Ingrid Betancourt

Evoquer Ingrid Betancourt… Elle est prisonnière des FARC depuis bien avant que je ne tienne ce blog et pourtant, je n’ai jamais consacré le moindre billet à son sort. Réticence à écrire le billet qui attestera que, si, moi aussi, j’ai un coeur de chair et de sang, et que j’admire la constance et la dignité de ses enfants qui se battent depuis quatre ans pour sa libération, qui grandissent, mûrissent, embellissent loin de leur mère détenue dans des conditions semble-t-il particulièrement éprouvantes, privés de la moindre « preuve de vie« …

Réticence à écrire un billet bardé de bons sentiments inutiles puisqu’inefficaces.

A lire leur découragement, aujourd’hui, je voudrais m’associer en pensée à eux, quel que soit mon scepticisme par ailleurs, et sans cesser pour autant de penser à ceux pour lesquels on n’a pas eu le temps, et l’on n’aura pas le temps, de monter des comités de soutien, et dont le nom se perd dans l’oubli.

« Ce qui est terrible pour nous, c’est d’avoir cette impression de remuer ciel et terre et, quoi qu’on fasse, quoi qu’on dise, quelle que soit l’intensité de nos efforts, ils ne nous écoutent pas »

« Tout ce qu’on demande depuis plus de quatre ans, c’est une preuve de vie de maman d’abord. Qu’on ait véritablement une preuve d’elle vivante, une preuve par vidéo. Pour continuer la lutte on a besoin de cette preuve »

Alors, que faire ? Ecrire, ici, que, oui, la plus petite preuve d’humanité de la part des FARC, ce serait au moins de fournir une telle preuve de vie. Et si elle est décédée, d’assumer sa mort. L’écrire… Avec plus de succès que ses enfants qui « remuent ciel et terre » depuis quatre ans sans succès ? Certainement pas. Mais s’associer tout de même, en ce 2 000ème jour de captivité. Briser l’apparente indifférence. Donner une preuve de fraternité à sa famille.

Et, sans vouloir m’étendre, profiter de ce billet pour penser aussi à Madeleine, et à ses parents.

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36 commentaires

  • C’est exact aussi. J’ai noté qu’une des bannières proposés sur le site pour Ingrid Betantcourt dit : « libérez Ingrid Betancourt, et tous les autres ». Pour positiver, disons-nous que l’on penserait moins au sort de ces otages-là si Ingrid Betancourt n’était pas catpuve.

  • [quote post= »430″](…) quel que soit mon scepticisme par ailleurs, (…)[/quote]

    Qu’est ce qui te rend sceptique ? L’utilité de ta démarche ou les circonstances de son enlèvement ?

  • Tu as raison, ce n’est pas clair : toujours sur la même chose, sceptique sur l’intérêt et l’utilité de ce billet. Cela dit, on pourrait penser de même d’un paquet d’autres.

    Pour le reste, Ingrid Betancourt n’est apparemment pas exempte de tout reproche dans cette affaire, mais ça ne mérite pas 4 ans de détention comme elle subit. Ni n’empêche les FARC de fournir au moins la preuve de vie demandée.

  • L’enlèvement et la séquestration de citoyens ordinaires ou connus procède de la barbarie qui refait surface régulièrement. Les méthodes ont changé mais le résultat reste le même. On fait souffrir des gens, des familles, au nom d’idéologies douteuses.

  • Hélas pas du tout le temps de développer mais après avoir parlé à des Colombiens, j’ai appris qu’Ingrid Bettancourt n’est pas du tout la vierge qu’on nous vend en France…
    Je ne connaissais que son -beau- bouquin, mais il faut savoir qu’elle s’est beaucoup mise en scène, que ses relations avec la guérilla ne sont pas nettes du tout et, évidemment, qu’elle a fait preuve d’une scandaleuse inconsciense assumée en s’enfonçant dans la jungle.
    Salivez, i’ll be back avec plus d’explications.

    (Evidemment, ces nuances non argumentées ne signifient pas que je ne souhaite pas sa libération. Mais le tintamarre de bonnes consciences à peu de frais m’agace…)

  • C’est une peu ce que j’entendais par là :

    [quote comment= »41072″]Pour le reste, Ingrid Betancourt n’est apparemment pas exempte de tout reproche dans cette affaire, mais ça ne mérite pas 4 ans de détention comme elle subit. Ni n’empêche les FARC de fournir au moins la preuve de vie demandée.[/quote]

    Et l’impression que m’avait donné la lecture d’un de ses livres.

