait l’avantage sur tous les plans avec une avance considérable, l’a perdu. Non pas tant par les faits eux-mêmes, mais surtout par sa réaction lors des semaines qui ont suivi sa mise en cause. Non seulement il s’est mal défendu, ce qui est pardonnable, mais il a choisi une stratégie de la terre brûlée irresponsable, qui rendrait l’atmosphère irrespirable s’il était élu et plomberait tout le quinquennat.

    S’il est élu en dépit de l’ouragan de l’affaire Fillon, il aura la légitimité requise pour gouverner. Et on peut être raisonnablement assuré qu’il n’y aura pas grand chose de plus à apprendre sur Fillon.

    Sur les deux points, j’aimerais en être sûr, mais ce n’est pas le cas, loin s’en faut.

    Une autre façon de voir les choses est de regarder les impacts directs de l’élection. Par exemple, la question suivante: quel vote au premier tour a les meilleures chances de sauvegarder l’existence même de l’euro?

  • @ Gwynfrid:

    Sur le point 2, je ne suis pas d’accord. Macron est à la tête d’une coalition hétéroclite, dont le gros des troupes est représenté par l’équipage du Titanic Hollande qui a embarqué sur la chaloupe Macron en abandonnant les passagers. Macron, c’est la continuation de la ligne Chirac/Hollande/Juppé.

    J’ai dîné il y a peu avec un administrateur de l’Assemblée nationale (pas un assistant parlementaire !), un des fonctionnaires chargés d’assister les députés. Sa sensibilité politique est disons Valls/Bayrou. Il votera pour Fillon car pour lui il est évident que Macron n’aura pas de majorité pour faire quoi que ce soit, et que la France ne peut attendre 5 ans.

    Pour le deuxième tour, Fillon bat Marine, avec une marge proche de celle de Macron selon les derniers sondages. Pour ce qui est de Mélenchon, l’hypothèse Fillon-Mélenchon est tellement « far out » que les sondages ne veulent pas dire grand chose.

  • Gwynfrid a écrit :

    Non pas tant par les faits eux-mêmes, mais surtout par sa réaction lors des semaines qui ont suivi sa mise en cause

    D’accord avec vous.

    Clairement il ne s’y attendait pas.

    Est-ce un crime ?

  • Gwynfrid a écrit :

    mais il a choisi une stratégie de la terre brûlée irresponsable, qui rendrait l’atmosphère irrespirable s’il était élu et plomberait tout le quinquennat.

    Pour vous, le plan B, c’était quoi ?

    Ceux qui ont alimenté le Canard ont voulu placer Fillon dans cette seringue.

  • @ Gwynfrid:
    Ce qui m’effare réellement à la lecture de vos posts c’est de voir que vous êtes complètement manipulé. Vous réagissez exactement comme le prévoyaient les magouilleurs de « l’opération de basse police » dont parle Aristote.

  • Eh bien pour moi il est hors de question de voter pour quelqu’un qui avait un boulevard devant lui pour être élu il y a 3 mois,s’est dépeint comme un chevalier blanc de la politique et qui n’a même pas le courage de respecter ses engagements solennels. Ce comportement est absolument inadmissible à mes yeux.
    Quant à son programme,lequel est effectivement loin d’être un torchon je m’étonne tout de même que concernant l’assurance maladie les premières déclarations soutenues ,sans doute, par le plus grand des hasards bien sûr, par Monsieur de Castries se soient soudainement volatilisées.De même lorsque je vois le soutien sans défaillance du Figaro à ce personnage ce la ne m’encourage guère.à voter pour lui.
    sans doute va-t-on me faire le reproche de mélanger la morale et la politique mais autant je trouvais absolument grotesque de s’intéresser aux galipettes de Bill Clinton autant il m’est impossible de faire confiance à un homme qui a l’indécence d’avouer qu’avec 25000 euros mensuels il n’arrive pas à mettre de l’argent de côté t il faudrait croire que c’est cet homme-là qui va redresser le pays?
    Oh bien sûr,Monsieur Macron est bien flou et peut être aura-t-il bien du mal à construire une majorité autour de lui, mais je pense que si l’on veut se débarrasser de tous ses politiciens que ‘l’on voit depuis 40 ans et en même temps empêcher l’accès au pouvoir de MLP c’est par lui qu’il faut passer sans le prendre bien sûr pour »l’homme providentiel » pour autant

  • A voté.

