Alors, Alain, une envie de pommes ?

juppecerises Quelle idée, en effet, de manger des cerises en hiver pour quelqu’un qui a fait campagne sur les pommes au mois de mai ! Alain Juppé a décidé de parler de lui, dans ce livre, qui ne se veut pas avant tout politique et il nous dit, en substance, qu’il a changé. C’est aussi ce que nous dit ce titre. Avant, j’ai pu en manger. Je ne le ferai plus. Évidemment, vous l’aurez compris, on ne fait pas tout un bouquin sur des cerises.

Il a changé depuis « l’humiliation« . Six années passées sous la menace judiciaire, une décision cinglante, fustigeant sans ambages « Alain Juppé [qui] a, alors qu’il était investi d’un mandat public électif, trompé la confiance du peuple souverain », attendu dont je me permets de penser également qu’il n’était pas marqué par le seul souci de la justice.

Je « me retrouve » davantage dans les attendus de la Cour d’appel. Alain Juppé dit avoir « accepté la leçon ». « Une fois encore, je paie la note de mon comportement peu malléable, disons le mot : de mon orgueil. Si j’avais « assumé l’ensemble de mes responsabilités pénales », si en d’autres termes j’avais reconnu mes torts, peut-être l’indulgence de la cour eût-elle été plus généreuse. Mais il y a des mots qui [l]’apaisent : « aucun enrichissement personnel », « infractions commises au bénéfice de l’ensemble des membres de son parti », « dont il ne doit pas être le bouc émissaire » » (p.145).

Mais on pardonne davantage à un Henri Emmanuelli qu’à un Alain Juppé. Pour de mystérieuses raisons. Peut-être parce qu’à la différence du premier, le second était promis à un trop bel avenir, ce « meilleur d’entre [eux] » qui n’en finit pas de le payer. Peut-être parce qu’il était trop « droit dans ses bottes » ? Mais Henri Emmanuelli est-il plus vraiment plus souple ?

Pourtant, à la différence d’autres, cette condamnation, il l’assume. Notamment dans ce billet du 9 janvier 2007, lorsque, annonçant son soutien à Nicolas Sarkozy, il souligne : « Les circonstances ne me permettront pas d’entrer dans la course. Ecarté, par ma faute, des premiers rôles de la scène politique nationale depuis plusieurs années, je ne me sens pas en situation de me lancer dans la compétition avec quelque chance de victoire ». Comme il le dit, ces trois petits mots lui ont coûté, mais il y a tenu.

Janvier 2005, Alain Juppé, ancien ministre des affaires étrangères, arrive à New York, en compagnie de sa femme, se présente au bureau de l’immigration, et se trouve retenu deux heures durant dans un bureau isolé, soumis à un interrogatoire serré. A Montréal, le président de l’Université – ultérieurement débarqué pour malversations – le soumet à un entretien avec trois universitaires qui n’a d’autre objet que de lui signifier que leur institution ne peut accueillir quelqu’un comme lui…

Alors Alain Juppé nous parle de lui. De la mort, un peu, de son père, de sa famille, de son amour pour sa femme digitale, beaucoup. Il évoque même leur premier baiser sur la plage d’Hossegor. La dernière fois que j’ai lu les lignes d’un politique à propos de sa femme, ça ne lui a guère porté chance. Autant dire que l’évocation de cet amour conjugal me laisse quelque peu perplexe. A-t-elle coûté à un Alain Juppé que l’on imagine pourtant pudique ? A-t-il écrit ces lignes parce qu’il le fallait ? Je peux croire aussi qu’il ait attaché du prix à rendre cet hommage public à celle qui l’a soutenu et accompagné dans la tourmente et dans l' »exil ».

L’exil. Les retours de Gatineau où il donna des cours, à Montréal, « deux cents kilomètres d’excellente route ». Et je visualise… Alain Juppé, ancien Ministre des Affaires Etrangères, ancien Premier Ministre, à côté de « quelques buveurs de bière en état d’imbibation déjà avancé, un service évanescent »…

« j’ai parfois échoué seul sur des aires d’autoroute, dans des salles désertes et froides de McDo ou de Subway, en train de mâchouiller un « sous-marin » (sorte de sandwich québecois) débordant de mayonnaise. Et je me demandais : « Que fais-tu là ? Si loin de tout et de tous ? Où cela te mène-t-il ? » Le plus surprenant, c’est que j’en souriais »

Bref, Juppé retire ses bottes et fend l’armure.

Evidemment, il évoque aussi la politique. Il évoque la mondialisation, l’écologie, Internet. Il évoque ces deux années à Matignon, et son bilan, soulignant qu’à son arrivée les déficits publics étaient à 6%, et à 3% à son départ, tandis qu’il est à ce jour le PM qui a le plus baissé l’impôt sur le revenu. Il évoque cette dissolution mystérieuse, dont il s’avère qu’elle n’a pas été décidée par une cartomancienne éméchée.

Je confesse un intérêt perfide – vous me connaissez – pour les passages qu’il consacre à François Bayrou. Tout en lui reconnaissant certaines qualités – j’ai oublié lesquelles – il lui en colle aussi de sévères. Ca commence avec cette reconduction au Ministère de l’Education Nationale :

« Je m’étais dit qu’en le maintenant au poste qu’il avait occupé dans le gouvernement Balladur, j’assurais une forme de continuité et donnais un signe de réconciliation. Faute de mieux, il accepta car il voulait à toute force rester ministre. Pendant deux ans, il fit preuve d’une formidable capacité d’immobilisme. (…) Il est vrai que, dès le mois de décembre 1995, Bayrou avait perdu confiance dans mon avenir politique et donnait donc la priorité absolue au sien. »

Il défend aussi Chirac, longuement. C’est courageux, quoique cela devienne tendance.

Et puis, comme le veut l’expression, il fait entendre sa petite musique face à Nicolas Sarkozy. Une musique toute en nuances, comme pour souligner sa position singulière, qui ne saurait être une position d’affidé.

Pourquoi ce livre, sinon pour expurger le passé, y compris sa position – selon son mot – de « plus éphémère ministre du développement durable » ? Expurger le passé, et se replacer. Jusqu’où ? Jusqu’à revenir au gouvernement ? Pourquoi pas ? Seulement ? On parle de la Commission européenne. Mais certains semblent dire que cette fois, son passé le rattraperait assurément pour lui en barrer la route. Et puis, il y a ces très fugaces allusions. Ce dîner du 24 septembre 2008 à la sortie duquel il « traverse la petite foule qui se disperse. A plusieurs reprises, on [lui] dit dans le creux de l’oreille : « il faut que vous soyez notre prochain président ! ». Dans le creux de l’oreille seulement ». Ainsi des français le souhaitent. « Dans le creux de l’oreille seulement » : cette phrase est-elle là pour relativiser, ou pour avertir qu’il n’en sera peut-être pas toujours ainsi ?