    Cela dit, si elle peut-être eu un penchant affirmé pour la mise en scène ou l’exposition médiatique, c’est comme qui dirait un putain de sevrage qu’elle subit, qui doit lui donner l’occasion de méditer à ce sujet.

    Mais cela explique peut-être que les colombiens ne soient pas prêts à tout sacrifier pour la libérer.

  • Il est évident que le cas d’ Ingrid Betancourt est monté en épingle par les médias français. Il n’en reste pas moins que la méthode des FARC est dégueulasse.

  • [quote comment= »41133″] il faut savoir qu’elle s’est beaucoup mise en scène[/quote]
    Et?

    Se mettre en scène, c’est pas bien?

    Vous connaissez beaucoup d’hommes politiques qui ne se mettent pas en scène?

    C’est quoi, cette nouvelle vogue de l’homme politique qui devrait avant tout être modeste, douter de lui, ne surtout pas se mettre en avant?

    On nage dans le fantasme et la jalousie, là.

  • [quote comment= »41218″]
    C’est quoi, cette nouvelle vogue de l’homme politique qui devrait avant tout être modeste, douter de lui, ne surtout pas se mettre en avant?

    On nage dans le fantasme et la jalousie, là.[/quote]
    On lui reproche pas de s’être mise en scène, on lui reproche d’avoir fait passer cette mise en scène AVANT sa sécurité. Il faut être inconscient pour avoir cette posture avec les FARC.

  • A ce que j’ai saisi, il lui est reproché d’avoir fait preuve d’inconscience, d’avoir été prévenue des risques, d’avoir même signé une décharge à cet égard et, pour autant, d’avoir placé, à la suite de son enlèvement, son pays sous le chantage des FARC et sous la pression internationale (enfin, surtout de la France) à son sujet, ce qui mettrait en péril les efforts fournis par la Colombie par ailleurs (si elle devait céder aux exigences des FARC pour sa libération).

    Cela étant, cette vision m’a été donnée par un ami colombien. Non seulement cela ne signifie pas qu’elle soit exacte mais il n’est pas nécessairement (probablement pas) impartial.

    Et une fois encore, ce n’est pas pour cela qu’il faut se désintéresser de son sort. Juste avoir un éclairage un peu plus complet.

  • J’ai eu exactement la même explication de la part d’un correspondant sud-américain. Je crois qu’elle n’est pas très populaire là-bas. Il n’empêche que l’enlèvement et la séquestration sont des procédés indignes qui disqualifient les FARC.

  • à Dang, Koz

    Je crois qu’elle n’est pas très populaire là-bas.
    Elle a été la sénatrice puis la députée la mieux élue de Colombie.

    Quant à le fait qu’il existe des « amis colombiens » qui ne l’aiment pas spécialement, je ne vois pas en quoi c’est une information ni originale ni pertinente. Connaissez-vous des candidat-e-s à la présidentielle qui font l’unanimité ? Pas moi. Et quand bien même, ce serait une insérez votre tête de turc ici ou une Sylvie Noachovitch locale, cela ne changerait rien au fait qu cette prise d’otage d’une femme politique française dans de telles conditions est ignoble et inacceptable.

    Ca n’a rien à voir avec une quelconque sanctification, laissons à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu.

    il lui est reproché d’avoir fait preuve d’inconscience
    ou de courage d’aller partout dans son pays, c’est selon. De toute façon, en lisant La rage au coeur, on constate qu’elle n’avait pas besoin de s’écarter de la capitale pour être menacée de mort.

  • [quote comment= »41382″]cela ne changerait rien au fait qu cette prise d’otage d’une femme politique française dans de telles conditions est ignoble et inacceptable.[/quote]

    Il me semble que c’est ce que Dang et moi disons.

  • jmfayard a écrit plus haut :

    [quote post= »430″]cela ne changerait rien au fait qu cette prise d’otage d’une femme politique française dans de telles conditions est ignoble et inacceptable.[/quote]

    Oui c’est ignoble et inacceptable. Mais depuis quand est-ce qu’une femme politique française peut se présenter aux élections présidentielles dans un pays étranger?