    … Après trois heures et demie de queue au consulat. Si la participation est en baisse, au moins ne sera-ce pas du fait des Français de l’étranger. On dira que la démocratie, ça se mérite 🙂

  • La victime est désignée et condamnée

    Droite ou gauche, Europe ou nations, libre-échange ou protections, accueil ou rejet des immigrés, croissance ou décroissance, etc… nos 11 candidats diffèrent sur presque tout. Mais ils sont unanimes ou presque unanimes, et nous autres électeurs avec eux, sur un point, la laïcité, c’est-à-dire le rejet de la religion hors de la sphère publique. Cette unanimité n’est-elle pas avérée, manifeste ? Or, comme toute unanimité, elle est suspecte. De quoi est accusée la religion pour être ainsi condamnée, unanimement, sans appel ? De mensonge bien sûr, de superstition, de dogmatisme, les chefs d’accusation ne manquent pas.

    Cependant, cette capacité que nous avons à douter, et donc à échapper à l’idolâtrie, et par là-même à distinguer, objectivement, le vrai du faux, le rationnel et l’irrationnel, le juste de l’injuste, le bien du mal, ne nous vient-elle pas en ligne droite de la pensée hébraïque et évangélique ?

    En la rejetant comme nous le faisons, en l’assimilant aux idolâtries qu’elle dévoile, en oubliant à son endroit les bienfaits appris d’elle du doute, nous retombons, aveuglément, dans toutes sortes d’idolâtries. Nos idoles les plus visibles sont bien connues : l’argent, la réussite, la force… on peut leur ajouter la raison, la science, la technique, et aussi l’Europe et l’euro pour les uns, l’identité et la patrie pour les autres, et pour tous la laïcité elle-même, devenue sacrée, intouchable.

    Nous sommes imprégnés, profondément et indissolublement imprégnés, dans nos principes, dans nos lois, dans nos émotions et sentiments, dans nos opinions, du savoir anthropologique incomparable qui nous vient de la pensée hébraïque et évangélique, ou « judéo-chrétienne ». La devise de la république, « liberté, égalité, fraternité », la Déclaration des Droits de l’Homme, à l’origine présentée à la façon des Tables de la Loi, sont parmi les traces les plus notoires de cette imprégnation.

    En la niant, nous nous interdisons de penser droit, de voir les choses comme elles sont, de trouver le bon chemin.

    Nous avons 11 candidats mais aucun pour prendre la défense de la religion – de Dieu – victime injustement condamnée. Son sacrifice est supposé nous sauver, il nous perd.

    Onze candidats également idolâtres : comment voter ?

  • Denis Monod-Broca a écrit :

    La victime est désignée et condamnée

    Nous avons 11 candidats mais aucun pour prendre la défense de la religion – de Dieu – victime injustement condamnée. Son sacrifice est supposé nous sauver, il nous perd.

    Onze candidats également idolâtres : comment voter ?

    Pour ma part : un des « petits » candidats au premier tour. Tout sauf Macron au second. Avec, selon toute probabilité, une énorme pince à linge sur le nez… et, au final, le sacrement de réconciliation.

  • Les résultats viennent de tomber…

    Seigneur, Seigneur, pourquoi nous as-tu abandonnés ? Dans 15 jours, selon toute vraisemblance, le candidat de l’oligarchie sera chef de l’Etat. L’alliance de la finance mondialisée et de l’extrême-gauche sociétale. A gerber…

    (certains me diront : t’avais qu’à voter Fillon, mon gars. J’ai voté en conscience , désolé. Pour un homme de bien, qui a fait 0,80 %. Les Français sont vraiment des veaux)

  • Mais non Feld les Français ne sont pas des veaux. Beaucoup de Français n’ont pas voté Macron. Dieu n’est pour rien dans le résultat de ce soir. En démocratie pour vaincre il faut convaincre. Les vaincus n’ont pas convaincu. La vie va continuer malgré tout.