Il y a ces allusions, et ces quelques lignes de fin, délibérément sibyllines, quand, confiant à sa femme qu’il ne veut plus « sacrifier l’essentiel à l’accessoire »,

« elle [lui] sourit d’un air complice et [lui] murmure : « Je te crois. Mais je te connais. Tu as besoin d’agir. Quoique tu décides, nous le ferons ensemble »

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45 commentaires

  • Pour moi, Juppé = Chirac.
    Juppé = échec de la réforme de la sécurité sociale et recul franc du gouvernement

    Et je réalise là (je n’ai pas vérifié) « qu’à son arrivée les déficits publics étaient à 6%, et à 3% à son départ, tandis qu’il est à ce jour le PM qui a le plus baissé les impôts. »

    Comme quoi, je ne suis pas objective!
    Parce que malgré ça,vraiment , je n’aimerais pas le revoir au gouvernement.

    A cause de sa disgrâce?
    Non. Ce n’était qu’un bouc émissaire.

    Simplement je n’ai pas un bon souvenir des années Chirac et de Juppé en particulier. Sans doute à cause de la sécu!

    Pourtant depuis, bien des erreurs ont été faites : notamment la CMU une idiotie sans nom qui voit certains dilapider l’argent des cotisants au prétexte qu « ils y ont bien droit » alors que nombre de petits retraités à la limite du seuil de pauvreté ne peuvent s’offrir l’appareil auditif dont ils ont besoin (gratuit pour les CMU) ou que des familles ne peuvent offrir l’appareil dentaire de leurs enfants de plus de 12 ans (les CMU y ont droit)ce qui amène à des situations paradoxales, certaines femmes abandonnant leur métier pour pouvoir être à la CMU et ainsi appareiller leur enfant! Bref, de quoi rêver!(fin du hors sujet)

    La mémoire est sélective, sans aucun doute, faite de subjectivité, avec des souvenirs fondés sur rien ou pas grand chose.

    Mais effectivement l’image d’un mangeur de cerises en hiver me paraît totalement adapté au souvenir que j’ai d’Alain Juppé.

    J’adore le passage sur Bayrou!
    Si Alain Juppé a changé, Bayrou est constant dans sa mégalo.

  • Ce livre ? un bon moyen de se la refaire… la cerise…
    Mais il peut se présenter, moi je ne voterai jamais pour qq’un qui s’est permis avec autant de légèreté que de morgue de faire la leçon au Pape sans l’avoir écouté ni lu…
    On a déjà un président souffrant d’hyper-activité… alors plus tard un autiste ? Non, on ne va pas faire toutes les maladies orphelines !

  • « Evidemment, il évoque aussi la politique. Il évoque la mondialisation, l’écologie, Internet. Il évoque ces deux années à Matignon, et son bilan, soulignant qu’à son arrivée les déficits publics étaient à 6%, et à 3% à son départ, tandis qu’il est à ce jour le PM qui a le plus baissé les impôts. »

    Mensonge:

    L’évolution des prélèvements obligatoires en France depuis 1978″

    http://www.senat.fr/rap/r03-055/r03-0555.gif

    LA SITUATION DES PRÉLÈVEMENTS OBLIGATOIRES EN FRANCE

    http://www.senat.fr/rap/r03-055/r03-0551.html

  • @tara … Juppé n’est pour rien dans la CMU. Elle a été créée par jospin/ aubry, une conquête sociale typiquement de gauche, tout à fait positive . Défendable.
    Mais je ne le ferai pas ici, le troll serait trop vaste!

  • Que c’est émouvant. Que c’est beau. Un Juppé si humble, si sincère, si tellement ruisselant de contrition. J’en suis tout bouleversé du dedans.
    Il faut absolument qu’il revienne au gouvernement. Le plus vite possible. Le masque tombera en même pas deux jours, et vu le bonhomme, nous lui faisons totalement confiance pour jeter non de l’huile mais du kérosène sur le feu par bidons entiers. Vivement, oh oui vivement…

  • @Tara: bien vu pour la CMU (je ne me souvenais plus que c’était lui)

    @je me souviens avoir lue le livre Isabelle Juppé je crois que c’était « la femme en bicyclette » et elle parlait du temps de leur vie au ministère. On sentait qu’ils aimaient beaucoup recevoir mais pas simplement pour des raisons officielles, vraiment parce qu’ils s’intéressaient aux personnes, aux étrangers et à leurs coutumes. J’ai trouvé à l’époque que l’image de leur couple était bien loin de celle que A. Juppé donnait comme politique.

    @Je suppose que dans le livre il parle de Bordeaux. En tous cas la rénovation de la ville est une réussite et on ne peut pas lui reprocher d’avoir délaissé cette ville au profit d’un mandat national.

  • Il y a deux personnages de la droite qui signifient pour moi un passé, je l’espère, à jamais révolu : le flamboyant Villepin et l’énarque Juppé. Si par malheur je les trouvais un jour sur une affiche électorale de la nation je sortirai ma canne à pêche…

    Quoi qu’ils fassent ou disent leur style incarne l’arrogance française, la prétention de se croire au dessus des autres, la raison pour laquelle le peuple aurait tendance (et raison…) à déserter la droite. Rien que le titre du livre de Juppé suffit à le cataloguer pour ceux qui n’ont jamais eu les moyens de manger des cerises en hiver…

    Non, décidément, malgré toute l’intelligence dont ils se croient détenteurs, il leur manque quelque chose d’essentielle pour prétendre pouvoir y penser en se rasant le matin : une chaleureuse humanité compréhensive des autres.

  • Le grand retour de Juppé, bientôt plus d’épisodes qu’Angélique Marquise des Anges!

    Subitement tout à coup brutalement, le flash-back… Fabius nous parlant carottes rapées sur sa moto. J’en ris encore! L’heure est grave, car nous frôlons le plagiat: calvitie et col-roulé, l’éternel incompris, un autre « meilleur d’entre nous », un autre responsable mais pas coupable (enfin, un truc dans le genre) qui ramène sa fraise pour nous vendre ses cerises… Encore un qui voulait juste être aimé, rien de plus, snif…
    Dis Koz, c’est pas nous que tu prendrais pour des pommes, sur ce coup-là? Perso, je préférais les figues molles…

  • J’ai bien relu mon com!