  • [quote comment= »41408″]Mais depuis quand est-ce qu’une femme politique française peut se présenter aux élections présidentielles dans un pays étranger?[/quote]

    Depuis qu’il y a des couples binationaux, des migrations et donc des personnes avec une double nationalité par exemple ?
    Un exemple qui me vient à l’esprit est que Mme Gandhi à la tête du parti du congrès en Inde est italienne

  • [quote comment= »41382″]il lui est reproché d’avoir fait preuve d’inconscience
    ou de courage d’aller partout dans son pays, c’est selon. De toute façon, en lisant La rage au coeur, on constate qu’elle n’avait pas besoin de s’écarter de la capitale pour être menacée de mort.[/quote]

    C’est parfaitement ignoble ce qu’elle subit, mais elle le savait et a couru délibéremment un danger en se rendant dans la jungle.

    Il faut être responsable, à force de défier le danger, on finit par tomber dedans et on aura obtenu que ce que l’on méritait par manque de prudence.

    Et c’est la France qu’on appelle à l’aide. Mais que la Colombie s’en charge, c’est son problème, que la famille Betancourt fasse pression sur les USA, la France n’a aucun pouvoir là-bas, n’a aucun droit d’exiger quoique ce soit, ou droit d’ingérence quelconque.

    Il y en a marre des irresponsables, pas foutu d’assumer leur conneries, tout cela au nom du « je vais où je veux dans mon pays, les terroristes ne décideront pas de mon comportement ». Meilleur moyen de s’attirer une balle dans la tête, oui.

    Et après, c’est à la collectivité de réparer leurs conneries (je n’ai pas dit qu’il ne fallait pas le faire), comme toujours, alors que cette même collectivité avait fait tout ce qu’il fallait pour prévenir. Mais non, il a fallut qu’une inconsciente se dise « Et bien moi, je ne me soumettrai pas » pour que tout cet attirail de prévention ne serve à rien. Il y en a vraiment marre de l’égoïsme inconscient de la gauche.

    Quant aux colombiens, c’est curieux mais par toutes les sources que j’ai pu avoir, ASI ne s’est d’ailleurs pas privé de le montrer, ici, par des amis ou ailleurs, c’est toujours la même unanimité, la même position réservée, sur Betencourt qui ressort.

  • j’ai cru lire et entendre ici ou là qu’en ce qui concerne Maddie, sans vouloir faire le rabat-joie, les parent ne sont pas au-dessus de tout soupçon. Attendons la fin de l’enquête. Même si effectivement, dans le cas où il s’agirait réellement d’un enlèvement, ces parents ont une attitude exemplaire.

  • J’oubliais d’ajouter.

    Toujours le même problème avec les prises d’otage. A combien vous évaluez une vie humaine ? Parceque les terroristes vont bien évidemment réclamer du fric et des armes avec lesquels ils vont continuer à semer la mort.

    Pour un otage sauvé, combien de villages ravagés et de terrain perdu dans la lutte anti-terroriste ?

    Je ne sais pas, je n’ai pas de réponse, je pose la question. Mais ça peut être intéressant d’y réfléchir et d’analyser ce que l’inconscience de quelqu’un peut faire perdre ensuite.

  • [quote comment= »41440″]J’oubliais d’ajouter.

    Toujours le même problème avec les prises d’otage. A combien vous évaluez une vie humaine ? Parceque les terroristes vont bien évidemment réclamer du fric et des armes avec lesquels ils vont continuer à semer la mort.

    Pour un otage sauvé, combien de villages ravagés et de terrain perdu dans la lutte anti-terroriste ?

    Je ne sais pas, je n’ai pas de réponse, je pose la question. Mais ça peut être intéressant d’y réfléchir et d’analyser ce que l’inconscience de quelqu’un peut faire perdre ensuite.[/quote]

    Si vous lisez l’allemand, le tribunal constitutionnel de Karlsruhe a répondu à votre question dans sa décision du 15 février 2006
    http://www.spiegel.de/politik/deutschland/0,1518,401003,00.html

    (Sinon tentez votre chance sur tr.voila.fr ; le mot en rose « menschenswürde » veut dire « dignité humaine)

    PS : les questions de droite et de gauche sont parfaitement hors sujets ici. Pour les FARCs, crime is crime is crime comme disait Thatcher. Et un(e) otage est un(e) otage.

  • [quote comment= »41444″]
    PS : les questions de droite et de gauche sont parfaitement hors sujets ici. Pour les FARCs, crime is crime is crime comme disait Thatcher. Et un(e) otage est un(e) otage.[/quote]

    Pas sûr, il y en a qui sont toujours plus prompts que d’autres à remettre en cause les mesures de sécurité auxquelles on les astreint.