  • Bravo à Emmanuel Macron et ses équipes qui ont fait une belle campagne. Je voterai sans hésiter pour lui au second tour. Je pense qu’il est un homme courageux, énergique, représentant une gauche moderne.

    Personne ne le dit, alors je le dis ici : François Hollande porte une responsabilité écrasante dans la foudroyante croissance des extrêmes dans notre pays. Les partis extrémistes (FN, FdG, LO, NPA, UPR) sont passé de 31% à 44% pendant son quinquennat. C’est encore plus inquiétant si on tient compte de la démographie : les jeunes votent majoritairement FN/FI aujourd’hui en France. Noter que le PS au pouvoir est toujours une bénédiction pour le FN : il est né électoralement sous Mitterrand, est arrivé au second tour sous Jospin et est devenu le premier parti de France sous Hollande.

    On a souvent eu ici même une discussion pour savoir si l’élection de 2012 signifiait le rejet du sarkozysme. Cette année Hollande n’a même pas pu se présenter pour défendre son bilan. En 2012, Sarkozy s’est présenté, est allé au 2nd tour, et ne s’est incliné que 51,3 à 48,6. En pleine crise financière. Si 2012 signifiait le rejet du sarkozysme, qu’est 2017 pour le hollandisme?

    Et pourtant François Hollande est satisfait ce matin. Son poulain a gagné, son plan a fonctionné. Le FN qu’il a soutenu est passé devant la droite modérée qu’il a torpillée. Hollande est bien le grand shaman des magouilles politiciennes.

    Et c’est là que réside mon inquiétude sur le quinquennat qui vient. Quelle part de Hollande retrouve-t-on dans Macron?

    Il est très difficile de savoir ce que Macron a dans le ventre, il n’a pas été challengé dans la campagne. S’il échoue et applique la stratégie classique du PS (alliance avec l’extrême gauche, promotion de l’extrême droite, diabolisation de la droite pour masquer son échec économique et social), nous risquons vraiment le 2e tour FN/FI. S’il fait siennes les combines juridico-mediatiques de Hollande pour disqualifier l’opposition, nous l’aurons à coup sûr.

  • On n’est pas sorti de l’auberge.

    Il n’est pas absolument certain qu’EM gagne contre MLP, et qui que ce soit, le prochain président sera très mal élu, avec en prime une assemblée à la majorité incertaine.

    Si seulement on était certain que l’échec de FF était seulement du aux « affaires ». Ont aussi voté pour EM tous ceux qui ne s’en tirent pas trop mal dans le « modèle français », et ne veulent pas qu’il soit remis en cause. En Marche est en fait le mouvement de l’immobilisme. Ceux qui souffrent vraiment se laissent séduire par les extrêmes de droite comme de gauche, ce qui empêche qu’émerge une majorité pour des réformes profondes mais sensées.

    NS avait une opportunité en 2007…

    A quand la prochaine ? Sinon pour moi, du moins pour mes enfants.

    Je voterai Macron bien sûr. Contraint et forcé.

  • Nombre d’électeurs de droite de mon entourage ont fait primer leur rejet des « affaires » Fillon sur le contenu de son programme. Il y a sans doute aussi eu une cassure entre les générations : celle des retraités qui sont passés sur les affaires en pensant que l’essentiel n’était pas là ; celle des 30-40 ans, leurs enfants, qui ont été beaucoup plus sensibles à ça, et se sont tournés vers Macron (alors qu’ils étaient de droite conservatrice au départ…). Même si Macron semble un peu moins pire que Hollande, son « progressisme » auto-proclamé risque de tourner à vide.