    Avant mon com sur la CMU, j’ai écrit :« depuis, bien des erreurs ont été faites » (sous entendu depuis Juppé)

    Après mon avis sur la CMU, j’ai écrit : « (fin du hors sujet) »

    ceci pour tenter de minimiser les erreurs de Juppé au sujet de la sécu qu’il n’a pas su faire évoluer!

    Je sais bien que la CMU est une bourde de la gauche bienpensante!
    En tant que personnel soignant, je le constate tous les jours!

    Mais pour moi, Juppé restera comme celui qui n’a pas su mettre en place une restauration de l’assurance maladie
    (je suis pour la liberté de choix de l’organisme de l’assurance maladie. Celle doit être obligatoire, au même titre que l’assurance auto, mais avec le choix de l’assureur)

  • Je n’ai pas lu le livre donc je me base sur les extraits, mais au vu de ça :

    “j’ai parfois échoué seul sur des aires d’autoroute, dans des salles désertes et froides de McDo ou de Subway, en train de mâchouiller un “sous-marin” (sorte de sandwich québecois) débordant de mayonnaise. Et je me demandais : “Que fais-tu là ? Si loin de tout et de tous ? Où cela te mène-t-il ?” Le plus surprenant, c’est que j’en souriais”

    je n’ai pas envie de le lire et je trouve cette prose carrément pathétique. Je ne peux pas m’empêcher de penser à cette énarchie, cette confrérie composée de gens de droite et de gauche mais assurément issus du même moule. Ces forts en thème qui, après un très court passage dans l’administration, font ensuite une carrière fulgurante de politicien professionnel dans l’ombre d’un leader de parti, et qui larmoient lorsqu’ils se font prendre la main dans le sac des malversations, ne m’émeuvent pas une seule seconde.

    Bouc émissaire ? Il en faut bien un quand on ne veut pas condamner tout le monde, non ? Et un fleuron universitaire issu de la plus grande école de prestige un passe-droit sur la gouvernance des autres sans avoir jamais exercé une profession ancrée dans le réel ; le top du top supposé donner l’exemple d’une probité immaculée, c’est plutôt une bonne idée je trouve.

    Le plus doué de tous, il ne m’arrache pas une larme. C’est drôle mais je suis beaucoup plus sensible lorsque j’évoque en moi-même ce petit patron qui payait ses employés plus que lui-même – cet avocat imprudent et un peu souple dans les délais accordés à ses clients et que j’ai vu manger que des œufs pendant un mois pour rattraper ses retards d’URSSAF – ou ces ouvriers hyper qualifiés qui perdent leur job suite à la faillite d’un grand administrateur grassement payé qui n’est même pas assez malin pour reclasser son staff. Je ne parle pas des exemples édifiants de Tara puisqu’ils ne sont pas de son fait en remarquant malgré tout que c’est à l’auteur de la CMU, une camarade de classe à quelques années près, que le plus doué a refilé le pouvoir.

    Je ne suis pas très impressionné par le premier de la classe qui a dirigé un gouvernement dont le recul était prévisible et qui de toute façon n’était là que pour assurer une réélection en adoptant une politique qui se voulait, au fond, la plus consensuelle possible.

    Je ne veux pas me poser en modèle et je ne conseillerais pas à tout le monde le style de vie parfois chaotique que j’ai pu avoir, mais tout de même, en considérant que je suis reparti trois fois depuis le zéro absolu dans ma vie, ou que j’ai pu travailler des années par passion mais payé des clopinettes dans un milieu hostile, je sens presque la honte me monter aux joues en imaginant que j’aurais pu écrire en me lamentant sur une période difficile et sur une faute diététique « Le plus surprenant, c’est que j’en souriais. »

    C’est vrai qu’il en bavé au Québec, il n’était que prof à l’ENA québécoise après tout. Il y a de quoi être dépressif si on contemple cette perspective dans toute son horreur. Et en plus, on sent qu’il reste lucide mais zen, avec cette petite pointe d’auto dérision qui sent le vécu mais qui le surprend malgré tout : « il en souriait » (!)

    Je me demande combien de temps il tiendrait dans une cellule surpeuplée de Fleury-Merogis avec des copains remplis jusqu’aux yeux de tranquillisants, condamnés à des peines dix fois plus lourdes que lui pour des sommes dix fois moins importantes.

    Bon j’arrête là. Je ne vais pas me faire plus dur que je le suis, parce qu’en fait, s’il était en face de moi, après lui avoir dit tout ça, je serais le premier à lui remonter le moral. Mais tout de même, ces mots qu’il ne lira jamais, que personne n’osera prononcer devant lui, il mériterait de les entendre.

  • C’est beau comme de l’antique, ce besoin irrépressible d’être aimé. Après avoir été droit dans ses bottes, A.J. se bat la coulpe et crie à toute force qu’il est un homme qu’il pense à la mort, qu’il a eu un père et qu’il aimme sa femme…. On en viendrait à culpabiliser pour l’aversion qu’on peut porter à cet homme, loin d’être le meilleur. Il est trop facile de vouloir effacer les errements du passé à coup de témoignage intimiste, compassionel et sacrificiel. Et la fabuleuse dissolution de 1997, il en parle ce brave homme?….Et des raisons profonde qui l’ont conduit à se présenter aux législatives de 2007, alors qu’il était ministre d’Etat, il l’explique comment? Attention de ne peut pas tomber dans le panneau de cette tentative de réhabilitation de J.Chirac, dont le livre d’A.Juppé est un des subtiles rouage au mode affectif.

  • Juppé serait il devenu plus populaire à gauche qu’à droite ? On pourrait penser qu’il bénéficie d’un regain de popularité à gauche depuis qu’il est moins aligné sur la ligne Sarkozyste, mais cette forme de « respect républicain » à son égard était antérieure à sa prise de distance.

    Rappelez vous le soir de son échec aux législatives, même DSK a modéré son enthousiasme face à la victoire socialiste en Gironde, en disant : « Nous sommes heureux de voir la gauche battre un candidat de droite, nous aurions préféré qu’elle en batte un autre » Sentiment de gâchis assez largement partagé ce soir là.
    D’un point de vue plus général, Juppé semble jouir d’une assez bonne image dans l’opinion. Cette réputation vous semble t-elle usurpée ?