  • [quote comment= »41439″]j’ai cru lire et entendre ici ou là qu’en ce qui concerne Maddie, sans vouloir faire le rabat-joie, les parent ne sont pas au-dessus de tout soupçon. Attendons la fin de l’enquête. Même si effectivement, dans le cas où il s’agirait réellement d’un enlèvement, ces parents ont une attitude exemplaire.[/quote]

    A ce que j’ai compris, les enquêteurs ont souhaité reprendre l’enquête du début parce qu’ils n’avançaient pas. Et donc envisager de nouveau la question de l’implication des parents (qui me semble être une question horrible mais légitime en début d’enquête). C’est dans ce cadre que les traces de sang sur les murs de la chambre ont été analysés mais il s’est avéré que ce n’était pas celui de Madeleine.

    Bref, je ne crois pas qu’il y ait d’informations précises à cet égard. En revanche, ce serait bien d’éviter de faire aux parents de Madeleine ce que l’on a fait à la famille du petit Grégory.

  • jmfayard a écrit plus haut :

    [quote post= »430″]Depuis qu’il y a des couples binationaux, des migrations et donc des personnes avec une double nationalité par exemple ?[/quote]

    Cela m’étonnerait que Mme Ghandi fasse campagne en mettant en avant sa nationalité italienne, de même pour Ingrid Bettancourt.
    C’est donc absurde de dire qu’une française est candidate à la présidence de la Colombie.
    Il serait plus judicieux de dire une colombienne qui a la nationalité française par son mariage.
    Si elle brigue la magistrature suprême en Colombie c’est qu’elle se sent colombienne. L’important ce n’est pas la mention écrite sur le passeport mais ce que l’on sent au fond de soi-même.
    Je ne serais pas choqué si Mme Bettancourt faisait campagne en France puisqu’elle a la nationalité française, mais j’en conclurais qu’elle se sent française et je n’aimerais pas qu’elle se présente comme une colombienne qui veut devenir présidente de la France.

  • [quote]
    C’est donc absurde de dire qu’une française est candidate à la présidence de la Colombie.
    Il serait plus judicieux de dire une colombienne qui a la nationalité française par son mariage.
    [/quote]

    Dis Tony, tu n’as pas fini d’enc… les mouches ? (copyright Jacques C., conseil européen précédédant la création de l’eurogroupe).

    Ingrid Bétancourt est française. Et Colombienne. Les identités ne sont pas exclusives, qu’est-ce que c’est que cette idée ?

    La définition française de la nation, c’est :
    Être français(e) == Avoir la nationalité française

    Peut-être préférez-vous la définition théorisée par Fichte outre-rhin, mais historiquement ça ne s’est pas avéré un franc succès.

  • [/quote] En revanche, ce serait bien d’éviter de faire aux parents de Madeleine ce que l’on a fait à la famille du petit Grégory.[/quote]

    Tout à fait d’accord.

  • @jmfayard :
    je me suis longuement exprimé sur le sujet de la nationalité (cf. « Qu’est-ce qu’un français ») et le moins que l’on puisse dire c’est que le problème est moins simple que vous voulez bien le dire.
    S’il s’agissait uniquement d’une définition du dictionnaire ou de la mention écrite sur un passeport ce serait en effet facile. Malheureusement c’est plus compliqué.
    Et je parle de ce que je connais car dans ma famille il y a trois nationalités représentées.

  • à Dang :

    Votre article m’avait échappé. J’avoue.

    Vous dites :
    « Accepter les moeurs, les lois, les coutumes de son pays d’adoption demande une démarche volontaire. »

    Je ne suis sans doute pas français alors car certaines des moeurs, certaines des lois, certaines des coutumes françaises me déplaisent fortement au point que j’ai envie de les changer.

    * Emmanuel-Joseph Sieyès Qu’est-ce que le Tiers-État ? »
    => la nation est un « un corps d’associés vivant sous une loi commune et représentés par la même législature »
    * Ernest Renan Qu’est-ce qu’une nation ?
    ==> Etudiant les critères qui fondent une nation, il y récuse successivement la race, la langue et la religion. Puis, tout en rappelant la nécessité d’une certaine histoire commune (« un riche legs de souvenirs »), il insiste sur « le désir de vivre ensemble », déclarant que « l’existence d’une nation est un plébiscite de tous les jours »

  • jmfayard a écrit plus haut :

    [quote post= »430″]* Ernest Renan Qu’est-ce qu’une nation ?
    ==> Etudiant les critères qui fondent une nation, il y récuse successivement la race, la langue et la religion. Puis, tout en rappelant la nécessité d’une certaine histoire commune (”un riche legs de souvenirs”), il insiste sur “le désir de vivre ensemble”, déclarant que “l’existence d’une nation est un plébiscite de tous les jours”[/quote]