  • Il y a un soulagement, d’abord, car nous ne sommes pas confrontés au second tour à un choix entre Charybde et Scylla. Mais il y a aussi de l’inquiétude: nous ne sommes pas passés si loin. Je souscris, Lib, à ton analyse de la montée des extrêmes. À une nuance près: le vote Mélenchon a représenté un vote utile, pour la gauche qui souhaitait être représentée au second tour sans pour autant approuver son programme, ou même le connaître (soit dit en passant, c’était le seul candidat qui demandait un paiement pour accéder à la description complète de ses propositions!) Je ne crois pas qu’il existe une véritable adhésion de 19% des Français aux thèses chavistes. Cela dit, il y a une porosité entre les différentes composantes de la gauche, où les rêves extrêmes font moins peur qu’à droite, et ce n’est pas rassurant pour 2022.

    D’accord aussi sur l’incertitude. En effet, Emmanuel Macron n’a pas été scruté sur le fond. Les reproches qui lui étaient faits sur les aspects flous et attrape-tout de son programme étaient valides, mais ne faisaient qu’égratigner la surface. Il y aussi des incertitudes sur sa personnalité, encore très peu connue. J’ajouterai l’aspect aléatoire: oui, sa campagne était bonne, mais il a bénéficié d’un concours de circonstances incroyable, en plus d’une analyse juste de la situation politique. Refuser de passer par une primaire était le choix malin, ce que presque personne n’avait vu. Mais il lui a quand même fallu une bonne part de chance.

    Donc, pour la suite… va-t-il réussir à rassembler autour de lui? Ou bien les vieux partis vont-ils se barricader dans leurs donjons en attendant son échec? Les « nouveaux visages » promis vont-ils convaincre? On perçoit évidemment la nécessité d’une recomposition politique pour balayer les vieux appareils rouillés. Mais le processus n’est pas gagné d’avance, et un échec nous amènerait encore plus près du chaos.

    Aristote a écrit :

    En Marche est en fait le mouvement de l’immobilisme.

    Je comprends que vous soyiez amer, mais là, vous êtes à côté de la plaque. Relisez le programme du candidat. Vous pouvez dire qu’il n’est pas réaliste, qu’il est insuffisant, ou qu’il n’arrivera pas à le mettre en oeuvre. Mais certainement pas le taxer d’immobilisme.

  • Gwynfrid a écrit :

    Je comprends que vous soyiez amer, mais là, vous êtes à côté de la plaque. Relisez le programme du candidat.

    Relisez mon post. je ne parle pas du programme d’EM, mais de ses électeurs, qui sont pour moi les partisans du statu quo, contre les folies des extrêmes et la radicalité assumée, et que l’on peut juger incantatoire, du programme de FF. Ce sont les gagnants du système actuel.

    J’ai été 15 ans partenaire d’un des plus grand cabinets de conseil de la place de Paris, travaillant en direct avec les PdG du CAC 40. Mes anciens collègues avec qui j’entretiens des rapports amicaux me disent que beaucoup de patrons ont voté pour EM pour deux raisons. D’abord, ils étaient inquiets des vagues qu’aurait pu soulever la mise en oeuvre du programme de FF. Ensuite les réseaux patronaux (Inspection des finances, etc.) sont en bien meilleure prise sur le système Macron que sur le système Fillon. Leur accès au pouvoir est ainsi mieux garanti.

    Tout le monde ne pense pas que ce résultat doit nous soulager.

    http://institutdeslibertes.org/commentaire-a-chaud-le-plus-dangereux-des-resultats/

  • Bonjour,
    Je lis dans votre billet, Koz:
    « je lis dans La Croix (je dis bien La Croix, pas même Le Figaro) que sa ligne économique se place dans la continuité de la ligne défaillante du quinquennat finissant »

    En réalité l’adjectif « défaillante » a été inséré par vous et ne reflète pas la tonalité de l’article. Plus intéressant, La Croix résume le programme de Macron en quelques points qui ressemblent beaucoup à ceux du candidat qui était perçu comme « le seul à pouvoir redresser la France » par certain, c.à.d. « de nouvelles baisses des charges accompagnées d’une libéralisation du marché du travail, un plan de relance de l’investissement et de nouvelles coupes dans les dépenses publiques ».