    Ah oui, j’oubliais : la comparaison avec Fabius vaudra le jour ou Juppé quittera sa ligne chiraquienne pour se repositionner en Villieriste.

  • Antoine a écrit:

    Mais il peut se présenter, moi je ne voterai jamais pour qq’un qui s’est permis avec autant de légèreté que de morgue de faire la leçon au Pape sans l’avoir écouté ni lu… On a déjà un président souffrant d’hyper-activité… alors plus tard un autiste ? Non, on ne va pas faire toutes les maladies orphelines !

    C’est vrai, font chier les autistes et les hyper-actifs. Malheureusement, en ce qui concerne le vote, si je ne vote que pour un 100% catho-compatible, je ne vote plus pour personne.

    margit a écrit:

    il leur manque quelque chose d’essentielle pour prétendre pouvoir y penser en se rasant le matin : une chaleureuse humanité compréhensive des autres.

    C’est pour sa chaleureuse humanité compréhensive des autres que vous avez soutenu Sarko ? Bon, je vous accorde qu’il est plus chaleureux que les deux autres mais bon…

    Tara a écrit:

    Je sais bien que la CMU est une bourde de la gauche bienpensante! En tant que personnel soignant, je le constate tous les jours!

    Moi, je ne savais pas. Je veux bien savoir mais, comme ça, d’emblée… Sauf à considérer qu’il serait plus efficace de pratiquer un système qui ne favoriserait pas d’effet de palier mais sinon ?

    Lagavulin a écrit:

    Dis Koz, c’est pas nous que tu prendrais pour des pommes, sur ce coup-là?

    Dis donc, mollo, mon ami. Si c’est juste pour faire un bon mot, passons, mais si vous avez du mal à lire un billet somme toute assez neutre sur un personnage public que vous n’appréciez pas, vous allez avoir du mal ici…

    Eponymus a écrit:

    Ces forts en thème qui, après un très court passage dans l’administration, font ensuite une carrière fulgurante de politicien professionnel dans l’ombre d’un leader de parti, et qui larmoient lorsqu’ils se font prendre la main dans le sac des malversations, ne m’émeuvent pas une seule seconde.

    Si ce n’est que j’ai du mal à reprocher aux forts en thème d’être forts en thème. Pas de leur faute s’ils sont pas cons. Je suis pas très anti-élite, en fait. Je laisse ça à Le Pen, Besancenot et Bayrou [ouais, je te cherche].

    Et puis, les malversations en question, j’ai malgré tout du mal à lui imputer.

    gtab a écrit:

    C’est beau comme de l’antique, ce besoin irrépressible d’être aimé. Après avoir été droit dans ses bottes, A.J. se bat la coulpe et crie à toute force qu’il est un homme qu’il pense à la mort, qu’il a eu un père et qu’il aimme sa femme…

    Oui, il y a un petit côté midinette indisposant et un autre côté naïf dans ce livre, celui, peut-être, de croire qu’il pourrait émouvoir. A en juger par les réactions de certains, ici – je ne parle pas de la réaction anecdotique du trotsko de passage – son capital de sympathie ne s’est guère amélioré. Je dois être à l’ouest ou trop jeune, mais il ne m’est pas antipahtique.

    Ses dernières déclarations, nécessairement, ne m’ont pas plu. Je me demande dans quelle mesure elles entrent dans une volonté de concensualisme, pour redresser son image.

    Maintenant, je m’étonne toujours de l’hostilité qu’il rencontre. Tu sembles lui reprocher d’avoir été droit dans ses bottes (« telle la marque de ma rigidité naturelle et de ma congénitale arrogance, cette formule me colle encore à la peau dix ans plus tard« ), d’autres lui reprochent d’avoir reculé… Quant à la dissolution, oui, effectivement, il en parle. Notamment pour dire qu’on en comptait peu qui l’ait déconseillée à l’époque (il cite Séguin et Pons).

    zeyesnidzeno a écrit:

    Juppé serait il devenu plus populaire à gauche qu’à droite ? On pourrait penser qu’il bénéficie d’un regain de popularité à gauche depuis qu’il est moins aligné sur la ligne Sarkozyste, mais cette forme de « respect républicain » à son égard était antérieure à sa prise de distance.

    Oui, surprenant.

    zeyesnidzeno a écrit:

    Ah oui, j’oubliais : la comparaison avec Fabius vaudra le jour ou Juppé quittera sa ligne chiraquienne pour se repositionner en Villieriste.

    Indeed.

  • Je n’ai, personnellement, pas une mauvaise image d’Alain Juppé. Je fais partie de ceux qui lui reprochent d’avoir cédé : tant qu’à avoir une image déplorable dans l’opinion publique, il n’aurait pas perdu grand chose à réformer la sécu. Pendant longtemps, lorsqu’on lui parlait de son impopularité, il mettait en exergue qu’il n’avait jamais été battu à une élection. Cela a récemment changé…

    Toujours est-il qu’il peut très bien avoir le rôle honorable de nouveau Jacques Chaban-Delmas, comme oracle de Bordeaux. C’est tout le mal que je lui souhaite. Néanmoins, j’ai trouvé le passage sur le « sous marin » assez troublant. Se plaindre d’être loin de tout car il mange seul dans un Subway, ça a plutôt tendance à montrer l’inverse de ce qu’il croit.

    Cela me rappelle Copé, qui se voulait sincère lorsqu’il expliquait trépigner d’impatience devant son téléphone lors de la constitution du gouvernement. C’est certes honnête de le dire, mais ça reste vraiment pas glorieux. L’impression qui reste c’est bien qu’ils vivent dans un autre monde.

  • Koz a écrit:

    Si ce n’est que j’ai du mal à reprocher aux forts en thème d’être forts en thème. Pas de leur faute s’ils sont pas cons. Je suis pas très anti-élite, en fait. Je laisse ça à Le Pen, Besancenot et Bayrou [ouais, je te cherche].

    Fort en thème »… si tu veux, ma phrase avait des bouts de « soi disant » dedans si tu relis bien. En plus, un fort en thème c’est quelqu’un qui mémorise bien. Par contre, quant à la connerie, il suffit de relire sa phrase sur le pape pour se faire une idée de la différence entre quelqu’un qui met sa mémoire au service de la république et quelqu’un qui a mis son intelligence aux services des résultats sur le terrain. J’ai pris la phrase sur le Pape, j’aurais pu prendre les élections législatives anticipées. En fait j’ai passé les années Chirac à pester contre l’immobilisme alors que la droite avait une fantastique opportunité de s’extirper des années Mitterand.