    La démarche volontaire dont je parle dans mon billet (on est français si on a envie de l’être, si on se sent français) est-elle vraiment éloignée du  » désir de vivre ensemble » dont parle Renan?
    Vous aurez remarqué aussi que dans mon billet je rappelle qu’il est absurde à mes yeux de fonder l’idée de nation sur la race et je dis aussi qu’il y a d’excellents français (les alsaciens par exemple) dont la langue maternelle n’est pas le français (il faut, vous en conviendrez je suppose, quand même pouvoir se comprendre).
    Ma position est donc très proche d ecelle de Renan. Maintenant je persiste à me demander si on peut être français en récusant tout ce qui fait la France (les moeurs, les coutumes) et en refusant d’obéir aux lois de son pays. A moins d’être partisan de l’anarchie.
    Vous aurez peut-être vu en commentaire l’exemple de ce jeune homme, né en Amérique, élevé là-bas, qui ne savait que l’américain, qui n’avait jamais mis les pieds en France et qui s’est souvenu qu’il avait un passeport français pour ne pas faire son service militaire au Vietnam.
    Dès la fin de son service il est retourné chez lui, en Amérique. Croyez-vous que si la France le rappelait pour un quelconque conflit il répondrait?
    Il resterait chez lui, en Amérique.
    Ce cas montre selon moi que le simple fait de posséder un passeport français ne fait pas de vous un français.

  • à Dang :

    La seule chose qui me gène est celle-ci : vous définissez des critères supplémentaires en sus du passeport pour dire ce qu’on doit faire pour être vraiment français. Bon. Ils sont plutôt légitimes.

    Mais qui doit les respecter ces fameux critères : uniquement les derniers arrivés, uniquement les doubles nationaux, uniquement les français nés à l’étranger, uniquement ceux qui ont une peau de couleur foncée ou tout le monde ?

    Prenez le mot d’ordre La France, aimez-là et quittez-là, qui fut celui de Le Pen, avant d’être repris depuis par tous les chefs de parti de droite. En soi c’est exactement ce que dit Ernest Renan : désir de vivre ensemble – plesbicite de tous les jours. Un bon exemple de plébiscite perdu tous les jours est le régime de l’ex-RDA : les allemands de l’est ont exprimé ce qu’ils en pensé en votant avec leurs pieds : traversée du Mur direction la RFA.

    Mais son ambiguié fondamentale est : qui a à se justifier d’être vraiment français – et qui n’a pas à le faire ? Est-ce tout le monde ou est-ce seulement les usual suspects ?

    Car voyez, l’immigré clandestin africain qui a traversé à la nage au risque de se noyer 10 fois l’Atlantique direction les Canaries ou la mer méditéranée direction l’Espagne pour venir ici, il a bien plus prouvé son envie de vivre en France qu’un breton depuis 10 générations.

    Pour en revenir à Ingrid Bétancourt, son livre La Rage au Coeur, écrit directement en français, publié d’abord en France, racontant son enfance à l’UNESCO à Paris, décrivant la relation qu’elle a gardé avec elle… est une preuve tout à fait suffisante de son attachement à la France. Elle est bien plus française que la majorité.

  • @jmfayard :
    bien sûr que c’est tout le monde. Il y a des français de souche qui font honte à leur pays, qui n’aiment pas la France, qui ont envie d’être autre chose, que sais-je encore?

    L’immigré africain qui vient en France pour vivre mieux et qui finalement se coule dans la peau d’un français moyen parce qu’il aime le pays, la vie dans le pays, la façon de vivre et de penser des habitants et surtout parce qu’il se sent français est bien entendu un français à part entière.
    Pourquoi en serait-il autrement?
    L’américain qui a un passeport français parce que ses parents ont pris la précaution de le lui faire faire mais qui n’a pas vécu en France et s’en moque comme de son premier coca-cola, pour moi est juste français sur le papier.
    Et c’est cette nationalité de papier que je déplore.
    La nationalité implique des droits et des devoirs, non?
    Je n’ai pas lu le livre d’Ingrid Bétancourt et je ne doute pas de son attachement à la France.
    Je suis seulement un peu sidéré quand vous dites « la française qui était candidate à la présidence de la Colombie », à la limite ce genre d’argument aurait pu lui faire perdre l’élection.
    Si Ingrid Bétancourt se sent française, c’est un honneur pour nous.
    Mais si elle se sent française j’avoue ne pas comprendre comment elle peut briguer la magistrature suprême de la Colombie.
    Parce qu’elle se sent aussi colombienne allez-vous me dire?
    Et s’il y avait des conflits d’intérêt entre les deux pays qu’elle porte dans son coeur, quelle devrait être son attitude si elle était aux affaires?
    Vous voyez le problème est plus complexe qu’il n’y paraît et dépasse largement la mention écrite sur une pièce d’identité.