    Il m’intéresserait donc de savoir quels points du programme économique de Macron vous pose problème. Derrière cette question en viens une autre, dans la mesure où l’absence de majorité pour gouverner était pointée comme une autre faiblesse de Macron: ceux qui craignaient le manque d’une majorité parlementaire vont-ils militer pour la constitution de cette majorité en cas d’élection de Macron (en particulier ceux qui espéraient voir appliquer le programme de FF)? Ou bien vont-ils contribuer à la réalisation d’un risque qu’ils ont eux-même dénoncé?

    Cette situation me rappelle beaucoup les législatives qui ont suivi l’élimination de Jospin au premier tour. A l’époque le RPR se rebaptise dans l’urgence « UMP » et fait campagne avec un argument quasi-unique: non à la cohabitation. Argument que j’ai toujours trouvé absurde (mieux vaut un bon gouvernement de cohabitation qu’un mauvais gouvernement) mais qui avait fonctionné à merveille à l’époque.

  • Gatien a écrit :

    En réalité l’adjectif « défaillante » a été inséré par vous

    Quand on cite, on met des guillemets, gros. Il n’y a pas de guillemets : ce n’est pas une citation. Il n’y a pas lieu d’introduire par « en réalité ».

  • « En réalité »: contrairement à une lecture possible (naturelle à mes yeux, mais erronée) de votre phrase, lecture selon laquelle La Croix qualifie la politique économique précédente de catastrophique.

    Je n’impliquais pas un faux-sens volontaire. Toutes mes excuses si ça sonnait comme un reproche.
    En espérant que ce n’était pas votre réponse sur le fond… 😉

  • Bonsoir,

    je suis plutôt satisfait du résultat, et je souhaite qu’Emmanuel Macron soit élu, et qu’il ait une majorité, probablement plurielle, qui lui permette de gouverner.

    Je crois que beaucoup des lecteurs de ce blog se fourvoient sur les possibilité que la politique offre pour définir des valeurs, dans un pays divers qui comprend quelques millions de catholiques pratiquants, probablement autant de marxistes anti-cléricaux et de musulmans pratiquants qui ne sont pas d’accord sur grand chose, et même pas pour certains sur l’importance de la démocratie. A mon avis, les valeurs communes se résument au respect du travail, à l’honnêteté, la justice sociale, et à une certaine courtoisie qui permet à toute cette diversité, qui est une richesse, de vivre ensemble. Emmanuel Macron incarne pour moi ces valeurs aussi bien que le(s) autre(s) candidat(s) non populiste(s).

    L’économie étendue est pour moi le sujet principal de cette élection. Dans ce domaine, je ne crois pas aux recettes magiques, et tous les pays qui ont réussi ces dernières années, ont appliqué une variante du programme (certes vague) d’Emmanuel Macron ou de celui, plus précis, de François Fillon. Il me semble injuste de reprocher à Emmanuel Macron l’intégralité du quinquennat de François Hollande, à laquelle il a certes participé, mais évidemment sans remporter tous les arbitrages.

    Certes, aucun candidat n’est parfait, et le déballage des affaires est sans doute injuste pour François Fillon. Néanmoins, la façon dont la campagne de droite a été gérée me rend assez pessimiste sur la capacité de François Fillon, et de son parti, à vendre ses réformes à l’opinion.

    Je serais assez satisfait si la conclusion de cette élection était la composition d’une grande force centriste sociale libérale cohérente (honnêtement, y-a-t-il le moindre sens à ce que Gérard Collomb et Alain Juppé soient dans deux partis différents ?).

  • Aristote a écrit :

    Relisez mon post. je ne parle pas du programme d’EM, mais de ses électeurs, qui sont pour moi les partisans du statu quo, contre les folies des extrêmes et la radicalité assumée, et que l’on peut juger incantatoire, du programme de FF. Ce sont les gagnants du système actuel.