    (Pour Le Pen, l’admiration pour l’élite je ne suis pas sur qu’il crache dessus – peut être pas les mêmes élites tu me diras 😉 . Pour Bayrou et Besancenot, je reconnais que tu me cherches). Mais, est-ce que mon post est anti-élite ? Etre coupé de la réalité à ce point, je ne pense pas que ce soit pas une histoire d’élite, plutôt une histoire d’état d’esprit je dirais.

  • ce n’est pas la première fois que Juppé fait un livre public/intime. Rappelez-vous la « Tentation de Venise ». L’ouvrage de ce type donne en termes de com de la profondeur et de l’humanité. Il est vrai que Juppé est riche en intelligence et qu’il y a, celà a été dit plus haut dans les commentaires, un respect républicain assez général et assez justifié sur sa personne.

    Par contre sur son bilan, Juppé oublie la dette qui galope…Quand à sa fierté d’avoir baissé l’un des moins injustes des impôts (pas de quoi se vanter), elle devrait d’autant plus être largement tempérée par la forte hausse de la bien plus injuste TVA qu’il a pratiquée…

  • @ Koz,

    On trouve bien sûr facilement pire que Juppé et je fais partie de ceux qui ne le considèrent pas comme un homme de malversations.

    Mais pourquoi un livre comme celui-ci, qu’on ne peut lire qu’en soupçonnant chaque ligne d’avoir été revue, non par un avocat, mais par un conseiller en com. Il y est peut-être parfois sincère, mais allez savoir. Ce livre a été commis comme ont été commis les commentaires sur le Pape, pour courir après l’opinion.

    Juppé, un de plus, comme les autres…

    Bien à vous.

  • Je n’ai pas encore lu le livre, mais tout cela ne me paraît pas très sincère. Juppé enchaîne les plateaux télés, n’était-ce pas le seul but de ce bouquin? Partout, il répète qu’il n,e veut pas êtyre ministre mais sourit et jubile chaque fois qu’on lui pose la question.

    Mais surtout, est-ce vraiment la première fois qu’il dit avoir changé? Il a changé au Canada, changé à son retour du Canada, changé après son retour à Bordeaux, changé après sa éfaite aux législatives, et de nouveau changé maintenhant!

    Et selon mes sources (http://carnet.causeur.fr/antidote/la-semaine-du-juppe,00237), c’était déjà le cas dans les années 90!

    Bref, j’aime bien Juppé, je le trouve moins vulgaire que Sarkozy, mais je pense que totu ceci n’est que pure stratégie politique. Qui ressemble à celel de Fabius en son temps, comme l’ont dit d’autres commentateurs…

  • Je me souviens qu’une fois j’avais défendu dans un blog de gauche le bilan de Juppé à Bordeaux sur le terrain des transports en commun. Je louait Juppé pour avoir réussi à sortir Bordeaux du mauvais chemin du métro pour mettre le magnifique projet du tram sur les rails. On m’avait traité de troll et bus.

  • « voter pour un catho-compatible à 100% » mais tu me prends pour un idéaliste, cher Koz et je te pris de croire qu’au cul des vaches, l’idéal s’envole avec le méthane !

    Simplement, je deviens réaliste et ce théâtre d’ombres que représente la politique commence à m’indifférer fortement ! J’ai voté Sarko mais désormais je trouve Chirac distingué à côté, c’est dire ! Non, simplement, je pense qu’aucun n’est en mesure d’interférer sur le cours des évènements et à imposer quoi que ce soit à l’économie… J’ai approché de très près ce milieu et sais exactement à quoi m’en tenir des conditions dans lesquelles s’élabore la loi et s’exerce le pouvoir : dans l’intérêt d’objectifs purement comptables, budgétaires et d’emplois. Désormais, n’importe quelle entreprise représentant plus de 25000 emplois peut faire passer n’importe quel texte ou mesure si le lobbying est bien fait…

    Pour le reste, que ce soit Juppé ou un autre, visiblement il tiendra les mêmes propos médiatiquement compatibles, hurlera avec les loups, vomira avec les chiens, pourvu que ça le rendre sympathique !

    Eponymus, vous pouvez mettre vos commentaires sur son blog… peut-être les lit-il ? http://www.al1jup.com

  • 1 ) c’est une belle mecanique intellectuelle ,mais tout sauf un dirigeant .Bon ( et encore faut voir cf la dissolution ) en eminence grise mais nettement moins bon en patron, en 1 ere ligne , trop intelligent pour etre efficace et volontaire
    2 ) je m’étonne qu’il ne garde aucune rancoeur vis à vis de Chirac
    qui l’a sacrifié pour se couvrir .On croit réver devant la naiveté de ces grands intellos .Quid de Villepint qui aurait été berné comme tous les autres et qui croyait qu’il aurait lui un régime de faveur
    Un seul ne s’est pas laissé endormir par ce politicien ,il est vrai qu’il n’a pas fait l’ENA

  • M. Juppé voudrait revenir aux premiers rôles. Pour cela, il voudrait nous faire croire qu’il a changé. Pourquoi ? Parce que sa personnalité égocentrée est exaspérante, sa suffisance insupportable. Et il le sait désormais, pour se l’être entendu dire à toutes les sauces. Donc il voudrait changer. Sa sortie sur le pape me fait toutefois penser qu’il n’a pas changé. Et que sa com n’est que de la com… Impardonnable, à moins qu’il ne se repente !

  • Question chaleureuse humanité, je préfère d’instinct le mangeur de cerises, plutôt que le mec qui a la banane. Au moins la cerise a-t-elle mûri sur l’arbre. D’ailleurs j’ai plutôt tendance à défendre les forts en thème, en général, ainsi que ceux qui essaient de faire appel même maladroitement à l’intelligence de leurs contemporains.

    Tout cela pour dire que j’ai une certaine sympathie pour le bonhomme. Pour ses actes, par contre, le respect n’est pas le mot qui me vient le plus spontanément à l’esprit.