  • [quote comment= »41538″]@jmfayard :
    bien sûr que c’est tout le monde. Il y a des français de souche qui font honte à leur pays, qui n’aiment pas la France, qui ont envie d’être autre chose, que sais-je encore?

    L’immigré africain qui vient en France pour vivre mieux et qui finalement se coule dans la peau d’un français moyen parce qu’il aime le pays, la vie dans le pays, la façon de vivre et de penser des habitants et surtout parce qu’il se sent français est bien entendu un français à part entière.
    Pourquoi en serait-il autrement?
    L’américain qui a un passeport français parce que ses parents ont pris la précaution de le lui faire faire mais qui n’a pas vécu en France et s’en moque comme de son premier coca-cola, pour moi est juste français sur le papier.
    Et c’est cette nationalité de papier que je déplore.[/quote]

    OK fine

    [quote comment= »41538″]Je n’ai pas lu le livre d’Ingrid Bétancourt et je ne doute pas de son attachement à la France.
    Je suis seulement un peu sidéré quand vous dites « la française qui était candidate à la présidence de la Colombie », à la limite ce genre d’argument aurait pu lui faire perdre l’élection.
    Si Ingrid Bétancourt se sent française, c’est un honneur pour nous.
    Mais si elle se sent française j’avoue ne pas comprendre comment elle peut briguer la magistrature suprême de la Colombie.
    Parce qu’elle se sent aussi colombienne allez-vous me dire?
    Et s’il y avait des conflits d’intérêt entre les deux pays qu’elle porte dans son coeur, quelle devrait être son attitude si elle était aux affaires?
    Vous voyez le problème est plus complexe qu’il n’y paraît et dépasse largement la mention écrite sur une pièce d’identité.[/quote]

    On aborde là la question de la forme de l’identité. Ma réponse est qu’on a changé d’époque.

    L’ère moderne était caractérisées par des machines dialectiques (la colonolisation, la nation vue comme un absolu, …) qui faisaient que les différences externes étaient essentialisées et les différences internes minimisées voires réprimées. Ce procédé dialectique produit de l’altérité ainsi : tout d’abord l’Autre est représenté la négation du moi, le point le plus éloigné de l’horizon. Ensuite cette différence, précisément pour la raison qu’elle est absolue, est inversée dans un second temps et sert comme fondement du Moi. Dans la colonolisation par exemple, le mal, la barbarie et la licence de l’Autre colonisé sera précisément ce qui rendra possibles la bonté, la civilité et la propriété du Moi occidental. De même, c’est en essentialisant, diabolisant et prenant comme contre-modèle les Français que par contraste et même par reflet que Bismarck fonde l’unité et la nation allemandes.

    Dans notre ère post-moderne, ces machines dialectique productrices d’identités absolues et exclusives ont largement disparu. En fait d’Identité, on voit alors apparaître des hiérarchies de subjectivités hybrides et partielles. Untel se sentira à la fois breton et français sans y voir une contradiction mais une hybridation source de richesse personelle. De même ma subjectivité est une hybridation d’identités françaises, européennes et écolos ce qui explique assez naturellement que je me sente proche d’Ingrid Bétancourt qui est française, colombienne et écolo.

    Et pour répondre à votre question pratique, il est bien évident qu’en tant que présidente de la Colombie (perspective plutôt flatteuse pour une candidate d’Oxygene Verde ;-), Ingrid Bétancourt aurait répondu devant le peuple colombien avant tout, car c’est du demos que vient la légitimité dans une démocratie.

  • ça me fait rire de voir comment les débats fluctuent ici.. On part d’Ingrid Bétancourt pour se retrouver sur les critères de l’appartenance à un pays…;)

  • J’espère me tromper mais je ne peux m’empêcher de penser aux derniers jours d’Aldo Moro. Dans une émission télévisée récente, un ex-agent de la CIA expliquait qu’il avait été « sacrifié » pour que, par sa mort, les Brigades Rouges soient définitivement déconsidérées.

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