    Pour commencer, vous faites là un procès d’intention. Faire partie des gagnants d’un système n’implique pas que l’on refuse de l’améliorer. D’autre part, vous faites erreur sur la catégorie. L’analyse sociologique et géographique du scrutin montre que les électeurs de M.Macron sont parmi les gagnants non pas du système français tel que vous le définissez, mais bien de l’économie mondialisée: ce sont les cadres, ceux qui ont un haut niveau d’études, les citadins, les acteurs de la révolution numérique, etc – qui s’opposent au vote Le Pen, fort dans les campagnes, les vieilles régions industrielles en crise et les petites villes abandonnées par les services publics et menacées par la concurrence internationale. L’exemple le plus criant est celui des Français de l’étranger (dont votre serviteur), qui ont mis M.Macron en tête à 40% (presque 50% chez moi, je ne peux prétendre être un original…) et lui ont permis d’arrondir son score final à 24%: ces Français-là ne bénéficient pas du système, puisqu’ils l’ont quitté avec le pays. Mais ils bénéficient bien sûr de la plus grande liberté de circulation et de commerce du monde actuel. Cela ne veut pas dire qu’ils refusent la réforme. Mais, très clairement, ils rejettent une réforme qui consisterait à jeter l’Europe aux orties et à fermer les fenêtres sur l’extérieur. Se sont-ils trompés? L’avenir le dira. Je ne me fais bien sûr aucune illusion sur la nature du pouvoir, et sur ceux qui espèrent en bénéficier. Mais j’ai espoir que cette injection de sang relativement neuf dans notre classe politique sclérosée permettra de résoudre au moins une petite partie des blocages français.

    Tout le monde ne pense pas que ce résultat doit nous soulager.

    Désolé, mais le billet que vous citez, outre son orthographe incertaine, ne présente pas les caractéristiques d’une argumentation sérieuse. D’abord, il reprend la notion complotiste de « coup d’État judiciaire », qui a contribué à couler la crédibilité de François Fillon. Surtout, quelqu’un de droite qui considère que le 2e tour Macron-Le Pen est « de loin le résultat le pire parmi la palette des possibilités » est soit un révolutionnaire qui s’ignore, soit quelqu’un qui n’a pas suffisamment réfléchi à ses propos.

  • Le « coup d’État judiciaire », qui a contribué à couler la crédibilité de François Fillon ne doit pas faire oublier pour autant la multiplication des candidats de droites aux élections présidentielles 2017. Les voix prises par Dupont Aignan et Lassalle par exemple ont manqué à FF pour être en tête dès le premier tour.

  • Gwynfrid a écrit :

    ce sont les cadres, ceux qui ont un haut niveau d’études, les citadins, les acteurs de la révolution numérique, etc – qui s’opposent au vote Le Pen

    Ce sont bien les gagnants !

    Je ne vote pas MLP.

    Dans le choix de Macron contre Fillon, combien de rentiers de la dépense publique ?

  • Gwynfrid a écrit :

    L’exemple le plus criant est celui des Français de l’étranger (dont votre serviteur), qui ont mis M.Macron en tête à 40% (presque 50% chez moi, je ne peux prétendre être un original…) et lui ont permis d’arrondir son score final à 24%: ces Français-là ne bénéficient pas du système, puisqu’ils l’ont quitté avec le pays.

    Les émigrés de Coblence ?

    Non, là je vous taquine.

    Reste que si les Français de l’étranger ne bénéficient pas du système, ils n’en supportent pas non plus les coûts, qu’il s’agisse du poids de la fiscalité ou de la préférence pour le chômage. On comprend qu’ils ne votent ni MLP, ni JLM.

    Ils ont voté Macron plutôt que Fillon. Les affaires, bien sûr (vous refusez le « complot », moi je ne crois pas au « hasard »), mais aussi Macron comme le meilleur rempart contre MLP et accessoirement JLM. Ce qui n’est pas évident, parce que les électeurs de JLM comme ceux de FF (qui eux non plus ne croient pas au « hasard ») ne sont pas très motivés à se bouger pour EM.

    Je suis suffisamment responsable pour aller quand même voter Macron. Contraint et forcé.