    Car, bon, peut-être n’est-il pas à l’origine des malversations pour lesquelles il a été condamné, mais elles se sont tout de même faites sous sa responsabilité, et il en avait connaissance. Le terme de bouc émissaire est donc abusif en ce qu’il sous-entend l’innocence. Qui plus est, le texte cité par Koz semble indiquer qu’il regrette de ne pas avoir reconnu les faits devant le tribunal, mais pas tellement d’avoir commis les faits eux-mêmes.

    Ensuite, j’ai encore en mémoire l’automne 1995 et l’affaire de son appartement, loué à un prix ridiculement bas, sur le domaine public et donc in fine aux dépens du contribuable. Il ne comprenait pas où était le problème, et ce alors même que les spéculations sur sa démission faisaient plonger le franc sur les marchés des changes (avec l’euro, nous avons oublié le temps où les frasques gouvernementales avaient d’aussi lourdes conséquences). Je me souviens aussi du dessin, acide et bien vu, que son déménagement contraint et forcé avait inspiré à Plantu.

    Qu’il s’étonne d’être reçu avec réticence au Canada montre simplement sa méconnaissance d’un pays où les carrières politiques peuvent s’arrêter, brutalement et définitivement, pour beaucoup moins que ça. D’ailleurs, il a quand même bénéficié de pas mal d’indulgence, car pour s’établir au Canada, il faut montrer entre autres un extrait de casier judiciaire de tous les pays où l’on a vécu…

    Reste l’affect, plus ou moins bien intégré dans le plan de com. Comme l’ont noté d’autres, ce n’est pas la première fois qu’il fend la fameuse armure, et d’autres s’y sont essayés avant lui sans grand succès. Tout ceci semble très artificiel, même s’il y a toujours une part de sincérité, comme chez n’importe quel acteur. Et la mièvrerie qui transparaît dans les extraits cités ne me donne vraiment pas envie de lire le bouquin.

  • “j’ai parfois échoué seul sur des aires d’autoroute, dans des salles désertes et froides de McDo ou de Subway, en train de mâchouiller un “sous-marin” (sorte de sandwich québecois) débordant de mayonnaise. Et je me demandais : “Que fais-tu là ? Si loin de tout et de tous ? Où cela te mène-t-il ?”

    Cela me fait toujours sourire quand un homme de pouvoir – de gauche comme de droite – s’étonne de vivre des choses qui font le quotidien de millions de personnes. Cela devrait les rendre plus humbles, mais ils oublient bien vite ces moments, ou les recyclent, comme ici, dans des livres… C’est un privilège de classe.

    On devrait toujours retourner de temps en temps boire un café sur une aire d’autoroute un matin de semaine. Ca remet les pendules à l’heure de voir les femmes les mains dans une eau sale où baignent des tasses et les routiers en sandales, regards vides.

    Misère du monde…

  • Honte à vous, cœurs de pierre, que rien ne vient émouvoir. Même pas le récit furtif d’un baiser léger sur la plage d’Hossegor.

    Gwynfrid a écrit:

    Qui plus est, le texte cité par Koz semble indiquer qu’il regrette de ne pas avoir reconnu les faits devant le tribunal, mais pas tellement d’avoir commis les faits eux-mêmes.

    Pas vraiment. Lorsque le bonhomme écrit « par ma faute« , pour expliquer qu’il a été écarté des responsabilités de premier plan, il pouvait s’en abstenir. Il avait déjà été jugé et, s’il n’avait pas jugé bon d’assumer ce qu’il pensait ne pas avoir à assumer, il pouvait persister dans cette voie.

    Gwynfrid a écrit:

    Ensuite, j’ai encore en mémoire l’automne 1995 et l’affaire de son appartement, loué à un prix ridiculement bas, sur le domaine public et donc in fine aux dépens du contribuable.

    Là-dessus, il dit, d’une part, qu’il n’était pas locataire d’un HLM mais d’un appartement du domaine privé de la Ville de Paris, pas le domaine social, et que, lorsqu’il était au Quai d’Orsay, il bénéficiait au vu et au su de tous du même logement sans que quiconque y trouve à redire et que, bon, grosso modo, on a attendu qu’il soit à Matignon pour le flinguer. Il écrit, d’ailleurs : « bref, je ne pensais pas mal faire« . Enfin, bref, pas une très défense de haute volée, certes. Mais qui respire la sincérité, tellement elle est naïve.

    Ca me donne un peu le sentiment qu’il bénéficiait du même système que tout le monde, ce qui ne l’a pas incité à se poser beaucoup de questions, et que cela faisait des années que c’était ainsi dans le monde politique. Maintenant, il y a toujours la figure tutélaire du Général qui payait sa note de téléphone à l’Elysée…

    Tomas Maure a écrit:

    Pour cela, il voudrait nous faire croire qu’il a changé. Pourquoi ? Parce que sa personnalité égocentrée est exaspérante, sa suffisance insupportable. Et il le sait désormais, pour se l’être entendu dire à toutes les sauces.

    Ben… oui. On n’essaie pas de dire « j’ai changé » quand personne ne vous reproche rien.

    azerty a écrit:

    2 ) je m’étonne qu’il ne garde aucune rancoeur vis à vis de Chirac qui l’a sacrifié pour se couvrir

    Il affirme que tel n’est pas le cas.

    Antoine a écrit:

    “voter pour un catho-compatible à 100%” mais tu me prends pour un idéaliste, cher Koz et je te pris de croire qu’au cul des vaches, l’idéal s’envole avec le méthane !

    Il faut dire aussi que tout ce que je sais de vous, c’est que vous vous appelez Antoine. Mais maintenant, je sais aussi que vous êtes un poète, amateur de vaches.

    le chafouin a écrit:

    Qui ressemble à celel de Fabius en son temps, comme l’ont dit d’autres commentateurs…

    Ah non, merde, pas Fabius, pas toi, un peu de décence, bordel !
    On ne tape pas en-dessous de la ceinture. Et comme Fabius est une ptite bite…

    *

    Alors, ok, j’ai compris, je retourne à Benoît XVI. LUI AU MOINS, ON PEUT PAS LE SOUPCONNER DE SOIGNER SON PLAN COM’ !

  • Bravo pour la défense de juppé

    bon, bah tu vas perdre ton lectorat en transformant koztoujours en blog d’info catho…
    C’est une de tes citations. (je blague, hein…)
    Mais tu sais koz, tu peux aussi faire une pause dans tes billets, on t’en voudras pas, et ça nous eprmettras de nous calmer un peu.

  • Koz a écrit:

    Et comme Fabius est une ptite bite…

    Ah bon ? Ya des révélations dans le monde politique à côté desquelles je suis complètement passé… On peut pas tout savoir note bien.