  • Gatien a écrit :

    Il m’intéresserait donc de savoir quels points du programme économique de Macron vous pose problème.

    La question était adressée à Koz mais je me permets de répondre en mon nom (évidemment pas pour le compte d’un autre) puisque je suppose que l’opinion d’un autre partisan de FF peut apporter un éclairage, d’autant que je ne fais pas toujours les mêmes choix par ailleurs.

    Malgré la proximité apparente d’une revue « générale » des deux programmes économiques – un peu moins de contrainte administrative et fiscale, ce qu’à peut près n’importe qui sauf JLM doit pouvoir désirer après tout – quelques détails révèlent à quel point ils sont différents en profondeur parce que s’appuyant sur des philosophies opposées – c’est du moins la lecture que j’en fais.

    Augmenter la TVA qui pèse sur la consommation – pas celle des produits de première nécessité, donc une consommation qui croit avec le revenu jusqu’à un certain point – y compris de produits importés, vs CSG qui pèse sur tous les revenus, aussi bien les retraités proches du seuil de pauvreté, que les actifs qui s’efforcent de produire, ce dont notre économie a bien besoin : je n’hésite pas à préférer la première solution.

    Annoncer clairement la fin de la référence au 35H ou chèvrechouter : volonté vs compromis technocratique, là aussi je n’ai pas de doute sur mes préférences.

    Plus patent encore, l’exemple de l’ISF : seule la suppression me semble la fois claire, et de nature à lever une contrainte délétère sur le capital productif mais aussi sur le patrimoine constitué par le travail et l’épargne. (NB : à titre personnel je ne suis pas assujetti à l’ISF et ne prévois absolument pas de l’être dans les décennies qui viennent, je ne prêche pas de façon intéressée pour ma supposée paroisse.) Vouloir l’enlever pour les actifs mobiliers mais le maintenir (et vraisemblablement, bientôt, l’augmenter, ou baisser les seuils, pour compenser un peu…) témoigne de plusieurs éléments : d’une part, un mépris du Français profond ancré dans sa terre qui doit être remplacé par un citoyen du monde ultra-mobile – et complètement fantasmé. D’autre part, une préférence typiquement socialiste (et clairement pas libérale du tout) pour le « client » (y compris « client fiscal » plus communément nommé contribuable) captif – alors que – c’est vrai – les capitaux mobiliers passent allégrement les frontières pour faire jouer la concurrence fiscale. Enfin, l’idée – explicite dans le programme de Macron et chez ses défenseurs – que c’est voulu pour encourager à l’investissement productif, vs un bien immobilier qui serait « mort ».

    En d’autre termes, dans ces exemples mais aussi dans une foule d’autres détails et même dans les discours et jusque la syntaxe d’EM, je perçois une vision de l’homme réduit à sa dimension économique. Consommateur et producteur. Et la construction d’un programme sur cette base là.
    Outre que le passage d’EM aussi bien chez Rotschild qu’à Bercy (cf. lien / Drahi notamment) montre que ce n’est pas le libéralisme mais le délétère capitalisme de connivence qui l’inspire, sa conception de l’homme, de la société, et du pays (rien de mieux qu’un espace de ressources physiques et humaines, parce que du point de vue historique de toute façon les crimes contre l’humanité ne sont pas loin, il faut en faire une start-up qui dépassera tout ça…) me semblent totalement inadaptées pour prétendre présider ledit pays.

  • Aristote a écrit :

    Ont aussi voté pour EM tous ceux qui ne s’en tirent pas trop mal dans le « modèle français », et ne veulent pas qu’il soit remis en cause.

    Tu marques un point.

    Le vote Macron coïncide fortement avec la France d’en haut. A titre personnel, ça ne me pose aucun problème. A priori, les gens qui ont du succès doivent faire quelque chose de mieux que les autres et on devrait essayer d’en tirer des leçons.

    Le problème, c’est qu’on est en France. Et en France, le système est très fermé pour les outsiders. Le vote Macron est un choix d’ajustement paramétrique pour faire tenir le système. Il n’y a pas la remise en cause que je voyais chez Fillon, surtout au début.

  • Aristote a écrit :

    Ce sont bien les gagnants !

    Relisez-moi, pour comprendre la distinction que je fais entre les gagnants du système français (qu’il faut réformer d’urgence) et les gagnants du système économique mondial (qui est une réalité échappant à notre contrôle).

    Dans le choix de Macron contre Fillon, combien de rentiers de la dépense publique ?

    M.Macron a largement battu (entre 1.5 et 2 fois plus de voix) M.Fillon dans toutes les catégories socioprofessionnelles, y compris les salariés du privé, les indépendants, et les chômeurs (source). Seule exception: les retraités… la catégorie reine des rentiers de la dépense publique.

    Reste que si les Français de l’étranger ne bénéficient pas du système, ils n’en supportent pas non plus les coûts, qu’il s’agisse du poids de la fiscalité ou de la préférence pour le chômage.

    Pour ce qui est de la fiscalité, c’est ce qui vous trompe. Ils paient, lourdement, sur leurs revenus français, notamment la CSG, sans bénéficier d’aucune prestation. C’est une des raisons pour lesquelles ils votent en général largement à droite (38% pour N.Sarkozy au premier tour de 2012).

    Lib a écrit :

    Le problème, c’est qu’on est en France. Et en France, le système est très fermé pour les outsiders. Le vote Macron est un choix d’ajustement paramétrique pour faire tenir le système. Il n’y a pas la remise en cause que je voyais chez Fillon, surtout au début.

    Faut voir. Les propositions sur la retraite à points et sur la réforme de l’assurance chômage vont clairement contre le système qui favorise des insiders. On peut leur reprocher de ne pas aller assez loin, mais elles vont bien au-delà d’un simple ajustement de paramètres.

  • Le vote Macron correspondant grosso-modo à la « France d’en haut  » autrement dit à la France friquée…sauf que si l’on regarde les résultats des banlieues les plus chics de Paris (Boulogne Versailles Saint Germain en Laye, Neuilly … on s’aperçoit que c’est dans ses communes que FF a fait le meilleur score (plus de 50% .dans l’une d’entre elles. Macron candidat des pauvres ?Certainement pas , mais les riches ont trouvé beaucoup mieux que lui pour les représenter

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  • Feld a écrit :

    certains me diront : t’avais qu’à voter Fillon

    Oui, c’est ce que je vous dis.

    Feld a écrit :

    J’ai voté en conscience

    Hmm, non, sinon vous n’auriez pas envie de gerber maintenant au vu du score Macron-Le Pen, comme vous le dites si bien. Il était bien clair pour tout le monde que cette fois-ci le vote utile n’était pas facultatif : agir en conscience n’a jamais autorisé à faire l’économie des paramètres du réel, bien au contraire.

    Les voix données à Dupont-Aignan (et autres petits Egos) nous mettent dans une situation impossible. Je crois vraiment qu’il faudra une génération minimum pour que la France puisse s’en remettre, quel que soit le résultat du 2ème tour. C’était la dernière chance de la France. J’ai mal pour mes enfants.

  • nathmontfort a écrit :

    C’était la dernière chance de la France. J’ai mal pour mes enfants

    Dernière, peut-être faut-il ne pas désespérer.

    Mais le retraité que je suis n’avait pas voté Fillon pour défendre sa « retraite », il l’avait fait pour l’avenir de ses enfants, et j’ai mal pour eux.

    Macron n’a pas d’enfants et ne veut pas en avoir. Bien sûr il a ceux reçus dans la corbeille de ses noces. Reste que je ne suis pas sûr que Macron et moi ayons la même perspective sur « l’avenir ».

  • Gwynfrid a écrit :

    Faut voir. Les propositions sur la retraite à points et sur la réforme de l’assurance chômage vont clairement contre le système qui favorise des insiders. On peut leur reprocher de ne pas aller assez loin, mais elles vont bien au-delà d’un simple ajustement de paramètres.

    Oui, ce sont de bonnes propositions. Espérons qu’elles seront appliquées.

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