  • Koz a écrit:

    Honte à vous, cœurs de pierre, que rien ne vient émouvoir. Même pas le récit furtif d’un baiser léger sur la plage d’Hossegor.

    Ah si, moi j’suis ému, ms’sieur. Moi aussi j’ai de bons souvenirs, encore que moi, ça serait plutôt une affaire de châteaux de sable. Quelqu’un qui parle avec émotion de la plage d’Hossegor ne peut pas être entièrement mauvais.

    Koz a écrit:

    Là-dessus, il dit, d’une part, qu’il n’était pas locataire d’un HLM mais d’un appartement du domaine privé de la Ville de Paris, pas le domaine social

    Ah zut, v’là qu’on retombe dans le pas poétique. N’est-elle pas savoureuse, cette expression « domaine privé de la Ville de Paris » ? Façon intéressante de qualifier des biens appartenant à la Ville, organisme tout ce qu’il y a de plus public, acquis avec de l’argent intégralement public, mais dont la jouissance était accordée suivant des critères… vraiment très privés. J’ai longtemps été contribuable parisien: c’est de mes sous dont on parle avec cette belle désinvolture.

    Koz a écrit:

    et que, lorsqu’il était au Quai d’Orsay, il bénéficiait au vu et au su de tous du même logement sans que quiconque y trouve à redire et que, bon, grosso modo, on a attendu qu’il soit à Matignon pour le flinguer.

    « Au vu et au su de tous », ah non, pas de moi, désolé. Tiens, à propos de transparence, une petite parenthèse canadienne, si tu permets: savais-tu que par ici tous les salaires publics supérieurs à 100000$ (60000 euros) sont l’objet d’une publication nominative? Je ne dis pas que la France devrait forcément en faire autant, mais ça donne une idée du choc culturel.

    Koz a écrit:

    Il écrit, d’ailleurs : “bref, je ne pensais pas mal faire“. Enfin, bref, pas une très défense de haute volée, certes. Mais qui respire la sincérité, tellement elle est naïve.

    Là, je veux bien le croire. Le gars est sincère, le même genre de sincérité que Marie-Antoinette quand on lui parlait de pénurie de pain, mais sincère quand même. C’est très facile de se laisser entraîner dans la confortable facilité consistant à accepter (a-t-il eu seulement eu besoin de demander?) un avantage qui après tout n’était pas différent de ceux de ses prédécesseurs, concurrents, mentors, ou amis. La chute a dû être rude, et le contraste rend la scène du Subway sur la route de Montréal d’autant plus poignante…

  • Koz a écrit:

    Il écrit, d’ailleurs : “bref, je ne pensais pas mal faire“. Enfin, bref, pas une très défense de haute volée, certes. Mais qui respire la sincérité, tellement elle est naïve.

    Il y a quand même une dimension paradoxale dans le fait d’admirer les « forts en thème » pour leur intelligence et de les trouver « touchant », « un peu dans leur monde » et « naïfs » (ce qui peu aussi être résumé par « un peu « xxx » sur les bords », si on y réfléchit bien) lorsque l’on confronte leurs actes à la réalité.

    Il a eu pourtant le temps de la préparer sa défense dans les Subway – il ne s’agit pas non plus d’un propos filmé par Marcel Beliveau – un livre est issu d’un acte réfléchi. Non, vraiment, je ne peux m’empêcher de voir comme une contradiction entre l’intelligence sur diplôme et celle démontrée sur le terrain. Et si on lui fait le crédit de la sincérité, j’ai alors du mal à trouver compétent un inspecteur des finances qui ne s’aperçoit pas qu’il est en train de taper dans l’argent publique et qu’il chemine sur la frontière extrême de la légalité.

    Oh j’admets qu’il est loin d’être pire qu’un autre. Il est peut être le meilleur des pires et à ce titre bénéficier de ce respect-républicain-envers-un-grand-commis-de-l’Etat. Mais je ne crois pas que ce sont les bons critères à employer pour déterminer l’appartenance à « l’élite ».

  • IL faut arrêter avec ces histoires d’appartement tout comme vouloir nous faire croire à la bonne foi de ceux qui bénéficient pour presque rien d’un bel appartement à Paris. Surtout qu’ils ne sont pas dans le besoin.

    J’y vois une façon d’entraver le libre arbitre des serviteurs de l’Etat. Un moyen de pression qui préjudicie au service de l’intérêt général, à l’égal accès de tous aux services publics. Des magistrats aussi disposent de logements de fonction.

    • « Dîtes vois, votre appart ? Il ne vous plaît plus ? »

    Un nombre important de personnes profitent du parc immobilier de la ville de Paris, mais aussi d’autres institutions. Un quotidien avait listé les privilégiés. Les journalistes ne sont pas les derniers.

    Rien n’interdit que l’on révise leurs loyers en comparaison des prix du voisinage comme le font si bien … les impôts quand ils cherchent à évaluer les avantages en nature des salariés. Personne n’en a eu l’idée. Marrant, non ?

    Mutatis mutandis, l’anecdote Juppé n’a rien fait changer et la gesticulation judiciaire qui l’a étrillé a donné l’impression de viser surtout l’homme avant de sanctionner un état de fait qui continue de prospérer. A y réfléchir, ce n’est pas Juppé qui sort le plus décrédibilisé de cette affaire.

    Le « groupe catholique du Palais » n’est pas très bruyant sur ces procédures qui manquent de sérénité. Il est même mis en cause par la profession :

    « Monsieur Denis Talon, l’avocat de l’Ordre (mais aussi président du Groupe catholique du Palais), est confortablement rémunéré par l’Ordre pour accomplir une tâche barbare : réclamer la confirmation pure et simple des arrêtés d’omission prononcés par le Conseil de l’Ordre. »

    http://cosal.net/index.php?page=archives/actu&id=3315

    Reportage France info :

    http://cosal.net/accimg/franceinfo.mp3

    Même silence quand Eva Joly est allée reconvertir en Norvège ses compétences dans la lutte contre la corruption, si peu appréciées en France.

    Elle fit un livre de l’interrogation devant normalement saisirde saisir n’importe quel catholique – du palais ou non – attaché à ses valeurs : « Est-ce dans ce monde là que nous voulons vivre ? »

    http://www.arenes.fr/spip.php?auteur39

    Il s’est ajouté à la longue liste des ouvrages inutiles, tant ils ont si peu d’effet, dénonçant l’inertie formaliste judiciaire et administrative qui confond l’apparence de l’ordre avec la conscience du droit : la justice. Il ne faut pas se bercer d’illusion non plus, cette inertie prospère parce qu’elle profite au plus grand nombre (cf. la liste des bénéficiaires des appartements parisiens).

    C’est pour cela que Monsieur Juppé mérite l’indulgence, même s’il est très peu probable – malheureusement – que son expérience le motive à humaniser certaines pratiques s’il revenait au pouvoir. Ce serait amusant de le voir demander le ministère de la justice. Une telle marque d’humour le rendrait sympathique.

    La justice est une vertu cardinale catholique.
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Vertus_cardinales

    En revanche, j’ignore si cela le rassurera, c’est bientôt le temps des cerises. 😉

  • Koz a écrit:

    Il faut dire aussi que tout ce que je sais de vous, c’est que vous vous appelez Antoine. Mais maintenant, je sais aussi que vous êtes un poète, amateur de vaches.

    M’enfin Koz, tu sais aussi que je touche à peu près ma bille en droit canon si j’en crois qq anciens échanges de mails sur une affaire de levée d’excommunication où tout ce que je t’avais dit a été validé point par point par les théologiens de La Croix par exemple ? A moins que tu ne fasses pas le lien entre tes commentateurs de billets politiques et religieux ? Ou que tu sois noyé sous le flot des commentaires, mais c’est ça, la rançon de la gloire ! Mais je vais peut-être mal le prendre, sauf si tu me jures que c’est simplement un début d’Alzeimer (Aloïs, hein !)

  • Ce qui est amusant, étrange, pour quelqu’un de 64 ans qui a écrit « la tentation de Venise », (et Koz sait combien Venise est belle et attirante), pour quelqu’un dont on peut imaginer que le cumul de différentes retraites de fonctionnaire, de parlementaire, de ministre, lui permettrait de vivre confortablement les années où il sera en bonne santé, avec une femme jeune à côté de lui, où il pourrait jouer un rôle de « sage », ce qui est frappant, c’est cette volonté de ne pas décrocher, de partir au canada le temps minimum en ayant laissé des fidèles qui démissionnent de leurs mandats dès son retour, d’annoncer dès maintenant sa candidature aux législatives de 2012, en faisant preuve de beaucoup de pugnacité envers michéle delaunay, pour qui il semble garder une certaine rancune de lui avoir pris « son  » siège, de donner l’impression qu’il pourrait, sans être, bien sûr, candidat, accepter des responsabilités nationales…

    mais juppé, comme fabius, (peut-être le crâne, la suffisance des « forts en thème », et la volonté de casser cette image par des propos du quotidien y sont ils pour quelquechose…) a un probléme crucial de popularité, qu’il a du mal à digérer…

    et pour moi, il reste celui de l’appartement de la rue Jacob quitté dur ordre du procureur, sans un remords, celui qui ne voulait rien reconnaître sur les emplois fictifs…beaucoup de menterie, comment croire à sa sincérité aujourd’hui?

  • @ Antoine: aïe, désolé, c’est qu’il y a eu d’autres « Antoine » et que la seule manière de savoir auquel j’ai affaire et de vérifier son mail, ce que je n’ai pas fait sur ce coup.

    Tu aurais signé « Le Antoine », ou le « fermier théologien »…

    francis a écrit:

    Ce qui est amusant, étrange (…) c’est cette volonté de ne pas décrocher,

    Ca ne me semble pas plus étrange que ça, de sa part, ou de celle d’un autre. Ce n’est pas un « métier » dont on décroche comme ça. Pour le faire, à l’origine, il faut avoir une envie farouche et une ambition féroce. Sinon, n’importe qui de sensé abandonnerait. Ce n’est pas qu’une question de dents dans l’bureau.

  • ce n’est pas un métier dont on « décroche », dites-vous, ce qui nous vaut des parlementaires nettement plus âgés que notre pyramide du monde réel, et je ne suis pas certain que cela soit un « plus » .

    je sais que c’est difficile mais il y a de gens de grande qualité pour lesquels la Présidence était un objectif constant, qui en ont souvent rêvé, qui l’ont de près approché, mais pour qui c’est passé à côté.

    Hier c’était Rocard, demain, à mon sens, Juppé.

    Ils avaient compétence et constance, il leur aura manqué les circonstances!

  • @Koz
    C’est vrai, le bon mot était tentant (en la matière, je résiste à tout sauf à la tentation)…
    Tu sembles encore croire à la sincérité d’un homme politique : cette noblesse de coeur t’honore et ne mérite pas les sarcasmes.
    Aussi, le trait se voulait juste humoristique, sans méchanceté aucune, la simple évocation du personnage déclenchant chez moi l’hilarité. Juppé en démocrate chrétien, maire de Bordeaux n’en finissant plus de se chercher un destin, c’est un peu un personnage de Mauriac ressassant sa culpabilité à l’ombre des pinèdes odorantes sans jamais parvenir au tragique, la palombe matinale ne pouvant s’empêcher de moucheter le col roulé. D’ailleurs, quand Alain évoque la plage d’Hossegor,il se garde bien de nous dire ce que foutaient les goélands pendant ce temps-là…

  • C’est Jupé ne sert pas à grand chose mais il me semble sympathique meme si il lui manque du tonus et de la volonté… je crois en sa compétence dans les coulisses du pouvoir!

  • j’ai vu une vidéo où Juppé, pour paraître sympathique, montre qu’il connaît des chansons de carabins et chante « le curé de Camaret », eh ben c’est pathétique ! et vu le choix, je me demande s’il n’est pas franchement anticlérical 😉

  • @ Lagavulin:
    Mais sur anal+, forcément, voyons ! sans doute lors de son passage chez Ardisson… Il me semble avoir vu cela sur les vidéos du site, dans le zapping ou le buzz, bref, un moment déjà culte !… On sera content de le ressortir lorsque Koz aura gagné et que nous aurons donc voté pour ce sympathique, intelligent, pragmatique et réaliste personnage et qu’il sera devenu président de la république…
    A-t-on rappelé qu’il était divorcé-remarié et donc en délicatesse avec l’Eglise ? cela explique sans doute son animosité vis à vis du Pape…

  • Antoine a écrit:

    je me demande s’il n’est pas franchement anticlérical

    Voilà qui serait cohérent avec sa proximité avec Chirac.

    Bien à vous.

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